Sujet: Seule ou accompagnée. [Jared] Lun 23 Nov - 21:22
Seule ou accompagnée.
Seule. Aelys était seule. Pourtant, elle aurait pût passer la journée accompagnée. Rester dans l'appartement, attendre que Piotr ne rentre et rester en sa compagnie, silencieuse, calme, apaisante. Il n'y aurait pas forcement eût beaucoup de mots, de longs moments où ils auraient été dans leurs coins, sans rien dire, sans même faire quelque chose obligatoirement. Ces instants valaient de l'or car ils étaient éloignés de ce dont elle avait l'habitude. On ne lui demandait rien, on ne la forçait à rien. Elle apprenait sur le tas des choses plus ou moins utiles, piochant au gré des rues ce qui l'intéressait, continuait à progresser en lecture. Et elle aimait ça. Lire. Se perdre des heures durant dans des pages, dans des histoires, oublier la sienne et en faire vivre une autre juste en la parcourant des yeux. Bien sûr, elle avait déjà quelques écrivains qu'elle aimait plus. D'anciens Stephen King par exemple. Celui-ci avait un don particulier pour la jeune, celui d'avoir sût, à son époque, ressortir de vieilles peurs humaines, les matérialiser et les faire revivre. Il jouait sur les mots, s'amusait de tout et de rien et surfait toujours à la frontière du réel. Et quand il ne faisait pas ce fantastique à moitié réaliste, il tapait dans un futurisme qui la laissait toujours pantoise, étonnée de ce qu'il pouvait imaginer. Et justement, c'est ce qu'elle lisait en ce moment. Running Man. Trouvé chez un antiquaire qui semblait aimer voir la jeune débarquer, lui rendre l'ancien livre qu'elle avait finit pour en emprunter un de nouveau. Il la laissait venir, farfouiller, et repartir après quelques mots. Parfois, gentiment, le vieux monsieur l'aidait à comprendre le sens de phrase qu'elle ne comprenait pas, l'aidait à entre-voir le fond de la pensée de l'écrivain – n'oublions pas qu'elle n'avait jamais eût de cours d'Histoire, de Géographie, qu'elle ne pouvait donc percevoir tout les tenants et aboutissants de certaines parties des histoires – mais jamais il ne posait de questions. Aelys ne comprenait pas pourquoi il faisait ça, pourquoi ce Mr Hugdson, propriétaire d'une boutique qui vendait autant d'anciens livres que de meubles abimés et de café acceptait de voir une partie de sa marchandise partir et revenir, aléatoirement, sans jamais rien recevoir en retour qu'un sourire ou qu'une petite course – que la mutante faisait avec un plaisir certain, heureuse de pouvoir aider ce gentils homme qui marchait tranquillement avec sa cane dans ses rayonnages -.
Seule ou accompagnée. La journée était déjà bien avancée. Peut-être était-il 4 ou 5h de l'après-midi. Une journée étouffante, chaude, de celles qu'elle n'aimait pas et qui la poussait à rester enfermer dans l'appartement ou … ou à fuir. A chercher un peu d'ombre, un peu de calme. Un endroit où lire sans entendre le bruit des voitures, des jeunes qui criaient. Un endroit où elle pourrait peut-être oublier ses visions qui, en ce moment, se faisaient fortes, puissantes, inquisitrices, toujours mauvaises. Elle avait longuement hésité, puis s'était retournée vers la forêt. Du couvert, la nature, le repos. Un livre – toujours Running man, toujours cette critique -. Aelys avait mis quelques temps pour rejoindre la forêt. Un malaise diffus gonflait son cœur, la faisant sursauter au moindre bruit. Comme si elle s'enfonçait dans un piège, comme si elle revivait le reste d'un mauvais rêve. Comme si même son instinct lui hurlait de faire ça, et qu'elle s'enfonçait entre les arbres avec une insouciance déconcertante. Mais n'était-ce pas à l'avantage qu'elle était pourtant supposée retirer de son pouvoir? Savoir à l'avance ce qui allait se dérouler, deviner et réagir en conséquence – si elle pouvait le faire, ce qui n'était pas encore gagné avouons-le -? Au pieds d'un arbre au feuillage dense, la blondinette se laissa glisser. Ou tomber. A vous de voir puisque les deux peuvent être utilisés. A peine fût-elle par terre que sa main se glissa dans la poche du pantalon qu'elle portait, en extrayant le fameux livre qu'elle lisait, en ce moment. Un marque page en dépassait, représentant un coucher de soleil sur les Appalaches (disait la légende). Ça ne représentait, pour la jeune, qu'une image éphémère et invisible mais qu'elle trouvait particulièrement jolie. Comme un espoir. Mais il n'y fit pas attention, ouvrant délicatement l'ouvrage de poche et se replongeant dans la magie des lettres, dans le bal des mots, dans la beauté des phrases. Peu à peu, elle se perdit dans l'histoire, revint à cette époque inventée où toute la vie tournait autour du jeu, but ultime d'un pays qu'elle ne connaissait que trop bien pour sa cruauté…
Accompagnée. Un bruit. Une vision. Brutalement, Aelys releva sa tête, sentant sa nuque craquer à moitié et ses yeux lutter pour ne pas perdre pieds. Un bruit. Un craquement de branche, d'herbe ou de vieilles feuilles sûrement. Elle l'avait entendu et automatiquement la blondinette se releva. Une vision. Un homme, grand, du genre qui lui faisait peur avant même qu'il ne soit prés. Ses bras pendaient autour de son corps, ses doigts se serraient machinalement sur le livre ou se refermaient sur la fine peau de la paume de main. Son regard, comme une biche au abois, cherchait d'où provenait le bruit, cherchait sa source. Et son corps, naturellement, se préparait à fuir. Des doses d'adrénalines qui parcouraient ses veines. Tout ses muscles qui se tendaient, au maximum du possible. « Qui est-ce? » Au moindres mots, elle fuyait. Comme l'impression, de nouveau, d'être retombée dans un piège, de vivre un futur qu'elle connaissait déjà mais ne souvenait pas. Aelys savait qu'elle ne se concentrait pas assez sur ses visions, qu'elle n'y prêtait pas assez attention. Elle savait bien qu'elle avait à faire des efforts là-dessus, qu'elle devait trier tout ce qui devait lui passer par la tête. Que les entrainements qu'on la forçait à faire, là-bas, était bon pour elle. Le but, beaucoup moins, mais les exercices lui apprenaient à aiguiser son don, à prévoir un peu mieux et à le comprendre encore plus. La blondinette savait aussi qu'elle devait continuer …. mais qu'elle ne voulait pas. Qu'elle se le refusait. L'espoir de devenir normal, de ne plus être sous l'emprise de ces images folles qui tournoyaient jour et nuit devant ses yeux. Mais elle ne devait pas penser à ça. Pas maintenant. Pas alors que tout n'était que danger. Elle répèta, d'une voix un peu plus ferme, toujours aussi faible pourtant, sa question. « Qui est-ce? » Pitoyable tentative pour paraître sûre d'elle. Pour reprendre contenance, elle plia ses bras, cherchant dans les fourrées du regards une personne pour l'instant invisible. Dans un effort aussi vain, elle repoussait les visions pour être concentrée sur le présent, cherchant à éloigner la folie qui pointait le bout de son nez. Pas question de se faire avoir. Et l'instant où elle comprit – l'instant où les images ne lui laissèrent plus le choix en faite -, un autre bruit retentit, derrière elle.
Aussitôt, elle virevolta pour faire face, ses longues mèches blondes et emmêlées cachant une fraction de seconde son regard bleuté. L'homme. Il était là. Aelys savait quelques petites choses de lui mais rien d'important. Les visions ne montraient qu'un futur possible, elle s'en rendait bien compte maintenant … Pourtant, elle savait qu'il n'était pas bon. Elle le sentait, à la façon dont les visions s'imposaient sans aucune douceur à elle, forçant sans pitié le barrage de son esprit. Naturellement, elle recula d'un pas, sur ses gardes. Prête à fuir. Comme toujours. Ou à entendre ce qu'il avait à dire …
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Ven 27 Nov - 7:38
Jared dormit par intermittence cette journée-là, presque jusqu’au souper. Il n’avait tout simplement pas sommeil, même si lui et Sèverine avaient passés toute la nuit dernière debout jusqu’aux petites heures du matin, à fêter au Powerhaus. Près de lui, Sèverine dormait à poings fermés, la tête appuyée sur son épaule, mais quand il avait la chance de sombrer dans le sommeil, ça ne durait jamais longtemps. Il passa presque toute la nuit à contempler l’obscurité grise, en respirant l’odeur de leur transpiration et du souffle régulier de Sèverine, en se demandant – pour la millionième fois au moins – dans quelle voie se dirigeait leur relation. Il l’aimait énormément, mais son allégeance à Chow et aux Mutants Hostiles passait avant elle pour le moment. Leur couple devrait survivre à cette période troublée, ou au moins jusqu’à ce que l’Opération Apocalypto cesse de les pourchasser comme des bêtes. Jusque là, il ne pouvait s’engager pleinement. Trop de risques.
À cinq heures, il s’extirpa de l’étreinte inconsciente de Sèverine et s’habilla comme à son habitude : jeans, t-shirt sous une chemise ouverte et souliers de course. Il appela Walter à son travail, ce dernier lui annonçant qu’il serait devant l’appartement d’ici peu. Une fois prêt à s’en aller, il la réveilla avec des baisers et lui annonça qu’il devait partir.
- Je vais aider Walter ce soir, tu te rappelles ? Il a besoin d’un coup de main au Powerhaus… On se voit plus tard cette nuit.
Elle acquiesça, à moitié endormie.
- OK, Jared.
Dehors, la chaleur l’accueillit. Le soleil avait, semblait-il, tapé fort toute la journée. Jared avait l’impression que les vagues de chaleur qui s’échappaient de la chaussée lui sapaient ses forces. En plein cœur du désert, une telle chaleur n’était guère étonnant, sauf qu’à la longue, c’était éreintant et étouffant. Comme aujourd’hui. Le second des mutants hostiles se remémora d’autres lieux en d’autres temps, ou la température était plus clémente. En sortant de l’ombre du bâtiment, il découvrit la lumière dorée que le soleil projetait sur Achaea et sur le désert, la forêt et les collines et montagnes qui entouraient la ville. Il alluma sa première cigarette du jour en allant s’asseoir sur le muret séparant la rue du stationnement du lotissement d’appartements ou Sèverine vivait.
Walter devait normalement venir le chercher rapidement, selon ses dires, mais Jared ne voyait sa voiture nulle part. Son ami n’était apparemment toujours pas arrivé. Rien d’étonnant là non plus ! Depuis qu’il le connaissait, Walter était rarement à l’heure à un rendez-vous. Toujours en retard. Jared haussa les épaules et s’installa plus confortablement sur le muret, bien que sa nouvelle position ne soit guère mieux. Et cette chaleur !
Il attendit près d’une demi-heure – et fuma six autres cigarettes – avant qu’un coup de klaxon retentissant n’annonce l’arrivée de Walter, dans sa voiture presque neuve. Son métier lui faisait sans conteste bien gagne sa vie ! Jared était content pour lui ; son ami avait une belle vie ; une famille merveilleuse, un endroit ou vivre accueillant et un travail qu’il adorait ! Sans compter ses amis – rares, soit ! – mais qui lui étaient fidèles. Jared attendit que Walter amène la voiture en face de lui avant de se lever et de s’installer du côté passager. Dès que la porte fût refermée, Walter démarra en trombe, se faufilant adroitement dans la circulation fluide.
- Comment va, Jared ? Tu t’es remis de notre petite soirée ? - J’ai dormi toute la journée, Walt’, alors oui, ça va. Sèv’ dort encore, par contre…
Le père de famille éclata de rire, puis les deux hommes retombèrent dans le silence, tant la chaleur était accablante en cette fin de journée. Jared ferma les yeux machinalement, pour les protéger de l’éclat agressif du soleil, réfléchissant à nouveau à Sèverine et à lui, sans qu’il ne puisse rien y faire. Il pensait aussi aux Mutants Hostiles, à Chow, aux gens qu’il avait rencontrés ces derniers mois – Piotr, Sven, Wyatt -, à la guerre en cours… Tant de choses allaient arriver bientôt, il le sentait au fond de ses entrailles, comme un pressentiment. Nul besoin du pouvoir de précognition pour pouvoir deviner cela… C’est la voix de Walter qui le fit émerger de ses pensées, accompagné d’un coup de coude dans les côtes.
- Jared ! Je détecte un mutant tout près d’ici, 40 mètres à peine !
Le mutant hostile rouvrit aussitôt ses yeux clairs et vit qu’ils avaient quittés les artères principales de la ville, les autoroutes également, et qu’ils s’étaient déjà engagés sur la route secondaire bordée d’arbres menant chez les Bosks. Quelques kilomètres plus loin se trouvait l’embranchement qui menait au Powerhaus, habitation mais aussi bar clandestin pour mutants. Mutants amis avec les Bosk, il va de soit ! Une question sortit aussitôt des lèvres de Jared :
- Tu l’as déjà rencontré, Walt’ ? - Je ne pense pas. La puissance de son pouvoir ne me rappelle rien. - Puissant ou pas ? - Niveau moyen, je dirais, mais vu la distance, c’est moins évident à dire… - Arrête la voiture !
Walter freina brusquement et la voiture slaloma sur quelques mètres avant de s’arrêter sur la voie d’accotement. Jared s’extirpa du véhicule rapidement et il se tourna vers son ami, posant une nouvelle question :
- Quelle direction ? - Par là, lui indiqua Walter en pointant le doigt, mais je peux me tromper un peu ; l’aura est hors de mon rayon d’action. Navré. - Pas grave. Tu m’attends, Walt’ ? - Mais oui…
Walter soupira bruyamment et s’installa plus confortablement dans la voiture, sachant très bien que Jared pouvait très bien le faire poireauter des heures comme des minutes. Ce n’était certes pas la première fois qu’une telle situation se produisait, et certainement pas la dernière ! Jared referma la portière de la voiture avant de descendre la petite pente qui menait à la forêt. Il jeta un dernier regard vers Walter, le saluant de la main, puis il s’enfonça dans la forêt, dans la direction approximative désignée par son ami, d’un pas tranquille. Ce dernier avait dit 40 mètre environs un peu avant qu’ils n’arrêtent la voiture, donc le ou la mutante devait se trouver à quelques… 70 ou 80 mètres dans la forêt environ. Peut-être un peu plus ou un peu moins… Calculer la distance de freinage se révélant trop ardu pour son cerveau, Jared haussa finalement les épaules, chassant cela de son esprit. Il fit bouger délicatement ses doigts, créant un champ de force qui l’entoura rapidement. Son Armure Souple était en place. Il était paré.
La fraîcheur des arbres était la bienvenue en cette chaude journée. Jared se dirigea dans la direction indiquée, son regard observant la nature ; les arbres, les rochers couverts de mousse, les feuilles... Il avait toujours aimé les bois et s’y était toujours senti en sécurité. Le calme, la sérénité, la grâce des lieux étaient les bienvenues dans un monde comme celui-ci. De sa démarche féline, de son pas athlétique, le mutant hostile s’enfonça plus avant dans la forêt. Son regard se fit plus perçant, et il scruta chaque arbre, chaque renfoncement du sol, car il savait que se cacher ici était un jeu d’enfant pour qui était moindrement doué. Et lui-même n’avait pas le don de Walter, capable de détecter les autres mutants. Jared trouvait ça bien dommage, d’ailleurs ; cela lui aurait facilité la vie bien des fois. Notamment dans des moments comme celui-ci. Oh, Jared aurait pu emmener Walter avec lui, mais son ami n’avait pas son entraînement, et chacun de ses pas aurait été accompagné de craquements de branches et de grognements dus à l’effort. De toute façon, Jared préférait depuis toujours travailler en solo. Personne à surveiller. À protéger, le cas échéant. Lui seul comptait.
Jared continua à avancer, tâchant de faire le moins de bruit possible, et y réussissant assez bien. Un bruit faible, ténu, mais tout près, le fit stopper net son avancée. On aurait dit le froissement de vêtements, un peu comme lorsqu’on se relève rapidement. Se pourrait-il que le mutant ou la mutante l’ait entendue approcher ? C’était fort possible, après tout : il était discret, oui, mais très loin d’être parfait. Jared arrêta de bouger et scrutant avec attention la forêt.
Le mutant hostile se félicitait tout juste mentalement, qu’une branche se brisa avec un craquement sec et sonore sous son pied. Il jura tout bas, à peine un murmure, et se figea sur place, son regard cherchant dans les arbres le moindre mouvement suspect. Rien…
« Qui est-ce? »
La phrase, prononcée tout bas, presque murmurée, parvint clairement aux oreilles de Jared. Une voix féminine. Il scruta plus attentivement la forêt l’entourant, mais un gros arbre lui barrait la vue, moins de deux mètres devant lui. Il faillit éclater de rire, mais se retint. La personne qu’il cherchait était presque à coup sûr de l’autre côté. D’ailleurs, la voix semblait être venue de là. Jared leva lentement le pied et avança ainsi, un pied après l’autre. À ses oreilles, il ne faisait presque pas de bruit. Quelques secondes s’écoulèrent dans le plus parfait des silences, et Jared contourna peu à peu l’arbre.
