Sujet: Pauvre petit animal blessé ! Jeu 28 Oct - 14:42
Spoiler:
HP : Ce sujet se déroulant directement après celui-ci, il pourra rapporter des événements qui ne se sont pas encore produits mais qui sont déjà prévus. Ceci est indiqué pour un simple souci de cohérence.
Dans le centre d’Achaea… 22h30... et des poussières
Il faisait nuit depuis quelques temps déjà… Les petites ruelles qui courraient entre les immeubles d’habitation du quartier étaient particulièrement sombres. Sombres et froides en ce mois d’octobre, à quelques jours d’Halloween. Assis contre un mur de briques rouges, caché derrière une poubelle métallique, Lukaz grelottait. Il avait passé une soirée particulièrement éprouvante et se doutait que c’était encore loin d’être fini. Si seulement il était resté dans son studio miteux, il aurait évité tout ça… Mais non, il avait fallu qu’il choisisse de sortir et il s’en mordait maintenant les doigts. Il revoyait sa tentative ratée de voler un portefeuille à ce qu’il pensait être un simple passant, pigeon de première qualité. Mais dans sa malchance, il avait non seulement essuyé un lamentable échec mais était en plus tombé sur un type dangereux. Un fou… Un vrai psychopathe. Il avait de la chance d’être encore en vie, ça il n’en doutait pas une seconde.
Après son coup manqué, Lukaz avait décidé de s’enfuir, non pas pour éviter une quelconque réaction de cet homme, mais plutôt pour ne pas se retrouver confronté à des agents de police. Il ne tenait pas à finir en prison parce que ça, ça voudrait dire qu’il ne pourrait plus cacher sa nature profonde. On saurait qu’il est un mutant et il finirait comme les autres, doté d’une puce électronique comme un vulgaire chien errant. Seulement lui, il tenait à sa liberté et était décidé à faire tout son possible pour la conserver, en particulier éviter tous ces agents de maintien de l’ordre public, comme ils se nommaient eux-mêmes pompeusement. Mais voilà, pour une raison qu’il ne connaissait pas, l’homme s’était lancé très rapidement à sa poursuite. Peut-être avait-il été touché dans son ego par cet acte ou peut-être avait-il trouvé là une occasion de se défouler sur une « victime » qu’on ne pleurerait pas. Allez savoir. S’il en était resté à ces explications, les choses auraient pu sembler quelque peu normales, mais c’était sans compter la folie qui règne actuellement sur les Etats-Unis d’Amérique. Et qu’on retrouve de manière bien plus poussée dans cette ville du Diable. En effet, comme le cow-boy américain qu’il devait être, ce type avait attendu qu’ils soient dans une zone moins exposée pour se servir de son arme à feu… Lukaz avait rapidement trouvé refuge dans un vieux bâtiment qui semblait abandonné, histoire de se donner les moyens de ne pas se faire tirer comme un lapin, mais l’autre avait malgré tout insisté… Et le Français avait alors été obligé de répliquer, en se servant de son pouvoir. Grave erreur. Fatale erreur même…
Lukaz avait eu l’impression de vivre une scène de film d’action, du genre de celles que l’on trouve souvent si improbables et tirées par les cheveux. Après avoir tenté d’échapper à son poursuivant à travers les étages, escaliers et autres passerelles d’une sorte d’entrepôt abandonné, il avait fini par arriver dans le seul endroit qu’il aurait préféré éviter plus que tout… Le toit de ce fameux bâtiment. Il aurait très bien pu faire comme dans ces fameux films, à savoir bloquer la porte avec une barre de fer – tout le monde sait qu’on en trouve toujours forcément une sur un toit – avant de se lancer dans le vide pour retomber sur le toit de l’immeuble voisin… Seulement voilà, il n’était pas ce qu’on pouvait appeler un sportif et encore moins un adepte du parkour, cet art du déplacement créé en France près de 20 ans plus tôt. Il n’était toutefois pas non plus décidé à laisser tomber et avait fini par mettre la main – ou plutôt poser les yeux – sur ce qu’il cherchait et qu’il avait été presque certain de trouver ici : un escalier de secours. Mais avant qu’il ait eu le temps de l’emprunter, le fou furieux avait débarqué à son tour et pris Lukaz en otage. Le jeune homme ne comprit pas vraiment ce que l’autre lui racontait, parce que ça n’avait pas véritablement de sens. Mais il avait senti qu’il valait mieux, pour son intégrité physique, trouver un moyen de s’enfuir de là, parce que cet homme semblait tout sauf sain d’esprit. Il présentait même une folie effrayante… Finalement, après quelques minutes, le jeune français avait entendu un son qui lui avait presque fait plaisir, les sirènes de la police que les coups de feu tirés devaient avoir attirée. Profitant d’un instant de distraction, il avait réussi à se dégager de ce piège, se servant une nouvelle fois de son pouvoir pour aveugler son adversaire. Mais ça ne s’était pas passé sans perte ni fracas.
Maintenant, une partie de sa veste était arrachée, le fou ayant tenté de le retenir au moment où il s’élançait vers la porte… Il y avait laissé un bout de tissu et bien plus encore. Le sachet de came qu’il avait acheté plus tôt dans la soirée s’était envolé avec lui… Et comme il n’avait pas encore pris sa dose pour la nuit, il se sentait dans un état plus que morose… Ce à quoi il fallait ajouter les derniers événements et l’impact émotionnel qu’ils avaient eu. Emotionnel mais aussi physique. Parce que si l’homme avait gagné cette drogue, il avait lui aussi laissé un cadeau à Lukaz… Un cadeau sanglant et plein de souffrance. Une balle dans l’épaule. C’était elle, autant que le froid environnant qui faisait trembler le jeune Français. Ecartant le pan de sa veste, il regarda un moment son bras. La balle avait perforé ses vêtements, pénétrant dans la chair. Par chance pour lui, elle ne semblait pas avoir touché l’os. Il ne parvenait toutefois pas à savoir si elle était ressortie ou non. Toute l’épaule était douloureuse et il semblait que lui-même était un peu engourdi, que ce soit par la température ou la douleur, voire les deux. Bien sûr, il ne pouvait pas réellement aller à l’hôpital, du moins pas s’il tenait à garder son secret. Il allait donc devoir s’occuper de cette blessure tout seul… Où trouver quelqu’un qui pourrait l’aider, n’ayant pas les connaissances nécessaires en matière médicale pour soigner un tel mal. Et il avait peur de faire empirer les choses.
Arrachant un morceau de sa veste – après tout, elle n’était plus à ça prêt – il en fit une sorte de compresse qu’il glissa directement sur la blessure, sous sa chemise jadis blanche, seul autre vêtement qu’il portait. Peut-être une chance pour lui, parce qu’il limitait ainsi la contamination liée à l’entrée de fibres étrangères dans la plaie. Cela dit, pour ce qu’il en savait… Utilisant son pouvoir pour apporter un peu de lumière à l’obscurité de cette ruelle, il grimaça en découvrant réellement l’état de cette blessure. S’il attendait encore longtemps, ça risquait bien de très mal finir pour lui. Il allait falloir trouver une solution, et vite. Il n’y avait néanmoins aucune raison de se leurrer, sa seule alternative restait encore de rentrer chez lui avant tout. Là-bas, il trouverait bien quelqu’un d’habitué à ce genre de blessure. Mais comme il n’habitait pas la porte à côté, il allait devoir se mettre en route sans trop tarder. Se servant de son bras valide, il se redressa non sans mal. A peine fut-il debout que la douleur se propagea dans son bras, lui arrachant une grimace tout en lui faisant voir une pluie d’étoiles filantes. Lukaz essaya de se ressaisir, pleinement conscient qu’il ne pouvait pas tomber dans les pommes, ni ici ni ailleurs. Parce que si cette ruelle signifiait certainement sa mort, il était clair que s’effondrer dans un autre secteur voudrait dire la même chose, même si c’était d’une autre façon. Les humains n’avaient pas vraiment tendance à faire de cadeau à des mutants… Pire, ils féliciteraient peut-être même celui qui l’avait blessé. Il devait donc garder conscience, au moins jusqu’à ce qu’il arrive à son studio.
Inspirant profondément, il commença à marcher dans la ruelle, appuyant fermement sa main valide sur son épaule afin d’empêcher le sang de couler trop abondamment. Ses pieds trébuchaient sur le sol plus qu’il ne marchait, mais au moins il se déplaçait. Une fois dans le métro, il aurait au moins un peu de repos, mais d’ici là, haut les cœurs compagnons ! Arrivant dans la rue qui avait vu son échec plus tôt dans la soirée, Lukaz fut heureux de constater qu’il n’y avait pas grand monde pour s’interroger sur ses manigances. Il prit donc la direction de la bouche de métro la plus proche, quand il constata que cela allait le forcer à croiser quelqu’un. Et nul doute que cette personne verrait forcément sa blessure. Peut-être qu’elle l’ignorerait superbement, mais il préférait ne plus se fier à ses intuitions. Elles l’avaient bien assez desservi pour la journée. Faisant volte-face pour l’éviter, il sentit trop tard qu’il aurait du réfléchir un peu plus avant de faire ça. Les lumières de la rue semblèrent vaciller alors que tout se mettait à tourner autour de lui. Et, en un instant, il se retrouva allongé sur le dos avec pour seul matelas la dure et froide texture du trottoir. Avant qu’il ne puisse réagir, un visage se penchait sur lui. Il était flou, mais Lukaz s’en moquait, il ne voulait pas qu’on lui porte de l’attention. Il voulait rester seul.
« Je n’ai pas besoin d’aide. Laissez-moi… Je vais bien… »
Les mots sortaient difficilement, mais Lukaz n’avait pas le choix. Malgré la douleur et le froid, il devait lutter pour ne pas sombrer. S’il s’évanouissait maintenant, nul doute que quelqu’un appellerait les secours, pensant bien faire. Mais cette seule éventualité lui faisait vraiment très peur. Il ne voulait pas finir en prison. Il ne voulait pas devenir un de ces mutants « domestiqués ». Il était vivant et en quelque sorte, il était humain. On ne pouvait pas le traiter comme cela. C’est pour ça qu’il devait garder les yeux ouverts et rester maître de son esprit.
