Sujet: Premier jour d'essai [ Blake ] Dim 22 Nov - 20:48
Après plusieurs jours de recherche en vain, la colombienne avait enfin trouvé un boulot éventuel. Un bar d'Achaea cherchait une serveuse de nuit, dont les horaires étaient de 19h à 3h. Il faut dire qu'il n'y avait pas l'embarras du choix, et elle avait impérativement besoin d'un emploi. Mais, quoiqu'il en soit, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle se plaindrait. C'est après avoir déposé un CV dans ce bar qu'elle avait reçu, à peine deux heures plus tard, un appel du patron pour lui proposer une semaine d'essai. Tina avait quelques expériences en tant que serveuse, ça ne devrait pas être compliqué du coup.
Elle arriva donc à l'heure où elle commencerait si elle devenait officiellement employée. Elle salua brievement l'équipe qu'elle ne connaissait pas encore, puis se rendit dans ce qui servait de vestiaire aux employés. La pièce était vraiment banale : quelques casiers, un banc, une table et quelques chaises autours. Vêtue d'un jean foncé et d'un bustier sans bretelles, elle se contenta de poser son sac dans son casier et de pincer le badge d'identité à la droite de sous son épaule gauche. Elle referma, attacha ses cheveux en une queue de cheval banale et sortit de la pièce.
Elle se dirigea au comptoir, saisit un carnet de notes ainsi qu'un stylo, puis sans attendre, elle se rendit vers ses premiers clients. Deux hommes habillés de façon assez criade semblaient parler de leur nouvelle conquête. Tina s'arrêta devant la table, et souriant, leur demanda ce qu'ils désiraient. Les deux répondirent en choeur : "une pinte de votre meilleure bière s'iouplait !". Elle nota, retourna au comptoir, prit la commande, leur apporta. Puis suivirent d'autres clients, des plus glauques aux plus simples.
Deux heures passèrent, la jeune femme prit sa première pause. Son ventre commençait sérieusement à crier famine. Elle commanda un sandwich au bar, et s'installa au comptoir. Tout en mangeant son jambon-beurre, Tina observait la salle, ses yeux sautant de table en table, elle savait que dans une heure, le bar afficherait certainement complet. Elle se devait d'assurer. Comme le patron le lui avait dit, la plupart des gens venaient ici le soir, vers 22h, et malgré le fait de devoir enchainer les commandes et les services, l'ambiance était bien plus agréable à cette heure-ci, parce que le bar se remplissait alors de toute "espèce".
Être serveuse était un choix de la part de Tina. Elle cherche sans cesse le contact, la foule. Les quelques jours passés en solitaire avaient été supportables, mais elle s'était sentie étrangement vide. De plus, elle était loin de son pays, de ses parents, seule face au monde. Elle savait qu'en travaillant dans un bar côté, elle finirait rapidement par se faire quelques bonnes connaissances. Après tout, qui a dit qu'on ne pouvait pas lier client et amis ?
Dernière édition par Tina Sanchez le Mar 24 Nov - 9:56, édité 1 fois
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Mar 24 Nov - 6:41
[HRP : Ne t'en fais pas si j'écris plus que toi. Ce que tu as écris est très bien. C'est juste que j'en fait toujours trop... ]
- Lumière !lançai-je en m’asseyant dans mon fauteuil.
Les plafonniers s’allumèrent, éclairant mon bureau-bibliothèque d’une lumière vive mais agréable pour les yeux. Il faisait jour à cette heure matinale, mais les lourds rideaux sombres qui masquaient les deux fenêtres de la tour ne laissaient aucunement filtrer la lumière du soleil. La pièce circulaire était ainsi constamment dans la pénombre, sauf lorsque les plafonniers étaient allumés.
Je branchais l’ordinateur et entrais les trois mots de passe après l’initialisation puis j’ai posé mon pouce droit sur le clavier, là ou se cachait le discret scanner d’empreinte. C’était le dernier pare-feu contre toute intrusion manuelle, installé par Fernando, cet accro des ordinateurs. Un bip sonore se fit entendre, signalant que mon empreinte était acceptée et l’ordinateur s’alluma enfin. Je me connectais à la ligne téléphonique pour avoir rapidement accès à mon courrier électronique avant de me mettre au travail. Il était sept heures dix. Je suis un lève-tôt depuis ma jeunesse ; je n’ai jamais eu besoin de beaucoup d’heures de sommeil. Généralement, cinq ou six me suffisent amplement. Plus, et je me sentais amorphe.
Pour des raisons de sécurité, Fernando m’avait conseillé de ne jamais laisser mon ordinateur branché ou connecté à une ligne téléphonique lorsque je ne travaillais pas avec. Je n’ai jamais compris pourquoi, même après tant d’explications. Oh, je sais que ce serait imprudent vu mon travail véritable et que ceux qui me cherchaient des noises – FBI, sections anti-drogues et autres agences gouvernementales – se feraient un plaisir de farfouiller à leur aise dans mes dossiers si je leur en laissais la chance. Hors, je tenais à rester libre et aucunement à finir mes jours en prison. S’ils avaient accès à ce que contient mon pc, c’est là que je finirais avec certitude. Pour la même raison, je n’avais jamais de portable, de beeper ou de Palm Pilot sur moi. Et même si j’en possédais un, je n’emporterais pas mon ordinateur portable avec moi. Trop risqué. Je suis naturellement parano (« à un gène près de la schizophrénie, disait Ramon »), mais aussi très prudent et pratique dans mes activités. Je savais, encore une fois grâce à Fernando, que connecter mon ordinateur à une ligne téléphonique ou accepter un appel sur mon portable était aussi dangereux que de me planter une aiguille dans les veines ou faire l’amour avec une inconnue. On ne sait jamais ce qu’on risque de faire entrer dans ses circuits. Pour certains, ce devait être un des petits frissons reliés à cela. Mais ça n’en était vraiment pas un quand on passait son temps à éviter d’être démasqué par les forces de l’ordre.
J’avais plusieurs messages. Le premier que j'ouvris était d’Isobel, ma chère fille. Je l’ouvris tout de suite, espérant qu’elle n’avait aucun problème. Elle n’en avait pas. Elle me disait simplement qu’elle m’aimait et qu’elle avait hâte de revenir à la maison pour le week-end. Elle habitait depuis quelques mois dans un petit appartement près de l’université d’Achaea, pour faciliter ses études, et ne venait que les fins de semaine. Elle disait que ses études avançaient bien, qu’elle aimait toujours ça, et me souhaitait une bonne journée. Le message était daté d’hier soir.
Je fis défiler la liste de mes courriers, m’attachant à uniquement en lire les titres, rapidement, sans m’attarder. Plusieurs étaient des messages publicitaires quelconques, et mes yeux s’arrêtèrent sur celui venant de Fernando, daté d’hier soir également. Je l’ouvris et le parcourut rapidement. Il me disait qu’il n’y avait eu aucun problème avec la marchandise de Mexicali, que le tout avait bien été transporté jusqu’à Calexico, la ville de ce côté-ci de la frontière. C’était tout, mais la nouvelle amena un sourire sur mes lèvres. Ce transfert avait été quelque peu risqué, mais tout c’était heureusement bien déroulé. La police de la frontière n’avait donc causé aucun problème. Excellent ! Je retournai à ma boîte de réception et parcourut les autres courriels.
Le dernier que j’ouvris était du fils de Fernando, Diego. Lui me disait que les commandes pour le Bailarín, mon bar de danseuses, étaient bien arrivées et que tout marchait comme sur des roulettes. Il me demandait si je passerais bientôt car il y avait certaines choses dont il voulait me parler. Je lui répondis que je passerais plus tard aujourd’hui ou demain dans la matinée. Les autres messages ne m’intéressaient pas, aussi les supprimais-je donc de quelques clics de souris.
Une fenêtre s’ouvrit brusquement sur mon écran et un message apparut :
« Tout est arrangé avec Dieu, Blake. Il arrive mercredi, le rendez-vous étant pour dix heures AM. Le harpon est prêt et aiguisé. Cela te convient-il ? »
Aucune addresse d’envoi, rien pour dire d’où ou de qui venait ce mail. Intraçable pour tous. Sauf que moi, je savais parfaitement de qui cela venait. Fernando, avec son don mutant, venait de me communiquer ce message à l’instant. En résumé, son don consistait à pouvoir recevoir, comprendre et envoyer des signaux électroniques sans équipement électronique. Il lui suffisait de penser ou il voulait envoyer un message, que ce soit sur un ordinateur, un portable, un fixe, etc, et le message était envoyé, que ce soit par écrit ou vocalement. Une phrase qu’il m’avait dite longtemps auparavant pour m’expliquer son pouvoir me revint à l’esprit : ‘’ Tous les e-mails, les SMS, et les transmissions satellites flottent, invisibles, dans le monde entier. Je suis capable de voir, de lire, de sentir chacun d'eux. Le moindre mémo interne, le moindre appel téléphonique, le moindre SMS personnel. Et des tonnes et des tonnes de spams..." Fernando était depuis lors devenu, comme moi-même, son fils ainsi que Ramon, indispensable au bon fonctionnement de la « Vouivre », son rayon à lui était bien entendu tout ce qui concerne les communications et l’espionnage reliés à l’électronique.
Mon sourire s’élargit à la nouvelle qu’il venait de me communiquer. Je répondis simplement « Oui. » dans la fenêtre pour répondre et un instant plus tard, la fenêtre se fermait d’elle-même. La réponse était évidente, je n’aurais même pas eu à y répondre. Il était certain que je serais au rendez-vous. Bien des choses en dépendaient. Ou plutôt, la marchandise d’une certaine ville en dépendait.
Le dieu auquel Fernando se référait dans son message était un homme d’affaires opérant sur le Marché Noir, Mathieu Valois. Originaire de Chigaco, il était l’investisseur dont j’espérais faire notre « baleine » dans cette ville. Dans le jargon d’usage dans ce domaine, une « baleine » est une source de financement mais aussi un pied à terre dans la place. Tout comme c’est également le bouc émissaire en cas de problème ou de crise…
J’avais prévu de le rencontrer pour mieux le convaincre de faire affaire avec moi. Oh, je n’allais pas le voir en face à face, simplement l’observer à distance et laisser le soin à Fernando de lui communiquer ce dont il avait besoin de savoir. Si l’homme se révélait digne de notre intérêt, bien sûr. Ma télépathie était littéralement un don de Dieu, un miracle pour m’aider dans mes démarches. La « Vouivre », mon bébé, ma création, n’aurait pas été possible sans mon don. Dans le cas ou Valois serait trop craintif à se mouiller, donc à investir son temps et son argent, je n’aurais qu’à en appeler un autre. Nombreux étaient ceux qui désiraient faire appel à moi et mon organisation. Si le marché était conclu, ce qui était fort probable, Monsieur Valois deviendrait rapidement plus riche et son nom apparaîtrait sous le mien, dans la longue liste de sous-traitants avec qui le légendaire chef de la « Vouivre », Blake Salazar, faisait affaire. Ses affaires deviendraient florissantes, car qui travaille pour moi est donc digne de confiance. Et qui dit digne de confiance dit plus de contacts. Plus de contacts signifie plus de ventes. Et plus de vente dit plus d’argent. Donc plus de pouvoir. Quant à moi, j’aurais un pied à Chigaco ; une nouvelle étape dans l’expansion de mon organisation. Le choix lui revenait.
Je fermais finalement mon e-mail et ouvrit un dossier intitulé ‘’Finances’’ et parcourut le compte-rendu. Mon sourire ne changea pas. Mon organisation était florissante, peu importe l’endroit ou elle était établie. Malgré quelques remous à certains endroits, mes recettes ne cessaient d’augmenter. Lentement parfois certes, mais sûrement. Au bout d’un moment, je fermais le dossier et me renversais en arrière dans mon fauteuil, plaçant mes mains derrière ma tête.
Le domaine dans lequel je naviguais à mon aise est un véritable champ de bataille. Les néophytes n’ont vraiment aucune idée du dédale sinueux qui existe sous leurs pieds, du Marché Noir qui fait fonctionner à leur insu la société. Manœuvrer pour trouver le cap prend un temps infini pour la majorité des trafiquants dans mon genre, et dans ce domaine, la concurrence est forte et les changements très rapides. Peu arrivent à tenir le cap. Moi, grâce à un gène différent et quelques alliés soigneusement sélectionnés, j’ai créé en quelques années un véritable bateau de course qui fend les vagues du marché en brisant les concurrents dans son sillage. Mon organisation bénéficie d’atouts supérieurs : communication, informations, transport, espionnage… le tout dans la discrétion la plus secrète, comme la créature dont vient le nom de mon organisation. Oui, la « Vouivre » prend de la valeur et de l’expansion au fil des années.
Une bouffée de nostalgie m’envahit soudainement tandis que je me rappelais la façon dont je m’étais hissé à ma position actuelle. Un véritable prodige, voilà comment Howard m’avait qualifié durant mon ascension. Le qualificatif de « prodige » avait un petit quelque chose d’embarrassant, car je ne me considère pas comme tel. Mais ma vie avait effectivement changée après avoir quitté mon barrio natal. La traque par le gouvernement avait commencé rapidement également, et sérieusement. Ils s’étaient vite rendu compte que j’étais dangereux. Mais ils n’avaient rien pu faire. La concurrence avait été dépassée rapidement. La pression avait montée, sans que cela ne me dérange particulièrement. Il avait fallu fournir. Faire le premier pas. Et le deuxième. M’aurait-on donné le choix aujourd’hui que je ne serais pas revenu en arrière. Il n’en était pas question. Mais j’aimais par moments me rappeler le temps ou j’ignorais tout de ces difficultés. Il n’y avait pas de mal à ça.
Un nouveau bip sonore venant de l’ordinateur me fit revenir au moment présent. Fernando de nouveau. J’ai allumé une cigarette prise dans le coffret à cigare sur mon bureau, appuyé sur un bouton qui alluma la musique. Un air de guitare enjoué se fit entendre, puis je me suis penché vers l’ordinateur, lisant ce qui était écrit. C’était reparti ; les problèmes d’un chef d’entreprise. Les prochaines heures allaient être bien emplies… Il était tard le soir lorsque j’eus enfin réglé les différentes choses à régler concernant mon empire. C’était ainsi environ deux ou trois jours par semaine et le reste du temps, c’était assez calme. Il y avait bien sûr quelques ‘‘rushs’’ chaque jour, mais avec mes acolytes, j’arrivais à tout régler assez rapidement.
Je me suis préparé un repas simple, rejoignant Ramon et Howard, mon vieux mentor, à la cuisine. Tout deux m’avaient laissés tranquille toute la journée ; ils savaient que j’avais du boulot et qu’ils ne pouvaient rien faire pour m’aider. C’était ça, être à la tête du plus gros trafic de drogues d’Amérique du Sud. Bon, d’accord, généralement les narcotrafiquants avaient bien plus de problèmes, mais mon nom était craint et respecté dans le domaine. Peu osaient contester les régions qui étaient les miennes. Le risque était trop grand.
Après avoir mangé, Ramon m’accompagna jusqu’au Bailarín, mon bar de streap-tease, ou j’ai dû régler quelques problèmes mineurs dont Diego me fit part. Beaucoup pensent que c’est immoral de gagner sa vie ainsi. Ils croient que j’exploite de pauvres filles pour un salaire minable. Faux ! Les filles qui travaillent ici, qu’elles soient serveuses ou danseuses sont très bien rémunérées. Et sachez que le respect est extrêmement important au Bailarín. Un client malpoli ou irrespectueux avec un des danseuses se fait virer illico-presto par les ‘’doormans’’ et il est interdit d’entrée à vie. Certaines d’entre elles sont même des étudiantes qui travaillent ici pour payer leurs études. C’est donc ainsi que je gagne ma vie aux yeux du monde de lumière. Rares sont ceux qui savent réellement ce que je fais. La « Vouivre » est certes connue du gouvernement et eux savent que je suis la tête pensante, mais le peuple n’en sait rien. Et ils n’ont aucunes preuves concrètes contre moi. Bref.
Il était près de 21 heures lorsque je sortis du Bailarín. Ramon, toujours aussi silencieux, me conduisit, comme à notre habitude, dans un des bars d’Achaea. Bien que je ne boive pas d’alcool, j’aime me retrouver dans ces lieux. L’ambiance y est unique et la faune locale intéressante. À l’entrée, je remarquais que l’annonce demandant une nouvelle serveuse avait été enlevée ; elle s’y trouvait quelques jours plus tôt. Le propriétaire avait sûrement trouvé une remplaçante. J’entrais.
Du seuil, je parcourus la salle du regard. Une femme, assisse au bar, attira aussitôt mon attention. Jeune, environ 22 ou 23 ans, grande et mince, de longues jambes et une silhouette élancée. Très séduisante, la peau hâlée, de longs cheveux attachés en queue de cheval. Elle portait un jean foncé et un bustier sans bretelles. Une assiette était posée devant elle. Je ne voyais pas son visage de l’entrée, mais je n’avais aucun doute qu’elle était très belle.
Ma télépathie s’activa presque d’elle-même ; c’est un peu comme respirer, cela est devenu un mécanisme. Mon esprit entra en contact avec celui de la jeune femme et je me permis de ‘’lire’’ ce qu’elle pensait. Elle se disait qu’être serveuse était son choix, car elle aimait le contact humain, le social. Elle était loin de son pays, de ses parents et de ses amis, elle se sentait seule au monde. Elle travaillait ici pour se faire des connaissances. La dernière phrase que j’eus le temps de lire avant de m’avancer vers le bar fut la suivante : ‘’Qui a dit qu’on ne pouvait pas lier clients et amis ?’’
*Pas moi, en tout cas*, me dis-je mentalement en m’asseyant à un tabouret de distance. Je notais mentalement que Ramon allait s’asseoir à une table un peu plus loin, tandis que je lisais ses pensées : il se demandait quelle bière il allait commander. Sacré Ramon !
