La vie personnelle de Fillan avait pris un sacré tournant pendant le dernier mois. Suite à une macabre découverte, il avait choisi de quitter Law, l’amour de sa vie, sans vraiment lui donner le moyen de s’expliquer. Face à ce qu’il avait trouvé, il n’avait plus eu le courage de rencontrer le bel éphèbe en chair et en os. Il avait trop peur de lui maintenant, il devait l’avouer. Et surtout, il avait peur de découvrir toute l’ampleur de la vérité… Fillan savait que son ex-petit ami s’en était pris à un adolescent dont il avait la charge à la fondation, mais il préférait ignorer ce qu’il s’était vraiment passé à ce sujet. Il avait ainsi choisi de partir et pendant un temps, son amie Svetlana l’avait soutenu et aidé. Alors qu’ils se connaissaient bien, mais sans plus, c’était vers elle que Fillan avait choisi de se tourner, peut-être parce qu’il sentait que c’était de là que l’aide la plus utile viendrait. Il n’avait pas eu tort et au fil des jours, leur relation avait bien évolué.
Finalement, il avait réussi à s’en sortir. Il avait repris le dessus, même si ça avait été difficile et il avait trouvé un nouvel appartement et un petit job. Il avait de quoi survivre et avait trouvé une véritable raison de vivre dans la fondation Afflictis Lentae et Genesys. Il adorait plus que tout passer du temps avec les jeunes mutants, parce qu’ils lui rappelaient à quel point le monde avait besoin de ce qu’ils faisaient. Ca compensait au moins ce que lui avait fait voir Law, même s’il avait toujours été un vrai ange avec lui. Comment était-il possible d’avoir deux personnalités si différentes ? A moins que celle qu’il affichait avec Fillan ne soit fausse… Mais ça, impossible à savoir. Et si ça avait été le cas, cela prouverait qu’il était un merveilleux acteur puisque le loup noir n’avait rien flairé…
Un instant, Fillan ne put retenir un sourire en pensant à ça. Il voyait déjà David lui expliquer que le loup n’était rien de plus qu’une hallucination et que c’était donc normal qu’il n’ait rien flairé, vu qu’il était nourri par son propre esprit. C’était une théorie qui se tenait… Mais alors, comment expliquer que le loup sentait des choses que Fillan ignorait ? Est-ce que ça voudrait dire qu’il avait un léger don d’empathie ? Il fallait bien croire que non, sinon, il aurait senti ce qui n’allait pas chez Law. D’autant plus que par cette manière, comment expliquer le si réaliste rêve de sa rencontre avec son Gardien ? C’était impossible à travers les hallucinations. Mais sa prenait tout son sens si l’on voyait ça comme quelque chose de réel.
D’ailleurs, cela faisait maintenant un sacré moment qu’il n’avait plus porté son attention sur les aspects mystiques de sa vie. Peut-être que ça lui ferait du bien de se rendre dans un lieu d’où il pouvait voir les étoiles, histoire de se vider un peu de toute cette tension en tentant de communiquer avec les esprits. Bien qu’il soit déjà tard, Fillan n’avait pas vraiment sommeil et c’est pourquoi il attrapa son sac afin de sortir un peu. Il ne put que remarquer le son étrange que ce dernier fit et l’ouvrant, il se rendit compte qu’il avait encore le couteau qu’il avait emprunté le jour de l’allocution du sénateur Farinelli. Allait-il seulement pouvoir le rendre à sa propriétaire, un jour ? Rien n’était moins sûr…
Quittant son appartement, Fillan marcha à travers la ville, suffoquant presque en raison de l’air trop chaud qui y régnait, même en pleine nuit. Au bout d’un temps qu’il ne put déterminer, il arriva enfin au parc. Il savait que ce n’était pas le lieu le plus fréquentable de la ville, mais en même temps, avec son pouvoir, il ne risquait pas grand-chose… Peut-être même qu’il faisait partie de ce qui rendait cet endroit si mal famé, une fois la nuit tombée. Mais il n’en avait rien à faire. Il se déplaça à travers les allées, cherchant un endroit qui n’était pas isolé mais qui permettait quand même de regarder les étoiles, du moins aussi bien qu’on le pouvait dans une ville comme celle-ci. Il finit par dénicher l’emplacement parfait et il s’y laissa tomber, un peu fatigué par toute cette marche nocturne. Posant son sac à côté de lui, il leva les yeux au ciel et se laissa aller, cherchant à se détendre par cette seule vision.