Sujet: Re: Pauvre petit animal blessé ! Ven 29 Oct - 0:48
« Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. » – Voltaire.
Dans le principe, on est bon. C’est pas faux finalement et ça résume bien ce que pense à moitié Pixie. A moitié seulement mais ce n’est qu’un détail. Ce n’est encore que le fameux topo selon lequel elle ne croit pas du tout à ce que des gens un peu trop illuminés vont jusqu’à nommer la Providence.. ou autre connerie dans ce goût-là. Mais il faut bien avouer que de temps en temps, les croche-patte que nous fait ce « Destin » a de quoi remettre beaucoup d’acquis en question. Mais nous verrons tout cela plus tard..
21h10. Son avant-bras droit était appuyé sur le comptoir du bar, et du bout des doigts elle tournait la paille pour remuer son deuxième et dernier cocktail alcoolisé de la soirée. La plupart du temps, Pixie était raisonnable et ne faisait pas d’excès en la matière, surtout lorsqu’elle n’avait pas prévu de rentrer en métro et qu’elle prenait sa sécurité au volant au sérieux. Elle prenait beaucoup de choses au sérieux finalement.. et tellement d’autres à la légère. Ce soir n’avait pas de but précis, elle était juste sortie comme ça, pour sortir. Pour s’aérer un peu après une journée de boulot à plisser les yeux et à relire des notes, pour voir du monde.. juste voir du monde. Elle était habituée, traînant comme ça une fois ou deux par semaine, peut-être plus selon ses humeurs. Pas toujours dans ce bar-là mais aussi dans quelques autres dans la même rue. Le choix du jour s’était porté sur l’endroit parce qu’elle n’y connaissait pas grand monde et qu’elle avait envie de rester tranquille. Boire un coup et rentrer regarder un film en mangeant du nutella directement à la cuillère. Le scénario parfait pour changer un peu des préparatifs de la fête d’Halloween, de ses décorations appliquées pour concurrencer les voisins. Une vraie petite américaine quand elle s’y mettait cette Pixie.
– « Tu rêvasses ? »
Belle observation Monsieur le Barman. Fort, très très fort. La blondinette eut quand même un moment de flottement le temps que l’information selon laquelle quelqu’un était entrain de lui parler lui monte jusqu’à son si brillant cerveau. Elle redressa la tête en esquissant un sourire en acquiesçant doucement. C’est vrai qu’elle était un peu ailleurs, un peu paumée dans ses pensées, dans son verre à contempler les couleurs se mélanger à l’intérieur. C’était peut-être le mal du pays cette petite mélancolie, ou autre chose de plus récent ; un événement qui était arrivé au centre et qu’elle prenait pour elle, comme toujours. Aucun jour passé à la base n’était véritablement facile pour la chercheuse mais il y en avait des pires que d’autres. Mais elle n’était pas du style à se laisser abattre ou à déprimer, encore moins de celui à le montrer à qui que ce soit et surtout pas de celui à en parler. Il suffisait qu’elle décide de se vider la tête et le reste suivrait. En se redressant pour croiser les jambes, prenant soin de tirer rapidement sa jupe en jean vers ses genoux, sa main glissa pour attraper son verre et elle le porta à ses lèvres. Ils engagèrent la conversation comme ils le faisaient des fois, à parler de tout et plutôt de rien en réalité. Ça la détendit mine de rien, parce qu’être en proie au spleen lui était chiant à en crever. Ainsi s’enchaînèrent d’autres cocktails de jus de fruits après celui-ci, Pixie riait et animait la discussion entre chaque commande qu’il servait à d’autres clients, elle avait toujours été douée pour parler de tout sauf de qui la touchait de trop près. Un comportement presque académique qui restait invisible aux yeux des autres parce qu’ils ne pouvaient pas s’intéresser d’assez près pour le remarquer. Clin d’œil. Après ces quelques verres, elle se décida à lever le poignet pour constater que le cadran situé dessous lui indiquait que presque une heure venait de passer sans qu’elle ne s’en rendre vraiment compte. Sans précipitation aucune, elle déclara qu’il était temps de rentrer en le remerciant pour ce début de soirée et en l’encourageant pour la suite. La jeune fille régla sa note sans vraiment se soucier du montant -jouons les riches tiens !- et vérifia qu’elle avait bien toutes ses affaires dans son sac à main. Quand ce fut fait, elle adressa un nouveau sourire au barman et un signe de la main en se dirigeant vers la porte.
Le froid qui souffla dans ses longs cheveux blonds la fit frissonner. Pixie ramena une mèche derrière son oreille et se frotta le bras droit en regardant des deux côtés de la rue. C’était plutôt le désert quand elle entendit des sirènes de police un peu plus loin. Non pas que ce soit les autorités qui puissent l’effrayer mais mieux valait ne pas traîner dans le coin. Elle resserra sa veste en cuir autour d’elle pour finir par glisser les mains sans ses poches et engagea le pas sur le trottoir, en direction du métro. Sa voiture était garée dans une rue perpendiculaire de l’autre côté. L’une de ses main se referma sur son téléphone. Le réflexe de consulter ses mails.. boite de réception vide. Elle le rangea en relevant les yeux et vit une silhouette se découper sous la lueur d’une enseigne lumineuse. Elle n’y prêta pas vraiment attention et avait comme qui dirait hâte de rentrer chez elle et de se poser tranquillement.. mais ça c’était jusqu’à ce que suffisamment près, Pixie le voit -oui c’était un homme, sûr et certain mesdames et messieurs- opérer un demi-tour plus que soudain.. et s’effondrer.
Hey !
La Russe accéléra le pas, courant presque en faisant claquer ses talons contre l’asphalte sur le dernier mètre qui la séparait de cet homme, ce jeune homme en fait maintenant qu’elle voyait plus distinctement son visage. Pixie dans toute sa splendeur. Parfois, elle agissait vraiment sans réfléchir, à croire qu’elle le faisait exprès. Ça pouvait bien être un piège, vicieux certes mais plus rien était impossible dans cette ville sur le déclin. En s’arrêtant aux côtés de l’inconnu, elle chercha des yeux de l’aide aux alentours mais personne, ou personne d’assez intéressé pour interrompre son chemin et se dévoiler à la lumière en tout cas. Indifférence totale. Sans doute que c’est une des pires choses qui soit.. alors Pixie se pencha au dessus de lui, balayant ses cheveux qui tombaient de part et d’autres de son visage par des gestes frénétiques et successifs.
Vous m’entendez ?
D’accord, ça pouvait passer pour une question débile mais c’était important de savoir. Surtout qu’elle en eut la réponse plus rapidement qu’elle ne le pensait. Pas besoin d’aide, il allait bien ; et prends moi pour une conne tiens. Il n’y avait qu’à entendre la façon dont il était à peine capable de le lui dire pour y voir la mauvaise foi, et dans l’ensemble il était dans un sale état. Pixie s’agitait sans vraiment prendre de décision et chercher à faire quelque chose. Ce n’était pas la panique mais soudainement même s’il mentait de façon trop évidente, elle ne savait pas comment réagir. Puis au final, elle fit un pas sur le coté et s’accroupit. Remontant les traces de sang de son regard vif et bleu glacé, sa main finit par toucher un liquide poisseux et à peine tiède à son épaule. Elle tourna sa paume et la regarda, en sachant pertinemment de quoi il s’agissait. Ses lèvres s’entrouvrirent au moment où elle fut happée par les souvenirs.
La lumière d’une matinée sous un ciel dégagé, elle s’y voyait encore il y a plus de trois ans. En face de Lui, dont le sang imprégnait visiblement les vêtements. Et puis le décor changea brutalement pour lui montrer l’intérieur de l’ancienne base de l’Organisation dans le chaos et le black out. Tour à tour, elle vit un mélange de scènes par son propre regard. Elle pouvait presque entendre les gens crier, et à ces hurlements un jeune homme répondait des blagues vaseuses dans un sourire niaisement charmeur. La jeune fille, sur le trottoir s’en sentit presque mal et dû faire un effort certain pour réussir à stopper les flashs maintes fois rejetés. De nouveau elle entendit la voix de celui qui gisait et qui la précipita dans le réel, l’accrochant au macadam alors que l’inconnu souffrait. D’un geste bref, elle haussa sa propre épaule dans un espèce de malaise et posa les yeux sur lui. Elle pouvait la sentir sa souffrance, la ressentir comme si elle la vivait. Et il n’y avait pas besoin de dons extraordinaires ni d’ADN modifié pour cela, juste.. la mémoire. Qu’elle le laisse ? Il ne connaissait pas Pixie lui. Il ne savait pas comme elle pouvait être têtue et comme dès l’instant où elle avait accouru elle s’était sentie impliquée. Avalant sa salive en rejetant ses cheveux derrière ses épaules d’un mouvement de tête, elle prit un ton à la fois détaché et résolu.
Vous perdez votre temps. Si vous voulez parler, dites-moi au moins quelque chose de constructif, je ne sais pas.. sinon essayez juste de ne pas trop forcer, et rester avec moi. Je vais regarder votre épaule, d’accord ?
Si c’était sincèrement formulé comme une question, elle était rhétorique parce que qu’il soit d’accord ou pas ne changerait rien. La chercheuse avait l’intention d’examiner la blessure de toute façon. Elle allait même le faire tout de suite. En essayant d’aller doucement, elle écarta ce qu’il restait de sa veste et passa la main sous sa chemise, par l’encolure dans la même optique de démarche. Les dents serrés, elle alla chercher la compresse de fortune qu’elle sortit de là, un coup d’œil vers la lumière du panneau électrique en faisant la moue. Il fallait qu’elle regarde de plus près l’état de la plaie et la nuit n’aidait pas. Ses réflexions tournaient à plein régime dans sa petite tête blonde. Délicatement, elle tira le tissus dont les fibres trempées de sang collaient déjà à sa peau. C’était pire que ce qu’elle avait vu la dernière fois, mais l’impact était semblable. Il s’agissait d’une blessure par balle. De sa main libre, elle ôta son sac à main de son bras et le posa à côté de la tête du jeune homme.
