◊ Nombre de Messages : 1156 ◊ Nombre de Messages RP : 69 ◊ Age : 30◊ Informations : Relations&Sujets Présentation◊ Age du Personnage : 22 ans ◊ Pouvoirs / Armes : Insensibilité à la douleur / Arme à feu
Les étoiles devenaient de plus en plus pâles dans le ciel que je contemplais de mes yeux bruns. Le ciel pâlissait lui aussi, commençait à se parer peu à peu d’un bleu plus pâle, et je savais que d’ici une demi-heure, peut être plutôt une heure, les couleurs chatoyantes de l’aube apparaîtraient. Vingt-quatre heures de plus à occuper, vingt-quatre heures de plus à survivre. Pas toujours facile d’être en fuite. D’un autre côté, j’étais fichée depuis un certain temps. Les quelques rares apparitions que j’avais faite depuis le jour où j’avais brûlé mes souvenirs d’enfance avaient suffit pour que mon signalement soit diffusé à la police. Refus de se soumettre à l’Etat. Refus de se présenter au commissariat pour le recensement. Et, dernièrement, refus de se faire équiper de la puce règlementaire. Mais je n’étais pas un chien bon sang ! Pas un animal, j’étais juste un être humain différent, point barre. Imaginer seulement me balader avec cette chose en moi me donnait une nausée monstrueuse, et je n’arrivais pas à croire que la plupart des mutants s’y étaient soumis, avec certes plus ou moins de résistance. J’étais, je crois, en droit de me demander où allait le monde. C’était incompréhensible qu’on ait pu penser à cela. Ça me révoltait au plus haut point, de voir ça. Quand on savait que des assassins (dont moi, j’avoue), des fous furieux (je pensais plutôt au balafré de l’autre jour pour le coup), des voleurs, et autre charmante faune vivaient en toute liberté au dehors, parce que la police était trop occupée à rassembler les mutants tout ce qu’il y a de plus honnête… Franchement, mais où allons-nous ? Est-ce quelqu’un au gouvernement se rendait compte qu’on se dirigeait droit vers une impasse ? Voilà en gros les pensées qui m’agitaient. Pas bien gai, je vous l’accorde.
Début de journée. Très très tôt. Il était même bien trop tôt pour que quelqu’un de raisonnable se lève, mais je n’avais strictement rien à faire et surtout, j’étais tout sauf raisonnable. Le sommeil semblait me fuir, apparemment. Alors, tant pis je me lèverais à 5h du matin aujourd’hui. De toute façon, dormir n’était pas mon activité préférée. Dû au fait que j’étais actuellement sans-abri ? Meurtrière, ce n’était pas un métier qui rapportait énormément, alors mon logement déjà particulièrement miteux avait fini par me pomper trop de mes ressources. Advienne que pourra, j’avais libéré la place à d’autres, et j’étais partie vivre dans la rue comme une pauvre clocharde. Le temps de trouver un appartement encore plus miteux, dans mes moyens. Actuellement, j’étais un peu à l’écart de la ville, dans le grand parc qui l’agrémentait. Même s’il était réputé peu fréquentable de nuit, j’étais une des créatures peu fréquentables en question, alors... Après réflexion, je décidais de retourner vers le centre, où j’avais plus de chances de trouver de quoi m’occuper. Oui parce qu’à part les écureuils et autres bestioles qui se baladaient là dedans, à cette heure matinale, il n’y avait rien de bien folichon ici. En plus, j’avais froid. Pas de douleur, la morsure du froid ne m’atteignait pas au sens strict du terme. Cependant, je sentais des picotis au bout de mes doigts, des frissons me secouaient l’échine, et en prime, j’avais les dents qui claquaient. Très glamour, vous pouvez me croire.
Ce n’était pas comme si j’étais peu couverte. Pull, plus veste, chaussettes, écharpe aussi. Mais oublions ça, ce n’était pas ce qui m’intéressait. Il était temps que je me dégotte un boulot, à mi-temps, n’importe quoi conviendrait. Je ne pouvais pas vivre en marge de la société, je finirais par crever de faim dans la rue à ce rythme, et si je savais que je ne vivrais pas bien vieille si ça continuait, je ne voulais pas aller aussi bas dans ma déchéance. J’avais encore un peu d’amour-propre, merci beaucoup. Je levais la main droite, m’apprêtais à m’arranger les cheveux un minimum, mais suspendais mon geste, pour l’observer avec une grimace. Le bout de mes doigts était vraiment touché, une partie de ma paume aussi. Des cloques apparaissaient maintenant, même si à certains endroits la peau était encore rougie, et n’était pas passé à ce stade. Vraiment charmant. Je maugréais mentalement contre le psychopathe qui m’avait mis dans cet état de mélancolie profonde à trop fouiller dans mes souvenirs. A défaut de douleur, j’avais réagi tout autrement. Mais qu’est ce qui m’avait pris de mettre la main là dedans ? J’avais beau ne pas avoir mal, je devais sans cesse surveiller mes gestes, histoire d’éviter d’interrompre la cicatrisation. Et mimer la gêne en cas de besoin, pour que la population d’Achaea ne remarque pas qu’une femme se baladait avec une main carbonisée sans paraître embêtée le moins du monde.
Tout à ma rancune, que je ressassais en silence, je ne vis pas le temps passer. J’arrivais dans le centre sans même m’en rendre compte. Désertes, les rues étaient étrangement désertes. Je haïssais cordialement cet absence d’activité, et d’un autre côté, j’adorais savourer ce silence quasi-complet. De temps à autre, une voiture le troublait un instant, avant de s’évanouir dans la nuit encore presque complète. Les lumières artificielles des lampadaires projetaient pour encore quelques heures leur lumière jaune, désagréable. J’avais l’impression d’être vraiment seule, en tête à tête avec moi-même l’espace d’une journée, même si c’était faux, si faux. Je n’avais sans doute que quelques minutes devant moi, avant qu’un passant ne fasse retentir ses pas dans l’air frais. Mon souffle se condensait devant moi, mais les frissons s’étaient enfin espacés, jusqu’à devenir totalement inexistants. La marche m’avait réchauffé, je sentais avec délice mon cœur battre à un rythme accéléré. C’était tellement agréable comme sensation, c’était se sentir vivre, pleinement, malgré la peine, malgré les problèmes. J’avais des plaisirs simples, quelques-uns, qui subsistaient, même si je ne respirais pas la joie. J’appréciais la vie que je menais, un peu, je pouvais encore trouver mon compte sur terre.
Même si je ne suis plus humaine. Même si je suis morte, d’un côté. Mon âme s’est évanouie dans un nuage de fumée, avec le premier sang versé. J’aurais pu, comme d’autres, essayé de tourner la page, embrasser la neutralité. Mais je n’avais pas réussi. J’avais eu trop mal pour oublier, pour pardonner. Je voulais plus qu’une vie paisible, je voulais qu’ils sachent ce que c’était que de souffrir, de perdre tout ce qui importait, petit à petit. Famille, amis, souvenirs. J’avais détruit avec ténacité mon futur, je le disais et je le répétais. Actuellement je me voyais vivre jusqu’à vingt-cinq… peut être trente ans si j’avais de la chance. Et après. Après, il y avait le point final de mon histoire, la fin d’un tout qui avait été un, qui avait été moi. La fin des misères humaines. Et si pour en arriver là, à cette fin qui me paraissait être la seule promesse en laquelle je pouvais croire, il fallait que je tue, et bien soit. J’avais besoin d’un moteur, d’une raison de continuer, de persévérer. Je ne voulais plus vivre dans la passivité. Je ne voulais pas céder à la tentation à la saveur douceâtre de la mort. Trop facile. Trop banale. Je n’étais pas comme ça, je me battais, me débattais plutôt.
Je continuais de marcher, en silence, bien évidemment, ruminant un peu, souriant au souvenir de la petite fête d’Halloween organisée par la ville. Farces et attrapes. Il ne m’avait manqué que les bonbons. Je n’avais qu’un vague souvenir des Halloween que j’avais passées avec ma mère et mon père. Quelques rires, des déguisements réalisés avec du temps et de la patience par mes parents, tout ça enveloppé du voile d’obscurité que le temps avait délicatement jeté sur ma mémoire. J’aurais dû être plus attentive, mais sans une foule ou quoi que ce soit pour me recentrer, j’avais du mal à ne pas laisser vagabonder mes pensées à gauche à droite. Je marchais tout près du bord du trottoir, si près qu’au pas suivant j’eus un appui insuffisant. Je vis ma cheville se tordre, et tombais. Assise par terre, je regardais l’articulation. Elle enflait déjà. Cassée, seulement bien foulée ? En prime je m’étais rattrapée sur mes deux mains, un réflexe bien humain. Et vlan, la cloque monumentale qui ornait la paume de ma main s’était ouverte. Je laissais échapper, oubliant sous le coup de la colère que j’étais en pleine rue : « Merde ! »
Je devais repartir, maintenant, tout de suite, avant qu’un imbécile ne rapplique. Ou alors, il risquait de mourir, effacer les preuves, toujours. Cependant, comme le corps humain était bien fait, je risquais de retomber aussi sec. Réflexe, on sent la douleur, on l’arrête. Même quand on ne la sent pas réellement, d’une manière vraiment tangible. Je réfléchissais à toute allure, mais je n’avais déjà plus le temps : des pas retentissaient dans la rue, que je ne savais pas localiser. Le sang battait à mes oreilles, assourdissant à peine les sons, et je sentis ma respiration se faire saccadée. Mon don faisait son effet. Apparemment j’aurais dû le sentir passer. Sans doute cette réaction rapide venait également du fait que j’utilisais mon pouvoir en permanence depuis deux bons jours pour me prémunir de ma brûlure. Une blessure conséquente à ce moment risquait fort de me faire perdre connaissance. Et je ne survivrais pas à une blessure mortelle, même si l’on me soignait. Utilisation prolongée équivalait à épuisement rapide. Je relevais la tête vers l’arrivant, ou l’arrivante, je ne distinguais pas son visage car le faisceau lumineux du lampadaire le plus proche m’éblouissait.
Et j’étais censé réagir comment, maintenant ? S’il y avait menace, je devais fuir la confrontation immédiatement. En attendant, je grimaçais légèrement, simulant la douleur d’une manière tout à fait convaincante. Et en marmonnant tout bas, des choses pas très aimables d’ailleurs.
◊ Lukaz Le Guen ◊
۞ Mutant Non Recensé ۞
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Depuis l’aube des temps, la nuit avait toujours été le domaine de créatures peu recommandables. Il y avait eu les vampires, les loups-garous, les fantômes… Bien sûr, nombre d’entre elles n’était que le fruit de l’imagination des simples d’esprits et les plus grands dangers restaient bien souvent les mêmes qu’à l’heure actuelle : voleurs, meurtriers et autres fous dangereux. Bien entendu, Lukaz n’avait rien à craindre d’eux durant ses déambulations nocturnes dans les rues d’Achaea puisqu’il appartenait lui-aussi à ce Monde de la Nuit. Un monde sombre et terriblement dangereux, mais un monde qui était le sien depuis toujours. Il lui aurait été difficile d’en sortir, même s’il en avait eu envie, mais comme de toute façon il n’en avait absolument pas l’intention, ça ne lui posait guère de problème. Le jour, il était un garçon comme on en croisait beaucoup dans les rues de la ville et bien qu’il ne travaille pas et qu’il ait une apparence quelque peu négligée, il n’en demeurait pas moins un jeune homme attirant qui faisait de l’effet autour de lui. Par contre, à la nuit tombée, il en était tout autrement. Lukaz quittait ce rôle de jeune homme lambda pour prendre celui plus réaliste de voyou des bas-quartiers.
Le jeune Français était devenu un petit voleur dès son adolescence et depuis lors, il n’avait pas tenté de changer. Agir de cette manière lui offrait toujours un défi plus grand à relever, quel que soit ce qu’il essayait de faire et il aimait être stimulé de cette façon. Sans oublier qu’il pouvait par la même occasion trouver tout l’argent dont il avait besoin. Au vu de la façon dont il vivait actuellement, cet argent ne lui servait pas à s’enrichir en bien matériel… Bien au contraire, la seule chose qu’il se procurait avec ces dollars, c’était de la drogue… Une drogue qui lui était souvent nécessaire pour surmonter les effets négatifs dus à son pouvoir mutant. De plus, les vols lui offraient deux possibilités pour se faire de l’argent. D’une part, il pouvait revendre le matériel qu’il piquait dans les maisons des quartiers résidentiels ou dans les boutiques des secteurs périphériques de la ville. D’autre part, il pouvait effectuer des missions tel un voleur à gages…
Les hommes avaient depuis toujours fait le commerce de tout ce qu’il pouvait revendre, que ce soit des biens matériels ou des services. Bien entendu, certains de ces hommes étaient tout aussi vils que le plus terrifiant des démons et les services qu’ils mirent en place pour leurs clients étaient loin d’être les plus sains que l’on trouvait en ce monde. Ainsi naquirent par exemple les tueurs à gage, des assassins professionnels payés pour donner la mort à une cible prédéfinie. Mais aux yeux de Lukaz, ce n’était pas là le seul service qu’un criminel talentueux pouvait offrir. Un voleur comme lui pouvait aussi faire usage de ses dons afin de rendre des services à ceux qui avaient les moyens de les payer. Cela concernait par exemple les caïds à la tête de gangs ou les chefs de famille et autres groupes mafieux. Pour eux, l’argent était un bien aussi précieux que l’information. Bien souvent, quand on ne pouvait pas acheter les gens, le mieux était encore de les faire chanter, tout simplement. Et pour y parvenir, l’essentiel était d’en savoir le plus possible sur eux. C’était à cette fin qu’ils engageaient Lukaz, lui laissant la tâche de pénétrer les logements de ces personnes afin de voler des informations sur elles, qu’il s’agisse de documents écrits, de photographies ou encore d’objets pouvant servir à les influencer. Ces vols étaient ensuite rétribués et constituaient pour Lukaz un moyen évident de se faire de l’argent mais aussi un nom.
Son client le plus fréquent était un certain Salvatore Gambino, un homme aux talents particuliers qui dirigeait une petite organisation mafieuse. Il avait hérité d’une entreprise familiale déjà bien rôdée mais il semblait avoir besoin de nombreux renseignements sur certaines personnes. Lukaz ne savait pas réellement à quoi ça rimait, mais du moment qu’on le payait suffisamment, il s’en moquait. Et justement, monsieur Gambino venait une nouvelle fois de faire appel à ses talents en lui proposant une très intéressante et motivante récompense. Il devait juste s’introduire chez un homme qui vivait dans le centre d’Achaea, près d’un petit bar appelé « Le Winchester ». Il s’agissait d’un vigile qui travaillait la nuit pour une grosse compagnie gouvernementale, à ce qu’il avait compris… L’heure du crime était donc le meilleur moment pour agir. Une fois que Lukaz aurait réussi à entrer chez lui, il n’avait plus qu’à s’arranger pour lui subtiliser des informations bancaires. Elles semblaient vitales pour Gambino et il ne devait donc pas échouer.
S’introduire dans cet appartement était d’une facilité déconcertante pour Lukaz. Les habitudes qu’il avait acquises avec le temps lui permirent de le faire sans même avoir à fracturer la porte et une fois qu’il l’aurait quitté, jamais le propriétaire des lieux ne saurait que quelqu’un s’était introduit chez lui. Le logement était plongé dans le noir, mais ce n’était pas un souci pour le jeune homme. Il pouvait en effet concentrer une boule de lumière dans sa main et s’en servir pour éclairer les alentours. Comme il pouvait aussi moduler son intensité, cela permettait d’éviter que des passants dans la rue ne surprennent d’étranges lueurs dans cet appartement. Il avait ainsi tout le temps de faire ses recherches avant le retour du vigile qui vivait là. Seulement voilà, il ne pouvait récupérer les informations bancaires en volant simplement les documents… Cela serait bien trop visible et elles n’auraient alors plus la moindre valeur. Il devait donc procéder différemment et le moyen le plus simple restait de se servir d’un appareil photo. Cela faisait plus penser à un film d’espionnage qu’à un vol, mais ça ne changeait rien à la réalité des faits. Même s’il n’emportait que des photos, Lukaz réalisait bel et bien un cambriolage.
Le temps était un élément important dans ce genre de situation et le risque le plus important était d’en manquer avant d’avoir terminé. Ou pire, d’avoir eu le temps de quitter les lieux... Lukaz ne put donc que cacher sa surprise quand il fut tiré de ses pensées par un cri qui surgit de la rue… Quelque chose comme « Merde ! ». Il venait juste de finir son travail et était en train de remettre de l’ordre dans la pièce, mais il ne pensait pas que des piétons se promenaient déjà en ville. Etait-il déjà si tard que ça ? Un coup d’œil à sa montre le rassura, mais ça ne réglait pas le problème du cri. S’approchant discrètement de la fenêtre, il tenta de repérer l’origine de ce juron. Et visiblement, il s’agissait d’une jeune femme qui avait eu un accident… C’était bien sa veine ça… Maintenant, sa sortie serait tout sauf discrète et même s’il n’emportait que des données numériques, il aurait préféré que personne ne le voie ici. Seulement voilà, état donné la réaction de la blessée, elle ne risquait pas de bouger avant un moment… Temps que lui n’avait pas.
Prenant une décision, Lukaz se rendit aussi présentable que possible avant de quitter l’appartement qu’il venait de violer. Redescendant dans la rue, il se retrouva à quelques mètres de la jeune femme, mais elle ne sembla visiblement pas le voir. C’était sa chance ! Il pouvait encore partir discrètement et avait bien l’intention de le faire. Mais alors qu’il avançait d’un pas, une douleur fulgurante lui traversa l’épaule avant de disparaître aussi soudainement qu’elle était venue. Et il se rappela que quelques jours plus tôt, une autre personne s’était arrêté pour l’aider, lui… Et qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Secouant la tête, il se maudit de risquer encore une fois sa liberté comme un con. Mais il ne pouvait décemment pas faire autrement. Faisant demi-tour, il s’approcha alors de la blessée.
Son visage était tourné vers Lukaz, un visage aveuglé par la lumière et grimaçant de douleur. Sa blessure devait être assez grave vu la tête qu’elle faisait. Et effectivement… Elle avait la cheville bien enflée, sans doute bien foulée. Il semblait peu probable qu’elle puisse être cassée, sans quoi elle hurlerait de douleur, mais une foulure n’était pas à négliger. Et à bien y regarder, ce n’était pas sa seule blessure, puisqu’elle semblait avoir la main droite brûlée… Mais comment pouvait-elle faire pour se balader comme ça dans la rue… Dans un tel état, elle devrait être dans un hôpital ! A moins que comme lui, elle soit une mutante qui préférait éviter de tels endroits. En tous les cas, il ne pouvait pas la laisser comme ça… S’avançant assez prêt, il s’accroupit à ses côtés.
« Bonjour. On dirait que ça ne va pas fort… Cheville foulée, non ? Vous n’allez pas pouvoir aller loin comme ça. Si vous voulez, je peux vous aider à vous lever. Vous pourriez peut-être attendre des secours dans ce petit bar, non ? Vous en pensez quoi ? »
N’attendant pas réellement de réponse de sa part, Lukaz reporta son attention sur la main blessée avant de reprendre la parole.
« Sauf si vous avez une raison d’éviter les secours… Moi-même je préfère ne pas avoir affaire à eux. Mais ça n’empêche pas que vous ne pourrez pas vous déplacer facilement comme ça. Du coup, l’idée du bar reste exploitable. Comme ça, vous pourrez attendre un taxi pour vous ramener chez vous. Ca vous va ? »
◊ Kaileen Moore ◊
۞ Mutante Hostile ۞
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Les yeux toujours plissés, le souffle court, je vis, avec une certaine stupéfaction, le jeune homme s’accroupir à côté de moi. J’avais toujours du mal à imaginer que des gens étaient encore capables de s’arrêter pour m’aider moi. D’autant plus que je ne me serai pas arrêtée… Je ne voulais m’impliquer avec personne, je ne voulais pas risquer de tout perdre une seconde fois. L’avantage, quand on n’a plus rien, c’est qu’on n’a plus rien à perdre. Et d’après moi, il y a deux types de personnes qui sont réellement dangereuses : celles qui ont quelqu’un à protéger, quelqu’un à revoir, et celles qui vont dans le monde les mains vides, qui n’ont plus rien à perdre, et donc tout à gagner. Je ne savais pas ce que c’était que la confiance, la solidarité ou quoi que ce soit. Je m’y fermais, en réalité. Au moins, pas de danger. Je ne me perdrais plus dans les méandres de la douleur, c’était terminé, j’avais déjà donné, comme beaucoup sur Terre. Finis de s’apitoyer, il fallait bien avancer. Le nouvel arrivant avait à peu près mon âge, à vue d’œil. Les cheveux blonds, des yeux qui attiraient irrésistiblement le regard, en gros, il était plutôt pas mal. Pour ne pas dire plus. Et quoi ?! J’avais beau être une solitaire complètement attaquée, je n’en restais pas moins une femme. Même si je me contentais d’observer de loin, trop inquiète à l’idée de s’approcher. Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, il n’avait pas l’air d’être en excellente santé. Je me demandais un instant pourquoi, puis me désintéressait de la question. Comme à mon habitude.
