__ Pitch Black, ville d'Achaea, Nevada __ 25 août 2025, 4h du matin
Alec Ross & Kaileen Moore
L'endroit était particulier... mais assez banale. Il n'était pas particulièrement propre, mais personne ne s'en formalisait. La décoration était plutôt inexistante, la lumière aussi, mais le tout était des plus fonctionnel. Les murs du bar, tout comme le plancher, étaient faits du même bois sombre. Une grande variété d'alcool et de bières tapissaient le mur du fond, derrière la barmaids qui lavait tranquillement des verres. À voir la tête des gens qui étaient assis un peu partout, aux tables, au comptoir ou près des machines de loterie, on pouvait facilement comprendre qu'aucun d'eux n'était riche ou bien heureux dans la vie. Pour la plupart, sauf exception bien sûr, il s'agissait de joueurs compulsifs, d'alcooliques ou dépressif venant boire pour oublier à quel point leur vie était un échec. J'en sais quelque chose, j'ai travaillé plus souvent qu'autrement dans des lieux comme celui-ci... Dans le moment, il n'y avait pourtant que quelques saoulons endormis sur des tables, d'autres sirotant leur verre, les deux yeux fixé sur l'ambré de leur whisky et d'autre, un groupe de quartes hommes, discutant, une cigarette à la main et un nuage de fumé grise, pesante, flottant au-dessus de leur tête. L'endroit était donc assez calme, ce qui était normal, même pour un bar comme celui-ci, pour les 4h30 du matin qu'il était.
Ce bar s'appelait le « Pitch Black », à ce que j'avais vu sur l'enseigne à l'extérieur. Le coin de quartier que j'avais brièvement exploré avant d'atterrir ici, était assez mal fréquenté. J'avais croisé un groupe de jeunes délinquants non loin du bar, qui m'avaient regardé passer sans mot dire, le regard hostile, depuis leurs ruelles, et j'avais avisé, plus loin sur la rue, un homme qui devait être soit itinérant et endormis sur le trottoir, soit client du bar qui ne s'était pas rendu à temps chez lui. Bref, facile à deviner que je n'étais pas débarqué dans les hauts quartiers de la ville. Étrangement, cela m'arrange. Je suis plus à l'aise ici que dans n'importe quel quartier riche et huppé des grandes villes ou tout est plus luxueux à chaque coin de rue. Ce n'est pas mon univers et pour être franc, tous ces endroits et ces gens hautains et pompeux ont le don de m'exaspérer.
La ville s'appelait Achaea, à ce que le camionneur qui m'avait embarqué à Denver, au Colorado, m'avais dit. Il m'avait embarqué la veille au soir sur le pouce, après que j'ai déjà fait quelques kilomètres à pied sur la 25 Nord. J'avais passé près des six derniers mois dans la région de Denver... Il était plus que temps que je m'en aille. Mon séjour avait été agréable, compte tenu du fait que j'ai réussi à ne pas me faire trop remarquer ni à me foutre dans la merde, mais rien ne servait de tenter le diable et rester plus longtemps. Le camionneur, Rick de son prénom, un homme qui passe sa vie sur les routes à livrer ses commandes pour la compagnie qui l'engage à un salaire de fou dont il n'a même pas le temps de profiter, avait assez bien réagit à ma présence et proximité. Déjà bourru et peu enclin aux grandes discutions engagées, il s'était contenté d'être serviable en me prenant avec lui. C'est juste si l'on s'est échangé plus de dix phrases durant le voyage jusqu'au Nevada. Il n'a aucune idée à quel point tomber sur un homme comme lui était une aubaine pour moi! Enfin... Il devait passer par Reno, au nord, puis redescendre au sud du Nevada vers Las Vegas. Je n'ai nullement envie de retourner à Reno, pour plusieurs raisons qui me concernent moi et moi seul, pas plus que j'ai envie d'aller à Las Vegas. Pourquoi? Simplement parce que l'idée de servir de portier ou de serveur à des types riches à craquer qui perdent en une soirée l'équivalent de ce qui pourrait nourrir le tiers monde sans même en avoir quelque chose à faire me donne mal au cœur. J'ai déjà dit que ces histoires de riches pompeux me tapent sur les nerfs, de toute façon... Bref, du coup, je lui ai demandé de me laisser quelque part entre ses deux destinations. Peu m'importait où à part ces deux villes. Vous avez deviné où il m'a fait descendre? Bingo! Achaea.
Cela ne faisait pas une heure que j'étais en ville. Seulement assez pour quitter les chemins plus campagnard bordant l'autoroute, rejoindre la ville, traverser un bout de quartier résidentiel et trouver ce bar. À cette heure de la nuit, à part un hôtel, C'était l'endroit rêvé. Je ne trouverais pas d'emplois ni d'endroit où loger avant le lendemain pour sûr, sauf exception de peut-être tomber sur un bar ayant besoin de personnel. Vous comprenez ma logique? Bah! Peu importe.
Du coup, revenons au bar et au présent, je viens à l'instant de franchir les portes de l'établissement du « Pitch Black » et me voilà assis à une extrémité du comptoir. J'ai déposé mon sac sur le sol à coter de moi et ai adossé le case de ma guitare contre le dessous du bar, à mes pieds. Ce sont les deux seules choses que je traine avec moi, sans compter les vêtements que je porte, soit un jean délaver me venant de je-ne-sais plus où, une chemise à carreaux blanc et bleu pâlit par le soleil, une vieille paire de chaussure de marche - essentiel à mon style de vie - ainsi qu'une veste de cuir sombre usée que j'avais retiré et accrocher au dossier de mon tabouret. Je suis en constant mouvement, je change de ville aussi souvent que faire se peut et je ne reste jamais plus de six mois au même endroit. Mes effets personnels sont donc très limité et me servent plus à des fins pratiques qu'autre chose. Les seules choses auxquelles je tiens vraiment sont ma guitare et mon harmonica. Ajoutons à cela aussi mon vieux chapeau que j'ai depuis que j'ai quitté San Fransisco, en 2016, et cette vieille veste de cuir usée du temps de mon séjour à Truckee, en Californie, en 2021 et que j'ai acquis dans une friperie de quartier déjà assez usé.
« Je peux vous servir quelque chose? » « Un verre d'eau s'il vous plait. »
Je lance un regard circulaire à la pièce. Personne ne semble m'avoir remarqué outre mesure, sinon la serveuse qui vient de prendre ma commande - logique, c'est son boulot, non? - et qui s'éloigne avec un drôle d'air sur son visage. Cela fait toujours le même effet lorsque je passe mes commandes dans les bars, comme si un type comme moi qui ne boit pas est quelque chose d'inconcevable... Enfin! La bonne nouvelle est que personne ne porte vraiment attention à moi. La dernière chose que j'ai besoin, là, maintenant, c'est d'une brute épaisse gorgée d'alcool venant me chercher des noises, comme cela arrive trop souvent... Je ne l'ai pas mentionné encore? Je suis un foutu aimant à emmerdement. J'attire les problèmes, la malchance et les ennuis comme le miel attire les abeilles. Si quelque chose à à tomber sur quelqu'un dans les 10 kilomètres à la ronde, dormez tranquille, si je suis dans le coin, c'est sur moi que cela va tomber. Même les types d'ordinaires calme et anonymes finissent toujours par devenir enrager pour quelconque raison contre ma personne sans même que j'ai eu à lever le petit doigt, c'est pour dire. Mais tout ce merdier à une explication.