Au bout d’un moment, il entendit un bruit derrière lui, comme une brindille qui craquait sous le pied de quelqu’un. Ca faisait très cliché puisque c’était un effet archi-utilisé dans les films mais pour le coup, il ne l’avait pas choisi. Restant sur ses gardes, Fillan ne bougea pas jusqu’à ce qu’une silhouette se présente enfin dans son champ de vision. Il mit quelques secondes à l’observer et il finit par la reconnaître… C’était la jeune fille de la dernière fois ! Celle qui l’avait aidé lors de l’attaque contre le sénateur ! Pour un hasard, il fallait avouer que c’en était un grand ! Souriant, Fillan chercha le regard de la jeune fille en espérant qu’elle n’allait pas le tuer sur place. « Ca pour une surprise ! Figure toi que je pensais justement à toi ! » Baissant les yeux, Fillan chercha dans son sac et il en sortit le couteau qu’il tendit à la jeune femme, manche en avant. « Tiens, ça serait pas à toi ça ? Encore merci ! Il m’a bien servi même si c’était pas comme je l’avais espéré… Sinon, ça va, miss ? »
◊ Kaileen Moore ◊
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Depuis mon altercation avec les deux flics, agents ou je ne sais quoi de l'autre fois (la garce et le boulet frigide), j'avais plus ou moins réussi à éviter les ennuis. Comme toujours, le "plus ou moins" était la partie intéressante de la phrase. On ne se reposait pas cinq minutes quand j'étais dans les parages. C'était en partie à cause de cela que je passais, ces temps ci, le moins de temps possible dans notre petit studio (enfin, le petit studio de Lukaz, que je squattais avec ardeur). Je préférais ne pas ramener mes charmantes connaissances/amis/ennemis (vous pouvez rayer la ou les mention(s) inutile(s), en fait) par là bas. Quitte à faire, autant éviter de se faire localiser avec précision. ça ne m'avait jamais réussi dans ces cas là. Pour ne pas dire que j'avais bien failli y passer une fois ou deux. En tout cas, je passais donc pas mal de temps à vagabonder à gauche et à droite, au gré de mes envies et de mes lubies.
En ce beau jour de mai (je crois), j'avais perdu une grande partie de ma journée dehors, assise à rien faire dans un parc où les gens étaient trop occupés à marcher pour s'occuper de la pauvre paumée que je semblais être (et que j'étais, par certains aspects). J'étais restée tranquille, calme et patiente, attendant que les secondes s'étirent en minutes puis en heures avec une quiétude qui ne me ressemblait guère. Une apparente quiétude, devrais je dire. En réalité, je cogitais. Sur des sujets plus ou moins sombres, plus ou moins lugubres, plus ou moins réjouissants. Tout moi… Quand je n'étais pas en train de me débattre comme le moucheron dans la toile d'araignée, quand je n'étais pas en train de m'agiter de toute la force de mon désespoir contre les autorités, contre le destin, la fatalité, et toutes ces joyeusetés, je ne pouvais m'empêcher de ressasser le passé, le présent, le futur.