Alors il la vit. Une jeune femme aux longs cheveux blonds cendrés, légèrement bouclés. Habillée simplement, elle était dos à lui, debout comme il s’y attendait. D’après sa position, elle guettait le moindre bruit et était prête à fuir au pas de course. Elle semblait plus petite que lui, mince, et elle tenait quelque chose dans ses mains. Il ne voyait pas de quoi il s’agissait.
Bon. Il l’avait trouvée. Deuxième point à régler : empêcher toute fuite. Il fit à nouveau bouger les doigts de sa main droite, créant un second champ de force qui entoura en une fraction de seconde l’endroit ou la jeune femme se trouvait et ou lui-même était. Une bulle parfaite de six mètres de diamètre. Si elle fuyait, elle entrerait en contact avec le champ de force et serait arrêtée net. Un tel arrêt pouvait être brutal, mais Jared n’avait pas d’autre moyen pour la retenir. Et si elle l’attaquait, il avait les moyens de se défendre. Surtout contre une frêle jeune femme comme elle !
« Qui est-ce? »
D’une voix un peu plus forte, mais à peine, la jeune femme répéta sa question. Jared pouvait presque sentir son inquiétude et la peur qui s’emparait d’elle. Il la vit observer intensément les arbres et les fourrés devant elle, sans voir personne. Bien sûr que non, puisqu’il se trouvait derrière. Mais comment aurait-elle pu le savoir ? *Bon, autant ne pas trop l’effrayer* se dit-il. Et il se laissa tomber au sol, s’asseyant en indien. Ce faisant, un branche craqua sous lui, de façon très sonore.
Aussitôt, la jeune femme fit volte-face, ses cheveux masquant un instant son visage. Jared la détailla, sachant très bien qu’elle ne pourrait s’en aller. Ou du moins, que normalement elle ne devrait pas pouvoir passer son champ de force. Bref. La jeune femme était jeune, 17 ou 18 ans, pas beaucoup plus. Elle avait un visage simple, mais aux traits harmonieux, une peau claire… Mais ce qui retint l’attention de Jared, ce furent ses yeux : deux billes d’un bleu frappant, pour le moment écarquillés sous la peur et la crainte. Des yeux vraiment magnifiques.
Ce qu’elle tenait à la main se révéla être un livre – il ne pouvait en lire le titre – et Jared remarqua, malgré les quelques mètres qui les séparaient, que les ongles de ses mains étaient rongés, tous sans exception. Était-elle stressée ? Et si c’était la cas, pour quelle raison ? Jared n’avait pas la réponse à cette question. En résumé, il avait face à lui une adolescente prête à fuir, littéralement terrifiée. Un peu normal, après tout, car son apparence pouvait en terrifier plus d’un. Jared avait l’air d’un vieux baroudeur mal rasé ce soir, et il savait que beaucoup évitaient de se frotter à quelqu’un ayant cette apparence.
La jeune femme fit un pas en arrière, et Jared leva une main en signe d’apaisement. Il afficha un sourire engageant, bien qu’il sache que dans son cas, ce n’était pas toujours réussi. Il avait l’air dangereux, quoi qu’il fasse, et la profondeur de son regard était telle que les gens finissaient par comprendre qu’il ne faisait pas qu’en avoir l’air. Il extirpa son paquet de cigarette et s’en alluma une, espérant prouver ainsi à la jeune femme qu’il ne voulait pas lui faire de mal.
- Ne t’inquiète pas, petite, je ne te ferais rien.
Sa voix rauque et profonde sembla faire sursauter la jeune femme, bien qu’il n’y puisse rien. Sa voix aussi était celle de quelqu’un habitué à se faire entendre et respecter. Jared l’observa un moment avant de reprendre la parole, la fille l’observant encore plus intensément, comme un animal blessé. Prête à fuir ? Cela, elle l’était, c’est sûr et certain !
- Tu es une mutante, n’est-ce pas ?
Devant son geste de recul, Jared leva à nouveau la main en signe d’apaisement. Se faire ainsi accuser directement ferait fuir bien des mutants, il le savait. Surtout avec l’acharnement avec lequel ceux de l’Apocalypto les chassaient. Aussi enchaîna-t-il rapidement :
- Reste calme, petite. J’en suis un, moi aussi. Et je ne suis pas avec l’Apocalypto, c’est même tout le contraire. Mon don consiste à créer des boucliers invisibles ; à cet instant même, tu es dans l’un d’eux. C’est une simple mesure de précaution pour t’empêcher de fuir : je tiens à savoir qui tu es avant de l’enlever. Imaginons que tu sois, toi, avec l’organisation anti-mutants, et je pourrais me retrouver dans de sales draps, tu comprends ? De nos jours, on n’est jamais trop prudent…
À voir son air terrifié, Jared n’était pas sûr qu’elle comprenne quoi que ce soit dans ses paroles. Il continua néanmoins :
- Dis-moi qui tu es et ce que tu fiches ici seule, et nous verrons pour la suite des évènements. Mais je te le répète : je ne te veux aucun mal. Il se pourrait même que je puisse t’aider si tu as besoin d’aide d’une quelconque façon. Alors ? On discute calmement ? Moi, je suis Jared…
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Sam 28 Nov - 16:29
A quoi avait-elle réagit, en premier lieux? Qu'est-ce qui l'avait fait sursauter, sortir de sa lecture, se relever? Aelys elle même ne savait pas. L'homme qui s'approchait – Elle savait que c'était un homme, comme elle savait qu'il lui ferait peur. Qu'elle avait de bonnes raisons d'avoir peur. - avait-il réellement marché sur une branche, ou une vision s'était-elle confondue avec la réalité? Les images s'étaient peut-être entre-mêlées, la présent rejoignant le futur le plus probable, lui faisant croire que ce dernier était déjà là. Ce pouvait arriver, la blondinette en avait fait plus d'une fois l'amère expérience. Et si c'était le cas – si c'était le cas! - elle courait un danger. Car jamais son don n'était jamais aussi pressant qu'en présence de quelqu'un de méchant, de fort, de puissant. De quelqu'un qui, d'un claquement de doigt, pouvait la tuer. Pendant quelques secondes, Aelys envisagea de s'enfuir. Elle ne courrait pas comme une gazelle, mais peut-être était-elle plus légère que son poursuivant. La jeune en était même sûre. Avec un peu de chance, elle pourrait se cacher, ou retourner à la lisière et rejoindre la route … Mais à cette idée, ses yeux se brouillèrent, donnant l'impression qu'elle était loin de tout. Loin d'ici. Un mirage venait de se cristalliser devant elle, chassant la réalité pour se faire une place. Elle ne voyait plus que des images incompréhensibles pour elle. Elle se voyait s'écrasant sur quelque chose d'invisible. Impossible de passer cette barrière transparente. L'évadée gémit, légèrement. Le craquement eût lieu, elle se retourna brutalement.
Les longues mèches de la mutante vinrent cacher son regard , s'imposant devant ses pupilles, l'empêchant de voir pendant quelques secondes. Privée de la vue – et ce ne fût qu'une seconde, une minuscule fraction de seconde – elle ne pût s'empêcher de paniquer. Un peu plus. Et le barrage qu'elle s'appliquait à maintenir entre son don et elle céda d'un pouce. Assez pour laisser passer de nombreuses images. Pour la figer, ses grands yeux de nouveaux ailleurs et affolés. Même lorsque ses cheveux revinrent à leurs places, la jeune resta comme statufiée. Prise au piège de son propre pouvoir. Il allait poser des questions. Des questions qu'elle ne voulait pas entendre. Des questions auxquelles elle ne voulait pas répondre. Difficilement, la blondinette déglutit, revint à la réalité. C'était là que se situait le danger. Dans le présent.
Un air dangereux. Ce fût sa première pensée. Ses cheveux, sombres; sa barbe, mal rasée; son sourire, affolant alors même qu'il le faisait gentil. Et puis, ses yeux. Ses yeux, verts, profonds, puissants, anciens … Dans un geste instinctif, Aelys fît mine de reculer. Il faisait peur. L'homme était assis, à même le sol. La situation ne semblait pas le gêner le moins du monde, puisqu'il sortait une cigarette. Quelle différence entre eux deux … Etait-il si sûre de son pouvoir? La jeune manqua de se trahir en retenant difficilement une grimace. Si l'une des dernières manifestation de ses visions avait raison, elle ne pourrait rien faire. Strictement rien, si ce n'est subir et ne rien dire. Comme avant. Comme là-bas. Mais il la tira de ses pensées. « Ne t'inquiètes pas, petite, je ne te ferais rien. » Sans même le vouloir, sans peut-être même s'en rendre compte, Aelys sursauta. Et dans l'instant, elle s'en voulut de cette preuve de faiblesse. De peur. Laisser vagabonder ses pensées n'était pas une bonne idée, pas en sa présence. Ses dents serrées au possible, elle riva ses pupilles sur le mutant. Pas question de se laisser avoir. Pas question de tomber dans un piège. Au moindre mouvement, elle s'en irait. Elle irait vérifier si ses visions étaient toujours aussi fiables.
« Tu es une mutante, n'est-ce pas? » De nouveau, le cœur de la jeune eût un raté. Comment savait-il ça? Instinctivement, Aelys recula tout en suivant cette main qui se levait. « Non! » Voix fébrile et menue, exclamation un peu trop rapide pour être sincère. Il était donc encore plus dangereux qu'elle ne l'avait imaginé précédemment. Il savait. Mais elle n'eût le temps de répondre plus, de nier cette vérité. Il précisa alors qu'il en était un et pas d'Apocalypto. L'homme n'était donc pas un chasseur, ni un chercheur. Du moins prétendait-il le contraire. Jusqu'à quel point pouvait-elle lui faire confiance? A cet instant, elle ne lui en prêtait aucune. Il n'était qu'un inconnu, un inconnu qui soudainement s'était mis en chasse après elle. Quelqu'un comme ceux de l'Opération, en somme. Quelqu'un qu'elle aurait dût voir arriver et éviter avec précautions … ses dents grincèrent un court instant, ses ongles rongés s'enfoncèrent un peu plus dans la pomme de sa main, dans la couverture du livre. Aucune réaction quand il annonça qu'elle était prise au piège de son pouvoir. Même pas un froncement de sourcils, aucun regard hagard vers l'extérieur pour chercher cette fameuse barrière. Fuir ne servirait à rien, elle le savait déjà. Son propre don l'avait mise au courant … malheureusement pour elle. Aucun échappatoire. La seule et l'unique solution se trouvait dans l'affrontement et elle ne pariait pas bien cher sa peau. Aussi, ses yeux restèrent fixés sur le mutant, son air terrifié ne s'effaça pas d'un pouce. Il sous-entendit alors qu'elle pouvait être du Centre. Si la situation n'avait pas été aussi affolante pour Aelys, cette dernière se serait mise à rire. Jaune, sûrement. Mais il ne pouvait pas savoir qui elle était et … Cette dernière pensée l'interloqua. Il pouvait savoir qui elle était. Il devait même le savoir. Toutes ces affiches, toutes ces fois où ils passaient à la télé, les autres et elle. Certes, on la faisait passer pour folle – Piotr aussi était annoncé comme complètement aliéné – mais … mais on la voyait souvent. Cette idée n'effaça pas l'air effarouché qui s'inscrivait sur son minois, mais le conforta au contraire. Jouait-il à un jeu?
Il finit par répéter des paroles qu'il souhaita rassurante. Sa dernière question fût purement théorique: que pouvait la frêle jeune femme qu'elle était contre l'homme en pleine force de l'age qu'il semblait être? Un oiseau blessé contre un tigre affamé. Deux poids deux mesures. Encore une fois, elle ne donnait pas cher de sa peau.
Jared. Ce mot sonna à son oreille, comme un signal d'alerte. Elle l'avait déjà entendu, elle le savait. Mais bon sang! Qui pouvait lui avoir parlé du mutant? Qui pouvait l'avoir mise en garde contre celui-ci? Pendant une infime seconde, Aelys ferma les yeux, cherchant à se concentrer et à faire refouler les vagues de peurs qu'elle sentait monter doucement en elle. Piotr. Piotr lui en avait parlé lors de leur première rencontre. Juste avant de s'en aller. Mais impossible pour elle de revenir sur le pourquoi. Alors, la blondinette rouvrit les yeux, fixant ceux si profond de l'homme qui fumait.
Le silence s'installa alors qu'elle le jaugeait, toujours aussi crispée. Que penser de tout ça? Pourquoi ses visions, soudainement, ne l'aidaient plus? Disait-il la vérité quand il annonçait être venu en paix? La mutante déglutit légèrement avant de reculer encore d'un pas. Simple précaution. Simple habitude. Qu'elle n'aimait pas être là, prise au piège comme un lapin dans son terrier quand le renard vient y renifler. Sans s'apaiser, elle laissa filer le temps. Tout son être trahissait encore qu'elle était aux abois et pourtant elle ne bougeait plus. Prendre son temps de paraître convaincante, ne serait-ce qu'un petit peu. Préparer ce qu'elle allait dire. Prier pour qu'il ne continue pas avec ses questions et la laisse partir. Et surtout démêler les dizaines d'idées qui s'imposaient à elle. Répondre à sa première question ne servirait à rien. Il savait qu'elle était une mutante. Connaissait-il son don? De cela elle ne pouvait être sûre. Naturellement, elle décida de ne pas dire son prénom. Il semblait ne pas la connaître, ou cachait son jeu. Pas question pour la blondinette de l'aider à en savoir plus.
« Laissez moi partir. » On aurait presque pût croire que c'était un ordre. Mais pour cela, il aurait fallut qu'elle y mette un minimum de conviction et s'applique à paraître ferme. Ces quelques mots n'étaient qu'à peines murmurés, sur une voix pleine de trémolos. Une supplique, en quelque sorte. Lamentable. Mais sûrement, à l'instant, ce qu'elle pouvait faire de mieux.
Il ne le ferait pas. Il attendrait patiemment d'avoir ses réponses – elle en était sûre et certaine. -. Pendant quelques secondes, Aelys pria pour qu'une vision se manifeste, pour qu'elle puisse trouver un moyen de s'enfuir. Rien. Le vide. Son regard restait ancré sur le présent. Saleté de don capricieux... mais la blondinette savait qu'une telle pensée était fausse. La précognition était simplement régit par des règles strictes et aucune n'était remplie ici. Il n'y avait pas eût de décisions ni de changements, rien. Rien qui ne nécessite qu'elle ait à voir le futur … un soupire nerveux lui échappa.
Dans un réflexe presque habituel, la mutante recula encore d'un pas, son dos venant se plaquer contre le tronc d'arbre au pied duquel elle fût assise. Maintenant qu'elle ne l'écoutait plus parler, ses pupilles n'osaient plus rencontrer les puits profonds et sombres qu'étaient celles de Jared. Comme un enfant, un animal qui espère vainement que ce qu'il ne voit pas n'existe pas. Ses muscles tendus au plus possible, elle reprit enfin la parole. « Je ne peux pas vous faire de mal. » Un murmure audible, mais un murmure. Clairement, elle aurait préféré ne pas répondre, se taire et pouvoir s'en aller. Et par ces quelques mots, elle répondait d'une manière biaisée à deux questions que le mutant avait posé : la première et celle qu'il sous-entendait lorsqu'il disait qu'elle pouvait faire partie d'Apocalypto.
Peut-être était-ce un rêve? Si c'était le cas, elle allait se réveiller, là, maintenant, tout de suite … Non. Le vent dans les arbres, l'odeur de la terre, son cœur battant .. tout était vrai. Ce n'était pas un cauchemar, quand bien même elle l'espérait sincèrement. Tentant de centrer ses pensées qu'elle sentait divaguer, la blondinette ferma une nouvelle fois ses yeux quelques secondes. Sa peur amenait peu à peu la folie, qu'elle s'efforcer de confiner, s'exhortant de penser à Piotr, au vieux monsieur, à tous ces gens qu'elle croisait dans la rue. « Je cherchais juste un coin calme et frais pour lire, et ... Je ... » Sa voix se fit encore plus indécise. Pouvait-elle promettre cela? « .. Je ne le referais plus. » Elle pouvait le promettre. Pour ce qui était de le faire ensuite … Tout dépendrait du futur. De l'Opération. Si celle si se remettait en chasse, la blondinette n'hésiterait pas à se cacher ici.
Aucune autre réponse. Ses yeux allaient et venaient, prenant garde de ne pas frôler le mutant qui était toujours assis, cherchant un moyen de s'enfuir et devinant qu'il n'en existait aucun. Espérant vainement que quelqu'un viendrait la sauver et l'éloignerait de tout ça … espérant sincèrement que tout se passe bien.
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Mar 1 Déc - 11:45
La panique. C’était pile ce que Jared avait en face de lui. La jeune fille blonde était à la limite de la crise, il le savait. Le sentait. Les yeux clairs de la blondinette se fixèrent avec force sur lui, écarquillés de frayeur. Non, se dit Jared après un moment. C’était plus que de la simple frayeur. C’était comme si elle savait qu’il allait arriver et l’interrompre dans sa lecture. Comment ? Il haussa légèrement les épaules, chassant cette question dont il n’avait aucunement la réponse. Malgré l’air amical et gentil qu’il arborait, le jeune ne sembla pas dupe. Jared se demanda comment elle pouvait bien savoir qu’il était en réalité l’un des mutants les plus dangereux ; il était pourtant assez doué pour avoir l’air d’un homme normal. Autre question dont il n’avait pas la réponse.