Mon gène mutant agit sur les gens. Dans un rayon de trois mètres, les gens sont influencés par ma présence. Au début, les gens ressentent un désordre émotif, toujours négatif, qui en résulte de malaises physiques et mentales, de crises de colère, de tristesse ou de peur. Plus quelqu'un reste longtemps sous l'influence de mon aura, comme je l'appelle, plus les symptômes s'aggravent. Au bout d'un moment, je finis par blesser les gens, je les rends fous ou malades. Dans le pire des cas, ce que je ferais tout pour que JAMAIS pareille situation ne se reproduise, une trop grande exposition à mon aura sans protection entraine la mort. Vous comprenez pourquoi je voyage toujours? Pourquoi je n'ai ni famille, ni port d'attache, ni relations? Vous comprenez pourquoi je ne laisserais personne m'approcher ou tenter de nouer un liens? Vous comprenez mon ton froid, mes distances, mon sarcasme et mon sale caractère? Non. Bien sûr que non vous ne comprenez pas. Je ne parle à personne de mon pouvoir. Jamais. En fait, personne ne se rend jusque dans ces détails dans leur relation avec moi, c'est peut-être le pourquoi... Mais en réalité, je déteste parler de mon pouvoir. Pour moi, il n'est rien d'autre qu'un fardeau, une malédiction, me coupant du monde, m'imposant un mode de vie, qui propage le mal, la maladie, qui m'a changé, au plus profond de moi... Mais je suis moi. Je suis qui je suis, un point c'est tout. Personne n'y peut quelque chose et je l'ai accepté il y a longtemps. Je suis loin du type malheureux à pleurer qui fait pitié à tout le monde. Je ne voudrais pas l'être, de toute façon. Et si je ne suis pas heureux non plus, je vis très bien comme ca. C'est mieux pour moi comme pour tout le monde. Mais n'allez pas croire que mon mode de vie ou mon caractère m'est uniquement imposé par mon pouvoir. Si c'est vrai en partie, j'ai toujours été en moi-même un éternel bohème, incapable de rester en place et j'ai toujours eu une fort caractère et un penchant pour la répartie. Cela dit, si mon pouvoir à influencer fortement qui je suis aujourd'hui, par rapport au mode de vie et aux relations avec les autres que je dois entretenir, beaucoup d'autres évènements m'ont amené à être l'homme qui se tient assis à ce bar.
Autre chose. Je n'ai aucun contrôle sur mon pouvoir, sinon de gérer personnellement mes émotions, puisque j'ai remarqué que l'influence de mon aura grandi proportionnellement par rapport à mes émotions négatives. Autre que cela... Niet. Nada. Les gens se rendent souvent compte que je suis la cause de leur dérangement mental et la plupart du temps, ils n'osent même pas m'approcher ou, pour ceux qui cèdent au malaise que je leur crée, finissent par me tomber dessus. Ça finit généralement mal, en fait... voilà pourquoi passer inaperçue est dans le top cinq de mes priorités. C'est mon aura d'influence négative, mon pouvoir, ma mutation, ma malédiction.
La serveuse, une jeune femme blonde sexy comme les gérants de bar les aime, reviens vers moi, un grand verre d'eau - avec glaçon en prime, comme c'est gentil! - à la main. Je la remercie d'un hochement de tête en déposant quelques pièces sur le comptoir. Dans un bar, même l'eau coute quelque chose. Avant qu'elle ne retourne essuyer ses verres, je l'arrête d'un mouvement de la main et lui demande :
« Vous savez quand je peux rencontrer le propriétaire? » « C'est pour un emplois? Monsieur Randall devrais être là à partir de 18h demain, c'est lui qui tiendra le bar. » « Merci. »
Bon... je vais devoir attendre jusqu'au lendemain. Je m'y attendais un peu, je dois dire, mais j'aime quand les choses sont vite faites bien faites. Ça m'évite de trainer pour rien quelque part où je risque de semer les ennuis comme un sac de semence percé. Mais je peux bien attendre une journée de plus, cela me permettra de trouver un endroit où vivre, ou à la limite, où dormir. En ce qui concerne dormir cette nuit... je crois que je vais abandonner le projet. De toute façon, vue l'heure... Le bar doit fermer aux alentours de cinq heures, si je me souviens bien de l'écriteau accrocher dans la porte d'entrer. Du coup, il me reste une heure à perdre ici. Après... j'irais peut-être faire un tour de la ville qui sait, connaître un peu mieux cet endroit, voir s'il y a d'autres bar dans le coin, peu importe. Je ne sais pas si je vais rester longtemps ici, où même si je vais vraiment y rester plus de quelques jours. Ça c'est une question qui restera sans réponse. Je vis au jour le jour et lorsque mon jour de départ sera venu, alors je quitterais, un point c'est tout.
N'ayant pas vue d'insignes interdisant la cigarette et avisant le groupe d'hommes entourés de boucane un peu plus loin, je m'allume une cigarette moi-même - et oui, je ne bois pas, mais je femme, qu'est-ce que cela peut bien vous faire! - , question de passer le temps. Au moment où j'éteins la flamme de mon briquet un mouvement derrière moi à droit attire mon regard et je me retourne. À quel point ce moment sera important dans ma vie, à ce moment précis, j'en suis complètement inconscient, comme pour à peu près tous les moments importants de ma putain de vie. Quelle belle ironie.
◊ Kaileen Moore ◊
۞ Mutante Hostile ۞
◊ Nombre de Messages : 1156 ◊ Nombre de Messages RP : 69 ◊ Age : 30◊ Informations : Relations&Sujets Présentation◊ Age du Personnage : 22 ans ◊ Pouvoirs / Armes : Insensibilité à la douleur / Arme à feu
Je ne venais pas extrêmement souvent au Pitch Black, il fallait bien le dire. Celui ci était un peu trop fréquenté et connu à mon goût, trop en tout cas pour que je me sentes parfaitement tranquille vis à vis de mon anonymat formellement obligatoire pour que je restes en bonne santé. D'un autre côté, parfois, on disait que se mêler à la foule était le meilleur moyen de passer inaperçu. Quand tu ne peux pas te cacher, restes bien en vue. Rien n'éveillait moins les soupçons que cela, je suppose. Et puis, il m'était arrivée de faire des rencontres intéressantes dans le coin. Depuis que le fameux Nikolaï avait plus ou moins décidée d'user de mes quelques talents dans de quelconques entreprises (j'attendais toujours qu'il me dise ce qu'il attendait exactement de moi), j'avais compris que j'avais besoin de faire quelque chose d'utile à la cause mutante. J'étais arrivée à un tournant de ma vie, au jour zéro, le nouveau départ. Il fallait que je laisse un jour ou l'autre derrière moi mon passé de criminelle indépendante et foncièrement inutile pour le progrès de notre condition... Et je considérais que j'avais enfin une chance d'y parvenir, à présent. Néanmoins, comme le destin s'était toujours plu à me jouer des tours et à amener les pires cauchemars/surprises/ennuis (rayez la mention inutile) sur ma petite personne, je m'étais décidée à faire des pas en avant de moi même, des fois que l'intéressante piste que m'offrait le russe ne s'avère être un cul de sac, et rien de plus ni de moins.