- La même chose qu’elle, commandais-je au barman qui se tourna vers moi presque aussitôt, pointant le jeune femme d'un signe de tête. Avec une limonade, je vous prie.
L’homme s’activa, ses pensées tournées vers les recettes de la soirée, tandis que je me tournais vers celle qui était très probablement la nouvelle serveuse, feignant avec un sourire surpris de remarquer maintenant qu’elle était là. Je lui adressais la parole de ma voix à l’accent mexicain :
- Vous êtes probablement la nouvelle serveuse, si ? L’annonce n’est plus affichée à l’entrée…
Je me tus l’espace d’un instant très court, le temps qu’elle se tourne vers moi et que je lise son nom sur son badge d’identité, avant de parler de nouveau :
- Venez-vous d’arriver à Achaea, Tina ? Si c’est le cas, je vous souhaite la bienvenue, querida. Si vous avez besoin de quoi que ce soit – une oreille attentive, un compagnon de sortie ou simplement un ami – n’hésitez pas. Je connais bien la ville et je pourrais vous la faire découvrir. Blake Salazar, pour vous servir.
J’accompagnais mes dernières paroles d’une semi-courbette, étant toujours assis. Comme souvent, mes paroles détonnaient un peu du parler des autres habitués des lieux – le leur étant souvent plus cru – mais j’aime et j’ai toujours aimé l’attention. Cela ne changera pas. Quelques regards se tournèrent vers moi et la jeune femme, mais un raclement de gorge se fit entendre au-dessus des conversations – je reconnus là l’œuvre de Ramon – et les clients retournèrent à leurs affaires.
Le barman me fit un signe discret en déposant mon verre et mon assiette devant moi. Je tournais mon banc vers le comptoir et me mit à manger mon sandwiche, comme si je ne m’intéressais plus à la serveuse. Hors, ma télépathie, mon esprit donc, était tout entier tourné vers les pensées de la belle…
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Mar 24 Nov - 10:35
[ HRP : Bien, dans ce cas j'espère que cette réponse-ci te conviendra aussi ^^ ]
Le temps semblait étrangement ralenti, les secondes devenaient des minutes interminables. Rien d'intéressant ne se passait. Elle attendait impatiemment que sa pause se termine. Non pas qu'elle n'ait pas eu l'envie de disctuer avec le barman, mais elle était la "nouvelle", et vu qu'elle était à l'essai, les autres employés ne semblaient pas encore vouloir s'intéresser à leur nouvelle collègue. Quoiqu'il en soit, la jeune colombienne au regard de biche fut tirée de ses pensées par une voix grave et rauque, qui semblait venir de sa droite. La voix d'homme s'adressa au barman, et quelques secondes après, elle entendit qu'on le servait. Qualité et rapidité était source de réussite dans le bar, on ne pouvait le nier.
C'est alors que la voix apparut de nouveau, s'adressant à elle cette fois-ci. Elle reconnut cet accent du sud, originaire elle-même des pays chauds, il était vraiment facile de deviner que cet homme était lui aussi un étranger d'Achaea. La belle se tourna alors en direction de son interlocuteur, et un léger sourire aux lèvres, elle se contenta d'acquieser d'un petit mouvement de tête. Décidement, soit elle avait un panneau indiquant "je suis la nouvelle" au-dessus de sa tête, soit ce client là était un habitué. Mais peu importait, dans les deux cas, oui, elle était bien la nouvelle serveuse. L'homme paraissait très mûr d'âge, mais la fraîcheur restait présente dans ses traits, si l'on avait pu le croire de faire partie des hommes de la quarantaine, cet homme n'en restait pas moins agréable à regarder, un certain charme émanait de son regard chaud et mystérieux.
Pour la troisième fois en l'espace de quelques minutes, elle put entendre l'accent hispanique, avant qu'il ne se mette en quête de déguster son sandwich, semblable à celui que Tina venait de terminer. Elle analysa chaque mot de ses dires. Elle reconnaissait bien là l'éloquence des latins. Visiter Achaea ? C'est vrai que la fois où elle était venue, malgré le fait qu'elle y soit restée quelques temps, les visites n'avaient pas été la priorité de sa famille. Au contraire, elle en gardait même un très mauvais souvenir. Elle repassa rapidement les évènements qui se déroulèrent dans cette ville, ça avait été une véritable tragédie. A Achaea, elle avait perdu une partie de sa vie, sa grand-mère s'était faite assassiner par des mercenaires de l'Apocalypto, et son père, qui tenait un grand passé de fabriquant de cocaïne, avait perdu sa liberté pour de bon, il n'était plus mutant, ni humain, il n'était que prisonnier. Et pour couronner le tout, après être retournée dans son pays natal, la belle Colombie, elle avait été contrainte de quitter ses terres afin de ne pas être livrée au gouvernement américain.
Elle soupira en silence, même si elle ne portait pas Achaeae dans son coeur, c'était de loin la ville la plus proche et la plus sûre où sa mère pourrait lui rendre visite. Tina avait tout laissé derrière elle, alors voir une tête originaire du sud ne pouvait que la satisfaire. Un coude posé sur le comptoir, la jeune femme aux yeux de miel appuya sa tête contre sa paume, et entreprit de ne pas laisser le latin dans son monologue de bienvenue.
" Si señor, voilà quelques jours que je séjourne dans un hôtel mal famé. "
Ah, ce cher hôtel ! Si elle avait pu se payer mieux en attendant de trouver un logement, elle l'aurait fait sans hésiter, malheureusement, elle n'avait pas les moyens nécessaires pour son bon confort. Elle commençait presque à s'habituer à la visite du rat de sa chambre, auquel elle avait même donné le nom de Nestor. Le premier jour, elle avait bien pensé à lui décocher une flèche en plein coeur, mais ôter la vie, même à un être aussi insignifiant, n'était pas indispensable. Après tout, il était seul comme elle, et cherchait juste à survivre et à faire sa vie du mieux qu'il peut. Par la suite, Nestor était devenu le seul être à qui elle pouvait parler franchement, sans craindre de se faire juger par son statut de mutante, sans craindre d'être confrontée à la traitrise de sa confiance. La belle colombienne fit de nouveau entendre sa voix aux gammes chaudes :
" Votre proposition est digne d'un gentleman, mais je crains ne pas avoir assez de temps pour le moment. Et si je ne m'abuse, Blake, vous semblez vous aussi venir d'ailleurs n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'un homme à l'allure aussi tranquille peut bien faire ici, si ce n'est par obligation.."
Ce n'était pas une manière de refuser son invitation, elle aurait sûrement accepté dans des conditions différentes, mais elle préférait laisser s'écouler quelques semaines avant de se laisser aller à la conquête de la ville. Quant à la suite de sa phrase, ce n'était pas réellement une question, c'est juste qu'en repensant aux évènements passés, Tina n'avait pas eu d'autres choix que de s'éxiler.
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Mar 24 Nov - 12:47
La jolie jeune femme prit un long moment pour réfléchir à mes paroles, temps que je pris à parti pour analyser chacune de ses pensées tout en dégustant le sandwiche jambon-fromage. Délicieux, vraiment. Un sourire étira mes traits tandis qu’elle devinait que je venais aussi, comme elle, des pays chauds. Mon accent était assez prononcé pour que quiconque le remarque, mais c’était le cadet de mes soucis. La jeune femme se demanda si elle avait un panneau annonçant qu’elle était la nouvelle. Certes non, et je n’avais vu son badge d’identité qu’après lui avoir addressé la parole pour la première fois, mais étant un habitué des lieux – de tous les bars d’Achaea en fait – il m’avait été facile de deviner qu’elle était nouvelle ici. Mon sourire s’élargit tandis que la belle me qualifiait en esprit de ‘’très mûr d’âge’’ ; je n’étais plus jeune, certes, mais je n’étais pas un vieillard quand même ! Je faillis éclater de rire, mais je me retins. Ça aurait été de mauvais goût. Au moins trouvait-elle que j’étais agréable à regarder, que j’avais un certain charme et un regard chaud et mystérieux. Merci du compliment, señorita. Je pourrais vous renvoyer tout cela, et plus encore !
Je continuais à lire ses pensées comme on lit un livre et fut peiné d’apprendre qu’elle gardait un très mauvais souvenir de ses premières visites dans la ville. Une tragédie, voilà ce que ça avait été pour elle. Sa grand-mère assassinée par cette maudite organisation anti-mutant, l’Apocalypto, son père – oh, surprise ! – fabriquant de cocaïne arrêté et mis en prison très certainement. Privé de sa liberté d’une quelconque manière, à tout le moins. Dommage… L’homme aurait pu m’être utile. J’appris ainsi qu’elle était colombienne, pays ou je n’avais jamais mis les pieds. Semblable au Mexique, j’imagine, d’un façon quelconque peut-être. La belle Tina avait été contrainte de quitter la Colombie sous peine d’être livrée au gouvernement américain. Pour quelle raison ? Toujours ce foutu gouvernement ! Incapable de laisser les gens en paix ! Toujours à fourrer son nez partout pour dénicher ce qui ne leur plait pas.
La belle soupira mentalement, ce dont je pris bonne note. Elle ne portait absolument pas Achaea dans son cœur, ce que je comprenais fort bien. Au moins était-ce une ville où sa mère pourrait lui rendre visite dans le futur. Je terminais silencieusement mon repas en quelques bouchées et pris une longue gorgée de limonade pour bien faire passer le tout. Après avoir déposé le verre, je tournais un peu la tête vers Tina, guettant ses réactions. Ses pensées étaient négatives pour la plupart, mais je fus heureux de constater qu’elle était au moins heureuse de voir quelqu’un originaire du sud. La jeune femme posa un coude sur le comptoir et y appuya sa tête. Elle parla enfin, d’une voix aux accents hispaniques fort agréable à mes oreilles :
" Si señor, voilà quelques jours que je séjourne dans un hôtel mal famé. "
Elle logeait donc dans un de ces hôtels minables présents en quantité industrielle à Achaea ? Et elle ne semblait guère apprécier sa chambre vu ses pensées. Je comprenais que pour une nouvelle venue en ville, se trouver un endroit agréable à vivre n’était pas évident. Souvent, les nouveaux venus étaient forcés de loger dans de tels endroits. Quant a se trouver un endroit plus convenable, ce n'était pas évident. Encore moins avec un salaire de serveuse dans un bar comme celui-ci ! Un rat dans sa chambre ? Hum… Assez dégoûtant, oui ! Ah, et la belle est une archère ? Elle rechignait à enlever la vie ? Je la comprenais ; moi-même, je n’aime pas cela, même si dans ma branche, c’est parfois nécessaire et même obligatoire. Les faibles ne survivent pas dans le monde de l’ombre. Seuls les forts survivent.
Mutante ? Oh, oh ! Ça devenait vraiment intéressant ! Mon intérêt pour la belle colombienne en fut décuplé au centuple et je me tournais un peu plus vers elle, détaillant son visage. Oui, c’était un très jolie jeune femme ! Je pourrais lui présenter Isobel ; elles ont à peu près le même âge, et je suis presque certain qu’elles s’entendraient très bien. C’est une possibilité. Je pourrais même lui offrir un emploi à mon bar. Sauf que ce n’était pas du tout le même genre d’endroit ! Oh, le respect envers les dames dans mon établissement est primordial ; quiconque est irrespectueux ou grossier est mis à la porte aussitôt. Les ‘’doormans’’ et Diego y veillent ! Même si c’est un endroit offrant des divertissements adultes, c’est néanmoins un endroit respectable et bien tenu. Ma réputation est en jeu, tout de même ! Et dans un monde comme celui-ci, la réputation est tout !
" Votre proposition est digne d'un gentleman, mais je crains ne pas avoir assez de temps pour le moment. Et si je ne m'abuse, Blake, vous semblez vous aussi venir d'ailleurs n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'un homme à l'allure aussi tranquille peut bien faire ici, si ce n'est par obligation.."
Pas un refus, mais… pas loin. Oh, elle aurait acceptée dans des conditions différentes ? Cela changerait-il si elle savait que je suis un mutant également ? Je suis prêt à parier que oui. Je comprenais sa méfiance ; être d'une autre nationalité peut être dur ici, mais être en plus mutant à Achaea peut être extrêmement dangereux. Finir sa vie dans un centre d'espérience dont les cobayes sont mutants ? Non, merci ! Ses paroles amenèrent un nouveau sourire à mes lèvres et je laissais éclater mon rire aux accents chauds tout droit venus du sud.
- Je ne suis pas d’ici, en effet, Tina. Je viens du sud, comme vous je présume : du Mexique, pour être précis. Un petit barrio tout près de Mexicali, tout prêt de la frontière américaine. Quant à ma présence en ces lieux, c’est assez simple : j’aime l’ambiance qui règne dans les bars. Voir de nouvelles personnes, faire de nouvelles rencontres, admirer la faune locale, me mêler aux conversations… Sous mon air tranquille se cache un petit démon…
J’enlevais ma chemise d’un geste ample et gracieux et la déposai sur ma cuisse, avant de soulever la manche de mon t-shirt, lui montrant mon tatouage sur mon biceps gauche : un diable avec une auréole. Je repris la parole :
- Mon barrio natal à un surnom, cara Tina : Los santos y los pecadores , « les Saints et les Pécheurs », symbolisé par ce tatouage. Cela signifie que chaque enfant peut décider de ce qu’il va devenir en tant qu’homme : un Saint ou un Pécheur. Moi, je suis devenu un mélange parfait des deux. Il faut toujours maintenir un certain équilibre dans la vie, et j’y suis parvenu au-déla de tous mes espoirs d'enfant…
Je remis ma chemise un moment plus tard, après qu’elle ait observé mon tatouage, sur mon biceps gauche. Mon sourire s’élargit et je me décidais à lui faire un offre. Une offre un peu risquée pour moi, je l'admettais volontiers, mais j’acceptais avec plaisir de prendre le risque pour une compatriote venue du sud. Encore plus pour une mutante, même si en général j'évitais de me mêler a leurs histoires. J'avais déja le gouvernement sur le dos, je n'avais aucunement besoin que l'Opération Apocalypto me surveille en plus ! Lisant toujours ses pensées, je lui parlais télépathiquement, lui faisant découvrir qu’elle était non seulement en présence d’un comparse hispanique près a l'aider, mais également d’un mutant comme elle. Cela ferait peut-être pencher la balance en ma faveur... Pour elle, je décidais de prendre le risque.
[ Vous savez, guapa Tina, vous n’êtes pas seule au monde. Je suis là pour vous aider si vous le désirez, tout comme je peux vous offrir un travail mieux rémunéré dans un endroit beaucoup plus chaleureux qu’ici, quoique fort différent… Vous pourrez ainsi quitter cet hôtel minable ou vous vivez avec Nestor et changer de style de vie. Vous êtes libre de choisir, mais sachez que dans un cas comme dans l’autre, je suis à votre service… ]
Mon sourire ne me quitta pas tandis que je me tournais vers le bar à nouveau. Je levais un doigt, commandais par signes un nouveau verre au barman. Ce dernier me répondit d’un signe de tête. La belle semblait hésitante, mais j’avais bon espoir qu’elle choisirait au moins de discuter avec un autre mutant et de s'ouvrir a moi, à défaut d’accepter mon offre de travail…
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Mar 24 Nov - 14:07
[ HRP : Après rélfexion, légère modification + allongement de ma réponse ^^, je suis sûre que tu ne t'attendais pas à ça =P ]
Alors ce monsieur venait du Mexique ? Rien d'étonnant, même si pour les autres, les accents hispaniques se ressemblent tous, Tina savait reconnaître un accent différent du sien. Son rire chaleureux arracha un sourire à la belle colombienne, elle se demandait bien ce qu'elle avait pu dire de si hilarant, mais entendre le mexicain rigoler était agréable alors elle ne chercha pas à comprendre. Mexicali n'était pas inconnu pour elle, même si elle n'y avait jamais mis les pieds, elle avait souvent entendu son père en parler, il s'y était souvent rendu d'une part pour se cacher, mais également pour refourguer sa marchandise.
" Je vois à peu près, mon père y allait souvent. J'ai habité dans le centre de Bogota en Colombie dans ma jeunesse, puis je me suis installée à Malaga puis à Barcelone avant de séjourner à Cartagena pour revenir ici, à Achaea. Vous avez raison, l'ambiance est agréable, et on y rencontre des personnes sympathiques."
Après lui avoir souri, elle tourna la tête et fixa le comptoir du bar, toujours le sourire aux lèvres. C'était sincière, Blake devait avoir le don pour s'attirer la sympathie des autres. Il était naturel, et sa bonne humeur réchauffait le coeur refroidi de Tina. Son regard fut de nouveau appeler à observer l'homme aux yeux de mystère, qui venait d'ôter sa chemise, laissant Tina légèrement perplexe quant à la raison de ce geste. Elle fut rassurée de savoir qu'il souhaitait simplement lui montrer son tatouage. Sous son air tranquille se cachait un petit démon. Son beau sourire ne quittait plus sa bouche aux reflets de rose, elle plongea ses yeux de miel dans ceux de son interlocuteur.
" Je trouve que vous n'avez rien d'un démon.."
Tina se remit à fixer le comptoir, perdue dans ses pensées. Vraiment charmant ce client, on ne pouvait pas faire plus aimable. Mais alors qu'elle le complimentait intérieurement, une intrusion se fit de la place dans son esprit. Elle faillit en tomber de son tabouret, et se rattrapa de justesse avant de finir par terre. Elle lui fit face, légèrement étonnée. quand elle comprit qu'il était un mutant doué du pouvoir de télépathie, son teint hâlé vira au rouge. Elle avait de quoi être embarassée si, comme elle se doutait, il avait lu la moindre de ses pensées depuis son arrivée. Par réflexe, la belle s'emporta, parce qu'elle détestait être mise à nu d'une telle façon. Encore aurait-elle pensé des choses banales, mais non, elle s'était permise d'analyser cet homme comme une connaissance habituelle. Elle se leva, rayonnant de toute sa splendeur, tel un paon dans sa parade, et posa une main là où le barman allait poser le verre de Blake. Se penchant et se rapprochant de son visage, elle susurra :
" Ne vous avisez plus de pénétrer dans mon esprit sans mon accord, ou je me ferai une joie de vous montrer mon petit démon.."