À ses premières paroles, elle sursauta, presque violemment, mais se reprit bien vite. Son visage exprima comme un regret rapide. Regret de s’être fait surprendre ? Regret d’avoir peur ? Possible. Jared remarqua sa mâchoire serrée, comme si elle voulait éviter de parler sans s’en rendre compte, et cela l’amusa. Une coriace ? Bien ! Il avait toujours aimé ce genre de personne. Beaucoup plus amusants à briser ! À sa seconde phrase, la jeune fille se trahit, probablement involontairement, ou bien peut-être eut-elle peur de sa main levée. Dans tous les cas, elle parla trop vite. Beaucoup trop vite.
« Non! »
De toute façon, le ton de sa voix la trahissait encore plus. Fébrile, faible, basse, encore trop rapide. Jared parla de nouveau, mais la jeune fille ne sembla pas croire ses paroles. Au moins était-elle prudente et n’accordait-elle pas sa confiance au premier venu. Jared nota la léger pli de sa mâchoire, tout comme il remarqua qu’elle enfonçait ses ongles dans sa main, sa prise se serrant un peu plus fortement sur le livre qu’elle tenait.
Elle n’eut aucune réaction lorsqu’il lui annonça qu’elle était prise dans l’effet de son pouvoir avec lui. Rien du tout. Pas de froncement de sourcil, pas de regards effrayés autour d’elle, rien. Cela le surprit, d’autant plus qu’en général, les gens paniquaient et tentaient quand même de franchir sa barrière. Sans résultat utile pour eux, bien entendu, mais ils essayaient néanmoins. À croire qu’elle savait déjà que fuir ne lui servirait à rien. D’autres questions fusèrent dans l’esprit du mutant hostile, mais comme aux précédentes, il n’avait pas les réponses. Finalement, il se dit que la jeune fille devait avoir un don du genre prescience, ou quelque chose du genre, qui l’avertissait à l’avance des évènements. C’était possible, mais surtout, c’était la seule réponse potable à laquelle Jared pensa. Si c’était vraiment ça, la jeune fille avait du cran, à rester ainsi à le regarder droit dans les yeux. Elle était terrifiée, certes, mais elle avait du cran.
Lorsqu’il mentionna qu’elle était peut-être du Centre, la jeune fille eut une réaction. Certes petite, et qui disparut presque aussitôt, mais l’œil averti du Second des Hostiles la nota. Elle était surprise. Diablement surprise. Ce qui sous-entendait qu’elle était peut-être bien une des évadés des bases d’Apocalypto. Sauf que Jared n’avait aucun moyen de le vérifier. Déjà qu’il n’y connaissait à peu près rien en informatique, alors regarder la télévision… Il se maudit intérieurement de n’avoir pas plus apporté attention aux flashs spéciaux, quand le gouvernement montrait les visages des évadés. Il se rappelait avoir déjà vu Piotr sur une des affiches, mais c’était tout, et il avait alors déjà rencontré le jeune mutant au pouvoir de glace. En plus, ce dernier lui avait donné toutes les informations en sa possession, ou du moins toutes celles qu’il avait bien voulu lui donner.
L’air effarouché ne quitta pas le visage de la blonde, même quand il répéta qu’il ne lui voulait aucun mal. Une nouvelle fois, elle réagit à ses paroles. Ou plutôt, à un des mots qu’il prononça. Son nom : Jared. Le connaissait-elle ? C’était possible, ça aussi. Il était recherché, comme Piotr, même si le gouvernement aurait bien plus de mal à le retrouver et encore plus à le capturer. Comment stopper quelqu’un qui a le don de se protéger d’à peu près tout ? Bonne question, qui le fit sourire.
La blondinette ferma les yeux un instant, une seconde à peine, comme si elle cherchait à se rappeler de quelque chose. Jared continua à fumer, l’observant toujours aussi intensément, mais sans cacher son vrai regard, cette fois. Inquisiteur, puissant, capable de faire flancher la plupart des gens. La jeune fille se crispa davantage et reculant d’un pas en déglutissant. Jared resta silencieux, et le temps fila, intarissablement.
« Laissez moi partir. »
Sa voix était encore faible, aucune conviction. Murmures dans le vent. Une simple demande, une supplique faite par quelqu’un sachant très bien qu’il – ou elle, dans le cas présent – était prise au piège, comme un papillon dans un filet. Le silence revint, brisé un moment plus tard par un soupir de la jeune fille. Elle recula encore d’un pas, craintive, son dos se plaquant contre l’arbre. Son regard quitta celui de Jared.
« Je ne peux pas vous faire de mal. »
Toujours d’une voix tout juste murmurée. Mais ces simples mots répondaient, bien que de manière indirecte, à ses deux questions. Oui, elle était mutante, et non, elle n’était pas d’Apocalypto. Et Jared savait qu’elle disait la vérité. Ceux de l’Organisation ne gardaient pas de mutants avec un pouvoir qu’ils considéraient faible dans les rangs de leurs chasseurs. Si Jared était un jour capturé, chose dont il doutait fortement que ça arriverait un jour, et qu’il soit contrôlé d’une manière quelconque, lui rejoindrait pour sûr l’une de leurs équipes. À moins qu’ils ne le confient aux chercheurs et qu’ils tentent de créer une armure pour leurs soldats à l’aide de son don. Jared chassa ses pensées en secouant doucement la tête. Il savait déjà que son pouvoir n’était pas offensif, sans quoi elle aurait déjà tentée de l’attaquer à ses risques et périls. Quel était donc ce pouvoir, maintenant ?
« Je cherchais juste un coin calme et frais pour lire, et ... Je ... »
Un début de phrase à peine audible, d’une voix tremblante. Elle continua :
« .. Je ne le referais plus. »
Ça, Jared le savait déjà. Tomber sur un mutant de son calibre avait de quoi faire peur à n’importe qui. Surtout à une fillette de cet âge. Les yeux de la blondinette frôlaient Jared s’en s’arrêter sur lui. Cherchait-elle un moyen de fuite ? Il n’y en avait pas. Et il ne comptait pas enlever sa barrière maintenant. S’il y avait la moindre chance qu’elle soit vraiment une des évadées, comme Piotr, il avait des questions à lui poser. Beaucoup de questions. Et il tenait à savoir quel était son don. Il avait fait la même chose avec le jeune russe blond, et l’avait tout simplement terrifié. Mais il avait fini par répondre tout de même à ses questions. Si seulement il pouvait vérifier… Ah ! Jared se rappela ce que lui avait dit Piotr, mais surtout ce qu’il avait lu sur l’article que le jeune blond avait arraché en fuyant de la base. Marqués comme des bêtes. Ceux qui étaient parqués comme des bêtes dans les bases étaient marqués ! Le symbole du Centre ou ils étaient enfermés, avec en dessous leur numéro de matricule mutant. Vérifions, en ce cas, se dit Jared en levant brusquement sa main droite.
Il fit apparaître un nouveau champ de force entre lui et la jeune fille, qu’il modela en quelques secondes sous la forme d’une main, en bougeant rapidement et en rythme ses doigts. Une main étrange en vérité, mais une main tout de même. Il entendit un cri étouffé, venant de la jeune femme, en même temps qu'il créait sa main. Et un second avant qu’il ne fasse bouger la main-champ de force dans sa direction. Elle tenta de s'enfuir, pusi de se débattre – bien inutilement d’ailleurs – mais elle n’était vraiment pas de taille à lutter contre son pouvoir. Quelques minutes suffirent pour que la main artificielle de Jared réussisse à immobiliser la jeune femme au niveau de la taille, emprisonnant en même temps un de ses bras. De l’autre, sous l’effet de la panique, elle frappa le champ de force. En vain.
- Ne te débat pas. Je t’ai dit que je ne te ferais aucun mal, et je tiendrais parole. Si tu te blesses toi-même, je n’y peux rien.
La jeune fille continuant à se débattre, il parla de nouveau, répétant son avertissement de sa voix rauque :
- Reste calme et tout ira bien. Je tiens juste à vérifier quelque chose.
Et le mutant hostile se leva, écrasant sous la semelle de son soulier sa cigarette. Il s’approcha de la blondinette et fit tourner sa main-champ de force en levant le doigt, l’obligeant contre sa volonté à tourner sur elle-même, la mettant dos à lui. Les jambes de la jeune fille ne touchaient plus terre, seul le champ de force la supportait. Jared avança encore et arriva à sa hauteur, bien qu’il la dépassait en grandeur. Il écarta de sa main les longs cheveux blonds – qu’il trouva fort doux – et dénuda son épaule gauche, en prenant bien garde à ne pas lui faire mal ou à déchirer ses vêtements. Rien. Il jura mentalement et se demanda s’il ne s’était pas trompé. Pour Piotr, le tatouage avait bien été à gauche, non ? Ou peut-être que c’était de l’autre côté ? Il dénuda l’autre épaule, la droite, et vit ce qu’il cherchait. Le tatouage du Centre et le numéro. Dix-sept. Ainsi, elle était le numéro dix-sept parmi les mutants capturés. La dix-septième capturée, ou bien donnaient-ils les numéros au hasard ? Ou étaient-ils donnés selon le pouvoir ? D’autres questions sans réponse.
Jared observa le tatouage un moment, quelques minutes peut-être, réfléchissant à tout ce qui concernait l’Opération Apocalypto, avant de se rendre compte que la jeune femme était toujours dans cette situation ô combien humiliante. Il claqua des doigts et la main qui l’emprisonnait disparut. Jared l’agrippa par le bras pour ne pas qu’elle se fasse mal en tombant et la remit sur pied. Peut-être un peu trop brutalement, mais au moins ne s’était-elle pas brisée quelque chose en tombant. Il la lâcha délicatement et recula de quelques pas avant de s’accroupir au sol, réfléchissant toujours. Au bout d’un moment, il parla à voix haute :
- Tu t’es évadée d’une des bases d’Apocalypto,dit-il simplement, énonçant le fait d’un ton neutre.Comme Piotr… Tu le connais, n’est-ce pas ? C’est lui qui t’as dis mon nom, qui t’as mis en garde contre moi…
Il se tut, se replongeant dans ses pensées. Dieu qu’il aimerait savoir ou cette ou ces fichues bases se trouvent ! Il pourrait, avec Chow et leurs alliées, organiser une attaque groupée et enfin anéantir ces anti-mutants. Beaucoup penseraient certainement qu’une telle attaque serait vouée à l’échec, mais lui et Chow y croyaient. En éliminer peu pour en sauver beaucoup. Jared avait toujours aimé cette réplique, bien qu’avec le temps il ait oublié d’où elle était tirée. Un livre ou un film, peut-être ? Peu importait vraiment en fait. C’était justement ça qu’il fallait faire. Éliminer une poignée d’humains radicaux pour permettre au reste de comprendre leur puissance à eux, les mutants. Bien leur faire comprendre que nous ne supportons pas d’être traités pire que des animaux. Cela changerait peut-être quelque chose à leur situation. Ou peut-être pas… Jared l’espérait, en tout cas.
- Accepterais-tu de m’en parler ? De l’endroit ou tu as été enfermée ? J’ai besoin de savoir tout ce dont tu peux te rappeler, avec le plus de détails possibles. Ensuite seulement, je te laisserais partir. Saine et sauve. Piotr est toujours vivant après m’avoir rencontré, non ?
Il l’observa, la tête penchée sur le côté. La blondinette était encore plus terrifiée. Peut-être ne l’avait-elle-même pas entendu parler sous l’effet de la peur. Pourtant, Jared se doutait qu’elle l’écoutait, juste à voir l’air farouche qui apparaissait sur son visage, mêlé à la peur… Si elle acceptait de se confier, Jared la laisserait repartir. Cela, c’était certain. Si elle refusait de coopérer… Il secoua doucement la tête, espérant qu’elle ne choisirait pas cette voie. Il pouvait lui montrer des choses avec son pouvoir qui lui feraient encore plus peur. Des choses qui la marqueraient à jamais… Jared espérait vraiment qu’elle ne choisirait pas cette voie. Comme bien des fois au cours des rencontres qui avaient marquées la vie du Second des Mutants Hostiles, le choix était pour elle. Elle seule déciderait de la suite de leur rencontre. Lui ne ferait que réagir en conséquence…
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Mar 1 Déc - 20:01
Combien de temps tiendrait-elle face à lui? Ce n'était qu'une questions de minutes sans doute. Si Jared insistait, elle céderait. Dans tout les sens du terme, s'abandonnant à tout et surtout à cette folie qu'elle sentait poindre. A cette détresse qui lui amenait toujours l'oubli. A cet égarement qui finirait bien par arriver. La briser n'avait jamais été difficile, tant elle était toujours en équilibre comme une assiette sur une pointe fine. Un coup de vent, une légère brise et elle s'effondrait d'un côté ou de l'autre. Pour le meilleur comme pour le pire. Et l'homme qui lui faisait face avait tout pour la faire plonger. Charismatique, dans le sens où il exerçait un pouvoir important sur les autres – elle n'en doutait pas.- Sûr de lui, et il avait toutes les raisons de l'être : la puissance d'un don offensif et défensif, la force physique, le calme de celui qui se sait écouter et qui sait qu'il a l'ascendant sur l'autre. Comment, à partir de là, aurait-il pût douter de lui? A l'instant même où il avait posé les yeux sur la blondinette, il avait sût remporter la partie. Aelys en était sûre. Elle finirait par craquer. D'une façon ou l'autre, elle finirait par parler.
Mais la blondinette n'y faisait pas encore attention, trop attentive qu'elle était à toutes ses réactions, au moindre de ses mouvements. Même le sourire qu'il eût à un moment la rendit suspicieuse. Son regard s'intensifia, puissant et inquisiteur. Pendant quelques secondes, elle manqua de flancher puis se reprit. Non. Elle ne se laisserait pas avoir. Il ne la lâcha pas du regard, quand bien même elle reculait et se retrouvait contre le tronc d'arbre. Pourtant, il ne réagit à aucune de ses paroles, lui laissant le temps de bafouiller et supplier, les secondes s'égrenant sans qu'il ne sembla y faire attention. Il continuait de fumer, paisible comme s'ils discutaient calmement autour d'une tasse de thé. Aelys ne pouvait s'empêcher d'être intriguée, impressionnée par ce calme qu'il affichait. Comme si rien ne le touchait. Comme s'il était imperméable aux émotions, aux sentiments, comme s'il …
Ses pensées furent brisées. De nouveau, ses yeux se voilèrent et elle se raidit. Il venait de prendre une décision. L'enfermer. Encore un peu plus. Une main … un bref cri perça ses lèvres, alors qu'elle comprenait. Son don ne se résumait pas seulement à créer un champ de force, à maintenir quelqu'un dans un rayon de quelques mètres. Il pouvait aussi le rendre moins rigide, le modeler, en faire une extension de sa propre main. Une extension de ses doigts qui, sans aucun doute, ne souffrait d'aucune douleur et possédait une force surhumaine. Une poigne parfaite pour retenir quelqu'un de très près. Aussitôt, elle bondit, feinta. A l'instant même où il pensait à quelques chose, elle le voyait et pouvait réagir. Habituellement, tout du moins. Comment voir quelque chose d'invisible? Elle ne pouvait plus s'y fier, quand bien même elle savait parfaitement ce qu'il était entrain de faire. Si elle avait eût le temps de réfléchir, elle aurait imaginé différent scénario, différentes feintes et aurait vu laquelle aurait marché. Mais elle n'avait pas le temps. Réagir maintenant, ou il serait trop tard … si ce n'était pas encore le cas. Une fraction de secondes après, l'évadée trébuchait et se sentait attraper. Trop tard. Combien de secondes? Dix? Vingt? Deux minutes? Depuis combien de temps avait-il posé ses yeux sur elle? Combien de temps encore? Dans un réflexe inné, elle se débattit, luttant contre la poigne sévère et pourtant relativement délicate qui l'enserrait. Quelques longues secondes encore, et elle fût entièrement retenue, exception faite d'un de ses bras qui tentait toujours de repousser l'envahisseur invisible. Parfaitement inutile, la jeune en étant consciente, mais elle ne pouvait céder aussi facilement. Elle ne pouvait simplement pas supporter l'idée qu'on puisse aussi aisément capturer quelqu'un, l'immobiliser … Et pourtant, Aelys savait que c'était le cas. Lui se servait de son pouvoir, d'autres de flèches tranquillisantes et les derniers de filets. Le résultat était le même, bien que dans le cas de Jared, son don lui permettait d'empêcher par la même occasion sa victime de se blesser – au moins un minimum -.
« Ne te débat pas. Je t’ai dit que je ne te ferais aucun mal, et je tiendrais parole. Si tu te blesses toi-même, je n’y peux rien » Si la mutante avait été en état et de penser et de parler, elle lui aurait sûrement répondu quelque chose comme 'Des clous'. Aucune confiance en ce qu'il disait, en ce qu'il préparait. Parce qu'elle savait parfaitement ce qu'il voulait faire comme elle savait qu'elle avait déjà perdu. Mais l'être humain n'est-il pas en cela étonnant qu'il se bat même pour une cause perdue? Au lieux de répondre, elle continua de se débattre, alors qu'il répétait son avertissement. Au moment où il l'a faisait tourner, où ses pieds ne touchèrent plus sol, Aelys abandonna. Pour le coup, c'était réellement perdu. Il allait y arriver. Son cœur battant en chamade, elle s'autorisa quelques larmes. Celles-là même qui erraient au bord de ses paupières depuis le début. De toute façon, il ne pouvait pas les voir et ainsi ne pouvait pas percevoir sa détresse. Sa terreur.
