Lukaz s’ennuyait fermement à cette fête. Non pas qu’il n’y avait rien de drôle à y faire, mais plutôt qu’il n’était pas réellement dans l’humeur du moment. En effet, il y avait bien trop de policiers dans le coin pour qu’il se sente suffisamment détendu. Oh, bien sûr, il avait déjà pu empocher deux portefeuilles depuis qu’il était là et c’était sans doute déjà bien suffisant pour la journée, mais ça, il ne le saurait pas avant de faire ses comptes chez lui. Dans tous les cas, un troisième vol ne pouvait en aucun cas lui nuire, tant qu’il prenait ses précautions, et c’est pour cela qu’il s’était dirigé vers cette jeune mère. Malheureusement pour lui, quelqu’un ne voyait pas les choses sous cet angle. Un instant, sa main se glissait dans le sac à main de sa cible et l’instant d’après, il était hors de portée dudit sac mais tenait cinq dollars entre les doigts. Pour sûr, il y avait là un très sérieux problème. Et il ne fallait pas être Einstein pour comprendre que ce n’était nullement un esprit frappeur, mais plutôt un mutant un peu trop sûr de lui. Quel idiot quand même ! Risquer ainsi la vie de tous ses frères de gène, juste pour s’amuser un peu ! Un instant, Lukaz ressentit malgré tout une once d’envie, s’imaginant en possession d’un tel pouvoir : arrêter le temps… Comme cela pourrait lui être utile dans son travail !

Empochant les cinq dollars – après tout, c’est mieux que rien – Lukaz prit un peu de recul, s’adossant contre le pilier de l’une des cabanes d’Halloween. Le mutant du temps devait sans doute encore être dans le coin, mais de là à réussir à le démasquer… Il faudrait pouvoir lire dans les pensées ! C’était là encore un pouvoir enviable, mais inutile pour comprendre ce qu’il était en train de se passer. En effet, les policiers et les militaires présents n’avaient pas vraiment apprécié la petite blague et ils commençaient eux-aussi leurs recherches. Ils avaient beau être des soldats, ils n’étaient visiblement pas aussi bêtes qu’on le dit souvent d’eux. Tandis que certains renforçaient les contrôles aux issues, d’autres commençaient à faire des vérifications d’identités. Et qui fallait-il remercier pour ça ? Cet idiot de mutant temporel ! Comment pouvait-on être aussi inconscient ?! Oh, bien sûr, lui-même ne risquait rien vu son pouvoir, mais avait-il seulement pensé à tous les autres ? Si Lukaz arrivait un jour à le retrouver, il allait lui faire passer l’envie de rire…

Pour l’heure, c’était plutôt lui qui n’avait plus envie de rigoler. Cette histoire de contrôle ne lui plaisait vraiment pas, parce qu’il n’avait pas de papiers d’identité sur lui… Du coup, il risquait fort d’être emmené au poste de police le plus proche et là, ça allait devenir vraiment catastrophique. En effet, aux premiers tests médicaux, les policiers comprendraient que Lukaz n’était rien de plus qu’un mutant… Il devait donc essayer de partir, et vite ! Mais ça n’allait pas être de la tarte, avec ces contrôles renforcés. Il lui fallait trouver une autre solution et vite ! Il avait bien une idée en tête, mais il avait peur qu’elle ne crée d’autres problèmes aux mutants présents… Il pouvait y avoir des adultes ou des enfants concernés et ça lui ferait vraiment mal qu’il leur arrive malheur par sa faute. Mais malgré tout, il tenait quand même à sauver sa peau avant tout. Alors il n’avait pas vraiment le choix. Puissent les autres mutants le pardonner…

Lukaz quitta son poste d’observation et traversa la place pour rejoindre une zone où il y avait moins de policiers. Étant donné ce qu’il avait en tête, il allait devoir sacrifier l’un des nombreux stands de la fête et plus les agents de l’ordre seraient loin, plus il aurait de temps pour se tirer d’affaire. Finalement, il jeta son dévolu sur un marchand de pop-corn, parce que quitte à essayer de détourner l’attention, autant le faire de la manière la plus explosive possible ! Jetant un coup d’œil derrière lui de manière à s’assurer qu’on ne le suivait pas, Lukaz se glissa aussi discrètement que possible derrière le stand en question. Là, il s’arrêta un instant et se concentra pour faire naître un joli petit soleil entre ses doigts. Une fois cette étape réussie, il s’agenouilla et laissa rouler la petite boule de lumière sous le stand… Prenant ensuite soin qu’on ne le remarque pas, Lukaz revint vers l’avant de la petit maisonnette et se glissa dans la foule. Il lui restait à peine quelques secondes pour mettre le maximum de distance avant que… BOOOOM !! Voilà, le soleil venait d’exploser, le souffle pulvérisant les murs en bois du stand, mais sans blesser le vendeur. Bien entendu, la chaleur qui se dégageait à chaque explosion venait aussi de transformer la réserve de maïs en pop-corn, inondant le secteur de ce maïs soufflé. Alertés, les policiers les plus proches vinrent constater les causes de cette explosion, permettant ainsi à Lukaz de se glisser sans être vu à travers les barrières de sécurité. Il s’éloigna ensuite aussi vite que possible de la fête, tant il lui tardait de rentrer chez lui.

Si on y réfléchissait bien correctement, ce n’était pas surprenant qu’ils en soient arrivés là. Les circonstances actuelles, elles ressemblaient à un vague recommencement, une copie de ce qui s’était déjà passé lors de leur première rencontre sur le terrain en construction du coin de la zone industrielle. Et la raison en était simplissime : les choses n’avaient absolument pas progressé entre eux. Ils avaient failli pour se donner bonne figure, peut-être bonne conscience mais ce n’était pas sincère alors obligatoirement la nature était revenue au grand galop. Ce n’était sans doute pas tant le fait que Liam ne lui parle pas qui dérangeait Pixie, elle l’avait dit elle était habituée et de toute façon elle n’était pas la première non plus à se laisser aller aux confidences. Mais plutôt cette façon qu’il avait de parler en sa présence des femmes comme des incarnations de la bêtise humaine en ayant l’air d’oublier tout simplement qu’elle en était une. Ça suffisait amplement pour faire oublier à la Russe les quelques tentatives qu’il avait fait pour lui faire comprendre la fois précédente qu’elle n’était pas juste une chercheuse bancale et sans valeur. Pixie se sentait oppressée. Winchester continuait à médire sans fondements et il était inévitable qu’elle finisse par ne plus pouvoir l’accepter. Si elle ne pouvait pas changer l’Agent, il ne pouvait guère non plus changer la Scientifique qui s’était assez montrée patiente et compréhensive à son goût. Parfois il était si libérateur de se laisser déborder par le ressentiment.