« Bonjour », murmurais-je du bout des lèvres
Je l’écoutais, tressaillait imperceptiblement quand il parla d’attendre les secours. Même pas en rêve. J’étais loin, bien loin d’aller à l’hôpital. Trop dangereux, même si j’aurais pu être enregistrée sous un faux nom, les autorités compétentes auraient eu tôt fait de remarquer que j’étais une des mutantes n’étant pas encore équipée de la puce règlementaire, et en cherchant plus loin que le nom fourni n’existait tout simplement pas. Alors, niet, oubliez l’idée. Je préférais mille fois mourir sur le moment que d’essayer. Quand il continua, je me sentis plus stressée encore par la situation. Curieusement, qu’il me dise vouloir éviter les secours, au lieu de me rassurer, me rendait plus méfiante encore. C’était bien facile de mentir pour attirer les mutants un peu naïfs. Bien facile de prétendre quelque chose. Je suivis son regard, qui fixait ma main brûlée. Nerveusement, je secouais légèrement le bras pour faire tomber la manche de ma veste (cramée aussi, si vous voulez tout savoir, mais à l’intérieur de la doublure seulement) sur celle-ci. Je lançais ensuite d’un ton qui se voulait tranquille :
« Je crois qu’elle est foulée oui. Les ligaments sont sûrement bien touchés, vu la vitesse à laquelle ça enfle. »
Quoi ? Quand on vit seule et qu’on ne peut pas estimer la gravité de ses blessures par la douleur, il faut bien trouver un moyen de se débrouiller. En l’occurrence, j’avais fait quelques recherches pour tous les problèmes banals : entorse, articulations cassées, brûlures, plaies en tout genre. Je savais en principe les réflexes à avoir pour me permettre de guérir. Ici, c’était immobilisation partielle de la cheville. Il aurait fallu également que j’applique de la glace dessus pendant une dizaine de minutes… Je n’aurais pas pu faire plus attention à l’endroit où je posais les pieds ?! Ça me ressemblait bien, tiens. Pourquoi je me traînais cette poisse monstre. Très honnêtement, ça ne m’aurait pas étonné de savoir que mon interlocuteur était un criminel notoire recherché activement par la police, ça collait bien à l’idée que j’avais une malchance sacrément agaçante. Je soupirais, sans répondre immédiatement au jeune homme, ramenais mes genoux contre ma poitrine (en prenant garde à ne pas déposer mon pied au sol) et me prenais la tête dans les mains. Pour réfléchir au calme en quelque sorte. Et aussi parce que j’avais une envie folle d’attraper la première chose qui me passerait sous la main pour la balancer de l’autre côté de la rue. Je passais une bonne minute ainsi, désolée à monsieur, j’avais besoin de me sentir sûre de moi. Pourtant je finis par relever la tête. Si je partais comme ça, car j’aurais pu me débrouiller pour partir en courant, je serais sans doute affecté d’un grave problème d’articulation à vie. Et ça, ça voulait aussi dire douleur permanente, donc perte d’énergie pour la contenir permanente. Conclusion : je n’avais pas le choix. Je relevais donc la tête pour fixer mes yeux dans ceux de cet homme que je ne connaissais pas, en n’arrivant pas à croire à ce que j’allais dire :
« J’aurais bien besoin d’aide effectivement. Je doute d’arriver à me lever seule. Merci»
Je ne faisais pas dans la dentelle, enfin, c’était comme ça. Au moins j'avais prononcé un remerciement. Il ne savait pas qu'il venait d'assister à un évènement d'exception : je remerciais rarement qui que ce soit. Mais là, je faisais quand même profil bas. J’avais une certaine appréhension de la suite et surtout de la fin de toute cette histoire, car je détestais me trouver en position de faiblesse. Trop d’inconnues dans l’équation, si je puis dire. Encore une fois, je n’avais pas vraiment le choix, et je lâchais dans un soupir :
« Va pour le bar, alors. »
J’espérais clairement ne pas me tromper en acceptant la proposition du jeune homme. J’espérais clairement pour lui qu’il ne comptait pas me faire un quelconque coup fourré. Je ne sors jamais désarmée, si vous voyez ce que je veux dire. D’ailleurs il fallait que je me débrouille pour qu’il ne sente pas le fourreau d’une de mes dagues, passé à ma ceinture. En principe, pas de problèmes, mais ma devise est la suivante : on ne sait jamais. Non, parce que, ça fait toujours louche de se trimballer une armurerie sur soi. A moi, ça me paraîtrait louche en tout cas. Je n’avais pas fini pour autant, enchaînant donc avec la suite :
« Et oubliez le taxi et les secours. Je vais me reposer un peu et je me débrouillerais pour repartir. Ça devrait aller. »
D’accord, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus net, mais je n’avais pas vraiment envie de lui signaler que j’étais actuellement à la rue. J’avais une certaine fierté quand même, et je n’avais pas envie que ça se sache. Je croisais mentalement les doigts pour qu’il ne cherche pas plus loin, sans y croire vraiment pourtant. Peut être me prouverait-il qu’il y avait encore des gens discrets sur Terre. Je me dis ensuite qu’il aimerait peut être bien avoir mon nom. En tout cas, ça paraissait être la moindre des politesses. Sauf que je n’étais pas une fille très polie. D’un autre côté je n’allais pas me montrer désagréable alors… Bon, présentons nous :
« Je m’appelle Eva. Eva Green en fait. »
Non, je ne m’appelle pas vraiment Eva. Vous croyiez vraiment que j’allais filer mon vrai prénom au premier venu ? Quand au nom, d’ailleurs, ce n’était même pas la peine d’y penser, mon nom de famille n’avait pas été divulgué depuis une bonne année je crois. Mentir ne me faisait ni chaud ni froid. J’avais trop besoin de mon secret pour crier sur tous les toits comment je m’appelais. Merci beaucoup. Je commençais à me relever, retenais mon geste in-extremis. Quelle conne. J’avais plu qu’à courir le marathon devant lui pour être bien sûre qu’il avait compris qui j’étais. Je ne me faisais pas d’illusions, il avait sûrement compris que je n’étais pas une humaine au sens pur et dur du terme, mais je comptais sur sa discrétion. Accessoirement j’avais encore plus l’impression d’être une clocharde en train de faire la manche, assise par terre comme ça. Je tendais la main (gauche) pour le saluer (et aussi pour qu’il m’aide à lever mon derrière de là mais bon). Dans le même temps, je remarquais que mon souffle commençait à revenir à la normale. J’avais la tête qui tournait, à peine, mais d’ici deux trois minutes je serais revenue au stade ‘j’ai le cœur qui bat comme si j’étais en train de courir’. Comme depuis deux jours en fait.
◊ Lukaz Le Guen ◊
۞ Mutant Non Recensé ۞
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Parfois, on se sent obligé d’agir contre sa propre volonté en raison de ce que l’on appelle la « bonne conscience ». Il ne s’agit bien sûr pas d’un petit criquet en smoking portant un parapluie comme le laisse penser un célèbre conte, mais plutôt d’un sentiment accablant qui peut vous tourmenter longtemps. C’était là quelque chose dont Lukaz venait de faire les frais. En effet, quelques jours avant cet événement là, une jeune femme du doux nom de Pixie lui avait sauvé la vie en lui soignant une blessure par balle à l’épaule après l’avoir ramassé sur un trottoir du centre ville. Il était donc en quelque sorte redevable à cette personne de ce qu’elle avait fait pour lui et ne pouvait pas faire autrement que de se sentir concerné par la première personne avec des problèmes qu’il rencontrerait. Sinon quelle image se renverrait-il de lui-même en ignorant quelqu’un alors qu’une personne inconnue s’était arrêtée pour s’intéresser à lui ? Il semblait toutefois évident que ça ne serait rien de bien reluisant.
Finalement, et bien qu’à contrecœur, Lukaz avait choisi de succomber à ses bons sentiments. Il était peut-être un voleur et un drogué, mais il n’en demeurait pas moins quelqu’un de serviable. Il était toutefois vrai que peu de gens pouvait s’enorgueillir de l’avoir connu comme ça étant donné qu’il préférait limiter au maximum ses contacts avec les autres, pensant qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Mais ça ne l’empêchait pas pour autant d’être un bon compagnon. Encore que pour le moment, son interlocutrice avait plus besoin d’un toubib que d’un copain, mais il allait falloir faire avec ce qu’on avait sous la main. Ayant énoncé les différentes possibilités qui s’offraient à elle, Lukaz attendait juste qu’elle décide par elle-même ce qu’ils allaient faire, sans quitter le beau sourire dont il avait le secret. Il en profitait aussi pour mieux observer la jeune femme, une brune d’environ son âge, à peu de choses prêtes. Elle avait un certain charme et en d’autres circonstances, il aurait sans nul doute tenté sa chance… Encore que rien ne lui interdisait de le faire malgré tout.
La jeune femme finit enfin par dire quelques mots, mais d’une voix vraiment faible, comme si elle était timide ou qu’elle craignait quelque chose… A moins que comme lui, elle ne soit tout simplement pas habituée aux rapports sociaux. Mais dans tous les cas, ça ne voulait pas dire que Lukaz la laisserait là. Elle était visiblement blessée et vu l’heure, elle ne risquait pas de tomber sur un autre passant avant un petit moment. Alors quitte à l’aider, autant le faire lui-même. Il nota toutefois qu’elle ne fit pas la moindre remarque à ses propos sur les urgences. Etait-il possible qu’elle ait les mêmes raisons que lui à vouloir éviter ces lieux si dangereux pour les mutants ? Où était-elle juste recherchée par les forces de police ? Ca semblait peu probable toutefois, sans quoi elle ne se serait sans doute pas promenée comme ça, avec insouciance. Elle finit toutefois par cacher sa main à l’intérieure de sa manche, comme si elle ne voulait pas qu’il en apprenne trop. Manque de pot pour elle, Lukaz était un fin observateur et les choses lui échappaient rarement. Sans cela, il aurait fait un très mauvais cambrioleur, ce métier demandant imagination et capacité d’adaptation. Elle reprit enfin la parole d’un ton calme, lui indiquant son pronostic quant à sa blessure. Comme il l’avait supposé, il devait vraisemblablement s’agir d’une entorse ou une foulure.
Ce mal ne lui était pas inconnu et il avait souvent vu comment sa famille d’adoption le soignait, autrefois, en France. Quand on est forains et mutants, on doit vite apprendre à gérer les urgences médicales soi-même et comme il n’y a rien de plus turbulent qu’un enfant, l’entorse en fait largement partie. Lukaz savait donc que le mieux à faire pour le moment était d’immobiliser cette cheville avec un bandage. La douleur pouvait aussi être calmée avec application de glace. Avec un tel traitement, elle pourrait sans doute remarcher normalement dans les quatre à cinq jours. Mais dans l’immédiat, il allait falloir trouver le nécessaire pour soigner ça. Le bar disposerait sans doute de glace, mais pour le bandage… Il improviserait.
Il ne fit toutefois pas un geste, attendant toujours une réponse explicite de la part de la jeune fille. Il était vrai que ce n’était pas évident de décider de faire confiance à un inconnu, d’autant plus quand on est blessé, vulnérable et incapable de se déplacer. Elle finit cependant par relever la tête en plongeant ses yeux dans ceux de Lukaz afin de lui annoncer qu’elle acceptait son aide et en ne manquant pas de le remercier au passage. C’était inutile car en y réfléchissant bien, maintenant, le jeune homme se disait clairement qu’il n’aurait pas été capable de la laisser là. Il n’y avait rien de plus logique que de lui apporter de l’aide et il l’aurait fait quoi que la jeune femme lui réponde. Sauf cas de force majeure, bien évidemment. Il n’avait pas envie d’avoir à se battre pour une raison de ce genre… Entendant parler du bar, il revint à la réalité. Elle acceptait donc sa proposition, même si cela semblait être plutôt une résignation qu’autre chose. D’un autre côté, c’était toujours mieux que de la laisser traîner là, sur ce trottoir. Comme elle se présentait à lui, Lukaz décida de faire pareil.
« Enchanté Eva. Moi, c’est Lukaz. »
Comme elle fit mine de se relever en lui tendant la main gauche, Lukaz la serra et se rapprocha d’elle par la même occasion. L’aider à se lever, d’accord, mais encore fallait-il qu’elle tienne debout. Et avec une cheville foulée, ça n’allait pas se faire sans mal. Elle aurait donc besoin de s’appuyer sur lui et c’est pour cela qu’il passa sa main autour de sa taille tout en prononçant un rhétorique :
« Vous permettez ? »
Tout en la soutenant, Lukaz l’aida à se déplacer jusqu’à la porte du petit bar qu’il avait désigné un peu plus tôt. Cela prit du temps, mais comme il n’avait de toute façon rien de mieux à faire, ce n’était pas un drame. Arrivant devant l’entrée, il ouvrit la porte d’une main, déclenchant la petite clochette qui attira un regard du barman. Toutefois, ce dernier ne fit pas mine de bouger et se reconcentra sur son journal. Gardant la porte ouverte, Lukaz fit de son mieux pour aider Eva à entrer sans qu’elle ne cogne son pied. Il ne voulait pas déclencher de nouvelles souffrances chez elle. Une fois cette étape passée, il jeta un œil dans la salle obscure et repéra ce qu’il cherchait : un siège banquette. Il y guida la jeune fille et l’aida à s’installer. S’excusant un instant, il se dirigea vers l’homme qui tenait le bar afin de lui demander de la glace dans un petit sachet. Il finit par obtenir ce qu’il souhaitait en échange d’un petit billet. Décidément, dans cette ville, il n’y avait pas un homme pour en rattraper un autre… Revenant vers la jeune femme, il tira une chaise pour s’installer au niveau de son pied.
« Je peux ? »
Sans réellement attendre de réponse de sa part, Lukaz commença à défaire la chaussure d’Eva pour la lui retirer afin d’appliquer correctement le sachet de glace sur sa cheville. Il préféra lui laisser la chaussette pour que le contact ne soit pas trop violent. Ce faisant, il reporta son attention sur le visage de sa « patiente » et reprit la parole.
« On a l’air d’être du même âge, alors tu permets qu’on se tutoie ? Avant, tu as parlé de te débrouiller seule, mais vu ton état, tu vas pas trop pouvoir marcher sans aide… Alors à moins d’avoir des béquilles, je vois pas comment tu vas faire. Cela dit, si tu te promenais dans le quartier, c’est que tu dois habiter dans le coin. Donc ce qu’on va faire, c’est qu’une fois que ça va mieux, je te raccompagne au moins jusqu’à chez toi. »
Il déplaça légèrement le sachet de glace sur la cheville de manière à ce que le froid apaise toute l’inflammation.
« Je sais que ça peut te faire un peu peur parce qu’on se connait pas. Mais t’as pas à t’inquiéter, j’ai pas l’intention de te faire quoi que ce soit. Je sais que j’ai aucune preuve à apporter mais bon, va falloir me croire. Dis moi, tu aurais pas des bandes sur toi par hasard ? J’ai rien de ce genre et vu ce qu’il a demandé pour les glaçons, je préfère pas lui demander à lui… »
Jetant un regard vers le barman, Lukaz réfléchit un petit moment. S’il n’avait pas de bandes, tout ce qu’il lui restait à faire, c’était de se servir d’un long morceau de tissu. Mais où en trouver par ici ? Il y avait bien les semblants de nappes, mais ça n’allait pas plaire au type du bar… Poussant un long soupir, il constata qu’il allait devoir sacrifier une nouvelle chemise. Décidément, ces derniers jours étaient plutôt mortels pour sa garde-robe mais bon, il n’était plus à ça prêt maintenant. Toutefois, pendant qu’il cherchait une solution, une autre pensée surgit dans sa mémoire.
« Sinon tant pis, je vais me servir de ma chemise. C’est pas un souci… Par contre, j’y pense ! Je t’ai même pas demandé, mais tu veux boire et manger un truc ? C’est mon jour de BA, alors profites en, je t’invite. »
Le jeune Français attendit la réponse en arborant toujours son sourire si particulier. Quelque chose d’assez attirant sans pour autant être réellement sexy.
◊ Kaileen Moore ◊
۞ Mutante Hostile ۞
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J’avais déjà fait une fois la bêtise d’imaginer pouvoir me reconstruire. Je ne parlerais pas plus avant de cet épisode ici, mais il faut que vous vous rendiez bien compte d’une chose : j’étais quelqu’un de plutôt sauvage, difficile à apprivoiser, et les évènements de l’année passée ne m’avait pas vraiment aidé à devenir plus confiante vis-à-vis des autres. La proximité du jeune homme m’inquiétait, je n’étais pas sûre de pouvoir réagir à temps. Je ne pensais à l’heure actuelle qu’à cela : comment fuir en cas de complications. Ça frisait la paranoïa je vous l’accorde volontiers, mais on ne se refait pas. Je me forçais cependant à me détendre, en me disant que si il avait été un agent d’Apocalypto, un policier ou quoi que ce soit, je serais déjà dans le gaz depuis le début. Maigre réconfort, mais réconfort quand même. Positiver n’a jamais fait de mal à personne. De plus, quoi qu’il arrive, j’avais l’avantage de savoir, contrairement à Lukaz, puisqu’il disait s’appeler ainsi (j’avais menti, il avait parfaitement le droit de le faire aussi), qu’au moindre problème je pouvais laisser tomber mon petit jeu et fuir en courant. Et tant pis si ma cheville était fichue pour le reste de mes jours. Mieux vaut avoir une articulation abîmée que plus de vie pour s’en soucier. D’après moi en tout cas. Mon principal souci restait que je me savais recherchée, et que j’ignorais totalement si mon signalement avait été ou non diffusé. Je courrais encore le risque d’être reconnue, et ça ne me plairait pas vraiment. J’essayais pourtant de taire mes questionnements, jusqu’à y parvenir, pour un petit moment tout du moins.
Alors que je lui tendais la main, il se rapprocha et me prit par la taille. Pour m’aider à me relever, certes, mais je dus me faire violence pour ne pas réagir de manière automatique. Je vous promets, ça m’est déjà arrivé. Je laissais passer sa question, de toute manière la réponse n’avait pas l’air de l’intéresser tant que ça, et je ne comptais pas refuser. Et quand je n’avais rien à dire, ma foi, je ne disais rien. La parole est d’argent mais le silence est d’or. Bon gré mal gré, je clopinais jusqu’au bar, assez lourdement appuyée sur mon sauveur, à mon grand regret. Je ne sais pas trop comment il se débrouilla pour ouvrir la porte, je la passais avec délicatesse, toujours assistée par Lukaz. Prévenant, il faisait attention à épargner ma cheville, ce que j’appréciais bien malgré moi. Ce n’était pas très courant pour moi d’être aidée par qui que ce soit. Ce qui ne m’étonnait pas outre mesure, quand on savait que la plupart des gens m’ayant rencontré à ce jour mangeait les pissenlits par la racine, six pieds sous terre… bref, vous aurez compris, qu’ils étaient morts. Le jeune homme m’aida à m’installer, et je restais assise, le pied sur la banquette, l’observant marchander avec le propriétaire de l’établissement un sachet de glace. Je remarquais qu’un billet changea de main, notais mentalement que j’avais réussi à m’endetter un peu plus, auprès d’un inconnu qui plus est. J’ai beau être une criminelle notoire, ça ne m’empêche pas d’avoir une conscience, et je n’aimais pas particulièrement profiter de la gentillesse d’autres quand même. Même si j’étais un peu égoïste sur les bords. A cela s’ajoutait que j’étais une grande indépendante, et que je détestais l’idée même de dépendre de quelqu’un, mais bon.