Quand Jared repoussa ses longues mèches blondes, elle frémit. D'un frisson qui mêlait peur, horreur et dégout. Peur de ces doigts inconnus. Horreur des souvenirs qu'il allait remonter. Dégout qu'on la touche sans lui demander. Impression que tout recommençait, qu'en faite c'était la même chose avec un semblant de liberté. Au lieu de cachets, une main invisible et puissance. En place de chercheurs, un homme avide de savoir ce qu'elle savait. Dans les deux cas, prêts à tout pour obtenir ce qu'ils souhaitaient. Encore une larme.
Et justement, il l'obtint. La preuve qu'elle était bien évadée d'une de ces fameuses bases. Il sembla l'oublier, et c'aurait été parfait si elle n'avait pas été perché à quelques mètres du sol, sans possibilité de se mouvoir ni de s'enfuir. C'aurait pût passer si ça avait été un ami. Ce n'était pas le cas. Il n'était pas là en tant qu'ami quoi qu'il ait dit au début. Un ami aurait attendu qu'elle soit prête à parler, qu'elle en soit capable. La peur paralysait une partie des fonctions 'vitales' d'Aelys, sa capacité de réflexion la première. Un claquement de doigts, elle dégringola de son perchoir. Et puisqu'il faut dire la vérité, s'il n'avait pas été là, elle serait tombée assez durement pour se cacher quelque chose. Mais elle n'eût aucun sourire ou regard gentil et remerciant. Tout son être était concentré sur l'idée de mettre le maximum de distance entre leurs deux corps. Comme si cela pouvait servir à quelque chose. Ses yeux étaient redevenus méfiants, présents alors qu'elle le fixait. Elle respirait la peur à sa façon de se tenir si tendue. Rapidement, la blondinette passa une main sur son visage, retirant les dernières traces des pleurs qui l'avaient surprise, et revissa ses pupilles bleutées sur l'homme qui s'était accroupis, pensif.
« Tu t'es évadée d'une des bases d'Apocalypto. » Sa voix était neutre. Quelqu'un annonçant la pluie pour le lendemain aurait eût plus de pitié. Aelys recula, plia légèrement. Comme si son souffle était coupé – ce qui était un peu le cas, quoi qu'elle en pense -. Un trou béant venait de se rouvrir au fond de son âme, sanglant et douloureux. L'Opération. La chose à laquelle elle évitait de penser depuis des jours et des jours, qu'elle s'appliquait à oublier. Qui, pourtant, la réveillait encore nuit après nuit, chassant les rêves pour les transformer en cauchemar. Et lui ne semblait se rendre compte de rien. Comme si tout était normal. Aux mots qui suivirent, la jeune sursauta brutalement, son regard s'alarmant d'autant plus. « Non! » Raté. Il va falloir apprendre à mieux mentir, Aelys. Éviter de se précipiter pour répondre, de froncer d'inquiétude les sourcils, de se retenir de respirer. Tout ça n'aidait pas à ce que l'interlocuteur puisse croire au mensonge ..
Et puis, les questions fatidiques tombèrent comme un couperet. En faite de question, il cachait des affirmations. De la rhétorique pour garder un air poli, tout au plus. « Accepterais-tu de m'en parler? » Ses yeux fermés le plus fort possible, elle secoua la tête en un non qu'elle tenta de faire définitif. Doucement au début. Ses mèches blondes se soulevant à peine de ses épaules. « De l'endroit où tu as été enfermé? » Ses mèches s'envolèrent, dessinant un léger halo autour d'elle alors qu'Aelys niait violemment de la tête. Pas question. « Ensuite seulement, je te laisserais partir. Saine et sauve. » La menace était à peine voilée. Encore une fois, garder les formes semblait être le plus important pour Jared. Paraître gentil. La blondinette ne s'était pas trompée. Son don ne s'était pas trompé.
Quelques seconde s'écoulèrent, qu'elle s'appliqua à respirer. Les battements de son cœur l'assourdissaient, pourtant tout les mots du brun avaient frappé forts. Son visage redevint farouche, la peur toujours aussi inscrite. Quand elle fût sûre de pouvoir parler – et non pas bredouiller d'une voix aigüe et affolée -, la jeune répondit. « Non. » A peine un murmure alors qu'elle gardait le regard rivé sur lui mais évitant ses yeux. « Non, je ne peux pas. »
Pendant quelques fractions de secondes, tout fût clair dans sa tête. Aucune vision, comme si Jared était ahuri de l'entendre répondre une telle chose. Peut-être n'avait-il pas l'habitude qu'on le contredisse ou qu'on lui désobéisse. La blondinette venait de faire les deux à la fois. Et puis, tout éclata dans son esprit. Les images. Les sons. Ses pupilles s'agrandirent sous la peur, voilées et lointaines, centrées sur l'invisible pour le commun des mortels. Sur le futur qui était là, proche, presque réalisé. Réalisable. Tout tournait autour d'elle. De la souffrance qu'elle pouvait ressentir. Des peurs qu'elle pouvait avoir. Certaines images étaient clairs, d'autres non.
La main revenait, et elle se retrouvait propulsée haut, haut, hurlant de peur. La main réapparaissait, déracinait des arbres. Sa main, sa réelle main se levait et des milliers de balles en sortaient – petites, rapides, mortelles – pour s'écraser autour d'elle. Et des dizaines d'autres choses.
Une minute, peut-être deux pendant lesquelles on aurait pût croire qu'elle était droguée. Les larmes coulaient sans retenue le long de ses pales joues, elle ne réagissait à rien. Sa respiration s'était faite sanglot, et elle murmurait de rapides non qui ne laissait aucun doute : la terreur avait prit le pas sur toute autres choses. Il était comme les autres. Il arracherait ses secrets si elle ne les lui donnait pas. Il allait lui arracher, là, maintenant, tout de suite. Ses mains montèrent machinalement à ses oreilles, alors qu'elle réprimait difficilement un hurlement, tentant de se dépêtrer des images qui s'imposaient toujours.
Et puis, soudainement, elle recula. Au fond de ses yeux, à peine une flamme farouche pour rappeller qu'elle ne dirait rien. Le reste de son corps hurlait sa terreur alors qu'il ne l'avait pas approché. « Non ... » Une supplique, de nouveau. A peine un murmure audible. « Je vous en supplie, non... » Elle vendait son secret, son don, à moitié, mais qu'importe. La peur paralysait tout, jusqu'à sa reflexion. « Pas ça, s'il vous plait ... » Enfant brisée. Adulte dévastateur.
Pas en italique, un bref résumé de ce qu'elle voit.
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Jeu 3 Déc - 6:39
Marquée par la vie. Par son enferment dans une des bases de l’Organisation anti-mutants. Par les tests qu’elle y avait assurément subie. Par… par tout, en fait. La jeune blondinette lui rappelait énormément Piotr, le jeune au pouvoir de glace qu’il avait rencontré quelques mois plus tôt. Si semblables !
Et pourtant… Elle était différente de lui, même s’il ne pouvait dire exactement de quelle façon. Il la vit se raidir alors qu’il pensait tout juste à l’enfermer dans sa main-champ de force. Que voyaient donc ces yeux terrifiés ? Ce qu’il pensait ? Probable. Ce qu’il prévoyait faire ? Encore probable. Ou ce que elle allait subir ? Jared n’en savait rien. Toujours est-il qu’elle poussa un bref cri juste avant qu’il ne lance sa main sur elle. Elle tenta bien de feinter, de l’éviter, mais que pouvait-elle faire, quand bien même elle savait ce qui allait lui arriver ? Ses champs de force étaient invisibles et silencieux. Jamais elle ne pourrait les éviter. De fait, la jeune fille fut emprisonnée et Jared put observer ce qu’il voulait voir. Il la savait terrifiée, apeurée par sa seule présence. Il la sentit frémir alors qu’il la touchait. Il comprenait, bien sûr, mais il voulait savoir. Au détriment de ce que la jeune blonde pouvait bien vouloir. Jared n’avait jamais été du genre à faire dans la dentelle, encore moins à tourner autour du pot quant il voulait quelque chose.
Une évadée. La confirmation de ce qu’il pressentait lui fit oublier la jeune fille quelques seconde. Puis il fit disparaître sa main et agrippa la fille pour l’empêcher de tomber, avant de la relâcher. Elle ne fit rien pour le remercier et il ne dit rien, sachant qu’elle le détestait, le haïssait peut-être. Jared savait que beaucoup auraient attendus qu’elle soit prête à parler, mais lui non. Elle le fixait, méfiante, et Jared savait qu’elle voulait s’éloigner de lui au plus vite. Tout son être le disait, exprimait la peur qu’il faisait ressortir en elle. Il la vit passer sa main fine sur son visage, sur ses yeux, cachant et retirant ce qui restait de ses larmes. Son regard bleu se posa à nouveau dans le sien, si vert et si perçant. Sa constatation, prononcée d’un ton neutre, une simple réfléxion pour lui, la fit réagir violemment. Jared comprenait sa réaction. Si elle était moindrement comme Piotr – et elle l’était, c’était l’évidence même -, son séjour chez les humains de l’Organisation Apocalypto l’avait très durement marquée. Il vit sa réaction – le souffle coupé, la tristesse, la peur et la terreur présentes dans ses beaux yeux bleus – mais il fit comme s’il ne voyait rien. Et sa réponse, énoncée trop rapidement, et son regard écarquillé, son sursaut, tout indiquait qu’elle mentait.
« Non! »
Ses autres paroles, mélange de questions et de constatations, choquèrent encore plus la jeune fille. Elle ferma les yeux, secoua la tête pour signifier qu’elle ne voulait absolument pas, ses cheveux blonds voletant autour d’elle. Non, non, non ! Elle ne voulait pas et savait – à l’avance, peut-être ? – qu’il voulait des réponses et qu’il ne la laisserait pas partir avant d’en avoir eu. Elle n’était pas dupe, cette petite, peut-être grâce à son don, elle savait ce qu’il était, qui il était réellement. Son apparence amicale, camouflage généralement adéquat face à la majorité des gens, ne marchait pas avec elle. Paraître gentil ? Inutile avec elle.
Un temps s’écoula, chacun d’eux gardant le silence. Innocence face à l’assurance. Adolescente face à l’âge adulte. Le visage de la fille redevint dur, farouche, mais la peur y était encore apparente. Enfin, elle parla, répétant sa litanie. Sa voix était plus forte, plus assurée, mais la panique n’était pas loin.
« Non. » « Non, je ne peux pas. »
Elle gardait le regard rivé sur lui, mais pas dans son regard. Elle le craignait, et c’était normal. Surtout après avoir refusé toutes ses demandes, pourtant faites avec gentilesse. Jared avait l’habitude que les gens refusent de lui répondre ; c’était même trop fréquent. Les gens le craignaient instinctivement. Son charisme puissant et son regard profond, c’était des choses qu’il ne pouvait cacher, même avec tout son talent d’acteur. Et cette jeune fille l’avait percé à jour encore plus facilement. Que pouvait bien être son don ? Et que savait-elle sur l’Organisation ? Deux questions auxquelles il aurait voulu avoir les réponses. Il se rappela des situations – plusieurs dizaines d’images traversèrent son esprit - où la parole seule n’avait pas suffit. La regardant toujours, il se rappela certaines choses qu’il avait faites à des gens et il imagina la jeune fille à leur place. Des images apparurent dans son esprit…
…Et la blondinette sursauta violemment. Ses pupilles s’aggrandirent de terreur, tandis qu’elle se mettait à trembler. Des larmes apparurent au coin de ses yeux avant de couler à flots sur ses joues. Elle semblait… ailleurs, oui. Dans un monde bien à elle. Et ce qu’elle voyait ne semblait absolument pas lui plaire. Aucunement. Sa respiration s’accéléra, brisée de sanglots presque violents. Une litanie de non qui paraissait sans fin sortait de sa bouche, si rapidement que Jared ne percevait qu’un unique son presque étrange. Terreur. Voilà ce qui avait fait son chemin dans le cœur de la blonde. Mais terreur de quoi ? De ce qu’il avait pensé ? Des choses qu’il pouvait lui faire si l’envie lui en prenait ? Il n’avait fait que penser à ces mille et une choses qu’il pouvait faire avec son don, et bien sûr, il avait pensé qu’il pourrait les lui infliger. Jared n’était pas un monstre, après tout. Il n’avait jamais fait de mal – physiquement – à quelqu’un qui ne le méritait pas. Piotr s’en était sorti sans dommages physiques, mais blessé mentalement. Jared n’y avait pas été de main morte avec lui, ça non. Il lui avait extirpé ses secrets, de force un peu, certes… Ferait-il de même avec elle ? Telle était la question que Jared se posait tandis que la jeune fille pleurait toujours.
Ce qu’elle savait pourrait s’avérer important pour la guerre en cours. Peut-être même vital pour les mutants. Connaissait-elle l’emplacement de la base d’où elle s’était échappée ? Savait-elle comment s’y rendre ? Que savait-elle d’autre ? C’était tentant de prendre le risque de la brusquer un peu… mais Jared se rappela que Walter n’était pas très loin. Faire ça ici, c’était prendre le risque de perdre l’amitié de la famille Bosk. Perdre le droit d’aller au Powerhaus. Des choses qu’il ne voulait aucunement prendre le risque de perdre. C’était ironique, non ? Le Second des Hostiles, capable d’éliminer quiconque se dressait sur son chemin, sans aucun remords ni aucune pitié, refusait de perdre l’amitié de quelques personnes… *Peut-être ne suis-je pas si irrécupérable que ça*, se dit-il mentalement, son regard profond ne quittant pas la jeune femme.
Jeune femme qui avait mis ses mains sur ses oreilles, pour ne plus entendre sa voix certainement. Jared voyait qu’elle réprimait à grand peine un hurlement de terreur. Soudain, elle recula contre le tronc d’arbre, mettant un peu plus de distance entre elle et l’hostile. Son regard avait repris son éclat farouche.
« Non ... » « Je vous en supplie, non... » « Pas ça, s'il vous plait ... »
Elle avait VU, d’une manière quelconque, ce à quoi il avait pensé. Elle avait VU ce qu’il avait projeté de lui infliger. VU la souffrance qu’il pouvait lui infliger. VU la terreur qu’il savait inspirer. VU les différents effets de son don ; sa main, ses balles, ses murs… et tout le reste. Comment ? Il voulait savoir, mais ne voulait pas lui faire de mal – ne voulait plus -, mais il savait qu’elle tenait à garder ses secrets. Il alluma une nouvelle cigarette et resta comme il était, accroupi, à réfléchir un moment encore. Il entendait sa respiration saccadée, qu’elle tentait de contrôler. Décidément, il ne savait pas y faire avec les jeunes… Il était venu ici avec de bonnes intentions – vraiment – et avait fini par la terrifier totalement. Il poussa un soupir avant de se relever. Il avait pris sa décision.
- Je ne te ferais pas de mal, je l’ai promis. Et quand je donne ma parole, je la tiens toujours. Je t’ai fait du mal, n’est-ce pas, en ramenant ces souvenirs ? Ce n’était pas voulu – pas vraiment – et je m’en excuse. Crois-moi ou non, c’est ton choix….
Il se tut et recula de quelques pas pour la mettre plus à l’aise avant de s’asseoir à nouveau en indien sur le sol. Il se doutait que ça n’y changerait rien. Elle avait peur de lui et même s’il s’était éloignée, cela ne changerait pas. Il n’enleva pas la bulle qui les emprisonnait tous les deux ; il tenait à lui parler encore. À essayer de lui parler encore, car il comprendrait qu’elle refuse.
- Il y a une chose que je ne comprend pas totalement… Ton pouvoir te permet de voir d’une certaine manière ce que je pense, n’est-ce pas ? Comment ça fonctionne ? Tu lis directement dans mes pensées ou c’est autre chose ?
Questions, questions, questions… Toujours des questions. Jared décida de lui confier certaines choses à son sujet. Peut-être cela l’amènerait-il à lui parler ? En tout cas, ça ne coûtait rien d’essayer. Il voulait parler en ce moment, c’était tout. Rien d’autre.
- Tu sais qui je suis vraiment ? Piotr t’a mis en garde et c’est normal. Malgré tous mes talents et ma puissance, je ne suis pas très doué quand il s’agit de converser avec des gens blessés par la vie, et comme avec toi, j’ai été un peu brusque avec lui... Ma curiosité me pousse parfois à être impoli et quelque peu... impulsif, disons. Navré, vraiment. Je me présente : Jared Nar'Soll, du groupe des Mutants Hostiles. Je suis leur Second, petite, juste après Chow Watanabe. Comme toi, mon visage et mon nom sont connus de ceux de l’Opération. Ça t’est peut-être égal, mais toi et moi ne sommes pas si différents…
Différents ? Ils l’étaient beaucoup en fait, bien qu’à la base, ils étaient semblables. Mutants tous les deux. Recherchés tous les deux, quoique pour des raisons fort opposées… Vivant tous les deux une vie de paria… Peut-être – il en doutait pourtant – cela la pousserait-elle à s’ouvrir un peu. À lui poser des questions même, pourquoi pas ? Jared espérait au moins que la petite verrait, avec son don, quel qu’il soit, qu’il ne lui voulait aucun mal. Qu’elle n’était pas réellement visée par les idées cruelles et violentes qui avaient traversées son esprit plus tôt. Et que cette pensée était réelle. Et peu importe comment se déroulait la suite de leur conversation, la blondinette repartirait chez elle entière. Cela, c'était certain.