Un long silence suivi sa tirade, qui de toute manière n’était pas faite pour lancer un débat. Elle avait juste pensé un instant que le chapitre était clos et s’était contenté d’observer les curieux qui avaient fini par se tourner vers eux pour les regarder. Avec ce genre de mots, elle avait les voyeurs de son côté c’était certain. Même si elle n’avait que faire de l’avis des gens qui ne comprenaient sûrement pas le véritable fond du problème. Comment osait-on faire des misères à une jolie petite poupée blonde qui réclamait juste un petit peu de divertissement dans un semblant de respect. Ces gens ne connaissaient pas Pixie, ils ne connaissaient pas Liam non plus.. tout comme elle, ils ne s’attendaient pas à ce qu’il l’achève d’un grand coup de guillotine. On ne fait pas battre un cœur atrophié comme le sien aussi facilement. Être blonde et mignonne ne suffit absolument pas. C’est ainsi qu’il la planta au beau milieu de la foule, avec quelques mots bien sentis qui ne firent qu’attiser la colère de la Russe. Pourtant théoriquement elle aurait dû s’en moquer comme de ses premiers résultats d’analyse. C’était un peu comme dans un jeu de bataille navale, il venait de la toucher.. dans son ego c’était sûr, mais dans ses sentiments aussi. Elle serra les poings et s’exclama, sans se soucier le moins du monde de la foule.

Parfait, Monsieur Winchester !

Retour à la case départ tout en beauté. Elle avait bien appuyé son nom pour l’imiter et ainsi relever le ridicule de sa soudaine reprise de distance. Elle savait que c’était ça, elle aurait fait exactement la même chose pour lui faire comprendre l’importance de la régression sociale qui était entrain d’avoir lieu. Et bien tant pis. En fronçant les sourcils, elle croisa ensuite les bras en le regardant partir. Elle n’avait pas besoin de lui, de ce sale… le mot ne sortira pas car Pixie est bien élevée mais elle le pensait très très fort. Le trentenaire était un alliage de frustration, d’autorité et de méchanceté à l’état brut, le tout avec un sérieux complexe de supériorité. Qu’il se lance donc sur la route de briques jaunes pour aller passer commande d’un cœur au Magicien d’Oz, ou au Père Noël tiens, le vieux bonhomme devait passer bientôt. Rhaa ! Quand il eut disparut, la chercheuse se laissa retomber assise sur le banc avec irritation. Elle était vexée, et si dans le principe même de son fonctionnement son brillant petit cerveau lui ordonnait d’aller profiter de la fête pour démontrer au Bastet que la vie n’était pas aussi pourrie qu’il la décrivait, elle n’en avait juste plus envie. Pff la « morosité d’une existence humaine », les bras m’en tombe -peu pratique-. N’empêche qu’avec une telle vision des choses, on devait bien se faire chier quand on s’appelait Liam Winchester quand même. Pixie resta là à ressasser sa rancune et à pester silencieusement. Plus question d’être triste pour sa pomme à ce point-là, elle était juste.. énervée et ça se voyait sur son visage crispé.

Les minutes défilèrent pendant lesquelles la Russe essayait de passer à autre chose sans forcément très bien y arriver. C’était à se demander pourquoi ça l’affectait tant. Après tout elle connaissait d’avance la réputation exécrable du trentenaire et elle pensait l’avoir parfaitement bien intégrée à leurs échanges de « courtoisie ». Tout ça ne changeait absolument rien, peut-être même qu’un certain responsable de l’équipe spécial de mèche avec un autre certain responsable de l’équipe de recherche allaient arrêter cette connerie sans nom de vouloir les voir faire des étincelles à force d’être collés ensemble. Whitewood et Al-Mansûr s’attendaient à quoi au juste ? Feu de camp, bombe nucléaire ? Oh mais c’était très bien parti, qu’ils se rassurent ! Elle se voyait déjà faire le résumé animé en reproches de cette petite excursion quand du coin de l’œil, elle vit Winchester revenir.. Il faut dire qu’un gros rabat-joie en civil, ça se remarque au milieu de Batman, Zorro, ange, citrouille et tout ce qui pouvait bien s’en suivre. Il campa à côté du banc et décidée à faire la tronche, elle ne lui octroya pas le moindre regard.. ou seulement un petit en coin lorsqu’il se mit à parler. C’était bien beau d’être aimable après ça hein.. en plus y’avait franchement des progrès à faire là. Suite à un moment d’hésitation, la chercheuse tourna la tête et leva les yeux vers lui. Si elle avait pu tuer avec, il serait déjà mort c’était certain, malheureusement ce n’était pas aussi simple. Ses traits étaient fermés, non elle affichait un air septique en ancrant ses prunelles couleur iceberg aux siennes qu’il avait finit par consentir à accrocher sur elle.

Lorsqu’il reprit, Pixie pencha un peu la tête en regardant ses pieds faire des ronds sur le sol, puis elle décroisa les bras pour poser chacune de ses mains au bord du banc, de chaque côté de ses cuisses. Ses lèvres prirent une moue étrange, elle réfléchissait. Ce n’était pas parce qu’il faisait un pas vers elle en revenant lui faire cette proposition qu’elle allait lui sauter au cou ou qu’elle n’allait pas se faire désirer. Pixie était une jeune fille de vingt et un ans qui faisait régulièrement des bonds en adolescence pour compenser une prise de responsabilités un peu trop précoce, je vous le rappelle. De plus, il ne s’excusait pas et elle avait tout à fait conscience qu’il n’allait pas le faire. Ça méritait châtiment. Puis lorsqu’elle jugea que son petit cinéma avait assez duré, elle le regarda de nouveau pour lâcher d’une voix qui se voulait anodine.

D’accord.