Écoutez-moi, je sais que vous avez mal mais je vais devoir appuyer. Levez la tête et posez là sur mon sac, j’ai rien de mieux à proposer. Elle tendit le bras et passa sa main sous sa nuque pour l’aider à relever la tête et poussa son sac en dessous avant de relâcher lentement sa prise. Est-ce que vous en avez d’autres comme celle-ci, ailleurs ? De plaie, bien sûr. Est-ce que vous vous êtes cogné en tombant ?
Elle continuait à parler alors que déjà, elle s’affairait à poser ses mains de chaque côté de son épaule blessée. C’était aussi pour qu’il fasse plus attention à ce qu’elle disait plutôt qu’à ce qu’elle faisait. Pourvu que surtout, il ne résiste pas, ça ne ferait qu’empirer les choses. La chercheuse appuya en essayant de mesurer la pression qu’elle exerçait par pallier. Il perdait beaucoup de sang et elle ne pouvait pas faire autrement que d’essayer de le contenir en cherchant la reconnaissance tactile d’un corps étranger au travers de sa peau. Pixie n’avait en soi rien d’un médecin et elle se retrouvait exactement dans la même incertitude qu’elle ne l’avait été face à Shawn, ou peut importe comment il avait dit s’appeler sur le coup. Et de la même façon, le verdict logique s’échappa de sa bouche.
C’est sérieux. Je vais vous aider à vous redresser mais il faut vous conduire aux urgences au plus vite. Comment vous appelez-vous ?
Spontanément, sa main située près de son omoplate vint chercher le front du jeune homme mais elle le quitta aussitôt en voyant qu’elle y laissait des marques de son sang. C’était ridicule comme réticence, il en était déjà couvert. Et bien maintenant elle aussi, puisqu’elle ne trouva rien de mieux pour essuyer sa main que sa jupe et par extrapolation du geste sa cuisse. Elle plongea sa main dans sa poche et en sortit son téléphone, en commençant à composer le numéro pour demander un ambulance, son regard inquiet se posa sur lui et elle hésita. Elle attendit, pour être sûre. Après tout ce ne serait pas la première fois..
◊ Lukaz Le Guen ◊
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Sujet: Re: Pauvre petit animal blessé ! Sam 30 Oct - 20:44
Lukaz était dans un état particulièrement étrange. D’une certaine manière, il était accoutumé à ce genre de sensations, lui qui consommait ces produits que l’on appelle stupéfiants et qui vous plongent dans un état second plein de délires et d’illusions. Mais pourtant là, ça n’avait rien à voir. C’était différent… Il ne pouvait nier une chose, c’était qu’il était au bord du malaise. La nuit avait toujours eu un impact négatif sur son état général, autant physiquement que mentalement et ça n’allait pas changer de si tôt. De fait, bien que réelles, ses inquiétudes et autres craintes étaient aussi induites par cet état particulier. Mais cet état de mal-être était aussi largement aggravé par la blessure qu’il avait reçu un peu plus tôt dans la soirée. Une blessure qui le faisait souffrir mais qui lui offrait aussi une sorte de plénitude. Le sang qui s’écoulait de la plaie le réchauffait étrangement et il sentait que s’il le voulait, s’il se laissait partir, il sombrerait dans une sorte d’inconscience presque reposante. Un peu comme un rêve agréable qui lui ferait oublier tout ce qui le torturait. Ca semblait si facile, si proche. Il suffisait de fermer les yeux et…
Un geste le tira de ses rêveries. Un geste embrumé par la douleur mais qui signifiait que l’inconnue, puisqu’il semblait s’agir d’une femme, n’était pas encore partie. Allait-elle seulement le faire ? Il ne manquerait plus qu’elle s’intéresse à son état et qu’elle veuille le conduire aux urgences. Ca n’allait sans doute pas tarder à arriver et à ce moment-là, qu’est-ce qu’il pourrait faire ? Dans son état, pas grand-chose, si ce n’était tenter de la convaincre. Cela dit, il n’était pas non plus forcément en mesure d’argumenter brillamment pour s’en sortir. A croire qu’il s’était retrouvé perdu dès l’instant où elle l’avait vu tomber… Tout ça pour un portefeuille… Un vulgaire portefeuille ! Ne dit-on pas que qui sème le vent, récolte la tempête ? Il venait de gagner celle du siècle là. Peut-être même du millénaire tiens. Un semblant de rire s’étouffa dans sa gorge et le hoquet qui suivit lui arracha une grimace de douleur. Puis la jeune femme reparla. Elle avait la voix sûre, presque apaisante. C’était mauvais signe… Déjà que sa situation n’était pas la meilleure qu’on puisse espérer, si en plus il tombait sur une infirmière ou une docteure…
Perdre son temps… Oui, visiblement il le perdait bel et bien puisque la jeune femme n’en avait strictement rien à faire de ce qu’il voulait réellement. Dans un sens, il était vrai qu’une personne avec un minimum de conscience n’allait pas continuer son chemin en le laissant agoniser sur le trottoir, mais pour une fois, il aurait préféré tomber sur un vrai salop plutôt que sur le bon samaritain. Sa situation n’aurait alors pas été si désespérée. Quant au fait de dire quelque chose de constructif… Qu’y avait-il de plus constructif que de signaler vouloir être laissé seul ? Surtout quand cela avait pour but de protéger sa propre vie ? A priori rien, mais comme la jeune femme ne pouvait pas le savoir, elle en était toute excusée. Le conseil de ne pas se forcer pour rester avec elle était plutôt judicieux. D’autant que même s’il avait été tenté par cette inconscience réconfortante, il ne voulait vraiment pas risquer sa vie. Le pire pour lui serait de reprendre conscience dans une chambre d’hôpital. Alors non, il n’allait pas lâcher et comptait bien rester conscient. Lorsqu’enfin elle lui posa une véritable question qui attendait à priori une réponse, il mit un moment avant d’en saisir le sens réel. Et ce fut malheureusement bien trop long pour qu’il soit en mesure de dire non…
Bien trop rapidement à son goût, il sentit qu’on écartait le pan de sa veste et qu’une main se glissait sous sa chemise. Le contact de la peau, froide en raison de la température ambiante, le fit frissonner. Ce fut néanmoins une des rares sensations qu’il pouvait percevoir, son corps s’étant quelque peu engourdi au niveau de l’épaule. Ainsi, s’il ne sentait pas véritablement le contact des doigts qui parcouraient sa peau, il en sentait la fraicheur qui contrastait avec la faible chaleur de son sang qui empoissait ses vêtements. Tout en laissant une moue désapprobatrice s’afficher sur son visage, la jeune femme retira la compresse de fortune qu’il s’était faite à l’aide d’un morceau de sa veste. C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour ralentir l’écoulement du sang et se donner une chance d’arriver chez lui vivant, avant d’être exsangue. Mais visiblement, ce n’était pas au goût de sa sauveuse. Elle montra toutefois des qualités que ne partageait pas nécessairement le commun des mortels, posant son regard sur la plaie sans même ciller. Une preuve de plus à mettre sur son éventuel statut de médecin…
Comme si elle avait l’habitude de ce genre de situations, elle le prévint de ce qu’elle avait l’intention de faire d’un ton calme et rassurant. Prenant soin de celui qui était, pour le moment, devenu son patient, elle l’aida à relever la tête pour lui offrir un coussin de son sac à main. Peut-être qu’elle n’avait rien de mieux à proposer, mais c’était de loin largement plus agréable que le dur et rugueux macadam. Cela dit, c’était un bien pour un mal… Parce qu’à peine avait-il posé la tête dessus que déjà ses mains s’affairaient sur son épaule. Il ne le ressentait que légèrement, mais un peu plus à chaque fois, comme si la vigueur regagnait son épaule à mesure qu’elle le palpait. Consciemment ou non, elle détournait malgré tout ses pensées de la situation, le forçant à réfléchir pour répondre à ses questions.
« Non… Pas d’autres blessures. Et… Me suis pas cogné, je crois. »
C’était d’ailleurs déjà bien suffisant d’avoir pris une balle. Si l’autre taré l’avait transformé en passoire, Lukaz doutait d’avoir seulement pu se déplacer jusqu’à ce trottoir. Quant au fait de s’être cogné, en théorie il supposait que non. Il n’avait rien senti en s’effondrant comme une merde, mais ce n’était pas pour autant qu’il n’avait rien. Vu l’état général dans lequel il se trouvait, un choc caché n’était pas impossible… Une pression sur son épaule le ramena vers la réalité des faits, une réalité froide comme la nuit, comme le bitume. Un froid que dissipait la tiédeur du sang… Et la chaleur humaine. Sans aucune raison, cette jeune femme avait tout laissé tomber pour s’arrêter et aider quelqu’un comme lui. Mais à bien y regarder, elle ne savait rien de ce qu’il était. L’aiderait-elle aussi si elle savait qu’il était un voleur ? Un drogué ? Et un mutant ? Une personne normale, sans doute pas. Mais qu’en serait-il d’elle ? Il n’avait pas le moindre moyen de le savoir et pourtant, il devait placer sa propre vie entre les mains de cette fille. Un choix difficile et qui venait avec son lot de conséquences.
Un instant de panique traversa le regard de Lukaz alors qu’une de ces conséquences pointait le bout de son nez. La question de le conduire aux urgences. Il était évident que s’il avait été quelqu’un de plus ou moins respectable, il aurait accepté la proposition sans le moindre souci. Mais là, il ne pouvait tout simplement pas. Tout ce qu’il voulait, c’était qu’on le laisse rentrer chez lui et qu’on lui fiche la paix. Le reste, il s’en occuperait lui-même. Mais quelque chose lui disait que la jeune femme ne verrait pas les choses sous cet angle et il allait devoir se montrer très persuasif. Ce qui s’avéra d’autant plus nécessaire quand elle sortit son téléphone pour appeler les urgences. Toutefois, comme si une raison bien précise la faisait douter de son geste, elle attendit son approbation. Avait-elle déjà connu pareille situation ?
