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Mauvais endroit, mauvais moment [Charles]

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Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Vide
MessageSujet: Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] EmptySam 19 Déc - 13:46

Son retour avait été tout à fait tranquille. Hier, Jared avait volé une nouvelle moto à une espèce de motard à la sortie d’un bar et prit la direction du désert. Son rapport devait être fait. Chow avait été content de le revoir – après tout, il n’était pas allé à la ferme depuis presque un mois – et les nouvelles qu’il apportait lui avaient parues bonnes. Il s’était montré intéressé par les rencontres que Jared avait faites ; Aelys, Marek et surtout par les évènements survenus au Siège du Gouvernement. Sur ce dernier point, le Chef des Mutants Hostiles l’avait questionné longuement, sans émettre de commentaires. À la fin, Chow s’était contenté de sourire et lui avait dit une seule phrase : « Continue ce que tu fais. » Jared avait passé la nuit avec son mentor, à discuter des dernières nouvelles d’Achaea, surtout sur la capture de quelques mutants par l’Apocalypto et bien sûr, à parler de l’attaque du Siège du Gouvernement. Et ce matin, Jared avait repris la route pour Achaea, laissant Chow à ses réflexions.

C’est en arrivant en ville que Jared remarqua l’étrangeté du paysage. Aucun véhicule sur la route, pas un chat en vue – littéralement – et surtout, aucun bruit habituel. Rien. Comme si ce quartier à l’entrée de la ville avait était déserté. Il passait dans ce coin chaque fois qu’il sortait pour aller à la ferme et lorsqu’il revenait aussi. Normalement, les gens vaquaient à leurs occupations journalières, les véhicules roulaient dangereusement vite et les piétons étaient irréfléchis et imprudents. Rien que du très normal. Pas cette fois cependant. Rien n’y personne ; aucune mouvement. Trop étrange…

Jared stoppa sa moto au milieu de la route et observa autour de lui, cherchant le moindre mouvement. Toujours rien. Il arrêta le moteur et tendit l’oreille, essayant d’entendre de la musique – peut-être y avait-il un spectacle en plein air quelque part et que tout le monde y était allé ? Peu probable, il écouta, au cas où. Il ne capta presque rien. Il percevait le bruit des voitures sur l’autoroute au loin et les bruits habituels dans les autres quartiers, mais dans celui-ci, rien d’autre. Que diable s’était-il passé ici cette nuit ?

Avant qu’il ait eu le temps d’y réfléchir plus intensément, il vit, du coin de l’œil, un flash blanc. Ce n’était vraiment pas bon signe ça ! Il perçut, malgré son casque, le sifflement caractéristique d’une roquette de bazooka. Il fit redémarrer sa moto, la poussant à fond, et l’hostile bougea la main en même temps. Il portait déjà son Armure Souple – il la portait quasiment toujurs - mais ne voulait pas prendre le moindre risque face à autant d’hommes armés. Le souffle de l’explosion le fit avancer plus rapidement, propulsant son véhicule vers l’avant. Son bouclier tenait le coup. Tout d’un coup, la rue s’anima. Quelques dizaines d’hommes armés de mitraillettes jaillirent par les portes des bâtiments, les ruelles, de partout ! Jared lâcha un juron en reconnaissant leur uniforme : celui des agents d’Apocalypto.

Sur le balcon d’un autre immeuble, Jared vit un soldat portant un bazooka. Le soldat tira deux roquettes. À vue de nez, Jared évalua la roquette comme étant du 84 millimètres, tiré d’un lance roquette antichar M136AT-4, l’une des armes anti-tank les plus utilisées par les États-Unis, mais il ne pouvait en être certain vu la distance. Ces missiles, normalement du moins, atomisaient tout : blindages, béton, chairs… Le fait d’être considéré comme un tank lui arracha un sourire malgré la situation. Il ne s’énerva pas outre mesure ; un mutant avec un pouvoir de son calibre pouvait résister à plusieurs tirs de ce genre d’arme. Il l’avait d’ailleurs testé avec Chow, et parfois de manière beaucoup plus radicale…

Les deux roquettes percutèrent pour l’un un véhicule stationné non loin, pour l’autre son bouclier. Jared perdit alors le contrôle de sa moto et sauta à l’écart tandis qu’elle continuait sa course pour s’écraser avec force dans un mur. Les explosions jumelles plongèrent cette partie de la rue dans un épais nuage de roche, de flammes et de fumée. Jared sourit à nouveau et continua à avancer tranquillement, confiant en ses capacités. Autour de lui, le globe qui l’entourait se détachait nettement dans la fumée. Dans le nuage devant lui, il devina les silhouettes de plusieurs personnes, certaines semblaient hurler et tirer en l’air. Étrange. Les agents d’Apocalypto n’étaient pas du genre à s’énerver ainsi lors d’une traque… Jared n’eut pas le temps de pousser plus loin son raisonnement, un cliquetis caractéristique le sortant de ses pensées et le ramenant au présent. Une grenade ! Elle explosa à quelques mètres de lui. Le souffle de l’explosion le contraignit à reculer d’un pas et manqua lui faire perdre l’équilibre. Quelques rafales de mitraillette s’écrasèrent sans effet contre la bulle qui l’entourait. Futiles efforts !