Ni trop offusquée, ni trop chaleureuse. Pas comme si elle lui faisait une faveur mais presque. Après tout elle aurait été dans son droit le plus absolu de l’envoyer se faire voir une bonne fois pour toute. Elle aurait pu saisir cette occasion en or et mettre un terme définitif à toute éventualité de collaboration avec l’Agent Bastet. Ça aurait été le moment ou jamais et beaucoup d’autres -chercheurs et non chercheurs- auraient saisi la perche sans se faire prier. Pixie avait peut-être une certaine.. appréhension à cesser de voir Liam. Avec encore un peu de réserve, elle finit par se lever et prit la direction des stands alors qu’il lui faisait signe de prendre les commandes. Il devait être entrain de faire l’effort dont il parlait là, non ? L’espace d’un instant elle faillit lui demander s’il abandonnait la chasse aux sorcières, enfin à la mutante. Lui qui avait eut l’air de se faire une joie de se lancer dans une petite traque du dimanche.. mais elle s’abstint, de crainte peut-être de s’entendre dire qu’elle n’était jamais contente. Ce qui n’était pas exactement faux mais loin d’être vrai. La Russe était un petit peu satisfaite de la manœuvre, bien qu’elle n’ait aucunement été préméditée. Elle sillonna donc la foule en s’attardant souvent devant les étales, elle flânait en prenant son temps comme une personne normale qui profitait d’une journée de fête normale. Ils y avaient un peu le droit, non ? Ce n’était parce qu’il n’aimait pas ça que ce n’était pas humain. Puis au bout d’un moment elle s’arrêta, son attention avait été happée par quelque chose. Pixie attendit que Liam la rejoigne tranquillement et pour répondre à la question qu’il lui posa, elle tendit le bras et pointa son index vers le stand qui se trouvait à quelques mètres d’eux, tout droit devant. Avec le sourire d’une gamine devant un héros de bande dessinée, elle le regarda

Vous me montrez comment vous faites ?

Ça allait de paire avec la faveur qu’elle lui avait demandé la dernière fois et qu’ils n’avaient toujours ni pu mettre à exécution, ni même pensé à en reparler. Elle venait juste d’y repenser en réalité car Liam devait être fort à ce jeu-là de par son métier. Après tout ce n’était pas pour rien qu’elle lui avait demandé une telle chose.. Tout ça pour dire que c’était un stand de tir à la carabine, avec tout un tas de cibles statiques et mobiles. Un truc typique des foires et des festivals du style de celui auquel ils étaient en somme. Un immanquable, d’où l’on voyait de leur position tous les lots à remporter accrochés sur la voûte de toile et posés sur l’espèce de comptoir, du bassin de petits poissons rouges aux peluches de toutes tailles. Les peluches.. Pixie avait son regard rivé dessus comme un gosse de huit ans sur le camion du marchand de glaces. Elle lança à Liam un regard bleuté façon chat potté. Il avait bien dit qu’ils feraient ce qu’elle voulait, non ? Alors elle voulait qu’il fasse quelque chose maintenant, voilà.

BOOM. Pixie sursauta en se retournant à ce bruit de.. d’explosion ? C’était quoi en fait, encore ? Ils n’étaient pas tout près mais elle put voir un petit mouvement de panique et un bazar monstre au niveau d’un stand de vente de pop corn terrassé sous les yeux d’un vendeur en tenue mortifié par la surprise et l’incompréhension. Les autorités qui se trouvaient à côté accouraient déjà.. Une énième tentation de chasse pour Winchester ? La Russe ne dit rien mais elle tourna les yeux vers lui dans la plus grande neutralité.. qu’allait-il faire cette fois ?

La conversation se poursuivait tranquillement. Neve lui expliqua la nature des articles qu'elle aimait traiter et Svetlana hocha la tête en signe d'assentiment pour le choix de défendre la planète. Les hommes n'en avaient qu'une mais ils n'en prenaient pas soin. Encore que, depuis quelques années, les gouvernements entendaient modifier leur manière de pensée, essayant de réguler leurs émissions de gaz nocifs... Pas tous bien entendu, c'eut été trop beau. Quant aux autres sujets, les animaux et la famille, la jeune étudiante ne trouvait pas cela futile, la défense des animaux rejoignait la protection de la planète, et la famille était un thème qui pouvait faire couler beaucoup d'encre pouvant aborder plusieurs problèmes qui contaminaient la société ou alors mettre en lumière de bonnes idées de pédagogie. Certes ce n'était le genre d'articles couvrant généralement les pages d'un quotidien...

- Mais peut-être pouvez-vous présenter vos articles sur la famille ou les animaux à d'autres journaux ou magazines? A moins qu'on n'est pas le droit d'écrire pour plusieurs rédacteurs...

Concernant les voyages à l'étranger, Neve prenait le temps d'effectuer un séjour annuel dans sa patrie natale. Svetlana voyait cela comme un point commun entre les deux femmes et également comme un respect envers ses origines, une façon de témoigner son attachement à son pays.

- Ça c'est bien que vos parents viennent vous voir... Ma famille du côté de mon père vient parfois mais moins souvent que nous n'allons là-bas.

Un petit sourire ponctua sa phrase. En fait, la branche paternelle était fière de l'évolution sociale d'Ivan, néanmoins elle n'affichait pas un enthousiasme débordant concernant la culture américaine, c'était un mode de vie différent du leur, et bien qu'ouvert aux cultures étrangères ils préféraient tout de même la leur. Cela ne dérangeait aucunement Svetlana, au moins cela enrichissait son patrimoine culturel. Puis un rire léger lui échappa quand la journaliste affirma avoir du temps libre.

- Heureusement... Je n'ai rien contre la famille ni le travail mais ce serait dommage de se priver d'un moment de détente bien mérité. En tout cas, cela doit être agréable de partager du temps avec Asling.

Ce dernier avait l'air d'un garçon bien éduqué et équilibré. Svet ne pouvait pleinement se rendre compte de la situation de sa voisine n'ayant pas d'enfant. Jouer ou accompagner son frère dans des sorties devait être semblable mais quand même différent. Peut-être qu'un jour, elle expérimentera ce côté de la vie, mais d'abord elle devrait trouver l'homme de la situation... Elle était déjà sorti avec des gars mais aucun n'avait encore éveillé en elle le véritable amour. Les éclats de rire des deux collégiens attirèrent l'attention de Svetlana, elle les observa quelques instants et comme tout se passait bien elle revint sur Neve. Cette dernière abonda dans son sens au sujet des mutants et ajouta quelques commentaires concernant la violence dont certains pouvaient user pour se faire entendre. La jeune étudiante n'était pas non plus une adepte de la violence, en tout cas, elle ne s'était jamais retrouvée dans une situation la confrontant ou l'obligeant à utiliser ce recours. Puis la discussion glissa vers des sujets plus légers.