Elle avait dit cela sans le quitter des yeux, mais d'une voix calme et en le laissant découvrir en image qu'elle ne manquait jamais une cible. Ce n'était pas vraiment une menace, plutôt un avertissement. Même si elle était contrariée, elle savait garder son sang froid, et au fond d'elle, elle savait qu'il ne souhaitait pas agir en mal. Mais tout de même, il était gonflé ! Elle qui l'avait qualifié de gentleman. Un beau dragueur oui ! C'est à ce moment là que son patron l'interpela :
" Mademoiselle Sanchez, on ne vous apprend peut-être pas à garder votre calme dans votre pays ? Votre période d'essai s'arrête ici, c'était digne d'une parfaite débutante."
Sans quitter des yeux le mexicain, elle lui prit la main, afin d'analyser si sa proposition était réelle.
" Avec tout le respect que je vous dois señor, vous me demandez de vous faire confiance alors que vous vous êtes introduit dans mon esprit, j'aurais certainement accepté, surtout maintenant que je me retrouve à la porte dès mon premier jour de service, mais honnêtement, pourquoi vous ferai-je confiance.. Vous ne savez presque rien de moi, et je ne sais rien de vous. Madre mia !.."
Et sur ces mots, elle se dirigea vers les vestiaires. Elle dévérouilla le casier, duquel elle sortit son sac. Malgré l'audience qui s'était retournée en entendant la grosse voix du patron, Tina restait digne, il en fallait plus pour la mettre à terre. Certes elle était d'ordinaire très douce, mais elle avait aussi un caractère bien trempé, le tout était de ne pas la mettre en rogne. Ce que Blake réussit à faire, alors que pourtant, il lui en fallait beaucoup. Il faut dire qu'il avait touché un point sensible, la belle n'avait pas l'habitude de dévoiler ses ressentis.
Elle repassa devant son ancien patron, s'arrêtant devant lui. Sur un ton posé, elle dit :
" Dans mon pays, Monsieur, on prône les valeurs familiales et le respect d'autrui."
" Dans ce cas, vous devez avoir été bien mal éduquée."
" Vous n'êtes personne pour me juger."
Elle ne dit rien de plus, elle se contenta de penser. Comment pouvait-il dire de telles choses alors qu'il ignorait tout de son passé ? Avait-il seulement été contraint de fuir son pays ? Avait-il dû déménager à plusieurs reprises pour éviter d'être confié aux assistantes sociales ? Avait-il vu un proche mourir pour lui, et son père s'il était mutant s'était-il fait avoir par les membres de l'Apocalypto ? Il n'était pas seul comme elle.. Elle passa également devant le mexicain, s'arrêta un instant, chercha son regard, et d'un faible sourire :
" Pensaba que era diferente, he tenida con sus palabras.."
Elle haussa les épaules, et quitta le bar. Une fois dehors, la belle sortit une cigarette de son sac, qu'elle alluma. Tirant en un grosse bouffée de tabac, elle tenta de contenir ses émotions. Elle avait toujours un paquet en cas de besoin, et quand des situations rares comme celles-ci se produisaient, elle succombait au charme calmant de la nicotine. Malgré tout, tout en trainant sur le trottoir, elle ne put s'empécher de retenir une larme. Une goutte d'eau salée roula le long de sa joue, elle regarda le ciel. Elle ne supportait pas cette solitude, il était inutile de pleurer, mais Tina était une jeune femme très sensible, trop même.
[ HRP : Traduction de la phrase en espagnol : "Je pensais que vous êtiez différent, je me suis laissée avoir par vos mots.." ]
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Ven 27 Nov - 5:07
[Effectivement, je ne m'y attendais pas ! ^^ ]
Tina m'expliqua qu'elle savait où se trouvait Mexicali, que son père y allait souvent. Ensuite, elle m'expliqua dans quels endroits elle avait vécue en Colombie durant sa jeunesse, puis a Malaga en Barcelone. Elle était allée àè Cartagena pour enfin arriver ici. Elle ajouta qu'elle aimait bien l'ambiance et qu'on y rencontrait des personnes sympathiques. Je compris avec amusement que sa dernière remarque m'était destinée en grande partie. Je fus bien content qu'elle apprécie ma présence, même si elle devint perplexe en me voyant ôter ma chemise pour lui montrer mon tatouage. Elle ne s'y attendait pas, à ça !
La belle souriait, un peu plus heureuse qu'un moment auparavant, et elle plongea son regard magnifique dans le mien avant de parler :
" Je trouve que vous n'avez rien d'un démon.."
Oh, je savais déjà cela : je n'ai rien d'un démon en apparence, ce sont mes actes et ce que je fais dans la vie qui font de moi un démon. La belle Tina se détourna un peu, à nouveau perdue dans ses pensées. Elle me complimentait mentalement, charmant et aimable étant les qualificatifs qu'elle me donna. Juste avant que je ne fasse une gaffe, me décidant à lui parler télépathiquement... Je n'avais vraiment pas prévu sa réaction !
La belle faillit tomber de son tabouret, se rattrapant de justesse au rebord du comptoir. Elle se tourna vers moi, son joli visage affichant une moue d'étonnement, tandis qu'elle comprenait que j'étais un mutant doué de télépathie. Son teint vira au rouge cramoisi sous l'embarras de comprendre que j'avais lu toutes ses pensées depuis le début de notre conversation. Elle s'emporta superbement, se levant de toute sa grandeur. Magnifique, vraiment ! La jeune femme était presque plus belle dans sa fureur, les yeux étincelants de rage. Elle s'approcha de mon visage, tout près, et me chuchota quelques mots à l'oreille. Sa voix vibrait de fureur :
" Ne vous avisez plus de pénétrer dans mon esprit sans mon accord, ou je me ferai une joie de vous montrer mon petit démon..."
Sa voix était calme et assurée et je lus dans son esprit que ce n'était pas une menace, mais un avertissement. L’un ou l’autre ne m’aurait pas énervé, de toute façon, encore moins inquiété. Ses pensées m'étaient toujours offertes comme un livre ouvert, et j'y vis qu'elle savait que je n'avais pas voulu agir en mal. Par contre, elle me trouvait gonflé et me traita de dragueur. Termes qui ne me dérangèrent pas vraiment : je suis gonflé et je suis un dragueur ! Et fier de l'être, en plus ! C'est le moment que choisit son patron, le barman, pour intervenir, lui demandant si on apprenait aux gens à garder son calme en Colombie. L'homme ne s'arrêta pas là, en si bon chemin : il mit littéralement miss Tina Sanchez à la porte de son bar sans cérémonie ni aucune chance. D'une façon assez peu diplomate, à vrai dire. Renvoyer ainsi quelqu'un en public ? Très mauvais patron, qu'il était !
Tina ne me quitta pas des yeux et me prit la main. Sa pensée fut qu'elle voulait analyser si ma proposition était réelle. Analyser ? Était-ce de son pouvoir qu'elle parlait ? Et si c'était le cas, quel était-il ? Deux questions auxquelles je n'avais pas la réponse. Pas encore. Elle s'adressa a moi d'un ton ferme et assuré :
" Avec tout le respect que je vous dois señor, vous me demandez de vous faire confiance alors que vous vous êtes introduit dans mon esprit, j'aurais certainement accepté, surtout maintenant que je me retrouve à la porte dès mon premier jour de service, mais honnêtement, pourquoi vous ferai-je confiance.. Vous ne savez presque rien de moi, et je ne sais rien de vous. Madre mia !.."
Elle avait de la répartie, la demoiselle ! Ce qui n'était pas pour me déplaire, loin de là. Dignement, la tête haute, elle se dirigea vers ce qui devait être la salle des employés puis ressortit un moment plus tard, avec son sac. Je l'avais mis en rogne, alors qu'elle disait - mentalement bien sûr - qu'il en fallait beaucoup. J'avais apparemment appuyé sans le savoir sur le bon bouton pour la faire sortir de ses gonds... Je la comprenais, bien sûr, et ça aurait été le cas même si je ne m'étais pas servi de mon don. C'était normal.
La belle s'arrêta devant son - déjà - ancien patron et lui dit que dans son pays, on prônait les valeurs familiales et le respect d'autrui. L'homme lui rétorqua qu'elle devait avoir été mal éduquée. Quel goujat ! Quel culot ! Lui, il allait tâter de mes Griffes Mentales ! Oh, je n'allais pas le rendre légume dans un endroit aussi public, et de toute façon, il ne le méritait pas. Par contre, il allait terminer la nuit avec une migraine incroyable ! Et même s'il se bourrait de pilules contre le mal de tête, ça n'y changerait rien. La douleur infligée par mes Griffes perdurait toujours quelques heures, quoi qu’on n’y fasse. Tina lui rétorqua qu'il n'était rien pour la juger, ce en quoi j'étais tout à fait d'accord. Il aurait mieux fait de la fermer et de réfléchir, ce crétin !
L'esprit de la belle colombienne tournait à plein régime et plusieurs pensées m'assaillirent : comment pouvait-il dire de telles choses alors qu'il ignorait tout de son passé ? Avait-il seulement été contraint de fuir son pays ? Avait-il dû déménager à plusieurs reprises pour éviter d'être confié aux assistantes sociales ? Avait-il vu un proche mourir pour lui, et son père s'il était mutant s'était-il fait avoir par les membres de l'Apocalypto ? Il n'était pas seul comme elle... Des pensées certes tristes, mais qui me rendaient encore plus amicale la jeune femme, car j'étais passé par de semblables - quoique fort différents - évènements bien des années auparavant. Des épreuves qui, dans mon cas, m’avaient rendu plus fort. La belle Tina s'arrêta devant moi, et je m’extirpais de ses pensées, plantant son regard de miel dans le mien, plus sombre. Un faible sourire éclaira ses traits tandis qu'elle me lançait en espagnol :
" Pensaba que era diferente, he tenida con sus palabras.."
"Je pensais que vous étiez différent, je me suis laissée avoir par vos mots…" Après un haussement d'épaules, la belle quitta le bar, et je fis tourner mon banc pour la suivre des yeux. Ses pensées me furent masquées, à la fois parce que je ne la voyais plus, mais surtout parce que j’avais rompu le lien entre son esprit et le mien. Je l'avais blessée alors que je n'en avais nullement, mais alors vraiment pas l'intention... Je vis du coin de l'œil Ramon se lever, sa bière en main, et venir me rejoindre. Il se laissa tomber sur le tabouret à ma droite, non pas celui qu'occupait la jeune femme un instant auparavant, mais de l'autre côté.
- Un problème, Blake ? La petite semblait irritée, non ?
- Ne t'inquiète pas, Ramon. J'ai fait une erreur que je me dois de régler...
- Le Grand Salazar a fait une gaffe ? C'est assez rare, ça !
Ramon éclata de rire, ce qui attira plusieurs regards. Ce colosse a une voix rauque et très portante, il faut le dire ! Je lui donnais une claque sur la nuque en me levant, le sourire aux lèvres, sachant que le titre qu’il venait de m’affubler n’était qu’un de ses moyens d’appréciation, puis je sortis un billet de ma poche que je laissais tomber sur le comptoir. Le barman et propriétaire tendit presque aussitôt la main pour le prendre et à l’instant où il touchait le billet, j'ouvris mon esprit, créant une image mentale de griffes devant moi. Griffes qui s'élancèrent vers la tête de l'homme qui avait insulté Tina Sanchez et s'enfoncèrent dans son crâne. Je dirigeais mentalement mes griffes de droite à gauche, en un mouvement aléatoire. Si quelqu'un avait vu cela, il aurait trouvé ça bizarre, voir comique. Mais l'effet était dévastateur. Presque aussitôt, le visage du propriétaire se crispa violemment d’étonnement et il laissa percer un petit cri de douleur. Je le laissais là, agrippé au comptoir comme s'il allait tomber s'il le lâchait. Ce qui serait très certainement le cas. En proie à la plus effroyable migraine de son existence, l'homme était devenu blême et tremblait de tous ses membres. Bien fait pour lui ! Et bonne chance pour le reste de la nuit ! Je plongeais mon regard dans le sien et lui dit :
- Insulter quelqu'un de cette manière est très mal élevé, mon cher ! La prochaine fois, réfléchissez un peu avant d'ouvrir la bouche...
Je demandais mentalement à Ramon de rester ici, et me dirigeais vers la sortie, espérant que la belle colombienne ne serait pas déjà partie. Fort heureusement, elle traînait devant le bar, une cigarette à la main. Elle semblait à nouveau perdue dans ses pensées et même sans avoir recours à ma télépathie, je savais qu'elle était plus triste qu'auparavant. La tête légèrement levée vers le ciel, Tina se sentait assurément seule. Plus que jamais. Je pris mon paquet de cigarette et m'en allumais une a mon tour, avant de la rejoindre, tout en restant un peu a l'écart pour ne pas l'effaroucher davantage. Je décidais de lui parler en espagnol, notre langue natale, pour que nous seuls comprenions :
- Las palabras son hechas por ser utilizadas, muy caro, aunque a veces son dolorosos. (Les mots sont faits pour être utilisés, très chère, même si parfois ils sont douloureux.) La misma cosa poco ser dichas cuanto tiene nuestro poder… (La même chose peut être dites quant a notre pouvoir…)
Ce n'était pas des excuses de ma part. Pas encore, même si je tenais à le faire, ne serait-ce que pour le principe de la chose. Je dois avouer qu'il est beaucoup plus difficile d'évaluer ce que les gens pensent lorsque je n’utilise pas mon don. Je suis tellement habitué à me fier a lui en grande partie que j'ai parfois du mal à discuter lorsque je ne m'en sers pas... Mais pourquoi m'en priver ? Je l'ai depuis si longtemps qu'en être privé me rendrait inapte à gérer la « Vouivre », j'en suis convaincu... Ou, à tout le moins, mon organisation serait moins puissante.
- Si le ofendí, esto no era intencional de ninguna manera. Por favor Tina, perdone mi audacia y no querérmelo. (Si je vous ai offensée, Tina, ce n'était nullement intentionnel. Veuillez pardonner mon audace et ne pas m'en vouloir.) Leer en los espíritus se hizo una segunda naturaleza en mi casa. Un automatismo que apeno a veces tiene controlar... (Lire dans les esprits est devenu une seconde nature chez moi. Un automatisme que je peine parfois à contrôler...)
Voila pour l'explication, mais surtout l’excuse. Quant à savoir si elle allait l'accepter, c'était une autre histoire… Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, je parlais de nouveau :
- A menudo olvido que no les gusta a muchos compartir sus pensamientos personales. Crea en mí o no, la elección es suya, pero no utilizaría más mi poder sobre usted tiene partitr de este instante sin suyo permiso. Nunca más, prometido ! ( J'oublie souvent que beaucoup n'aiment pas partager leurs pensées personnelles. Croyez-moi ou non, le choix est vôtre, mais je n'utiliserais plus mon pouvoir sur vous à partir de cet instant sans votre permission. Jamais plus, promis !)
Ben voyons ! Comme si j'en étais capable ! La télépathie, c'est ce qui m'aide à survivre depuis mon enfance et qui m'a amené jusqu'a ma position actuelle. Pourquoi cesserais-je soudainement de l'utiliser ? Pour les beaux yeux d’une fille ? Ha ! Je fis un signe de croix sur mon coeur, pour prouver ma bonne foi. Je ne suis certes pas croyant, mais peut-être cela l'aiderait-il à se décider. Dans un cas comme dans l'autre, c'est elle qui serait perdante. Elle y perdrait un ami (moi, en l'occurrence) et un emploi très bien rémunéré en surplus. Que choisirait-elle ? Peu m’importait vraiment au fond ; moi, je continuerais à user de télépathie, qu'elle soit d'accord ou pas, sans le lui dire, bien sûr, et je continuerais à gérer mon organisation. De toute façon, à moins que je ne le lui dise ou que je dévoile ce à quoi elle pensait, jamais elle ne saurait que je lisais son esprit. J’étais assez bon menteur et manipulateur pour que jamais elle ne s’en aperçoive. J'ouvris de nouveau la bouche, revenant a l'anglais, toujours avant qu'elle puisse parler :
- Vous vous trompez sur un point, guapa Tina. Je suis un dragueur et j'en suis fier - ce doit être mon côté hispanique qui ressort - mais je n'ai nullement et n'ai jamais eu l'intention de vous mettre dans mon lit. Vous êtes tout à fait mon genre de femme, cela est certain. Usted es muy bella, se lo digo con gran placer. (Vous êtes très belle, je vous le dis avec plaisir). Mais coucher avec une jeune femme de l'âge de ma fille n'a jamais été dans mes priorités... Je me sentirais... humm... comment dire ? Como un viejo perverso ! (Comme un vieux pervers !) et ma fille ne me le pardonnerais jamais. Sachez que j'agis toujours ainsi avec une femme, qu'elle soit jeune ou âgée ; c’est ma façon d’être. Je suis un gentleman, Tina, bien que je comprenne que vous en doutiez…
Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais je la coupais pour terminer :
- Mon offre de vous offrir un travail était réelle, par contre. Vous pouvez accepter ou refuser, encore une fois le choix vous revient. Vous seriez beaucoup mieux rémunéré que dans ce bar et le travail serait exactement pareil. C'est également un poste de serveuse que vous pourriez occuper, mais dans un bar très différent. C'est, je crois, le point que vous n'apprécierez peut-être pas... Le Bailar, mon établissement, est.... un bar de stip-tease. Oh, ne me regardez pas avec ces yeux-là, Tina : vous ne seriez pas une des danseuses, mais une des serveuses. Vous vous habillez comme ce soir et tout sera parfait. Oui, je sais que la majorité des gens ne voient pas ce genre d'endroit d'un bon oeil, mais ça m'est égal : je gagne ma vie ainsi. Sachez que le respect d'autrui est la ligne conductrice de mon établissement : quiconque manque de respect ou est grossier avec une des filles est immédiatement mis à la porte et interdit d'entrée a vie. Aucune exception à cela, que le client soit PDG d'une compagnie, simple étudiant universitaire ou autre. Le président viendrait et serait irrespectueux, Diego - c'est le gérant et mon ami - ou un des ''doormans'' le mettrait lui aussi à la porte, tête première ! Ses gardes du corps avec lui ! Quoi qu’il en soit… Voici la carte du Bailar, Tina, si jamais vous décidez de venir y faire un tour...