Je vous l'accorde volontiers, je n'étais pas bien joyeuse. Mais en plus de ne pouvoir m'empêcher de délirer et de mettre le monde en bouteille avec mes sempiternels "et si…", avoir l'air dans la lune, perdue dans ses pensées, et tout le tralala, c'était encore le meilleur moyen d'être à peu près sûr que personne ne vienne vous chercher des noises. Quasiment infaillible. En pleine journée, du moins. La nuit, ça se jouait plutôt à coups de poing, à cause de ces charmants ivrognes qu'on pouvait trouver dans tous les coins et recoins d'Achaea ( et dont je faisais, à l'occasion, partie, mais chut). A l'heure où je parlais la nuit tombait peu à peu, les lieux se vidaient de la population d'Achaea, remplacée par la faune nocturne un peu plus… dangereuse dirons nous. Dont je faisais bien entendu parti. Je me relevais tranquillement, secouais un coup mes vêtements et me décidais à aller voir ailleurs si je trouvais quelque chose de plus intéressant à faire que d'attendre. la nuit me convenait bien mieux que la chaude lumière de l'astre diurne. Je me sentais bien plus libre à l'ombre des étoiles…
Je m'apprêtais à quitter le parc pour retourner ailleurs quand je discernais une silhouette qui me sembla un peu familière. Un jeune homme visiblement… qui s'installa dans l'herbe et leva les yeux vers le ciel. Je fis de même un instant, intriguée, mais ne vit rien d'autre que quelques étoiles et un ciel bleu sombre. Rien qui à mes yeux ne puissent être réellement intéressant. Après, chacun ses centres d'intérêts. Je laissais passer un peu de temps, avant de m'approcher doucement en essayant de ne pas surprendre cette personne. Je ne le reconnus que quand je me retrouvais face à lui. Intriguée par sa présence ici, je restais plantée là sans mot dire avec une expression neutre tandis que je me demandais ce que j'allais faire. Ce jeune homme qui m'avait joyeusement sauvé la mise quelques temps auparavant (et j'avais fait de même pour lui), celui qui m'avait aussi embarqué mon couteau avant de disparaître. Enfin, en l'occurrence, c'était plutôt moi qui m'était évaporée dans la nature avant que les choses ne se corsent.
A la mention du fait qu'il pensait à moi, je souris, et murmurais doucement : "en bien, j'espère." Je ne me souvenais avoir appris son nom, et je doutais qu'il sache le mien, étant donné que je ne le distribuais pas gratuitement à tout va. Il me tendit mon couteau manche en avant, et mon sourire s'agrandit, un peu carnassier. Je ne fis pas un geste pour le récupérer, récupérant ma nouvelle lame sous ma veste et la lui montrant clairement :
"Ne t'inquiète pas, j'ai ce qu'il me faut. je ne pensais pas vraiment te revoir, à vrai dire. Tu n'as qu'à le garder et considérer ça comme une sorte de cadeau… Il te sera bien utile un jour. Sans doute."
Je restais en retrait, légèrement froide et distante, un peu inquiétante par certains aspects. J'hésitais à m'attarder plus, maintenant que ma curiosité était satisfaite. Pourtant, après une légère réflexion je me laissais glisser par terre, assise en face de lui et répondais à sa question du bout des lèvres.
"Comme ça peut aller, dirons nous. Alors, tu as repris une vie plus normale ? Tu n'as pas vraiment l'air d'être du genre à chercher les ennuis, sans vouloir être vexante."
On était bien loin de mes attitudes et habitudes. Je baissais les yeux sur ma main droite, qui tenait toujours le couteau, et le rangeais distraitement, histoire que le jeune homme ne se méprenne pas sur mes intentions tout à fait honorables. Sérieusement, j'aurais voulu le tuer, il aurait passé l'arme à gauche voilà un moment. Mais bon, ce n'était pas forcément rassurant de parler à une femme quasi inconnue tenant une arme blanche. D'autant plus que j'étais loin de ressembler à une sainte. Très loin, même. Enfin, s'il prenait peur pour si peu, autant qu'il s'en aille de suite, avais je envie de dire. J'avais assez d'honnêteté pour me rendre compte que tout le monde ne pouvait pas supporter mon caractère, mes lubies (ma folie) sans broncher. Et que quelqu'un de normal, qui ne vivait pas les mêmes réalités que moi, risquait d'avoir encore plus de mal que moi. Je le regardais un instant puis faisais mine de me relever, me rendant bien compte qu'il aurait été stupide de s'attarder ici à tisser un lien quel qu'il soit avec une créature qui grandissait à la lumière sans craindre un seul instant que l'envers du décor ne le fasse disparaître… Et pourtant, dans un sens, j'espérais qu'il arrêterait mon geste dérisoire. Ma curiosité me démangeait étrangement, je brûlais d'envie de redécouvrir ce que c'était, de parler avec quelqu'un de normal...
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Sujet: Re: L'ombre des étoiles Lun 25 Juil - 21:41
Fillan avait décidé d’aller faire une petite promenade nocturne afin de s’aérer l’esprit et de se changer quelque peu les idées. Au fil de ses pérégrinations en ville, il avait finalement débouché dans le parc d’Achaea, l’un des rares lieux de verdure dans cette région désertique du Nevada. Il s’était cherché un endroit sympa et il s’y était installé pour observer le ciel et les étoiles. Son grand-père lui avait toujours raconté que les étoiles comme la lune avaient la capacité à guider les âmes perdues et il devait bien avouer qu’en ce moment, il l’était pour sa part pas mal. Beaucoup d’événements avaient bouleversés sa vie et il devait faire son possible pour retrouver un rythme normal. Mais ça prendrait du temps, c’était certain.