- Oui en dehors des mes études, je continue de faire du sport, j'aime beaucoup courir, une activité dont je ne pourrais me passer. Et quand je peux faire une sortie entre amis je n'hésite pas. Un sourire ponctua sa phrase. Sinon, j'ai un job étudiant à la bibliothèque, j'aime l'ambiance de ce lieu et j'apprécie de me trouver entourée de livres en plus j'adore la lecture...

Tandis qu'elle parlait son regard se fit lointain, elle se remémorait certains livres qu'elle avait découvert grâce à la bibliothèque et aussi les rencontres qu'elle avait faites dans ces lieux. Que de souvenirs... Et puis les univers parallèles contenus dans les pages offraient des échappatoires face à la dure réalité de ce monde, une porte permettant l'évasion dans des mondes différents. Tenir un livre dans ses mains, sentir la texture de la couverture et celles des pages ou encore son odeur procuraient des moments agréables...

- D'ailleurs si vous avez l'occasion de passer là-bas, vous me croiserez certainement, j'y travaille presque tous les jours...

Ces horaires variaient d'un jour sur l'autre mais elle était bibliothécaire au moins deux heures dans une journée sauf le lundi et principalement en soirée sauf quand elle avait des trous dans son emploi du temps. En tout cas, si Neve était à la recherche d'un livre détenu par la bibliothèque Svet le trouverait certainement, elle connaissait bien les rayonnages depuis le temps. Et elle avait même réussi à convertir Alek à certains genres de littérature.

D'ailleurs en parlant d'Alekseï... Le jeune collégien s'amusait bien avec Asling, les deux jeunes garçons se trouvaient de nombreux points communs au fil de leur bavardage. Outre le fait que le petit ange aimait les films il déclara aimer aussi les musiques ce qui fit sourire Alek. Trop cool. En plus pour Alien Asling aimait les mêmes épisodes, c'était trop fort. Quand son camarade critiqua la mode vestimentaire des héros de X-Men, le bourreau ne put s'empêcher de rire, il était d'accord leurs vêtements feraient un peu tâche dans le décor. Mais bon il n'y connaissait pas grand chose en mode alors il finit par hausser les épaules. Puis son voisin eut une drôle de réflexion, Alek fronça les sourcils.

- Entendu quoi?

Il posa un regard intrigué sur Asling ne voyant pas du tout de quoi il parlait. Pourtant l'ange semblait effrayé, observant la foule comme qu'il cherchait quelqu'un. Le jeune Iorichenko se demandait ce qu'il se passait.

- T'es sûr que ça va?

Il commençait à s'inquiéter devant l'attitude d'Asling. Mais ce dernier finit par le rassurer en déclarant que c'était certainement la fatigue qui lui jouait des tours.

- Je préfère, j'ai cru pendant un moment que tu entendais des voix, déclara-t-il avec un sourire en coin. En plus avec la musique et le bruit ambiants c'est si simple de se tromper et de croire entendre quelque chose...

Il ne vint pas à l'esprit d'Alekseï qu'un télépathe aurait pu s'adresser à son ami, même s'il ne doutait pas de l'existence d'une telle personne sachant que la mutation donnait des pouvoirs bien différents, de dangerosité variable et d'intérêts divers. Sa sœur et lui-même en étaient des preuves vivantes. Le jeune russe se souvenait que sa mère avait cherché à lui expliquer la génétique pour répondre aux interrogations du garçon concernant la mutation, mais il n'avait pas saisi tous les éléments qui faisaient appel à des notions de biologie qu'il ne possédait pas encore. Alors que ses pensées le replongeaient dans une attitude sérieuse, les paroles d'Asling le ramenèrent à l'instant présent.

- Hé, c'est chouette le modélisme, tu as combien de maquettes? Moi aussi j'aime bien les jeux vidéos, c'est vrai que ça rend plutôt accro tu passes des heures devant l'écran sans t'en rendre compte. Il y a aussi les jeux en réseau que j'apprécie beaucoup, on peut ainsi partager un bon moment avec ses copains et de bonnes rigolades. Actuellement, je suis dans Left for dead, trop cool ce jeu... Je ne pense pas être assez patient pour le modélisme bien que parfois avec ma sœur on fait quelques puzzles. Non je suis plutôt arts martiaux, il faut que ça bouge, déclara-t-il en faisant quelques mouvements pour souligner ses paroles. Et pour me détendre généralement une bonne bande dessinée fait l'affaire. Ah oui, pas facile de faire le tour de tout ce qu'on aime.

Alekseï considérait qu'Asling et lui était sur la même longueur d'onde sur bons nombres de sujets. Il posa un regard pensif sur son jeune ami, car il le considérait comme tel, une sorte de lien s'était développé entre les deux collégiens et il se demandait comment Asling réagirait en apprenant qu'un de ses amis était un mutant; Aliocha brûlait de poser la question, d'ailleurs il l'avait posé à plusieurs de ses copains testant ainsi leurs réactions et jusqu'à présent il n'avait révélé son secret à personne. Cependant, il aimerait le partager, il avait l'impression que cela lui ôterait une partie du poids. La famille s'était bien mais cela n'était plus suffisant à ses yeux.

- Dis Asling, que dirais-tu si un de tes amis te révélait...

Alek fut interrompu par une explosion. L'attention de toutes les personnes présentes se porta vers la source de ce bruit. Il se leva pour mieux voir mais le grands nombre de personne ne l'aidait pas et la panique qui gagnait les rangs provoquaient des mouvements de foule. Svetlana fut rapidement sur le qui-vive, la tournure des évènements ne lui plaisait guère. Les policiers se précipitèrent vers la zone incriminée laissant leurs contrôles en suspens. Svet se demanda ce qui avait bien pu provoquer cette déflagration. Un attentat? Une nouvelle manifestation d'un mutant? Si c'était le cas, ils avaient perdu la tête, c'était le meilleur moyen pour attirer l'attention et la colère des autorités, cela risquait d'avoir des implications désastreuses pour les porteurs du gène. Pensant à la sécurité de son frère ainsi qu'à la sienne, elle décida qu'il était préférable de prendre congé.

- Que se passe-t-il donc? demanda-t-elle d'une voix intriguée où perçait une note d'inquiétude.

Elle ne resterait pas pour le savoir. Alors se tournant vers son interlocutrice, elle poursuit après un petit instant de silence.