Il revenait vers moi, et, encore une fois, je le laissais faire. Il avait l’air de s’y connaître au moins autant que moi, je n’avais donc pas de soucis à me faire de ce côté-là. Ce qui était déjà un bon point pour lui. De nouveau, je laissais passer sa question, puisqu’elle était aussi rhétorique que l’autre, de ces questions qui n’attendent pas de réponses. Apparemment il était bien décidé à m’aider. Je n’allais pas m’en plaindre (enfin, plus maintenant, je vous ai dit que positiver ne faisait pas de mal). Je retenais un frisson léger en sentant la froideur de la glace, cependant, je ne sentis rien d’autre, sans la moindre surprise. Je me demandais vaguement ce que j’aurais ressenti si mon pouvoir n’avait pas fonctionné. Alors que je le regardais faire, il finit par reporter son attention sur moi. Je l’écoutais avec attention, le regardant assez fixement. Bon. Il était plus poli que moi en tout cas. J’étais du genre à passer au tutoiement sans même y penser, alors demander. Bref. Comme je m’y attendais, il voulait me raccompagner chez moi. J’avais une vague envie de lui signaler que je n’avais pas de ‘chez moi’ et ce depuis deux semaines, mais ma fierté me retint encore une fois. Le problème, c’est que je ne savais pas quoi lui dire pour esquiver cette corvée. D’habitude, j’arrivais à me dépatouiller plutôt bien de ce genre de situation, pourtant rien ne me venait. Je pouvais toujours le laisser me ramener devant une quelconque maison du quartier, mais j’avais le vague pressentiment qu’il ne me lâcherait pas avant que je sois rentrée, hors, je n’avais pas les clés, et je n’étais pas une professionnelle du forçage de serrure. Pour ne pas dire que je n’avais en fait jamais essayé… Pour la troisième fois, je laissais donc passer, et répondais directement à la suite. Je me sentais mal de penser que si jamais je n’arrivais pas à m’en défaire, il se réveillerait seule dans les rues de la ville. Mais, ma sécurité avant tout.
« Je ne suis justement pas du genre à faire confiance… Mais je te laisse le bénéfice du doute, c’est déjà pas mal, non ? »
Je lui adressais un léger sourire malgré mes paroles un peu dures, cependant j’estimais qu’il avait le droit de savoir que ce n’était pas parce qu’il m’aidait que j’allais aussitôt baisser ma garde. Je répondais ensuite (et enfin) à une de ses questions. avec une pointe de sarcasme, réflexe pour moi...
« Je ne me balade pas avec des bandes sur moi, désolée. »
Je fronçais légèrement les sourcils en entendant la suite… Utiliser sa chemise ? Mais oui, compte là-dessus. Comme si j’allais le laisser en plus détruire ses vêtements. J’hésitais un instant, puis ôtais finalement ma veste. Tant pis pour mes brûlures, vu le regard qu’il avait lancé dessus, il avait bien remarqué l’état de mes doigts et de ma paume. J’enlevais la manche en douceur, en prenant bien garde à ne pas toucher mes blessures, et étalai la veste sur la table. Je fouillais dans une de mes poches jusqu’à mettre la main sur mon couteau suisse (tiens je l’avais oublié celui là. A rajouter à la liste des choses pointues et coupantes que je trimballe). Je sentais ma dague dans mon dos, l’autre séjournant actuellement dans mes bottes, par contre, pas moyen de dissimuler mon Glock à ma taille. Je faisais une moue contrariée, bien malgré moi, mais après tout ici le port d’armes à feu était autorisé, et ça pouvait toujours passer pour un excès de précaution. Je tendais mon couteau à Lukaz et lui signalait d’un ton sans appel :
« Laisse ta chemise tranquille et découpe la doublure de ma veste, ça devrait aller. De toute manière elle est déjà fichue, alors… »
Oui, j’avais oublié de préciser que par endroits, la doublure était un peu noire… C’est ce qui se passe quand on éteint un feu avec ses vêtements. Alors, qu’elle soit un peu plus, ou un peu moins abîmée… Je m’en fichais pas mal. Lui continuait de me regarder avec un petit sourire particulier, mais ça n’empêchait pas que je prenne soin de ses vêtements autant qu’il prenait soin de ma cheville. Je sais que je suis une criminelle, mais rien ne m’interdit d’être un peu polie. Et je n’avais pas plus envie de lui être redevable à vie. Merci beaucoup mais non merci. Et en plus il me proposait à boire et à manger. Effectivement il était dans un bon jour… Je m’apprêtais à refuser poliment, mais je changeais d’avis brusquement. Côtoyer quelqu’un d’autre que moi-même ne pourrait pas me faire de mal, et en plus, j’aurais peut être l’illumination qui me permettrait d’éviter le scénario ‘j’abandonne le petit Lukaz en pleine rue’. Je sentais déjà que j’aurais mauvaise conscience pendant des jours et des jours après ça, moi qui habituellement ne regrettait pas le moins du monde mes actes, tout déplacés qu’ils soient. Stupide conscience.
« Puisque c’est proposé si gentiment, pourquoi pas ? de toute manière je ne vais pas repartir tout de suite, alors...»
Je me sentis assaillie par le doute encore une fois, et quittais mon interlocuteur du regard pour focaliser mon attention sur la poche de glace. Pas très intéressant, le but étant simplement de se calmer. J’avais un peu envie de me morigéner moi-même, avec mes hésitations ridicules. De toute manière en cas de problème je filais, alors pourquoi, pourquoi ça m’embêtais autant ? Je retournais la question dans tous les sens, jusqu’à conclure qu’il s’agissait du manque d’habitude. Les personnes que j’avais rencontrées récemment n’étaient pas des plus aimables… Entre Blake qui voulait me surveiller des fois que je vende son petit secret, et l’autre fou furieux et sa sacro-sainte souffrance… Disons que ce n’était pas la joie. Je dois avouer que la rencontre avec monsieur le psychopathe échappé de l’asile était de loin la plus éprouvante, étant donné que je m’étais quand même bien amusée à titiller Salazar, en toute honnêteté. Alors le prévenant Lukaz, et peu m’importait d’où il sortait, je ne me sentais pas le droit de juger vu mes… antécédents, dirons nous, c’était vraiment… étrange comme situation. Pas naturel pour moi. Vous voyez peut être ce que je veux dire, ou pas. On s’habitue vite à la solitude quand elle est pleinement choisie, alors sortir de ma retraite (pas paisible du tout) du jour au lendemain pour un faux pas et une chute qui aurait dû être évité me faisait un drôle d’effet. Pas déplaisant, en fin de compte. Il était peut être temps de passer à autre chose… Je me raidissais intérieurement en me rappelant que c’est à peu près ce que je m’étais dit quand j’avais décidé d’accorder ma confiance à Ethan. Aussitôt, je me reprenais. Hors de question de se relâcher tant que je n’aurais pas eu de preuves formelles que ça m’était possible. Même pas en rêve.
◊ Lukaz Le Guen ◊
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Lukaz savait parfaitement ce qu’il pouvait se passer dans la tête d’Eva. Lui-même était d’une nature plutôt solitaire, depuis que « sa famille » avait fait le choix de l’abandonner. Il n’avait jamais éprouvé de colère à leur encontre, le choix qu’ils avaient fait étant le plus rationnel, mais il avait quand même préféré continuer sur sa voie tout seul. Il fallait dire que ça marchait plutôt bien jusqu’à présent. Il vivait sa vie seul, sans s’attacher réellement à qui que ce soit. Il n’avait ni copain, ni copine, mais vivait quand même les plaisirs de la chair aussi souvent que possible. Il n’était pas attaché à un travail, mais gagnait bien sa vie quand même. Il n’avait pas de chef ni de patron, mais disposait de contacts puissants et bien placés. Bref, il était totalement libre, sans pour autant être pris au dépourvu le moment venu. Il s’imaginait donc bien que d’autres personnes puissent voir les choses sous cet angle. Et il semblait bien que ça soit le cas d’Eva. Elle devait elle aussi avoir ses raisons pour préférer rester seule. Mais pour le moment, vu l’état de sa cheville, il était hors de question que Lukaz l’abandonne. Il allait faire le nécessaire pour que tout se passe pour le mieux jusqu’à ce qu’elle accepte de se laisser raccompagner chez elle. Ensuite, il la laisserait sans que ça ne lui pose le moindre souci.
A propos de souci, Lukaz semblait en avoir repéré un gros, même s’il était incapable de préciser à quel niveau il se situait. Toujours était-il qu’Eva évitait soigneusement de répondre à chaque fois qu’il évoquait son chez-soi. Il y avait donc plusieurs solutions. Il était par exemple possible qu’elle ait quitté son domicile sur un coup de tête pour se retrouver à errer ainsi seule dans les rues aussi tôt dans la matinée, sans avoir envie de d’y retourner avant plusieurs heures. Et au vu de son âge, elle pouvait chercher à fuir des parents trop curieux, un petit copain trop encombrant voire un mari trop jaloux… Ca pouvait être tout autre chose bien sûr, mais dans tous les cas, elle devait simplement n’avoir pas envie de rentrer chez elle… A moins qu’elle n’ait tout simplement pas de chez elle. Ca semblait quand même peu crédible, étant donné le peu d’affaires qu’elle transportait sur elle. Mais alors pourquoi éviter autant le sujet ? De son côté, devait-il la tester une dernière fois pour savoir ? Peut-être bien, il verrait alors ce qu’il devait faire. Parce que si elle était bel et bien à la rue, Lukaz ne savait pas trop quoi faire, bien qu’il était sûr du fait qu’il ne pouvait pas la laisser continuer à vivre comme ça. Surtout pas avec l’hiver qui approchait doucement… Mais alors que faire ? L’inviter chez lui ? Comme si elle allait accepter une telle offre…
Eva le ramena à la réalité en retirant sa propre veste. Il revit du coin de l’œil sa main brulée, mais ne fit pas de remarque à ce sujet, bien qu’il nota mentalement que quitte à lui servir d’infirmier, autant s’occuper de ça aussi. Après tout, la laisser ainsi à l’air libre, c’était pas bon du tout… Il fallait au minimum qu’elle se lave correctement la main avant de la bander proprement, le mieux étant encore de l’oindre d’un produit permettant de lutter contre les brûlures. Mais comme il n’en avait ni sous la main, ni chez lui, il allait falloir faire sans, pour le moment. Cela dit, dans l’immédiat, ils en étaient encore sur le problème de la cheville. Lukaz attrapa donc le couteau suisse que lui tendait Eva, ne manquant pas de voir ce qu’elle révélait maintenant… Une arme à feu. Il n’était pas particulièrement à l’aise avec ces armes et trouvait plutôt étrange qu’une fille comme elle en porte une. En tous les cas, il revenait déjà sur ses hypothèses précédentes, parce que ça ne devait être ni ses parents ni son copain qu’elle fuyait… Mais qui fuyait-on armé comme ça ? Des gens louches ? Des flics ? Etait-ce pour ça qu’elle avait refusé de se rendre aux urgences ? Elle était sans doute recherchée pour un crime quelconque, un avantage qu’il avait sur elle. Tout criminel qu’il était, personne ne savait qu’il existait. Mais à priori, Eva semblait avoir plus de difficultés à ce niveau. Mais de là à savoir ce que pouvait être son crime…
Ouvrant le couteau, Lukaz reporta son regard sur la veste en ne faisant pas le moindre commentaire. Après tout, à chacun ses affaires. Bien que ça ne l’aurait pas dérangé de se servir de sa chemise, sans doute beaucoup plus résistante qu’une doublure de veste, il n’allait pas insister auprès de la jeune femme. Retournant le vêtement, il constata que ce dernier avait plutôt souffert du feu, ce qui le poussait à se demander ce qui avait pu provoquer cela… Eva était-elle une pyromane ? Ou avait-elle aidé une personne prisonnière d’un incendie ? D’autres questions qui resteraient sans doute sans réponse. Se concentrant davantage sur son travail, Lukaz commença à découper la doublure, choisissant les morceaux qui semblaient être les plus résistants. Il tailla ensuite plusieurs bandes dans ce tissu avant de vérifier leur solidité en tirant dessus. Il serait en effet bête qu’elles craquent pendant qu’il ferait le bandage… Le test se révéla d’ailleurs plutôt utile, vu que plusieurs d’entre elles, parmi les plus noircies, cédèrent sous la tension. Il se retrouva donc en possession de plusieurs bandes d’un tissu plutôt fin et, avant même de commencer, il savait que ça ne fonctionnerait pas. Il ne dit toutefois rien et se mit à bander le pied de « sa patiente », cherchant à immobiliser au mieux la cheville. Arrivé au bout des bandelettes en sa possession, il constata qu’il avait eu raison. D’une part, il n’avait pas eu assez de tissu, d’autre part, ce dernier était trop fin pour tenir fermement quoi que ce soit. Seulement voilà, ils n’avaient rien d’autre sous la main…
« Bon, j’ai fait comme tu l’as proposé, mais c’est pas beaucoup mieux que sans rien. Il faudrait en rajouter au moins encore une couche… Ta veste est trop épaisse, mais de toute façon, je vais pas la déchirer pour ça, ça serait vraiment dommage. Même sans doublure, elle peut encore servir. Je vais quand même prendre ma chemise finalement. T’inquiète pas, ça me dérange pas. De toute façon, je suis plus à ça prêt cette semaine. Puis j’ai encore ma veste pour me protéger, le temps de rentrer chez moi. »
Lukaz afficha un petit sourire sur ses lèvres, histoire de rassurer la jeune fille. Il ne faisait pas un immense sacrifice en lui proposant ça et si ça lui évitait d’avoir mal, c’était l’essentiel. Il retira donc sa veste qu’il posa sur le dossier de la chaise à côté de lui. Et alors qu’il allait enlever la chemise, il percuta sur quelque chose ! S’ils voulaient manger, il n’allait pas passer commande à moitié à poil ! Il réfléchit donc un petit moment et finit par se lever d’un bond.
« En effet, ça va être dur pour toi de partir seule. Bon, je te finis ce bandage dès que je reviens ! »
Sans en dire beaucoup plus, Lukaz fit volte-face pour se diriger en direction du bar. Le tenancier de ce modeste établissement était plongé dans son journal et Lukaz dut s’y prendre à deux fois pour attirer son attention. Il lui commanda ensuite un copieux petit-déjeuner – craignant toutefois d’en voir la tête – et fut obligé d’attendre, l’homme ne faisant pas le service à la table… Payant sa note, il revint vers leur table qui avait le mérite de les dissimuler largement aux yeux du barman. Lui lançant un regard dès son retour, Lukaz constata qu’il était à nouveau plongé dans son journal et ne les dérangerait donc pas. Il déposa alors son plateau sur la table, ce dernier portant deux tasses de chocolat chaud, une grosse assiette de pancakes arrosés de sirop d’érable et une petite carafe de jus d’orange. Tout en s’asseyant à sa place, Lukaz invita Eva à commencer ce petit-déjeuner sans plus attendre.
« Te gêne pas pour commencer. Moi je prends encore vite le temps de terminer ça. »
Déboutonnant sa chemise, il finit par la retirer, dévoilant son corps qui présentait depuis peu une nouvelle cicatrice due à une blessure par balle à l’épaule. Nul doute que la jeune femme la noterait, mais comme il l’avait pensé plus tôt, à chacun ses affaires. Il lacéra alors le vêtement pour en tirer une nouvelle série de bandes, beaucoup plus résistantes que les premières. Tout en les laissant en place, il doubla alors le pansement et fut ravi de constater que la cheville était alors beaucoup mieux maintenue. Ca ne valait bien sûr pas des kilomètres de bandes médicales, mais c’était déjà mieux que rien en guise de dépannage. Il lui restait même encore quelques bandes en rab…
« Si tu veux, avec le reste, on peut voir pour ta main… Ca sera toujours mieux que de rien faire du tout, pour l’instant. »
Tout en gardant les yeux braqués dans ceux d’Eva, Lukaz attrapa une tasse de chocolat chaud et en but une gorgée. Ce n’était pas de la grande qualité, mais ça se buvait bien. Il pouvait donc se risquer à goûter les pancakes. Tout en avalant, il réfléchissait à une pensée qu’il avait eut un peu plus tôt. Tester la jeune femme sur son éventuel domicile. Voir si elle éviterait encore la question ou non. Mais oserait-elle seulement lui dire la vérité si elle était telle qu’il l’imaginait ? A lui, un illustre inconnu ? Devait-il se montrer plus aimable ?
« Est-ce que par hasard tu aurais un nécessaire de premier secours chez toi ? Qu’on puisse voir pour refaire tout ça… Sinon, je m’en suis procuré un pas plus tard qu’hier, donc on pourrait toujours passer par chez moi pour s’occuper de ça et ensuite, je te raccompagnerais chez toi. Ca me dérange absolument pas. Sauf si tu as une autre idée bien sûr, encore que tu puisses oublier le fait que je te laisse te débrouiller seule. Tu m’es sympathique et j’ai pas envie qu’il t’arrive encore une tuile. »
Tout en parlant de ça, la main de Lukaz s’était machinalement portée à son épaule blessée. En effet, lorsque Pixie l’avait aidé, elle lui avait demandé s’il avait ce qu’il fallait pour se soigner chez lui. Et la réponse était non. Alors depuis, il avait décidé de se procurer le nécessaire, parce qu’on est jamais à l’abri d’un incident de ce genre. Il se rendait compte qu’il avait bien fait… Mais que déciderait Eva ? Telle était la question qu’il se posait. Attendant sa réponse, il décida de goûter aux fameux pancakes.
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Je regardais fixement le jeune homme tandis qu’il découpait ma veste. Il avait l’air vaguement sceptique, et je sentis tout de suite son regard vers mon arme. Et encore il n’avait pas tout vu le pauvre. Il devait déjà se dire que je n’étais pas ce qu’il y a de plus net, cependant j’aurais pu paraître encore bien plus étrange. D’un autre côté entre les armes, la veste brûlée, la main assortie, c’était déjà pas mal. Je trouve. De toute manière, n’étant pas contrairement à d’autres télépathes, je ne pouvais pas savoir ce qu’il en pensait. Le mieux que je puisse faire, c’était croiser les doigts pour que ça ne soit pas trop négatif. J’observais Lukaz s’activer pendant ce temps à essayer de maintenir ma cheville avec les bandes trop fines et surtout cassantes. Encore une fois, merci monsieur le psychopathe. Je n’avais jamais su son nom à cet idiot au final. Je fis la moue, même si ce n’était pas si désagréable que ça de voir mon interlocuteur torse nu. Sûrement tout le contraire, au vu du visage qui allait avec. N’importe qui de normalement constitué n’aurait pas été insensible à son charme, et je ne l’étais pas vraiment non plus. Simplement, je n’envisageais actuellement pas quoi que ce soit, coup d’un soir ou relation. Pas de manière pleinement consciente en tout cas, on va dire. Rien qui m’obligea toute fois à éviter à tout prix de lui faire détruire sa chemise. C’était son problème au fond. Je répondais donc par l’affirmative à ses paroles :
« Si ça ne te gêne pas, à toi de voir. »
Je suis plus à ça prêt cette semaine ? Intéressant. Apparemment, je n’étais pas la seule à avoir des petits soucis. Entre ça et ses histoires d’éviter les secours, je commençais à me douter qu’il ne devait pas être aussi innocent que je ne le pensais au premier abord. Il faut dire que pour être aussi discret, il fallait quand même être un peu louche aussi. Parce que les gens qui ne savaient pas dans quoi ils mettaient les pieds étaient souvent un peu trop curieux pour rester en bonne santé. Je regardais son petit sourire, m’hasardais à en lui retourner un, léger, me déridant un peu. Pas besoin de faire une tête d’enterrement vingt quatre heures sur vingt quatre, non ? Enfin, pour en revenir à cette histoire, celle avant que j’aborde les sourires et tout ça, je n’allais pas aller chercher la petite bête. Après tout, lui ne me posait pas de questions embarrassantes, enfin, pas trop. J’avais bel et bien l’intention de faire de même. Chacun ses problèmes. Je ne trouvais pas que je méritais ne serait-ce que son attention, alors, tant mieux s’il n’allait pas plus loin. Il enleva sa veste, s’apprêtais à enlever la chemise, quand il se figea en plein mouvement. Après m’avoir signifié qu’il finirait de s’occuper de ma cheville, il partit en direction du bar. Je le suivais un moment, tant qu’il resta dans mon champ de vision direct, mais décidais de ne pas me dévisser le cou pour le surveiller. Je pouvais me détendre deux minutes. J’espère. Toujours cette manie de tout dramatiser. Il fallait vraiment que je me calme les nerfs…
Tandis que le beau jeune homme était absent je titillais pensivement une mèche de mes cheveux. Ici sans être vraiment là. Je me demandais s’il allait insister à propos de cette histoire de domicile. Ça avait l’air de le déranger à première vue. Déjà que je me sentais mal de lui mentir après tant de sympathie, il fallait qu’il en rajoute une couche en plus. Un coup monté, je vous dis. Oui, j’étais capable d’avoir mauvaise conscience, comme tout le monde. J’insiste, je rabache, parce que je ne suis pas certaine que vous ayez compris. Je le regardais revenir vers moi après quelques minutes avec un plateau dans les mains. Deux tasses, du jus d’orange et des pancakes. J’avais oublié que je venais d’accepter de manger un peu. J’ai la mémoire un peu occupée par des choses plus importantes, navrée. Après m’avoir invitée à commencer, Lukaz déboutonna sa chemise, pour la retirer finalement.