Je lui tendis la carte d'une main, jetant ma cigarette dans une bouche d'égout proche avec l'autre, mais comme elle ne la prenait pas, je lui fis un signe de tête vers le rebord de la fenêtre du bar, et y déposais la carte. Je lui fis une légère courbette, pour lui dire adieu ou au revoir – le temps le dirait - sachant que je ne la reverrais peut-être plus jamais. Si son orgueil et sa fierté prenaient le pas sur tout le reste, c'était son problème après tout, pas le mien. Je comprenais qu'elle soit irritée de mon intrusion mentale - la plupart de mes connaissances, Ramon compris l'avaient été au début - mais j'espérais qu'elle déciderait de s'ouvrir à moi malgré tout. Qu'elle accepterait de ne plus être seule au monde.
- Je vous laisse tranquille, maintenant. Pase una buena tarde, Señorita Sanchez. (Passez une bonne soirée, mademoiselle Sanchez)
J'appelais mentalement Ramon, qui sortit presque aussitôt. Je le vis jeter un coup d'oeil vers Tina, apprécier sa beauté mentalement - sans arrières pensées, fort heureusement pour lui - puis se diriger vers la voiture de sa démarche de garde du corps, ce qu’il était, tout compte fait... Tina lui jeta un coup d'oeil et écarta les yeux de surprise devant sa taille colossale - j'ai l'air mince et petit lorsque Ramon est près de moi, alors que pourtant, je fais 1m80 pour un poids santé… - puis j'emboîtais le pas a mon bras droit et ami. Notre véhicule était deux rues plus loin - nous aimions bien marcher pour aller a un bar, que ce soit pour y entrer ou en sortant - et j'allumais une seconde cigarette en m'y dirigeant. Si la jeune femme tenait à me parler, elle n'avait qu'à bouger et venir me voir. J'avais fait ma part !
À elle de voir pour le reste…
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Ven 27 Nov - 14:36
Tina reprit son calme, il était inutile de s'énerver. Après tout, elle y avait peut-être été un peu fort. Cela faisait vraiment longtemps qu'elle ne s'était pas emportée ainsi. Elle essuya ses larmes. Elle se demandait bien ce qu'avait pu penser le mexicain de sa réaction, il avait dû la prendre pour une femme immature et effarouchée. Et maintenant que faisait-il ? Est-ce qu'il avait repris conversation avec une autre personne comme si de rien n'était ? Elle hésita, puis se tourna pour regarder à travers la vitrine du bar. Il n'était plus à sa place. A droite de là où il était assis quelques minutes auparavant se trouvait un autre homme. C'est alors qu'elle entendit la porte s'ouvrir. Tournant la tête par reflexe, elle le reconnut. Elle se sentit soudain comme soulagée, lorsqu'elle comprit qu'il s'adressait de nouveau à elle. Elle chercha son regard, et l'homme à l'étrange charme latin fit de nouveau entendre sa voix.
Tina l'écouta avec attention. Il disait que les mots sont faits pour être utilisés, même s'ils peuvent faire mal parfois, qu'il en était de même pour leur pouvoir. Sur ce point elle était d'accord. La belle avait de nombreuses fois été troublée par ses visions, parce qu'avec son pouvoir, elle devenait souvent témoin des tragédies que les autres avaient vécu. Quant aux mots, les siens ne l'avaient pas blessée. C'est juste que la jeune colombienne avait une certaine réticence à offrir sa confiance, alors que pourtant, pour le coup, l'homme avait semblé mériter la sienne. Tina était parfois trop naïve, il suffisait qu'une voix mélodieuse et hypnotique comme celle de cette homme aille doucement chanter à ses oreilles pour qu'elle soit en quelque sorte charmée. Elle n'aimait pas se sentir impuissante et encore moins se sentir démasquée.
Elle n'émit aucune remarque, elle se contentait toujours d'écouter ce qu'il avait à lui dire, elle lui devait bien ça. Et il sembla alors que l'homme veuille s'excuser. Oui, ça en avait tout l'air. Ce n'était pas son intention que de la blesser, oui ça, elle aurait pu le deviner toute seule. Il expliqua ensuite que son pouvoir avait tendance à agir automatiquement, il voulait qu'elle le pardonne. Au fond, c'était déjà fait. Rien que son geste pardonnait son affront. Il aurait très bien pu ne pas venir s'excuser, et la laisser partir sans rien expliquer, après tout, ils étaient inconnus l'un pour l'autre. Il promit ensuite de ne plus jamais recommencer sans son consentement. Dans ce cas, il devrait tenir sa promesse, car personne n'aimerait se sentir aussi nu et épié de quelque façon qu'elle soit. Du moins, Tina avait du mal à s'imaginer lui donnant son accord pour s'infiltrer dans ses pensées. Autant le prévenir qu'il n'aurait donc plus l'occasion de dérober ses ressentis.
Sauf qu'elle n'en eut pas le temps, parce qu'apparement, Blake était lancé, inutile d'essayer de stopper sa tirade. Ce qui suivit déconcerta drôlement la belle aux yeux de miel. Pour le côté hispanique, soit, il n'était pas le premier et certainement pas le dernier dragueur vivant sur cette terre. C'est la suite qui la laissa perplexe. " mais je n'ai nullement et n'ai jamais eu l'intention de vous mettre dans mon lit.". Heureusement qu'il était tard et que par conséquent il faisait nuit, sans grande source de lumière, à moins d'être un grand observateur, il aurait été difficile de voir qu'elle rougissait de nouveau. Le prendre pour un pervers ? Loin d'elle cette idée, ça ne lui avait même traversé l'esprit ! S'il croyait vraiment qu'elle avait pensé ça de lui, c'est qu'il devait ignorer la véritable raison de sa saute d'humeur. La suite fut d'autant plus intéressante. Monsieur Blake a une fille ! C'est certainement ce qui l'étonna le plus. Combien d'années la séparaient de cet homme ? Vingts ans ? Non, elle ne doutait pas qu'il soit un homme mature, mais elle ne lui donnait pas plus de trente-cinq ans. Pourtant, si comme il le disait sa fille avait à peu près le même âge que Tina, c'est qu'il devait frôler la quarantaine. Rien d'étonnant après tout. Elle avait tant de questions à lui poser, encore un effet de son incorrigible curiosité.
Mais elle n'en eut encore une fois pas le privilège. Parce qu'il continua son monologue incessant. Et cette fois-ci, pour lui parler du travail qu'il lui proposait. Malgré le côté à caractère de débauche que lui inspiraient les informations qu'il lui donnait, le job qu'il lui proposait avait l'air intéressant. Mais très franchement, elle n'avait pas la tête à ça là tout de suite, elle pensait à autre chose. C'est à peine si elle avait été attentive à la suite de ses propos. Et lorsqu'enfin il eut achevé sa tirade, il lui tendit une carte, qu'elle ne prit pas, encore sous le choc de ces révélations. Il déposa la petit morceau de carton plastifié sur le rebord de la fenêtre du bar, et la saluant, il se décida à partir.
L'homme assis au tabouret de droite sortit, attardant son regard sur la colombienne, d'un air qu'elle n'aurait su décrire. L'homme avait une carrure impressionante, bien qu'elle soit grande, haute d'un mètre soixante-dix-sept, Tina paraissait minuscule face à lui, comme une poupée de porcelaine qu'on aurait peur de briser au moindre toucher. D'un seul coup, elle se sentait vraiment riquiqui. Est-ce que c'était lui Diego ? A cette heure-ci, il devait être en train de gérer le Bailar. Alors qui était cet homme si imposant ? Dans tous les cas, le fait qu'il rejoigne Blake ne présageait qu'une seule chose : un départ imminent.
La jeune femme n'avait pas vraiment envie de quitter le mexicain de cette façon, mais que pouvait-elle faire d'autre que de le laisser s'en aller ? Le retenir ? Pourquoi ? Elle savait où le trouver. C'était peut-être parce que pendant les dernières minutes qui venaient de s'écouler, elle n'avait pas eu son mot à dire. Les deux hommes commençaient déjà à disparaître dans la noirceur de la nuit. Tina prit la carte entre ses doigts, la regarda sans vraiment lire ce qui y était écrit. Perdue une nouvelle fois dans ses songes, elle entendait une petite voix intérieure lui dire de le rattraper. Ca ne pouvait pas se terminer comme ça, elle ne trouverait jamais le sommeil avec autant de choses en tête. Elle releva la tête, regardant dans la direction que les deux hommes avaient prise. Inconsciemment, ses pas lents devinrent plus rapides, jusqu'à ce qu'elle se mette à courir. Il lui sembla traverser deux rues jusqu'à ce qu'elle entende le moteur d'une voiture ronronner. Elle s'arrêta, essouflée, c'était eux.
" Attendez ! "
Elle reprit une cadence normale, et s'avança jusqu'à la fenêtre côté passager. Elle toqua, et attendit quelques secondes que la vitre s'abaisse. Reprenant tranquillement son souffle, elle se pencha afin de mieux distinguer le visage angélique et marqué du télépathe.
" Loin de moi l'idée de vous considérer comme un vieux pervers, señor. De toute façon, je n'ai pas pour habitude de tomber sous le charme du premier venu. Sérieusement quel âge avez-vous, la quarantaine ? Qu'est-ce qu'une femme de vingt-deux ans pourrait faire avec un homme aussi mûr [ici, mûr prend tout le sens contraire du côté péjoratif] ? Et puis, sans vous offenser vous, n'êtes pas du tout mon genre."
Gros mensonge. Elle tourna sa langue sept fois dans sa bouche afin d'éviter d'affirmer le contraire. La belle aux cheveux bouclés n'avait pas pour habitude de mentir, mais là, c'était nécessaire, comme pour se persuader par tous les moyens qu'elle n'éprouvait pas une certaine attirance pour cet homme au doux nom de Blake. Elle poursuivit :
" Néanmoins, si vous le permettez, je pense avoir le moyen de nous déclarer quittes.."
Elle hésita un instant, guettant sa réaction avec appréhension, puis elle se décida à se lancer. Elle approcha ses mains hâlées du visage du mexicain et les posa contre ses tempes. Ses doigts s'entremélèrent dans les cheveux en bataille du brun. Elle plongea son regard de miel dans le sien. Et le film commença. Elle vit d'abord l'homme à la place du conducteur, Blake le considérait plus que comme un allié ça c'était certain. S'en suivirent des images d'un homme sûr de lui, confiant et combatif, pourtant inconnu en tant que mutant. Des flash montrant le bar qu'il possédait, le Bailar, où tout semblait bon à vivre. Des fuites, le mexique, beaucoup d'argent.. Et enfin, les paupières closes d'une femme, puis il lui sembla reconnaitre une jeune fille, ainsi que Blake lui-même, pleurer.
Elle cligna des yeux, comme pour se réveiller. Sans quitter le regard du mutant non-recensé, elle laissa tomber ses bras, ses mains frolèrent son visage. Ce qu'elle venait de voir l'avait bouleversée. Pour la seconde fois dans la soirée, des gouttes d'eau salée perlèrent dans ses yeux, et roulèrent en silence le long de ses joues. Elle avait voulu remettre les scores à zéro, elle en avait obtenu autant de chagrin. Elle venait d'apprendre - si son interprétation était bonne- que le mexicain avait perdu sa femme, qu'il avait été lui aussi sujet à de nombreuses fuites, et il restait pourtant si fort. Tina recula de trois petits pas, et balayant les larmes, elle murmura d'une voix sanglotante :
" Vous avez dû tellement souffrir, Blake.."
Ca l'attristait autant que ça oui, parce que Tina était une femme dotée d'une compassion et d'une sensibilité débordantes. Déceller le chagrin et la perte d'un être cher dans un passé l'avait toujours beaucoup affectée. Elle resta plantée là, silencieuse, ne sachant que faire.
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Ven 27 Nov - 17:44
Deux rues plus loin, ma voiture préférée, ma Mercedes-Benz SLR Mclaren, totalement noire, était stationnée sous un lampadaire. Fleuron de de la gamme du constructeur allemand, développée pour rivaliser avec la Carrera GT de Porsche et la Ferrari Enzo, vitesse de pointe de plus de 340 kilomètre/heure, zéro à cent kilomètres heure en moins de 4 secondes… Cela seul explique pourquoi j’ai acheté ce bolide, cela malgré sa production limitée à seulement 3 500 exemplaires en sept ans. Il faut dire que son prix très élevé (460 000 euros) limite très largement les acheteurs... La voiture seule donnait un aperçu évident de ma fortune personnelle. Pourtant, rares étaient les gens capables d’identifier ce bolide ; ils ne voyaient qu’une très belle voiture de sport, sans plus. Mais c’était le cadet de mes soucis : avec ça, rouler était littéralement… hum… dire magique serait-il exagéré ?
Ramon s’installa du côté conducteur tandis que je montais du côté passager. C’était toujours lui qui conduisait. Il fit démarrer la voiture et comme d’habitude, il la laissa ronronner un moment, pour réchauffer le moteur. Nous allions partir lorsqu’une voix se fit entendre à l’extérieur, étouffée presque entièrement par la vitre teintée. Je parvins néanmoins à distinguer le mot ‘’Attendez’’ et je demandais mentalement à Ramon de faire ainsi. À travers la vitre, j’aperçus la belle colombienne, Tina Sanchez, arriver au pas de course. Elle s’arrêta à bonne distance du véhicule et reprit un pas normal, pour reprendre contenance, avant de se rendre du côté passager. Je voyais qu’elle avait le souffle un peu court. M’avait-elle couru après depuis le bar ? Ma télépathie s’activa presque d’elle-même et s’engouffra dans l’esprit de la jeune femme. Bon, j’avais promis de ne plus lire ses pensées sans sa permission, mais je ne pouvais absolument pas m’en empêcher. Tant pis. Plus qu’à faire attention à ce que je dirais !
La jeune femme toqua contre la vitre teintée, et après l’avoir fait patienter quelques secondes, j’appuyais sur le bouton et fit descendre la vitre. Tina se baissa, sans doute pour mieux voir mon visage et être à ma hauteur, puis elle parla. Ma télépathie étant active, je savais une fraction de seconde avant qu’elle ne parle ce qu’elle disait.
" Loin de moi l'idée de vous considérer comme un vieux pervers, señor. De toute façon, je n'ai pas pour habitude de tomber sous le charme du premier venu. Sérieusement quel âge avez-vous, la quarantaine ? Qu'est-ce qu'une femme de vingt-deux ans pourrait faire avec un homme aussi mûr [ici, mûr prend tout le sens contraire du côté péjoratif] ? Et puis, sans vous offenser vous, n'êtes pas du tout mon genre."
Oh… Décidément, la télépathie est un avantage certain. J’étais son genre, assurément, et la belle essayait tant bien que mal de le cacher. Peine perdue, Tina. Même sans utiliser mon don, j’aurais sur que tu mentais… Quant à mon âge, et bien… Je frôlais la quarantaine, oui. Ce qu’une femme de vingt-deux ans pourrait faire avec un homme comme moi ? La réponse, je préfère ne même pas l’imaginer, Guapa Tina. Car j’avais beau avoir affirmé qu’en aucune façon je n’avais envisagé de la mettre dans mon lit, c’était un mensonge éhonté. Exactement comme elle affirmant que je ne suis pas son genre… Comment un homme peut-il rester insensible face à un telle beauté, hein ? Impossible, je vous le dit. La belle tentait mentalement de se persuader qu’elle n’éprouvait aucune assurance pour moi. Mon sourire s’accentua un peu, et elle parla de nouveau :
" Néanmoins, si vous le permettez, je pense avoir le moyen de nous déclarer quittes.."
Malgré son hésitation, je ne compris pas ce qu’elle voulait dire, et ses pensées ne concernaient aucunement ce qui allait suivre. Si je l’avais su plus tôt, j’aurais tenté de l’empêcher, ne serait-ce que pour le risque encouru. Comme quoi mon don n’est pas omnipotent…
Elle mit ses mains fines sur mon visage, sur mes tempes plus exactement, ses doigts se mêlant à mes cheveux sombres. Son regard de miel plongea dans le mien… et je vis dans son esprit une partie de ma vie défiler. Presque exactement comme un film...
Je vis tout d’abord Ramon dans son esprit, et la belle colombienne comprit qu’il n’était pas simplement mon chauffeur et garde du corps, mais bel et bien mon meilleur allié et ami. Suivirent rapidement des images de moi, nombreuses. La confiance, la combativité, le fait que je ne sois pas connu comme mutant par le gouvernement et l’Organisation Apocalypto… Tout cela apparut dans son esprit, sans que je ne puisse rien y faire. D’autres images apparurent sous forme de flashs, toutes tirées de mon passé. Mon bar, le Bailar, apparut, ainsi que le joie qui y régnait. Ma fuite du Mexique, des images de mon barrio natal, ma fuite de Vegas... Et de l’argent… Beaucoup d’argent ! Apparut alors le visage de ma chère Magdalena, les paupières closes, puis je reconnus Isobel, ma chère Isobel ! Plus jeune, juste après le décès de sa mère. Et moi, enfin, en train de pleurer sa mort…
Les flashs cessèrent brusquement, me laissant pantelant, essouflé, les yeux écarquillés. Je repris contenance rapidement, heureusement, car Tina aurait pu se rendre compte que j’espionnais à nouvaeau ses pensées malgré ma promesse. La jeune femme cligna des paupières plusieurs fois, comme pour émerger d’un sommeil profond. Son regard retomba dans le mien tandis que ses mains quittaient mon visage, le frôlant délicatement au passage.