- Neve, vu les évènements, je préfère rentrer avec mon frère c'est plus sûr, si cela dégénère je ne voudrais le voir entraîner dedans, dit-elle en se levant. Alek on y va, lança-t-elle à son frérot avant d'enchaîner à l'attention de la journaliste. Je suis contente d'avoir fait votre connaissance et d'avoir discuter, si vous passez à la bibliothèque n'hésitez pas. D'ailleurs si Asling ou vous même souhaitez passer chez nous il n'y a pas de souci, suffit juste de prévenir. Je parie qu'Asling a déjà toutes les coordonnées d' Alek. Je vous souhaite une bonne soirée.

Alekseï faillit faire son rebelle, il était déçu de partir aussi vite souhaitant connaître le fin mot de l'histoire, mais il comprenait la prudence affichée par Svetlana, alors il se leva également.

- Bon, je vais y aller. De toute façon on se revoit en cours et puis tu as mon mail et mon numéro de téléphone donc si tu veux m'envoyer des messages aucun problème. A plus. Puis se tournant vers Neve. Bonne soirée mademoiselle.

Sur ces entrefaits, les deux Iorichenko quittèrent la fête sans être embêtés, la plupart des gens était occupée par l'explosion. Ils avaient tout de même passé une bonne journée en dépit des manifestations pittoresques du jour. Ils prirent le chemin de la maison, rejoignant la ligne de bus qui les ramèneraient chez eux.

Liam n'était vraiment pas sûr que c'était une bonne idée d'avoir opté pour ce comportement, et lorsque la jeune femme se dirigea très naturellement vers les stands, l'agent fut tenté de revenir sur sa parole, mais c'était malheureusement trop tard, une fois que l'Américain promettait quelque chose, ce n'était pas dans ses us de changer juste après, sans compter qu'il avait clairement dit à Pixie qu'il n'avait aucune parole. Quoi qu'il en soit, la jeune femme avait l'air de savoir ce qu'elle voulait puisque son attention la mena directement vers un stand particulier, et alors qu'il la rejoignait sans trainer les pieds pour une fois, signe du gros effort qu'il faisait pour elle, la jeune femme pointa quelque chose du doigt en lui demandant de lui montrer comment il faisait. L'agent observa le stand pointé par la blondinette pour constater que c'était un de tir à la carabine, ça va, il aurait pu tomber sur pire. Sur le moment, il fut tenté de lui rétorquer que c'était elle qui voulait s'entraîner et pas lui, mais le brun se força à garder sa remarque pour lui avant de détourner la tête du stand un instant pour porter son attention sur Pixie qui lui offrait un sourire digne d'une gamine. Elle avait l'air d'avoir rajeunit de dix ans, et il ne comprenait pas ce que ça pouvait autant éveiller chez les filles, c'était stupide de tirer à blanc avec des carabines de merde juste pour dégommer des ballons qui bougeaient dans une boite en bois fermée par un grillage. Après avoir observé quelques secondes le visage ravi de Pixie, Liam considéra cela sous un nouvel angle, visiblement l'idée de pouvoir obtenir un des cadeaux la rendait toute heureuse, si ça pouvait au moins lui permettre de passer une bonne journée, il pouvait bien prendre cette peine non ? Suivant le regard d'azur de la chercheuse, il constata qu'elle semblait particulièrement attirée par les peluches qui trônaient sur leurs étagères, c'était stupide, des nids à poussière et en plus de la mauvaise qualité. Mais si c'est ce qu'elle avait décidé.

« Soit. »

Après tout si elle se contentait de ça pour passer une bonne journée, Liam n'allait pas s'en plaindre non ? Et si elle voulait une peluche, ma foi, du moment qu'elle ne racontait pas partout que c'était lui qui lui avait gagné, puisqu'il ne faisait aucun doute qu'il y arriverait, ça ne devait pas être sorcier non ? Mais tout à coup une explosion se fit entendre, et le militaire qui sommeillait en Liam s'éveilla aussitôt lorsqu'il se retourna en direction du bruit, cherchant ce qui pouvait être la source d'un tel bruit. La découverte ne fut pas dure à faire, un stand de popcorn avait tout simplement explosé, envoyant du mais soufflé partout autour en provoquant les cris ravis des gamins de la fête qui courraient pour récupérer quelques morceaux de popcorn tombés sur le sol. Les parents vinrent rapidement retirer leur progéniture du coin au cas où le stand n'aurait pas continuer de balancer sa cargaison un peu partout, et déjà les autres policiers approchaient pour essayer de localiser la raison de cette explosion. La tentation fut forte, extrêmement fort pour tout dire, et pendant quelques secondes, Liam oublia même Pixie, elle n'aurait pas du tout apprécié de le savoir si jamais la jeune femme avait pu lire dans son esprit ou dans son regard ce qui venait de passer comme pensées. Mais soudain, comme si le regard de la jeune femme l'avait fait réagir, il sentit qu'elle attendait sa réaction, peut-être pour se persuader qu'elle avait raison et qu'il était incapable de faire autre chose que son boulot, mais Liam ne lui donnerait pas ce plaisir. Avec un regard qui ne laissait rien filtrer de ses pensées, l'agent Bastet se jura de coincer celui qui avait fait ça, un mutant sans aucun doute, allez savoir pourquoi, mais pas aujourd'hui, et il détourna son attention du stand explosé pour poser son regard noir sur le visage neutre de Pixie.

« Vous venez ? »

Et oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, l'ancien policier n'allait pas s'occuper de l'explosion du stand de popcorn, mais de la jeune chercheuse qui se trouvait à ses cotés, et alors que faisait signe à Pixie de se rendre vers le stand, il lui emboita le pas, non sans un dernier regard en direction du popcorn qui continuait de sortir à flot du stand éventré, dommage, ça aurait été marrant. La vision du mot « marrant » n'était pas la même pour Liam que pour les autres, et l'idée de descendre des ballons à la carabine ne le motivait pas trop, mais puisque Pixie lui offrait le regard du chat potté (qu'il ne connaissait d'ailleurs pas), l'Américain ne se voyait pas le droit de refuser ce qu'elle venait de demander. Après avoir payé les deux dollars nécessaires pour les dix tires destinés à descendre les cinq ballons qui volaient dans la cagette en bois, l'agent attrapa rapidement la carabine digne d'un gamin de dix ans, et encore, puis il visa les ballons assez gros pour ne pas être ratés, même avec un matériel aussi défectueux. Le gérant du stand avait commencé à expliquer à l'agent spécial en face de lui comment faire pour tirer, mais il se tut rapidement en constatant que l'homme face à lui devait être habitué à utiliser ce genre d'instrument. Sans dire quoi que ce soit, Liam descendit les cinq pauvres ballons avec cinq des plombs et reposa la carabine en évitant le regard scrutateur du mioche à ses cotés qui semblait étonné de la performance alors que ça n'avait absolument rien de surprenant. N'importe quel agent de l'Opération, ou agent de police tout court, serait capable de faire le même score, même le gros empoté qui avait interpelé l'américain à l'entrée de la place. Après avoir constaté que tous les ballons étaient descendus, le propriétaire du stand d'adresser au tireur, un sourire amical sur les lèvres comme si l'expression neutre du brun ne lui importait absolument pas.