Puis il y eut un petit craquement et la venue d’une jeune fille. C’était l’ange de la fois précédente, la jeune femme qui l’avait aidé lors de l’allocution du sénateur Farinelli. Sans elle, l’Amérindien n’aurait pas pu dire s’il s’en serait sorti aussi bien et il espérait donc pouvoir lui rendre la pareille, même s’il l’avait plus ou moins déjà fait ce jour-là. En comparaison à ce qu’elle avait fait pour lui, c’était très peu. Il l’avait donc accueillie avec un grand sourire avant de lui tendre le couteau qu’il avait gardé depuis ce jour en demandant de ses nouvelles. Elle expliqua que le jeune homme n’avait pas à s’inquiéter, qu’elle avait déjà ce qu’il fallait, montrant par la même occasion un tout nouveau couteau. Décidément, elle sortait vraiment du lot, cette fille ! Ecoutant ses conseils, Fillan remit le couteau dans son sac, prenant grand soin de l’entourer de chiffons pour éviter tout accident. « Merci bien en tous les cas. C’est toujours sympa les cadeaux et celui-là est plutôt original ! »
Souriant, Fillan regardait la jeune fille tandis que cette dernière semblait distante, un peu en retrait, un sourire presque malsain et un regard… inquiétant. Cela dit, le Loup Noir ne réagissait pas, ça voulait donc bien dire qu’il n’y avait pas le moindre danger, du moins en apparence. Bien sûr, il y avait toujours des risques, mais ne dit-on pas que la première impression est toujours la bonne ? Et puis le Loup ne s’était jamais trompé, alors on pouvait avoir confiance en lui. Finalement, la jeune femme se laisser glisser au sol et elle s’installa face au jeune homme, répondant à sa question. Bien qu’elle n’était pas des plus expansives sur la question, elle expliqua qu’elle allait relativement bien et lui demanda s’il avait repris une vie normale. « Nan, c’est vrai, je cherche pas les ennuis. Par contre, on dirait qu’ils ont pas trop de mal à me trouver eux… Surtout ces derniers temps. Le sénateur, c’était pas le premier que j’ai eu. Enfin bref, comme tu le dis, j’ai repris une vie plutôt normale, entre les cours, le boulot et le sommeil. »
Alors qu’il parlait, Fillan constata qu’elle rangea le couteau, ce qui eut pour effet de le rassurer un minimum. Elle n’était pas une de ces grandes malades qui attaquent les gens à vue pour le simple plaisir de voir le sang couler. Pourtant, elle le surprit sans même qu’il ne s’y attende. En effet, sans vraiment prévenir, elle fit mine de se relever comme si elle n’avait pas envie de rester avec lui. Est-ce qu’elle avait autre chose à faire ? Pourquoi s’asseoir dans ce cas ? Où alors, c’était lui qui avait fait un mauvais truc ? Ou peut-être juste qu’elle le trouvait pathétique… Ca n’était pas impossible, mais malgré tout, Fillan lui trouvait un petit quelque chose de sympa. Elle était comme lui, une mutante. Et même si elle n’appartenait pas à Genesys, elle l’avait aidé et n’avait pas suivi les autres hostiles. C’était donc un bon point pour elle. « Tu t’en vas déjà ? Je me suis pourtant douché y a pas longtemps… Remarque, tu as pas tort, le parc, la nuit, c’est un peu frisquet. Sans oublier qu’on ne sait pas ce que peuvent cacher les ombres… »
Se levant, Fillan se passa les mains sur les fesses pour retirer toute trace d’herbe avant de ramasser son sac qu’il passa en bandoulière. Puis, tendant la main vers la jeune femme, il l’invita à finir son geste et à se relever. « Je sais pas ce que tu préfères en fait. Je pense que tu es plutôt une créature de la nuit, mais j’avoue que je suis pas spécialiste en la matière… Ce que je sais, par contre, c’est que j’ai les crocs. En venant, je crois que j’ai vu une petite boutique qui vend des pizzas à emporter. Ca te tente ? Je t’invite, ça sera en échange du couteau. On peut toujours revenir ici pour manger si c’est ton coin habituel. Sinon, y a des tables et des bancs plus près de l’entrée. C’est comme tu le sens. Je t’oblige pas. » Toujours souriant, Fillan fit volte-face et se dirigea vers le chemin qui conduisait vers l’entrée. Après quelques mètres, il se retourna, continuant à marcher en arrière. « Au fait, je m’appelle Fillan ! »
◊ Kaileen Moore ◊
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Sujet: Re: L'ombre des étoiles Jeu 28 Juil - 14:09
Le jeune homme rangea avec soin l’arme que je lui avais offerte. A la réflexion, je doutais que cela lui fut réellement utile un jour, en tout cas, je lui souhaitais le contraire. Jamais, au cours de ma charmante existence, je n’avais souhaité qu’un autre connut la vie que je menais. Il ne fallait pas se voiler la face : tout le monde ne s’y acclimatait pas si bien que moi. Il faut croire que quelque part dans mes gènes était inscrite ma capacité à me couler dans ce moule de noirceur que la vie m’avait offert.