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Jeu 3 Déc - 20:45
Qui pouvait-il bien être? Jared était important, influant, peut-être capable du meilleur mais surtout du pire. Puissant, fort, capable d'une seule main de soulever un arbre sans le toucher. Il était mauvais, au moins au point de briser quelqu'un pour arriver à ses fins. Pour le reste, le don d'Aelys ne pouvait le lui dire. Et encore, ce n'était que des devinettes au vu de ce qu'il prévoyait. A peine des suppositions donc et pourtant elle était sûre de toucher juste. Il avait ce je ne sais quoi qui ne trompe pas, cette petite chose en plus qu'ont les chefs, les hommes d'influences. Pas ceux qui se mettent devant, non, ceux qui sont d'accords pour travailler derrière, dans l'ombre, dans le boulot qui demandait un maximum d'efficacité et de contrôle de soi. Peut-être se trompait-elle. Si la jeune n'avait pas été une mutante, mais une fille normale qui n'en avait jamais entendu parler ou si son don avait-été différent, aurait-elle sût? La blondinette en doutait : il jouait un jeu serré. En mettant tout à plat dès le début - « Mon don consiste à créer des boucliers invisibles ; à cet instant même, tu es dans l'un d'eux » avait-il dit -, l'Hostile donnait l'impression de tout dire et de ne rien cacher. Et il était bon acteur, de ceux qui jouent naturellement et en donnant l'impression que tout est réel. Et pourtant, il calculait, mentait peut-être. Aelys ne pouvait pas savoir. Ne pouvait pas savoir tout.
Puis, tout cessa. Il n'y eût plus de nouvelles images, plus de nouvelles terreur. Plusieurs minutes encore, qu'elle passa terrifiée. Les anciennes images ne voulaient pas s'en aller, s'accrochant à sa rétine, y laissant une empreinte floue mais persistante. Comme pour lui rappeler le danger qu'elle courrait, à l'instant même. Comme pour lui rappeler de ne pas se laisser avoir par une voix douce, par des mots amicaux. Jared avait au moins pensé à lui faire du mal. Il l'avait envisagé assez fort pour que le futur ne devienne probable. Assez pour que ses visions ne se fassent pressantes, violentes, trop présentes. Assez pour qu'elle ne veuille pas s'échapper. Peut-être aussi la blondinette avait été trop surprise, à la fois par ces mêmes images que par l'horreur qui s'en dégageait – qu'elle ressentait! -. Mais pour finir, Aelys réussit à reprendre le contrôle de la terreur qui l'envahissait. Les sanglots se firent silencieux même si les larmes coulaient toujours, le filet de Non s'apaisa, sa respiration se fit plus douce. Mais la peur était toujours présente – la blondinette gardait ses yeux maintenant bien sagement sur le sol, à quelques pas d'elle -. Mais les images restaient. Mais la tension était toujours là – sa mâchoire serrée, ses poings encore une fois refermés – d'ailleurs, elle remarqua que le livre n'était plus dans sa main, mais tombé-, tout ses muscles tendus pour déguerpir dès qu'elle en aurait l'occasion -. Ainsi, lorsqu'il reprit la parole, elle sursauta. Violemment. « Je ne te ferais pas de mal, je l’ai promis. Et quand je donne ma parole, je la tiens toujours. Je t’ai fait du mal, n’est-ce pas, en ramenant ces souvenirs ? Ce n’était pas voulu – pas vraiment – et je m’en excuse. Crois-moi ou non, c’est ton choix…. » Aelys tiqua sur le souvenirs. De quoi parlait-il? Des souvenirs liés à l'Opération? La jeune ne voyait que ça. Le reste n'appartenait pas au passé, ni même au présent. Les autres douleurs étaient pour le futur. Un futur qui n'existait plus, d'ailleurs … Encore une fois, elle tiqua. Un futur qui n'existait plus, oui. Le flot d'image s'était arrêté, signe que soit ce n'était plus d'actualité, soit c'était en tout et pour tout ce qu'il envisageait de lui faire. Et si cette dernière possibilité était la bonne, pourquoi n'attaquait-il pas encore? Pourquoi Jared ne lançait-il pas les hostilités? Lorsqu'enfin elle osa recroiser le regard si vert, si profond de l'Hostile, un éclair d'incompréhension et d'étonnement animait le sien. En plus de la peur, bien sûr. Il disait vrai. D'une façon ou d'une autre, il disait vrai.
Il fît quelques pas en arrière et se rassit. Comme si de rien n'était. Le retour des apparences? La méfiance revint d'autant plus et Aelys ne se détendit pas d'un pouce. Son cœur battait toujours la chamade, les larmes ne se tarissaient pas encore le long de ses joues, ses yeux ne perdaient pas leurs éclairs de terreurs et de suspicions.
Il parût réfléchir. Bien qu'une bonne partie de son esprit ne soit paralysé par la peur, elle ne pût s'empêcher de faire de même. Encore une fois, elle s'était mise dans de beaux draps. Il savait qu'elle venait du Centre, savait qu'elle était amie avec Piotr. Avait surement de gros soupçons sur ce dont elle était capable au vue de ses réactions. Ce qu'elle pouvait être bête. Et régie par ses émotions. Et par son pouvoir. Pas une seule seconde elle ne le perdit des yeux. Jared était là, assis comme un enfant à même le sol, fumant. Oui, on pouvait se faire prendre au piège. C'était facile même. Il suffisait de le croire, de suivre ce que le mutant disait.
« Il y a une chose que je ne comprend pas totalement… Ton pouvoir te permet de voir d’une certaine manière ce que je pense, n’est-ce pas ? Comment ça fonctionne ? Tu lis directement dans mes pensées ou c’est autre chose ? » A l'instant même où il se mit à parler de son pouvoir, Aelys voulut reculer d'un pas. Son dos s'écrasa contre le tronc, alors qu'elle avait déjà oublié qu'elle était contre. C'était instinctif. Parler de ce qu'elle pouvait faire remonté des dizaines de souvenirs. Tous pires les uns que les autres, tous remplis d'horreur et de douleurs. Il poursuivit, cependant. «Tu sais qui je suis vraiment ? Piotr t’a mis en garde et c’est normal. Malgré tous mes talents et ma puissance, je ne suis pas très doué quand il s’agit de converser avec des gens blessés par la vie, et comme avec toi, j’ai été un peu brusque avec lui... Ma curiosité me pousse parfois à être impoli et quelque peu... impulsif, disons. Navré, vraiment. » Un peu brusque? Piotr n'avait pas parlé beaucoup de Jared et de son groupe. Quelques mots tout au plus. Pourtant, elle avait comprit que ça avait été un peu plus que simplement un peu brusque. Pensait-il vraiment ce qu'il disait? Jusqu'à quel point pouvait-elle avoir confiance en ses paroles? « Je me présente : Jared Nar'Soll, du groupe des Mutants Hostiles. Je suis leur Second, petite, juste après Chow Watanabe. Comme toi, mon visage et mon nom sont connus de ceux de l’Opération. » Certaines choses prirent du sens. Le Mutant était donc bien puissant, nécessiteux de respect. Ce qu'il voulait était bien clair, au vu du groupe auquel il appartenait. Mais jusque là, rien ne la choqua. Juste un frémissement lorsqu'il parla du Centre. Et ce fût tout. Aucune réaction, garder le silence en espérant qu'il l'oublierait.
« Ça t’est peut-être égal, mais toi et moi ne sommes pas si différents… » Cette fois-çi, une réaction. « Non! » Réponse monosyllabique. Comme pas mal de fois depuis le début. Et Aelys le pensait sincèrement. Ils étaient différents. Elle ne voulait pas être comme lui. Elle ne voulait pas arracher des choses aux gens. Elle ne voulait pas la guerre. La paix, le calme, voir des jours se lever et des nuits. C'était tout. Mais ses yeux se baissèrent, prête à subir les conséquences de son silence à ses questions, à sa dernière réponse qui était sans équivoque.
Rien ne vint. Les paupières soigneusement fermées, la blondinette se préparait à lutter contre les images, mais rien ne vint. Le futur était calme, les possibilités aussi. Ahurie. Il faut bien l'admettre, Aelys fût ahurie. Assez pour la forcer à relever le regard, à frôler une nouvelle fois celui de Jared avec curiosité. Il disait vrai. Au moins pouvait-elle lui faire un minimum confiance sur cela …
« Je .. » Le mot était sortit naturellement, derrière un voile d'anxiété et de peur. Qu'allait-elle dire? Aucune idée. Les paroles sortaient sans même qu'elle ne s'en rende compte.Le besoin de se justifier sans doute. « Non. Nous ne sommes pas pareils. Je ... Vous voulez une guerre, n'est-ce pas? » Presque une question rhétorique, pour le coup. Ce sortait d'entre ses lèvres comme une affirmation. « Je veux une paix. Nous voulons une paix. » Les larmes revinrent à ses yeux, plus fortes. Plus chargées d'émotions, de tristesse. « Vous avez sans doute de bonnes raisons que de la vouloir, mais nous n'en voulons pas. La paix, l'oubli, le calme. C'est tout ce que nous voulons. » Nous? A l'instant, elle ne pensait qu'à Piotr et elle, puisqu'il était le seul qu'elle connaissait échappé de là-bas. Peut-être s'avançait-elle beaucoup mais … c'était la seule chose qu'elle voyait. Le seul espoir possible. La paix, l'oubli, le calme. Trois mots minuscules et magnifiques. « Pour … Pour le reste, nous sommes pareils oui. J'aimerais pourtant mieux que nous ne le soyons pas. » C'était un demi mensonge. Aelys rêvait d'être humaine, simple humaine, le craignait pourtant. Ses visions faisaient partis de sa vie … étaient sa vie. Aelys aurait aimé ne pas être enfermée au Centre, ne pas avoir à s'y enfuir. Alors, oui, ils étaient pareils sur la forme, différents sur le fond. Bien différents même.
Les autres mots vinrent, sans qu'elle n'ait à les chercher. L'habitude peut-être fît qu'elle répondit à ses premières questions. A demi-mot. Sans creuser. Réponse superficielle. « Vous vous trompez. Je ne sais pas ce que vous pensez. Je n'en ai aucune idée même … mais je sais. Je sais parfois, je me trompe souvent. » Savoir quoi? Si la question le titillait assez, il jouerait aux devinettes. Sinon, elle n'en dirait plus. Juste assez pour être sûre qu'il tiendrait parole. Juste ça.
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Ven 4 Déc - 6:54
Yeux écarquillé, mâchoire serrée. Poings fermés, jointures blanches. Corps tendu comme la corde d’un arc et légers tremblements. La blondinette était toujours autant terrifiée par sa présence. Sursaut violent alors qu’il parlait après quelques minutes de silence. Jared devina qu’elle se posait plusieurs questions, notamment pourquoi il ne l’attaquait pas. Son regard quitta le sol et croisa le sien et l’hostile vit qu’elle comprenait qu’il était sincère en disant qu’il ne lui ferait pas de mal. L’incompréhension et la surprise dominèrent son regard un instant, même si la peur était toujours présente. La méfiance réapparut dans le regard océan de la jeune fille, tout comme les larmes continuaient de couler. Terreur, méfiance, suspicion, incompréhension, surprise… La jeune fille ne devait pas comprendre à quel point Jared était complexe. Certains le logeaient d’instinct chez les méchants, mais il n’était pas que ça. Loin de là. Ce n’était qu’une partie – certes importante – de lui-même. Une partie d’un tout extrêmement complexe. L’hostile était à peu près certain que jamais la blondinette n’avait rencontré un être tel que lui dans sa courte existence. Charismatique, puissant, impressionnant… Capable de mentir comme les autres respirent, sûr de lui… Bref, avoir quelqu’un comme lui en face d’elle devait être nouveau.
Il s’assit puis parla de nouveau après un moment. Son regard clair et profond observait intensément la jeune fille. Sa dernière phrase fit réagir la jeune femme, qui répondit – encore – par un « Non! » rententissant. Ce simple mot était-il tout ce qu’elle savait dire ? Jared ne réagit pas à sa réponse, se contentant de l’observer. La jeune fille ne continua pas sur sa lancée, n’expliqua pas pourquoi elle croyait qu’ils étaient différents. Son regard retourna vers le sol et le silence revint. Jared avait toujours aimé le silence. C’était des moments comme celui-ci qui démontraient sa grande maîtrise et son calme incroyable. Bien souvent, aussi, le silence faisait parler ceux qui lui faisaient face. Le fait qu’il ne parle pas, ne pense à presque rien, ne fasse rien non plus, les mettaient mal à l’aise. Et ils parlaient alors. Justement, la blonde releva la tête et frôla son regard. Il décela de la surprise, non, plus que ça : de l’ahurissement. Et… de la curiosité, oui. Enfin, elle rompit de nouveau le silence, sa voix vibrant encore de peur. Les mots semblèrent sortir tout seul de sa bouche. Elle se justifiait sur sa réponse de sa dernière parole.
« Je... » « Non. Nous ne sommes pas pareils. Je... Vous voulez une guerre, n'est-ce pas? » « Je veux une paix. Nous voulons une paix. »
Si Jared voulait la guerre ? C’était tout le contraire en fait : il voulait qu’elle cesse. Pourquoi tous les mutants autre qu’hostiles croyaient-ils nécessairement que les hostiles voulaient la guerre ? Certains – Chow le premier – voulaient cela, mais lui non. Il y aurait la guerre, ça, c’était certain. Et il combattrait. Sans aucune hésitation, sans pitié et sans remords. Pour la liberté des mutants. Cette petite ne comprenait-elle pas que c’était les humains qui avaient déclenchée la guerre ? Qu’elle était déjà en plein dedans ? Non, elle ne le voyait pas. Comme Piotr ne l’avait pas vu. Des larmes coulèrent des yeux azur de la blondinette et Jared s’alluma une nouvelle cigarette, écoutant la suite de ses paroles :
« Vous avez sans doute de bonnes raisons que de la vouloir, mais nous n'en voulons pas. La paix, l'oubli, le calme. C'est tout ce que nous voulons. »
Nous ? De qui parlait-elle ? D’elle et de Piotr uniquement, ou des autres mutants dans la même situation qu’elle ? Mais Jared comprenait. Après tout, n’était-ce pas ce que lui-même voulait ? La paix, la liberté ? Oui. Et lui, contrairement à elle, savait qu’il faudrait – qu’il fallait ! - agir pour l’obtenir. On n’obtenait jamais rien pour rien en ce bas monde. Il l’avait appris à ses dépends.
« Pour … Pour le reste, nous sommes pareils oui. J'aimerais pourtant mieux que nous ne le soyons pas. »
Que nous ne le soyons pas ? Voulait-elle dire qu’elle avait honte d’être une mutante comme lui ? Qu’elle aurait préféré ne pas l’être ? Possible, oui. Jared était à peu près certain que Piotr pensait pareil ; lui aussi aurait préféré être humain et vivre une vie dites ‘’normale’’. Mais tout trois étaient mutants et ils devaient faire avec. La question, c’était : que feraient-ils ? Piotr et la blondinette se lamentaient sur leur sort. Lui tentait d’améliorer leur sort à tous. Différents ? Oui, ils l’étaient et pas qu’un peu. Pourtant… La jeune fille continua, répondant à ses questions sur son pouvoir, mais de façon tronquée :
« Vous vous trompez. Je ne sais pas ce que vous pensez. Je n'en ai aucune idée même … mais je sais. Je sais parfois, je me trompe souvent. »
Elle ne lisait donc pas dans les pensées. Télépathie, out ! Elle savait ? Elle savait quoi au juste ? Humm… Amusante, la petite. En dévoiler un peu pour le titiller et l’amener à parler. L’amener à dévoiler des choses qu’il devait garder pour lui… Elle lui plaisait bien ! Jared resta silencieux quelques instants, réfléchissant à ses paroles et à la façon dont il lui répondrait. Enfin, il ouvrit la bouche et sa voix rauque retentit dans la forêt :
- Nous sommes différents, petite, c’est vrai. Je suis hostile, tu es… quoi ? Pacifique ou neutre, n’est-ce pas ? Tu veux la paix, vivre heureuse jusqu’à la fin de ta vie… C’est aussi ce que je veux. Vivre en paix dans ce monde, sans craindre d’être traqué comme un vulgaire animal. Tu dis que je veux la guerre ? Pourquoi la vouloir ? Nous sommes en plein dedans ! Les humains nous traquent, nous enferment, font des tests sur nous...
Il écarta les bras de son corps, comme pour montrer la forêt et le monde qui les entourait.