Grâce à la lumière subite provoquée par l’explosion de la grenade, l’hostile put voir à travers la fumée une douzaine d’hommes armés rassemblés le long du mur, formant une phalange. Derrière eux, deux autres humains épaulaient chacun un bazooka chargé à bloc. Jared put vérifier de visu qu’il s’agissait bien de lances roquettes M136AT-4, comme il l’avait supposé plus tôt. Il ne bifurqua pas de sa trajectoire, marchant tranquillement droit sur eux. Des tirs ricochèrent et s’écrasèrent à nouveau contre son champ de force, l’affaiblissant à peine. Le tir de barrage des humains transforma le sol autour de lui en un cimetière de balles écrasées. Les deux humains firent feu : les roquettes partirent vers lui. Jared esquissa un sourire juste avant les explosions, fermant les yeux cette fois. Le choc le fit à nouveau reculer, de quelques pas cette fois, et son bouclier flancha un peu. La chaleur le prit à la gorge mais se dissipa rapidement et Jared cligna des yeux afin de faire disparaître les taches noires qui troublaient sa vue.

Jared émergea de l’explosion indemne. Les humains poussèrent des piaillements de peur. S’imaginaient-ils l’avoir aussi facilement ? Jared s’entoura d’une deuxième Armure Souple et fit disparaître la bulle-champ de force qui l’avait protégé des explosions. Il leva sa main droite et forma un pistolet avec, comme les jeux des gamins. Jared fit feu par deux fois. Les deux premiers s’effondrèrent ; le premier touché au ventre, le deuxième ayant désormais un troisième œil au milieu du front. Jared senti une autre explosion faire trembler le sol, puis entendit les tirs saccadés de plusieurs fusils d’assaut. Aucun résultat. L’hostile fit un geste de la main et créa un mur invisible à droite des hommes, qu’il fit bouger pour les écraser contre le vrai mur près duquel ils se tenaient. Il avait utilisé une technique semblable pour éliminer une équipe d’agents au Siège du Gouvernement. Là-bas, ça avait bien fonctionné. La technique prouva son utilité à nouveau. L’un des hommes réussit à éviter de se faire écraser en roulant sur lui-même et se releva tout en tirant. Jared fit feu à nouveau. Deux de ses ‘balles’ firent reculer l’humain. La troisième le fit basculer sur le dos, où il se contracta par deux fois, et rendit l’âme. Quatorze ennemis de moins.

Une vague intense engouffra Jared ; il ne la vit pas mais la ressentit immédiatement : un millier de fourmis venait de pénétrer ses champs de force pour mordre ses chairs. L’espace d’une seconde, il vit double puis sa vue redevint normale. Il sentit ses boucliers – ses Armures Souples – fléchir sous le choc puis redevenir solides. Son regard se porta sur un humain au loin, qui portait une espèce de boîtier de la taille de deux manettes de télévision dans sa main, qu’il pointait sur lui. Presque assurément, c’était lui le responsable.

* Impulsion électromagnétique ! * songea-t-il en jurant tout haut alors que l’humain qui tenait l’étrange boîte appuyait dessus une seconde fois. La deuxième vague le frappa de plein fouet à nouveau. L’Armure Souple extérieure éclata et disparut. Celle qui moulait son corps tenait encore le coup, heureusement. Il leva la main et l’homme fut soulevé du sol comme par une main invisible, ce qui était le cas en vérité. Jared serra le poing et l’homme devint inerte, flottant au-dessus du sol. Mort ou évanoui ? Jared haussa les épaules. Il entendit un lourd martellement de bottes sur le sol, venant dans sa direction rapidement et eut tout juste le temps d’apercevoir une forme humaine. Jared bougea sa main, créant un mur entre lui et le colosse qui le chargeait. Il ne ralentit pas et Jared sentit son mur de force éclater sous une pression immense tandis que le colosse hurla de rage d’être un tant soit peu retardé. Si peu ralenti, à dire vrai, que Jared se demanda s’il avait vraiment créé un mur de force.