J’haussais légèrement les sourcils. Une cicatrice récente, et à vue d’œil j’aurais parlé d’une blessure par balle, ornait son épaule. Voilà qui confirmait mes impressions sur son innocence plutôt compromise. Visiblement je n’étais pas la seule à avoir des petits soucis dans cette pièce. Je me forçais à ne pas paraître trop insistante, et reportais mon attention sur les yeux bleus du jeune homme. Je n’avais pas la moindre intention de lui poser une question. Comme je vous l’ai expliquée plus tôt, ou peut être pas, je n’avais pas à me mêler de ses affaires. Lui ne se mêlait pas (trop) des miennes. Je regardais le plateau sur la table, tandis qu’il m’invitait à commencer. J’avais accepté, mais je n’avais pas très faim, soit dit en passant. Je chipotais un peu dans l’assiette, en buvant quelques gorgées de chocolat chaud. Lui, il continuait de s’occuper de moi. Je me crispais involontairement tandis que ses gestes rappelaient à ma mémoire divers souvenirs, plus ou moins agréables. Je n’avais pas envie d’y repenser plus en détail, c’est pourquoi, je goûtais les pancakes, sans appétit, histoire d’être habitée par autre chose que cette saleté que l’on nomme « passé ». Quand il eut fini, Lukaz me proposa de continuer sur sa lancée avec ma main. Je regardais celle-ci un instant, les cloques, la peau visiblement morte, tout ça. Avant que j’ai le temps d’acquiescer, il réattaqua. Mais c’est qu’il y tenait à cette histoire de maison. Je me décidais brutalement. Il l’avait cherché au fond. Me disais-je pour me réconcilier avec moi-même. Je répondais dans l’ordre à ses paroles, élevant légèrement ma main brûlée devant moi, contemplant pensivement la chair lésée.
« Si ça te ne dérange pas de t’occuper de la main aussi, je ne dirais pas non. Petit accident ménager, et pas de capacité pour soigner ça. Tu comprendras j’imagine. »
Oui, il comprendrait. D’après ce qu’il avait dit dés le début, il devrait en tout cas. Ou alors j’étais (encore) en train d’accorder ma trop rare confiance à quelqu’un qui ne la méritait pas. Mais n’étant pas devin, il fallait bien que j’essaye pour voir. « Tu m’es sympathique et j’ai pas envie qu’il t’arrive encore une tuile. » Je tiquais. Un peu. Beaucoup même. Du genre, mais bien sûr. Je n’y crois pas une seconde. Serait-il assez observateur pour remarquer ma réaction un peu idiote ? Peu m’importait vraiment. Je continuais donc :
« J’ai ce qu’il faut chez moi. » (oups mensonge. Pas fait exprès) « Si tu tiens tant que ça à raccompagner, pas de soucis. J’habite au 36, Lane Street. C’est à deux pas d’ici. Mais on pourrait attendre encore un peu ? Je ne veux pas rentrer. Pas de suite. »
J’étais passée devant en arrivant. Deux rues plus loin, cinq minutes à pied. Bon, ce n’était pas mon adresse. J’avais enfin trouvé un peu d’inspiration pour me défaire de lui. A regret, certes, mais c’était nécessaire. Non seulement pour moi, mais pour lui aussi. Je n’avais pas envie d’entraîner un inconnu, aussi louche soit-il, dans ma galère personnelle. Oui, je vous rappelle que je reste une criminelle notoire. Il paraît. Je remarquais que tandis qu’il parlait, sa main s’était portée à son épaule blessée. Je suivais le mouvement du regard, l’observais un instant, entrouvrais la bouche pour dire quelque chose. Cependant, finalement, je me tus. Je n’avais rien à demander, rien à savoir. La curiosité est un bien vilain défaut. Et remarquez qu’à une lettre près, la dernière phrase était vraie. « Je ne veux pas » devenait « je ne peux pas ». La vérité est si facile à transformer en mensonge, non ?
Je buvais encore un peu de chocolat chaud, et grignotais un peu également. Toujours pas d’appétit. J’en profitais pour relancer la conversation. Chacun son tour d’essayer de répondre sans se dévoiler de trop à l’autre hein. Oui, un coup ridicule, mais j’étais un peu curieuse aussi. Et puis, peut être que lui n’avait rien à cacher au fond. Je pouvais me faire des idées. Je ne le connaissais pas, il n’était qu’un inconnu rencontré par hasard. Si l’on admettait que le hasard existe.
« Et comment se fait-il que tu sois dehors à cette heure là ? Qui je dois remercier d’être tombée sur toi et pas un psychopathe en puissance ? »
Je le regardais, mi sérieuse, mi rieuse. Sérieuse, parce que ça pouvait parfaitement arriver de tomber sur des psychopathes en puissance dans cette saleté de ville. J’en suis la preuve vivante, je dois dire. Rieuse, parce que pour lui, je prenais le ton de la plaisanterie. Jusque dans ma voix, on pouvait entendre que je ne parlais pas comme si j’attendais une réponse raisonnable et raisonnée. De toute manière, esquiver ne serait pas trop dur dans le cas où il voudrait éviter de répondre. Dire qu’il travaillait de nuit, qu’il commençait tôt, n’étaient que deux exemples évidents des petites… « justifications » qu’il pouvait trouver. S’il voulait être sincère, et bien, tant mieux pour lui. Sinon, je n’allais pas en faire tout un foin. Je l’observais, une lueur vive dans les yeux, sans doute (je me connais), tandis qu’il buvait un peu lui aussi. Je commençais à me sentir un peu à l’aise, finalement. Presque. Pour un peu, j’aurais pu me détendre. Comme si la normalité avait frappée à ma porte l’espace d’une heure ou deux. Si l’on élargit le mot normalité. Se faire soigner une cheville foulée et une main brûlée par un inconnu en se faisant mutuellement quelques cachotteries n’étaient pas forcément la normalité pour tout le monde. Mais pour moi, et c’était moi qui comptait actuellement (on parle bien de moi, après tout, de mon histoire ?), c’était l’équivalent à la normalité. En admettant qu’être normal était possible. Chacun ayant sa propre perception des choses, on ne pouvait après tout pas dire qu’il y avait une normalité définie clairement. Cet avis n’engage que moi, cependant. Libre à vous de penser ce que vous voulez.
Je me remettais à manger, un peu. Avec à peine plus d’enthousiasme que deux minutes auparavant, mais je n’avais pas l’air affamée on va dire. Plutôt même tout le contraire. Je regardais le jeune homme avec un sourire en coin. Je retrouvais une partie de moi qui étais restée sous-jacente ces derniers temps. L’humaine, celle qui était encore agréable à vivre. Si je n’avais pas voulu verser dans le cliché, j’aurais ajouté que je sentais une vague de chaleur m’envahir. Un peu de joie dans mon monde de nuit.
◊ Lukaz Le Guen ◊
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Lukaz se laissa enfin tenter par les pancakes et surprise, ils n’étaient pas si mauvais que cela. Finalement, peut-être que la cuisine était meilleure que l’état général de ce petit bistrot, même s’il était évident qu’il valait sans doute mieux éviter de penser à son état à elle. Il avala donc une grosse bouchée de ces crêpes américaines, appréciant le goût sucré du sirop d’érable. Dans sa petite vie, c’était ce genre de choses qui lui manquait le plus. En effet, il ne prenait pas vraiment le temps de cuisiner pour lui et bien souvent il n’en avait même pas envie. Une chose était sûre, c’était plus que dommage, d’autant que c’était pour lui le seul moyen d’avoir droit à une nourriture de qualité. Il avait depuis longtemps fait le choix d’éviter les restaurants et autres commerces du genre, préférant éviter les lieux dans lesquels les gens avaient tendance à se concentrer. D’accord, il restait totalement inconnu des services de police, mais ça n’était pas une raison de tenter le diable. Peut-être était-il un peu parano, mais il préférait ça que de se faire prendre. Ne serait-ce qu’en raison de ses relations avec la famille Gambino. C’était une raison suffisante pour se faire choper et ensuite, les événements s’enchaineraient de la plus mauvaise façon pour lui. C’était déjà arrivé à d’autres, alors tant qu’on pouvait l’éviter…
Lukaz reposa sa fourchette et un petit sourire s’afficha sur son visage alors qu’Eva donnait sa réponse. C’était une bonne chose à faire que de bander cette main, même si le meilleur remède restait encore d’apporter des soins adéquats. Mais comme c’était totalement impossible, il n’avait guère le choix de la marche à suivre. Quant à cette histoire d’accident ménager, il avait un peu de mal à y croire… Elle aurait bien sûr pu se renverser une casserole d’eau bouillante dessus, ça arrivait souvent aux plus maladroits… Mais dans ce cas, comment expliquer les brûlures de sa veste ? Le seul accident qui pouvait provoquer de tels dégâts serait encore l’incendie de sa maison, ce qui pouvait expliquer ses réticences à en parler… D’un seul coup, le jeune homme se sentit presque mal, même si quelque chose le dérangeait encore… Il avait beaucoup de mal à croire qu’Eva était sincère… Mais d’un autre côté, il s’en moquait. Qu’elle garde ses secrets si elle en avait envie, ça ne le regardait pas. Tant qu’elle n’avait pas l’intention de le tuer pour une folle raison, ça lui suffisait amplement. Il répondit quand même pour lui faire comprendre son état d’esprit à ce sujet.
« Bien sûr que je comprends. Pas plus tard qu’hier, j’ai failli me brûler en réchauffant des pâtes… C’est souvent les accidents les plus bêtes qui sont les plus dangereux. »
Toutefois, en à peine quelques secondes, le doute qu’il lui avait laissé vola en fumée. En effet, elle venait enfin de consentir à lui dire où elle habitait et c’était juste à côté. Alors, pourquoi tant de mystères jusque là ? Avait-elle peur de lui ? Ou lui mentait-elle ? Visiblement, sa maison n’avait pas cramé. Alors à quoi devait-elle ses brûlures ? A moins qu’elle ait réellement mis le feu mais qu’elle lui donne une mauvaise adresse, dans le but de se débarrasser de lui. Ce n’était pas impossible. Après tout, elle ne savait rien de lui et elle n’avait aucune raison de lui faire confiance. Sans oublier qu’après sa nuit blanche, il devait sans doute avoir une tête de déterré, à laquelle il fallait rajouter sa blessure à l’épaule. De quoi faire douter sérieusement Eva quant à ses intentions… D’un autre côté, elle était armée d’un flingue et d’un couteau. Et même suisse, un couteau peut être une arme mortelle… A se demander lequel des deux devait le plus se méfier de l’autre…
« Bien sûr, pas de souci. J’ai pas un programme très chargé, alors on peut prendre le temps que tu veux. Pis tant qu’à faire, le mieux reste encore que tu laisses ta jambe se reposer un peu. »
Comme il avait un peu faim, il profitait du fait que sa voisine de table mange un bout pour faire pareil. Il reprit donc une part de pancakes tout en sirotant son chocolat chaud. Puis, dès qu’il aurait terminé, il s’occuperait de bander au mieux sa main, histoire que cette dernière la fasse moins souffrir. Même si elle n’en montrait rien sur son visage, nul doute qu’elle devait bien le sentir… Finalement, elle rompit le silence pour lui poser une question apparemment toute banale. Il était vrai qu’elle avait le droit de le demander, histoire de dissiper les doutes sur son éventuelle identité de malfaiteur. Il était bien sûr évident qu’il ne pouvait pas dire la vérité, à savoir qu’il était un voleur et qu’il venait d’effectuer un cambriolage. Il ne pouvait pas non plus dire qu’il habitait ici. Mais alors, quelle excuse bidon devait-il sortir ? Qu’est-ce qui passerait le plus inaperçu ?
« C’est une excellente question. Je pourrais te dire que je me baladais aussi mais je serais pas très crédible, vu que j’habite plutôt loin. En fait, c’est très simple. J’ai un ami qui habite juste à côté. Il travaille de nuit et il m’a appelé tôt pour me demander un service. Il pensait être parti en ayant oublié de couper son chauffage et voulait que j’aille vérifier. Comme je devais de toute façon passer par là un peu plus tard, je me suis décidé à faire un tour assez tôt, histoire de vérifier. Il avait peur que son chaton en souffre. »
La seule chose vraie dans toute cette histoire était que le type à qui il avait rendu une visite nocturne travaillait de nuit. Pour le reste… Ce n’était que pure invention. Est-ce qu’elle allait le gober, il n’en savait rien. Il espérait juste que, même si elle savait qu’il mentait, elle ne le ferait pas savoir et se contenterait de sa version. Elle n’avait pas besoin de connaître la vérité. Il volait, oui, mais dans un certain sens, ce n’était pas pour de mauvaises raisons. Un peu comme le fait qu’il se droguait. Cela dit, il y avait toujours des gens pour qui le vol et la drogue étaient le mal, alors inutile de s’enliser dans des explications sans fin.
« Par contre, je ne sais pas qui tu dois remercier. En fait, j’étais sur le point de partir quand j’ai entendu un juron. Alors j’ai regardé par la fenêtre et je t’ai vu. Comme tu semblais avoir besoin d’aide, je me suis dit que je devais venir te voir. Et voilà. »
Tout en parlant, Lukaz avait réussi à finir sa part de pancakes et son chocolat chaud. Comme il n’était pas bien gros, il avait réussi à se remplir l’estomac et n’avait donc plus vraiment faim. Il se dit un moment que le verre de jus d’orange ne lui ferait pas de mal, mais il avait encore le temps de le boire. Pour l’heure, il se décida à passer à l’étape suivante du mode Docteur Lukaz. Eva semblait aussi avoir plus ou moins terminé son petit-déjeuner, alors autant s’occuper de ça avant de passer à autre chose.
« Si t’as fini, je veux bien regarder ta main. Bon, vu ce qu’on a sous la main, je vais juste pouvoir te la bander. Une fois chez toi, le mieux serait de bien la laver, de passer une bonne crème contre les brûlures dessus avant de refaire un bandage propre. Mais en attendant, ça te protégera au moins un minimum des infections. »
Le jeune Français savait plus ou moins de quoi il parlait. Quand on est forain, on rencontre toute sorte de situations bizarres, surtout dans les foires à l’ancienne, celles qui font mix entre la foire et le cirque. Les brûlures sont fréquentes et on les soigne comme on peut, avec des méthodes traditionnelles. C’est encore le mieux pour des forains mutants… Pour simplifier la tâche, Lukaz se leva une nouvelle fois de sa chaise. Il se laissa glisser sur la banquette en U, juste à côté d’Eva, sur la partie libre où ne reposait pas sa jambe. De cette manière, il lui était beaucoup plus facile de regarder sa main et il n’avait pas besoin de se pencher sur elle à s’en déboiter le cou. Il était aussi beaucoup plus prêt de la belle jeune femme, ce qui était loin de lui déplaire. Attirant la main à lui en prenant toutes les précautions possibles, il la regarda un moment, avant de se mettre au travail. Se servant des bandes qui lui restaient, il lui banda la main au mieux de ses possibilités. Ce n’était pas une technique très efficace, mais c’était toujours mieux que rien. Finalement, il parvint à protéger la main elle-même ainsi que la première phalange de chaque doigt, le pouce mis à part. Il ne pouvait de toute façon pas faire mieux.
« Bon, voilà. C’est pas terrible, mais je me vois pas faire mieux. Cela dit, je pense que ça reste mieux que de ne rien faire… Au fait, je voulais te demander… Eva Green, c’est ton vrai nom ? Attention, j’insinue rien de mal ! C’est juste que je trouve ça drôle. Tu as le même nom qu’une actrice de mon pays. Elle a tourné pas mal de films il y a quelques années, même si on la voit plus trop aujourd’hui. Mais on te l’a peut-être déjà dit. »
Même s’il ne l’avait pas forcément montré, Lukaz avait tiqué sur ce nom dès qu’elle l’avait dit. C’était assez drôle qu’une parfaite inconnue qu’il aide dans la rue porte le même nom qu’une actrice de son pays. Dans les années 2000, elle avait joué quelques films dont l’un des très nombreux James Bond. Mais si Lukaz se souvenait d’elle, c’était surtout pour le film Toujours humain, sortit en 2018 et dans lequel elle jouait le rôle d’une jeune femme qui faisait tout son possible pour aider un mutant qu’elle avait rencontré par hasard et duquel elle tombait petit à petit amoureuse. Ainsi donc, la coïncidence l’amusait assez.
◊ Kaileen Moore ◊
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Le jeune homme avait lui aussi mangé un peu. Il semblait sceptique quand à mes histoires, cependant malgré ses paroles, je n’y prêtais guère attention. Etant moi-même curieuse de savoir s’il était aussi innocent qu’il le montrait durant notre rencontre, je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir des doutes sur moi. J’aurais parfaitement pu lui expliquer que j’avais fait une mauvaise rencontre dans les rues de la ville, mais imaginer seulement dévoiler quelque chose de moi (qui sois vrai bien entendu) ne m’emballait pas le moins du monde. La méfiance était réciproque, et je me doutais qu’il devait se poser quelques questions sur moi, d’autant plus que j’étais armée. J’aurais haussé les épaules si j’avais été seule, je me contentais ici de me désintéresser de la question. Je ne me séparais jamais de mes armes, pour la simple et bonne raison que je n’étais jamais en sécurité. Je préférais mille fois inspirer la crainte, le doute, ou quelque émotion que ce soit plutôt que de finir au choix emprisonnée ou morte. De toute manière malgré ses réticences évidentes à accepter sans discuter ma (bancale j’avoue) version des faits, il ne cherchais pas trop loin, alors.
Quand il accepta de rester quelques temps encore dans le bar, je soupirais discrètement de soulagement. J’espérais encore trouver une autre solution que de l’attaquer. Exprimer ma reconnaissance ainsi n’était pas dans mes habitudes, et qu’on m’apporte de l’aide était trop rare pour que je puisse dire que j’avais souvent dû me débarrasser de cette manière de mon « sauveur ». Oh, bien sûr, il n’avait rien à craindre de plus qu’un petit passage par la case « pays des rêves ». C’était cependant déjà bien trop, trop pour quelqu’un avec qui je me sentais à l’aise. Je détournais un instant le regard quand le visage de la dernière personne à qui je m’étais confiée me revint en mémoire. Dur de se dire que la personne qui vous connaissait le mieux était aussi celle que vous haïssiez le plus. Je me raidissais un peu, serrant involontairement le poing. Lukaz ne serait pas une énième erreur de ma part. Il fallait que je continue à me fermer. Pour ma sécurité, parce que j’avais déjà trop risqué. Je reportais mon regard dans celui de mon interlocuteur, une tristesse presque imperceptible dans le brun profond de mes yeux. Puis, je reposais ma fourchette en ayant bien peu mangé au final, avant de boire un peu de jus d’orange... J’avais l’estomac noué. J’avais beau être décidée, j’hésitais. L’idée est difficile à saisir, je l’admets volontiers, mais je ne savais pas exprimer autrement mon état d’esprit. Disons que j’avais conscience de ce que je devrais faire. Bien que ce n’était pas ce que je voulais faire. Je me fis violence pour me convaincre moi-même que je n’avais pas le choix, en réussissant cette fois à ne rien laisser paraître à l’autre.
J’écoutais son histoire de chauffage et de chaton sans mot dire, ne laissant à aucun moment deviner ses doutes quand à la véracité de celle-ci. J’avais au moins le mérite de savoir être discrète. On me donnait une explication, peu m’importait qu’elle soit véridique, tant qu’on me répondait. Et il aurait été ridicule de demander des comptes quand lui évitait de trop me questionner, bien que son insistance tendait à m’énerver un peu. Néanmoins, je comprenais parfaitement qu’il ne voulut pas me dire ce qu’il faisait à cette heure là dans les rues. J’estimais bien qu’il n’avait pas besoin de savoir dans quelle situation je me trouvais actuellement. D’ailleurs, je ne pensais pas seulement à moi en mentant. D’accord, c’était avant tout une mesure de protection, cependant, je ne voulais pas non plus entraîner dans mon monde délirant un inconnu. D’autant plus que j’avais beau me méfier, ce qu’il me disait tenait debout. J’avais simplement trop conscience de vivre à une époque où votre voisin pouvait être une toute autre personne que celle que vous croyiez connaître pour gober sans y penser n’importe quelle parole. Je haïssais l’humanité toute entière, c’était ce que je croyais, et je me rendais compte qu’au fond, je trouvais encore le temps de me soucier un minimum d’autre que moi. J’étais à la fois soulagée de cette prise de conscience, et apeurée. Quoi que l’on en dise, l’aventure et le danger ne finisse pas par effacer la peur. J’avais peur, à chaque minute, à chaque seconde, j’étais simplement capable d’occulter ce sentiment là pour faire face à d’autres choses plus importantes.