Je cherchais donc à rencontrer des mutants, hostiles ou non, des gens qui avaient simplement envie au moins autant que moi de changer les choses. Et fréquenter les bars étaient un bon moyen d'y parvenir. Si j'avais pu penser qu'un jour je serais celle qui cherchait à être utile activement dans ce bas monde que je haïssais plus que tout, j'aurais tout fait pour changer de voie. Je m'étais toujours persuadée moi même qu'il n'y avait que moi, moi et moi. Mais rencontrer certaines personnes m'avaient fait prendre conscience que peut être, je n'étais pas encore totalement irrécupérable, qu'une part d'humanité subsistait encore, cachée au fond de mon être complexe et si difficile à saisir du premier coup. Fillan, Lukaz, London... Autant de mes semblables que j'appréciais réellement. Autant de personnes qui méritaient d'avoir un avenir. Cela ne changeait rien aux moyens que j'avais toujours employé : la violence, il n'y avait bien que cela pour marcher, pour faire bouger le monde. Non, cela ne changeait que la cause. A la basse vengeance sénile d'une folle isolée s'était ajoutée l'envie, créer toujours par le gouvernement et ses actes, de faire plus. Et qu'importe si je devais payer de ma vie cette soudaine noblesse. Enfin, noblesse, c'est un bien grand mot. N'allez tout de même pas croire que j'étais devenue une sainte altruiste et totalement dévouée à une cause plus grande qu'elle. Non, simplement, j'avais une vague envie d'épargner à d'autres la vie de misères et de cavales que j'avais vécu depuis longtemps. Je voulais peut être, au fond de moi, simplement avoir la satisfaction égoïste de me dire que j'avais empêché une petite fille de devenir comme moi. De vivre les mêmes choses que moi. Je me fichais totalement de mourir, de toute manière. Tant que cela se faisait sans douleur. Voilà pourquoi je faisais un peu moins attention à mon anonymat, et un peu plus à mes actes. Voilà pourquoi en ce jour chaud d'été, je m'étais retrouvée devant la porte du Pitch Black, décidée à tuer une soirée de plus, peut être d'une manière un peu plus utile qu'à l'accoutumée, sûrement un soir passé en tête à tête avec mon verre de plus.
Je passais l'entrée de l'établissement, aussi décidée et apparemment sûre de moi qu'à l'habitude. De toute manière, c'était loin d'être toute une aventure. Ne pas venir souvent dans ce bar assez banal ne voulait pas dire du tout que je n'y venais jamais. Loin de là. J'étais même connue de certains habitués... Etant donné que quelques uns de ceux ci avaient fini dans mon lit. Mais bien sûr, on ne voyait que Eva Green, pure américaine, l'homonyme d'une actrice française., si, si, souvenez vous, elle a fait quelques films sympathiques. Enfin, une identité construite de toutes pièces, que j'utilisais si souvent que j'en venais parfois à me demander qui, d'Eva ou de Kaileen, était la plus réelle. Et en toute honnêteté avec moi même, je crois bien que j'aurais penché pour Eva, d'ailleurs. Docteur Jekyll et Mister Hide, en quelque sorte. Eva Green, tout le monde connaissait, c'était une femme volage, acerbe, parfois étrange, mais tout ce qu'il y a de plus normale, ces détails mis à part. On savait qu'elle avait été malheureuse par le passé, mais ça n'allait pas plus loin. Kaileen, c'était le côté obscur, caché, la vengeresse qui ne supportait pas le moins du monde qu'on la regarde de travers, qui avait une sainte horreur du monde dans lequel elle était née, qui voulait faire couler le sang pour expier le crime impardonnable qu'on avait commis à son encontre. Bref, ce qui perçait de moi le plus souvent de manière mémorisable, ça restait la piquante Eva. La plupart de ceux qui se frottaient à Kaileen finissaient morts et enterrés, il fallait aussi l'avouer.
Il devait être quelque chose comme trois heures du matin quand j'arrivais. Je m'installais à une table isolée, commandait un verre d'un quelconque alcool (j'oubliais dés que je l'eus fini ce que j'avais bu), et commençais à tuer le temps à ma manière habituelle, c'est à dire, en observant le peuple du bar, laissant traîner mon regard à gauche et à droit, à la recherche d'un possible coup d'un soir comme d'une connaissance ou d'un inconnu intéressant à mes yeux difficiles. Il me fallut attendre un certain temps, cependant pour enfin trouver mon bonheur. Un certain temps, j'ignorais ce que cela signifiait moi même, ayant fini par perdre toute notion du temps. Je sais simplement que cela faisait un moment que je ne contemplais plus la salle de mon regard noisette, mais plutôt la table, l'air absorbée par des détails insignifiants sur le support, en réalité totalement ailleurs. Le son de la porte qui s'ouvrait et se refermait à plusieurs reprises finit bien par me tirer des mes rêveries assez déprimantes (j'étais en train de revivre certains évènements de mon enfance, et notamment les jours qui suivirent la découverte de ma mutation par mes petits camarades de classe). Je croisais très brièvement le regard d'un jeune homme, que j'aurais dit, à la réflexion à peine plus âgé que moi, mais lui ne sembla pas me voir un seul instant.
Il se dirigea tout droit vers la barmaid, et je le détaillais silencieusement, vaguement intéressée par quelque chose, sans parvenir à savoir quoi, exactement. Assez grand, des cheveux brun-roux qui tiraient presque sur le blond, sans y parvenir vraiment, il dégageait quelque chose qui me fascinait. Je remarquais quoi à la seconde où je vis qu'il avait créé le vide autour de lui. Il paraissait faire fuir tout le monde, d'une manière qui n'était en rien semblable à moi, en fait. Ses yeux gris verts paraissaient figés dans des images que lui seul pouvait voir, et je me demandais avec un intérêt renouvelé pourquoi il avait l'air si détaché, un peu froid, même. On aurait dit que cet isolement était volontaire, ce qui paraissait étrange, quand on savait à quel point l'instinct grégaire de l'homme pouvait être développé. Même moi, qui avait voulu me poser en louve solitaire, j'avais fini par rejoindre le rang au moins de ce côté ci. Je crois que c'est cela qui m'avait attiré l'oeil, au final. Je me demandais un moment si ma curiosité allait prendre le pas sur ma prudence nouvelle mais encore quasiment inexistante, et obtenait la réponse quand je me levais pour me rapprocher de ce curieux (et plutôt beau) spécimen. J'ignorais ce qu'il avait demandé exactement, mais remarquais qu'il n'avait qu'un verre d'eau en face de lui (ou de vodka, au choix, les apparences pouvaient être trompeuses, dans la vie). Il venait d'allumer une cigarette (je me droguais et buvais plutôt pas mal, mais étrangement, je n'avais jamais touché au tabac, peut être histoire de dire que je prenais au moins soin de me protéger d'un micro danger dans la vie), et je toussotais, ne supportant pas de trop l'odeur désagréable de la fumée dégagée.