L’homme, parce que c’en était un, était imposant, plus de deux mètres dix avec certitude. Il portait un semblant d’armure qui lui couvrait la poitrine et le haut des épaules. Sa tête disparaissait sous une espèce de casque en métal et son cou était enserré dans un genre de collier métallique étrange. Ses yeux gris étaient étrangement vides, dénué de toute émotion, excepté la rage et la colère. Il portait des protèges tibias et des gants en cuir épais, garnis de pointes rondes en métal. S’ajoutait à cela un pantalon moulant que jamais Jared n’aurait osé porté même dans l’intimité, une ceinture de cuir et des bottes d’armée.

Spoiler:
Le colosse saisit le Second des Hostiles à bras-le-corps, violemment, lui faisant baisser le bras. Les bras de la brute se levèrent et s’abaissèrent, frappant Jared. Son Armure Souple disparut sous le choc, le laissant sans protection et fortement surpris. Un geste du doigt et il fut de nouveau protégé. Juste à temps, car l’homme le saisit par le cou et commença à l’étrangler avec une force incroyable. * Bon dieu, il était plus fort que Flavia ! * Il ressentit la pression malgré son champ de force. Des éclairs rougeâtres dansèrent devant les yeux du Second des Hostiles. Il commença à s’évanouir.

Jared lutta de toutes ses forces, essayant de libérer les mains qui serraient son cou. Les tendons des avants-bras du colosse étaient de véritables barres d’acier : l’homme était tellement déterminé à lui arracher la tête qu’un champ de force ne l’avait même pas fait ralentir. La panique s’empara de Jared l’espace d’une seconde. Son entraînement reprit rapidement le dessus et son esprit devint froid et métallique, analysant chaque information qu’il connaissait concernant les tactiques des agents de l’Organisation Apocalypto, ces sales anti-mutants. Il devait réfléchir ou mourir.

Il réfléchit. Le colosse beugla et se pencha encore plus sur lui, ses grosses mains resserrant son étreinte autour de son cou. Jared plissa encore plus les yeux. Sa trachée enflait et il eut un haut-le-cœur. Il avait déjà vécu des étreintes mortelles semblables grâce aux innombrables heures d’entraînement à la lutte avec son mentor, Chow Watanabe. Il existait différentes techniques pour se libérer d’un adversaire plus fort et plus grand. Et il existait également des ripostes contre ses techniques. Et des contre-attaques contre ces ripostes. C’était comme un jeu d’échecs, à l’exception que les pièces étaient ici les bras et les jambes, la force de torsion et le centre de gravité… et l’esprit, l’élément principal.

Il rapprocha ses genoux de sa poitrine et rentra en même temps son torse au niveau de son bassin. Il se tourna de quatre-vingt-dix degrés et élança ses bras et ses jambes, déroulant ainsi tout son corps. La tête de Jared se libéra de l’étreinte du colosse. Il utilisa la fraction de seconde de désorientation du géant pour lancer sa main vers l’avant, créant une main-champ de force qui agrippa le colosse au cou et le souleva du sol. * À ton tour d’être étouffé ! * Le colosse hurla de rage.

Nouveau bruits de pas lourds et rapides. Jared fut percuté violemment. Il sentit son Armure Souple flancher puis, avant qu’il ne puisse réaliser ce qui lui arrivait, il sentit quelqu’un l’agripper par le dos de son manteau de cuir. Il se sentit soulevé puis vit le monde tournoyer autour de lui. Son attaquant le lâcha et Jared fit un vol plané vers une fenêtre… qu’il traversa sous des éclats de verre. Il fit un roulé-boulé pour atténuer le choc et s’écrasa finalement contre un mur, le choc achevant son Armure Souple, qui disparut. Le Second des Hostiles s’effondra.

Jared grimaça, secoua la tête pour s’éclaircir les idées et se releva le plus rapidement possible, ignorant la douleur provoquée par l’impact. Sa tête tournait et il avait perdu son casque, probablement en tournoyant dans les airs. Il secoua de nouveau la tête, pour que la pièce arrête de tourner autour de lui. Ses champs de force absorbaient tous les dégâts reçus, oui, mais cette fois, son Armure Souple avait éclatée... et les dégâts commençaient à se faire sentir. Il créa une nouvelle Armure Souple en claquant des doigts. Il devait s’éloigner d’ici ! La douleur attendrait. Il jeta un coup d’œil à l’extérieur, par la fenêtre qu’il venait de traverser.

Des jumeaux ! Il n’y avait pas une brute, mais deux ! Il les détailla avec attention : les deux hommes étaient semblables en tous points. Même habits, même ‘armure’ et le même casque. L’hostile se demanda comment des humains pouvaient détruire ainsi ses champs de force. La vérité ne fut pas longue à se frayer un chemin dans son esprit. Des mutants à la solde d’Apocalypto ! Ou plus logiquement, des mutants contrôlés d’une quelconque manière par l’Organisation. Des mutants puissants, en plus, bien qu’il ne sache pas quel était le ou leurs pouvoirs. Son regard s’éloigna de ses ennemis mutants et il observa la pièce dans laquelle il avait atterri. Un genre d’entrepôt sans autre sortie que la porte d’entrée. S’il l’empruntait, il sortirait à quelques mètres à peine des jumeaux. Il haussa les épaules. Avait-il le choix ?