« Merci bien en tous les cas. C’est toujours sympa les cadeaux et celui-là est plutôt original ! »
Original, c’était le mot. Je retins le léger soupir désabusé qui avait voulu se frayer un chemin jusqu’à mes lèvres, avant de reprendre la parole pour lui demander si sa vie était revenue à la normale. Sa réponse ne m’étonna pas le moins du monde. Je souris, un peu tristemeent, et lui signalait d’une voix étrangement calme et douce :
« Les ennuis se plaisent à trouver les gens les plus tranquilles. »
Et bien ? J’étais tout à fait normale, une enfant douce et tranquille, quand les ennuis avaient commencé à me tomber sur le bec et à changer mon caractère, ma façon d’être, et ma façon de vivre. Je laissais le silence s’installer, et me préparais à repartir. Toute mélancolie laissée au placard – je n’étais pas une grande adepte des souvenirs émus – je m’apprêtais à déguerpir. Une chose était certaine, avec moi, les ennuis le trouveraient à vitesse grand V. Mais avant que je n’ai pu finir le geste que j’avais amorcé, la voix du jeune homme retentit à nouveau. Un peu embêtée, un brin sarcastique aussi, je répondais :
« Crois moi si tu le veux, mais je ne m’en vais pas à cause de toi. Plutôt pour toi. Si tu trouves que les ennuis te trouvent tous seuls, attends de voir ce que ce sera après cinq minutes passées avec moi. Et les ombres ne cachent en principe que des gens comme moi. Rien qui ne m’inquiète vraiment. »
Etrangement, je faisais confiance à mon interlocuteur, et n’hésitais pas à lui dire à demi mot ce que l’on gagnait à m’ignorer. Peut être parce que j’avais l’impression que toute cette histoire avec les hostiles et le sénateur nous liaient d’une manière simple mais sincère. Peut être aussi parce que j’avais encore un peu honte du comportement de mes semblables à l’égard de mutants – compagnons de galère, et non ennemis. Tout le monde n’avait pas le courage de se dresser contre un état tout puissant, et tout le monde n’approuvait pas nos méthodes – que j’aurais presque trouvé moi-même douteuse si je n’avais pas fait les frais des recherches de mutant un mois auparavant. Fugacement je portais la main à ma jambe droite, ornée d’une belle cicatrice à présent. Finalement, alors que je m’apprêtais à lui signaler que lui, en revanche, aurait dû être inquiet, il se releva, et ramassa son sac. Je le regardais, intriguée mais surtout approbatrice – enfin il avait une idée raisonnable – puis le vit me tendre la main. Je dus avoir le même air de surprise muette qui avait été le mien quand mon français préféré m’avait aidé à me remettre sur pied, des mois auparavant. Avec un mouvement un peu lent, j’attrapais la main qu’il m’offrait et me remit debout pour de bon.