« Les urgences… Je sais que je devrais, mais je ne peux pas. Je m’appelle Lukaz. Mais s’il vous plaît, pas les urgences. Je ne vous oblige pas à rester avec moi. Je vais bien trouver le moyen de m’en occuper moi-même. C’est toujours mieux que d’aller dans un hôpital. Là-bas, ils vont forcément faire des tests et… Je ne peux vraiment pas prendre ce risque.»
Prononcer de tels mots, c’était comme de tout dévoiler d’un coup. Comme dire la vérité. Le pouvait-il seulement ? Avait-il le choix, en cet instant ? S’il révélait la vérité à cette jeune femme, elle pouvait décider de l’aider d’autant plus, comme elle pouvait décider de prévenir la police. Et dans son état, il ne pourrait de toute façon rien faire. Rien faire… Il savait aussi pertinemment que malgré ce qu’il s’entêtait à répéter, jamais il ne pourrait se soigner tout seul. Si elle le laissait là maintenant, nul doute qu’il finirait par se vider de son sang avant d’avoir pu faire quoi que ce soit. Quant à l’idée de demander l’aide de quelqu’un d’autre, c’était encore plus risqué que de se fier à elle. Après tout, elle s’était arrêtée. Elle devait donc avoir un bon fond. Peut-être que ce n’était qu’à l’égard des humains, mais comme elle n’avait pas fait mine de s’intéresser à ce sujet jusque là, Lukaz pouvait espérer qu’elle était juste gentille. Une qualité trop rare en ce monde et en cette ville pour la laisser filer. Il devait accepter l’aide qu’elle lui proposait, mais sans passer par la case urgence. Et pour ça, il n’avait qu’un seul moyen d’y arriver. Un moyen risqué… Mais pas d’autre choix. Il devait se fier à son instinct et rejeter ses éternelles habitudes de solitaire. Il devait faire confiance à cette inconnue.
« Je sais que vous voulez m’aider. Mais je dois éviter les hôpitaux. Parce que… parce que… »
Parce que je suis un mutant… Des mots terribles dans cette ville. Des mots qui pouvaient mettre fin à une vie. Des mots difficiles à prononcer devant une inconnue. Il existait toutefois une autre façon de le montrer. Fermant les yeux, Lukaz inspira profondément. Puis, s’appuyant de son bras valide, le gauche, sur le sol, il se redressa jusqu’à être en position assise. Il posa son regard sur la jeune femme. Elle était en partie voilée par la nuit, l’éclairage étant plutôt pauvre dans ce secteur de la rue. Mais elle avait l’air d’être plutôt jolie. Poussant un petit soupir, il glissa ses yeux jusqu’à son épaule dénudée. Dans la pénombre, le sang lui donnait un aspect noir, inquiétant. Et ça l’était en réalité. Un peu plus tôt, la jeune fille avait voulu voir ce qu’il en était des dégâts, mais nul doute qu’elle n’y avait pas vu grand-chose. Alors autant lui en donner l’occasion, maintenant. Approchant sa main gauche de son épaule droite, Lukaz se concentra légèrement pour y faire apparaître une petite boule lumineuse. Elle avait la taille d’une balle de golf et luisait intensément, ses couleurs variant entre le blanc éclatant et le jaune solaire. Elle éclairait non seulement la blessure, mais aussi Lukaz et la jeune fille face à lui. Tout en faisant ces quelques gestes, le jeune Français s’était forcé à parler… A s’expliquer… Pour qu’elle ne prenne pas peur et qu’elle n’appelle pas les autorités. Et si d’aventure elle le faisait, il n’aurait guère perdu plus que si elle l’avait amené à l’hôpital. Tout reposait sur elle maintenant.
« Voilà pourquoi je ne peux pas y aller. Ils ne savent pas que j’existe… Pour eux, je suis un fantôme. Aujourd’hui, je suis libre. Si vous m’amenez là-bas, qui sait ce qu’il se passera… Je ne vous demande pas de m’aider. Si vous ne voulez pas avoir affaire avec quelqu’un comme moi, vous pouvez partir. Essayez juste de m’oublier. Mais si vous vouliez rester… Je ne suis vraiment pas sûr de pouvoir m’en sortir seul avec ça… Et le temps de trouver quelqu’un qui accepte, je ne suis pas sûr d’être encore en vie. »
Reposant son regard sur le visage angélique que lui offrait sa sauveuse, il attendit le verdict de sa part. Mais comme elle n’était pas encore partie en hurlant à qui voulait l’entendre qu’un mutant blessé gisait dans la rue, c’était plutôt de bon augure. Il avait une chance qu’elle accepte de l’aider, d’autant plus qu’elle semblait s’y connaître en matière de blessures par balle. Le comble serait qu’elle soit elle-même un flic… Mais non, ça ne semblait pas possible avec un aussi beau visage ! Souriant à la jeune fille, Lukaz laissa disparaître sa sphère de lumière, la laissant se dissiper dans l’air froid qui se réchauffa légèrement.
« Peut-être qu’on pourrait essayer de bouger. C’est pas qu’il fait froid mais bon… Et j’ai peur que ma démonstration n’attire les mauvaises personnes. Si ça vous dérange, vous pouvez me laissez à la prochaine station de métro… Sinon, je vous suis. »
Il garda ce petit sourire, à mi-chemin entre le sincère et le forcé. Après tout, il faisait nuit et il ressentait encore les effets du manque de soleil. Puis comme le fou furieux avait maintenant sa came…
« Au fait… merci de vous être arrêtée. »
On pouvait être mutant, drogué et voleur tout en étant poli.
Sujet: Re: Pauvre petit animal blessé ! Mar 2 Nov - 0:19
Le regard de Pixie s’intensifia. Plusieurs années d’entraînement s’avéraient toujours aussi utiles en de pareilles circonstances, elle pouvait prendre de la distance, elle en était capable comme elle le faisait tous les jours. Puis elle ferma les yeux pendant quelques secondes et inspira profondément. Alors, la procédure habituelle des premiers secours.. localiser l’hémorragie, connaître les circonstances de l’accident.. une blessure par balle. Lui parler, vérifier qu’il était conscient, faire en sorte de savoir s’il était cohérent. Les étapes à suivre se bousculaient et fendaient l’esprit analytique de la chercheuse et elle n’était même plus sûre de procéder dans le bon ordre mais en tout cas, il parla et malgré une grande difficulté pour s’exprimer et des réactions un peu étranges, il paraissait censé. C’était au moins ça. Ensuite.. ensuite..
La plaie et le sang. Non sans une certaine appréhension, elle retira le morceau de tissus imbibé et sale de sa blessure. Elle avait déjà vu des trucs moches, plein même. Combien de mutants avaient été amenés à la base dans un piteux état par les chasseurs, quand ceux-ci concédaient de les garder en vie ? Elle ne comptait plus les fois où les équipes médicales avaient dû s’affairer pour stabiliser l’état de futurs patients, sous ses yeux amers, sans qu’elle ne bouge elle-même le petit doigt. Mais elle les avait vu faire, tout comme il lui était impossible d’oublier la démarche des secouristes à son égard il y a.. euhm.. quelques temps. Il y a des souvenirs qui s’impriment et qui ne s’oublient pas.
Mais Pixie ne faisait pas -encore ?- de miracles et observer c’était bien mais en l’état sur le trottoir, elle ne pouvait rien faire de plus. La situation urgeait sévère, il fallait impérativement qu’il reçoive les soins adéquates le plus tôt possible alors elle se prépara à contacter les secours. Nine – One – One, l’écran tactile de son PDA était prêt à envoyer le signal. Il ne lui restait qu’à appuyer sur un bouton pour lancer l’appel et pourtant la blonde arrêta la dextérité de son pouce pour lui lancer un regard inquiet de côté. Lukaz. Il s’appelait Lukaz et son discours lui était familier. Dans le fond il ne disait rien de concret mais c’était comme si elle pouvait anticiper ce qu’elle venait tout juste de redouter. Bien sûr que c’était ça et qu’elle le craignait. Bien sûr qu’elle aurait préféré ne pas comprendre mais l’entendre parler de « tests » avait été bien trop révélateurs pour quelqu’un qui s’appliquait à en mettre au point et à en effectuer. Évidemment, il était loin de pouvoir ne serait-ce que s’en douter, ce qui la crispa légèrement. Elle serra les dents en le regardant, inconsciente d’être entrain de retenir sa respiration.
Devait-elle l’empêcher de le lui dire pendant qu’il en était encore temps ? ça paraissait complètement insensé comme réaction. Après tout la dernière fois, elle en avait voulu à une autre personne de lui avoir menti avec tant de facilité. Si elle n’avait pas travaillé pour l’Organisation elle n’aurait jamais su le fin mot de l’histoire, même si la version énoncée s’était révélée plus que louche elle n’aurait eu aucun autre moyen de connaître la vérité. Ça l’avait mise en colère et ça l’avait vexée. Alors pourquoi est-ce qu’aujourd’hui Pixie souhaitait presque ne pas savoir ? Parce qu’une fois ça allait, mais que deux peut-être que c’était trop. La jeune fille n’avait jamais aimé les coïncidences et là, ça devenait un peu flippant. Dans ce moment où le temps qui passait comptait plus que jamais, Pixie se perdait dans le froid et le silence. Elle.. flottait.
Le voir bouger lui fit battre des paupières et elle redressa la tête précipitamment sans avoir le temps -ou l’organisation mentale- de ne pas le laisser se remettre en position assise aussi rapidement. Elle eut juste un espèce de balbutiement à moitié inaudible en recommençant à s’agiter. Puis ses prunelles s’ancrèrent dans celles de Lukaz et elle stoppa à nouveau tout mouvement, comme.. calmée soudainement. En l’imitant, elle coula son regard jusqu’à son épaule blessée, sa bouche s’ouvrit mais elle ne laissa aucun mot en sortir, ou sans doute qu’elle n’arriva pas à les sortir, ces mots. Qu’est-ce qu’il faisait ? Après une sorte d’apnée machinale, Pixie inspira brièvement avec un infime mouvement de recul, dans l’expression d’une surprise muette alors que naissait sous ses yeux, dans la main du jeune homme, une perle de lumière qui atteignait la taille d’une petite balle de couleur solaire. Hypnotisée comme un papillon de nuit tout près d’un lampadaire, la Russe dû serrer le poing pour se forcer à regarder au delà de cette étrange sensation d’attraction et apercevoir à nouveau le visage du.. mutant. Ce n’était plus comme si elle pouvait faire semblant de l’ignorer maintenant, n’est-ce pas ? Lukaz essayait de s’expliquer alors qu’il n’en avait pas besoin, bien qu’il ne pouvait pas réaliser cela. Il n’était pas agressif, et beaucoup moins déterminé à vouloir être abandonné, pire que ça son anxiété ne parvenait pas à cacher son appel à l’aide. Et elle sentait qu’elle devait dire quelque chose.