À l’instant où il sortait, deux humains sortirent du bâtiment en face. Ils tenaient des fusils, leurs grosses gueules synonymes d’armes à gros calibre, dotées d’un fût et d’une crosse capitonnés. Un des deux hommes l’aperçut, le prit pour cible et tira. L’hostile s’élança en direction du poteau de téléphone à sa droite ; il vit un éclair et entendit le coup de tonnerre d’une grenade quittant l’arme, puis deux autres grenades supplémentaires. La première toucha l’autre côté du poteau et explosa. Le souffle fit s’entrechoquer ses dents.

Jared se retourna et plongea en avant, espérant avoir le temps de s’éloigner un peu et surtout des jumeaux avant que… les deuxième et troisième grenades ne percutent et n’explosent le poteau de téléphone qu’il venait juste de quitter. Le poteau de bois commença à s’effondrer. Jared roula sur lui-même, cherchant à se protéger. La partie supérieure du poteau s’écrasa au sol… là où il se trouvait un moment plus tôt. L’autre humain tira ses grenades, qui projetèrent Jared au sol alors qu’il tentait de se relever. Grommelant dans sa barbe, Jared se releva enfin, profitant du répit que prenaient les hommes pour recharger. Il risqua un regard à gauche, puis derrière lui, étant près d’un mur.

Les jumeaux restaient immobiles à environ dix mètres de lui et les autres agents d’Apocalypto approchaient. Jared ne voulait pas attaquer un des jumeaux au corps à corps. Et il ne voulait pas non plus s’engager dans un second round de lutte. Il pourrait gagner, ou perdre, mais le reste des forces anti-mutantes et peut-être même l’autre jumeau, le rattraperait dans l’intervalle. Ce serait du temps perdu. Et du temps, encore une fois, était la chose dont il avait le plus besoin. Pour réfléchir sur la situation.

Il ne lui restait donc qu’une seule option tactique : la fuite. Pas très glorieux, certes, mais ces colosses étaient sacrément forts ! Dangereux aussi, il s’en était rendu compte à ses dépends. Une hypothèse lui traversa l’esprit et il décida de tenter sa chance. Derrière lui, la partie de la rue où le combat avait débuté n’était plus que ruines et débris ; des spires de flammes et d’épais panaches de fumée noire montaient en spirale dans le ciel. Les deux silhouettes des colosses mutants approchaient tranquillement, suivis par les humains d’Apocalypto. Les humains savaient que Jared avait été surpris par leur attaque et comptaient bien en profiter. Après tout, en tant que Second des Hostiles et vu sa puissance, il constituait une prise de choix ! L’hostile laissa percer un sourire amusé ; il était loin d’être fini et ils se mordraient les doigts de s’être attaqués à lui ! Son regard se porta au loin, cent cinquante mètres à pied environ, de l’autre côté de la rue désertée, sur un bâtiment avec des colonnes sculptées. * Oui, bon point de repli pour souffler un peu * songea-t-il.: * Je commence à me faire vieux pour ces conneries…* ne put-il s’empêcher d’ajouter en souriant pour lui-même.

L’un des humains près des colosses claqua des doigts et les deux brutes s’avancèrent d’un pas pesant dans sa direction, s’accroupirent un instant, puis le chargèrent à une vitesse terrifiante. Jared se raidit et s’élança en courant. Il bondit par-dessus le banc, se releva après une roulade et reprit sa course. Il entendit le martellement des pas des colosses s’accélérer et reçut un véritable coup de massue dans le dos un moment plus tard. Il chancela vers l’avant, étant presque soulevé du sol par la violence du coup. Il réussit à ne pas perdre l’équilibre… et continua de courir. Il ne pouvait pas s’arrêter. Ses ennemis avaient rudement bien planifiés leur coup ! Prévoyaient-ils de s’attaquer à lui en partant ? Ou était-il tombé sans le savoir dans un piège planifié pour quelqu’un d’autre ? Il n’en savait absolument rien, mais il savait par contre que si l’armée d’humains n’était pas réellement un danger pour lui, les deux colosses jumeaux, eux, l’étaient. Leur vitesse, leur force et leur endurance étaient spectaculaires. Voilà bien deux mutants qu’il aurait aimé avoir sous ses ordres ! Fort malheureusement, c’était tout le contraire. Il reçut un second coup qui l’envoya bouler plus loin et il se releva sans perdre de temps. Il sentit son Armure Souple sur le point de céder et en créa une nouvelle d’un geste, dissipant celle qui faiblissait. Il esquiva une nouvelle charge d’un des colosses en se jetant sur le côté et se mit à courir en zigzaguant. Ils étaient sur ses pas, le talonnant. L’hostile savait qu’il ne résisterait pas à beaucoup d’autres coups comme celui qui, un moment plus tôt, avait failli le faire tomber.