« Et vous voulez quelle peluche monsieur ? » Sur le coup, Liam fut tenté de lui demander s'il cherchait la merde à lui parler de peluche, mais il ignora simplement le concerné avant de porter son attention sur la jeune femme, décidé à se montrer aimable pour cette fois.
« Pixie, c'est à vous de choisir. »

Ô miracle, il avait utilisé son prénom mais c'était la moindre des choses lorsqu'on y pensait, après tout il lui avait assuré qu'il pourrait être gentil non ? La jeune femme dirigea donc son attention sur les peluches et fit son choix, que le patron du stand lui remit avec une porte-clé absolument affreux représentant un chat rose avec un nœud dans les oreilles, 'cadeau de la maison' comme il disait, pour avoir eu les ballons en un coup chacun, et pour ses beaux yeux. Liam se retint de lever les yeux au ciel devant le manque évident de doigté et la drague on ne peut plus grossière, puis ils s'éloignèrent du stand maintenant que la jeune femme avait ce qu'elle voulait. Après quelques secondes, l'agent reporta son attention sur la jolie Russe avant de s'adresser à elle.

« Je crois que ça serait plus prudent de rentrer chez vous, après tout avec cet incident et l'autre, ça ne sera pas une journée plus amusante que ça, je doute même que la fête continue, mieux vaut partir avant. »

Contrairement à ce que l'on pouvait penser, il ne la chassait absolument pas, en réalité mis à part le gros éclat qui avait eu lieu juste avant entre eux, Liam avait passé une assez bonne journée en sa compagnie, même si pour rien au monde il ne l'aurait admit. Après que Pixie approuva les dires de son interlocuteur, sans forcément être d'accord avec lui d'ailleurs, il la raccompagna à l'entrée de la place avant de la laisser s'en aller avec un bref « bonne fin de weekend » pour changer de ses départs dans saluts. Puis lorsqu'elle se fut suffisamment éloignée, l'agent se détourna pour entrer à nouveau dans la fête et se diriger vers son ancien collègue histoire d'apporter son aide, après tout, on ne se change pas, et il avait fait l'effort de repousser son intervention pour les beaux yeux de la jeune femme, il ne fallait pas pousser trop loin !

Neve appréciait la tournure de la discussion, c'était agréable de pouvoir converser avec quelqu'un d'aussi intéressant que la jeune femme à ses cotés semblait l'être. D'un autre coté, la journaliste était aussi ravie de constater que son fils adoptif était du genre à avoir des amis comme le petit frère de Svetlana, ça signifiait au moins qu'il avait de bonnes fréquentations. Oui, l'Irlandaise était peut-être un peu vieux jeu, beaucoup vieux jeu ? Allez savoir, quoi qu'il en soit, la jeune femme refusait obstinément d'imaginer que le petite Écossais puisse commencer à avoir des amis peu recommandables, cela pouvait avoir l'air égoïste, et ça l'était certainement, mais Neve avait envie de garder Asling sage encore un peu de temps, pour en profiter aussi, il grandirait assez vite, et la blonde savait bien qu'elle ne pourrait pas le garder éternellement. C'était assez ironique, à peine son vœu de fonder une famille était-il exhaussée qu'elle devait presque déjà envisager à la possibilité que ce fils s'éloigne d'elle. Sans compter qu'elle ne pouvait pas agir avec lui comme elle le désirait, la journaliste devait garder à l'esprit le fait qu'il considérait encore ses parents comme vivants, et qu'il ne la voyait que comme une amie de la famille chez qui il dormait provisoirement. Ça passait encore certains jours, d'autres, lorsqu'elle avait des coups de blues, la belle se demandait si elle parviendrait un jour à pouvoir supporter cette situation en imaginant qu'il n'accepte jamais l'évidence. C'était dur, très dur pour elle, mais elle n'était pas Irlandaise pour rien, son caractère bien trempé l'aidait à supporter les moments de faiblesse qu'elle pouvait ressentir de temps en temps.

Svetlana la sortie de ses pensées en lui demandant si elle pouvait présenter ses articles sur la famille et les animaux à d'autres journaux ou magasines, puis elle demanda quelques renseignements sur le droit d'écrire pour d'autres rédacteurs. C'était plutôt particulier, dans une autre partie du monde, en Irlande ou en Russie par exemple, les journalistes étaient souvent indépendants des journaux où ils travaillaient, mais à l'Achaea News généralement on optait pour l'engagement des journalistes les plus prometteurs, ce qui avait heureusement été le cas pour Neve. Par conséquent, elle n'avait nullement le droit d'écrire pour d'autres journaux, sans quoi ça pouvait être prit pour de la concurrence, ce qui n'était pas vraiment le bienvenue lorsqu'on débutait comme elle. La belle blonde secoua doucement la tête en répondant à son interlocutrice.

▬ Et bien c'est un peu compliqué, ça dépend des journaux va-t-on dire ! En l'occurrence, pour l'Achaea News, où je travaille, les journalistes embauchés ne peuvent pas aller faire d'autres articles ailleurs, à moins qu'une demande ne soit adressée au rédacteur en chef par le journal intéressé, et bien entendu dans ce cas ils 'louent' leur journaliste contre un pourcentage si vous voulez. Elle rigola légèrement. Mais je ne suis pas encore assez intéressante pour qu'on daigne payer pour moi. »

Tout était affaire d'argent dans ce monde, la jeune femme en savait quelque chose malheureusement, et Svetlana aussi certainement, les études coutaient cher, et elle devait souvent pester contre la valeur aussi importante de cette monnaie dans la vie des gens. Après avoir répondu à la jeune femme, la Russe annonça que c'était bien que ses parents viennent la voir de temps en temps, comme ils avaient prévu de le faire pour les fêtes au début, sauf que Neve avait préféré rentrer au pays. Elle disait toujours rentrer alors que sa maison se trouvait ici, c'était plutôt amusant de constater comme un pays pouvait être important pour certains ! Svetlana expliqua alors que la famille du coté de son père venait souvent ici, mais moins souvent que l'inverse, ce que la blonde comprenait amplement, la Russie était tellement belle, et l'Amérique, bien que ça restait un beau pays, avant malheureusement peu à envier à des contrées comme celles d'autres pays. L'Irlandaise hocha la tête d'un air entendu avant de répondre.