En l’entendant me qualifier de créature nocturne, je me contentais de hocher la tête. C’était ainsi que je me désignais moi-même, après tout, et c’était ce que j’étais. J’attendais qu’il ait fini de parler, vaguement agacée en entendant sa proposition. Mais qu’est ce qu’ils avaient tous à vouloir connaître la désaxée que j’étais, honnêtement. Néanmoins, ce sentiment passager fut remplacé aussitôt par un sourire, léger mais bien présent. Je restais plantée là, malgré tout, hésitante. Il était gentil, aimable, mais surtout normal. Même si je ressentais plus de sympathie pour lui que pour n’importe qui d’autre – à l’exception bien sûr de mon colocataire – je n’aimais pas me lancer à l’aveuglette comme ça. Mais après tout, c’était ainsi qu’on se liait, non ? Et je ne risquais rien à tenter de nouer une simple amitié. Il m’avait donné un coup de main sans savoir qui j’étais, cette fois là, avec le sénateur. Je crois bien, au fond, que c’était cela qui me donnait tant envie de lui accorder ma confiance si dure à obtenir. C’est à ce moment qu’il se retourna, continuant à marcher en arrière vers la sortie du parc, et me lança son nom. Je me décidais à le suivre, le rejoignant d’un pas rapide. Je m’adressais à lui, à nouveau à ses côtés :
« Et je te souhaite de ne jamais devenir un spécialiste en la matière. Et pour ce qui est de ta proposition, oui, ça me tente, et c’est bien gentil à toi de m’inviter, parce que je n’ai pas un rond. »
Intérieurement, je me disais qu’il aurait toujours pu essayer de m’obliger, mais bon. Je faisais une pause, m’apprêtant à lui donner le seul nom que je donnais aux inconnus – à savoir Eva Green – mais au souvenir d’un certain blondinet, je me ravisais et signalais, avec une hésitation à peine perceptible :
« Moi, c’est Kaileen. »
Il n’avait pas besoin de savoir que j’étais considérée par le commun des mortels comme une psychopathe bonne pour l’asile, pas plus qu’il n’avait besoin de savoir à quel point mes actions étaient qualifiables « d’hostiles ». Je doutais qu’il approuve, avec le peu que je savais de lui. Mais après tout ce temps passé à refuser tout contact avec le monde extérieur, il était temps que je commence à redevenir humaine. Ce que j’entendais par là ? Il était temps que je cesse de refuser mon envie de parler, pourquoi pas de rire un peu, avec des gens autres que ma petite personne. Désireuse de faire un effort, je réengageais la conversation :
« Tu as parlé de tes cours… tu as quel âge exactement ? Et tu étudies quoi ? »
Cette attitude – posée, sympathique, tellement banale – ne me ressemblait pas du tout. Et pourtant, c’était à peine si je jouais la comédie. Certes, habituellement, j’étais moins gentille et plus agressive, méfiante voir moqueuse. Mais ce caractère de cochon que je m’étais forgé n’était là que pour m’empêcher de faire des faux pas, qui conduisaient tous immanquablement à ma tombe ou à la disparition du peu de santé mentale qu’il me restait. J’aurais pu être cette personne là, pensais je amèrement. Cette Kaileen qui sait parler aux autres sans mentir tous les trois mots. Mais il n’y avait plus de retour en arrière possible. Je n’en avais, tout d’abord, pas vraiment envie. Un peu de socialisation me suffisait. Fillan ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait. Et puis surtout, s’il était si facile de tomber de la neutralité dans l’hostilité, il était bien plus dur de faire les choses dans l’autre sens. Comment aurais je pu redevenir une brave petite fille ? J’étais recherchée, avais abandonné mes études il y a belle lurette, je n’avais pas de famille, pas de maison à moi, rien qui ne me donne un coup de pouce pour repartir du bon pied. En aurais-je eu l’envie que je n’aurais pas eu la possibilité d’entrer dans la légalité. Enfin. Les choses étaient ce qu’elles étaient. J’étais une femme renfermée, qui ne voulait dépendre de personne. J’étais devenue cette femme là. Et c’était tout ce que j’avais besoin pour vivre.
« Tu dois être de mon âge à peu près » disais je comme de rien avant qu’il n’ait eu le temps de me répondre. Après avoir jaugé le jeune homme, je m’étais rendu compte qu’il n’avait pas l’air si jeune que ça, finalement. Je crois que nos caractères si différents m’avaient égaré.