- Je veux que cette guerre cesse, petite, rien d’autre. Que mes semblables – nos semblables -, tous les mutants de cette planète puisse vivre en paix. Je veux que cessent les emprisonnements, les tests, les tortures, les traques et tout le reste. Tout ce que les humains nous font subir par crainte. Que dois-je faire, selon toi ? Rester sagement chez moi, me cacher et voir mon don comme si c’était une malédiction ? Laisser les autres mutants se faire enfermer et maltraiter ? Non ! Ce serait lâche de ma part, alors que j’ai le pouvoir de changer tout cela. Alors, oui, je combats contre les humains et oui, j’en ai tué beaucoup. Ai-je honte ? Non, car je combats pour faire un monde meilleur…
Nouveau silence. Jared tira sur sa cigarette pour se calmer un peu et expira la fumée dans les airs. Il reprit la parole :
- Je t’accorde que la majorité des hostiles ne veulent que mettre une raclée aux humains et prendre leur place en tant que race dominante. C’est la vérité, je ne me voilerais pas les yeux. Mais ce n’est pas mon cas. Oh, je suis dangereux – tu le sais – et je n’hésite absolument pas à éliminer tous ceux qui se dressent sur mon chemin et qui m’attaquent, mais ceux qui me laissent tranquilles, qui sont innocents, je le leur fait aucun mal. Prend-toi comme exemple ; je t’ai un peu brusqué, oui, mais tu n’es nullement blessée et tu repartiras chez toi saine et sauve. La paix, l'oubli, le calme, comme tu l’as si bien dit… C’est aussi ce que je veux, que tu me crois ou non. Que cesse tous les actes contre les mutants, c’est ce pour quoi je combats. Pas pour la gloire ou autre chose, non. Pour la liberté, simplement. Tu auras probablement du mal à me croire, mais c’est la vérité vraie, petite. Nous sommes tous humains à la base, non ? Simplement, nous, les mutants comme ils nous ont appelés, avons quelque chose qu’ils n’ont pas. Des pouvoirs qu’ils voudraient avoir. C’est ce qui a déclenché tout ça. La jalousie et la peur.
Jared se tut et le silence revint. Il songea à sa rencontre avec Piotr quelques mois plus tôt, aux paroles qu’ils avaient échangées mais il décida d’attendre, de ne pas poser les questions qui lui traversèrent l’esprit. Il se décida à laisser passer pour le moment. Pourtant, tandis qu’il ouvrait la bouche pour parler, une question tournait dans son esprit : était-elle aussi marquée par son séjour dans la base d’Apocalypto que Piotr l’a été ?
- Tu sais que je veux savoir ce que tu sais sur le Centre, mais je vais te laisser tranquille et ne pas pousser plus loin le sujet. Sache quand même que mon but est d’anéantir l’Opération Apocalypto, ceux-là même qui ont ruinés ta vie. Ce sont eux qui nous font la guerre. Eux qui empêchent la paix entre nos deux races de régner. Détruire ce qui est différent, tel a toujours été le leitmotiv des humains. Mais j’arrête. Plus de paroles sur ce sujet. J’attendrais que tu veuilles toi-même m’en parler. Je te fais la même offre que j’avais faite à Piotr : je suis près à t’aider. À répondre à tes questions en premier, quelles qu’elles soient. Ensuite, je peux te faire rencontrer des gens qui t’accueilleront à bras ouverts et qui t’aideront à panser tes blessures. Des amis à moi qui ont ouvert un refuge pour mutants, caché dans la forêt. Le choix te revient, petite.
Jared se tut à nouveau, mais reparla presque aussitôt pour clarifier un point :
- Tu te demandes probablement pourquoi mon comportement à ton égard a autant changé, non ? La réponse est assez simple, en fait : je tiens simplement à t’aider. Pourquoi ? Jared haussa les épaules, son regard parcourant la forêt autour d’eux. Parce que j’en ai envie, je crois. J’espère que tu accepteras mon aide, quand bien même je suis un hostile – leur Second qui plus est ! – et toi non…
L’hostile se tut, n’ayant rien d’autre à ajouter. Pourquoi lui avait-il dit tout cela ? Pour expliquer son comportement ? Non, aucunement. Jared était ainsi fait, sautait ainsi du coq à l'âne. Bien des gens avaient ainsi du mal à véritablement le cerner. Mais la suite ne le concernait plus. Que choisirait la jeune fille ? Seul l’avenir, le futur le dirait. Jared laissa percer un léger rire tandis qu’une nouvelle question apparaissait dans son esprit : quel était donc son pouvoir ?
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Ven 4 Déc - 21:52
Même maintenant, Jared ne s’énervait pas. Il restait d’un calme froid, lointain, comme si les paroles qu’elle venait d’énoncer ne le touchaient pas. Etait-il toujours ainsi ? Si sûr de lui ? Si apaisé ? Si patient ? Aelys révoqua machinalement cette dernière idée. Il n’était pas toujours aussi délicat. Piotr en avait subit les conséquences. Gardait-il sa sérénité pour mieux pouvoir la contrôler ? Etait-il aussi calculateur ? Aucunes réponses. L’Hostile était si étrange. Si ... changeant. Comme le temps sur la côte ou les caprices d’un enfant. Pourquoi avait-il si rapidement changé d’humeur ? La jeune ne pouvait le comprendre, le concevoir. Les rapports humains étaient encore si compliqués à saisir … Et de toute façon, il ne rentrait dans aucune des catégories qu’elle avait jusque là connues. Mais pour l’instant, elle ne devait guère faire attention. Si rentrer au moins sauve devait être sa priorité, en dire le moins possible serait un sacré avantage. Certes, il avait promis de ne rien lui faire. Mais il était comme le temps sur la côte. Versatile. Soleil ou orage. Orage ou soleil. La blondinette se promit de ne pas lui faire confiance, quoi qu’il dise. De ne croire que ce qu’elle voyait ou sentait. Ce qu’elle voyait surtout et dans les différents sens possibles du terme.
Le brun réfléchit quelques instants avant de reprendre la parole, de sa voix rauque qui la fît à moitié sursauter – alors même qu’elle s’attendait à ce qu’il lui réponde, elle eût un tressaillement à l’idée qu’il ne la reprenne vertement. C’était sans compter sur la tranquillité qu’il affichait toujours.- Il acceptait l’idée qu’ils soient différents. De toute façon, qui pouvait le nier ? Leurs choix, leur façon de vivre, leur passé … Rien ne se ressemblait réellement dés qu’il s’agissait de quelque chose de personnel. A peine un signe de d’acquiescement alors qu’il disait qu’elle était neutre. La suite l’étonna un peu plus. La déstabilisa un peu plus. La jeune ne partageait pas son point de vue – elle était incapable de s’imaginer à batailler, à comploter, à entrer en guerre – mais ne pouvait s’empêcher d’être pourtant intriguée. Il avait au moins raison sur un point : ils étaient dans la guerre. Elle se déroulait autour d’eux, à cet instant même sûrement. Des dizaines de personnes promutants, des centaines antimutants. Triste comparaison. Aelys ne le quitta pas du regard pendant cette première partie du monologue.
Jared croyait dur comme fer à ce qu’il disait, certain de faire pour le mieux. Ses idéaux étaient beaux – si ce qu’elle avait sût et lors de ces longues années au Centre n’avait pas exacerbé une partie de son égoïsme, elle aurait sûrement eût les mêmes – le chemin n’était pas le bon. Du moins ne pouvait-elle pas le voir comme lui. Il était bon orateur, ne pût-elle s’empêcher alors de remarquer. Il savait exalter quelqu’un, une foule sûrement. Une raison de plus pour se méfier. Et puis, au fur et à mesure qu’il parlait donc pour la deuxième fois, elle ne pût s’empêcher de reculer légèrement la tête, jusqu’à ce que ses cheveux ne se mettent à toucher le tronc. Maintenant parfaitement droite et incapable de mettre plus de distance entre eux deux, elle serra les dents pour ne pas laisser voir la peur qui continuait de monter en grandes vagues. Il s’énervait. Aelys l’entendait. Il s’énervait et ce n’était pas bon pour elle. Un frémissement la secoua brutalement quand il évoqua les meurtres qu’il avait déjà commit, elle s’exhorta pourtant au calme. Il avait promit de ne rien lui faire, et la jeune ne pouvait de toute façon que se raccrocher à l’espoir qu’il tiendrait parole. Ou qu’il se déciderait assez longtemps avant d’agir pour qu’elle puisse le voir et envisager une solution.
Mais le silence revint et il aspira de nouveau une bouffée de la cigarette qu’il tenait entre ses mains. Savait-il que c’était mal ? Ne comptez pas sur Aelys pour le lui faire remarquer. Au lieu de ça, elle suivit machinalement des yeux la fumée grise qui s’élevait, alors que de vieux souvenirs remontaient en elle. La drogue. Un moyen comme un autre de tenir à peu près calmes les jeunes tests du Centre. Chassant rapidement ses pensées, elle revint à lui alors qu’il reprenait la parole.
Une nouvelle dose de curiosité inonda ses yeux, alors qu’elle l’écoutait parler. Pensait-il ce qu’il disait ? Jusqu’à quel point pouvait-elle le croire ? Casse-tête sans solution à part le temps, sans doute. Et c’était bien ce qui manquait à la blondinette à l’instant, du temps. Jared avait dit être prêt à la laisser partir saine et sauve, pourtant la bulle qui les enfermait était encore là. Certes, cela ne menait pas forcément au fait qu’il comptait la laisser partir en mauvais état, mais dans ce cas pourquoi ne pas tout ouvrir ? Un sentiment qu’elle ressentait souvent naquit dans son estomac. Claustrophobie, qu’ils appelaient ça. Machinalement, Aelys passa sa main sur ses joues, repoussant des larmes qui pourtant ne coulaient plus maintenant. Tout son esprit était porté sur la conversation qu’il avait, sur le moindre signe qui pourrait l’aider à savoir. A voir. Saleté de visions capricieuses.
Ainsi, c’était bien vrai. Les Hostiles, au moins une partie, avait pour but de prendre une place dominante sur les humains plus normaux. L’autre partie ne voulait que la paix pour tous. Oui maos … Une question brûla ses lèvres, elle la retint pourtant. Son temps de parole n’était pas pour tout de suite, la jeune le voyait bien. Il lui fallait être sage et calme, et attendre. Encore. Il céda un peu de terrain sur les faux semblants, acceptant l’idée qu’il était dangereux. Au moins était pour le coup réaliste et ne cherchait-il plus à le cacher. Il répéta même l’idée qu’il avait déjà tué et un nouveau frisson la surprit. Pourquoi tant de violence, même sur des gens qui en faisaient de même ? Elle ne pouvait le comprendre. N’y avait-il pas d’autres solutions ? « Nous sommes tous humains à la base, non ? » Un bref sourire amusé ou ironique, tendu toujours cependant. Cela, elle le comprenait. Ils étaient tous humains à l’origine. Mais, par exemple pour les deux ici présents, ils étaient aussi plus que ça. Des mutants. Une fois de plus elle garda le silence, notant soigneusement tout cela au fond de son esprit. « La jalousie et la peur » finit-il. Cette fois ci le sourire se fît franchement ironique, en parlant de la deuxième solution. La peur. Dans son cas, oui. Les humains pouvaient le craindre. Les mutants aussi, dans une autre mesure. Mais pour Aelys, qui pouvait parler de peur ? Sa petite taille, sa fragilité, ses peurs … qui pouvait sincèrement penser qu’Aelys faisait peur ? Inconcevable pour la blondinette, en tout cas.
Le silence retomba. Une nouvelle fois. Il n’était pas gênant, jamais. Surtout au vu des mots qui allaient suivre – mais elle ne le savait pas encore.- « Tu sais que je veux tout savoir sur le Centre. » Aussitôt, elle tenta de reculer, s’écrasant encore plus contre l’arbre, glissant même légèrement sur le côté de façon à se retrouver le bras gauche contre l’écorce. Ils en revenaient au point qui gênait. Le Centre. Impensable pour elle d’en parler. La peur, déjà, courrait dans ses veines avec joie, paralysant une bonne partie de ses fonctions. La terreur et la folie, quant-à elles, attendaient sagement en coulisse, prête à intervenir dés que tout serait trop fort pour que la jeune puisse y résister. « Sache quand même que mon but est d’anéantir l’Opération Apocalypto, ceux-là même qui ont ruiné ta vie. Ce sont eux qui nous font la guerre. Eux qui empêchent la paix entre nos deux races de régner. » Si les larmes s’étaient arrêtées, elles reprirent doucement, parcourant encore une fois son visage. Au début, ce ne furent que quelques perles, qui se multiplièrent au fur et à mesure de son discours. C’était vrai. Elle avait horreur de l’admettre, mais c’était vrai. Sans le Centre, il n’y aurait peut-être pas de guerres, pas de clans, pas de haine. Encore une triste vérité. « Détruire ce qui est différent, tel à toujours été le leitmotiv des humains. » Les larmes se muèrent en sanglots silencieux, alors qu’elle tremblotait presque. Habituellement, ces mots seraient passés au-dessus d’elle sans qu’elle ne réagisse, mais le contrecoup de la terreur qu’elle avait ressentit – qu’elle ressentait toujours ! – y était sûrement pour quelque chose. L’impression que tout ne finirait jamais aussi, sans aucun doute.
Les larmes ne s’arrêtèrent pas lorsqu’il évoqua un endroit où elle pourrait être accueillie avec gentillesse. Pourtant, son regard ne pût s’empêcher de balayer machinalement la forêt. Un repère, ici ? Personne ne l’avait jamais vu ? Personne n’était jamais tombé dessus malheureusement, un humain ou un membre de l’Opération ? Un vague frisson la parcourut, noyé dans ceux qui la bougeaient déjà alors qu’elle pleurait. La question n’était sûrement pas à poser si elle souhaitait garder un peu d’estime non guidée par la peur envers son interlocuteur. Le pauvre inconscient était certainement déjà mort à l’heure qu’il était. Ou plus en état pour en parler. Ou enrôlé. Au choix. Mauvaise opinion qu’elle avait des Hostiles ? Sans doute mes amis, sans doute …
De toute façon, elle n’aurait eût le temps de répondre puisqu’il reprenait déjà la parole, justifiant son côté changeant. Ainsi, il avait juste envie de l’aider. Etrange. Aelys n’avait rien fait pour paraître aimable, gentille, agréable à ses yeux et il se proposait quand même. Réaction déroutante – mais si ça avait été la première !-.
Le calme réapparût sur la forêt, uniquement brisé une nouvelle fois par le vent qui se prenait dans les cymes, par les oiseaux qui au loin gazouillaient – ceux qui étaient prêt s’étaient tus, comme mus par un instinct de survie – et par les sanglots discrets mais présents de la blondinette qui ne tentait pas de les retenir. Au moins pendant ce temps là pouvait-elle réfléchir, peser différentes choses et choisir quoi répondre. Au moins durant ces quelques minutes avait-elle l’occasion de décharger une partie de ses batteries de stress, de laisser retomber un peu tout. La brise, douce et fraiche vint sécher les trainées humides qui lacéraient son minois au bout d’un certains bout de temps – une, cinq, dix minutes ? Aucune idée. Jared était toujours calme, mais elle ne pouvait s’y fier.- Alors seulement reprit-elle la parole, sans faire attention à ce qu’elle disait en premier.
« La guerre ne sert à rien. Je … je le pense sincèrement. Ils seront toujours plus forts que nous, n’est-ce pas ? Toujours mieux armés, toujours plus nombreux, toujours plus … motivés, n’est-ce pas ? Ils continueront à lutter, jusqu’au dernier. Jusqu’au tout dernier, parce qu’ils croient autant que vous à leur victoire. Ils finiront bien par trouver un … » Machinalement, elle s’arrêta, cherchant un autre mot que cobaye. Un mot qui lui brulerait moins les lèvres. «… quelqu’un de plus réceptif à leurs produits, quelqu’un à qui ils pourront retirer le pouvoir et ils auront gagné. Ce n’est qu’une question d’heure, de jours, de mois, d’années peut-être ! Mais ça arrivera. Ils réussiront, vous perdrez, nous perdrons … » Quelques mots à peines chuchotés, alors qu’elle fixait le sol calmement. Avant que vous ne vous posiez la question, elle n’avait jamais vu l’issue de la guerre qui se déroulait, qui était proche. Le résultat dépendait de quelques groupes, de dizaines de facteurs différents, de centaines d’acteurs qui se livraient à une lutte acharnée – ou s’y apprêtaient -. Mais Aelys le pensait. Il n’y avait plus de peur dans sa voix. Juste un air résigné. « Il ne reste que l’espoir. Mais c’est bien peu. Trop peut. » Sans y faire attention, elle avait insisté sur le ‘trop’. Parce que ça ne pesait pas bien lourd dans la balance du futur, la jeune s’en rendait bien compte.