Il vit trois obstacles devant lui : un groupe d’humains stupéfaits de le voir foncer sur eux. Il enfonça son coude dans l’humain le plus proche et lui écrasa le crâne. L’homme pivota sur lui-même, lâchant son arme, et s’effondra sur le sol comme un pantin désarticulé. L’hostile entendit des braillements et des cris, sentit des rafales de tir s’écraser sans effet dans son dos – à peine des piqûres de moustique - et ressentit sous ses pieds des explosions qui ébranlèrent toute la rue, mais ne s’arrêta pas pour regarder. Pas avec les deux montagnes de muscles qui ne pensaient qu’à l’écraser comme un mouche.

Il arriva sur les escaliers du bâtiment, des marches de pierre lisses et usées qu’il gravit cinq par cinq. Il s’arrêta en dérapant sur le seuil du temple et jeta un regard derrière lui. Gagné ! Comme il s’y était attendu, les deux brutes durent ralentir pour grimper les marches. Leur pouvoir, du moins l’un d’eux, semblait avoir un lien avec la course. Et dans des marches, comme Jared l’avait espéré, leur pouvoir ne fonctionnait pas. L’hostile esquissa un sourire. Dieu qu’il s’amusait dans ces moments intenses ! Il adorait ça !

En bas des marches, les deux colosses marchaient de long en large, respirant puissamment et le bruit de leur souffle lui rappela un taureau qui charge. Ces deux là ressemblaient précisément à des taureaux, ce qui le fit une nouvelle fois sourire. Ils chargeaient droit devant eux comme des enragés et rien ne semblait pouvoir les arrêter. Après tout, ses champs de force étaient plus solides que la grande majorité des murs et un des jumeaux en avait traversé un comme si de rien n’était ou presque. Plus loin, il vit les hommes d’Apocalypto approcher. Il y en avait encore beaucoup, de ces anti-mutants…

Jared leva les deux mains, créant ses mains de force, et emprisonna les deux brutes, qu’il souleva de terre. Il les fit s’entrechoquer entre eux comme des cloches, une fois, deux, quatre, six fois, et une septième pour la chance, et il les repoussa plus loin dans la rue. Les agents d’Apocalyto arrivèrent enfin et s’arrêtèrent près de leurs mutants. L’un d’eux, celui qui les avait lancé à l’attaque plus tôt, leur donna un coup de pied en leur gueulant de se lever. Et les colosses obéirent docilement. Hum… Jared s’était au moins attendu à ce qu’ils soient sonnés par les collisions à répétition, mais non ! Ces deux énergumènes semblaient invulnérables. Était-ce cela, leur pouvoir, l’invulnérabilité ? Possible, oui. Quelque chose frappa alors l’hostile. Les humains l’observaient avec un air… surpris ? Non, ils ne le regardaient pas lui directement, mais regardaient… derrière lui ?

Jared se retourna d’un bloc, s’attendant à voir un nouvel ennemi surgir, mais se figea sur place. Si ça, c’était un ennemi, lui était le père noël ! Un jeune homme se tenait une dizaine de marches plus haut que lui, observant la scène quasiment surréaliste d’un air éberlué. Grand, la taille de Chow ou un peu moins, vingt-cinq ans environ, courts cheveux noirs, visage masculin, une bonne musculature… Il portait des vêtements sombres simples ; jeans, t-shirt et une veste. Qu’est-ce qu’il fichait ici ? C’était probablement la même question que se posaient les hommes de l’Organisation Anti-mutants. Son regard se reporta sur eux et il nota que celui qui semblait être le chef faisait signe aux colosses et ses hommes de monter à l’assaut. Jared lâcha un juron. Ils avaient décidés d’attaquer même avec la présence d’un innocent. Si jamais ce dernier se faisait tuer, sur qui retomberait l’acte ? Lui, bien sûr.