La belle était bouleversée par ce qu’elle venait de voir de mon passé. Et elle n’avait - fort heureusement ! – vu qu’une infime partie. Qu’est-ce que c’était que ce don ? Elle voyait le passé ? Je me creusais l’esprit, cherchant le terme exact, que j’avais déjà aperçu dans un livre sur les mutants. Psychométrie ! La capacité à visualiser le passé d'un objet ou d'une personne par simple toucher… Un don puissant, et assurément utile. Très dangereux, aussi. Surtout pour un homme tel que moi, si surveillé par tant d’organisations gouvernementales… Une foule de choses passèrent dans mon esprit durant ces quelques secondes de réflexion intense, principalement des inquiétudes concernant la Vouivre et son fonctionnement. Des choses qu’elle pourrait peut-être dénicher en fouillant mon passé… Mon véritable travail, les détails de mon organisation, comment on fait passer la drogue, comment on communique… Tant de choses qui devaient absolument, par nécessité, rester secrètes. Jamais elle ne devait découvrir la moindre de ces informations.
Je revins au moment présent, m’apercevant que Tina pleurait. Des larmes perlaient du coin de ses magnifiques yeux pour s’écouler sur ses joues hâlées. La belle avait voulu mettre les choses sur un pied d’égalité – lui avait usé de télépathie, elle de psychométrie – mais l’effet récolté n’était apparamment pas ce que la jeune femme avait espéré… Je n’avais nul besoin de lire ses pensées pour savoir ce qui la rendait triste. J’avais perdu ma femme mais j’avais également dû fuir plusieurs endroits, comme Tina l’avait vécue elle-même… Elle recula de quelques pas hésitants et essuya ses larmes avant de parler d’une voix tremblante d’émotions :
" Vous avez dû tellement souffrir, Blake.."
J’étais surpris – à la fois par son don surprenant et qui me terrifiait aussi, mais par sa sensibilité – car je voyais bien, à ses pensées, qu’elle était vraiment triste. Découvrir la perte de mon épouse, de Magdalena, l’avait rendue triste. Chaque fois qu’elle voyait cela dans le passé de quelqu’un, elle était toujours affectée. Tina resta debout sur le trottoir, immobile, m’observant avec ses yeux où se trouvaient encore de petites larmes.
- Ramon, va m’attendre au Bailar. Je te rejoins plus tard…
Mon ami le plus cher se contenta d’hocher la tête, sachant sans vraiment savoir que quelque chose d’inhabituel venait de se produire entre moi et la jeune femme. J’ouvris la portière et sortis de la Mercedez. Sitôt la portière refermée, Ramon accéléra et tourna au coin de la rue, le vrombissement du bolide s’éloignant dans les rues d’Achaea. Je m’approchais de la belle colombienne et l’enlaçai tendrement, ma main droite se posant dans le creux de son dos tandis que ma main gauche se posais sur son épaisse mais ô combien douce chevelure. Je l’attirais vers moi d’un geste tendre, et nous restâmes ainsi un moment, quelques minutes peut-être, je ne sais pas. Il n’y avait rien de sensuel ou d’excitant dans ce geste – bien que je sentais ce corps aux formes alléchantes serré contre moi -, c’était simplement pour consoler la belle qui ressentais la peine que moi-même j’avais ressentie des années auparavant. La perte d’un être cher n’était jamais facile à gérer, et bien que Magdalena me manquait souvent encore, j’étais passé par-dessus son décès. Mon deuil était fait. Passé révolu…
Je m’écartais enfin de la belle, sans pour autant que ma main droite ne quitte son dos, et j’approchais ma tête de la sienne pour lui chuchoter doucement à l’oreille dans notre langue natale les mots suivants :
- No seas triste para mí, dulce Tina. Mi esposa me dejó, por cierto, pero su memoria perdurará para siempre en mi memoria... (Ne soyez pas triste pour moi, douce Tina. Mon épouse m'a quitté, certes, mais son souvenir perdurera à jamais dans ma mémoire...)
Je déposais un bref baiser sur sa joue lisse, goûtant sans le vouloir à ses larmes salées, puis je m’écartais enfin d’elle, mais restant à portée. Je pris mon portefeuille dans ma poche arrière droite et l’ouvris, lui montrant les deux photographies apparentes : ma fille à gauche, Isobel âgée de vingt ans, et mon épouse Magdalena, avant que la maladie, le cancer, ne la ronge. La ressemblance entre elles était frappante.
- Ve ? Me queda una memoria que vive de ella, en la persona de Isobel, mi hija tan magnífica. Tiene sus ojos, sus labios y su sonrisa. Cómo estar triste mientras que cada día, encuentre una parte de ella en casa de mi niño ? (Vous voyez ? Il me reste un souvenir vivant d'elle, en la personne d'Isobel, ma fille si magnifique. Elle a ses yeux, ses lèvres et son sourire. Comment être triste alors que chaque jour, je retrouve une partie d'elle chez mon enfant ?)
Je lui laissais le temps d’observer les deux photographies à loisir avant de refermer mon portefeuille et de le remette dans ma poche. J’entourais ses épaules de mon bras, plaçant ma tête près de la sienne, en une attitude – il fallait l’avouer – un peu paternelle, avant de reprendre à nouveau la parole :
- La muerte es el desenlace normal de toda vida, Tina. Por supuesto, habría preferido que Magdalena todavía fuera entre nosotros, pero la vida lo decidió de otro modo. Y no hay que llorar para esto. Es duro, pero la vida continúa. Nos volvemos más fuertes con las pruebas, y créame, éste, que fue particularmente difícil, sobre todo para mi hija, no es la peor de aquellos a los que viví... (La mort est le dénouement normal de toute vie, Tina. Bien sûr, j'aurais préféré que Magdalena soit encore parmi nous, mais la vie en a décidée autrement. Et il ne faut pas pleurer pour ça. C'est dur, mais la vie continue. On devient plus fort avec les épreuves, et croyez-moi, celle-ci, bien qu'elle fut particulièrement difficile, surtout pour ma fille, n'est pas la pire de celles que j'ai vécues...)
J’avais effectivement vécu des évènements graves durant ma vie, et bien que le décès précoce de mon épouse m’ait affecté plusieurs années de façon terrible, j’étais passé par-dessus. Et j’étais devenu plus fort. Magdalena était toujours avec moi, dans mon esprit et mes souvenirs, mais aussi dans ma fille qui lui ressemble tant. Avoir eu la chance de côtoyer une telle femme avait valu la peine, de cela j’étais certain.
- A pesar de todo, sobreviví a todas estas pruebas, volviéndose cada vez más mucho - mentalmente, va de sí - y tirante de estos acontecimientos de las fuerzas nuevas. Mire donde estoy de allí: no hay de qué lamentarse. Tengo amigos fieles y numerosos, un trabajo instructivo y bruscamente bien pagado y una chica a la que adoro ! Que pedir además a la vida, muy cara? (Malgré tout, j’ai survécu à toutes ces épreuves, devenant à chaque fois plus fort – mentalement, il va de soi – et tirant de ces évènements des forces nouvelles. Regardez où j’en suis : il n’y a pas de quoi se lamenter. J’ai des amis fidèles et nombreux, un travail enrichissant et rudement bien payé et une fille que j’adore ! Que demander de plus à la vie, très chère ?)
Je me permis de lui envoyer un message mental grâce à ma télépathie. Ce n’était pas une infraction avec notre accord tacite, du moins je ne le voyais pas comme tel. Ce n'était qu'un transfert de pensées : de moi à elle... Je croisais mentalement les doigts, espérant qu’elle ne s’emporterait pas une nouvelle fois.
[ Él es muy fuerte, Tina, totalmente como yo, aunque de manera diferente. Guarde la sonrisa sobre su hermosa cara, esto le está mejor mucho que las lágrimas. Sonría, bella señorita. ¡ Sonría a la vida! ] (Vous aussi êtes très forte, Tina, tout comme moi, bien que d’une manière différente. Gardez le sourire sur votre joli visage, cela vous va beaucoup mieux que les larmes. Souriez, belle demoiselle. Souriez à la vie !)
Je parlais de nouveau, en anglais cette fois, rapidement, peut-être un peu trop, ne lui laissant pas le temps de répondre :
- Notre rencontre n’est peut-être pas le fruit du hasard, ne croyez-vous pas ? Peut-être Dieu ou une quelconque force supérieure nous a-t-elle réunie pour que je vous aide ? En vous fournissant un travail dans un endroit agréable, mais surtout en étant votre ami… C’est peut-être là le but de notre rencontre…
J’enlevais mon bras d’autour de ses épaules d’un geste gracieux et m’écartais un peu d’elle, quelques pas à peine. J’allumais une nouvelle cigarette, soufflant la fumée vers le ciel, mais mon regard sombre ne quittant pas celui de la belle, une lueur amusée dansant au centre de mes prunelles. C’est d’une voix où perçait la joie et l’amusement que je lui demandais :
- En ello que piensa en eso ? (Qu’en pensez-vous ?)
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Sam 28 Nov - 0:13
[ HRP : Bon, j'espère que tu ne trouveras pas mon côté "sentimental" trop exagéré ^^' ]
Evidemment que son mensonge était perceptible. Cependant, c'est tout ce qu'elle pouvait faire pour se rassurer, nier. Tina avait beau ouvrir les bras au monde qui l'entoure, il n'y avait que cela qui était disponible. Quant à son coeur, cela faisait longtemps qu'elle l'avait fait se taire, parce que les sentiments, aussi forts soient-ils, sont les atouts les plus dangereux. C'était pour la bonne cause, le seul amour divertissant qu'elle se permettait était l'amour familial, parce qu'elle savait que celui-ci ne la trahirait jamais. Côté amical, la colombienne n'avait jamais véritablement eu d'amis dignes de ce nom. Toujours entourée oui, mais jamais très proche avec les autres, pas de complicité, pas de secrets échangés tels que ceux qui s'étaient découverts ce soir. Les cavales à droite à gauche l'avaient sûrement sevrée de ce besoin d'aimer en quelque sorte, elles étaient aussi cause de sa phobie quant à la solitude. Elle n'avait pas la vie pathétique d'une Cosette misérable, elle ne se plaignait donc pas. Mais ce qui était certain, c'est que depuis un certain temps, Tina sentait son coeur étrangement vide, comme si le néant avait pris possession de sa vie.
Blake la laissa faire. A cet instant précis, elle ne se doutait pas le moins du monde qu'il avait rompu leur promesse. De toute manière, l'heure n'était pas à se préoccuper de pareilles futilités. Trop bouleversée par tout ce qu'elle venait d'apprendre, la jeune femme aux yeux de miel ne se rendit pas compte de sa nouvelle intrusion psychique. Elle ne vit pas non plus son étonnement quant à ce qu'elle venait de faire. Dans tous les cas, il devait sûrement avoir deviné qu'elle était son pouvoir de mutante pacifiste. Tina savait qu'elle n'avait pas vu grand chose, et qu'il restait certainement beaucoup de secrets enfouis dans ce corps d'homme adulte, mais ce qu'elle avait vu était suffisant.
Elle n'entendit pas le veuf demander à son acolyte et meilleur ami de rentrer sans lui. Elle ne se rendit même pas compte que la voiture venait de filer à toute vitesse, le moteur grondant tel un orage foudroyant, le même éclair que celui qui venait de lui tomber dessus dans un sens. Les mots brefs mais qui décrivaient simplement ce à quoi elle venait d'assister indirectement se répétaient en boucle dans son esprit, comme un vieux refrain de cauchemard, sauf qu'elle était bel et bien éveillée cette nuit. Blake, fille, fuites, argent, mort, fuites, argent, fille, Blake, etc.. Ce n'est que lorsqu'elle se retrouva enlacée contre ce dernier qu'elle revint véritablement à la réalité. Involontairement, elle en eut le souffle coupé. Combien de temps dura cette étreinte ? Quelques minutes tout au plus, des minutes qui avaient filé aussi vite que la lumière. Dans tous les cas, elle n'avait pas fait un seul geste, elle n'osait même plus bouger, elle était même à la limite d'être éprise de tremblottements. Pas de peur, mais d'émotions. Colère, tristesse, et un sentiment dont elle ignorait tout et qu'elle n'aurait pu définir exactement. Tout cela déclencha en elle une réaction de stupeur, elle était comme figée, parce qu'elle n'était pas habituée à être confrontée à ces éléments en même temps. Elle était encore moins habituée à éprouver celui qu'elle ne pouvait décrire. Toutefois, ce geste tendre était tout sauf désagréable, au contraire. Il l'appaisait, c'était ça, Blake était comme la lumière chaleureuse et réconfortante du Soleil.
Bizarrement, elle sentit son rythme cardiaque s'accélérer quand il approcha sa tête de la sienne. L'homme aux yeux ténébreux vint chuchoter à son oreille. Le souffle de sa voix contre sa peau lui arracha un frisson. Il disait qu'elle n'avait pas à être triste pour lui, que le souvenir de son épouse défunte resterait gravé en lui pour l'éternité. Ne pas être triste, elle ne demandait que cela, mais c'était plus facile qu'à faire pour une grande sentimentale telle que la colombienne. C'est alors que le télépathe frôla somptueusement la joue humide de Tina. Nouveau frisson, quelque peu contrôlé cette fois-ci. Il s'écarta d'elle, et sortit un portefeuille d'une de ses poches. Tout en lui montrant deux photos, il lui fit remarquer qu'il lui restait en effet un souvenir bien vivant de cette femme qu'il avait tant aimée. La jeune femme aux yeux de miel contempla le visage des deux jeunes femmes. Leur ressemblance était frappante, elles étaient toutes les deux aussi magnifiques l'une que l'autre.
Après un temps d'osbervation, le mexicain rangea son porte-feuille. Il plaça ensuite son bras autour des épaules de la belle chagrinée, et poursuivit en disant que la mort était naturelle - ce qui rappelait à la jeune colombienne qu'elle était en effet inévitable - et que malgré cette peine, il en avait connu de bien pires. Cette attitude à la fois protectrice et prévenante lui rappelait son padre lorsqu'il tentait de la rassurer quant aux raisons de ses fuites fréquentes. "Asi va la vida mi querida, cada vez que tengo marcharme, es para recordarme que te quiero a nunca." Il y avait toujours une raison aux actions de la vie, on croyait être libres d'agir, mais en réalité, tout être quel qu'il soit est limité, parce que personne ne peut agir face au destin qui nous est attribué. En pensant à son père d'ailleurs, comment allait-il ? Est-ce qu'il arrivait à survivre parmi tous ces criminels ? Etait-il seulement en vie.. Aucun doute là-dessus, sa mère l'aurait prévenue sinon, sauf si elle désirait préserver la santé de sa fille, auquel cas elle lui ferait croire à sa survie le plus longtemps qu'elle pourrait. Car en effet, si son père venait à se faire assassiner par on ne sait quel fou de la prison La Modela, la colombienne au coeur de verre serait certainement prise d'une hystérie incontrôlable. Elle se rendrait, malgré l'exil, à Cartagena dans son pays natal, et transpercerait le coeur de l'assassin de son père de l'une de ses flèches aux pointes d'or ancien. Ce serait comme une mission suicide, dont n'importe qui se douterait qu'elle ne reviendrait certainement jamais. Ce serait comme gagner sa place en enfer, car oui, La Modela c'était l'enfer, la prison la plus craignosse de toute la Colombie, aussi célèbre et dangereuse que la ville de Ciudad Juarez au Mexique.
L'homme au long vécu à la fois douloureux et aisé ne cessa pas de parler. Il mentionna le fait qu'il soit devenu plus fort, grâce à ses expériences, à ses amis, et toutes les belles choses qui lui étaient arrivées, et grâce à sa fille, aussi belle qu'un ange et portrait craché de sa mère disparue trop tôt. Que demander de plus ? Bonne question. Il y avait tant de choses à attendre de la vie, pourtant Blake semblait être un homme comblé. Elle ne pouvait imaginer ce que c'était que de perdre l'amour de sa vie, et si un jour elle venait à éprouver un sentiment si intense, elle comprendrait peut-être.
C'est alors que le mexicain se permit une nouvelle intrusion dans ses pensées. Bah, finalement, ça ne la dérangeait pas tant que ça pour le coup. Elle s'y attendait à vrai dire, elle était presque sure que dès l'instant où elle avait été visible de la fenêtre de la voiture, Blake avait, peut-être naturellement mais sûrement, déclenché son don de télépathe. Il lui disait qu'elle aussi était forte, à sa manière, qu'il ne voulait pas qu'elle pleure, que la joie lui allait mieux au teint. Elle plongea son regard dans ses yeux, comme pour tenter de lui dire par pensée que cette fois-ci elle ne s'emporterait pas, qu'elle ne lui en voudrait pas deux fois pour la même chose. Evidemment, c'était plus facile pour lui, puisque c'était son pouvoir, mais elle ne doutait pas qu'il ait pu déchiffré cette tentative d'échange psychique. Tina quant à elle, avait eu sa dose de surprise, elle ne s'aventurerait plus de si tôt dans les souvenirs du bel homme. D'un côté elle était persuadée qu'il y avait encore énormement de choses à découvrir en lui, et d'un autre, plus sage, elle se disait qu'avec le temps, peut-être finirait-il par lui dévoiler de son plein gré, les plus grands mystères de son existence. Et puis pour une fois, mieux valait ne pas trop pousser sa curiosité à l'extrème, ça lui avait vallu tant de pertes autrefois. Elle avait fini par apprendre de ses erreurs, malgré de nombreuses fois, c'était le plus souvent la raison pour laquelle elle se retrouvait seule au final. Si Blake pouvait devenir son ami, alors elle ne voulait pas gâcher cette opportunité. Elle ne voulait pas le perdre, lui plus qu'un autre, sans savoir pourquoi. C'était sa chance, elle devait s'en saisir.