Nous sortions du parc alors que j’annonçais cela. Je m’arrêtais, et interrogeais du regard Fillan. Je n’avais aucune idée de là où il m’emmenait. Je ne regardais pas trop les boutiques de restauration dans le coin. Etant donné que pour m’épargner la peine de voler de quoi manger, je sautais régulièrement un voir deux repas dans la journée (vivre avec la faim ne me dérangeait plus depuis belle lurette), et souvent le midi. Comme je venais rarement la nuit dans le parc. J’espérais, en silence, que c’était vraiment juste là (il y avait pas mal de petites boutiques dans la rue), parce que je ne me sentais pas de marcher un aller retour de plus de cinq minutes jusqu’à ces fameux bancs. Je ne sentais pas à proprement parler de douleur, mais j’avais encore du mal à marcher correctement, par moment. Si je me souvenais bien, ça faisait un mois jour pour jour que cette sombre crétine de la police m’avait blessée. Dans ces sympathiques moments, il m’arrivait de trébucher sans raison apparente et valable. Boulet un jour, boulet toujours.
« Alors de quel côté on va ? »
◊ Fillan Davis ◊
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Sa promenade nocturne avait conduit Fillan jusqu’au grand parc d’Achaea et là, il avait eu le plaisir de retrouver un visage qui ne lui était pas inconnu. Il ne l’avait rencontré qu’une fois et ça n’avait pas été dans des circonstances particulièrement plaisantes donc il ne pouvait pas vraiment dire ce qu’il pensait de cette jeune femme. Encore que… Sa présence sur les lieux de l’allocution du sénateur n’était visiblement pas un simple hasard et comme elle ne semblait pas souffrir des effets du pouvoir d’un autre mutant, c’est qu’elle avait été avec les hostiles et ce vieux Chinois. Pourtant, elle n’avait pas mis longtemps à retourner sa veste et à l’aider lui. Pourquoi ? Peut-être qu’elle n’était pas si hostile que ça et qu’elle ne jouait qu’un rôle ? Ou alors, c’était un agent mutant au service du gouvernement? A moins que ça n’ait encore été pour ses beaux yeux ? Difficile à dire, mais elle l’avait aidé et pour cette raison, elle ne pouvait pas être totalement mauvaise. Elle avait finalement disparu sans que Fillan ne puisse en apprendre plus et il n’avait même pas espéré la retrouver un jour.
Une erreur de sa part, puisque la voilà qui débarquait comme une fleur et qui débutait une conversation tout ce qu’il y avait de plus normal dans un lieu quelque peu surprenant, il fallait l’avouer. Quoi qu’il en soit, la manière dont le courant passait entre eux montrait bien à Fillan qu’il ne s’était pas trompé. La jeune femme était des plus sympathiques et le jeune homme devait avouer qu’il se sentait bien en sa présence. En plus, le Loup Noir ne réagissait pas et ça ne faisait que confirmer encore plus ce qu’il pensait. C’est pour cela qu’il s’était étonné de la voir partir et qu’il n’hésitait pas à ignorer ses justifications farfelues. Il appréciait de constater que la jeune femme le considérait suffisamment bien pour s’inquiéter à son sujet, même si d’un autre côté, il aurait préféré ne pas avoir l’air d’une petite chose fragile incapable de se défendre toute seule. Bon, il l’était, un petit peu… Mais elle avait bien assisté à la démonstration de son pouvoir, nan ? Elle devait donc bien savoir qu’on ne pouvait pas blesser une ombre alors qu’avait-il à craindre des ennuis ?