Néanmoins, encore une fois, la curiosité surmonta mes réticences à l'égard de sa clope. Je m'approchais donc du bar, et m'asseyais à côté de lui, ayant abandonné mon verre en cours de route sur la table que j'avais quitté. Je ne cachais pas que je m'étais déplacée pour le rencontrer, et tout en espérant ne pas me faire envoyer bouler, je me présentais.
« Bonjour, je m'appelle Eva Green. J'ai vu que vous demandiez quelque chose, et je voulais savoir si vous aviez besoin d'aide. J'habite à Achaea depuis un certain temps. »
Je le vouvoyais, pour parfaire mon rôle de gentille petite inconnue polie. Après tout, je gagnais toujours à faire semblant d'être une brave petite. J'adaptais en général ma façon de faire à celui qui me faisait face. Si l'on me retournait des manières peu agréables, je laissais tomber le masque pour redevenir la femme moqueuse et sûre d'elle que j'étais. Si au contraire on me répondait de même, je restais Eva, je restais celle que je n'étais pas vraiment. Par moment, dans un éclair de confiance, je me dévoilais entièrement. Ça avait été le cas pour Fillan, par exemple, ou Lukaz aujourd'hui, même si lui avait dû insister fermement pour que je me décide à lui faire confiance. Il fallait dire ce qui était, je n'étais pas une créature facile à apprivoiser, loin de là. En tout cas, même si je l'ignorais pour le moment, cette volonté de bien faire n'allait pas durer, et pour cause. Je me souvenais parfaitement de ma mère, penchée sur moi, et me disant avec gentillesse « Maman disait toujours : la vie c'est comme une boite de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber. », alors que j'étais encore toute petite. Et bien, j'étais tombée cette fois ci sur un chocolat exotique... le genre parfumé au curry, de ces choses auxquelles on ne s'attendait pas vraiment.
« Vous ne m'avez pas l'air d'être du coin... Nouvel arrivant ? »
Je parvenais pour l'instant à rester en apparence plutôt normale. Et pourtant, je sentais une diffuse sensation de malaise, qui voulait me pousser à tout laisser tomber, à chercher les ennuis comme d'habitude, au lieu de me tenir coite comme la première de la classe que je n'étais pas, et n'avais jamais été. Je me connaissais suffisamment bien pour savoir que j'étais passé d'une neutralité émotionnelle totale et complète à ce point auquel je pouvais explosé de colère pour un oui ou pour un non. Je ne me demandais pas vraiment pourquoi, sachant bien que j'avais toujours été lunatique, un détail pouvant me faire changer d'avis. En fait, présentement, je commençais à remâcher mes bonnes résolutions. Changer le monde, tout essayer, cela me paraissait assez ridicule, somme toute. Quel espoir y avait il pour nous, mutants ? Et puis, j'avais mieux à faire de ma vie que de l'offrir à de parfaits inconnus. J'avais déjà fort à faire pour réussir à m'occuper de moi, pourquoi avais je eu soudain l'idée de m'occuper des autres. Il faudrait que je dise cela à mon futur ex employeur, non ? C'était ridicule, si ridicule, que j'en retenais une soudaine envie de rire, d'un rire amer. Malgré mes efforts, mon malaise perça un court instant sur mon visage, cependant. Je ne me rendais pas compte un seul instant que ce soudain volte face n'avait décidément rien de naturel, même pour moi. Surtout pas pour moi, en fait, toute étrange que je sois. Je n'étais pas moi même, et je ne parvenais même pas à m'en rendre compte. Après coup, je m'étais répété encore et encore que j'aurais dû me mettre une bonne paire de claques pour me remettre les idées en place. Cela me ressemblait si peu de me laisser manipuler ainsi. Même par des mutants. Mais cela n'arriverait qu'après, le temps que l'idée fasse son chemin jusqu'à mon cerveau d'une manière consciente, et non totalement inconsciente.
Une clope. Une simple clope. En fait, je ne fumais pas beaucoup et assez rarement. J'avais acquis cette « habitude », si l'on puisse l'appeler ainsi, lorsque j'avais quitter ma famille d'accueil vers l'age de 15 ans, sans trop me souvenir pourquoi d'ailleurs... Plusieurs détails de ma vie restaient un mystère, ou d'autres s'envolaient ainsi de ma mémoire, comme si ils étaient trop banales pour rester accrocher quelque part dans le méandre de mes souvenirs. J'en avait vue des gens, des endroit. J'avais vue de la route, beaucoup de route. Des bagarres, des morts, des désespérer. J'avais vue plus de choses que je n'arrivait à me rappeler. Alors les petits détails, le nom d'un camarade de classe du primaire, la couleur d'un vêtement lors d'une banale journée ou encore comment une cigarette avait atterrit entre mes doigts... Et pour être franc, c'était plutôt bien ainsi. Non mais vous imaginez, s'il fallait que vous vous rappeliez chaque geste que vous avez fait durant votre vie, chaque conversation, chaque image perçut? Personnellement, je crois que je deviendrais cinglé. Mais malheureusement, rien de ce que j'aurais souhaiter oublier ne parvenait à quitter mon esprit. Belle ironie, non?
Bref, ma clope. Je l'avais allumer sans trop me poser de question. Pour me passer les nerf, détourner mon attention vers quelque chose d'extérieur au monde de ma personne. Je la regardais se consumer, n'ayant prit qu'une poffe – tien, même constat banal que d'ordinaire, je n'aime toujours pas plus le goût de ces trucs là... - et la fumée grise à l'aspect de satin empoisonner monter vers le plafond de la taverne pour y rejoindre la voute créer par la bande de fumeurs plus loin. Je regardais les petits dessins dansant se dessiner devant mes yeux, alors que ma cigarette rapetissait, lorsqu'un arabesque de fumée me rappela un souvenir. Cette fumée me faisait penser à quelqu'un que j'avais bien connu, qui fumait plus que moi, par habitude. En fait... la seule personne que j'ai jamais bien connu de ma vie, pour la peine que cette personne ai pu rester plus de quelques temps avec moi sans sombrer dans la folie, foutre le camp à toute jambe ou que moi même je sorte de sa vie. Ce souvenir, c'est l'un de ceux que je ne pourrais jamais oublier, et pour lequel je suis diviser entre l'envie de le garder comme une pierre précieuse et le jeter comme s'il aurait porter la peste. Encore une contradiction.