Blake mit cette compatibilité amicale en évidence, en affirmant que c'était peut-être l'oeuvre bénéfique d'on ne sait quelle divinité bienfaisante. Il se présenta comme un envoyé du ciel pour la tirer définitivement de la solitude. Tina quant à elle, se le représentait plus comme un sauveur. Il était passé d'inconnu à un genre de héros, dont la route était destinée à croiser celle d'une demoiselle en détresse, qui ne demandait que ça, d'être apprécier à sa juste valeur, et non d'être dénigrée pour ce qu'elle était et pour ce qu'elle était capable de faire. Il lui demanda son avis sur ce qu'il venait d'exposer, s'étant allumé une enième cigarette, le regard toujours présent dans le sien. La belle aux yeux d'ambre dévia un instant ses yeux vers le sol, jusqu'à se reposer dans les siens. Que répondre à cela ? "Oui Blake, vous êtes un ange tombé du ciel, c'est à vous que les dieux ont confié la dure mission que de devoir me sortir du desespoir." Sottises, elle passerait facilement pour une illuminée, en plus, elle ne saurait pas expliquer le véritable sens de ses mots. Elle opta donc pour une réponse moins ambiguë, plus adaptée à la situation selon elle :
" Estoy de acuerdo. Y gracias a quien lo ha hecho. Si mi camino no habìa cruzado el vuestro, no sé que me estaria convertida. " [Je suis d'accord. Et merci à qui l'a fait. Si mon chemin n'avait pas croisé le vôtre, je ne sais pas ce que je serais devenue.]
Elle se permit de l'enlacer à son tour, plus par besoin que par envie. Sentir sa chaleur émanant de son corps à la force bien présente la rassurait, elle se sentait protégée, hors d'atteinte de tout danger. Les mains croisées dans son dos, la tête enfouie dans son cou, elle susurra simplement :
" Solo un momento de màs, por favor.." [Juste un instant de plus, je vous en prie..]
Elle resta ainsi, cachée de tout regard, atteignable de toute pensée, de tout mot. Elle espérait juste qu'il ne considèrerait pas son geste comme un acte déplacé, parce qu'à présent elle savait que si jamais elle venait à s'éprendre de son charme latino, son coeur n'aurait jamais assez de place pour accueillir la colombienne toute entière, parce qu'au plus profond de son coeur, deux femmes avaient leur place éternelle, des places indétrônables. Ce qui était certain, c'est qu'il l'acceptait en tant qu'amie, et ça, c'était déjà quelque chose d'exceptionnel pour elle. Elle savait que c'était inutile et bien futile que de déblatérer sur pareilles pensées, mais elle appréhendait assez l'avenir. Elle mit fin à son étreinte, redonnant sa liberté à Blake, c'était comme laisser une colombe prendre son envol, sauf que dorénavant, elle serait le petit oiseau qui l'attendrait au nid. Le nid, le Bailar, là où elle travaillerait désormais, non parce qu'il lui promettait un salaire d'envergure, mais qu'au fond d'elle, il y avait cette crainte de ne plus jamais pouvoir croiser son regard si elle refusait.
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Sam 28 Nov - 6:42
Les pensées de la belle, durant les quelques minutes que dura mon étreinte puis mes paroles, furent un véritable amalgame de souvenirs, de pensées profondes, de désespoir mais aussi d’espoir. La belle se disait que tout ce qu’elle pouvait faire était de nier certains faits pour se rassurer, qu’elle avait fait taire son cœur pour éviter d’être blessée par ses sentiments. Elle limitait son amour à sa famille et ses proches, sachant qu’eux seuls, au fond, étaient dignes de confiance et ne la trahirait jamais. Je comprenais un tel raisonnement, et je savais que trop souvent, la vérité était exactement ça. Mais j’avais découvert au fil des ans, avec Ramon tout d’abord, puis tous ceux qui me sont proches aujourd’hui, les trésors que l’amitié et la confiance amenaient ; complicité, secrets, respect… Tant de choses que la belle allait manquer si elle ne s’ouvrait pas aux autres. Bien entendu, ses cavales de ville en ville l’avaient rendue solitaire et méfiante, mais en ce monde sauvage, on ne survit pas seul. Ou alors, une telle survie est ennuyeuse. Pathétique, même. Je ne pouvais qu’espérer que Tina s’ouvre à moi. L’espoir… Quelle chose étrange, mais ô combien nécessaire !
Elle était bouleversée par ce qu’elle avait découvert de mon passé, bien que ce ne soit qu’une infime partie. Malgré tout, elle devait certainement se douter que des secrets, c’était une grande partie de ma vie. Elle ne se rendit pas compte que la voiture, avec Ramon à l’intérieur, partait, malgré le bruit ronflant et puissant du moteur ; elle ne cessait de se répéter mentalement les parties de mon passé qu’elle avait vue, en une litanie paraissant sans fin : Blake, fille, fuites, argent, mort… et ainsi de suite. Lorsque je l’enlaçais, elle revint brutalement à la réalité. Son souffle s’arrêta un moment, et je sus instinctivement qu’elle était quasiment prise de tremblements sous la masse de sentiments qui l’assaillaient. Je sentis que mon geste, bien qu’inhabituel pour elle, lui était apaisant. Elle me compara mentalement à la lumière du soleil, chaude et réconfortante.
Je sentis son rythme cardiaque s’accélérer lorsque j’approchais ma tête de la sienne et que je lui chuchotais à l’oreille. La belle frissonna sous la fine et tendre caresse sur sa peau, mon souffle contre son oreille. Tina songea qu’elle ne demandait que ça, ne pas être triste, mais que c’était plus facile à dire qu’à faire. J’étais d’accord, mais il fallait impérativement passer par-dessus si on voulait avancer et évoluer dans la vie. Difficile, certes, mais obligatoire. La belle frissonna une seconde fois lorsque ma joue frôla la sienne. Lorsque je lui montrais les photographies de ma femme et de ma fille, elle les trouva aussi belle l’une que l’autre, ce qui était l’exacte vérité.
Mon attitude protectrice lui rappela son padre lorsque lui-même la rassurait. Elle pensa un moment à son père, désormais enfermé en prison, se demandant comment il allait, s’il survivait enfermé avec des criminels. Était-il seulement en vie ? La belle se doutait que oui, sachant que sa mère l’aurait avertie dans le cas contraire. Sauf si elle voulait lui éviter une peine immense… Tina songea que si son père se faisait tuer en prison, elle irait elle-même là-bas, dans son pays natal, dans la ville de Cartagena, et qu’elle tuerait le meurtrier. Je comprenais une telle pensée ; si ma femme avait été tuée, j’aurais voulu massacrer son tueur. Oh, je l’aurais rendu complètement patraque, légume à vie, prisonnier de son corps sans pouvoir rien y faire. Sa vie serait devenue un calvaire quotidien, et je me serais senti mieux. Un moment, simplement, je m’en doutais, mais sur le coup, je me serais probablement senti incroyablement bien…
Elle compara la prison ou se trouvait son père à la ville ce Ciudad Juarez au Mexique. Je ne pouvais réellement faire la comparaison, n’était jamais allé là, mais je me doutais que la vie ne devait pas y être facile. Étant né dans un bidonville, les « Saints et les Pécheurs », je savais par contre la pauvreté qui y régnait, ainsi que le cran et la volonté qu’il fallait pour y survivre.
Mon intrusion dans ses pensées ne sembla pas la déranger particulièrement. Elle s’était doutée que je ne pourrais pas m’empêcher d’utiliser mon don ; il faisait parti de moi et m’était aussi indispensable – plus peut-être – que mes autres sens. La belle et jeune colombienne plongea alors son regard brillant dans le mien, et je vis qu’elle s’essayait à communiquer mentalement avec moi. Elle me déclara qu’elle ne s’emporterait pas cette fois, pas deux fois pour la même chose. Je lui souris, heureux de son attitude, et lui signifiant ainsi que j’avais bien reçu son message psychique.
Je fus d’autant plus heureux de lire dans ses pensées qu’elle ne s’aventurerait plus dans mes souvenirs, ayant eu sa dose de surprise pour le moment. Cette décision de sa part enlevait un lourd poids de sur mes épaules, car j’avais, je l’avoue, eu peur qu’elle ne découvre un secret relié à la Vouivre, mon autre ‘‘bébé’’. Trop de choses dans ma vie dépendaient du secret. Elle se disait qu’avec le temps, peut-être, je lui dévoilerais les « plus grands mystères de mon existence », pour reprendre ses propres termes. Alors, là, moi je n’en étais pas si sûr. Mieux valait qu’elle s’en tienne à ce qu’elle savait de moi, pas plus. Le futur dirait si elle se révèlerait digne de confiance pour éventuellement faire partie de mon organisation. Je devais admettre qu’une femme douée d’un tel pouvoir serait un atout indiscutable, bien que ne saisisse pas encore toute l’étendue de son don. La belle avait apparemment été trop curieuse dans le passé, ou été trop audacieuse, et cela lui avait causé du tort. Et avait contribué à entretenir sa solitude. Au moins avait-elle appris de ses erreurs. La vie était ainsi faite, après tout. C’était ainsi qu’on grandissait…
Tina ne voulait pas gâcher la chance qui lui était offerte, surtout notre amitié naissante. Elle ne voulait pas me perdre, pas si tôt, sans qu’elle sache pourquoi. Je ne le savais pas non plus, pour tout dire. La belle me percevait comme un sauveur, passé en l’espace de peu de temps de statut d’inconnu à celui de héros – un genre bien particulier de héros, dus-je admettre en souriant de nouveau – mais un héros tout de même. Prêt à aider une belle jeune femme en détresse, à la tirer de sa solitude et à l’apprécier à sa juste valeur.
La belle détourna un instant le regard à ma dernière question, regardant le sol, puis ses yeux mielleux revinrent se poser dans les miens. Sa pensée suivante me fit chaud au cœur et sourire de plus belle, sourire que je cachais discrètement – sans y parvenir réellement, je le savais – derrière ma main. "Oui Blake, vous êtes un ange tombé du ciel, c'est à vous que les dieux ont confié la dure mission que de devoir me sortir du désespoir." Tina songea que c’était des sottises, qu’une telle pensée ferait d’elle une illuminée. Je ne le pensais pas le moins du monde. Elle n’avait pas eu beaucoup de chances dans sa courte vie et voilà que soudain, dans un bar quelconque, un inconnu Mexicain, bel homme et charmeur, à la langue bien affûtée et à l’accent hispanique, lui offrait ce qu’elle avait le plus besoin sur un plateau d’argent. Comment refuser une telle chance ? Elle ne le pouvait pas, tout simplement.
" Estoy de acuerdo. Y gracias a quien lo ha hecho. Si mi camino no habìa cruzado el vuestro, no sé que me estaria convertida. " [Je suis d'accord. Et merci à qui l'a fait. Si mon chemin n'avait pas croisé le vôtre, je ne sais pas ce que je serais devenue.]
Les paroles de Tina me firent sourire de plus belle, et elle me surpris en m’enlaçant à son tour. Je savais, par ses pensées, qu’elle en avait plus besoin qu’envie, mais je la serrais néanmoins sur mon cœur. La belle en avait bien besoin. Elle se sentit rassurée, protégée pour la première fois depuis belle lurette. Ses mains fines croisées dans mon dos, sa tête enfouie dans mon cou, elle me murmura de sa belle voix :
" Solo un momento de màs, por favor..." [Juste un instant de plus, je vous en prie…]
- Tanto como usted lo querrá, muy cara... (Autant que vous le voudrez, très chère…)
Nous restâmes ainsi un long moment, serrés l’un contre l’autre, comme isolés du reste du monde. La belle craignit que je ne considère son geste comme déplacé, mais je comprenais son besoin de chaleur humaine, son besoin de proximité. Ses pensées s’évadèrent vers le fait qu’elle savait que si elle s’éprenait de moi, mon cœur ne pourrait l’accueillir entièrement, étant déjà empli de l’amour que je portais et porte toujours à mon épouse, et mon amour infini et entier pour Isobel. Toutes deux avaient des places particulièrement importantes, indétrônables comme le pensa si bien Tina. Oh, j’aurais de la place pour une autre femme, si d’aventure il me prenait de tomber amoureux à nouveau, mais pour l’heure, ce n’était pas le cas. Certes, la belle colombienne m’émouvait, je la trouvais extrêmement belle et délicieuse de compagnie, mais je ne l’aimais pas de la façon dont j’aimais ma fille et Magdalena. Un jour, peut-être… Pour le moment, je lui offrais mon amitié pleine et entière, sans arrières pensées, et Tina trouvait déjà cela exceptionnel. Elle ne pouvait cependant s’empêcher de réfléchir, et d’éprouver une certaine crainte, vis-à-vis de son avenir…
Elle mit fin à notre étreinte, s’écartant doucement de moi. Sa pensée suivante fut de se comparer à une colombe, et le Bailar serait son nid. Elle acceptait mon offre, non pas pour le salaire et le travail, mais parce qu’elle craignait de ne plus me revoir si elle refusait. Ce n’aurait pas été le cas, mais nous nous serions vus moins régulièrement, c’était certain. Mon travail pour la Vouivre et pour le Bailar occupaient énormément de mon temps, il faut le dire.
- Allons voir ce nouveau nid, Tina.
Elle saurait à mes paroles que j’avais lu ses pensées, mais je ne croyais pas qu’elle s’emporterait. Elle avait compris, je crois, que lire les pensées des gens m’était naturel, autant que respirer, et que je ne pouvais rien y faire. Je lui tendis mon bras pour qu’elle le prenne, comme le feraient les gentlemans des films anciens, et elle prit mon bras.
- Nous en avons pour quelques minutes de marche, si cela ne vous ennuie pas.
Nous nous dirigeâmes d’un pas tranquille dans la direction du Bailar, situé au coin de deux avenues très passantes d’Achaea. Le succès de mon club est dû à la qualité du service, aux strictes lois, dirons-nous, qui y ont court, mais surtout aux belles jeunes femmes qui y travaillent. Après un peu moins d’une demi-heure de marche, durant laquelle nous restâmes l’un comme l’autre silencieux, j’aperçus le bar à bonne distance. Je levais ma main libre et le lui pointais du doigt. Le club était situé au rez-de-chaussée d’un immeuble en excellent état. Le deuxième avait été emménagé en un grand appartement, où logeait Diego, le gérant. Sur une enseigne lumineuse, située de façon à ce qu’on la lise peu importe où on se trouvait dans la rue, le nom du bar luisait clairement. On ne pouvait pas le rater.
- Voici le Bailar, Tina. C’est un club chic : vingt dollars l’entrée, deux boissons minimum et un costaud en smoking amène les clients à leur table. Les danseuses et les serveuses, vous le verrez bientôt, sont très distinguées elles aussi. Exactement comme vous, hermosa Tina.
Je suis un charmeur, pourquoi le cacher ? Depuis sa rencontre, j’avais complimenté la belle une bonne quinzaine de fois sur sa beauté. De fait, en approchant du bar, devant lequel une bonne file d’au moins trente personnes attendaient pour entrer, les regards de la plupart se posèrent sur moi et la belle colombienne, qu’ils détaillèrent des pieds à la tête de façon assez peu discrète. J’espérais qu’elle ne serait pas intimidée par ces regards, même si je me doutais qu’elle avait un caractère assez fort. Les hommes, parfois, souvent même, ne peuvent s’empêcher de déshabiller une femme du regard, et dans un établissement comme le Bailar, c’est chose courante. Sauf qu’aucun écart de conduite n’était permis entre ses murs. Toute indiscrétion ou irrespect envers les filles menait à l’éjection par un des ‘’doormans’’. Ce qui faisait du Bailar un lieu agréable ou travailler pour les filles, vu le salaire et le respect qui leur était octroyé, contrairement à bien d’autres clubs et bars du même genre.
- Comme je vous l’ai dit plus tôt, le respect est primordial ici. Cela concerne autant les clients, surtout eux, mais également les employés, vous comprendrez. Entrons, je vais vous présenter et vous faire visiter les lieux.
Je dépassais sans les regarder les clients qui poireautaient à l’extérieur et m’avançais, Tina à mon bras, vers l’entrée. Un colosse barbu en smoking, un dénommé Jerry, un des ‘’doormans’’ du Bailar, était posté devant la porte – le bar n’ouvrant pas avant vingt-deux heures ce soir. Certains dans la fille marmonnèrent tout bas contre ce qu’ils voyaient comme de l’audace, mais lorsque le colosse à la porte m’ouvrit la porte aussitôt, avec un « Bienvenue, Monsieur Salazar » tout à fait respectueux, ils se turent aussitôt, comprenant vite que je n’étais pas un client ordinaire. Je lâchais le bras de Tina pour lui permettre d’entrer avant moi. Jerry la salua d’un hochement de tête, sans se départir de son air revêche, puis il referma la porte derrière nous et reprit sa position.
- Ce grand gaillard est Jerry. Il travaille tous les soirs ici et c’est le chef des ‘’doormans’’, alors n’hésite pas à aller le voir, lui ou un des autres gars, si un client t’embête.
Il restait environ quinze minutes avant l’ouverture des portes et je savais que la plupart des filles étaient déjà en train de se préparer, ou était déjà prêtes, pour la soirée. Le plancher du hall était de marbre noir, magnifique, et à droite, on voyait un comptoir où les clients devaient obligatoirement laisser leurs affaires, qu’il s’agisse d’un manteau, d’un sac, peu importait vraiment. On leur remettait un ticket qui leur permettait de récupérer leurs choses en ressortant. Ensuite, on descendait quelques marches pour déboucher quelques pas plus loin dans la grande salle.