▬ Je peux les comprendre, je ne suis jamais allée en Russie, mais j'ai entendu dire que c'était vraiment un beau pays, ils ne doivent pas avoir grand chose à envier aux paysages d'Amérique, et il est vrai que la vie est aussi très différente j'imagine. Même mes parents n'aiment pas trop venir ici. »

Ils venaient uniquement pour rendre visite à leur fille unique, sans quoi jamais le couple O'Connell ne se serait amusé à venir visiter Achaea qui avait tant de choses étranges comparé à leur petit village d'Irlande. Souvent les parents de la jeune femme essayaient de tester si elle ne désirait pas revenir au pays, prétextant un ami qui s'intéressait à elle, comme si elle n'était pas assez grande pour se case toute seule. Svetlana laissa échapper un rire on ne peu plus charmant avant de déclarer qu'elle espérait bien que la jeune femme avait du temps libre, et que même si elle n'avait rien contre la famille, c'était bien de se détendre un peu. Tout à fait, même si la famille était primordiale pour la belle, celle-ci ne voulait pas pour autant se priver d'une vie sociale, après tout elle était encore très jeune, et si elle avait déjà l'enfant, l'époux restait absent ! La Russe enchaîna en déclarant qu'elle faisait beaucoup de sport et qu'elle sortait aussi avec ses amis, puis qu'elle avait un job à la bibliothèque, ce qui dessina un sourire amusé et intéressé sur les lèvres exemptes de maquillage de sa vis-à-vis.

▬ Je vous comprend, les livres c'est réellement intéressant, après tout ce serait un comble que je dise le contraire alors que je passe mon temps à lire et à écrire. Elle rigola légèrement. Mais j'imagine que ça doit être reposant de pouvoir de temps en temps se trouver en paix dans un endroit qu'on aime, vous avez beaucoup de chance Svetlana. Neve sourit doucement. Et je ne peux que vous pousser à sortir avec vos amis, on a qu'une jeunesse malheureusement, il faut en profiter au maximum et ne pas se laisser étouffer pas les responsabilités ! Sinon en effet, Asling est une personne très agréable à vivre. »

Depuis le peu de temps qu'il partageait sa vie, la jeune femme avait trouvé sa compagnie très agréable, quoi qu'il en soit, elle tourna la tête dans la direction de son interlocutrice qui avait le regard perdu dans le vague, et Neve reporta alors son regard sur la foule où elle ne reconnu personne, mais qui lui semblait toujours aussi compacte. Dans son esprit, l'incident de la blague était déjà oublié, et lorsque Svetlana aborda l'idée qu'elle pourrait la croiser en passant à la bibliothèque, la jeune femme sourit en hochant la tête.

▬ Je voulais y passer depuis un moment, ça me fera une raison de plus. »

La jeune femme tourna la tête en direction de deux adolescents qui parlaient et qui semblaient visiblement s'entendre comme larrons en foire, rassurée, Neve reporta son regard sur son interlocutrice au moment où une explosion se fit entendre, faisant sursauter tout le monde dans le coin. La Russe aux cotés de la journaliste se demanda ce qui se passait, et Neve tourna la tête en direction du bruit pour ne voir qu'un tas de popcorn qui volait dans les airs, mais ayant la vue bloquée par les badauds, impossible d'en savoir plus. Un bref moment de silence se fit entendre alors que Svetlana reprenait la parole pour lui déclarer qu'elle préférait partir avant que ça ne dégénère, ce que l'Irlandaise ne pouvait qu'approuver, puis elle demanda à son frère de la suivre. Après quoi, la jolie blonde se déclara ravie d'avoir fait la connaissance de Neve et qu'elle ne devait pas hésiter à passer à la bibliothèque, ou même chez eux après un coup de téléphone, puis elle souhaita une bonne soirée aux deux personnes assises sur le banc.

▬ J'ai été ravie de vous rencontrer tous les deux moi aussi, et ça vaut pour vous aussi, si vous désirez passer à la maison, téléphonez-moi et nous verrons ça. »

Alekseï se leva à son tour après avoir hésité quelques secondes, puis il déclara qu'il s'en allait, échangea quelques mots avec Asling avant de saluer Neve et de s'en aller. La jeune femme regard partir les deux jeunes gens, puis elle se redressa aussitôt, ramassa ses affaires tout en s'adresser en même temps à son fils adoptif qui se trouvait toujours assit sur le banc.

▬ Asling, je crois que nous allons les imiter, ça devient un peu dangereux ici. »

Après la réponse du jeune homme, ils regroupèrent leurs affaires, jetèrent les ordures à la poubelle juste à coté, puis se dirigèrent vers l'entrée de la place où ils passèrent sans problèmes étant donné qu'ils n'avaient strictement rien à se reprocher, puis les deux individus rentrèrent tranquillement chez eux, parlant à la fois des évènements de la fête, et de la rencontre des deux Iorichenko.