Du coup, me voilà il y a deux ans. Le bar autour de moi à disparut, les bruits de conversations au fond du bar, le bruit des verres s'entrechoquant que la barmaid lave présentement, la fumée devant mes yeux, l'odeur d'alcool, d'humidité et de cigarette... tout disparaît. Je suis maintenant étendu sur le dos, la tête sur un oreiller. Il fait nuit, tout est calme. Une douce lueurs bleuté passe par la fenêtre dont le rideau à été laisser ouvert, éclairant faiblement la pièce. Il y a une faible odeur de lavande dans l'air, très subtile. Rien ne bouge, tout est calme, parfait, à l'exception d'une petite volute de fumée grise montant vers le plafond de la chambre. Je la suis du regard et elle forme le même dessin que j'ai vue dans le bar. Je tourne la tête vers la droite. À mon coter, la couette remonter jusqu'au dessus de la poitrine, laissant apparaître la couleur ivoire de la peau de ses épaules, une jeune femme est appuyer contre mon épaule, une cigarette à la main mais le regard perdu dans les arabesque de la fumée au dessus de nous. Ses courts cheveux brun roux retombent légèrement sur son visage, sur ses traits fins. Je me souviens de ses yeux, d'un noisette clair presque nostalgique, mystérieux surtout. Je revois la forme de son nez, la courbe de ses joue, celle de ses lèvres. Je me souviens que j'ai souris, doucement, à ce moment là, comme jamais je n'avais réussi à sourire auparavant. Je me souviens aussi de son regard interrogateur vers moi, lorsque je l'avais arracher à sa contemplation pour me pencher vers elle et chercher ses lèvres...
Je reviens au bar. J'ai un haut le cœur. Soudain, je me rend compte que la fumée emplie mon nez et ma gorge, et j'ai l'illusion qu'elle tente de m'étouffer. Au risque d'avoir l'air complètement cinglé, j'éteins rapidement ma cigarette. Je ne veux plus voir cette fumée. Elle m'écœure. Quel imbécile! La nicotine était censé ma passer les nerfs, me changer les idées, pas le contraire. Et maintenant, hein? J'avais l'air de quoi? Comme si j'avais besoin d'un élément de plus pour venir perturber mon aura, tient... Je viens juste d'arriver ici, pas question de foutre le bordel avant au moins 24 heures, c'est pas un stricte minimum? Et merde... Moi et mes états d'âmes à la con...
« Bonjour, je m'appelle Eva Green. J'ai vu que vous demandiez quelque chose, et je voulais savoir si vous aviez besoin d'aide. J'habite à Achaea depuis un certain temps. »
Le moment ou j'écrase ma cigarette et ou j'ai une grande conversation introspective et auto apostrophée avec moi même, fut le moment où l'on décida pour une jeune femme que j'avais remarquer en entrant dans le bar, de m'aborder. Mauvais timing. Mais... à bien y penser, il n'y avait jamais de très bon timing avec moi. C'était toujours trop tôt ou trop tard, ou tout simplement, pour être réaliste, une mauvaise idée de venir me voir. Bref, la jeune femme... Encore heureux que j'étais habituer à me ressaisir en un clin d'œil – et encore, on était loin du tour de force, j'étais loin de la déprime suicidaire - , puisque je du reprendre le contrôle de mes émotions rapidement, question de contrôler le peu que je pouvait des effets de mon pouvoir. La jeune femme, un peu plus jeune que moi si je ne m'abuse, m'avais aborder d'un ton … avenant. Mais quelque chose clochait. Sans que je puisse savoir quoi. Quoi que niveau incompréhensibilité, j'étais plutôt bien servis à chaque foutu jours de ma vie... Du coup, je ne m'attardai pas trop sur cette impression. De toute façon, qu'est-ce que j'aurais eu à y gagner, moi qui ne la reverrais probablement jamais à partir de quelques minutes à peine... Non?
Je me retourne donc vers elle, mon mégot toujours au bout des doigts mais que je laisse finalement de coter, pas peu heureux de le faire. Un coude sur le comptoir, l'autre main dans l'une de mes poche, je ne lui tend pas la main lorsque je me présente. Non mais, vous avez vu l'effet de ma simple présence sur les gens, non? Alors imaginer ce que cela fait quand je les touches! Néanmoins poli, sur mes gardes toujours, distant, je lui répond. J'étais asocial, pas macho, gentleman ou méchant de nature, alors pas de flafla, mais pas de râteau tout de suite non plus.
« Alec Ross. Non, ca va, je voulais simplement savoir s'ils embauchaient. Merci. »
J'ai un millions de défauts, mais le mensonge n'en fait pas parti. Je suis même un peu trop franc. Je garde beaucoup de choses pour moi, mais je n'avais jamais chercher à cacher mon identité – cela aurait peut-être été pratique parfois, comme lorsque la police finissait par me courir après pour X raison – ou les réelles réponses aux questions comme celle de la prénommer Eva devant moi.
« Vous ne m'avez pas l'air d'être du coin... Nouvel arrivant ? »
Je ne pu réprimer un léger sourire amusé – légèrement ironique, je doit l'avouer, je n'ai pas pu m'en empêcher, mais sans malveillance, j'ose préciser – et pencha la tête de coter. J'avais connu ce scénario à plusieurs reprises. J'avais une tronche d'immigrant ou...? Ouai, bon, mauvais exemple...
« Un point. J'arrive tout juste de Denver. »
Étrangement, sans en faire tout un plat, je n'avais pas envie de couper sec la conversation comme je le faisait d'habitude. C'était plutôt rare, et ma définition de discutions ne correspondrait probablement pas à la vôtre. Je vis une vie solitaire. Je suis presque toujours seul, par moi même, et les rares échanges que j'ai avec les gens sont soit d'ordre professionnel, soit de règlement de compte – allez savoir pourquoi, même en ne parlant à personne, j'arrive à me mettre dans la merde! -, puisque j'évite les conversation. Cependant, en croisant le regard marron-noisette de la jeune femme en avant de moi, l'impression étrange que j'avais ressentit tout à l'heure, lorsqu'elle m'avait dit son nom m'était revenu. Cette impression émanait d'elle. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été intrigué par quelque chose... C'était... faux. Juste faux. Quelque chose n'allait pas. Moi non plus, je n'allais pas, il fallait dire. C'est peut-être pour cela que je ressent cette impression, mais peu importe. Je n'arrive pas à dire qu'est-ce qui cloche, ni si Eva en est réellement la cause, ou si un trop grand contacte avec ma propre personne était en train de me rendre cinglé moi aussi. Cependant, ressentit cette impression et cette envie, ou plutôt cette non-envie de clore immédiatement la conversation et éviter le plus de dommage collatéraux possible m'en boucha un coin.
Rien ne paru – et oui, des années de pratiques pour réussir à devenir aussi impassible et modelage qu'un masque d'argile! - et je garda mon expression calme, un peu détaché, sans pour autant la quitter des yeux. Je n'ajouta rien, par contre. Si elle voulais elle même clore la discutions et s'en aller, je ne la retenait pas. Malgré tout, je n'entretenait pas activement la conversation. Même si cette jeune femme m'intriguait, j'avais tout de même encore assez de bon sens pour savoir que ma présence était néfaste à tout le monde et que rien ne servais d'encourager les gens à venir près de moi trop longtemps.