Je.. Enfin, il est clair que vous n’êtes pas un fantôme. Si « Ils » ne le savent pas, moi je sais que vous existez maintenant. Et ça va être difficile à oublier si vous voulez mon avis.
Arquant un sourcil, Pixie sentait que sa corde sensible s’étirait à mesure qu’elle continuait à regarder Lukaz. Elle lui sourit doucement en se penchant vers sa plaie pendant qu’elle avait l’occasion d’y voir plus clair. Ses doigts graciles s’y reposèrent, chassant bientôt le sang qui ne cessait de s’écouler avec l’aide obligatoire du morceau de sa veste qu’elle lui avait ôté plus tôt. Elle n’avait plus le temps de vouloir détailler toutes les coutures de sa blessure, il fallait absolument arrêter l’hémorragie et ce bout de tissus lourd et poisseux finirait par devenir aussi inutile que s’il n’existait pas. La chercheuse pressa lentement et sentit le sang s’immiscer entre ses phalanges, elle le sentit couler le long de sa paume et du dos de sa main. Et son Gemini Cricket ne se lassait pas de l’interpeller. Pixie entendait sa petite voix moralisatrice, un ange et un démon n’étaient pas en pleine conversation, perchés sur ses épaules. Sans s’en rendre compte, elle s’était laissée tomber sur le bitume, ses genoux éraflaient le sol alors qu’elle était assise sur ses jambes repliées. C’était une bataille imaginaire là-haut, dans sa tête.
Lukaz.. elle ne le connaissait pas, elle ne l’avait jamais vu avant aujourd’hui et ne savait rien de lui. Elle ne lui devait rien. Elle n’était même pas certaine d’être en sécurité. Qui sait ce qu’il pourrait faire après qu’elle l’ait aidé ? Il pouvait même être super louche. Comment savoir ? Simple : elle ne le pouvait pas. Mais il apparaissait que Pixie ne voulait plus se faire avoir, que suite à certaines évènements elle doutait maintenant du bon que les gens affichaient devant elle. Le besoin pousse à agir de façon vicieuse, la blonde ne voulait pas se retrouver victime, pas cette fois. Se protéger elle-même pour protéger sa famille ou tout au moins la partie qu’elle aimait vraiment de sa famille. Elle était déjà dans le collimateur de Winchester, elle ignorait ce que contenait son premier rapport à son sujet. La raison disait qu’elle se mettait suffisamment en danger, que même la dernière fois, elle avait prit un risque trop grand qu’elle assumait toujours maintenant.. D’un autre côté, une sueur glacée tombait le long de son échine rien que de songer à se détourner. Le tiraillement de sa conscience était devenu obsolète dès qu’il avait fait ce truc.. dire presque trop clairement qu’il allait mourir si elle ne faisait rien pour lui. Est-ce que le choix était vraiment à faire ?
La lumière disparut et emporta avec elle le lot de questions et de tentatives futiles de raisonnement logique et sécuritaire. Ah quoi bon ? Pixie savait qu’elle ne pouvait pas lutter contre ses états névrotiques, peu importait combien elle essayait de se convaincre que ce n’en était pas. Il n’y avait qu’elle pour faire ça, il n’y avait donc qu’à elle qu’il fallait que ça arrive. C’était.. pour le mieux finalement. Répondant à son sourire dans un semblant d’ailleurs encore, la Russe se reprit à sa suggestion, pas stupide pour deux sous.
Euh.. oui, désolée. Elle tourna vivement la tête dans la direction de la station de métro, réalisant tout à coup que le bruit des sirènes de police n’avaient pas cessé à quelques rues d’ici. Qu’était-il arrivé avant qu’elle ne sorte de ce bar ? Se retournant vers Lukaz avec tout autant d’énergie, elle attrapa son sac à main par terre et se remit sur ses pieds, restant tout de même accroupie à côté de lui.
On ferait mieux de se dépêcher. Passez votre bras autour de mes épaules, je vais continuer à appuyer pour ralentir l’écoulement du sang. Elle l’aida à se lever et continua. Oui, ça va faire très mal. Essayez juste de marcher, d’accord ? Ma voiture est seulement à quelques pas.
Elle ne le laisserait pas, c'était bien ce qu'elle était entrain de dire. La blonde désigna la ruelle qui partait d’une intersection à peu près au niveau du métro. Rien que par là-bas, ils seraient plus tranquilles et ne risqueraient plus d’attirer la curiosité d’autres passants, peut-être moins bien intentionnés qu’elle, ou plus terre-à-terre au choix. L’un ne devait plus pouvoir rattraper l’autre à présent, vu l‘ardeur qu’elle mettait à se débarrasser du sang qui lui gênait les mains contre ses propres fringues. Halloween avant l’heure.. si seulement. C’était encore de la folie douce cette histoire. D’un bras, elle essaya de faire soutient en entourant le dos de Lukaz au niveau du bas de ses omoplates. De l’autre main, elle plaqua sa paume sur son épaule, de façon à ce qu’elle puisse couvrir au maximum la plaie. La chercheuse n’avait rien dit mais.. il n’y avait pas de blessure derrière son épaule. Elle ne l’avait pas senti mais il y avait un grand pourcentage de chance de la balle soit encore logée dans sa chair.. Pixie avança.
Ça va aller ? Et votre tête ?
Est-ce qu’elle tournait à cause du manque d’irrigation ? Il venait quand même de tomber et il n’avait pas l’air au mieux de sa forme, blessure par balle mise à part. Pixie se posait des questions à son sujet mais il faudrait que ça aille surtout. Maintenant qu’elle était embarquée là-dedans, elle n’avait pas non plus la moindre envie qu’on les trouve, les arrête ou quoique ce soit d’autre dans ce genre-là. ça finirait par se savoir, la question de liberté n’était peut-être pas valable uniquement pour lui en réalité, si toute fois on pouvait dire ça comme ça. Ils ne risquaient pas la même chose et elle avait conscience de l’espèce de privilège qu’elle avait dans ce sens-là. La création de la lumière.. elle n’avait jamais vu ça auparavant. En soi la Russe n’avait jamais vu un mutant se servir de ses pouvoirs en dehors des cages de verre et de métal, derrière les protections ultra renforcées et sophistiqués de la base. C’était peut-être ce qui l’avait prise de court, impressionnée ou attirée dans sa démonstration de tout à l’heure. Elle savait que ça en intéresserait plus d’un dans son service. Raison de plus pour sauvegarder ce qu’il restait encore à protéger. Elle se sentit pitoyable, vraiment, d’avoir cette attitude à la fois bonne et complètement mensongère. Quoiqu’elle fasse, elle se sentirait toujours un peu coupable. C’est pourquoi une ombre passa sur son visage quand il la remercia. Pensive, elle fixa le bitume du trottoir en continuant à marcher, elle ne répondit pas tout de suite mais finit par esquisser un nouveau sourire en lui glissant un regard touché.
C’est.. automatique chez moi, vous ne pouviez pas y échapper. Je m’appelle Pixie, enchantée Lukaz.
Ce n’était pas qu’elle voulait faire de l’humour, la Russe et son petit accent avaient quelque peu du mal à maîtriser le sujet mais elle voulait dédramatiser égoïstement, et lui faire penser à autre chose, moins égoïstement. Il devait souffrir de la pression qu’elle continuait d’exercer sur son épaule alors qu’il devait tenir debout et même marcher. Ça aurait été plus simple d’attendre une ambulance. Une autre vie aurait plus simple. Avec toutes les précautions d’usage nécessaire, elle regarda de chaque côté de la rue avant de l’entraîner pour traverser. Plus qu’une poignée de mètres et ils s’engageraient dans la ruelle. De temps à autre, elle lui jetait un coup d’œil en se demandant encore comment elle devait se décrire ses sourires. Elle n’avait pas été en état de faire ça elle. C’était bizarre comme impression, de pouvoir comprendre un inconnu alors qu’on a probablement rien en commun avec lui..
Ils remontèrent la petite rue et le coupé gris de Pixie se dessina dans les couleurs de la nuit. Pas de lumière ici, pas de réverbères ni d’enseigne. C’était assez lugubre en fait comme coin et maintenant que les sirènes s’étouffaient, il ne restait quasiment que le bruit de ses talons qui résonnaient à chaque pas sur le sol. Elle s’excusa auprès de Lukaz pour s’en défaire, lui demandant de continuer à appuyer à sa place, et fouilla dans son sac à la recherche de ses clés. Double bip : les feux clignotèrent avec le cliquetis caractéristique des portières qui se déverrouillaient. Pixie ouvrit la portière passager, la lumière du plafond s’alluma, et se pencha par dessus le siège pour chercher quelque chose sur la banquette arrière. C’était vraiment une chance qu’elle se souvienne qu’elle se reprochait régulièrement de laisser traîner des fringues dans sa voiture. Attrapant ce qu’elle identifia au toucher comme du tissus, elle sortit de la voiture une paires de manches en coton et lin blanc. Bon bah ça ferait l’affaire hein. Elle le jeta en travers de son bras puis recula d’un pas pour laisser libre accès au siège
Vous voulez bien vous asseoir ? Il faut faire quelque chose pour arrêter ça avant d’envisager quoique ce soit.