J'étais plutôt rassuré de voir que mes paroles avaient pu rassurer Alek. Il avait cru au coup de la fatigue rajoutant en plus qu'avec la musique ambiante et le bruit de toutes les personnes autour auraient pu en être la cause. Cependant ce n'était pas le cas, cette voix m'avait nommée et Gabriel m'avait assuré que c'était un télépathe, du coup quand Alek me dit qu'il avait peur que je n'entende des voix, je ne répondis que d'un simple sourire ayant pour but de semblé amusé mais qui avait l'air plutôt gêné. Enfin il ne fallait pas s'éterniser là dessus, j'avais flippé, Alek avait trouvé ça étrange, mais j'avais tout rattrapé comme ci de rien n'était, point final ! Du coup on était retourné dans un registre plus léger, je lui avait énoncé mes centres d'intérêt comme il me l'avait demandé plus tôt et il semblait être plutôt emballé par tout ce que j'avais dis. En effet, il trouvait que les maquettes était plutôt intéressantes, bien qu'il en ait pas car trop peu de patience pour ce genre de trucs. Dans un sens il avait raison, il fallait vraiment pouvoir y investir du temps pour vraiment apprécier cela et même moi je devais reconnaître être parfois assez fatigué de peindre mes innombrables figurines. Après, les jeux vidéo, il était vraiment très rare que deux enfants de notre âge ne puissent se vanter d'avoir ce même goût pour les jeux vidéo, même si c'était plus ou moins fort selon l'individu. Le dernier jeu en date pour lui était Left for Dead, il faisait aussi partit de ma collection, un jeu que j'appréciais énormément et que je ne lâchais pas ou rarement, sauf ces derniers temps où je faisais un peu autre chose que de la console. Il termina en disant que pour se détendre il lisait quelques BD, c'est vrai que c'était bien sympa mais je n'étais pas trop lecture, à la limite des romans de science-fiction mais il me fallait un temps incalculable pour les finir, n'étant vraiment pas un littéraire.

-Oh des figurines je dois bien en avoir une bonne soixantaine si ce n'est plus ! Avec beaucoup de blindé dans le tas !Mais je te comprend, faire ça prend du temps et il faut avoir de la patience, même moi parfois je pète un câble quand je vois le travail qui me reste alors que je suis plutôt du genre patient. Et Left for Dead moi aussi j'y joue, ce jeu est tout simplement génial, je m'éclate comme un fou dessus ! Et ouai, les BD c'est sympa, j'aime beaucoup, mais je ne suis pas très lecture, un petit bouquin de science-fiction par ci par là mais je prend vraiment du temps à lire.

J'étais vraiment content de voir que nos points communs allaient vraiment aussi loin, on s'amusait vraiment ensemble et on avait de quoi parler, ce qui était vraiment pas mal pour une première connaissance, enfin ami pour moi, dans cette ville. Par ailleurs Alek reprit la parole, il semblait vouloir poser une question au vu du ton que prenait sa phrase mais celle ci n'arriva jamais à terme. En effet, alors que l'on parlait tranquillement, une explosion se fit entendre non loin, un stand de pop-corn venait de subir une attaque et explosait encore, surtout avec le pop-corn qui réagissait à la chaleur de chaque explosions. Maintenant la véritable question était de savoir qui était le responsable, un mutant imprudent qui voulait vraiment nous attirer des ennuies ou alors un humain qui voulait montrer qu'il ne les aimait pas en provoquant un attentat ? Enfaîtes, ça n'avait que peu d'importance, ça restait un acte de violence et donc ce n'était pas pardonnable, pas comme les petites farces plus tôt qui étaient inoffensives, là des gens auraient pu être blessés. Suite à cela Svetlana se leva, elle semblait préférer s'éloigner au vu de la tournure que prenait les événement. Peut être n'avait-elle pas tout à fait tort ? Elle appela Alek pour partir qui hésita quelques seconde avant de finalement se lever à son tour.

-Ce fut un plaisir de vous rencontrer Svetlana, dis-je avec un grand sourire angélique. Et ouai Alek, on se reverra en cours et on se parlera via internet. Passés une bonne soirée tout les deux !

Je vis ensuite Neve commencer à ranger les affaires, je devinais avant même qu'elle ne le dise que elle aussi préférait partir. J'étais plutôt d'accord avec elle, j'avais beau vouloir voir comment tout cela allait finir, je n'aimais pas trop me savoir en danger, je préférait être bien au chaud à la maison et voir ça à la télé si il se passait vraiment quelque chose d'important.

-Ouai, moi aussi je préfère rentrer, allons-y.

Tout avançait très rapidement, en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, la fête tirait sur la fin. Visiblement les évènements de la journée n'avaient pas aidés, et les forces de police qui commençaient à se déployer un peu partout dans la foule, avait fait fuir les quelques mutants qui pouvaient se cacher en anonymes sous leur déguisement. Quelques personnes furent contrôlées, le jeune homme responsable de l'explosion du stand de popcorn avait attiré l'attention sans même s'en rendre compte, un policier un peu plus éveillé que les autres avait remarqué que le blond au déguisement de pirate semblait fuir la scène avec beaucoup d'empressement. Mais malheureusement, son attention avait été attirée par un gamin qui semblait s'étouffer à cause d'un morceau de popcorn qui passait mal, et il n'avait pas pu se concentrer plus en avant sur ce jeune homme à l'allure suspecte.

Le groupe composé des deux jeunes femmes et des deux enfants s'était lui aussi divisé, elles s'étaient séparées chacune de son coté avec le garçon qui partageait leur vie, et étaient rentrées chez elle sans être inquiétées, la plus âgée ayant simplement été contrôlée puis laissé en paix lorsqu'il fut fait état qu'elle n'était pas mutante. Le très célèbre Blake Salazar lui aussi s'en était tiré à bon compte, nouvelle preuve que la célébrité aidait pour beaucoup de choses, et que les personnes qui passaient souvent à la télévision et dans les journaux semblaient jouir d'une immunité étrange. Quoi qu'il en soit, nul n'aurait pu deviner que dans ces trois groupes, seulement une des personnes n'était pas touchée par le gène mutant, ironique tout de même.

Des autres cotés, tout le monde se séparait, la jeune blonde qui avait été victime de la première farce s'était finalement faite raccompagnée jusqu'à l'entrée de la place par celui qui avait gagné une peluche pour elle, rien de très anormal dans une fête et ils se mêlaient aisément à la foule. Après le départ de son amie, l'homme qui semblait être policier rejoignit ses collègues pour les aider à évacuer la foule dans le calme en contrôlant un maximum de personnes.

Quelques mutants furent trouvés, principalement des pacifistes qui portaient les puces de l'Opération, ils ne furent donc pas inquiétés, bien que leur identité fut relevée « au cas où », un seul mutant neutre fut découvert, il n'avait rien de particulièrement intéressant si ce n'est qu'il n'était ni pucé ni déclaré comme mutant habitant dans la ville, pour lui ce fut un tour au commissariat et certainement une petite nuit au chaud dans une cellule de la ville. Une journée des plus normale en somme, quelques liens avaient été tissés, d'autres ne s'étaient qu'ennuyés après avoir fait un rapide passage à la fête, une journée normale dans un monde on ne peut plus anormal.