De grands miroirs étaient fixés de chaque côté de la salle et sur les murs du fond. Un bar occupait tout le côté gauche et on voyait une porte derrière comptoir. Au fond, une entrée voûtée était découpée dans le mur, surmontée d’un enseigne qui rougeoyait dans l’obscurité et annonçait : PRIVÉ. Les vestiaires des employés, les bureaux ainsi qu’une salle pour les serveuses et une autre pour les danseuses s’y trouvaient, tout comme l’entrée réservée aux employés.
Le devant de la salle, au fond donc, était occupé presque entièrement par un rideau scintillant et la scène. Un podium s’avançait au milieu des tables. Il était éclairé par plusieurs projecteurs violents fixés à une grille au plafond. Sous cette lumière vive, le podium semblait presque s’embraser, par contraste avec l’atmosphère sombre et enfumée qui baignait le reste de la salle.
Une cabine vitrée, destiné au disc-jockey, était installée sur le côté gauche de la scène. C’était parfois Diego qui occupait ce poste, lui qui adorait la musique – la position lui permettait de voir tout le bar et de réagir rapidement en cas de problème -, même si nous avions engagé un type mince portant un bouc, nommé Perry, pour être dj les soirs où le bar fonctionnait à plein régime. Pour le moment, une vieille chanson d’Eddie Money, Two Tickets to Paradise, jouait en sourdine dans les hauts parleurs, situés de chaque côté de la scène et dans les coins. À droite du hall d’entrée, un couloir menait aux toilettes et à une pièce servant de débarras.
Dans la grande salle se trouvaient plusieurs employés. Il y avait là, assis au bar deux ‘’doormans’’, Dan et Bill, si je me rappelais bien ainsi que Diego et Ramon. Assis à un table un peu à l’écart, six des filles discutaient. Toutes étaient jeunes et belles. Leur âge variait entre vingt et un an et début trentaine, pour la plus vieille d’entre elles. On distinguait les serveuses des danseuses par leurs habits ; les premières étaient habillées normalement, bien que de manière sexy – avec décolleté - tandis que les secondes portaient une sorte de robe de chambre, pour cacher leur déshabillé ou leur nudité. Les employés, comme tous les soirs, bavardaient entre eux en attendant l’ouverture du club.
J’avais à peine posé le pied au bas des marches que Diego m’apercevait. Il se leva du tabouret où il était assis à l’autre bout du bar et fonça vers nous, lancé telle une locomotive à pleine vitesse, zigzaguant entre les tables. Le diable d’homme est rapide, même normalement. Son pouvoir mutant consistant en une vitesse extraordinairement supérieure à celle d’un homme normal, il est surprenant à voir aller. Il s’efforce le plus souvent d’être discret, mais il a parfois du mal à bien se contrôler. Les gens se disent juste qu’il est énervé et qu’il aime bouger et courir. Ce qui n’est pas faux non plus…
Diego est le gérant du Bailar, celui qui s’occupe de gérer mes affaires ici à ma place. Il semble plus jeune qu’il ne l’est en réalité ; il a vingt-huit ans, bien qu’il en paraisse quatre ou cinq de moins. 1m78, une bonne carrure, des cheveux bruns ébouriffés, des yeux sombres comme les miens, une fine barbe… Beau gosse, voilà de quoi a l’air Diego Sarina, fils de mon vieil ami Fernando. Il s’arrêta, presque en dérapant, devant nous, le sourire aux lèvres.
- Salut, Blake ! Tu passes la soirée avec nous ?
Toujours direct, ce brave Diego ! S’il ne faisait pas si bien son travail, je lui aurais appris quelques manières depuis longtemps. Mais ses manières directes et son franc parler était justement ce qui le rendait si attrayant et respecté par les employés, je laissais passer. Tant qu’il restait poli, je n’avais rien contre ça. Je tendis mon esprit vers lui et vit qu’il détaillait attentivement – un peu trop d’ailleurs – la belle colombienne qui m’accompagnait. Avant qu’il ne se mette à phantasmer mentalement, je lui présentais Tina.
- Bonsoir, Diego. En effet, je vais passer la soirée ici. Je te présente Señorita Tina Sanchez, qui va travailler ici comme serveuse. Tina, je te présente le gérant du Bailar en mon absence, Diego Sarina. Si tu as le moindre problème, tu peux te fier à lui autant qu’à moi. Il est digne de confiance.
Diego prit la main libre de Tina et y déposa un baiser rapide, un sourire au coin des lèvres, avant de la saluer en espagnol. Je le savais capable d’être romantique, mais ça me surprenait à chaque fois.
- Encantado, magnífico y espléndida Tina usted encuentra es un honor, pero trabajar con usted será un privilegio ! (Enchanté, magnifique et splendide Tina. vous rencontrer est un honneur, mais travailler avec vous sera un privilège !)
Il libéra Tina puis nous accompagna vers les autres employés, qui nous observaient attentivement. Je savais déjà que certaines des filles se demandaient mentalement, avec une pointe de jalousie certaine, qui était cette femme se pointant ainsi à mon bras. Même pas besoin de lire leur esprit pour cela. Ramon et moi échangeâmes un signe de tête et mon bras droit se contenta de prendre une nouvelle gorgée de bière. Je poussais délicatement Tina vers l’avant, et la présentais :
- Les filles, je vous présente Tina. Elle va travailler ici comme serveuse à partir de demain, alors je vous demande de bien l’accueillir dans notre petite famille. Tina, voici Bess, Elisa, Chantal, Marilou, Marie et Penny. Les deux gros bras, là, sont Bill et Dan. Tu as déjà vu Ramon. Tu rencontreras les autres filles au fil du temps. Je te laisse faire connaissance un moment, j’ai quelques petits détails à régler avec Diego…
Je laissais la belle colombienne avec les filles – certaines la regardaient avec méfiance et jalousie -, certain qu’elle saurait se débrouiller sans moi, et m’éloignais un peu pour rejoindre Diego, qui était retourné s’asseoir près de Ramon. Nous discutâmes quelques minutes de petites choses à régler concernant le club.
L’heure d’ouverture du bar arriva, et les danseuses se levèrent pour aller dans leur loge. Bess, la plus vieille des serveuses, resta près de Tina à bavarder. Bill et Dan allèrent à leurs postes – le premier allait accompagner les clients à leur table, le second se posterait dans le bureau situé derrière le bar. De là, il pourrait observer la salle en catimini grâce au faux-miroir. Diego, lui, alla se poster dans la cabine du dj. Quant à moi, j’allais m’asseoir près de Tina à la table qu’elle occupait, et restais silencieux un moment. Bientôt, Bess se leva pour faire le service, la salle commençant à se remplir peu à peu. Quelques minutes suffirent pour que la trentaine de clients qui attendaient plus tôt à l’extérieur, des hommes uniquement, furent installés aux tables. Le club pouvait en accueillir le double sans problème, voire le triple en serrant un peu les clients et en sortant du débarras quelques tables supplémentaires…
- Observez à loisir, Tina. Posez les question qui vous viennent à l'esprit, et lorsque vous serez prête à voir les locaux des employés et à discuter des détails de votre travail, vous n’aurez qu’à me le dire…
Diego monta le volume de la musique tandis qu’une des filles que Tina avait rencontrée, Marilou, une grande blonde, vêtue d’un jean fendu qui découvrait la partie inférieure de ses fesses et un haut de bikini rose fluo, jaillissait de derrière le rideau et commençait à remuer au rythme de la musique.
Marilou était l’un des plus belles filles du club, et je ne pus m’empêcher de l’observer faire son show, mon esprit observant les pensées de Tina en même temps. Je suis un homme, après tout, non ?
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Lun 14 Déc - 11:02
[ HRP : J'ai honte, c'est court >//< ]
Les minutes s'écoulèrent, et Blake proposa finalement d'aller voir ce nouveau nid dont il était question. Oui, il avait plus que trahi leur promesse, mais pouvait-on vraiment considérer le serment comme réel ? Ce n'était qu'une phrase qu'il avait inventé pour la calmer, pour s'excuser. La belle en fit abstraction, encore une fois, elle finirait par s'y habituer. Et avec le temps, elle arriverait peut-être à mieux gérer sa façon de penser, et à faire attention à limiter ses songes lorsque Blake serait dans les parages. Elle fit un léger mouvement de tête, elle avait hâte de voir en vrai à quoi ça ressemblait. Après une semaine d'errance et de solitude, sa vie allait enfin prendre un nouveau tournant. Nouvelle chance et résurrection..
Son futur patron lui indiqua qu'ils en avaient pour quelques minutes de marche. Aucune importance, Tina aimait bien marcher. Mais lorsqu'on est en compagnie d'un homme, gravir le chemin en silence à de quoi poser un certain mal à l'aise. Elle n'aurait su définir l'origine de ce silence. Combien de temps avaient-ils mis avant d'arriver à destination ? Une bonne trentaine de minutes. Durant toute la route, ni l'un ni l'autre ne s'était manifesté oralement. Elle se remit à respirer lorsque les lumières chatoyantes du Bailar vinrent illuminer ces yeux de miel. C'est pendant cet émerveillement face à la découverte du côté extérieur du bar que le mexicain l'invita à entrer, tout en lui expliquant le côté chic du lieu où une trentaine de gaillards en tout genre attendaient impatiemment l'ouverture. Vingt dollars l'entrée, deux consomations minimum, une sécurité maximale quant aux employées, les "videurs" veillaient à ce que tout se déroule comme il faut.
Elle n'émit aucune réticence quand elle aperçut les hommes qui la regardaient de façon assez incertaine. Elle se disait qu'après tout ce devait être normal, les hommes sont comme ça, ils vous regardent goulument et avec intérêt pendant un temps, et passe à une autre merveille le lendemain. Quant au respect, elle était de son avis bien entendu, c'était la moindre des choses, et Tina était très respectueuse. Elle salua le dénommé Jerry, à la carrure imposante et rassurante. Il était clair qu'il ne valait mieux pas chercher des noises avec un gaillard comme lui dans les parages. Ils entrèrent.
Tina se retrouva émerveillée par le côté somptueux du Bailar. Un marbre fabuleux ornait le plancher. Après les quelques marches, elle admira tous les miroirs, ainsi que le podium qui faisait penser aux scènes de défilés de mode. C'était ça en quelque sorte, sauf qu'ici, on privilégiait la beauté des corps et la sensualité du charme féminin. Dans tous les cas, tout était agréable à regarder dans le bar. C'est alors qu'un jeune homme vint d'un pas très rapide jusqu'à eux. Il faisait assez jeune. Un regard enjoliveur, un visage enfantin mais plaisant, les traits du soleil visibles. Il demanda à Blake s'il passait la soirée avec eux ce soir. Le mexicain acquiesa. Diego ? Le gérant dont il avait parlé précédemment ! Il faisait vraiment jeune pour un gérant, mais la belle ne doutait pas que si Blake l'avait nommé en tant que gérant, c'est qu'il était compétent. Elle fut présentée, et il lui assura que Diego était aussi digne de confiance que lui. A cette remarque, la colombienne sourit intérieurement, la confiance était un bien grand mot, mais elle voyait à peu près de quoi il était question sur ce plan là.
Un sourire radieux se dessina sur les lèvres parfaites de la belle aux cheveux bouclés, le gérant venait de se saisir de sa main, y déposant un baiser furtif, puis il lui parla de leur langue natale. Tina lui sourit, et répondit :
"Gracias señor, espero que esté a la altura de sus expectativas." [ Merci, j'espère que je serai à la hauteur de vos attentes.]
Ils se rendirent ensuite vers un groupe de jeunes femmes qui les observaient bien avant qu'ils ne se décident à les rejoindre. Blake lui présenta les filles, employées, danseuses et serveuses, ses futures collègues. Il présenta aussi Dan et Bill, deux hommes du Bailar également, il mentionna aussi Ramon, qu'elle avait déjà vu. Il s'éloigna ensuite en compagnie de Diego, la laissant à la merci des regards quelques peu ambigus des demoiselles. L'une d'entre elles se démarqua cependant. Certainement plus âgée, elle vint à la rencontre de Tina.
" Bienvenue parmis nous Tina. Tu verras, tu te plairas ici, l'endroit et l'ambiance y sont agréables."
" Je n'en doute pas, ça promet d'être intéressant."
" Quand je t'ai vu, j'aurais plutôt parié que tu serais une nouvelle danseuse, tu es très belle et tu as un corps avantageux."
" Oh.. Merci, toutes les filles sont magnifiques ici."
" Chacune a son charme oui. En tout cas, si tu veux essayer un costume de danseuse à l'occasion, fais-moi signe, je me ferai une joie de te faire faire un essayage."
" J'y penserai Bess, merci."
Elle s'était installée à une table en même temps qu'elle bavardait avec la serveuse très amicale, Blake la rejoignit. Elle sourit à Bess qui se leva pour commencer à servir. Cette dernière était très sympathique, Tina était sure qu'elles s'entendraient bien toutes les deux. La salle se remplit rapidement, le volume de la musique monta. L'une des danseuses en tenue aguicheuse monta alors sur le podium pour faire son show.
Tina regarda Blake lorsqu'il l'interpella, ses yeux étaient rivés sur la jeune femme. Elle retourna son regard vers la danseuse, un léger sourire aux lèvres.
" Je pense observer pendant au moins une heure comment la soirée se déroule si vous n'y voyez pas d'inconvénients."
Elle regardait attentivement la blonde se déhancher, elle est vraiment belle, normal que Blake prenne plaisir à la regarder. Après tout, à quoi bon tenir un bar tel que celui-ci si ce n'est pas pour en profiter un minimum. Le plaisir des yeux fait le bonheur des hommes. Elle se laissa tout de même penser à de quoi elle aurait l'air dans une tenue semblable à celle de la danseuse. Elle risquait de bien rigoler avec Bess en se découvrant, mais ce qui est sûr, c'est que cette séance d'essayage resterait leur petit secret, nul autre à part elle n'aurait le privilège de l'admirer ainsi, elle n'avait pas assez d'assurance pour ça.
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Jeu 17 Déc - 1:25
" Je pense observer pendant au moins une heure comment la soirée se déroule si vous n'y voyez pas d'inconvénients."
- Aucune, Tina,fis-je en souriant dans le vide devant moi.Prenez tout le temps qu’il vous plaira.
Mon esprit plongea une nouvelle fois dans les pensées de la belle. Celle-ci songeait qu’il était normal que j’apprécie le spectacle. Après tout, comme elle le pensa si bien : pourquoi tenir un bar comme le mien si ce n’est pas pour en profiter un peu ? Une phrase qui traversa l’esprit de la belle Colombienne me fit sourire à nouveau : le plaisir des yeux fait le bonheur des hommes. C’était particulièrement vrai. Les pensées de la belle brune s’élancèrent vers une possible et future séance d’essayage des costumes des danseuses avec Bess, la plus agée des serveuses mais aussi la chef d’équipe. Une légère rougeur envahit mes joues tandis que Tina s’imaginait portant différentes tenues légères, avec décolletés et autres froufrous fort aguichants. Si elle savait – oh, elle devait s’en douter pourtant, ce qui me fit sourire de plus belle – que je lisais ses pensées comme un livre ouvert, elle rougirait, elle aussi ! Dire qu’elle se disait que cette séance future d’essayage serait leur secret, à elle et Bess… et que nul autre n’aurait le privilège de la voir ainsi. Moi, je l’avais ce privilège, bien que ce soit dans l’imaginaire de la Colombienne. Quant à la jolie Bess, mère d’un petit gars de cinq ans, Tina n’aurait pu mieux tomber ! C’était elle qui organisait les horaires à la fois des serveuses et des danseuses et si Tina s’entendait bien avec elle, comme ça semblait être le cas, elle n’aurait aucun problème avec les autres filles. Bess était en quelque sorte ‘’l’inquisitrice’’ du Bailar et tout problème entre les filles passait par elle. Le moins qu’on pouvait dire, c’était que Bess n’était pas chef d’équipe pour rien !
Durant l’heure qui suivit, la salle s’emplit graduellement petit à petit, Diego augmenta encore un peu le volume de la musique et les filles se succédèrent. Bess vint plusieurs fois à notre table et nous offrit à boire. Elle m’amena ma boisson favorite : de l’eau, tandis qu’elle amenait sa boisson à Tina. Ici, avec les employés bien entendu, moi seul avait le droit de prendre de l’eau. Pour tous les autres : deux consommations minimum, sans quoi ils étaient mis dehors. Radical ? Peut-être, mais le bar tournait rudement bien pourtant. Comme Tina semblait apprécier l’ambiance, j’ai décidé de la laisser tranquille à observer ce qui serait très bientôt, probablement, son lieu de travail. Une autre heure passa et minuit arriva. Un peu plus tard, je posais délicatement ma main sur l’épaule de Tina et lui fit signe de me suivre, le tout accompagné d’un sourire amusé.
- Vous me suivez, Tina ?
Je me suis levé, tendant ma main à la Colombienne qui m’accompagnait et l’aidais à se lever. Tenant toujours sa main, je lui fis traverser le Bailar jusqu’aux portes doubles sous le néon rouge où un unique mot brillait : PRIVÉ. Seuls les employés pouvaient pousser ces portes ; toute autre personne qui essayait d’y entrer – et c’était arrivé ! – était viré illico-presto, cul par-dessus tête. Ce mot simple – PRIVÉ – n’était pourtant pas difficile à comprendre ! Pourtant, il y avait parfois un comique près à prendre la porte à ses risques et périls. Entendons-nous : les simple saoûlons, ceux qui se trompaient de porte – il fallait néanmoins le faire, les toilettes étant à l’exact opposé du bar ! – étaient simplement dirigés vers le bon endroit par une des serveuses ou un des ‘’videurs’’. Nous ne sommes pas des monstres, tout de même !