Là encore l’invitation était tout à fait interrogative mais derrière se cachait un conseil très appuyé, voire un fait non négligeable et obligatoire. Mais la blonde ne cessait de s’exprimer ainsi, avec une fermeté qui contrebalançait elle-même avec de la douceur et des encouragements. Elle lui expliquait toujours ce qu’elle allait faire, elle agissait de cette manière avec les « patients » à qui elle avait eut affaire, Al-Mansûr disait qu’elle en calmait certains quelques fois. Pour il n’était question que.. d’Humanité. Quand ce fut fait, elle reprit le relais sur la plaie, baignant à nouveau ses mains de liquide rouge sombre et légèrement épais. Il y avait un mieux au fur et à mesure mais ce n’était toujours pas. La chercheuse improvisée urgentiste s’activa mais fit une moue contrariée en échangeant un regard avec son blessé.
Ça ne veut pas se calmer on dirait. Je pense que la balle est toujours à l’intérieur, je vais quand même essayer.. quelque chose.. en attendant..
Elle se redressa et leva le tissus devant ses yeux pour en chercher le du tissage. Ni une, ni deux, elle le porta à sa bouche et fit un accroc avec ses dents. Pixie s’en sortait plutôt pas mal parce qu’elle était concentrée sur ce qu’elle faisait et qu’elle se disait que si elle cédait à la dispersion, il paniquerait peut-être. Mieux valait faire comme si elle était sûre d’elle. La comédie après tout, ça la connaissait. Dans sa tête flottait l’image de nombreux articles concernant les premiers soins qu’elle avait écumé sur le net après avoir fait la rencontre de l’évadé qu’elle avait secouru. Longtemps Pixie s’était demandé si elle avait bien agit. Bruit de déchirure, les deux manches venaient d’être séparées l’une de l’autre. La jeune fille fit une boule de la première moitié et la posa contre la blessure.
Est-ce que vous pouvez juste tenir ça avec votre main gauche ? Et avec la droite, essayer d’appuyer.. Elle chercha. Les doigts de Pixie frôlèrent sa peau, descendant sous la blessure en direction du cœur mais elles s’arrêtèrent un peu plus haut et tâtonnèrent jusqu’à.. ici ? Dans l’idéal vous auriez dû rester couché. Enfin elle ne voulait pas l’inquiéter mais c’était normalement le mieux.. encore une fois quand on attendait des secours. Le cas était donc particulièrement délicat à appliquer. Bref tant qu’il bouchait assez l’artère ça devrait leur donner un peu de temps. Dites.. qui vous a fait ça ? Ajouta-t-elle d’un ton plus réservé, en évitant de le regarder. C’était un peu LA question. Elle doutait de connaître le fin mot de l’histoire mais il fallait qu’elle demande.
Et puis, pendant ce temps censé être gagné justement, Pixie put alors s’occuper de le débarrasser encore des restes et pans de chemise et veste décorées au rouge sang dont elle devenait un magnifique reflet, les déchirures en moins. Elle en avait jusque dans les cheveux et sur le front après s’être passé le revers de la main dessus. Les joies de s’amuser à superwoman ? Je ne vous le fais pas dire. Bêtement, elle eut cette pensée selon laquelle heureusement qu’elle ne faisait pas une hémophobie, ou qu’elle avait un peu l’habitude des corps médicaux ou d’un environnement vaguement approchant. Si elle était été une étudiante en droit, elle n’aurait sûrement pas été la même. L’amour de la science, c’est l’amour de la vie. Une fois qu’elle eut dégagé toute son épaule et une partie de son torse, elle commença à passer le tissus autour, plaquant par cette occasion l’autre morceau en faisant le plus attention possible.
Vous tenez le coup ? J’ai bientôt fini. Au fait, vous avez des pinces et une trousse de couture chez vous ? L’infirmière est livrée sans les accessoires, et j’ai bien peur que mon coffre ne soit pas comme le sac de Mary Poppins.
Vieille référence effectivement. Mais c’était venu tout seul en repensant qu’elle avait sortit de sa titine ce qui allait bientôt lui servir et de garrot et d’attèle. Sourire en levant les yeux vers le visage de Lukaz. Si, peut-être qu’elle essayait de détendre l’atmosphère.. ou de se détendre au moins.
◊ Lukaz Le Guen ◊
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Sujet: Re: Pauvre petit animal blessé ! Ven 26 Nov - 13:39
Lukaz n’aurait jamais pensé faire cela un jour… Le fait qu’il était un mutant n’était pas un secret pour tout le monde. Il y avait bien des gens qui le savaient, des mutants pour la plupart, mais aussi des humains. Bien sûr, ces gens n’étaient pas forcément non plus les plus fréquentables de cette ville, mais au moins, à ce sujet, il savait qu’il pouvait avoir confiance en eux. Après tout, c’est grâce à la confiance qu’on finit par se confier aux gens. Du moins, c’est ce qu’il avait toujours pensé… Parce que là, il venait tout simplement de se confier à une parfaite inconnue, prenant le risque de ruiner sa propre vie… D’un autre côté, il était aussi vrai que s’il ne l’avait pas fait, sa vie n’aurait plus duré très longtemps. C’était donc un risque inévitable. D’autant plus qu’intérieurement, il sentait qu’il pouvait y aller sans trop de risques, la jeune femme semblant plutôt digne de confiance et d’une grande gentillesse. Il n’avait donc pas trop hésité et il avait fait sa révélation à sa sauveuse. Mais comme des mots sont parfois plus difficiles à prononcer que des actes, il avait fait la démonstration de son pouvoir. Ce n’était peut-être pas très malin de sa part, parce qu’il risquait non seulement d’attirer des indésirables, mais qu’il pouvait aussi s’affaiblir de cette manière. Seulement voilà, dans cette situation, il ne prenait plus trop le temps de penser à autre chose que de sauver sa vie. Et pour ce faire, il devait passer par là, c’était inévitable.
Par chance pour lui, la réaction de la jeune femme fut la meilleure qu’il pouvait espérer. Non seulement elle ne succomba pas à la panique, partant en courant à travers la rue en hurlant à tous qu’un mutant blessé gisait à demi-mort sur le trottoir, mais en plus elle lui fit comprendre qu’elle acceptait de l’aider. Elle était donc bien de ces gens qui sont prêts à aider le moindre inconnu, quelle qu’en soit la situation. C’était une très bonne chose pour lui, mais à bien y réfléchir, c’était très clairement dangereux pour elle… Après tout, il existait des mutants particulièrement hostiles aux humains et s’il s’était agit de l’un d’eux… La vie de la jeune femme n’aurait pas valut grand-chose. Dans une certaine mesure, il avait eu autant de chance de tomber sur elle, qu’elle de tomber sur lui… Bien qu’il restait de loin le plus favorisé des deux, c’était évident. Pouvait-on parler là de Destin ? Est-ce que tout cela avait un but autre que la simple évolution des espèces ? Est-ce que leurs pouvoirs étaient là pour une raison bien précise ? Une sorte d’enchaînement des situations qui devait amener à une conclusion bénéfique pour tous ? Après tout, si on y réfléchissait bien, c’était là un étrange enchaînement de circonstances… Jusqu’à ce jour, il n’avait jamais raté un seul de vol… Et voilà qu’il tombait sur le seul type de la ville qui attachait son portefeuille avec une chaîne… Mais comme si ça ne suffisait pas, c’était aussi un fou qui portait une arme – et qui n’hésitait pas à s’en servir… Là-dessus, voilà qu’il s’effondrait dans la rue et qu’il rencontrait une jeune femme qui visiblement s’y connaissait assez en blessure par balle… Etrange non. Pour peu qu’elle ait un quelconque rapport avec les mutants, ça en aurait été presque effrayant.
Il dut toutefois mettre ces explications plus ou moins mystiques de côté parce que la jeune fille se remit rapidement sur pied, comme en réponse à sa suggestion. Ce n’était pas pour lui déplaire, parce qu’après tout, chaque seconde passée dans cette rue augmentait un peu plus les risques qu’il se fasse prendre. Surtout que quelques rues plus loin, les sirènes retentissaient toujours, il s’en rendait à nouveau compte. Un peu déstabilisé par son état, il avait fini par ne plus les entendre, mais maintenant qu’il reprenait doucement pied dans la réalité, la situation changeait encore… Et il savait ce qu’ils faisaient là. Ce n’était pas vraiment lui qui les avait attirés, mais l’autre fou, à tirer partout avec son arme… Et si les flics étaient encore là, peut-être que c’était aussi son cas, à lui… Et là, ça serait encore plus grave que tout le reste. Alors oui, il valait mieux partir le plus vite possible. Dans toute sa gentillesse, sa sauveuse lui expliqua ce qu’elle allait faire avant de l’aider à se mettre sur pied. Tout en le soutenant, elle comprimait au mieux sa blessure.
Lukaz lui en était reconnaissant parce qu’il n’était vraiment pas sûr de pouvoir se déplacer tout seul. Bien sûr, une blessure à l’épaule n’avait pas de quoi l’immobiliser, mais avec tout le sang qu’il avait déjà perdu il était clair qu’il s’était quelque peu affaibli. Et rien que pour ça, il allait avoir besoin d’aide… Par chance pour lui, la jeune femme lui signala que sa voiture n’était pas très loin. Non seulement, cela avait pour but de le rassurer, mais en plus cela lui signifiait qu’elle n’allait pas le laisser tomber. D’un seul coup, ses chances de survie venaient de grimper en flèche. Lukaz frissonna en sentant la bras de la jeune femme passer autour de sa taille, accueillant ce contact humain avec un certain soulagement, mais aussi un certain plaisir. Une pensée incongrue lui traversa l’esprit et le fit sourire, mais elle disparue aussi vite qu’elle était venue quand une main se plaqua sur sa plaie, transformant son sourire en grimace. Il se concentra toutefois au mieux pour répondre à la question de la jeune femme.