Je réagissais malgré tout à la suite. Avec un sourire toujours léger dessiné sur les lèvres, je m’entendis lui dire d’une voix douce :
« Merci pour ton aide. Tu n’étais pas obligé de rester, mais tu l’as quand même fait. Je… Non, oublie. »
Je ne savais pas que des gens capables d’aider quelqu’un sans rien attendre en retour existaient encore. J’aurais voulu exprimer cette idée là, mais je ne savais pas comment le faire, je ne savais pas dire ce genre de choses. Un peu gênée, je regardais le bout de la pièce que je voyais, plutôt que de continuer à m’intéresser au beau jeune homme. Il reprit la parole, me demandant s’il pouvait s’occuper de ma main. J’avais à peine acquiescé d’un léger signe de tête, pendant que lui me donnait quelques conseils (une fois chez moi ?, avais je envie de répondre, interloquée, avant de me souvenir qu’il croyais que j’avais encore un domicile) qu’il se glissa à côté de moi sur la banquette. Je tressaillais un peu en le voyant si proche de moi. Malgré toutes ses précautions, je grimaçais en sentant mon rythme cardiaque s’accélérer quand il prit ma main blessée. Le temps qu’il fasse le bandage, j’étais tendue, essoufflée, bref, mal en point. Imaginer la douleur que j’aurais dû ressentir ne m’aidait en rien, au vu de la réaction de mon corps. Je me décomposais encore plus en entendant la suite. Bien sûr, une parfaite inconnue dans le pays s’appelait Eva Green, puisque j’avais volé son permis de conduire à la Eva en question. Mais étant occupée à gérer ma dépense subite d’énergie, j’aurais apprécié qu’il ne recommence pas à chercher la petite bête.
Le regard fixé sur le bandage dans ma main, d’abord, en essayant de garder une respiration régulière, je finissais par me laisser aller contre le dossier du siège, déplaçant doucement ma jambe de manière à ne pas trop solliciter mes muscles. Je fermais les yeux, ne me souciant pas trop de ce que pourrait en penser Lukaz. Pas bien longtemps, juste le temps de laisser mon cœur se calmer. Suffisamment pour qu’il le remarque. Je n’avais aucun moyen de savoir la tête que j’avais, peut être étais je un peu pâle, ou alors à peu près normale au contraire. Ne m’étant pas brûlée très souvent, contrairement à d’autres blessures bénignes que je connaissais par cœur, je n’avais jamais connu les effets de mon don là-dessus. Pendant ce temps là, je réfléchissais à ce qu’il m’avait dit. De mon pays ? Je n’étais donc pas folle, son accent n’était pas le fruit de mon imagination un peu trop efficace. Une fois de nouveau parfaitement maîtresse de moi-même et pas avant, je répondais comme si de rien était :
« Ah, oui, on me l’a déjà dit. J’ai vu certains des films où elle a joué, mais ça fait un moment que je n’ai rien regardé… Tu es français alors, je me disais aussi. »
Il commenterait ou non mon espèce de pseudo malaise, ça ne me gênerait pas de toute manière. En attendant, son accent m’avait aiguillé quand à sa provenance. Les français ne sont pas extrêmement doués pour les langues, mais lui se débrouillait bien. En fait ce qui était perceptible dans sa voix et sa façon de parler était tout juste suffisant pour en être sûr, cela étant dû au fait qu’il vivait depuis un certain temps aux Etats-Unis. Et puis, après tout, tous les français n’étaient pas mauvais non plus, n’exagérons rien. Non, ce n’était pas mon vrai nom, mais je n’allais pas lui lâcher ça après mes efforts pour me dissimuler. Et le « on me l’a déjà dit » valait confirmation. Bon, un mensonge de plus dans la liste qui allait s’agrandissant. Il ne pouvait pas arrêter avec ce genre de questions, non ? Enfin…. Je demandais à mon tour, faisant montre d’un intérêt réel, l’observant à nouveau, sans pouvoir m’empêcher de regarder la cicatrice qui ornait son épaule quand je me tournais vers lui (un peu, étant restreinte par mes mouvements par ma jambe étendue) :
« Tu es arrivé aux USA depuis longtemps ? On entend pas tellement que tu es étranger, finalement ! »
Je n’avais jamais voyagé à l’étranger, mais il fallait avouer que j’aurais adoré voir Paris, et que comme beaucoup de gens dans le monde, j’aurais bien aimé visiter ce pays qui me semblait lointain, goûter à leurs baguettes, voir la Tour Eiffel et le Louvre… Tant de choses qui ne m’arriveraient jamais tant que la séparation entre hommes et mutants dureraient. Sans être non plus désespérée à cette idée, je me sentais privée de quelque chose, d’un droit de plus. Aurais je été une mutante bien sage et soumise, j’aurais pu y aller. Et pourtant, pas de marche arrière possible. Pas pour moi. D’où ma curiosité. Je continuais, ajoutant encore quelques questions :
« Comment c’est, Paris ? Tu y es allé, j’imagine ! J’aurais voulu pouvoir visiter la France, mais je n’ai jamais pu le faire, alors… Tu as vu le Louvre, la Tour Eiffel ?? »
Sans que je ne m’en rende compte, je m’étais encore relâchée, je parlais avec enthousiasme, naturellement, sans devoir réfléchir à ce que j’allais dire, pour éviter de me trahir. Je pouvais mener une conversation normale, et le sujet m’intéressait. Que demander de plus ? Bon, j’avais une sacré liste de réclamations, mais je n’allais pas faire la difficile. J’avais un français (sans doute) sous le coude, autant en profiter non. Et avouons que ça me permettait aussi de détourner la conversation de moi, de mes blessures, et de mon appartement inexistant. J’avais avec une délicatesse poussée à l’extrême reposé ma main à présent entourée de tissu sur la table. Bien sûr, je n’étais toujours pas complètement rassurée de le savoir si proche de moi, d’un autre côté, sa proximité ne me déplaisait pas non plus. Je regardais son sourire un court instant, retournais à ses beaux yeux bleus en attendant sa réponse avec un sentiment qui était presque de l’impatience.
◊ Lukaz Le Guen ◊
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Lukaz avait légèrement tiqué, quand Eva l’avait remercié pour son aide, juste avant qu’il ne s’occupe de sa main. En effet, elle soulignait le fait qu’il était resté alors que rien ne l’y obligeait… Mais, comment aurait-elle réagi si elle avait su que sa première idée avait été de l’abandonner sur place ? Dans un sens, ça n’était pas forcément important, parce que finalement, il était revenu vers elle, mais d’un autre côté, s’il avait agi ainsi, c’était surtout parce qu’une autre l’avait aussi fait pour lui quelques temps avant. Mais allez savoir, peut-être que c’était là la raison qui faisait toute la différence et que pour ça, il méritait ces remerciements… A moins qu’il ne s’était agi de quelque chose de tout à fait normal à attendre de sa part, si l’on pouvait encore espérer qu’il y ait quoi que ce soit de normal dans ce monde de fous. Le jeune Français nota aussi qu’elle ne termina pas sa phrase, mais il n’insista pas à ce sujet. Si elle préférait se taire, il ne pouvait pas la forcer à parler malgré tout alors qu’ils venaient tout juste de se rencontrer.
Quant à ses questions au sujet de son nom, il ne voyait absolument rien de mal là-dedans. Lukaz appartenait à un monde où le mensonge était roi et par conséquent, il ne se formalisait pas si on ne lui disait pas la vérité. Tout le monde avait ses raisons de mentir et ces dernières n’appartenaient qu’à soi. Mais il restait malgré tout un humain et de fait, il demeurait incroyablement curieux. C’est pour cela qu’une telle coïncidence au sujet d’un nom ne pouvait que l’intriguer. Mais de toute façon, Eva n’était pas obligé de lui répondre, elle faisait ce qu’elle voulait. Pourtant, Lukaz avait bien envie qu’elle lui parle, ne serait-ce que pour lui changer un peu les idées, ce qui ne lui ferait pas de mal. A voir sa tête, elle devait avoir relativement mal, ce qui n’avait rien d’étonnant vu son pied et sa main. Alors si parler un peu pouvait détourner ses pensées de la douleur, c’était toujours ça de gagné. Après quelques instants de silence, elle finit enfin par lui répondre. Quand elle émit l’affirmation qu’il était Français, il acquiesça simplement d’un signe de tête, laissant un sourire illuminer son visage. Elle lui posa ensuite une question, ce qui ne fit que s’agrandir encore un peu son sourire. Comme on dit souvent, chacun son tour, non ? Avant de répondre, Lukaz changea toutefois un peu de position, se tournant de manière à faire presque face à Eva, repliant une de ses jambes sur la banquette, tandis qu’il passait son bras derrière la jeune femme. Plongeant son regard dans celui de son interlocutrice, Lukaz pencha légèrement la tête de côté, se mordillant la lèvre inférieure alors qu’il réfléchissait. Puis il prit enfin la parole.
« Ah ? Tu es bien la première à me dire ça. En général, les gens me disent plutôt que j’ai un accent à couper au couteau… Mais merci, ça fait quand même plaisir. Sinon, oui, ça fait quelques temps que je suis arrivé dans ce pays, mais sans doute pas aussi longtemps que tu sembles l’entendre.Comptant sur ses doigts.Ca va faire 15 mois. A peu de choses près. »
En effet, Lukaz avait d’abord longtemps sévi en France, mais depuis peu, la situation demeurait invivable là-bas. Bien sûr, il n’était pas spécialement menacé étant donné qu’il n’avait jamais été repéré par les autorités, mais ça ne l’empêchait pas de se sentir coincé dans quelque chose d’étouffant. Il avait donc décidé de tout laisser tomber pour reprendre un nouveau départ et il avait atterri à Las Vegas. Là, il avait commencé à faire usage de son don à la sortie des casinos, puis il était devenu un cambrioleur assez connu. Il avait travaillé environ un an pour un petit caïd de la ville et ce dernier avait fini par lui dire que ceux qui l’employaient désiraient le voir personnellement. Il était donc parti pour Achaea et il y avait rencontré Salvatore Gambino, un homme connu et craint. Ce dernier lui avait donné une chance de faire ses preuves. Il avait eu une semaine pour rapporter des informations précises au manoir… Lukaz était revenu le quatrième jour. Dès lors, il avait fait connaissance avec ces gens, devenant l’une des nombreuses petites frappes qu’ils employaient, même si Lukaz aimait à penser qu’il était un peu plus étant donné les liens qu’il entretenait avec Vincenzo, le neveu du parrain. Cela faisait donc trois à quatre mois qu’il était arrivé en ville.
Comme c’est souvent le cas avec les étrangers, et encore plus avec les jeunes filles, Eva le questionna sur Paris, la ville des Amoureux, comme on dit. Oh, bien sûr, il pouvait comprendre que cet endroit avait quelque chose d’accueillant pour les étrangers, mais du moins, tant qu’on n’était pas un mutant reconnu. Sinon, on risquait plus de visiter la prison de la Santé plutôt que le musée du Louvre.
« Paris… Oui, j’y suis allé, mais je n’ai pas vraiment eu le temps de visiter. Ce que j’en ai vu m’avait l’air sympa, mais ce n’était qu’une infime partie de la ville. J’ai pu admirer la Tour Eiffel. C’est quelque chose d’impressionnant, je dois bien l’avouer. Mais pour ce qui est du Louvre, disons que les gens comme moi en sont poliment… éloignés. »
Reprenant la même pose, lèvre légèrement mordue, Lukaz réfléchit. Que devait-il lui révéler maintenant ? Que les mutants étaient refusés dans ce lieu ? Bien sûr, c’était vrai, mais ce n’était pas à ça qu’il avait pensé en expliquant cela. Seulement voilà, la façon de vivre qu’il avait eu en France n’était pas forcément non plus très appréciée des gens, alors comment savoir ce qu’en dirait Eva ? Il n’y avait pas le moindre moyen, à dire vrai, mais bon… Qui ne risque rien, n’a rien, comme on dit. Alors, autant lui parler un peu plus de lui… Pour ce qu’il avait à perdre.
« En fait, j’ai longtemps vécu dans une troupe de forains. C’est pour ainsi dire ma famille, vu qu’ils m’ont élevé depuis que j’étais tout bébé. Enfin bref, c’est avec eux que j’ai été amené à visiter Paris. Du coup, comme tu peux l’imaginer des enfants, on est un peu parti à l’exploration de nous-mêmes, mais il faut croire que c’est écrit sur ton front que tu es forain… Les flics et les agents de sécurité te font bien souvent comprendre que tu ferais mieux d’aller voir ailleurs… Ce que tu fais quand tu es petit. Pis avec l’âge, tu commences à connaître les endroits qu’il vaut mieux éviter si tu ne veux pas d’ennuis… Du coup, j’ai beaucoup vu de la France, mais pas vraiment du côté des touristes. Je serais donc bien en peine de te parler du Louvre, de Notre-Dame ou de tout autre lieu de ce genre… »
En effet, pour les gens, un forain est souvent considéré comme une espèce de vagabond, ce qui était d’autant plus vrai dans leur cas à eux. Il faut dire qu’ils étaient bien loin des forains modernes avec leurs attractions high-tech… Eux, c’était plutôt foire à l’ancienne, à mi-chemin entre la fête foraine et le cirque ambulant… Il y avait les traditionnels carrousels et autres manèges du genre, mais aussi la tente du Docteur Futur, l’habituel devin, la Montagne, un homme de force, etc. Du coup, on les acceptait un peu partout, mais on les surveillait de près. Et dès qu’il y avait un problème, ils étaient forcément les responsables… Malgré tout, Lukaz avait aimé cette période de sa vie, parce que ça avait été plutôt sympa de vivre ainsi.
« Alors comme ça, tu as l’air d’aimer la France ! Tu sais, c’est pas parce que tu en as pas encore eu l’occasion que tu ne pourras pas y aller un jour. De mon côté, je pense pas y retourner avant un bout de temps, mais on sait jamais, si d’ici là on se connait encore, je pourrais t’emmener avec ! Tu es Américaine ? D’Achaea même ou d’ailleurs ? En dehors du Nevada, je n’ai pas eu l’occasion de voir beaucoup le pays… »
Lukaz gardait son sourire en disant cela, mais il était aussi en partie sérieux. Il espérait bien pouvoir garder le contact avec cette jeune fille sympathique, même si elle ne disait pas tout. Alors selon ce que réservait l’avenir, il pourrait toujours envisager un retour dans son pays avec elle !
◊ Kaileen Moore ◊
۞ Mutante Hostile ۞
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Visiblement, mon interlocuteur se sentait bien plus à l’aise que moi dans cette relation banale que nous avions, ce face à face tout ce qu’il y a de plus naturel dans une vie humaine. Souriant, détendu, il disait ce qu’il avait envie de dire, et bien qu’il cherchait par moment des explications à mes propos, il restait discret. Moi, au contraire, je me savais plus que stressée, même si je commençais enfin à me relâcher, et surtout, surtout, je surveillais les moindres de mes paroles avec une attention démesurée. Allant jusqu’à voir par moment des erreurs là où il n’y en avait pas. Paradoxalement, j’étais plus tranquille que jamais je ne l’avais été… Plus la conversation avançait, plus je laissais couler librement les mots hors de moi, plus je me sentais bien, en fait. Cette vérité, étrange mais agréable, me décida brusquement à confier aussi un peu de moi, un pas infime en avant, mais une avancée tout de même. J’écoutais avec attention Lukaz, attendant le bon moment relativement sereinement.
Quinze mois… Il était donc ici depuis moins longtemps que je ne l’imaginais effectivement. Quand à cette histoire d’accent, bien sûr qu’il s’entendait tout de même qu’il était français, de là à dire qu’il avait un accent à couper au couteau… Il y avait un monde. Je remarquais avec un sourire qu’il s’était animé à mes questions, ce que je pris pour un signe qu’il aimait y répondre. En tout cas, j’appréciais de savoir qu’il me répondait, d’une manière que je sentais sincère au fond de moi. Plus ou moins, cela se pouvait, cependant j’avais l’intime conviction qu’il y avait du vrai… Mon regard fiché dans ses yeux avec attention, je le vis avec surprise passer son bras derrière moi. Cette fois encore, mon cœur accéléra légèrement, plus pour les mêmes raisons pourtant… La stupéfaction avait des conséquences physiques, et la proximité du beau jeune homme de toute manière ne m’aurait pas laissé totalement indifférente (oui, un peu quand même, je peux être très douée pour tourner le dos à tout sentiment humain, et naturel quand je veux). En entendant la suite de ses paroles, je poussais un soupir, néanmoins, et réagissais plus vivement que prévu :
« C’est toujours pareil, de toute manière : dés que tu vis à peine différemment, les gens te regardent de travers. C’est d’un ridicule, je trouve. Il n’y a qu’à voir où nous a mené l’intolérance : toute cette politique anti-mutant ici, ça me dépasse. On est irrécupérable… »
Bien qu’il se disait incapable de parler de tous les lieux que je connaissais de nom, je m’intéressais à ce qu’il aurait pu me dire… Je m’apprêtais à le relancer, à l’inviter à me décrire son pays avec ses mots, ses impressions, mais il ne m’en laissa pas le temps. Quand il enchaîna, je riais doucement. Justement, si, je ne pourrais jamais y aller. Mutante, et surtout criminelle, passer les frontières m’étaient impossible sans difficultés. Majeures, les difficultés, bien entendu. Je n’avais pas le choix, je vivrais et mourrais en Amérique, cependant, je n’avais jamais vraiment cherché à m’échapper de cette réalité là. Je l’avais même bien cherché, puisque j’avais fait ces choix là, qui m’avaient conduit à cette vie là. Point final, affaire classée. Je lui disais, sans trop y réfléchir pour une fois :
« Je ne risque pas d’aller où que ce soit avant un moment. Je suis en froid avec les institutions américaines, si on peut dire ça comme ça. Même si j’aurais été ravie d’y aller, surtout en si agréable compagnie. »
Je n’en disais pas plus, mon sourire amusé toujours aux lèvres. C’était déjà un peu trop à mon goût, mais je lui reconnaissais le droit d’en savoir un peu plus sur celle qui était assise à côté de lui, sur celle qu’il avait ramassé dans la rue quelques temps auparavant. Je lui étais redevable, ça valait bien ce peu de choses qui ne me faisait rien risquer au final, non ? A son tour, il se renseigna sur mes origines, et, à peine rougissante, je commençais par lui signaler d’une voix à peine audible :
« Euh… Avant tout. Je m’appelle Kaileen, en fait. Je suis désolée de ne pas te l’avoir dit avant, mais, je suis toujours tellement méfiante à l’égard de tout le monde. Des fois, je me dirais même que je prends le monde entier comme un ennemi potentiel… C’est pas pour autant que je m’attends à ce que le prenne bien, je te demande juste d’essayer… de comprendre mon point de vue. Alors, excuse-moi. »
Une certaine amertume pointait un peu dans ma voix, tandis que je me justifiais. Bien sûr, tout le monde était un ennemi potentiel dans ma réalité personnelle. Je m’y étais fait, pourtant, à présent, j’estimais qu’il devait au moins savoir ça. Qu’on ne se quitte pas sur un mensonge, même si il n’en aurait jamais eu conscience… Déjà que ma conscience martelait en moi que je n’aurais pas dû l’autoriser à me raccompagner où que ce soit, que j’aurais dû me débrouiller autrement, histoire d’épargner au jeune homme la pénibilité d’une perte de conscience… Fichue conscience, soit dit en passant. D’autant plus que ça faisait bien longtemps qu’elle ne m’avait pas harcelé ainsi… Je décidais d’enchaîner, sans lui laisser réellement le temps de réagir, mais… Quand à dire d’où je venais… Je ne le savais pas avec exactitude. C’est ce que je lui répondais, encore une fois un peu de moi, d’un moi tangible et qui existait. Pas un peu de cette identité fictive que je m’étais créé au fil des ans.
« Je ne sais pas où je suis née exactement, ma mère ne me l’a jamais dit. Mes parents sont morts il y a un certain temps, je n’ai jamais eu l’occasion de vérifier. Et ma maison a entièrement brûlée. Donc, pas d’acte de naissance. J’ai vécu un peu dans le Massachussetts, en fait, dans une petite ville. Je ne m’en souviens pas très bien, tu sais, j’ai toujours eu la mémoire courte, en plus ! Je n’ai pas des très bons souvenirs de ces années là. L’école, c’était pas la joie, parce que… je, enfin, de part ma nature quoi. Les gosses peuvent vraiment être vaches entre eux. Ensuite, j’ai déménagé à Achaea, pour le boulot de mon père. Donc, je n’ai pas grand-chose à raconter, au final. »
Après, une petite hésitation, j’avais décidé de ne pas cacher ma nature mutante. Je commençais sérieusement à en avoir ras le bol de mentir sans arrêt, et ça se faisait sentir. Tant mieux pour lui, après tout. Et tant pis pour moi et mes secrets si bien gardés habituellement. Pourtant, je prenais cela comme le signal d’alarme. Je m’éternisais trop. Ma blessure ne s’était pas remise, ça n’allait pas se faire tout seul de toute façon. Avec son aide, je pourrais m’en aller sans trop de casse, et attendre que tout ça se soigne à l’écart. Où aller ? Je l’ignorais, et c’est à ce moment plus que jamais que le cruel manque d’un toit se faisait réellement sentir. Je m’agitais, intérieurement, débattant avec moi-même sur le thème « partir ou attendre encore ». Les négociations entre mon esprit rationnel et mon envie de tout laisser tomber, juste encore un peu, quelques minutes de plus, n’étaient pas très concluantes. En fait, c’est mon côté pratique qui triompha comme toujours. Avec le temps, j’avais pris l’habitude d’écouter mon instinct, et pas mes besoins profonds de souffler. C’était ces petites miettes d’inattention qui aurait fini par m’être fatales, dans le cas contraire.