L’hostile créa un champ de force en forme de mur, long de six mètres et haut de trois, ce qui lui ferait gagner un peu de temps. Il se tourna vers le jeune homme, rivant son regard profond et glacial dans le sien et l’observa l’espace d’une seconde. Ensuite, son regard se porte vers le bâtiment, qu’il détailla dans son ensemble. Trois étages en plus du rez-de-chaussée, avec probablement un sous-sol. Entrée sécurisée, d’après ce qu’il pouvait voir. Des fenêtres à chaque étage. Parfait ! Il se demanda à nouveau d’où le brun pouvait bien sortir, mais haussa finalement les épaules. Un claquement de doigt et le gamin se retrouva prisonnier d’une sphère d’énergie. Nouveau claquement de doigt et tout deux étaient dans une autre sphère d’énergie, plus grande. Jared fit léviter le jeune homme au-dessus du sol et se créa pour lui-même une sorte d’escalier pour atteindre les étages plus haut. Quand il atteignait une marche, il faisait disparaître la précédente et en créait une nouvelle plus haute. Oh, l’ascension était facile en tant que telle – pour lui du moins – mais devait être terrifiante pour le jeune homme. Pourquoi ? Parce qu’entretemps, les agents d’Apocalypto armés de bazooka et de lance-grenades s’amusaient à les bombarder, tandis que les autres agents déchargaient leurs armes d’assaut. Fort heureusement, tous les projectiles étaient arrêtés par son champ de force. Mais le vacarme engendré, les flammes qui englobaient le champ de force, la fumée autour d’eux et la chaleur… cela avait de quoi terrifier la majorité des gens. Jared se dirigea tranquillement vers une fenêtre du deuxième étage (troisième en comptant le rez-de-chaussée. Il fit un mouvement de la main et la fenêtre éclata en morceaux. Il fit tout d’abord passer le jeune homme par l’ouverture et s’y glissa lui-même ensuite. Nouveau geste de la main et la sphère qui les entourait se modifia pour former un mur qui bloqua la fenêtre et tout le mur extérieur. Ainsi, il aurait le temps de souffler un peu…

Jared libéra le jeune homme du champ de force dans lequel il était enfermé et observa la pièce où ils étaient entrés. Une cuisine fort sympathique, d’où partait un couloir avec plusieurs portes. Il prit une cigarette et se l’alluma, observant celui qui n’aurait jamais dû être là. Il s’adossa au comtoir et après un court moment, il ouvrit la bouche et parla :


- Et bien, on peut dire que tu n’es pas arrivé au bon moment, petit !

Jared laissa percer un rire amusé avant de continuer :

- Tu peux me dire ce que tu faisais là ? Vu le boucan que j’ai provoqué, tu aurais du ficher le camp au lieu de faire ton curieux. Tu aurais pu te faire tuer, tu t'en rends compte ? Et arrête de me regarder avec ces yeux ronds ! Tu n’as jamais vu de mutant, ou quoi ?

Le tout dit d’un ton où perçait clairement l’amusement, cela malgré le fait que des hommes lourdement armés entouraient très certainement le bâtiment, que certains devaient en ce moment même monter vers cet étage pour continuer le combat, et que deux mutants balèzes – jumeaux en plus ! – voulaient lui faire la peau… Jared songea que normalement, dans ce genre de situation, les gens avaient une facheuse tendance céder à la panique. Ce n’était pas son cas ; lui trouvait cela amusant et distrayant. Étrange ? Peut-être. Mais vu la façon dont l’hostile avait été élevé – à la dure ! - par son mentor, Chow Watanabe, il n’y avait rien d’étonnant là dedans. Pour lui en tout cas. Le jeune homme, par contre, devait le trouver soit complètement fou furieux, soit complètement patraque. Les deux, peut-être…

- Moi, c’est Jared. Et toi ?

Simple formule de politesse. * Autant discuter pendant la pause, non ? * se dit-il mentalement en esquissant un nouveau sourire. D’autant plus que ça ne durerait pas éternellement.

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Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Vide
MessageSujet: Re: Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] EmptyLun 21 Déc - 23:06

Charles ne savait pas ce qui l’avait le plus étonné. Le fait qu’il venait de flotter grâce à un autre mutant ? Le fait qu’il fait rencontré un autre mutant ? Un autre mutant avec une telle puissance ? Le fait qu’il avait une armée privée à ses trousses ? Que ladite armée avait littéralement utilisé des lance-roquettes en plein dans un quartier après l’avoir fait évacuer ? Ou encore qu’ils utilisaient des mutants contre d’autres mutants ? Que ces mutants étaient d’une invulnérabilité anormale ? Le fait que le mutant devant lui était là, l’air de rien, en train de fumer sa clope pendant que des dizaines de forces armées devaient surement se repositionner avec les deux colosses en prime ? Le fait qu’ils lui avaient quand même tiré dessus même s’il n’avait absolument rien à voir dedans ? C’était donc ÇA Apocalypto ? Il avait reconnu les insignes sur la combinaison des hommes armés lorsqu’ils faisaient tranquillement évacuer les environs. Par quelconque paranoïa, Charles s’était planqué quelque part pour ne pas se faire repérer. Erreur de sa part, car ils n’étaient pas du tout là pour lui. De loin, il avait tout vu, il avait vu comment un homme, un seul homme, avait pu terrasser des dizaines d’autres. C’était donc ÇA les mutants ?