« Ca va, merci. Et ma tête… Ca va, je crois. Ca tourne un peu mais c’est pas forcément à cause de la blessure. Je sais pas trop, en fait… »
De ce qu’il en savait, les vertiges étaient dus à un manque d’irrigation du cerveau. La première cause qui venait alors à l’esprit était la blessure qu’il avait et qui le vidait petit à petit de son sang. Mais d’autre côté, il y avait bien d’autres raisons possibles, à commencer par son mauvais réflexe de tout à l’heure, quand il s’était brusquement relevé. Ca pouvait en effet beaucoup jouer là-dessus. Puis, il y avait encore une autre raison que la jeune femme ne pouvait pas même deviner : son pouvoir. Parmi tous les effets négatifs qu’il avait sur sa personne, il y avait une forme de fatigue physique et mentale qui pouvait parfois lui causer des migraines, parfois plutôt des vertiges. Quoi qu’il en soit, la nuit, il n’avait pas que des bons côtés… Il laissa tomber les potentielles raisons à ces vertiges parce qu’elles n’aideraient pas à les faire partir et pire, elles provoqueraient sans aucun doute un mal de crâne conséquent. Il se concentra donc davantage sur le premier problème qu’il avait, se déplacer en évitant de s’affaler une nouvelle fois comme une merde, d’autant plus que cette fois-ci, il entrainerait sa charmante sauveuse avec lui. Cette dernière finit d’ailleurs par se présenter, comme il l’avait fait un peu plus tôt. Elle s’appelait Pixie. Un surprenant prénom qui lui allait parfaitement. Bien qu’appartenant plus aux traditions britanniques que françaises, Lukaz avait déjà entendu les histoires que l’on racontait sur ces créatures des bois. Les pixies étaient des fées particulièrement belles qui aimaient les humains et les aidaient donc parfois. Si l’on omettait le fait qu’il n’était pas réellement humain – aux dires des autorités du moins, puisque pour lui, les mutants restent des humains – la légende prenait presque corps sous ses yeux. Un peu comme si la jeune femme, Pixie, était la belle fée qui devait lui apporter son aide.
C’était un faible réconfort en comparaison de la difficulté qu’il avait à se déplacer. Marcher n’était pas la chose la plus facile à faire, dans sa situation, mais il essayait de prendre cela du mieux qu’il pouvait. Il avait l’habitude de ne pas être dans la meilleure forme possible, même si c’était d’une autre manière. Mais comme on dit souvent, la douleur n’est qu’une information, et en pensant aux bonnes choses, il devient presque possible de l’oublier. Presque… Malheureusement. Quand il vit enfin une voiture se dessiner dans la ruelle qu’ils empruntèrent, il fut soulagé à l’idée de penser qu’il allait pouvoir se reposer, un peu. S’il avait été dans un meilleur état, il se serait un peu méfié de ce genre de lieu, parce que c’est souvent ici qu’on rencontre des types louches… D’un autre côté, il était l’un de ces types louches alors à bien y réfléchir, c’était déjà fait. Il admirait toutefois le courage de la jeune femme à se garer là… A moins que ça n’était que de l’inconscience ? Une jolie fille dans son genre devait quand même faire attention aux risques qu’elle prenait… A moins qu’elle ait eu une raison de ne pas se méfier… Etait-elle aussi louche ? Ou mutante ? Ou pire… Un instant, il fut gagné par la panique. Après tout, s’il montait dans son véhicule, elle pouvait alors faire ce qu’elle voulait de lui… L’emmener dans un hôpital… Chez les flics… Ou ailleurs. Il ne pourrait rien faire du tout… Mais… Non ! Il devait se reprendre. Ca n’avait vraiment pas l’air d’être le style de la jeune femme. Elle était réellement gentille et ne feignait pas de l’être. Or, un flic n’était jamais gentil devant un mutant. Donc, elle ne pouvait qu’être de bonne foi. Pixie finit par déverrouiller sa voiture et ouvrit la portière passager. Farfouillant sur le siège arrière, elle finit par se mettre en retrait tout en l’invitant à s’installer.
Cette fois-ci, Lukaz n’hésita pas vraiment, trop content de pouvoir se laisser aller sans risquer de se ramasser une fois de plus sur le bitume. Il passa donc devant elle et s’affala sur le siège. Pixie ne tarda pas à s’avancer vers lui pour triturer une nouvelle fois sa plaie. Il savait que c’était nécessaire et que si on ne stoppait pas le saignement, il finirait vraiment très mal. Mais mal, c’était justement ce que ça lui faisait… Mais comme il n’avait pas le choix, il serrait les dents et la laissait faire. Visiblement, sa situation empira à nouveau. Au dire de sa sauveuse, la balle qu’il avait prise était toujours logée dans la plaie, ce qui permettait à l’hémorragie de se poursuivre… Mais ça voulait aussi dire qu’il allait falloir retirer cette balle… Bien des douleurs en perspective donc… En attendant, elle se contentait de calmer le saignement en posant un pansement de fortune, sacrifiant ses propres vêtements pour cela… Et ce fut là que Lukaz réalisa enfin dans quel état était la jeune femme, couverte de son sang… Toute sa tenue était pour ainsi dire ruinée à cause de lui… Non seulement elle s’était arrêtée pour l’aider, mais c’était en plus au détriment de sa propre personne. Elle était la gentillesse et la bonté incarnée et Lukaz lui en serait à jamais reconnaissant. Il écouta ses conseils et obéit à ses demandes, maintenant la boule de tissu sur la plaie tout en appuyant sur la zone désignée. La question qu’elle posa alors provoqua un certain malaise chez Lukaz. Mais dans un certain sens, elle était en droit de savoir, vu ce qu’elle sacrifiait pour lui, un parfait inconnu et un mutant. Il laissa passer quelques secondes, observant les gestes de la jeune femme qui l’aidait, puis finit par répondre.
« C’est une bonne question… Je suis même pas sûr de vraiment le savoir. Un type un peu bizarre… Enfin, plutôt un genre de fou, je sais pas trop. Je l’ai… bousculé, sans trop faire attention. Ca lui a pas plus visiblement parce qu’il m’a coursé dans les ruelles… »
Ce n’était pas tout à fait ça mais bon, il valait mieux éviter de trop raconter la vérité. Il en avait déjà bien assez dit ce soir. Certes, il l’avait bousculé, mais c’était dans le but de lui piquer son portefeuille. Et comme ça avait échoué et qu’il l’avait remarqué, l’inconnu s’était lancé à sa poursuite, sans que Lukaz ne sache vraiment pourquoi. Il avait donc fui, du mieux qu’il le pouvait, mais la situation avait dégénérée, comme il allait l’expliquer. Et ce passage là serait totalement véridique.
« Je sais pas ce qu’il me voulait, mais j’avais pas spécialement envie de m’arrêter pour lui demander. Comme il semblait assez insistant, j’ai réussi à me glisser dans un vieux bâtiment abandonné. Mais il m’a suivi et il a fini par sortir une arme. Il a tiré plusieurs fois, mais dans la course, il m’a raté. Seulement, comme il semblait si enragé, j’ai décidé de répondre et c’est là que j’ai foiré mon coup. Je me suis servi de mon pouvoir sur lui… Finalement, je me suis retrouvé sur le toit. Je pensais pouvoir m’échapper par là, mais j’étais coincé. Et il est arrivé à son tour. Il m’a raconté un truc, mais j’ai pas trop compris. Il semblait content d’être tombé sur un mutant. Il voulait m’attraper pour faire de moi un cobaye. Je sais pas trop pourquoi… Il était malade. Finalement, y a eu des sirènes et j’ai réussi à m’échapper. Mais il a essayé de m’arrêter et je me suis pris cette balle. J’ai pu rejoindre la rue et je suis tombé. Là suite, vous la connaissez… Mais ce type… Il était effrayant. »
En effet, Lukaz n’avait pas trop compris ce qu’il voulait. Mais si même les citoyens lambda se mettaient à chasser les mutants, où est-ce qu’on allait ? Pixie avait profité de sa réponse pour bander au mieux la blessure, un peu comme si sa question avait eu pour seul but de détourner son attention. Peut-être qu’elle ne s’attendait pas à avoir une réponse crédible… Et il fallait dire que la sienne était particulièrement alambiquée… Allait-elle seulement le croire ? Lui-même avait du mal, pourtant c’était là la stricte vérité. D’un autre côté, pour ce que ça changeait… Il la regarda faire un moment, avant de plonger ses yeux dans ceux de la jeune fille. Elle souriait et il lui répondit tant bien que mal. Il avait un peu de mal à savoir quoi penser, vu que les dernières paroles qu’elle avait prononcé n’auguraient rien de bon. Pinces ? Trousse de couture ? Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Après avoir ressorti la balle, il allait falloir refermer cette plaie béante… Ca ne serait pas de tout repos pour lui, mais il se sentait incapable de faire une telle chose lui-même. C’était une véritable bénédiction que la jeune femme ait accepté de l’aider. De le sauver, même.
« Oui, ça va. Vous faites des merveilles, merci. Sans vous, je ne suis pas sûr que j’aurais tenu le coup. Mais j’ai bien peur de ne pas avoir ces accessoires non plus… Je pensais pas en avoir besoin de cette manière… »
Il garda les yeux posés sur elle et ne manquait pas de voir le nouveau maquillage rouge qui ornait son visage… Il se sentit coupable à nouveau et préféra ne pas penser à l’état dans lequel serait le siège auto une fois qu’il en serait sorti. Il allait vraiment devoir rembourser cette dette qu’il contractait à l’égard de la jeune femme. Non seulement il y avait sa vie, mais aussi tout ce qu’il détruisait par son sang.
« Et je suis désolé. Tout ce sang… C’est vraiment pas beau à voir. Vous m’aidez et voilà ce que vous récoltez… »
Sujet: Re: Pauvre petit animal blessé ! Mar 4 Jan - 21:23
Ça aurait été sympa de réussir à assassiner le Jiminy Cricket qui s’égosillait dans sa tête, ce petit bonhomme qui mettait à jour sa peur et son instinct primaire de survie. C’était trop risqué cette histoire, elle le savait pourtant. La dernière fois qu’elle avait donné dans le domaine elle s’était rendu compte qu’elle s’était mise en danger et des complications étaient survenues. Aujourd’hui encore elle cachait à tout le monde qu’elle avait été en contact avec un des cobayes pendant sa cavale. Pire que ça même, qu’elle l’avait aidé et laissé s’enfuir. Quelles étaient les sanctions de l’Opération contre les agents qui agissaient de cette manière ? Elle n’en avait aucune idée. Pixie n’avait pas non plus très envie de le découvrir. C’était trop demandé de pouvoir rester tranquillement dans un coin à regarder le monde à travers un microscope, c’est ça ? Quand on est censé être une civile, combien y a-t-il de chances pour qu’on s’improvise médecin en pleine rue ? Et combien pour que ça arrive deux fois dans la même vie et en à peine quelques années ? Quelle blague de se plaindre du sort ! La Russe savait parfaitement qu’elle prenait ses décisions en toute conscience. Elle se sentirait deux fois plus mal si elle ne faisait rien.