Rien. Et c’est pour cela qu’il s’était finalement levé à son tour et qu’il avait aidé la jeune femme à faire de même. Il l’avait ensuite invitée à manger une pizza et tout en se présentant, il était parti vers l’entrée du parc, la laissant décider elle-même ce qu’elle souhaitait faire. Elle ne tarda pas à le rejoindre et, ce faisant, elle s’adressa à lui, répondant que oui, l’idée de la pizza la tentait, mais qu’elle n’avait pas un rond. Aucun souci, Fillan avait commencé à travailler et il avait assez d’argent pour l’inviter, même si c’était loin d’être courant pour lui d’inviter une fille. Après quelques instants, il eut aussi le plaisir d’apprendre enfin son prénom. Kaileen… « C’est joli comme prénom. Ca te va vraiment bien, je trouve. Et je l’ai dit, je t’invite. J’aurais l’air de quoi si je laissais payer une fille, franchement ? »
Fillan avait beau ne pas vraiment s’intéresser aux filles, il n’en restait pas moins un garçon bien élevé et bien éduqué. Il n’était donc pas du genre à proposer à quelqu’un d’aller manger pour ensuite laisser cette personne se démerder et payer l’addition. Alors qu’il cherchait quoi demander à la jeune fille, cette dernière relança la conversation, recentrant le débat sur les cours que suivait le jeune homme, mentionnant comme une évidence qu’ils devaient avoir le même âge. « J’ai 21 ans. 22 d’ici quelques mois. » Fillan pensait aussi qu’il n’était pas beaucoup plus vieux qu’elle, mais il ne savait pas vraiment ce qu’il en était réellement. D’un autre côté, il n’allait pas non plus le lui demander. Après tout, un jeune garçon bien élevé ne doit pas demander son âge à une jeune fille ! Quoi qu’il en soit, comme ils venaient d’arriver à la sortie du parc, il indiqua une direction du doigt, répondant à l’interrogation de la jeune femme. « On va par là. Y en a pour deux minutes. La cabane qui fait office de pizzeria est juste cachée derrière les arbres, après ce virage. » Souriant, l’Amérindien prit la direction indiquée et répondit à l’autre question posée. « Quant à mes cours, j’étudie l’archéologie. Cela dit, ces derniers temps, les choses ont un peu changé… En fait, pour faire simple, ce que je fais pour le moment, c’est chercher nos origines. Je sais pas ce que tu as entendu à notre sujet, mais il existe plusieurs hypothèses sur les raisons de notre existence. C’est ça que j’essaye de trouver. Savoir si on a toujours existé ou si on est venu par après… »
Bien entendu, par nous, Fillan entendait les mutants et il se doutait qu’elle comprendrait vite. En général, ce qu’il expliquait n’était pas un sujet qui intéressait tout le monde, mais pour le jeune homme, ça restait quelque chose de très important. Il ne savait pas ce que la belle Kaileen en dirait et comme il ne voulait pas la noyer sous des explications qui ne l’intéresseraient probablement pas, il se contenta du strict minimum. Charge à elle d’en demander plus si elle le voulait. « J’essaye de rencontrer toutes sortes de mutants pour mieux y arriver, mais c’est pas toujours facile. Les gens se cachent et il faut vraiment être doué pour les trouver. En plus, même quand on y arrive, on ne connait pas tout. Les mutants hésitent souvent à révéler leurs pouvoirs et comme c’est un élément crucial de mon travail, ça ne m’aide pas des masses. Mais bon, je m’en sors quand même ! » Tout en parlant, ils étaient arrivé au petit cabanon et Fillan s’arrêta devant le menu qui indiquait tous les produits disponibles. « Tu veux quoi ? Si tu veux, ce qu’on peut faire, c’est que tu ailles m’attendre à une table, comme ça, t’as pas besoin de rester debout. Je te rejoins dès qu’on est servi. »
Fillan avait constaté que l’une des jambes de Kaileen la dérangeait, mais il ne savait pas à quel point, ni pourquoi. Par conséquent, il trouvait inutile qu’elle se fatigue à attendre avec lui alors qu’elle pouvait aller s’asseoir et se reposer. Il attendit donc qu’elle fasse son choix et transmit leur commande au pizzaïolo. Ne restait alors qu’à attendre de longues minutes pour être enfin servi. Une fois fait, le jeune Amérindien rejoignit sa compagne d’une soirée à la table et il lui donna sa pizza. « J’avais pas pensé à te demander ce que tu voulais boire… Je t’ai pris un coca, du coup. Tu préférais autre chose ? Une bière ou un autre soda ? Je peux aller chercher si tu veux, ça me dérange pas. » Il était ainsi, serviable et toujours prêt à faire plaisir aux autres. C’était d’ailleurs pour ça qu’il avait rejoint la fondation Afflictis Lentae et c’était aussi pour ça que Lawrence avait pu abuser de sa confiance. Mais en son for intérieur, Fillan sentait que Kaileen était bien meilleure que n’avait jamais pu l’être Law. « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? Un boulot ou une occupation ? Te sens pas obligée de répondre si tu veux pas ! Mais faut que j’avoue que j’ai jamais rencontré une fille comme toi… Et tu m’intrigues. »
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L'ombre des étoiles
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