Le jeune homme se colla contre le mur, les yeux grands ouverts vers l’autre mutant. Quelques secondes lui suffirent à accumuler les données qui venaient en masse dans sa tête. Il prit appui sur un comptoir, et se releva. Et après avoir enfin réalisé ce qui se passait, dans la situation où il se trouvait, il émergea.

A plusieurs mètres d’ici, celui qui semblait menait les opérations gueulaient des ordres ici et là.

- Regroupement ! Regroupement ! Demandez des renforts supplémentaires et kadadac. Je veux un support aérien ASAP !

Déjà plusieurs véhicules venaient entouraient le bâtiment, la plupart d’entre eux pointant vers la façade principale alignant les vitres les unes après les autres.

- Mettez vos hommes en place dans le bâtiment, et encerclez moi ce salopard. Envoyez-le les deux mutants.

- Et pour l’autre jeune ?

- Il n’avait qu’à pas être là. Exécution !


Charles fit quelques pas vers le mutant.

- Charles. Je m’appelle Charles. Ecoutez, je ne sais pas ce qui se passe, mais j’ai rien à voir dans tout ça. Si vous voulez vous battre, d’accord. Mais faites le seul.

L’autre se permit un petit sourire en coin, et tira sur sa cigarette. Le jeune homme le regarda, puis se retourna et avança en marchant vers l’ouverture donnant sur un long couloir longeant toute la façade principale. Mais lorsque le pied de Charles se heurta à un mur invisible, il s’arrêta net.

Les pas des deux colosses s’écrasaient les uns après les autres alors qu’ils courraient côte à côte. Derrière suivait les agents, armes en avant.

Le mutant posa sa main sur l’invisible. Il ne voyait rien, mais sa main se posait sur quelque chose. C’était comme si l’air s’était durci. Il fixa le dos de sa main posé sur le vide, et lorsqu’il la retira, il vit une masse énorme s’écraser contre le mur invisible. D’un coup, il recula alors que le premier colosse s’avança et son jumeau venait à toute vitesse juste derrière. Charles n’eut que le temps de se jeter sur le côté et le colosse défonça le mur invisible. Le dénommé Jared, répliquait déjà, créant un autre mur pour tenter d’écraser le colosse quelque part. Mais déjà le second fonçait sur lui. Charles recula, se glissant en arrière jusqu’à qu’il rencontre un mur. Il jeta un regard en arrière et vit les hommes armés en ligne planqué derrière plusieurs colonnes et autres murs, ne tirant pas mais plutôt visant en attendant le bon moment pour intervenir. Le mutant vit son ouverture, et se retourna tout en se relevant, puis sorti de la salle et se mit à courir vers les agents qui ne tirèrent pas sur lui, le pensant tout simplement être un civil oublié durant l’évacuation. En quelques mètres, moins d’une dizaine, il rejoignit trois agents en formation serré, et se mit derrière eux.


- Civil, évacuez l’endroit tout de suite.

L’agent le tira en arrière, le regard toujours rivé sur le combat des titans plus loin. Charles fit quelques pas, puis une secousse énorme secoua l’édifice. Il se retourna et vit Jared traverser le mur de la cuisine, glisser sur quelques mètres et se relever comme si de rien n’était et déjà les deux colosses avançaient encore vers lui. Le jeune mutant avait du mal à voir un combat aussi déséquilibré, ou encore voir un de ses siens en danger. Après tout, il était aussi mutant. Même sans pouvoir, ils partageaient la même génétique dans le fond.

- Civil, je vous ai ordonné de quitter les lieux.