Je ne savais pas comment lui dire que je ne voulais plus m’éterniser. Comment lui dire que j’avais peur de ceux qui pourraient passer la porte du bar dans un avenir proche, lui dire que je n’étais pas une fille qu’il fallait fréquenter durablement. Je me torturais un instant en me disant que lui aussi était en danger. Je pensais sincèrement qu’il était mutant lui aussi. Avec attention, j’avais démêlé un mot par ci, un mot par là. Cette envie d’éviter les secours était sûrement due au fait qu’il devait avoir réussi à cacher sa nature jusqu’à aujourd’hui. Si la mauvaise personne débarquait maintenant, il serait soupçonné. A coup quasi-sûr. Autant couper les ponts fragiles qui s’étaient construits entre nous dés à présent. Pendant que ce n’était rien, rien de réel et d’important (du moins tentais-je de m’en convaincre). Avec hésitation, je murmurais donc au jeune Français :
« Je vais devoir y aller. Si ça ne te gêne pas, tu pourrais juste m’aider à sortir d’ici ? Je n’ai vraiment pas besoin de plus, je sais me débrouiller… »
Et je ne voudrais pas t’attirer des ennuis, mais ça, impossible de le lâcher de but en blanc. Une dernière fois, j’essayais de l’empêcher de me raccompagner à ce domicile qui n’était pas le mien, et donc d’éviter d’avoir à faire preuve d’un peu de … violence, dirons nous. J’aurais certes eu l’option de me sauver en courant, mais j’avais trop besoin de mes jambes, au quotidien, pour risquer un handicap à vie, même léger. Alors… Je comptais sur ma bonne fortune. Peut être allait il se souvenir qu’il devait faire telle ou telle chose. Quelque chose me soufflait cependant de ne pas trop espérer, que c’était inutile. Vu l’insistance qu’il avait manifesté pour me faire dire où j’habitais, il n’allait pas abandonner maintenant… Je tendais le bras, récupérais ma veste, et la passais doucement, en prenant garde à ma main blessée, que j’avais tendance à oublier depuis toute à l’heure. Je recouvrais du même coup l’arme qui avait eu l’air de lui déplaire. Je comprenais, d’ailleurs, d’autant plus s’il avait été récemment blessé par impact de balle (mon regard dévia un instant encore sur sa cicatrice, avant de se reporter sur son visage). J’avais eu du mal, au début, à être armée. Aujourd’hui, ça ne me faisait ni chaud ni froid, et ne pas avoir le contact rassurant à ma ceinture de mon Glock m’aurait profondément déstabilisé… Amusant, comme on pouvait changer. Tout ça grâce à quoi ? Un peu d’idiotie humaine avait suffi. La mienne, et celle des hommes.
◊ Lukaz Le Guen ◊
۞ Mutant Non Recensé ۞
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La situation que vivait Lukaz était assez particulière, mais elle n’avait rien de désagréable. En effet, même s’il venait tout juste de rencontrer Eva, il aimait bien discuter avec elle. Ca avait quelque chose d’apaisant, de presque normal. Une situation que n’importe qui aurait pu vivre au quotidien, si l’on exceptait les étranges blessures de la jeune femme et le fait que lui soit en partie dénudé. Mais cela mis à part, Lukaz avait presque l’impression d’être normal… De vivre enfin comme un humain. Oh, bien sûr, pour lui, les mutants et les humains n’étaient pas très différents les uns des autres. Après tout, ce qui faisait d’un mutant, un mutant, c’était surtout son don, son pouvoir ou quel que soit le nom que l’on donne à ces capacités si particulières. C’était un peu comme le talent d’un dessinateur de bandes dessinées ou les capacités de déduction si développées des mentalistes. A la différence que ça ne faisait pas d’eux des créatures à abattre… Alors que les mutants, si… Donc, si pour une fois Lukaz pouvait se sentir presque humain, dans le sens où il n’était pas chassé et persécuté, alors oui, il allait apprécier ce moment à sa juste valeur.
D’autant plus que ce n’était pas la seule chose qu’il appréciait. En effet, il n’y avait pas que la conversation qui était agréable, son interlocutrice l’était tout autant, si ce n’est plus encore. Lukaz avait toujours aimé les jolies demoiselles et là, il était relativement bien servi. Quoi de mieux que de commencer la matinée en aussi charmante compagnie ? Oh, bien sûr, il fallait avouer que le jeune Français espérait aussi un peu plus qu’une simple discussion avec elle, même si ça n’était pas ce qu’il cherchait en priorité. Cela dit, ça l’encourageait quand même à se montrer plus que sympathique avec elle et à lui faire des révélations qu’il n’avait encore faite à personne d’autre. Dans un sens, il était vrai qu’il ne risquait pas grand-chose puisque son identité n’était pas officiellement connue dans ce pays du fait de son non recensement, mais ça n’empêchait pas qu’il offrait quand même une part de lui.
D’ailleurs, Lukaz sentait que la jeune fille semblait quelque peu troublée, mais il n’aurait pas vraiment pu dire pourquoi. Peut-être que comme lui, elle n’avait tout simplement pas l’habitude de ce genre de relations et que par conséquent elle était un peu stressée à l’idée d’être ainsi en contact avec un inconnu, tout en étant sérieusement blessée. A moins qu’elle n’ait juste pas envie de lui parler et que donc elle avait peur qu’il se rende compte qu’elle lui mentait… C’était moins probable, mais on ne savait jamais. Quant à ses désirs personnels, ils amenaient bien une autre raison à ses pensées, mais Lukaz savait que c’était plus illusoire qu’autre chose. Cela dit, il pouvait toujours espérer que la belle Eva craque un peu pour lui… D’autant plus qu’ils semblaient avoir plus en commun que ce qu’ils pouvaient penser au premier abord. En effet, les remarques un peu enflammées de la belle brune soulignaient visiblement le fait qu’elle puisse être différente, être comme lui… Une mutante. Finalement, ses troubles n’étaient peut-être pas aussi importants que cela, si elle arrivait quand même à se confier ainsi.
Quand il essaya d’en apprendre un peu plus sur l’histoire personnelle de la belle Eva, Lukaz eut la surprise de découvrir qu’en fait elle s’appelait Kaileen. Il n’avait donc pas été trop paranoïaque en soupçonnant qu’elle pouvait lui mentir. Mais d’un autre côté, il comprenait aussi facilement pourquoi elle avait pu vouloir se cacher, surtout si elle était bien une mutante. Lui-même jouait sur son identité. Après tout, s’il n’était pas recherché par la police, c’était juste parce que leur attention était rivée sur un certain Solar… Mais il était Solar. S’il n’avait pas utilisé ce pseudo un jour, il ne se serait sans doute pas non plus présenté comme étant Lukaz. Donc un petit mensonge de ce genre n’était pas si terrible. D’autant plus qu’il n’y avait pas mort d’homme.
« Alors, c’est Kaileen donc. Ca fait moins français qu’Eva, mais c’est pas vraiment un problème, je pense. Tu n’as pas à être désolée, je comprends vraiment très bien tes raisons. Moi-même dans d’autres circonstances, j’aurais pu faire pareil… Alors, ne t’excuse pas, c’est déjà oublié. »
Tout ce que venait de dire Lukaz était vrai. Il n’allait pas se formaliser pour ces détails, d’autant plus que le fait de vouloir se rattraper montrait suffisamment bien que Kaileen était sincère. Il devrait juste se faire à ce nouveau nom. Il n’eut toutefois pas le temps d’en dire plus étant donné que la jeune femme enchainait rapidement, comme pour éviter d’éventuelles réponses négatives de sa part. Elle lui expliqua simplement qu’elle ne savait pas où elle était venu au monde, sa mère ne le lui ayant jamais dit. Cela fit tiquer Lukaz, parce que c’était un peu comme lui, sauf que dans son histoire, il n’y avait aucune mère. Ni aucun père d’ailleurs… Elle poursuivit en précisant que ses parents étaient décédés et que sa maison avait disparu dans les flammes, ce qui faisait aussi d’elle une personne seule. Encore un point commun. Parce que même si ses parents à lui étaient peut-être encore en vie quelque part, il ne les avait encore jamais rencontrés. Alors dans sa tête, c’était un peu comme s’il était orphelin. Elle ajouta par la suite que ses années de jeunesse ne furent pas les plus réjouissantes en raison de ce qu’elle était. Mutante alors ? Fort probable, et c’était logique que les gens s’en prennent à elle si cette information était connue. Enfin non, pas logique puisque rien ne justifiait cela, mais au vu des mentalités, c’était inévitable. De son côté, il avait eu suffisamment de chance pour éviter ça.
« Je vois. On a beaucoup en commun, mine de rien. » Lukaz eut un petit sourire qui illumina son visage. « Je ne sais pas non plus ou je suis né. Je n’ai jamais connu mes parents biologiques, c’est pour ça que ce sont les forains qui m’ont élevés. Mais maintenant que j’ai été obligé de les quitter, je me considère comme un orphelin… Je suis aussi seul. C’est en quelque sorte aussi à cause de ce que je suis. Pas à cause de ma nature profonde, mais plutôt de… Mes activités, disons. Mais j’ai quand même un peu de chance. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours pu me protéger. J’ai réussi à cacher ce que je suis. Et… Je pense que là aussi, on est pareil, toi et moi. On est… différent. »
Kaileen venait lui révéler un grand secret, à savoir qu’elle était une mutante et donc l’une de ses sœurs de gène. Ils étaient pareils tous les deux et ils devaient donc pouvoir se faire confiance. S’ils n’arrivaient pas à se le dire entre eux, que pouvaient-ils espérer des autres ? C’était vrai après tout, ils étaient le dernier espoir qu’il leur restait. Salvatore l’aidait lui, alors il pouvait aussi essayer de le faire pour Kaileen. Il l’aimait bien après tout. Il fut toutefois surpris quand elle lui demanda s’il pouvait l’aider à sortir. Leur conversation était plutôt sympathique alors pourquoi y mettre fin de cette brutale façon ? Y avait-il quelque chose à craindre ? Soudain, Lukaz se souvint que Kaileen avait voulu éviter les secours à tout prix. Seulement, il avait aussi cru comprendre que sa nature de mutante était connue… Alors est-ce que ça voulait dire qu’elle était recherchée par les autorités ? Etait-elle aussi une criminelle ? C’était peut-être là un nouveau point commun entre eux. Mais de ce fait, Lukaz n’allait pas faire durer le supplice. Si Kaileen voulait partir, il allait l’y aider. Mais il ne la laisserait pas tomber une fois les portes franchies.
« Aucun souci Kaileen, on va y aller. C’est peut-être le mieux, tu as raison. Par contre, je suis désolé, mais je ne vais pas te laisser tomber une fois dehors. Je te raccompagne jusque chez toi, ça vaut mieux. Tu es blessée et vu ce que tu m’as dit… Je ne veux pas que tu prennes de risques. »
Lukaz aimait bien Kaileen et ça lui aurait fait mal de découvrir qu’il lui était arrivé malheur après qu’il l’eut laissée. Alors s’il pouvait éviter cela en la raccompagnant chez elle, il n’allait pas se faire prier, surtout qu’il n’avait rien prévu du reste de la journée. Lukaz se leva et enfila sa veste, la fermant suffisamment, maintenant qu’il n’avait plus de chemise. Il attendit que Kaileen soit aussi habillée pour s’avancer vers elle. Tendant sa main, il l’aida à se relever et l’invita à passer son bras autour de lui, faisant la même chose de son côté. Puis, tout en la soutenant, il l’aida à franchir la porte, un peu moins maladroitement qu’à leur entrée.
« 36, Lane Street, tu m’as dit. C’est pas très loin je crois. Par ici, non ? Tu vois, une bonne raison de t’accompagner, mon métro est aussi dans la même direction ! Alors laisse moi faire et profite. »
Tout en reprenant correctement ses appuis, Lukaz se mit à avancer dans la direction qu’il avait indiquée. Il connaissait la rue en question et se rappelait que ça ne prenait même pas cinq minutes à pieds, en temps normal. Bien sûr, là il raccompagnait une blessée, donc il en aurait pour un peu plus longtemps. Peut-être dix minutes. Mais il n’y avait pas encore trop de monde dans les rues, donc ça allait. Le jeune homme jeta un rapide coup d’œil à leurs tenues avant de reprendre la parole, affichant un petit sourire.
« Si jamais on nous pose la question, tu es allée faire un petit footing matinal et tu t’es blessée. Par chance, tu es tombée sur ton voisin de palier et je te raccompagne chez toi. J’espère quand même qu’on va pas tomber sur un curieux… »
Ils eurent effectivement cette chance. En dehors du regard un peu trop curieux d’un épicier, ils ne virent rien de très alarmant sur leur chemin. Finalement, après huit minutes cinquante secondes, ils arrivèrent devant le bâtiment dont Kaileen avait donné l’adresse. C’était un petit immeuble de quatre étages avec une laverie automatique installée au rez-de-chaussée. Visiblement, la jeune femme aurait à monter un escalier, alors il n’allait pas la laisser souffrir ce calvaire. Il l’accompagnerait au moins jusqu’à son palier, avant de disparaître de sa vie.
« Bon, je pense pas que les marches soient un truc sympa dans ton état… Je t’aide à aller jusqu’à ton palier et ensuite je disparais. Et on ne discute pas ! »
Et toujours ce même sourire…
◊ Kaileen Moore ◊
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J'écoutais avec attention le jeune français parler, tandis et souriait doucement tandis qu'il annonçait nos points communs. Quand il termina d'une voix hésitante sur le fait que nous étions tous deux différents, j'acquiesçais d'un signe de tête presque imperceptible. Ma différence était mon plus grand poids. J'aurais volontiers sacrifié tous les dons du monde pour avoir une vie normale et tranquille. Du moins il y a un certain temps. J'avais appris peu à peu à faire avec, et maintenant j'appréciais presque d'avoir autre chose que la banalité écoeurante d'un quotidien trop fade. L'être humain n'était il pas célèbre pour sa capacité d'adaptation ? Je regardais le blondinet un peu tristement, en pensant que j'interrompais une conversation qui, pour la première fois depuis bien longtemps, me faisait plaisir, me paraissait agréable. J'ignorais s'il verrait cette émotion fugace qui s'exprima un temps dans mon regard, accompagnée d'une légère nostalgie. Un autre avait su me mettre à l'aise, un autre avait su m'écouter sans juger, un autre m'avait vu telle que j'étais, avait vu au delà de mon air sauvage... Et celui là était celui qui m'avait fait le plus de mal. Je ravivais volontairement ces douloureux souvenirs pour effacer mon chagrin léger,. Je n'avais pas le choix, plus le choix. Il fallait bien cesser d'avoir des illusions un jour ou l'autre. Je n'étais pas faite pour me lier d'amitié, pas faite pour parler de tout et de rien sans arrière pensée. Je pesais en permanence le pour et le contre. C'était ainsi, et pour lui autant que pour moi, il me fallait revenir à mon attitude habituelle.
Il s’était montré étonnement compréhensif à mes yeux, et je pensais que ce n’était sans doute pas étranger au fait qu’il semblait lui aussi appartenir à l’envers du décor… Le côté sombre d’Achaea, du monde en général d’ailleurs. Finalement, je n’en étais pas réellement étonnée. Comme je m’y attendais, il insista à nouveau, signalant clairement que je ne pourrais pas me débarrasser de lui. Je marmonnais un remerciement entre mes lèvres serrés, mon sourire évanoui dans la seconde, et ronchonnais en moi qu’il l’avait bien cherché, que ce n’était pas ma faute si je devais être un peu violente, qu’il n’avait pas à s’accrocher autant, bref, je tentais de me déculpabiliser par tous les moyens. Ce côté de petite fille sage que je ne me connaissais plus m’éxaspérait au plus haut point, et me fit penser qu’il devait vraiment avoir du charme, de l’influence sur moi, ce jeune français pour réveiller cet aspect là de moi que je n’aurais même pas soupçonné exister… Pour la forme, je lui apprenais tout de même à voix haute :
« Tu pourrais parfaitement me laisser, je ne suis pas en sucre Lukaz… Crois moi, j’ai connu pire qu’une malheureuse cheville tordue, et ça ne m’empêche pas d’être là aujourd’hui à te faire perdre ton temps… Enfin, si tu y tiens tant que ça… »
Je levais brièvement les yeux au ciel, en parlant, et me demandait si si je lui expliquais en quoi consistait mon pouvoir, il me laisserait enfin aller vivre ma vie ailleurs. Pendant que je le « grondais » d’un ton que je savais amusé malgré mon envie d’être sérieuse, il passa sa veste, la refermant étroitement. Je baissais les yeux, en me souvenant pourquoi il était désormais sans chemise (mauvaise idée par ailleurs, parce que ce faisant je me retrouvais à fixer un morceau de ladite chemise autour de ma main)… J’aurais rougi si ça avait été mon genre. En attendant je me contentais de continuer à m’énerver toute seule, en finissant de fermer ma veste. Il s’approcha, me tendit de nouveau la main, et avec un inaudible soupir, je l’attrapais. Après quoi, il m’aida à me relever, et m’invita à passer la main autour de sa taille, tandis qu’il faisait de même. Je frissonnais doucement quand il le fit, à la fois parce que je n’appréciais pas énormément la proximité de presque inconnus, et parce que je savais que j’aurais bien aimé avoir plus qu’une simple discussion avec lui. Refuser toute relation sérieuse ne m’empêchait pas le moins du monde d’avoir d’autres… envies dirons nous, et Lukaz était plutôt beau, pour ne pas dire plus. Ajoutez à cela le fait qu’il me mettait naturellement à l’aise, moi la sauvageonne d’Achaea, il ne gagnait que des bons points.
Je passais donc ma main autour de sa taille, et il m’aida de nouveau à me déplacer, d’abord dans le bar, puis à l’extérieur. Il me demanda l’adresse, plus pour confirmer qu’en attente d’une véritable réponse, c’est pourquoi je me contentais de lui adresser un vague signe de tête, en mordillant distraitement mes lèvres… Nervosité quand tu nous tiens… Il m’apprit au passage que son métro était dans la même direction, et je me réconfortais en me disant qu’au moins, il ne serait pas trop loin pour pouvoir rentrer chez lui. Bref, j’avançais, assistée par le jeune homme, dans la rue encore déserte ou presque, en serrant les dents. Aussitôt relevée, j’avais commencé à sentir de nouveau les effets de mon pouvoir. Je m’épuisais bien plus vite, c’en était effrayant… La fatigue, marquée par les cernes discrètes qui ornaient mes yeux, n’aidait en rien à offrir une réponse efficace à la douleur. Je peinais presque à marcher, parce que je n’avais pas envie de voir jusqu’où irait la réaction de mon corps face à cette soudaine et indésirable dépense d’énergie. Pendant que nous marchions (je me traînais plutôt, retardant au passage le moment fatidique…), il inventa une fable à servir si nous rencontrions des voisins un peu trop curieux. Sauf que ce n’était pas mes voisins. Et qu’ils risquaient de se demander qui était cette nouvelle, et depuis quand elle habitait Lane Street… Enfin, passons, je ne lui apprenais pas ces détails quelque peu gênants. De toute façon, à ma connaissance, nous n’avions croisé personne quand nous arrivâmes devant l’immeuble maudit (il n’aurait pas pu être plus loin, cet idiot ?). En plus, monsieur tenait à m’accompagner jusqu’à mon appartement. Je me dégageais d’un geste doux, clopinais sur un ou deux pas, pour le regarder bien en face et lui dire d’une voix maîtrisée.
« Ce n’est pas la peine Lukaz… T’inquiète pas pour moi, va, je n’apporte rien d’autres que des ennuis… »
Je me retenais d’ajouter un « la preuve », détournais le regard un instant, gênée au dernier degré. Il dut franchement me trouver bien étrange, et je savais que j’aurais déjà dû réagir… Je voyais mon erreur, mais me sentais incapable de fuir. Je lâchais donc un « désolée », du bout des lèvres… Je me rapprochais rapidement, l’attrapais d’un geste calme par sa veste avec l’intention de toucher un des points névralgiques du coup, qui entraîne un KO immédiat. Avant même de lever mon bras droit, je savais que ça ne servirait à rien. Ma main rencontra la sienne tandis qu’il me bloquait.