◊ Kaileen Moore ◊
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Je me retenais à grand peine de fixer la clope de mon tout nouvel interlocuteur d'un œil franchement réprobateur. Je ne pouvais pas supporter cette odeur de tabac, c'était aussi simple que ça, mais étant donné que je débarquais comme une fleur, je n'allais pas lui ordonner de m'éteindre tout ça. Il y aurait eu un petit problème, je me dois de l'avouer. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui manquait. Je toussotais doucement, raclant ma gorge indisposée par cette fichue cigarette, en prenant, une fois n'est pas coutume, sur moi. J'avais toujours eu une propension à la colère pour des détails de ce genre, néanmoins, je me trouvais tout de même un peu sur réactive, pour l'occasion. Je n'étais pas non plus une grande maniaque, surtout en prenant en compte le fait que je collectionnais divers vices peu appréciés du grand public, alors bon. Mais quoi qu'il en soit, je changeais si souvent d'humeur et de tout ce tralala, que je ne m'étonnais pas trop de cette soudaine animosité pour une malheureuse petite clope. J'étais bien loin de me douter – pauvre de moi, et pauvre de lui – que ce n'était pas, pour une fois, de ma propre initiative que je m'énervais toute seule, mais de la sienne. Enfin, initiative étant bien entendu un bien grand mot. De toute manière, il éteignit la vilaine gêneuse d'un mouvement soudain et inquiétant à mes yeux, avant même que je n'ai ouvert la bouche.
Mais passons sur ces menus détails dont je n'avais de toute façon pas la connaissance à ce moment là. Revenons plutôt à nos moutons. Les dits moutons étant à cette heure ma contemplation de ce cher Alec – je venais d'obtenir son prénom, brillante victoire de mon petit numéro. Ou alors il était simplement poli. Oui, c'était sûrement ça. Une fois de plus je m'envoyais balader moi même mentalement. Je recommençais à faire la conne, un vrai calvaire. Je m'asseyais au bar, sur un des tabourets à côté de ma future proie, et pianotais de manière convulsive et impatiente sur le dit bar. Le son de mes ongles était à peine audible, mais ça pouvait être passablement énervant je suppose. En tout cas, il y avait autre chose d'énervant, c'est que je n'avais pas franchement l'impression d'être la bienvenue, même si il était amusé par ma remarque concernant sa provenance. Une fois de plus, je me morigénais. Paranoïa au pouvoir, c'était vraiment cela.
Alors comme ça, monsieur voulait savoir s'ils embauchaient. Je faillis rire, un peu amère, mais surtout amusée. Je me retins cependant in extremis. Le pauvre m'aurait pris pour une sacrée folle, en fait. Il n'y avait rien de drôle au premier abord, avouons le. En fait, ça avait été plus nerveux qu'autre chose comme réflexe. J'étais si peu qualifiée dans le monde du travail que c'en était risible, je n'avais jamais suivi de véritables études, je n'avais jamais eu de véritable emploi, bref, ce n'était pas l'abondance de ce côté ci (comme de tous les autres côtés de ma vie, si l'on faisait exception de ma collection fournie de partenaires d'un soir). Et surtout, j'avais abandonné depuis si longtemps la simple idée d'avoir un emploi, que je me trouvais toujours un peu surprise quand on me rappelait que oui, certaines personnes bossaient pour vivre. Moi, j'étais voleuse à plein temps, youpiii. Quelle qualification professionnelle exceptionnelle, je m'étonnais toujours moi même de mon petit talent. Pour parfaire mon masque d'inconnue polie et trop curieuse, je m'adressais de nouveau à Alec. Je n'allais pas me perdre éternellement dans d'étranges et incompréhensibles divagations intérieures.
« Denver... Une ville que je connais pas du tout. Enfin, d'un autre côté, à part Boston et Achaea, je ne bouge pas des masses. »
Oui, le mot du jour inutile et complètement con. Je levais les yeux au ciel, agacée, et recommençais à pianoter sur ce fichu bar, rendue nerveuse de plus en plus par mon apparente et inexplicable mauvaise humeur. C'était quand même un monde ça, même pas fichue de tenir mes nerfs une petite demie heure. Je venais pleine de bonnes intentions, j'étais maintenant à cran, en train de me demander ce que je foutais là. Pas fichue de rester tranquille, ça devait être inscrit dans mon code génétique ou quelque chose du genre. C'était carrément obligé, à ce point. Toutes les emmerdes du monde ne pouvaient pas créer seule une désaxée comme moi. Ou alors, elles étaient fichtrement douée, celles là. Je cessais mon petit manège de pianotage aussi brusquement que j'avais commencé. Bon, là, on arrêtait, pause, temps mort, bla bla bla. Je n'étais pas dans mon état naturel. J'étais une vraie boule de nerfs, une pile complètement remontée et avec une envie passablement croissante de faire la peau à quelqu'un. Alors stop. Je n'étais pas non plus une tarée sanguinaire qui avait des soudaines envies de meurtres. Du moins pas sans raisons. Ahem. J'attirais l'attention du barman, commandais un cosmopolitan, et me tournais vers Mister Ross avec un sourire un poil forcé.
« Tu prends quelque chose ? Tant que j'y suis... »
Calme, détaché, il était à l'exact opposé de mon attitude fébrile qui dissimulait mal mon énervement sous-jacent et mystérieux. Il ne faisait aucun effort pour entretenir la discussion, mais maintenant que j'étais là, je ne voulais plus le lâcher. Je voulais savoir ce qui m'intriguait, comment et pourquoi il avait fait le vide autour de lui. Et, nom de Dieu, je voulais savoir pourquoi j'étais de plus en plus chargée d'émotions négatives dans les parages. Je le laissais me répondre quand à son hypothétique commande, avant de m'excuser un instant.
« Je reviens dans une minute, navrée. »
Je filais vers les toilettes du bar, et me calmais graduellement. La lumière commença enfin à se faire. Plus je m'éloignais, plus je m'apaisais, tout doucement, mais la sensation était là. Mes muscles jusqu'alors tendus se détendaient enfin. Je passais la porte que je souhaitais atteindre, et me passais distraitement de l'eau sur le visage, avant de m'observer un court instant dans la glace un peu sale (raisonnablement cependant). Mes grands yeux noisettes ouverts d'un air impassible me retournèrent un regard froid, comme d'habitude, tandis que mes traits n'exprimaient plus rien. De nouveau, mon côté calculateur reprenait le dessus, et je reprenais surtout le contrôle de mes émotions étrangement fluctuantes. Je sentais venir ce qui allait se passer quand je retournerais là bas, mais cela ne me donnait que plus envie de le faire. Et puis, je n'avais pour le moment que de vagues, on ne peut plus incertains, soupçons.
Néanmoins, je fis volte face, une vraie petite tornade, et filais de nouveau vers mon point de départ. Je venais tout juste de me réinstaller, devant mon verre miraculeusement apparu entre temps, qu'une vague sensation de malaise me prit. Pourtant, cette fois, je m'efforçais de l'ignorer superbement, et retournais donc un regard calme à Alec, qui devait sérieusement se demander, je suppose, sur quel phénomène de foire il avait eu le malheur de tomber. Je devais bien avoir l'air étrange, à moins que ce ne soit comme je le pensais un effet de son hypothétique pouvoir. Je repartais, relançant une fois de plus cette fichue conversation, sans trop réfléchir à ce que je disais.