Je poussais les portes doubles menant aux locaux privés, invitant Tina à passer devant moi. Le couloir derrière était assez large pour laisser passer deux personnes de front. Tout au bout, il y avait une porte surmontée d’une enseigne indiquant la sortie des employés. Un videur latino solidement charpenté nous salua d’un signe de tête en nous croisant dans le couloir et s’écarta pour nous laisser passer. Je l’ai également salué d’un signe de tête et lui ai présenté Tina et vice-versa. L’homme, nommé Yanis, se déclara heureux de faire sa connaissance et ajouta qu’il espérait qu’elle se plairait à travailler ici, au Bailar. Il ajouta que si elle avait le moindre problème, elle ne devait pas hésiter à venir le voir. Puis il nous salua une deuxième fois et nous dépassa. Il poussa les portes doubles menant dans la grande salle du bar et disparut à notre vue. Son quart de travail commençait. J’ai alors expliqué à Tina que chaque soir il y avait constamment trois videurs présents dans le bar, plus un à l’extérieur à l’entrée, avec Diego en prime pour tout surveiller. Je l’avais déjà dit, mais le respect et la sécurité des employées féminines est primordial au Bailar, et mes employés masculins veillent au grain. Au bout du couloir, un couloir partait à droite, un autre à gauche.
- À gauche, se trouvent le local des ‘’videurs’’, le bureau de Diego et le mien. Les réserves et la salle de surveillance sont accessibles par la porte derrière le bar. À droite, ce sont les loges des filles et les portes menant aux salles de danse privées. Dans ces dernières, des vitres blindées séparent les clients des filles et évitent qu’il y ait le moindre problème ou attouchement. De plus, tout est filmé, pour un surplus de sécurité. L’entrée des employés(je lui ai pointé du doigt la porte qui nous faisait face)est constamment barrée et il faut une clé spéciale pour entrer.Tu vois, rien n’est laissé au hasard. Respect ET sécurité.
Ne voulant pas la gaver d’autres détails supplémentaires, je l’ai tiré doucement avec moi vers le bout du couloir, puis à droite. Une première porte, que j’ai ouvert, laissait place à un amalgame de fauteuils, chaises et tables comportant des miroirs à maquillage. Sur les tables à maquillage, des dizaines de produits quelconques – je ne connais rien à tout ces trucs de filles, alors autant ne pas m’avancer dans ce que tout cela était – envahissaient les tables. Contre les murs se trouvaient plusieurs supports à vêtements et quelques armoires ouvertes, toutes pleines à craquer de vêtements et déshabillés divers, tous plus affriolants les uns que les autres. Au fond de la salle, on voyait le rideau épais qui séparait la scène de la pièce. En fait, trois rideaux épais séparaient les deux, mais peu en dehors des employés étaient au courant. Trois des filles discutaient lorsque nous sommes entrées, moi poussant Tina. Trois que Tina avait déjà rencontrées - Chantal, Marilou et Penny –, les autres étant occupées dans les salles privées avec les clients ou sur la scène à faire leur show. Elles s’interrompirent, les deux premières nous saluant d’un ton chaleureux, tandis que Penny jetait un regard noir vers Tina. La Rousse, comme j’aimais appeler Penny, voulait me mettre le grappin dessus depuis son arrivée au Bailar – comme plusieurs autres filles - mais je ne lui accordais aucune attention particulière. Espoir, espoir, quand tu nous tiens…
J’ai laissé Tina fouiller un peu dans la salle et discuter potins avec les filles, me contentant de griller une cigarette, adossé au chambranle de la porte, un sourire amusé toujours au visage. Plus tard, lorsque Tina se déclara prête à finir la visite, je lui ai montré les salles réservées aux danses privées, auxquelles menait un couloir partant de la salle des danseuses. Larges de 3m sur trois de ce côté-ci, et de la moitié du côté des clients, les cabines étaient séparées au centre par une vitre blindée, détail que j’avais déjà mentionné à Tina. Du côté du client, il n’y avait qu’une simple chaise, tandis que du côté des danseuses, le sol était en tapis avec un poteau fixé au sol et au plafond au centre. Sécurité absolue et aucun contact physique entre clients et danseuses. Nous sommes ensuites revenus sur nos pas et je lui ai montré le quartier réservé aux serveuses. Quelques divans, une grande table et des chaises, des casiers larges personnalisés. Bref, un endroit où relaxer tranquillement après son travail ou avant son quart. Une nouvelle fois, j’ai laissé Tina fouiner à son aise.
Lorsque nous sommes revenus dans le couloir, je lui ai fait visiter le reste des quartiers réservés aux employés. Au bout du couloir, il y avait une table et quelques chaises. Le petit couloir comptait deux portes à gauche et une porte au fond. En ordre : le bureau de Diego, le mien et la salle des ‘’videurs’’.
J’ouvris la porte du gérant du Bailar, sans y entrer, et me suis écarté, laissant le soin à la belle colombienne d’y jeter un coup d’œil. La pièce était assez grande, mais comportait peu de mobilier. Un bureau avec deux chaises, une derrière et une devant, et le bureau était couvert de dossiers, de factures et de photos de danseuses possibles, la plupart d’entre elles seins nus. Un portable, un téléphone et un pot empli de stylos complétaient le tout. Derrière, hormis la chaise, il y avait deux armoires vitrées, bourrées à craquer de documents divers. Les murs s’ornaient de tableaux représentant – ô surprise ! – des femmes nues. Sacré Diego ! Quel goût pour la décoration !
J’ai ensutie refermé la porte, tout en répétant à Tina que si elle avait besoin de quoi que ce soit ou un problème quelconque, elle pouvait toujours lui en parler lorsque je ne serais pas présent. Je lui ai ensuite fait rapidement visiter la salle des ‘’videurs’’, qui ressemblait beaucoup à celle des serveuses, avec une table et des chaises au centre. Des casiers personnalisés avec le nom de chaque ‘’videur’’ dessus, un frigo empli de bières (que je leur fournissais avec joie vu leur travail exceptionnel) et de nourriture (leur repas, généralement). La table, elle, leur servait à relaxer (ou jouer au poker) lorsqu’ils ne voulaient pas attendre leur quart de travail dans le bar même. Bref, mes employés étaient mieux traités que la très grande majorité des bars et clubs de ma connaissance (en excluant certains bars de Vegas et des plus grosses villes). Nous sommes à Achaea cependant, pas à Vegas.
Nous sommes ensuite sortis de la salle des ‘’videurs’’ et j’ai refermé la porte derrière nous. J’ai pris mon trousseau de clés dans ma poche et ouvert la porte de mon bureau. J’étais le seul à en posséder la clé ; même Diego et Ramon n’en avaient pas un double. Pas par manque de confiance, non, simplement parce que je suis le ‘’grand boss’’ et qu’ils tenaient à la distinction. J’y fit entrer Tina, et l’ai invité à s’asseoir, ce qu’elle fit. Je me suis installé dans mon propre siège, de l’autre côté du bureau, tandis qu’elle observait la pièce.
Quoique bien moins luxueux que le bureau privé de ma maison, le mien était très bien. Très différent de celui de Diego aussi. Pas du tout du genre auquel on s’attend pour un propriétaire de club pour adulte. Subtils, les papiers peints étaient de teintes pâles qui allaient bien avec les tons terre des tapis et des tentures qui masquaient la seule et unique fenêtre donnant sur la ruelle bien éclairée où se trouvait le stationnement des employés.
Mon bureau était en tout point – question taille et ameublement - semblable à celui de Diego, exception faite que les documents étaient bien rangés et fermés dans les tiroirs, et non à la vue de tous. Même portable, même téléphone sans fil et les mêmes deux armoires derrière, de chaque côté de la fenêtre. Sauf que les étagères de l’armoire n’étaient pas emplies de documents, mais de photographies encadrées. Il y avait là deux photos d’une jolie petite fille prises en studio, la première alors qu’elle avait environ deux ans et la seconde où elle semblait en avoir cing ou six, les deux clichés la montrant dans de belles robes de couleurs pastels. Sur la troisième photo, elle aussi qualité studio, on la voyait poser à côté de sa mère. Isobel dans un robe blanche, Magdalena dans une robe noire de base avec décolleté en V et une seule rangée de perles autour du cou. Toute deux d’une beauté saississante. Les deux suivantes photos montraient toutes deux le visage de mes chéries. Magdalena, ma chère épouse, était de profit, et la photographie d’Isobel était récente, la montrant derrière un arbuste. Sur la dernière, j’étais présent, enlaçant entre mes bras les deux femmes de ma vie.
- Ma fille et ma femme , dis-je en faisant tourner mon fauteuil vers l’armoire, mon sourire s’élargissant sans que je ne puisse rien y faire.Les amours de ma vie…
J’ai tourné à mon tour mes yeux vers les photographies et une bouffée de nostalgie m’envahit tandis que je repensais aux longues et inoubliables années passées avec Magdalena. Son départ avait sans conteste laissé un grand vide en moi, mais j’étais passé par-dessus avec le temps. Heureusement, j’ai toujours ma fille adorée, Isobel, qui lui ressemblait tant, autant physiquement que mentalement. Magdalena serait toujours avec nous, quoi qu’il advienne. En esprit, tout du moins. Souriant toujours, je me suis retourné vers Tina.
- Assez parlé d’elles. Parlons de vous, maintenant. Posez-moi les questions qui vous viennent à l’esprit, Tina, puis nous verrons ensemble les détails de votre travail. Je vous montrerais ensuite votre horaire pour les deux prochaines semaines et ensuite, il faudra que vous voyiez cela avec Bess. C’est la chef d’équipe des serveuses et des danseuses, alors s’il y a le moindre problèmes avec les filles, c’est elle que tu dois aller voir, d’accord ? Vous m’en voudriez de vous tutoyer ? Nous sommes amis, après tout(mots accompagnés par mon plus beau sourire charmeur), non ? À toi de parler, querida amiga y nueva empleada. (À toi, chère amie et nouvelle employée)
Je me suis reculé dans mon fauteuil et j’ai ouvert le tiroir de gauche, d’où j’ai sorti un cendrier. J’ai ensuite allumé une cigarette, lui souriant amicalement.
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ] Sam 26 Déc - 0:35
Blake lui offrit le loisir de prendre tout le temps qu’il lui plairait. Elle ne remarqua pas le teint rose des joues du mexicain, elle était trop occupée par tout ce que ses yeux pouvaient apercevoir. Et même si elle avait tourné son regard vers lui, l’obscurité qui régnait dans le bar l’aurait empêchée de déceler quoique ce soit. Après avoir tourné la tête vers lui, lui offrant un sourire délicat, la belle se mit donc en quête de regarder partout, avec une certaine discrétion bien sûr. Pendant l’heure qui suivit, elle observa chaque recoin du bar. Elle constata plusieurs choses – qui auraient pu paraître évidentes que yeux des habitués. Premièrement, aucun client de la gente féminin ne fit son entrée, il n’y avait que des hommes. Deuxièmement, les danseuses sont des artistes, qui manient le déhanché et la séduction tout en gardant un statut digne des autres femmes. Troisièmement, le Bailar était LE lieu de rendez-vous de n’importe quelle sorte d’hommes. Quatrièmement, la joie et la bonne humeur étaient maîtresses des lieux. C’était suffisant pour une première approche. Blake l’écarta de ses analyses, il s’était levé et posait à présent sa main sur son épaule, tout en lui demandant de le suivre d’un sourire amusé. Elle lui sourit, se leva, et entreprit donc de le suivre.
Il lui avait tendu sa main, qu’elle avait prise avec plaisir. Ils traversèrent le bar ainsi jusqu’à arriver aux deux portes battantes surmontées d’un néon lumineux indiquant que l’accès était privé. Ils passèrent les portes, et l’accommodage aux lieux commença. Un couloir se dressa devant eux, terminé par une porte portant l’insigne « sortie des employés ». Blake présenta à Tina un jeune homme du nom de Yanis, qui disparut aussitôt les présentations, brèves, faites. La belle aux yeux de miel écouta attentivement ce que son futur patron lui apprenait à propos des salons de danse privés. Si elle avait dû avoir le moindre doute quant à la sécurité et au respect qui régnaient, il se serait immédiatement envolé. Blake avait bien insisté sur la chose, impossible de croire le contraire. C’est alors que la véritable visite débuta.
La première pièce dans laquelle ils entrèrent sembla être le vestiaire des danseuses. Dès lors, les yeux de la colombienne s’illuminèrent de petites étoiles, elle se sentait telle une enfant qu’on avait amenée dans une salle remplie de jouets. A différence que ce qui la frappa, fut la ressemblance avec ce qu’elle s’imaginait. En fait, elle avait toujours imaginé l’envers du décor ainsi. C’était comme pour les stars de cinéma, les miroirs, les palettes de maquillages, les armoires pleines à craquer, … Magnifique, vraiment. Tina fut tirée de sa rêverie par deux voix féminines. Trois jeunes femmes étaient présentes dans la pièce. La rousse, regardait Tina d’une façon contrariée, voire énervée selon le point de vue. La colombienne les salua, complimentant le lieu.
« On dirait un studio de cinéma, vous devez vraiment prendre du plaisir à vous préparer chaque soir. »
La première danseuse à avoir fait son show en début de soirée lui répondit que c’était le rêve de toute femme, autant d’accessoires et de fanfreluches en tout genre, qu’elle avait même parfois du mal à se décider tant il y en avait. Tina rigola doucement, puis finit son tour de la pièce sous l’œil méprisant de la rousse. Son regard qu’elle sentait dans son dos était vraiment désagréable, surtout que la jolie brune ne savait pas ce qu’elle avait bien pu lui faire. Après un salut de la main, une légère angoisse mélangée à la satisfaction présente dans les yeux, elle retourna auprès de Blake. En sortant des vestiaires, elle ne put s’empêcher de murmurer :
« Je crois que mon arrivée ne l’enchante pas ! Elle n’a pas l’air de m’apprécier, elle est comme ça avec tout le monde ou j’ai fait quelque chose qui lui a déplu ? »
Il devait forcement savoir de qui elle parlait, Tina était sure qu’il avait remarqué le mépris dont la rousse avait fait preuve à son égard. Quoiqu’il en soit, la visite ne s’arrêta pas pour autant. Il lui montra les salles réservées aux danses privées, ainsi que le quartier des serveuses. Puis ils arrivèrent devant le bureau de Diego, gérant du Bailar lorsque Blake, le grand patron, était absent. Elle se demanda d’ailleurs ce qu’il pouvait bien faire lorsqu’il ne passait pas ses soirées ici. « Sauver les demoiselles en détresse » pensa-t-elle en souriant légèrement.
Il ouvrit la porte, Tina n’entra que de quelques pas. Ce qui la frappa le plus, c’était les photos de femmes à demi nues sur son bureau, ainsi que les tableaux, de femmes encore une fois, dans leur tenue d’Eve. La belle esquissa un sourire, elle pouvait comprendre encore une fois, le corps des femmes est tellement beau. Au moins, elle ne serait pas surprise si elle était un jour amenée à entrer de nouveau dans ce bureau pour une quelconque raison. Blake referma la porte, et ils se dirigèrent ensuite vers la salle des videurs, où ils s’arrêtèrent brièvement. La visite se termina devant la porte du bureau du mexicain. Il sortit un trousseau de clés, déverrouilla la serrure, et ouvrit la porte. Elle entra, lui la suivit et referma la porte derrière eux. Il s’assit de l’autre côté du bureau, Tina resta debout.
Elle ne put s’empêcher d’admirer les photographies qui ornaient les étagères. Elle en compta six au total. Elle reconnut Blake sur la dernière photo, quant aux deux femmes, elle savait dores et déjà qui elles étaient. Aucun doute là-dessus, mère et fille. Le brun tourna sur sa chaise, et observa un instant les photos. Il confirma les pensées de Tina en lui informant qui étaient les femmes. Les deux amours de sa vie. Un faible sourire se dessina sur les lèvres pulpeuses de la belle. Elle se sentit tout à coup gênée d’avoir attardé trop longtemps son regard sur elles, mais elles étaient si belles, si souriantes. La photographie de la femme de Blake donnait l’impression d’être encore là, elle dégageait une étrange lumière chaleureuse et douce.
Blake se retourna finalement, toujours souriant. Elle prit place sur le siège d’en face, posant son sac à main contre l’un des pieds de la chaise. Il lui demanda alors de lui poser toutes les questions qui lui venaient à l’esprit avant de voir les détails de son nouvel emploi. Il ajouta ensuite qu’il lui donnerait ses horaires de travail pour les deux semaines à venir, puis qu’elle devrait ensuite voir ça avec Bess. Il mentionna que cette dernière est la chef d’équipe, que si elle avait un accrochage avec l’une des filles, c’est à elle qu’elle devrait s’adresser. Le message était reçu. Il termina en demandant s’ils pouvaient se tutoyer, affirmant qu’après tout ils sont amis, puis l’incita à prendre la parole à son tour. Elle afficha un sourire.
« Eh bien, c’est vous le patron, alors je pense que c’est plutôt à vous de décider, même si ça me conviendrait. »
Ils avaient beau être amis, Tina restait sa nouvelle employée et en tant qu’employée, elle se devait de lui montrer un certain respect, même si le tutoyer ne l’empêcherait pas d’être respectueuse comme il se doit à son égard. Elle dit :
« J’ai bien quelques questions. Tout d’abord, est-ce qu’il y a un code de tenue vestimentaire ? Je veux dire, est-ce que les serveuses se doivent d’être un minimum.. sexy ? Ca peut paraître stupide comme question.. »
En fait, elle se doutait à peu près de la réponse qui allait suivre. Vu l’endroit, il semblerait logique que les serveuses elles aussi soient dans des tenues aguicheuses. Mais bon, mieux valait demander, même si elle ne savait pas vraiment si la façon dont elle avait formulé sa question allait permettre à Blake de comprendre exactement ce qu’elle voulait dire.
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Sujet: Re: Premier jour d'essai [ Blake ]
Premier jour d'essai [ Blake ]
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