Je pensais un instant à fuir. Je le lâchais finalement, reculais de quelques pas, jusqu’à me retrouver adossée au mur de l’immeuble. Laissant retomber mes deux bras le long de mon corps, je le fixais d’un air infiniment triste, un instant, avant de baisser le regard, regardant mes pieds, le sol, tout plutôt que lui, m’attendant par trop à rencontrer des yeux accusateurs. Il ne comprendrait pas ça, pas en plus. Je doutais que beaucoup soit capable de comprendre à quel point j’étais prête à tout pour me préserver. Je ne disais rien, parce que lui expliquer ne servait à rien, et j’accepterais n’importe quelle réaction de sa part. Dégoût, rejet, colère, si ça pouvait le soulager, je le laisserais même m’envoyer son poing dans la figure, pour le mal que ça me ferait, de toute manière. Je n’aurais jamais pensé connaître un jour ces problèmes moraux. Ma réaction habituelle aurait été de tout simplement tuer l’opportun qui cherchait la colère de la chasseresse que j’étais… Mais je n’étais tout simplement pas dans mon état normal…
◊ Lukaz Le Guen ◊
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Après avoir quitté le petit bar dans lequel il avait offert un petit-déjeuner à une parfaite inconnue, Lukaz avait décidé de la raccompagner chez elle. De ce qu’elle lui avait dit, la dénommée Kaileen habitait juste à côté et il semblait que comme lui, elle était une mutante. C’est pour cela que le Français n’hésitait plus vraiment à l’aider maintenant, plutôt que de la laisser seule en plan. Il était vrai qu’à ses yeux les humains et les mutants se valaient et par conséquent, il n’allait pas en privilégier un aux dépens de l’autre. Mais d’un autre côté, c’était loin d’être ce que pensaient en général les humains, trop prompts à dénigrer les gens différents d’eux. Alors si les mutants pouvaient se soutenir entre eux, il était d’accord sur le fait qu’il ne fallait pas rater l’occasion.
Le trajet dans les rues se fit sans le moindre souci et après plusieurs minutes, les deux compagnons d’infortune arrivèrent enfin à destination. Le rez-de-chaussée était occupé par une laverie automatique tandis qu’une porte, une fois ouverte, menait aux appartements des trois autres étages. Comme Kaileen avait la cheville foulée, ça ne serait pas de tout repos de monter un escalier… Et à moins de léviter, elle pourrait difficilement le faire toute seule. Lukaz avait donc pris la décision de l’aider, du moins jusqu’à rejoindre l’étage où se trouvait son appartement. Ensuite, il rentrerait gentiment chez lui et ils continueraient leurs vies chacun de son côté. Visiblement, la jeune femme aurait préféré qu’il laisse tomber cette idée… Peut-être parce qu’elle n’avait pas une totale confiance en lui, ce qui était parfaitement compréhensible. En plus, elle était blessée. Mais justement, quand on voyait comment elle s’était trainée jusque là, on ne pouvait décemment pas l’abandonner à son sort si près du but… Et si elle tombait en grimpant les marches ? Ça aurait été comme si la belle Pixie l’avait laissé trainer dans les rues, quelques temps plus tôt… Et comme elle ne l’avait pas fait, il ne pouvait pas le faire non plus. D’autant qu’étrangement, il n’en avait pas envie…
Il n’eut toutefois pas le temps d’y penser davantage devant les étranges propos de la belle. N’apporter que des ennuis ? D’accord, il avait détruit sa chemise, mais c’était volontairement, ça n’avait rien d’un ennui… Alors pourquoi disait-elle ça ? Après tout, pour le moment, c’était elle qui semblait avoir des ennuis, pas lui. Un regard qui se détourne… Qu’est-ce que c’est encore ? Est-ce que Lukaz devait se méfier maintenant ? Est-ce que Kaileen représentait une menace pour lui ? Dans son état, il aurait dit non, mais tout dépendait de son pouvoir, évidemment… Il se tendit légèrement en entendant un faible « désolé » et put voir la jeune femme s’approcher pour attraper sa veste. Il ne savait pas ce qu’elle comptait faire, mais eut largement le temps de réagir pour lui saisir la main avant qu’elle ne le frappe. Qu’est-ce que ça voulait dire ? En temps que voleur, il avait la chance d’avoir de bons réflexes. Peut-être que dans une autre situation, elle aurait eu le dessus, mais là il ne s’était pas laissé avoir.
Il restait immobile un long moment, son regard fixant avec insistance Kaileen. Finalement, elle le lâcha et recula de quelques pas jusqu’à toucher le mur de l’immeuble. Elle aussi le fixait, du moins jusqu’à ce qu’elle baisse le regard. Cela voulait-il dire qu’elle avait honte de ce qu’elle venait de faire ? Si c’était le cas, c’était tant mieux. Parce qu’elle pouvait avoir honte ! S’il avait suivi sa logique, Lukaz l’aurait laissé trainer dans le caniveau, rentrant chez lui sans autre forme de procès. Mais non, il s’était arrêté à cause de la mauvaise conscience qu’il aurait eut en se détournant… Il lui avait offert un petit-déjeuner et maintenant, il avait choisi de l’accompagner. Tout ça pour rien ! Et elle, elle ne trouvait rien de mieux que de tenter de l’assommer… Mais pourquoi donc ? Lukaz soupira un moment avant de baisser les yeux, réfléchissant. Puis, prenant une décision tellement improbable pour lui, il s’avança et glissant un doigt sous le menton de Kaileen pour lui faire relever la tête. Le visage du Français n’exprimait rien de plus qu’une petite incompréhension, presque dissipée par un léger sourire.
« Pourquoi ? » Lukaz marqua une petite pause, bien que la question n’attendait pas de réelle réponse. « J’ai l’air tellement mauvais que ça ? Tu sais, je comptais pas t’agresser en arrivant chez toi… Je voulais seulement t’aider et t’épargner des douleurs inutiles. Mais si tu ne voulais pas que je vois où tu habites, il suffisait de me le dire clairement. » Lukaz marqua une nouvelle pause, fixant son regard dans celui de la jeune femme tout en laissant échapper un petit sourire. « A moins que tu n’ais eu une autre raison de faire ça… Peut-être que c’est parce que… Tu n’habites pas ici ? »
Pour Lukaz, ça semblait maintenant évident. Il était vrai qu’il avait du insister pour qu’elle veuille enfin lui dire où elle vivait… Mais justement, cette insistance résultait bien du fait qu’elle souhaitait éviter le sujet. Et si l’on combinait ça à l’envie qu’elle avait eu de le mettre hors combat, c’est qu’elle devait bien avoir quelque chose à cacher. Et ce quelque chose, ça devait être qu’elle ne vivait pas ici… Mais alors, où vivait-elle ? Plus loin dans la rue ? Dans un autre quartier de la ville ? Ou alors, vu ce qu’elle avait dit sur elle un peu plutôt, est-ce que ça pouvait être nulle part ? Oui, Lukaz pensait maintenant que ce devait être ça la véritable raison. Kaileen ne devait pas avoir d’endroit où vivre, ce qui expliquait qu’elle n’avait rien sur elle en dehors de ses quelques vêtements qu’elle portait. Sauf s’il se trompait.
« En fait, ce que tu ne voulais pas que je sache, c’est que tu n’as pas d’endroit ou vivre, c’est ça ? C’est pour ça que tu évitais le sujet… Je m’en doutais un peu d’une certaine manière, même si ça me semblait improbable… Tu vas faire quoi du coup ? On est en hiver et même si c’est le Nevada, il fait pas super chaud la nuit… Avec ta blessure, c’est pas recommandé de passer la nuit à la belle étoile. Tu as pas des amis qui peuvent t’héberger ? »
Lukaz se doutait de la réponse bien avant de poser la question. Kaileen devait être aussi seule que lui dans la vie, même si depuis peu, il avait rencontré des gens. Elle ne pouvait pas non plus aller voir un docteur ni se rendre à l’hôpital. Il l’avait bien compris que c’était trop risqué pour elle. Peut-être un hôtel ? Mais si elle dormait dans la rue, c’est qu’elle n’avait pas forcément les moyens de se payer une chambre comme ça… Et le Français se doutait que s’il lui donnait de l’argent pour y passer quelques nuits, elle risquait d’être blessée… Ça aurait été comme s’il avait pitié d’elle ou qu’elle faisait la manche et il ne voulait pas de ça. Déjà qu’elle semblait avoir été mal à l’aise pour le petit déjeuner… Mais alors, qu’est-ce qu’il pouvait faire ? C’était étrange de se demander ça… En général, il se serait surtout demander pourquoi faire quoi que ce soit… Mais voilà, là, dans ce cas précis, il voulait faire un truc… Il avait bien une idée mais c’était tellement étrange… Étrange de la proposer à une inconnue et surtout étrange venant de lui… Ne finirait-il pas par le regretter par la suite ? Il ne pouvait pas vraiment le savoir en fait…
« Tu sais, Kaileen… Ça va sans doute être bizarre, surtout que c’est loin d’être dans mes habitudes… Mais… Si tu as besoin d’un endroit pour vivre, quelques temps, ben j’ai un tout petit studio. Mais y a de la place pour quelqu’un d’autre, si on est pas trop exigeant sur les conditions de vie et de colocation. Bref, je sais même pas pourquoi je te demande ça, mais je le fais. Alors si tu veux, y a de la place, chez moi… »
◊ Kaileen Moore ◊
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J’avais l’impression d’être une accusée qui attendait que tombe la sentence. Je gardais le regard baissé, et attendais en silence. Attendais quoi ? Un coup, une insulte, de l’entendre s’éloigner, que sais je encore ? J’en avais assez de toujours chercher à me justifier, me défendre en permanence. Je ne me résolvais en plus pas à dire cette vérité qui aurait brûlé sur mes lèvres, et qui me nouait l’estomac. Je ne disais rien, et j’en étais presque au point où je ne pensais plus à rien. J’étais lassée de ces mensonges que je lui avais servis, vidée par cette vie que je menais, et c’était en plus un bon moyen de ne pas me sentir trop honteuse.
Je l’entendis s’approcher, et me tendais aussitôt. Je m’attendais à tout, et ne pas sentir la douleur ne m’empêchait pas le moins du monde d’appréhender sa réaction. Cependant celle-ci était loin de ressembler à celle, violente, que je m’imaginais. Tout le monde ne pensait pas comme moi, bien entendu… Je le sentis me relever la tête, me forçant à affronter son regard dans lequel je pensais lire une accusation, la froideur, la colère… L’incompréhension, bien que légère, que j’y lisais me fit bien plus de mal : je me sentais on ne peut plus coupable. A raison, avouons le bien. Je ne pus m’empêcher de tressaillir, le cœur battant à mille à l’heure. J’étais tout simplement sidérée de le voir arborer son léger sourire à nouveau. Est-ce qu’il était normalement constitué franchement ? Ou peut être était ce plutôt moi qui avait un problème avec mes réactions excessives. Bref, quand il posa LA question, que je sentais venir à dix kilomètres, je lâchais d’une voix étranglée un malheureux « je… » avant de me rendre compte qu’il n’y avait pas de réponse. Et que Lukaz n’en attendait pas. Il continua, et plus il parlait, plus j’avais envie de me justifier. D’expliquer. D’autant plus que, toujours adossée au mur, et dans l’obligation de le regarder en face, je n’avais aucune échappatoire…
Au fur et à mesure qu’il m’exposait les conclusions qu’il avait tiré de mes actes, je me décomposais. J’étais stupéfaite qu’il ne pense pas tout simplement que j’étais une déséquilibrée, mais bon. Quand je l’entendis s’inquiéter de ce que j’allais devenir, ce fut pour moi le coup de grâce… Je laissais échapper un rire quelque peu amer, et lui demandais d’un ton plus cassant que je ne l’aurais voulu :
« Qui pourrait m’aider ? Et puis qui le voudrait ? Même moi je ne veux pas de ça. Pas si je cours le risque d’être trahie encore une fois ! »
Des propos qui n’auraient sans doute pas réellement de sens pour le jeune homme. Avant que je n’ai eu le temps de continuer, il en arriva à me proposer de venir chez lui. Je restais sans voix un moment, le regardant fixement avec un air ébahi. Il était encore là, à m’aider ? Alors que je ne lui avais rien apporté (du moins, rien apporté de bien) ? Je n’étais pas en mesure de comprendre ce genre de choses. Je sais pas, si ça peut vous aider, dites vous que je n’étais pas équipée pour. J’étais tellement abasourdie que je laissais le silence s’étirer entre nous. Je me demandais ce que je pouvais bien répondre à ça. Je n’avais jamais fait confiance à des gens que je connaissais réellement. Lui m’était presque inconnu. C’était contraire à tous mes principes de survie de base d’accepter. Même si j’avais envie, besoin, qu’on me tende la main. Mais j’avais en plus conscience que je risquais un jour ou l’autre d’amener sur lui l’attention des autorités, et ce au moindre faux pas. Que dire alors ? Je réussis finalement à articuler d’une voix lente :
« Tu me proposes… de venir… vivre chez toi ?! » Je marquais une courte pause, en essayant d’intégrer l’idée. Avant de continuer d’une manière plus… agitée, dirons nous. « Je ne plaisantais pas quand je disais que je n’apportais que des ennuis ! Je suis dangereuse pour toi, bon sang ! Et pour ton anonymat, pour ta tranquillité, pour ta vie ! Et puis, je ne veux pas que dises ce genre de choses juste parce que tu as pitié de moi, là maintenant. Crois moi, il n’y a aucune raison d’avoir des états d’âme à l’idée de m’abandonner. On pourrait presque dire que je le mérites, au fond. J’étais peut être une victime, avant, mais… j’ai choisi de m’enfoncer dans le monde de la nuit, dans la noirceur de cette fichue ville. »
A nouveau une courte pause. Je réfléchissais un instant à ce qu’il avait dit, riais à nouveau, toujours aussi amère…
« Tu me parles de mes blessures ? Regardes bien. »
Je levais ma main, sans le quitter des yeux, lui montrais clairement que c’était bien celle affectée de brûlures. Puis d’un geste brusque, et un peu rageur, je l’abattais de toutes mes forces sur le mur qui me servait de dossier. Autant dire, assez fort. Et c’est un joli euphémisme. Je considérais cependant que ce petit exemple serait plus parlant que tous les discours du monde. Enfin, mon corps réagit d’une manière plutôt violente à cette sollicitation brutale et inattendue… et qui s’ajoutait à mes différents problèmes déjà connus. Je ne pus cacher au français mon étourdissement passager, mais continuait à parler malgré ma respiration soudain saccadée. Et surtout, dés que les points noirs qui mouchetaient ma vision eurent disparus, je lui retournais un visage impassible, exempt de toute expression de douleur.
« Je ne sens strictement rien. Pour une cheville foulée, tout ce que je risque, c’est un petit essoufflement léger tant que durera ma convalescence. Je pourrais détaler sous tes yeux. Ma brûlure est autrement plus gênante, et je me la traine depuis une semaine sans encombre. Depuis le temps que je vis dehors, j’ai appris à me débrouiller, crois moi. »
J’interrompais un instant mon discours quelque peu enflammé. Il faudrait vraiment que je me calme, sur les effets dramatiques, et ma tendance à tout théâtraliser… Un de ces jours. Je devais avoir l’air ridicule. Je quittais pour la première fois Lukaz des yeux, pour regarder ma main, et me rendais compte que j’étais parcourue de tremblements légers. Pathétique. Superbe démonstration, Kaileen. Avec ça, il va croire que c’est à cause de ton coup. J’avoue que je ne savais pas moi même pourquoi j’avais la tremblotte. A cause de la douleur qui aurait dû surgir, et que mon métabolisme contenait comme toujours ? A cause de la tension grandissante qui m’habitait, alors que je refusais tout simplement de me fier à ce que j’avais entendu ? Toujours est-il que je relevais mes yeux vers ceux de mon interlocuteur pour ajouter d’une voix subitement calme… et presque trop calme :
v« Et puis, qui me dit que tu ne seras pas la énième personne à me briser ? Je ne sais plus faire confiance. » Pause. Puis un murmure ajouté dans un souffle avec hésitation. « Je ne suis même plus sûr de mériter le nom d’humaine. »
Je cachais tant bien que mal la détresse qui tentait par là de s’exprimer. Ça je le réussissais. J’avais toujours su occulter mes sentiments. Redescendant sur terre, je me rendais compte que j’avais craché tout ce qui me passait par la tête. Mon attitude habituelle –maîtrisée, manipulatrice, une vraie garce, en somme- revenait peu à peu, reprenait le dessus. Je jetais un coup d’œil dans la rue, de ma position quelque peu inconfortable (les murs ne sont pas très confortables, mais je n’osais pas bouger. Et je n’en avais pas vraiment envie. Je me sentais bien, si proche de cet idiot de français trop gentil). Heureux hasard, ou à cause peut être de l’heure matinale, la rue était toujours déserte. Personne ne semblait avoir été là pour entendre mon coup d’éclat. Je brûlais d’envie de demander à mon bienfaiteur s’il était réellement sérieux. Mais je me retenais. Il n’y avait pas place pour l’espoir en moi. Et j’avais balancé mon quota d’âneries ces cinq dernières minutes. Ce qui premièrement ne me ressemblait pas du tout, et deuxièmement me faisait me sentir démunie face aux instants qui allaient suivre. J’étais effarée par mes propres actes. Vraiment.
◊ Lukaz Le Guen ◊
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Lukaz pensait enfin avoir percé le secret de Kaileen. Contrairement à lui, sa condition de mutante semblait l’avoir écartée de tous rapports sociaux au point qu’elle avait l’air d’être totalement démunie. Elle lui avait indiqué une fausse adresse parce qu’elle n’avait aucun endroit où vivre, du moins de ce qu’il en avait déduit. Pour cette raison, il avait réfléchi à quelque moyen de l’aider, parce qu’étrangement, pour elle, il voulait faire quelque chose. Ce n’était pas vraiment dans sa nature d’être serviable, à moins qu’il ne puisse espérer quelque chose en retour. Bien entendu, il y avait toujours un moyen simple de se faire remercier, mais le Français ne pensait pas à ça pour le moment. Où en tous les cas, pas uniquement à ça. Il voulait d’abord comprendre ce qui avait poussé Kaileen à agir ainsi, à s’en prendre physiquement à lui, un mutant comme elle. Et il voulait aussi savoir ce qu’elle pensait de son idée.
Finalement, la jeune mutante lâcha une phrase sur un ton amer qui en disait long à son sujet. Tout ce qu’elle avait fait, elle l’avait fait pour une seule raison : la peur d’être trahie. Elle avait déjà du offrir sa confiance à des gens qui s’en étaient joués et Lukaz comprenait assez son sentiment. Quand on est un mutant, on attire forcément des gens peu recommandables et parmi eux, certains agissent dans l’intérêt de tous tandis que les autres n’hésitent pas à sacrifier leurs pions. Peut-être avait-elle-même vécu d’autres situations qu’il ne pouvait imaginer, mais quoi qu’il en soit, il n’avait nullement pensé à ça. Il lui avait proposé de l’aider, oui et il avait vu ça comme lui apporter son soutien quelques temps. Mais… Que ferait-il si ça durait ensuite plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Est-ce qu’il l’accepterait encore ou est-ce qu’il lui donnerait une raison de plus d’haïr le monde ? Il n’aurait su le dire, sur le coup, n’ayant jamais été confronté à un tel choix. Mais au fond, il pensait quand même être incapable de trahir quelqu’un qui avait placé sa confiance en lui. Et à ce sujet, il attendait toujours sa décision.
Kaileen semblait vraiment plus que surprise de sa proposition et il comprenait bien qu’il y avait de quoi. Ce qu’elle craignait visiblement, c’était de lui apporter des ennuis, parce qu’elle se disait dangereuse. Ah ça… Il n’avait pas besoin d’elle pour ce genre de problèmes, même si jusque là, il s’en était plutôt bien sorti. Et il fallait aussi avouer qu’il espérait que le jour où il aurait de réels problèmes, Salvatore Gambino ferait le nécessaire pour le sortir de là. Il ne savait pas vraiment ce que le vieil pensait de lui et il ne savait pas non plus dans quelle catégorie le mettre : les égoïstes ou les autres. Quoi qu’il en soit, Kaileen ne risquait pas de lui poser plus de problèmes que ça, sauf si elle avait pour habitude de braquer des banques et de tuer des gens en plein milieu de la rue. Elle termina en précisant qu’elle méritait peut-être sa situation parce qu’elle avait fait des choix qui l’avaient plongés au cœur de la noirceur, dans les tréfonds de cette ville. En somme, ils étaient semblables et il fallait le lui faire comprendre.