« Ross... C'est peu commun, comme nom. Je suppose en tout cas. Encore une fois, je ne suis pas un modèle de culture de ce côté là. »
Je ne faisais qu'énoncer une vérité, d'un ton détaché, soigneusement travaillé. Peu m'importait que je ne sais qui ou je ne sais quoi veuille à tout prix me faire ressentir toutes les émotions négatives que je collectionnais déjà régulièrement, je n'étais pas du genre à me faire manipuler. Je ne sais qui ou je ne sais quoi pouvait aller se faire voir ailleurs. Loin, de préférence. J'attrapais mon verre et bus deux ou trois gorgées, fermant les yeux en savourant le goût du cocktail. Ça me changeait un peu de mes sempiternels gin tonic, en fin de compte. J'avais bu pas mal de ces trucs là ces derniers temps. Ouh, la vilaine alcoolique. Je rouvrais mes grands yeux noisettes, et observais le flagrant manque de populace dans notre entourage immédiat. Puis le barman qui me fixait d'un drôle d'air, se demandant sans doute qui je pouvais bien être.
« Tu es américain ? Je ne voyage pas du tout, alors en général, je me débrouille pour le faire par procuration. Bref, t'es pas obligé de répondre à mes questions si ça te dérange, je comprends parfaitement que chacun puisse avoir ses petits secrets. Moi même, je suis assez secrète sur pas mal de choses alors. »
Je n'exigeais jamais la vérité et l'honnêteté de mes interlocuteurs. D'abord parce que ça ne servait à rien de toute façon. Ensuite, parce que je n'en voyais pas l'intérêt. Eva, ce personnage, était aussi réel que Kaileen, après tout. Je n'étais pas en droit de demander ce que je ne faisais pas. En tout cas, je reportais mon attention sur mon curieux spécimen, tenant à la lisière de mon esprit l'agacement qui recommençait à montrer le bout de son nez, tentant de me prendre en traître.
Eva avait quelque chose de particulier que je ne m'expliquait pas. Une sorte d'attitude, d'énergie peut-être, où plutôt... un petit quelque chose d'anormal. Oui, bon, je suis loin d'être bien placé pour juger qui que ce soit d'anormalité. Mais peu importe, cette sensation étrange que j'avais ressentit à sa première approche persistait, comme si une cloche à l'intérieur de moi, faible mais présente, faisait tout pour se faire entendre. Mais je n'en percevait que les échos. Cependant, cette impression s'affirmait de plus en plus. Je ressentait l'envie de pousser la conversation plus loin, comme... attirer, intrigué. Ma trop grande curiosité m'avais d'ailleurs trop souvent apporter plus d'ennuis qu'autre chose. Mais c'était plus fort que moi. Peut-être pour la simple raison que je ne m'étais pas attarder à qui que ce soit, n'avait pas ressentit le besoin de parler à quelqu'un en particulier depuis très, même trop longtemps. Cette sensation, si j'avais envie de m'y laisser prendre, m'inquiétait également. Si je m'étais fermer au monde extérieur, c'est parce que j'avais eu de bonne raison de le faire... Eva me ramena à la réalité.
« Denver... Une ville que je connais pas du tout. Enfin, d'un autre côté, à part Boston et Achaea, je ne bouge pas des masses. »
« Disons que c'est plutôt le contraire pour ma part. Je passe rarement plus de quelques mois à un seul endroit... »
J'avais esquisser un léger sourire en pensant à cela. Combien de temps serais-je capable de rester sédentaire à un seul endroit, aujourd'hui? Plus que par nécessité, qui était à l'origine de mon nomadisme, j'appréciais réellement ma vie de bohème. Voyager, voir du pays avait toujours été une sorte de rêve, d'ambition pour moi. J'avais besoin de bouger. Je voulais d'ailleurs, lorsque les moyens et la force des choses me le permettrais, de quitter l'Amérique. Je rêvais de revoir le pays qui m'avais vue naitre, mais je voulais également voir les monts solitaires des alpes, connaître les paysages des déserts d'Afrique, les collines des Highlands ou encore les cote d'Asie. Je me demandais comment on ne pouvais pas rêver ou vouloir s'envoler. Mon désir de voyager, de bouger, était si fort en moi que la simple idée que quelqu'un veuille rester toujours au même endroit me paraissait absurde. Je vint pour poser la question à Eva lorsqu'elle me devança. Elle avait appeler le barmaid d'un signe de la main, se commanda quelque chose et me demanda si je voulais moi aussi consommer un quel qu'on que alcool.
« Non merci, je n'aime pas particulièrement boire. »
J'avais souvent l'air d'un fou lorsque je disais cela. Les gens de mon age avaient la solide réputation de se saouler tout les trois jours. Mon aversion pour l'alcool me venait de la trop grande habitude :a voir des saoulons ivres morts, complètement pathétique, sans orgueil, sans fierté et sans crédibilité dans la profession que j'exerçais. Oui, j'avais bien sur exagérer sur l'alcool, étant plus jeune, mais je m'étais vite rendu compte que cela me nuisait. À l'époque, je fuyait aussi bien les gens du gouvernement qui me cherchaient parce que j'avais quitter ma famille d'accueil avant mes 18 ans, les membres de gang de rue qui m'en voulais à cause de ma simple existence ou encore les gens à qui j'avais voler tel ou tel produit. Sous l'effet de l'alcool, je perdais mes réflexes. Je ne courrais plus aussi vite, je ne me défendais plus aussi bien, et laissez moi vous dire que j'y ai gouter plus souvent qu'autrement. M'enfin, je suis loin d'être un saint ou un antialcoolisme, au contraire. Ces mêmes saoulons à qui je ne voulais absolument pas ressembler me permettait, peu importe dans quelle ville que j'allais, de gagner ma vie.
Eva ne sembla même pas entendre ma réponse, cependant. Elle semblait de plus en plus énerver, et je n'étais pas sans savoir pourquoi... Elle se leva soudain, s'excusa et me dit qu'elle revenais à l'instant. Je ressentit un certain pincement au cœur, comme chaque fois que je me rendait compte de l'effet néfaste que je produisait sur les gens. La regardant s'éloigner, j'eus la sensation, la certitude que je ne le reverrais pas. C'était comme cela que les choses marchaient, qu'elles avaient toujours marcher. Lorsqu'elle se rendrait compte que, loin de moi, elle se sentait mieux, comme libérer, et en conclurait avec raison que je suis la cause de son malheur, elle prendrait ses jambes à son coup. Ce scénario, je l'avais connus mille et une fois. Je soupira en me détournant vers le bar. Bha... c'était aussi bien ainsi au fond. J'avais eu tord de me laisser entrainer, comme toute les autres fois où j'avais tenter d'être « normal ». Du coin de l'œil, j'entraperçus la barmaid qui me regardait d'un air de reproche. Les clients devaient consommer quelque chose s'ils voulaient rester dans le bar. Normal. Mais avec l'absence du gérant et le départ d'Eva, plus rien ne me retenait ici. J'allais attraper mon sac et partir lorsque j'aperçus la dite Eva qui revenais au pas de charge en ma direction, une flamme bien décider dansant dans son regard. Surprit, je resta d'abord figé lorsqu'elle vint reprendre sa place à coter de moi. Je me reprit en quelques secondes mais ne lâcha plus Eva du regard, encore plus intrigué et attirer qu'avant. Si les gens se demandait souvent pourquoi je produisait cet effet sur eux, moi je me demandais toujours pourquoi certaines rares personnes le supportait et s'entêtaient à rester près de moi. C'était carrément un mystère. Un mystère rare qui ne m'étais pas arriver depuis... depuis probablement plus d'un an.