Penchée vers Lukaz sur le siège passager de sa voiture, Pixie installait le nouveau « bandage » avec ce qui avait autrefois fait parti de ses fringues et en continuant plus ou moins à faire la conversation pour s’assurer qu’il restait bien avec elle. De temps à autre, elle remarquait un soubresaut dans son regard ou une irrégularité plus importante que les autres dans la respiration du mutant. Elle se demandait ce qu’il avait en tête mais qu’il se rassure, la jeune fille n’était pas non plus des plus sereine, bien qu’elle réussisse avec un certain talent à se montrer confiante. S’il avait su le chaos qui régnait en réalité dans sa tête, il aurait peut-être préféré retourner s’allonger sur le bitume. Non, c’était stupide. Il fallait.. qu’elle vide tout ce n’importe quoi de son esprit. Le problème c’était que ce n’était pas une mince affaire. Il y avait là le conflit inhérent à sa personne : la mesure perpétuelle entre son instabilité cérébrale et sa fulgurante logique scientifique. Ça n’allait pas ensemble et c’était peut-être exactement ce qui faisait son point fort et parfois son point faible. Aujourd’hui, décidons qu’il s’agit du fort ce sera mieux pour tout le monde !
L’espace d’une seconde, Pixie se redressa et eut un mouvement de recul. Rien à voir avec de la répulsion à l’égard de son blessé mais plutôt à un état bancale de choc quant à son histoire sur la façon dont il s’était fait tiré dessus. Une telle franchise -car elle pensait que c’était le cas- la prenait de cours, elle qui s’attendait à une nouvelle histoire de prise à parti dans un conflit hasardeux et étranger. D’abord elle arqua les sourcils, puis elle fit une moue dépitée en les fronçant. Mais le pire vint encore après, quand il rentra dans les détails de la poursuite et sur le coup le sang de Pixie ne fit qu’un tour dans son joli petit corps de rêve. Étrangement, ces histoires de gars armé cherchant à attraper un mutant pour en faire un cobaye.. ça lui rappelait vaguement quelque chose. Ah mais oui, les Chasseurs de l’Opération par exemple ! Genre ces êtres avides de traque sanglante guidés par leur haine raciale et leur désir psychotique d’adrénaline, suis-je bête.. Ce n’était pas un scoop que la Russe voient ses « collègues » comme des cas sociaux. Comme beaucoup de ceux qui œuvraient pour la science, elle était contre les méthodes de chasse souvent employées par les brigades de terrain dont l’esprit et le raisonnement étaient foncièrement différents, si ce n’était opposés.
On vit dans un monde de dingues..
ça sentait la réaction spontanément indignée et légèrement superficielle de la jeune fille ordinaire. Pixie n’allait pas se lancer dans une critique trop constructive qui aurait risqué d’éveiller les soupçons sur une étonnante connaissance des faits de sa part. Néanmoins elle était titillée par l’envie d’éclaircir ce point, comme une assurance. Et en même temps ça ne la rassurait en rien de se rendre potentiellement compte qu’elle agissait encore en parfaite opposition à ce qui était censé être le devoir de son camp, ou au moins celui de ses employeurs. Elle s’éclaircit nerveusement la gorge en finalisant le nouveau bandage qui ne resterait pas immaculé très longtemps et tenta un truc assez évasif.
Vous êtes sûr que ce n’était pas un.. policier en civil ou quelque chose comme ça ? Si ça se trouve c’est lui a appelé des renforts..
C’était subtilement naïf et maladroit. Par les temps qui couraient de toute façon les autorités avaient pété un câble. Finalement le gouvernement et l’armée étaient derrière tout ça alors qu’y avait-il de surprenant à penser au complot ? L’époque était à la science-fiction. Ceux qui ne le voyaient pas étaient aveugles et sans doute qu’ils avaient de la chance. Quand on avait conscience des choses derrière le battage mensonger des médias, Lukaz avait deux fois plus raison : c’était effrayant, et pas que pour ce type dont il parlait.
D’un certain point de vue, c’est plutôt une bonne chose qu’il ne vous ait touché qu’à l’épaule. ça aurait pu être beaucoup plus grave encore.
Certes c’était voir le verre à moitié plein, au sens caricatural du terme, parce qu’il était évident que se faire blesser par balle n’avait juste rien de bon. La Chercheuse répétait presque mot pour mot ce que les secours ainsi que le chirurgien lui avaient dit lorsqu’elle avait elle-même été victime d’une situation similaire. Et elle avait pensé ce qu’était probablement entrain de se dire Lukaz : un bon vieux « Tu parles ouais.. ». Les façons de rassurer les gens étaient quelque fois bizarres, sans compter le fait qu’elle n’était pas vraiment certaine que ce soit le seul mal dont souffrait son inconnu doucement moins inconnu au fur et à mesure que les minutes passaient.
Puis il y eut la réponse qu’elle redoutait un peu. Enfin non d’abord celle qui était un minimum bon signe, ralentir l’hémorragie via l’artère devait être à peu près payant même si ce n’était pas une solution en soi. Il avait l’air en tout cas d’être légèrement plus présent, assez pour affirmer qu’il n’était pas très couture à la maison. On ne pouvait pas dire que c’était très surprenant. Même en dehors du fait qu’elle l’imaginait assez mal passer son temps libre à faire du patchwork devant sa télé, encore plus rares étaient ceux qui pensaient à avoir une mallette du parfait petit chirurgien dans le placard de leur salle de bain. Après avoir échangé un regard compréhensif avec lui, la Russe dit dans un soupire-sourire
J’imagine, on envisage pas souvent ce genre de situation. On va bien pouvoir trouver ça..
Évidemment qu’ils pourraient bien. Pixie savait qu’elle avait ce qu’il fallait, enfin de quoi y substituer tout du moins. Mais chez elle et pour le moment elle n’osa pas proposer l’idée. Elle n’était pas sûre de le vouloir et d’un autre côté c’était le seul endroit où elle pouvait le conduire puisqu’elle ne pouvait pas l’emmener dans un hôpital. Il n’avait parlé de personne qu’il connaissait et elle-même n’avait pas de refuge de secours, n’ayant pas confiance dans ce cas au peu de gens qu’elle connaissait suffisamment. Ce serait mal venu. Non ce serait comme plonger la tête la première dans un double suicide et elle n’aimait pas Shakespeare à ce point-là.
A en juger par l’expression un peu confuse qui passa sur son visage de poupée, la Russe avait semblé perdre le fil et venait d’être rattrapé par les paroles de Lukaz qui disait.. qui disait quoi ? Pixie ouvrit la bouche dans un hoquet de surprise avant de baisser les yeux sur ses propres vêtements qui étaient déjà marqués « cause perdue », puis de remarquer qu’ils étaient assortis au siège passager de son coupé. Pour tout dire elle n’y avait pas pensé et donc n’avait pas vraiment fait attention à ça avant qu’il n’en parle. Cela dit c’est vrai qu’elle avait l’air louche, autant qu’on aurait pu croire à un homicide dans l’habitacle. Lukaz était plutôt soucieux des détails pour quelqu’un qui n’avait pas la santé au beau fixe. Misère.. mais pourtant
Oh, euh.. c’est gentil d’y penser mais j’aurais sûrement le temps de pleurer plus tard. N’y.. Ne vous embêtez pas avec ça !
Oui, elle avait expédié le sujet. Déjà parce qu’il n’était pas une priorité, ensuite parce que c’est vrai que ça craignait à mort. Mais ce qui était fait était fait. Bon pour les fringues c’était simple, elles gagneraient sans doute leur allé simple pour la poubelle. Mais pour le siège ce serait une autre histoire, elle s’imaginait mal la déposer au car wash dans cet état. Pff dans les séries télé on disait jamais comment le type -car c’était toujours un mec- s’en sortait pour nettoyer sa voiture. Ou au mieux il connaissait toujours un gars, qui connaissait un gars, qui connaissait un autre gars pas très clair qui ferait ça pour prix d’ami ou renvoie d’ascenseur. Manque de bol Pixie était quelqu’un de fréquentable et n’avait pas le numéro de la personne idéale pour cette affaire dans son carnet d’adresses. Mais rhaaa, elle verrait.. plus tard ! Pour le moment elle se décida très subitement à faire le tour de la voiture et à s’engouffrer sur le siège conducteur. Elle enfonça la clef, mit le contact et démarra. Ça ne servait à rien de rester là à attendre que ce dont ils avaient besoin leur tombe sur la tête. Et quelqu’un qui se faisait du soucis pour ses affaires dans cet état ne pouvait pas être profondément mauvais. Il fallait se raccrocher à cette idée !
Je sais où on va aller, et on y sera vite à cette heure-ci.
Direction le Home Sweet Home, tout de suite, sinon elle était capable de changer d’avis pour se triturer les neurones. Les portières claquèrent et non sans à-coups, la Chercheuse s’engagea sur la route pour gagner l’axe principal, laissant les sirènes des voitures de police s’éteindre derrière eux. Ils étaient mal s’ils se faisaient arrêter, aussi fit-elle le détour adéquate pour se diriger vers son quartier. Sensiblement stressée, Pixie eut une conduite assez.. sportive sans toutefois donner l’air d’avoir eu son permis dans une pochette surprise. Fidèle à ses prédictions, ils ne mirent pas plus de dix minutes pour rejoindre la zone résidentielle où se trouvait son immeuble. C’était un petit quartier au milieu de plusieurs autres, le coin était tranquille, entretenu correctement sans avoir l’air d’être « hype » -ce qui n’était pas le cas finalement-. Les quelques lampadaires éclairaient les allées et discrètement elle jetait régulièrement un coup d’œil à Lukaz pour voir comment il s’en sortait.