Mais avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, la mutante lui fit une démonstration de son pouvoir. Sans la moindre hésitation, elle frappa le mur de sa main brulée, ce qui ne devait pas être quelque chose de facile à supporter. Et pourtant… Elle ne cilla même pas. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Etait-elle incapable de ressentir quoi que ce soit ? Etait-ce ça son pouvoir, ne pas ressentir la douleur… Elle sembla sur le point de perdre connaissance, un instant, mais malgré cela, son visage ne se tordait pas sous la douleur, comme si son corps la dissipait. Elle prit la parole, pour expliquer cette démonstration qu’il fallait qualifier d’impressionnante, et lui rapporta qu’elle ne sentait effectivement rien. Qu’elle aurait pu s’échapper sous ses yeux si elle l’avait voulu, malgré sa cheville foulée. D’accord, Lukaz comprenait que son aide avait été des plus inutiles, mais il comprenait aussi que malgré la possibilité qu’elle avait eu de le planter, elle ne l’avait pas fait. Elle précisait qu’elle savait se débrouiller seul et qu’elle n’avait pas besoin de lui, mais pourtant, elle restait là ? Pourquoi ? Peut-être, parce qu’inconsciemment, elle avait quand même envie qu’on s’occupe d’elle. Jouer les méchants, ça va un temps, mais on a tous besoin d’un peu de tendresse parfois, que ce soit celle d’une mère ou d’un amant d’une nuit.
Lukaz regardait la jeune femme alors qu’elle détournait le regard. Elle semblait assaillie de tremblements, que ce soit à cause de ses blessures, de sa situation actuelle, de la colère qui l’habitait ou de quoi que ce soit d’autre. Il pouvait la comprendre, dans un sens. Elle avait du connaitre des moments difficiles et il lui était difficile de céder aux envies qui l’habitaient. Elle devait vouloir lui faire confiance, au fond, mais elle savait aussi que c’était signer la mort de son indépendance. Et ça, Lukaz connaissait. Depuis que ses parents adoptifs lui avaient fait comprendre qu’il serait mieux qu’il aille voir ailleurs, il avait juré de ne compter que sûr lui-même. Alors proposer à quelqu’un de vivre chez lui, c’était un peu hors de propos… Mais pourtant, il le faisait. Lorsque Kaileen souffla ses derniers mots, le Français ne put retenir un léger sourire. Non pas qu’il se moquait d’elle, mais plutôt qu’il trouvait de telles paroles étonnantes et à l’opposé de ce que l’on entendait en général. Regardant autour de lui, Lukaz put constater qu’ils étaient seuls dans la rue. Tant mieux. Il fixa alors son regard dans celui de la jeune mutante qui lui faisait face et reprit la parole.
« Ca te dérange si je m’assois ? C’est pas que ça me dérange de rester debout, mais c’est pas la position la plus confortable. Pis j’ai pas encore dormi cette nuit, alors bon… Si tu veux, tu peux faire pareil, sinon reste debout. A toi de voir. » N’attendant pas vraiment de réponse, Lukaz s’installa à côté de Kaileen, les fesses sur le bitume, dos contre le mur. Il laissa planer un instant de silence avant de recommencer à parler. « Je suis pas sûr de pouvoir répondre à ta dernière remarque. Pour certains, on est pas des humains. Pour d’autres, on est des humains, mais évolués. Donc peut-être qu’on peut plus t’appeler humaine, ça dépend du point de vue. » Le Français savait très bien que ce n’était pas ce qu’avait voulu dire son interlocutrice. Elle devait évoquer des choses qu’elle avait faites et qui lui avait ôté son humanité. Mais c’était aussi un moyen de lui expliquer que selon les individus, les actes prennent un autre sens. « Pour moi, c’est du pareil au même. Ils ont tous un portefeuille avec des billets en poche, une maison avec un salon équipé lecteur dvd et ordinateur portable… Bref, mutant ou humain, ca revient au même, ils m’enrichissent tous pareil. » Ou comment avouer qu’on était un voleur. « Tu sais, t’es pas la seule à surfer sur le côté sombre de la vague. Les ennuis, je me les attire tout seul, donc que tu sois là ou pas, ça me rendra pas la tâche plus dure. Pis j’ai pas vraiment d’ennuis à me faire, je connais des gens bien placés pour m’aider, si j’en ai besoin. Tout ça pour dire que ton excuse, elle tient pas la route. »
Changeant de position, Lukaz reporta son regard sur celui de Kaileen. Ce n’était pas là les problèmes les plus importants à ses yeux, mais il fallait quand même les dissiper. Ensuite, venait le fond du souci. « La confiance… C’est un truc difficile à gérer. Je t’ai dit que c’est des forains qui m’ont élevé. Mais comme tu peux le voir, je suis ici aujourd’hui. J’ai été obligé de les quitter, parce qu’ils m’ont fait comprendre que j’avais pas d’autre choix. Dis comme ça, c’est eux qui ont le mauvais rôle, mais dans le fond, c’était aussi moi le responsable. J’ai choisi de vivre comme je vis aujourd’hui et ça ne leur plaisait pas. J’ai en quelque sorte brisé leur confiance et ils m’ont chassé, brisant la mienne. Ce jour-là, j’ai décidé que je ne ferais plus confiance, que je me débrouillerais tout seul. C’est le mieux pour survivre, quand on est comme nous. » C’était la plus stricte vérité et Lukaz se confiait à elle alors qu’il ne l’avait jamais fait avec personne avant. Pourquoi ? Parce qu’il n’avait rien à cacher et que dans le fond, ils étaient plus semblable qu’ils ne le pensaient. « Pourtant, quand je suis arrivé ici, des gens m’ont aidé et m’ont fait confiance. D’accord, c’était un peu une confiance achetée, mais quoi qu’il en soit, ils n’ont pas eu peur de m’aider. Il y a une semaine environ, j’ai eu un problème. Tu as pu voir ma blessure… Ce jour-là, une fille m’a fait confiance. Il faisait nuit, sombre, j’avais une sale tête, elle était seule et je lui ai dit ce que j’étais… Pourtant, malgré tous les risques, elle m’a aidé et elle m’a soigné, sans vraiment poser de questions. Comment savoir que tu peux avoir confiance ? Tu peux pas. Tu peux juste espérer. Et en attendant, je peux juste te dire que j’ai jamais fait ça avant. Mais aujourd’hui, je crois que c’est à moi de tendre la main. Et si je le fais pour toi, c’est parce que dans le fond, on est pareil. Des mutants, plutôt seuls et on connait bien les ombres du monde. Franchement, si moi je t’aide pas, qui le fera ? »
Se levant, Lukaz regarda dans la rue et s’étira, déliant quelque peu ses muscles. Il épousseta son pantalon et se tourna face à Kaileen, tout sourire. « Alors, tu acceptes de venir ? »
◊ Kaileen Moore ◊
۞ Mutante Hostile ۞
◊ Nombre de Messages : 1156 ◊ Nombre de Messages RP : 69 ◊ Age : 30◊ Informations : Relations&Sujets Présentation◊ Age du Personnage : 22 ans ◊ Pouvoirs / Armes : Insensibilité à la douleur / Arme à feu
Je ne compris pas le sourire léger qui s’afficha sur les lèvres du jeune homme devant mes derniers mots. Un instant je me sentis un peu blessée, me disant qu’il se fichait de moi… j’étais ridicule et je le savais pourtant. J’envisageais de me tirer d’ici, une bonne fois pour toutes… Après tout, il était plus que temps, j’avais déjà bien trop traîné ici. Mais encore une fois, je restais, avec l’envie de savoir si c’était du dédain, ou autre chose. Il regarda autour de lui, scrutant les environs, mais, encore trop ahurie, je ne fis pour une fois pas de même. Alors que j’étais toujours la première à me soucier de ma discrétion. Il revint ensuite me fixer de son regard bleu, et je restais comme ça, de nouveau impassible – en apparence. Je faisais un effort pour essayer de garder le contrôle sur une situation qui m’échappait un peu plus à chaque instant. Quand il reprit la parole, ce fut pour me demander si ça me dérangeait qu’il s’assoit. Etonnée, je fis signe que non, me demandant quand même s’il comptait poser la tente ici. Mais au final, je me laissais glisser jusqu’au sol à côté de lui.
Je n’avais pas dormi énormément non plus cette nuit. Et les rares plages de sommeil qui m’avaient été accordées avaient été troublées. Le froid et la dureté d’un banc n’aidaient pas vraiment à être paisible dans ses songes. J’avais l’habitude de ça, à un point tel que je préférais parfois ne pas dormir… Avoir un toit aurait été un avantage évident pour moi, et pour ma santé. J’allais finir par mourir comme une pauvre idiote dans la rue… Mais, j’avais encore un minimum de fierté. Je n’avais pas l’intention de parasiter un jeune homme un peu idiot qui ne se rendait pas compte malgré tous mes efforts de ce dans quoi il risquait de mettre les pieds.
La suite, je l’écoutais sans comprendre. Il faisait exprès de passer outre ma remarque, prenant ça au sens le plus littéral possible. Effectivement, je n’étais pas vraiment humaine. J’allais répliquer en lui disant de ne pas se faire plus bête qu’il ne l’était déjà, mais me retenait. Il en avait conscience, mais il se fichait de savoir ce que j’avais bien pu pouvoir faire pour en arriver à sortir des phrases pareilles. Comme je l’avais senti, j’appris juste après qu’il n’était pas très honnête non plus… D’après sa description des mutants et des humains par ce qu’ils possédaient, monsieur s’amusait apparemment à détrousser les honnêtes gens. En attendant, entre tuer et voler, il y avait un monde. Je dis ça, je ne dis rien. Hum. Il continua sur sa lancée, et moi, assise comme une potiche à côté de lui, j’écoutais en silence, les yeux perdus dans le vague – mais bel et bien attentive à ses dires.
« Je me doute bien que tu n’es pas un petit innocent… Mais de là à… En fait, penses ce que tu veux. Tu n’as qu’à te dire que mon « excuse », comme tu dis, tiens pas la route. Ce que j’en dis, c’est que je m’inquiète pour toi, là, pas pour moi. Enfin, pas seulement. »
J’affichais une mine légèrement boudeuse en répliquant cela, rapidement, et ça n’attendait aucune réponse. Pas de réplique, rien. C’était un constat. Point barre. Il reporta à nouveau son regard sur moi, et je l’observais, soutenant cette fois l’azur de ses yeux sans me détourner. Il changea alors de direction. Sujet : la confiance. J’eus un temps envie de m’énerver. Certes lui aussi avait connu la déception… Mais que savait il vraiment de moi ? De ce que j’avais vécu ? C’était une situation je m’en souvenais, comme ça, sur le vif, d’au moins trois où je m’étais sentie trahie. Abandonnée. Mais je me reprenais bien vite. Il ne pouvait pas savoir, et puis, ses ennuis n’étaient sûrement pas moindres… Je n’avais pas à porter un jugement. Parce que moi non plus, je ne savais pas grand-chose de lui.
Il ne remarqua pas le subtil changement qui s’était opéré dans mon attitude. C’était plus de l’acceptation. Je n’allais pas rejeter en bloc ce qu’il me disait ad vitam eternam. Alors je l’écoutais en silence, attentive pour de bon… Son honnêteté, j’en avais conscience, était en train de réussir l’exploit de me convaincre, contre toute attente. Je me rendais compte qu’il était plus habitué à prendre des risques que je me l’imaginais. Mais à quel point ? j’écoutais sa petite histoire sans réaction particulière, mais me disais malgré tout qu’il faudrait que je pense à remercier cette jeune femme. Parce que, c’était elle qui l’avait décidé à m’aider… Pouvoir me tirer seule de ce genre de situations était utile, mais avait toujours des séquelles. L’aide bienvenue de Lukaz avait sans doute sauver ma cheville à long terme. Donc... sa dernière phrase m’acheva littéralement. Enfin, avant dernière pour être exacte. Mais la toute dernière pouvait aussi passer pour le coup de grâce. Avec un léger soupir désabusé, je le regardais et lâchais sur le ton du constat :
« tu es complètement fou, tu le sais ça ? »
Je ne disais pas ça d’un ton méchant, moqueur, ou quoi que ce soit. C’est juste que je ne le comprenais pas. Je lui adressais cependant un léger sourire, avant de regarder partout autour de moi : n’importe où, sauf vers lui en fait. Comme si je cherchais des idées ailleurs que dans son regard étrangement franc. Je finis cependant par continuer.
« Crois moi, tu n’as pas idée de la galère dans laquelle tu t’embarques. Malgré tout, c’est ta peau, ta vie, et tu en fais ce que tu veux… »
Je marquais une courte pause, et avec une légère moue, laissais sortir les mots qui me brûlaient les lèvres :
« Et puis, je dois bien avouer que j’ai bien besoin d’aide. Vivre dehors c’est pas le pire, mais savoir que j’ai du mal à joindre les deux bouts, ça, ça m’horripile. Fierté idiote… C’est juste que… je suis peut être folle, mais j’aime pas impliquer d’autres mutants dans ma jolie petite vie. Il faut croire que je suis encore un minimum dotée de sentiments humains… »
je m’arrêtais de nouveau. Plus longuement cette fois. Quand je repris la parole, je tournais enfin mon regard vers le français, plus décidée que jamais et déclamais rapidement :
« Ecoute… Les gens m’ont toujours fait des promesses, pleins de bonnes volontés… et les ont rompues une à une. Alors, je veux bien essayer. Mais j’ai bien ma condition. Ne me promets rien, pas de serment, de « je t’aiderais toujours », je m’en contrefiche. Tant que tu me dis que tu ne vendras pas mes secrets au premier venu, je fais abstraction. Et puis, si un jour il te prend l’idée de me foutre à la porte, t’auras pas à t’en vouloir, et je n’aurais pas à t’en vouloir. Je peux être… rancunière dans ces cas là. »
Avec l’impression irrépressible que j’allais faire une belle bourde, je le fixais gravement, , l’air un peu surpris aussi. Cette acceptation, aller vers cette main tendue, c’était contraire à tout ce que je m’imposais à moi-même. Une fois de plus, je recommençais cette erreur qui me coûtait tant à chaque fois. Pourtant, j’espérais aussi, au fond, que ce soit la bonne. Que cette fois, les regrets ne soient pas au rendez vous au bout du chemin.
« Je veux bien essayer… Tenter le coup ne sera pas pire que les autres fois… Mais je te le dis une dernière fois : ne t’attends pas à être en sécurité tant que je serais chez toi, Lukaz. J’attire les ennuis comme un aimant… Il faut croire que je suis irrésistible. »
Avec un sourire en coin, je me relevais, et tendais ma main – celle qui était indemne – au beau voleur pour l’aider à se relever quitte à faire. Me redresser ainsi me donna un temps le vertige : bouger la main, m’appuyer sur ma cheville, tout le tralala, mais ce fut relativement passager. Le mode « longue distance » de mon pouvoir reprit bien vite le relais.
Spoiler:
on arrive au bout de tout ça, finalement \o/ je te laisse clore définitivement ?
◊ Lukaz Le Guen ◊
۞ Mutant Non Recensé ۞
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Lukaz avait tenté d’expliquer son point de vue sur la situation à la jeune femme, mais il ne savait pas s’il avait réussi. D’accord, il avait bien compris qu’elle attirait les ennuis comme un aimant et qu’elle avait fait des trucs pas bien dans sa vie, mais en quoi ça le concernait ? Bien sûr, ils vivraient dans le même appartement et du coup, elle pouvait attirer ces ennuis chez lui mais il savait quand même se défendre. Et puis, c’était pas comme s’ils débarquaient tous les jours, si ? En plus, si ça devenait vraiment un problème, il pourrait aussi compter sur l’aide de la famille Gambino. Quant à ce qu’elle avait fait ? Bah c’était à elle de vivre avec et comme elle semblait, en quelque sorte, le regretter, ça corrigeait bien le problème. Alors, à moins qu’elle ne soit une tueuse en série psychopathe, il n’avait pas de vraie raison de s’inquiéter.
A un moment, Kaileen avoua qu’elle avait déjà compris qu’il était pas si innocent que ça. Vraiment ? Ca se voyait donc tant que ça qu’il était louche ? Dommage, il aurait plutôt pensé que son visage affichait un petit air angélique… Ou pas ! Mais bon, ça ne semblait pas la déranger plus que ça, alors autant laisser ce détail de côté. Surtout qu’elle précisait s’inquiéter pour lui. Surprenant ça. Elle avait été très étonnée que lui s’inquiète un peu pour elle et maintenant, elle avouait l’inverse. Il lui avait peut-être tapé dans l’œil ! Si seulement… Enfin, ça faisait quand même plaisir d’entre ces mots dans sa bouche. Et ça le faisait sourire.
Finalement, après qu’il eut fini son histoire au sujet de la confiance et du fait qu’il se devait de l’aider, parce que c’était comme ça, Lukaz eut l’amusement d’entendre Kaileen soupirer, avant de lui balancer qu’il était fou. Ah ça, pour sûr, il devait l’être un peu. Peut-être à cause de la drogue ? Ou c’était génétique ? Aller savoir. Mais aider une inconnue ramassée dans la rue, c’était un peu fou, oui. Voir plus encore. « Fou ? Sans doute. Mais n’est-ce pas plus fou encore de faire confiance au fou ? » Tout ça, dit avec un sourire. Une simple petite remarque pour faire sourire la belle, parce qu’elle était encore plus mignonne comme ça. Pour une raison totalement inconnue, Lukaz aimait bien la jeune fille. Il avait envie de la connaitre, même si elle se faisait passer pour une horrible créature qui assassinait à tour de bras. En général, la vérité est bien plus douce que tout ce que l’on peut raconter.
Elle n’avait pas tort en disant qu’il ne savait pas dans quoi il se lançait… Mais l’inverse était tout aussi vrai. Après tout, il suffisait qu’il se foire un jour pour que les flics débarquent dans son studio… Voir qu’un contrôle dans la rue tourne mal… Pour le moment, il avait toujours échappé à tous les ennuis, mais suffisait d’une fois, pour que sa vie change. Et par la suite, celle de Kaileen aussi. Elle expliqua ensuite qu’elle avait besoin d’aide et qu’elle n’allait donc pas dénigrer celle qu’il lui proposait, même si elle se refusait d’impliquer d’autres mutants dans sa vie. C’était bête ça, mais bon, ça pouvait se comprendre. Surtout si, comme elle le disait, les gens avaient toujours rompus leurs promesses. Ca n’était pas son cas, par chance. Il se demandait toutefois ce qu’elle entendait pas rancunière, même si ça le faisait un peu sourire. Mais malgré tout, elle acceptait son aide. Elle choisissait d’essayer et préférait le prévenir une dernière fois. Elle était fortement liée aux ennuis. Se relevant, Kaileen tendit sa main à Lukaz pour l’aider à se relever, ce qu’il accepta. Une fois debout, il la retint le temps qu’elle reprenne contrôle de sa douleur et répondit à ce qu’elle avait dit.
« Je peux comprendre ton point de vue, mais si tu acceptes pas l’aide des mutants, qui se présentera encore ? Les humains… J’en doute. Alors chut ! En plus, je m’implique tout seul dans ta vie, donc tu as rien à dire ! » Lukaz sourit en même temps qu’il disait ça. Bon, ça devenait inutile, vu qu’elle avait accepté, mais quand même. Il souhaitait le préciser. « Je ne vais donc pas non plus te faire de promesses, même si j’ai tendance à respecter la parole donnée. Par contre, au sujet de tes secrets, je dirais que c’est donnant-donnant. Je garderais les tiens, tant que tu gardes les miens. Tu vois, je ne suis pas connu des autorités et j’aimerais que ça reste comme ça, pour le moment. Donc tant que tu ne parles pas de moi, je ne vois pas pourquoi je chercherais les ennuis en te trahissant. » Lukaz s’approcha ensuite de Kaileen, aussi près que possible sans qu’elle ne se sente menacée. Puis, chuchotant, il prononça quelques mots. « Et je le confirme. Tu es vraiment irrésistible… » Il laissa planer ces mots quelques instants, souriant, avant de reprendre une posture plus correcte. « Bon, c’est pas parce que tu sens rien qu’on va te faire souffrir inutilement. Prends appui sur moi et n’hésite pas à te laisser aller ! Je suis plus fort que j’en ai l’air. J’appellerais bien un taxi, mais en général, ils vont pas par chez moi… Ca va ? Bon, c’est par là. » Aidant la jeune fille à se déplacer, ils partirent donc en direction de la bouche de métro, dans la rue voisine.
Sujet clos !
Spoiler:
Bon, Kaileen, j’ai clos le sujet ^^ Tu pourras le signaler ici dès que tu l’auras lu ^^ Et c’est quand tu veux qu’on rejoue ensemble
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Sujet: Re: Promenade matinale
Promenade matinale
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