Passant du coq à l’âne sans même y faire attention, la blondinette enchaina, d’une voix un peu plus forte. « Ils ne sont pas tous comme ça. Même au Centre. Ho, bien sûr, ils sont peu à y être gentils, mais parfois on croise quelqu’un qui a pitié. C’est déjà quelque chose la pitié. Au moins un sentiment gentil. Et puis, il y a tous ceux qui habitent ici non ? Ils ne sont pas tous méchants n’est-ce pas ? » Un court instant, ses paupières vinrent cacher ses prunelles alors qu’Aelys se rendait compte qu’il n’avait peut-être pas comprit de quoi elle parlait si soudainement. « Les humains, je parle. Je suis sûre que certains pourraient être pacifistes. Quelque chose dans le genre, du moins. »
De nouveau, elle changea de sujet. « Vous avouez ne pas hésiter à tuer … Est-ce ce qu’on appelle ‘soigner le mal par le mal’ ? N’existe-t-il pas pire que mourir ? La mort n’est-elle pas une solution un peu facile ? » Questions totalement rhétoriques, dans son cas : il existait bien pire que de mourir. Comment ça ? Les regrets. Des dizaines d’années passées à regretter. La douleur mentale, la folie. Ces choses qui poussaient à l’envie de mourir, qui devenait alors une douce paix et franchement agréable. Il existait bien pire que de mourir, elle en était sûre et certaine. Et pourtant, elle n’était pas revancharde. Consciente de ne pas toujours être claire, elle continua pour préciser sa pensée. « En les tuant, vous leur offrez l’oubli. L’oubli éternel face au remord …. » Si elle avait été mise face au choix, Aelys aurait choisit sans aucun doute la première solution.
Et puis, sa voix se refit basse, presque inaudible. Elle n’aimait guère la question qu’elle allait poser, mais sa curiosité était piquée. « Que font les autres, de votre côté ? » Une courte seconde de silence et elle écarquilla brutalement les yeux avant de les ficher dans ceux du mutant. « Non … Non pas que je souhaite en faire partie …. » Aussitôt prise de rougeur – d’autant plus visibles que sa peau était pâle -, elle revint au sol. Beaucoup plus intéressant, beaucoup moins affolant à bien y réfléchir.
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Lun 7 Déc - 4:31
Le calme et la patience. Deux des choses les plus importantes que Chow Watanabe, son mentor, avaient apprises à Jared. En tout temps, même en cet instant, ces deux qualités lui étaient particulièrement utiles. Pour la plupart des gens, quelqu’un comme ça était étrange, peut-être même fou, ou à tout le moins un antisocial. S’ils savaient à quel point ils se trompaient ! En plus de cela, Jared avait, après bien des années d’apprentissage et d’essais-erreurs, acquis la capacité d’être versatile. Il pouvait à son gré changer son comportement. Un instant gentil et amical, l’instant suivant aggressif et orageux. Ça aussi, pour la majorité, c’était destabilisant. Dérangeant, même, parfois. Bien peu y étaient habitués. Alors, un homme comme lui, changeant comme la température, ça avait de quoi mélanger la jeune fille blonde qui lui faisait face. Pourtant, elle ne le quitta pas du regard tandis qu’il parlait. Son corps, par contre, était tendu au possible, ses dents serrées par la peur qui la tenaillait toujours. Si elle avait pu détaler comme un lapin, il y avait longtemps qu’elle aurait disparue dans la forêt.
Elle tressaillit lorsqu’il mentionna avoir tué de nombreuses personnes durant sa longue vie. La curiosité apparut ensuite dans son regard et Jared y vit apparaître le questionnement. Assurément, la jeune fille se posait de nombreuses questions. Surout, elle devait se demander s’il disait vrai et si elle pouvait le croire. Elle passa sa main sur ses joues, enlevant les dernières traces de ses larmes. Elle sembla hésiter à poser une question, mais se retint finalement. Jared continuait sur sa lancée, parlant toujours.
Sourire amusé ou ironique sur le visage de la blonde tandis que Jared disait qu’ils étaient tous humains à la base. C’était vrai, mais également faux. Eux avaient des gènes supplémentaires, des gènes qui leur conféraient des dons surhumains. Télépathie, télékinésie, téléportation, champs de force… pour n’en nommer que quelques uns. Ça, Jared n’avait pas trouvé utile de le préciser ; c’était l’évidence même. Son sourire se fit vraiment ironique lorsqu’il mentionna la jalousie et la peur. Elle comprenait, ayant été cobaye dans un des Centres d’Apocalypto. Oh oui, elle comprenait, Jared n’en douta pas une seconde. Et ce n’était pas son apparence physique qui faisait peur aux humains, non. Qui aurait peur d’une petite blonde toute ‘mimi’ ? Non, ce qui leur faisait peur à tous, c’était le simple fait qu’elle ait un pouvoir. Et qu’importe si ce pouvoir était passif ou innofensif. Ça leur faisait peur. Point barre. C’était assez pour qu’ils leur fassent la chasse et les enferment comme des animaux de ferme. Foutus humains !
Jared continua, enchaîna sur le fait qu’il voulait tout savoir sur le Centre d’Apocalypto où elle avait été enfermée. La blondinette sembla vouloir s’enfoncer dans l’écorce de l’arbre. Elle recula, s’éloignant encore plus de lui. Peur, terreur, à leur apogée ! Que de simples paroles fassent autant d’effet, c’était étrange pour Jared. Mais lui n’avait pas été enfermé comme elle ou Piotr. Il ne pouvait dire ce que c’était. Pourtant, avec Chow, il avait traversé des épreuves terribles. Terribles certes, mais qui n’avaient rien à voir avec le fait d’être enfermé comme cobaye, il voulait bien l’admettre. Les larmes reprirent sur le fin visage de la jeune femme, allant en s’accélérant. Que voulaient dire ses larmes ? Qu’elle comprenait qu’il disait vrai ? Il ne pouvait en être sûr, aussi continua-t-il, ses paroles suivantes provoquant des sanglots chez la blonde, presque des tremblements.
Lorsqu’il mentionna indirectement le Powerhaus, où elle pourrait être accueillie avec bienveillance, elle ne put s’empêcher d’observer la forêt, comme si elle se demandait – encore – s’il disait la vérité. La suite de ses paroles lui sembla étrange, sans aucun doute. Pourquoi lui offrirait-il son aide ? La petite ne comprenait pas, mais alors vraiment pas. Déroutant, Jared ? Si peu !
Calme et silence revinrent. Seul les bruits habituels de la forêt parvinrent aux oreilles de Jared, accompagné du souffle un peu saccadé de la jeune mutante. Jared l’observa, toujours aussi paisible. Elle semblait réfléchir intensément. Au bout d’un moment, elle parla, affirmant que la guerre ne servait à rien, chose qu’elle pensait sincèrement. La suite déplut à Jared, mais il n’en laissa rien paraître.« Ils seront toujours plus forts que nous, n’est-ce pas ? Toujours mieux armés, toujours plus nombreux, toujours plus … motivés, n’est-ce pas ? Ils continueront à lutter, jusqu’au dernier. Jusqu’au tout dernier, parce qu’ils croient autant que vous à leur victoire. »* Négative, la demoiselle ! songea Jared. Qu’attends-tu, alors ? Jette-toi du haut d’un pont, coupe-toi les veines ! Pourquoi vivre si tu ne crois pas que nous ayons une chance ? *
Elle continua ainsi un moment, et Jared ne put s’empêcher de grimacer d’irritation à ses paroles. Trouver un cobaye et lui retirer les gènes qui lui donnent son pouvoir ? Ri-di-cu-le ! Jamais ils n’y arriveront. Ces gènes font partie prenante de nous. Les enlever, c’est nous tuer. Et effectivement, ce n’était qu’une question d’heures, de jours, de mois, d’années, avant qu’ils ne nous aient soit parqués dans une prison, soit tous éliminés. Se rendait-elle véritablement compte de ce qu’elle disait ? Jared en doutait un peu. La blonde regardait maintenant le sol, n’osant croiser son regard et parler en même temps. Même si son pouvoir consistait, comme Jared commençait à le soupçonner, à voir des bouts de futur, jamais elle n’aurait pu voir l’issue du conflit entre les deux races issues de la même. Trop de facteurs différents étaient en cause pour cela.
- Tu ne peux pas savoir ça, petite. Nous avons notre chance, mais ce sont les gens comme toi, ceux qui geignent et se plaignent qui n’aident pas notre cause. Je ne dis pas que tu devrais te battre comme je le fais, mais au moins tu devrais cesser d’affirmer que nous sommes fichus quoi que nous fassions. Nous avons notre chance., répéta-t-il en souriant.
La petite, avec un ton résigné, chose que Jared n’aimait pas – la résignation – annonça qu’il ne restait que l’espoir, que trop peu d’espoir. Elle y croyait dur comme fer, c’était certain. Soudain, elle changea littéralement de sujet, disant qu’ils n’étaient pas tous comme ça au Centre. L’espace d’un instant, Jared ne sut pas de qui elle parlait, mais à la suite, il compris qu’elle parlait des gens du Centre où elle avait été enfermée. Parlait-elle des chercheurs ou des chasseurs ? Ou des deux, peut-être ? Quoi qu’il en soit, elle ajouta que certains avaient pitié d’eux, des cobayes. La pitié ! Sentiment non pas gentil, comme elle le disait, mais misérable… Sentiment de sympathie lié à la souffrance ressentie par autrui… Gentil ? Certainement pas.
- Oui, il reste de l’espoir. C’est ce que je t’ai dit : nous avons notre chance. À nous de la saisir ! Ce n’est pas en t’appitoyant sur ton sort que les choses vont changer…
Jared était peut-être un peu dur avec elle. Pourtant, elle reprit la parole, demandant si tous ceux qui habitaient la ville étaient méchants ou non. La réponse était non, bien évidemment, en incluant les humains, bien sûr, Jared l’avait compris. Ce n’étaient pas tous les humains qui haïssaient les mutants, Jared n’était pas obtus à ce point-là. Il le lui avait d’ailleurs déjà dit : les innocents, ceux qui me laissent tranquilles, je les laisse en paix. Il appliquait la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. La loi de la jungle, tout simplement.
- Non, Aelys, ils ne sont pas tous méchants, mais tous ont peurs, à différents degrés, de nous. Ils n’y peuvent rien, c’est naturel d’avoir peur de ce qui est différent de nous. C’est la façon dont nous géront cette peur qui fait de nous ce que nous sommes. Pareil pour les humains.
Jared n’alla pas plus loin sur le sujet, car la blondinette reprenait déjà la parole, un peu comme si elle ne l’avait pas entendue. Pourtant, sa voix rauque et profonde portait loin en général, sans qu’il ait besoin de forcer. Il écouta ce qu’elle disait.
« Vous avouez ne pas hésiter à tuer … Est-ce ce qu’on appelle ‘soigner le mal par le mal’ ? N’existe-t-il pas pire que mourir ? La mort n’est-elle pas une solution un peu facile ? »
- Non, je n’hésite pas à tuer, petite. Je vis selon la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Ceux qui m’attaquent me veulent du mal et je me défends, c’est tout. La mort, une solution facile ? Peut-être, petite, peut-être… mais si je n’avais pas tués ceux que j’ai tués, il y aurait eu le risque qu’ils tentent de m’attaquer de nouveau. Pourquoi courir ce risque ? Les regrets ? Ils ont le temps de regretter de s’être attaqués à moi, de s’être frottés à plus fort qu’eux avant de mourir, ne t’inquiète pas pour ça. Moi, je n’en éprouve aucun pour mes actes. De toute façon, tu n’es aucunement concernée par cela…
La jeune fille continua sur sa lancée, demandant ce que les autres hostiles faisaient. Et elle ajouta, écarquillant les yeux, qu’elle ne souhaitait pas en faire partie. Cela fit sourire Jared, d’autant plus que la jeune fille rougissait comme une tomate. Elle riva de nouveau son regard vers le sol, incapable de soutenir son regard vert.
- Ce que font les autres hostiles ? Certains fomentent des coups d’état contre le gouvernement et l’Apocalypto, d’autres, comme moi, tentent d’aider leurs semblables d’une certaine façon, tout en luttant pour que nous ayons un jour le droit de vivre en plein jour. Je suis hostile, oui, mais pas maléfique ou nécessairement méchant, il faut que tu fasses la distinction. D’autres hostiles tuent quiconque croise leur chemin – humains ou mutants –, sans faire aucune distinction. Bref, le groupe dans lequel j’ai été pour ainsi dire élevé est diversifié, mais il existe un genre de… ligne de conduite, si on veut : tous agissent comme ils le veulent, sans soucis des lois établies. Ce n’est vraiment pas pour toi… Puis-je savoir pourquoi ça t’intéresse ? Tu es neutre, très certainement, surtout étant donné la façon dont les humains t’ont traitée, alors pourquoi veux-tu savoir ?
Jared se tut à nouveau, observant la jeune fille. Il ne savait pas quoi lui dire d’autre, à dire vrai. Il bougea un doigt et fit disparaître le champ de force qui les entourait. Elle serait libre de partir, si elle le voulait vraiment, ce dont il ne douta pas un instant. C’était probablement ce qu’elle voulait le plus au monde en ce moment : mettre le plus de distance possible entre elle et lui. Pourtant, l’hostile parla une dernière fois :
- Tu es libre de partir, petite. La barrière qui nous entourait n’est plus là. Néanmoins, j’aimerais réitérer mon offre : j’ai des amis qui vivent non loin, dans le refuge pour mutants dont je t’ai parlé. Si tu le désires, je peux t’y amener séance tenante, pour les rencontrer. Tu ne serais nullement obligée de rester avec nous, par contre. Le choix est tient. Ton don est quelque chose comme la prescience ou la précognition, n’est-ce pas ? Du moins, c’est ce que j’ai cru comprendre avec tes propos ambigus. Bref, je n’ai rien à ajouter et j’ai promis de ne pas te forcer à me parler de ce que je veux savoir, tout comme j’ai promis de te laisser repartir….
Nouvel arrêt dans ses paroles, regard par-dessus son épaule, dans la direction de la route, là où Walter se trouvait probablement encore, l’attendant dans sa voiture. Puis il ramena son regard vers la jeune fille et posa une dernière question.
- Puis-je au moins savoir ton prénom ?
Il y avait de fortes chances qu’elle ne lui réponde pas : elle ne lui faisait pas confiance – avec raison, il devait l’avouer – et elle était encore apeurée et terrifiée, bien que beaucoup moins qu’un moment auparavant. Que choisirais-t-elle ? Prendrais-t-elle la chance qui lui était offerte, à savoir celle de l’accompagner chez des gens biens, amicaux, qui l’accueilleraient bras ouvert, ou refuserait-t-elle pour retourner se cacher quelque part dans Achaea ? Jared n’en avait pour ainsi dire aucune idée. Il haussa les épaules : il verrait bien.
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Ven 18 Déc - 22:08
Alors qu’Aelys débitait son monologue sur le peu de chances qu’avaient les mutants de vaincre, Jared bouillonnait. Lui croyait sincèrement en l’espoir qu’ils avaient de réussir. Mais comment pouvait-il sincèrement croire ça ? Il y avait tant d’étapes à franchir, tant de portes à pousser, tant de personnes qui feraient tout pour empêcher qu’une telle chose n’arrive … A ses yeux, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Inutile, fastidieux. Pourquoi inutile ? Parcequ’ils ne seraient jamais reconnus comme normaux. La blondinette ne se faisait plus d’illusions : on les regarderait toujours de travers, et la peur subsisterait dans tout les cas. Et si la peur était là, des armées se créeraient toujours pour lutter contre « l’envahisseur ». Contre les mutants. Ne voyait-il pas ça ? Pourquoi fastidieux ? Pour le dernier fait qu’elle venait d’évoquer. Il y aurait toujours quelqu’un pour se dresser contre eux. Toujours. Et si ce n’était pas le Gouvernement, ce serait un groupuscule, ou bien une religion, ou bien des gens affolés. Un vrai cercle vicieux qui n’en finirait jamais. Mais elle garda ces idées là pour elle, étonnée qu’elle était déjà qu’il ne lui soit pas tombé dessus pour ce qu’elle venait d’évoquer.
Etonnement, la première qu’il parla, sa voix fût … souriante. Les mots étaient durs, cruels peut-être, mais l’homme ne semblait même pas s’en rendre compte. Curieuse – affolée, aussi -, Aelys leva rapidement un œil sur lui. Il souriait. Quel personnage étrange … Et oui, il était sûr que les mutants avaient au moins une chance. Une chance de quoi ? De vaincre ? Sans doute. Pour quoi après ? Devoir se battre en interne, entre mutants même ? Certains ne voudraient sûrement pas des humains dans le parage, d’autres seraient d’accords pour les garder. Que se passerait-il ? Mais Jared avait sans doute raison. Il existait peut-être une chance, aussi infime soit-elle … « Je ne dis pas que tu devrais te battre comme je le fais … ».Un bref sourire ironique vint s’imposer sur les lèvres de la blondinette. Elle était, dans tout les cas, strictement incapable de se battre. Dans tout les sens du terme. Ce qui n’était pas bon, j’en conviens. Dangereux. Mais non, selon lui elle devait juste arrêter de dire qu’il n’existait pas d’échappatoire positive pour les mutants. Peut-être.
Même si elle n’en donnait pas l’impression, Ae’ l’écoutait attentivement. Elle se contentait d’enchainer, espérant ne pas lui laisser le temps de réfléchir, ne pas lui laisser l’occasion de penser à l’attaquer. Tentative peut-être naïve, puérile, futile, mais elle y tenait. Vague instinct de survie, sans doute. Aussi, la blondinette l’entendit très bien parler de la normalité de la peur. Avait-il peur de quelque chose ? La question la tarauda, au moins une demi-seconde, mais elle l’écarta sans regret. L’idée qu’il puisse seulement accepter de répondre à une telle question n’était pas réelle. Et puis, il fallait rajouter les probables problèmes qui en résulteraient : c’était là une question qui ne la concernait vraiment pas.