« Ross... C'est peu commun, comme nom. Je suppose en tout cas. Encore une fois, je ne suis pas un modèle de culture de ce côté là...Tu es américain ? Je ne voyage pas du tout, alors en général, je me débrouille pour le faire par procuration. Bref, t'es pas obligé de répondre à mes questions si ça te dérange, je comprends parfaitement que chacun puisse avoir ses petits secrets. Moi même, je suis assez secrète sur pas mal de choses alors. »
Sa question prit quelques secondes de trop avant de se frayer un chemin jusqu'à mon cerveau, trop étonner encore par sa réapparition à mon coter. Elle eu le temps de boire une gorger de son verre et de continuer sa question avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit. Mais je finis par reproduire le même petit sourire en coin que tout à l'heure et à lui répondre sans trop de décalage. J'allais passer pour un cinglé abrutis mais bon... ce n'est pas comme si j'avais une réputation contraire à défendre.
« En fait, je suis né en Allemagne. Mon père était allemand et ma mère américaine. Et... non, ca va. Ça ne me dérange pas. J'ai... j'ai les miens également mais mon origine n'en fait pas parti. »
Je me força à sourire un peu plus, quoi qu'un peu mal à l'aise. La question des choses non dites, des secrets, même aborder aussi vaguement que cela, me passait toujours un peu de travers dans la gorge. Oui, je cachait beaucoup de chose. Trop de chose même. Je ne mentais jamais – ok, d'accord, sauf pour sauver me peau ou lorsque je veux qu'on me foute la paix -, mais cela ne voulais pas dire que je ne cachais rien, au contraire, je passe le trois quart de ma vie sous silence. Je laisse normalement filtrer uniquement les détails superficiels qui n'engage à rien et que les gens oublient aussitôt qu'ils les ont entendu. Mon origine, mes destinations, ma recherche de travail... tout cela n'était que les grandes lignes de ma vie. Mon pouvoir, mes motivations, mes souvenirs, mes sentiments et mes démons, tout cela ne m'appartenait qu'à moi. Même à Serah, je ne m'étais presque pas ouvert sur ces choses là. Mais Serah... c'était spécial. Je me rend compte aujourd'hui que je n'avais seulement cru que l'aimer. Elle, elle avait vue le vrai coter de notre relation. C,était ce qu'elle représentait que j'aimais réellement. Elle était extraordinaire, certes, mais ce n'était pas elle en elle même que j'aimais. Elle aussi d'ailleurs. C'était pour le défi, pour la bonne cause qu'elle était rester avec moi. Mais si je ne l'avais pas aimer d'amour, j'avais cependant apprit à aimer autrement cette personne, au delà de ce qu'elle était pour moi. Juste de repenser à elle, mon esprit se déconnecta un instant de la réalité qui m'entourait et l'idée de sa mort, même deux ans plus tard et même malgré la vérité au sujet de nous deux me frappa en plein fouet, comme si j'aurais été renverser par une voiture.
Me reprenant légèrement,je tourna la tête vers Eva, et sans trop réfléchir, pour masquer mon moment qu'intention, je lui lança la question que je n'avais pas eu le temps de lui poser plus tôt.
« Tu n'as jamais ressentit l'envie de partir? De voyager, de voir du pays? Il y a tellement d'endroit différents, de choses à voir et découvrir... »
Je me raidis aussitôt que jeu poser cette question. Emporter par ma propre passion et un instant de trop obnubiler par le souvenir de Serah, je n'avais pas réfléchis à ma question. Contrairement à la sienne, la mienne était plutôt indiscrète. Rha! Moi et les relations humaine... aussi bien demander de jongler à un manchot!
« Hum... Pardon. Tu n'es pas obligé de répondre toi non plus. »
Je détourna le regard, balayant le comptoir et la salle du regard. L'endroit s'était pas mal vider depuis mon entré ici. Un coup d'œil vers l'horloge m'informa pourquoi. Il était 4h39 du matin. Le bar devait probablement fermer un peu avant 5 heures, comme un peu partout. En échos à mes pensées, la barmaid, tout en lorgnant vers moi avec cet air de reproche toujours au fond des yeux, lança haut et fort :
« Last call! On ferme. »
Quelques hommes se levèrent pour commander une dernière bière alors que le groupe d'homme au fond de la salle se leva et sortis le pas titubant dans plusieurs éclats de rire gutturaux. Me tournant vers Eva, je lui proposa quelque chose qui m'étonna moi même. À croire que je ne réfléchissait pas plus loin que le bout de mon nez ce soir!
« Je crois que je vais y aller avant que la barmaid me lance un couteau par la tête, dis-je en hochant la tête du coter de la dite barmaid qui essuyait son grand couteau tout en me fusillant du regard. Tu m'accompagne? »
Je me leva sans vraiment attendre sa réponse. Si elle ne me suivait pas, celle-ci était claire comme de l'eau de roche. Si elle me suivait, elle n'aurait simplement pas besoin de répondre en parole. J'attrapais mon sac et le rejeta sur une épaule et de mon autre main, je saisis la poignée de mon coffre de guitare avant de me diriger vers la sortie. Lorsque je mis un pied dehors, l'air frais de la nuit m'enveloppa, emplit mes poumons et je poussa un imperceptible soupire de soulagement. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point l'univers fermé et la proximité des gens du bar m'avaient peser sur les épaules. Ce n'est qu'en inspirant profondément, sur le pas du Pitch Black que j'avais prit conscience de ce sentiment de lourdeur et d'étouffement. Je devais quand même être légèrement masochiste pour vouloir travailler chaque soir dans un endroit pareil... Mais vue ma situation, peu importe où ou ce que je faisait, cette oppression allait me suivre. Aussi bien alors choisir ce que je savais faire le mieux et ce qui me rapportait le plus.
Je me retourna pour voir si Eva m'avais suivit, un étrange mélange d'appréhension et d'inquiétude coller à ma peau. Je voulais à la fois le voir apparaître derrière moi, par la porte d'entré que je tenais toujours ouverte de ma main libre, et la voir, dos à moi, toujours assise au bar. Je me méfiait toujours de mes envie. Mon coter rationnel, qui lui connaissait trop bien les conséquences que le fait d'écouter mes impulsion pouvait causer, me criait de partir sans me retourner. C'était lui qui espérait la voir indifférente, déjà oublier, toujours assise au bar. J'étais toujours divisé entre les deux, sans savoir quel parti était le mieux à prendre, et sans savoir comment mettre la bonne mesure de l'un et l'autre.
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