« Non, je n’hésite pas à tuer, petite. Je vis selon la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Ceux qui m’attaquent me veulent du mal et je me défends, c’est tout.»
C’était là, encore une fois, un point de vu étrange. La jeune ne connaissait pas la loi du Talion, en saisissait pourtant le concept. A chaque action, une réaction du même genre. Du même degré. « La mort, une solution facile ? Peut-être, petite, peut-être… mais si je n’avais pas tués ceux que j’ai tués, il y aurait eu le risque qu’ils tentent de m’attaquer de nouveau.» Il était clair qu’une fois ladite personne morte, il n’y avait plus aucun risque qu’elle ne dévoile quelque chose ou attaque en retour. Solution radicale, sûrement efficace … qui pourtant mettait mal à l’aise la blondinette. Ainsi, si d’une façon ou d’une autre, quelqu’un devenait gênant, il était tout simplement … effacé ? Oui, sans doute. Son sang se glaça instantanément dans ses veines, sans qu’elle ne dise pourtant quoi que ce soit. « Pourquoi courir ce risque ? Les regrets ? Ils ont le temps de regretter de s’être attaqués à moi, de s’être frottés à plus fort qu’eux avant de mourir, ne t’inquiète pas pour ça. Moi, je n’en éprouve aucun pour mes actes. » Ho, elle ne s’inquiétait pas. Après tout … Il était clair que le mutant qui se tenait face à elle était fort. Puissant. Dangereux. Les gens qui s’en approchaient ne pouvaient pas dire qu’ils ne le savaient pas. C’aurait été comme dire qu’un éléphant n’était pas immense. Que la Statue de la Liberté n’était pas en Amérique. Bref, c’aurait été nier quelque chose d’évident. Mais … mais il y avait toujours ce mais, qui lui était dicté par ce qu’elle pensait toujours : répondre par le sang n’était jamais une bonne chose. Jamais.
Les quelques mots qui suivirent la firent aussitôt reculer d’un pas de plus, méfiante à l’idée qu’il puisse lui faire du mal –puisqu’apparemment la question qu’elle avait voulut innocente ne lui avait vraiment, vraiment pas plu. -. « De toute façon, tu n’es aucunement concernée par cela… » Elle serra les dents, ne dit rien. Les questions à caractère un tant soit peu personnelles ou le jugeant étaient donc à proscrire.
Une fois qu’elle eût posée sa prochaine question, celle qui était un tant soit peu maladroite au vue de comment elle était posée et de ce qu’elle pouvait sous-entendre, il eût un léger sourire. Et mince … voilà que lui aussi avait comprit là où, justement, elle ne voulait pas venir. Cependant, Jared prit le temps de répondre comme si de rien était, et elle écouta la réponse. Ainsi, ce qu’on disait était vrai. Il existait bien des personnes fondamentalement méchantes, même chez les mutants … un court instant, Aelys se demanda si une seule fois elle en avait réellement douté. Si oui, c’aurait revenu à dire que les mutants étaient différents des humains, ce qu’elle avait toujours nié. Il en existait aussi d’autres qui en voulaient simplement à l’état, au gouvernement, à Apocalypto. D’autres, enfin, semblaient plus … plus gentils. Jared se classait dans cette catégorie. Une grimace trouva son chemin sur le minois de la blondinette. Si lui était gentil, elle ne tenait vraiment pas à croiser les méchants. Vraiment pas. Le groupe semblait donc éclectique, comme s’il contenait tout ‘les autres’. « Ce n’est vraiment pas pour toi… Puis-je savoir pourquoi ça t’intéresse ? Tu es neutre, très certainement, surtout étant donné la façon dont les humains t’ont traitée, alors pourquoi veux-tu savoir ? » Hop là, elle piqua un léger fard. Logique que Jared l’ait comprit ainsi. Totalement logique. Cependant, la fin l’étonna. Qu’il s’interesse de sa question, et qu’il ne comprenne pas. Pour elle, c’était si logique …. « Il … Il faut connaître tout. Même ce avec quoi nous ne sommes pas d’accords. » Aelys posa une courte seconde, tentant de mettre à plat ses idées. Lorsqu’elle fût sûre de comprendre elle-même où elle voulait en venir, elle reprit : « Il faut connaître, comme ça on sait vraiment ce qu’on ne veux pas faire, ce à quoi on ne veut pas ressembler. » Aussi simple que ça, en faite. Elle avait passé de nombreuses heures à réfléchir sur ceux du Centre, à tenter de comprendre le pourquoi. Elle n'avait jamais trouvé de réponse, mais avait finit par être sûre de ne jamais vouloir leur ressembler ... plutôt mourir que d'exploiter, que de torturer, que de tester. Oui. N’osant toujours pas croiser son regard, elle laissa dériver ses prunelles sur le sol, s’apercevant au passage que le livre de King était à terre. Quand l’avait-elle lâché ? Peut-être quand il l’avait ‘maitrisé’ dans la fameuse main d’énergie. Sûrement. La voix rauque du mutant brisa une nouvelle fois le silence.
Ainsi, la barrière avait disparût. Dans quelques secondes donc et s’il tenait sa parole, elle pourrait courir, fuir, s’en aller loin, loin. Rejoindre l’endroit qu’elle parvenait presque à voir comme sa maison. L’envie la titillait furieusement, ses muscles frémissant presque à l’idée de partir. Mais il n’avait pas finit de parler, et ce n’était pas bien de fuir alors qu’il lui disait quelque chose. Jared réitéra sa proposition, parlant du refuge inconnu et de ses amis qui y habitaient. Il rappela qu’elle n’aurait aucune obligation, là-bas mais … mais la peur l’empêcha de dire oui. Elle n’irait pas avec lui. Elle n’irait pas s’enfermer quelque part avec des gens qui lui étaient totalement inconnus. C’était tout bonnement impensable. Mais elle n’eût le temps de le dire, puisqu’il enchainait sur son don. Ainsi, il savait. Inutile de mentir, la jeune s’en rendait bien compte. Totalement inutile. Aussi, bien qu’une étincelle de peur ne se soit réinvitée dans son regard, Aelys acquiesça légèrement. Sa voix s’éleva, dans un léger souffle. « Précognition, qu’ils appellent ça. » Du moins, c’était ainsi qu’était décrit son pouvoir. ‘Précognition : capable d’entrevoir le futur selon des règles parfois obscures.’ Les quelques mots qu’elle avait sût lire … Sa voix se fît encore moins audible, rendue légèrement tremblante par la peur qu’il puisse être en colère alors qu’elle allait décliner son offre. « Je … Non. Non, je vais rentrer … je vais y aller. » Aucune explication. Sûrement comprendrait-il pourquoi.
« Puis-je au moins savoir ton prénom ? » La jeune grimaça légèrement. Là-aussi, il était inutile de mentir : c’était si simple à savoir, puisque son visage était visible régulièrement aux informations. « Aelys. »
Un simple dernier mot, et sans le quitter des yeux, elle bougeait légèrement, s’abaissant pour récupérer l’ouvrage et le coller machinalement contre elle. Puis, la blondinette sembla hésiter – que devait-on dire dans ces cas-là ?-. Elle finit par se décider pour un autre simple dernier mot, une simple dernière phrase, un simple dernier regard. « Bonne … Bonne journée. » Et aussi, tentant de paraître calme mais détestant l’idée de lui tourner le dos, l’évadée se retourna. Dans la seconde qui suivait, elle se mettait à marcher, priant pour qu’il ne se remette pas à parler. Dans la seconde qui suivait, elle se mettait à courir, le bruit de ses pas légers raisonnant, priant pour qu’il ne se mette pas à sa poursuite. Si c’était le cas, elle s’évanouirait dans la forêt, prierait alors pour retrouver son chemin. Si ce n’était pas le cas.. Si ça ne l’était pas, alors elle ne savait pas. Elle ne savait sincèrement pas.
[Désolée, c'est pas top et j'ai mis super longtemps à te répondre ... Si quelque chose te gène, n'hésites pas à le dire par Mp =)]
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared] Mer 23 Déc - 5:38
Vraiment, la jeune fille avait une étrange philosophie de vie. Elle était certaine que les mutants n’avaient aucune chance d’un jour avoir la paix et pourtant, elle continuait à vivre, espérant pour elle-même une vie dite ‘normale’. Ils avaient leur chance de vaincre l’Organisation Apocalypto et de gagner leur droit à la liberté. Seulement, les mutants comme elle devait cesser de pleurer sur leur sort et s’activer un peu le derrière. L’hostile était conscient qu’ils avaient un long chemin à faire pour parvenir à cela ; des portes à franchir, des difficultés à traverser, sans compter tous ceux qui tenteraient de les en empêcher, mais à quoi bon avoir un pouvoir si on ne s’en servait pas ? À rien, tout simplement. Ils n’étaient pas humains et ne pourraient jamais se faire passer pour tel, d’accord, mais cela ne donnait pas le droit qu’on les considère comme des bêtes de foire, de simples cobayes pour des expériences inhumaines. Pourtant, c’est précisément ce qui se passait. Les mutants étaient traqués, emprisonnés lorsque capturés et devaient subir des tests horribles soit disant pour les ‘guérir’. Mais comment pouvait-on espérer guérir l’évolution ? C’était une tâche impossible et les humains devaient apprendre à faire avec et à accepter que des êtres tel que Jared et la jeune blonde existaient bel et bien. Jared ferait tout en son pouvoir pour que cela arrive, pour qu’ils soient, à la limite extrême, laissés en paix. Les humains avaient peurs d’eux ? Ils n’avaient encore rien vu !
La jeune fille sembla surprise qu’il ne lui saute pas à la gorge pour ses paroles, mais l’hostile n’était pas un monstre. Brusque, oui, violent même parfois, mais jamais il n’avait fait de mal à qui n’en méritait pas. Physiquement du moins. Moralement, c’était une autre histoire. De toute façon, ces gens là, faibles d’esprit, devaient être réveillés, devaient voir la vérité en face, aussi douloureuse et dangereuse soit-elle. Jared continua à parler et lorsqu’elle lui demanda ce qu’il en était des hostiles, il ne put s’empêcher de sourire. Ses réponses ne parurent pas rassurer la jeune fille, loin de là. Le fait que certains mutants étaient véritablement méchants, diaboliques même, était parfois difficile à admettre, mais à la base, les mutants étaient comme les humains lorsqu’il était question de leur caractère et de leur comportement, ou presque en tout cas. L’exception était leur pouvoir surnaturel et la façon dont ils étaient traités. Comme quelqu’un l’avait déjà dit, partager le monde n’a jamais été la vocation de l’homme. Les mutants étant une humanité parallèle, ils ne désiraient qu’avoir leur part du monde. Et les humains leur refusaient ce simple droit. Ce qui avait scindé les mutants en quelques groupes, dont les Hostiles, le plus radical, qui combattait pour obtenir ce droit. Les Hostiles qui comptaient dans leurs rangs des gens radicalement violents et parfois sanglants, mais également des Hostiles plus ‘gentils’, Jared se comptant parmi ceux-ci, qui oui combattaient activement, mais pas de façon – en général du moins – aussi violente et radicale que les autres. Pourtant, son mentor, Chow Watanabe, était quelqu’un de radical qui ne faisait pas dans la dentelle… Alors pourquoi restait-il avec lui ? Parce que Jared avait confiance en Chow plus qu’en quiconque en ce monde, ayant passé presque toute sa vie à ses côtés, et qu’il croyait en sa cause, soit gagner la liberté aux mutants.
Bien qu’il sache pourquoi elle voulait savoir cela, Jared lui demanda néanmoins pourquoi elle tenait à savoir tout cela ; il voulait l’entendre de sa bouche à elle. Cette dernière, d’une voix hésitante, lui répondit qu’il fallait connaître tous les côtés de la médaille, même ceux dont les opinions et les certitudes sont nos opposées. Voilà. C’était dit. Après une pause, la jeune fille ajouta qu’il faut tout connaître afin de savoir ce qu’on veut ou ne veut pas faire. Jared était d’accord sur le fait qu’il fallait avoir une idée générale de tous les côtés, lui-même ayant fait de même. Il côtoyait de toute façon des membres des différents groupes régulièrement. Hostiles comme lui, bien sûr, mais aussi des non-recensés, des pacifiques et des neutres. Il côtoyait même des humains ! Non pas qu’il les détestait autant que son mentor, mais Jared n’avait rien contre ceux qui lui fichaient la paix, à lui et aux mutants. Les autres, ils n’avaient qu’à prier pour ne pas croiser son chemin…
Jared fit disparaître la barrière qui les englobait tous les deux et parla de nouveau. Les yeux de la jeune fille s’écarquillèrent d’espoir lorsqu’il lui annonça qu’elle pourrait repartir bientôt. Son corps tendu indiquait que si elle ne craignait pas sa réaction, elle aurait décampé au quart de tour, et aurait vite disparue dans la forêt. Il parla du Powerhaus et de ses habitants – Rachel, Flavia, Walter et Jackson -, invitant la jeune fille, si elle le voulait, à y venir, mais il savait déjà qu’elle refuserait, comme Piotr l’avait fait avant elle. La peur de l’inconnu était bien trop grande pour ces gamins marqués par l’Apocalypto et jamais ils ne feraient confiance à des inconnus. Surtout sachant que Jared connaissait ces gens ! Ainsi, la réponse de la blonde fut bien sûr non et ses yeux s’écarquillèrent légèrement de terreur, son corps tremblant sous l’effet de la peur. Croyait-il qu’il s’irriterait qu’elle refuse ? Probablement, oui. Elle parla de nouveau, disant qu’elle allait s’en aller.
À sa dernière question, elle grimaça. Pourtant, elle lui répondit, disant s’appeler Aelys. Aelys… Joli prénom, assez inhabituel. Aelys, évadée d’un Centre d’Apocalypto. Bien. Jared ‘rangea’ le renseignement dans un coin de son esprit. Peut-être un de ses contacts, Wizard probablement, pourrait lui en apprendre plus sur la jeune blondinette. Jared hocha la tête et s’alluma une nouvelle cigarette, réfléchissant tandis que la jeune fille s’éloignait tranquillement de lui. Elle ramassa le livre qu’elle avait échappé quand il l’avait immobilisée dans son champ de force et le serra contre elle. Elle sembla hésiter et lui jeta un regard furtif, lui souhaitant une bonne journée d’une voix où perçait encore la peur
Elle se retourna enfin et commença à s’éloigner lentement, le corps tendu. Jared esquissa un sourire dans son dos. Craignait-elle qu’il ne l’arrête ? Il lui avait donné sa parole et la tiendrait. Elle était libre de repartir. Elle accéléra rapidement le pas et se mit bientôt à courir, s’éloignant. Jared lui parla une dernière fois.
- Aelys, dit-il de sa voix forte, et la jeune fille sembla se figer sur place. Elle lui jeta un regard terrifié en tournant un peu la tête, à travers ses cheveux blonds.Bonne journée à toi aussi. Fais attention.
L’avertissement était donné et s’accordait aussi bien aux autres mutants qu’à l’Organisation Apocalypto. Aelys reprit rapidement sa course, avide de mettre le plus de distance entre elle et lui. Ils étaient si différents… et pourtant de la même espèce ; les mêmes gènes courraient dans leurs veines. Quelques foulées rapides et la jeune fille disparut entre les arbres. Il entendit quelques craquements de branche puis plus rien. Elle était partie, retournant à son existence minable et peureuse. Tant pis pour elle. Il lui avait offert la chance de rencontrer des gens pouvant l’aidait – les gens du Powerhaus – mais elle avait refusé. * Tant pis pour elle * se répéta-t-il mentalement. Il resta assis là encore un moment, réfléchissant intensément à cette rencontre étrange et pourtant fort semblable à celle qu’il avait eue avec Piotr quelques mois auparavant. Que seraient devenus ces enfants s’ils n’avaient pas été enfermés comme des bêtes ? Auraient-ils voulu combattre comme lui pour apporter la paix aux mutants ou auraient-ils été neutres comme maintenant ? Seraient-ils devenus pacifiques ? Des questions auxquelles il n’avait pas les réponses, mais qui traversèrent néanmoins son esprit. Lorsque sa cigarette fut terminée, Jared l’écrasa dans le sol et se releva, faisant craquer ses vertèbres en s’étirant. Ensuite, d’un pas tranquille comme à son habitude et un léger sourire aux lèvres, il fit demi-tour pour rejoindre Walter. Bientôt, tout deux furent en route vers le Powerhaus, où les attendaient des rénovations simples. Walter ne posa aucune question, se contentant de l’avoir observé d’un air interrogateur auquel l’hostile avait répondu par un sourire plus prononcé et un haussement d’épaules.
Mais sur la route, Jared ne put s’empêcher de penser à Aelys et Piotr, deux gamins marqués à vie. Que deviendraient-ils ? Parviendraient-ils un jour à vivre une existence ‘normale’ ? D’autres questions dont il n’avait toujours pas la réponse… L’espoir, c’était tout ce qui restait à ces jeunes…
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Sujet: Re: Seule ou accompagnée. [Jared]
Seule ou accompagnée. [Jared]
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