Charles avança vers l’agent au milieu des deux autres. Les trois étaient dos à Charles. Ce dernier donna un coup de pied à l’arrière du genou de l’agent qui se pencha en arrière et à la bonne hauteur, Charles lui donna un coup de coude au visage. L’agent de gauche réalisa ce qui se passait et se tourna vers Charles qui attrapa son arme, le pointa vers l’autre agent et le força à tirer sur son co-équipier, puis lui assena un coup au visage, pointa sa propre arme vers le bas et le fit se tirer sur le pied. Il lui arracha l’arme des mains et la jeta plus loin. Charles ramassa le M-16 d’un des agents par terre, se mit à genou, posa la crosse de l’arme sur son épaule, visa dans le couloir, et tira sur un des colosses. Il avait l’expression de ceux qui savaient ce qu’ils faisaient, comme s’il l’avait fait pendant longtemps. Il tira deux trois salves sur un seul des colosses qui reçut les balles, mais ricochèrent sur sa peau. Charles continua cependant de tirer sur le même. Même si ce n’était que des piqures de moustiques, elles peuvent être chiante à la longue. Après avoir presque vidé son chargeur, le colosse en eut marre et s’arrêta pour se retourner enfin vers Charles. Il avait maintenant son attention. Il le fixa, puis se mit à courir vers lui. Charles resta à genou, et vida les dernières balles de son chargeur jusqu’à entendre les clacs clacs frénétiques de celui qui n’avait plus de munitions. Le jeune mutant lâcha l’arme et prit un pistolet dans l’étui d’un des agents qu’il avait neutralisé. Il pointa le 9.mm, puis se ravisa. Il se releva, et rentra dans la salle la plus proche. Puis vit une série de porte qui s’alignait, permettant de passer d’une salle à l’autre en parallèle au couloir dehors. Il se mit à courir, l’arme toujours en main, et entendit derrière lui le colosse fracasser l’entrée. Sans regarder derrière lui, Charles courut à toute vitesse, passant de salle en salle alors que l’autre faisait pareil, mais en traversant les murs comme si c’était du papier-cadeau. Courant plus vite que lui, Charles se fit rattraper et la brute courut quelques moments à côté de lui, puis le dépassa, fracassa un mur avant que le jeune mutant ne passa par la porte. Dès qu’il la passa, il s’arrêta net pendant que l’autre mutant fracassait un mur dans son arrêt. Charles s’arrêta et vit le trou énorme dans le mur, puis le colosse en sortit. Presque par réflexe, il pointa son arme vers lui et tira deux coups. Aucun effet. Cela fit sourire l’énorme masse de chair invulnérable qui commença à marcher vers l’autre. Arrivé devant Charles qui l’attendait, il leva son poing immense et l’écrasa vers l’autre mutant qui se baissa pour l’éviter, puis se glissa sous son bras. Tâche aisé vu sa hauteur. Charles passa derrière le colosse et pointa son arme vers le mollet de l’autre, et tira encore deux fois. Toujours aucun effet. Il fit quelques pas et s’éloigna un peu. Mais la brute se retourna rapidement, bras tendu. Charles se retourna au dernier moment et se pencha un peu, mais reçut une partie du coup qui le projeta à l’autre bout de la salle. L’autre courut vers lui, et allait le fracasser d’un coup puissant, quand Charles à terre tira à l’entre-jambe du colosse. Il ne se passa encore rien, mais cela eut pour effet de stopper le colosse dans son élan. Probablement que lui-même ne savait pas qu’il était intouchable aux parties privés.

- Ça, c’est de la triche.

Le jeune mutant profita de cet instant, se pencha un peu avant, s’agrippa aux pattes d’éléphant du géant, et se tira en avant, glissa entre ses jambes, se releva et toujours dans le même élan fit deux pas, sauta en avant, pris appui sur ce qui ressemblait à une table, et sauta à nouveau, mais vers le colosse, se retourna en l’air, et atterrit sur son dos. Il s’agrippa d’une main autour de son cou, tandis que l’autre tenant l’arme pointait le 9.mm vers le visage du monstre. Il tira à quatre reprises au hasard, évitant tout de même de se tirer dessus, et le colosse lâcha un cri de douleur au troisième coup. Charles se jeta en arrière, alors que le colosse posait ses mains sur son œil droit. L’autre mutant se releva, et contourna le colosse. Il n’avait pas de sang qui coulait, mais au moins il lui avait fait mal. Un peu.

Jared un peu plus loin faisait aussi mumuse avec son colosse. Grâce à son pouvoir, il avait agrippé la brute et l’envoya traverser plusieurs murs plus loin. Il allait avoir un moment de répit au moins, ce qui lui arracha un petit sourire entre deux lourdes respirations. Une porte s’ouvrit à la volé et Charles en sortit, les deux mains tenant l’arme de poing, et visait l’hostile. Il ne cilla pas d’un poil et continua à reprendre son souffle.


- Qu’est-ce que tu fais ?

L’autre mutant dévia subitement son arme, et visa à côté de lui puis tira plusieurs fois de façon nette et précise, faisant mouche à tous les coups. Derrière Jared, un agent tomba à terre, et les autres sortirent de derrière leurs murs et planques pour vider leurs chargeurs de mitrailleuse sur eux. Automatiquement, Charles mit ses mains devant son visage et attendait les impacts de balle, mais rien. Aussi stupide que c’était, l’idée qu’il était devenu invulnérable lui traversa l’esprit. Puis lorsqu’il releva la tête, il vit les balles ricocher contre le vide, la main de Jared tendu en avant. En quelques manipulations, les humains volèrent ici et là, et tous furent neutralisés rapidement. Mais déjà le bruit des pas des colosses se faisait entendre plus loin derrière eux. Ils n’étaient pas là, mais n’allaient pas tarder. Tous les deux devaient se reposer. Et le plus puissant et capable des deux étaient visiblement le plus épuisé. Les sens tous azimuts, Charles avança vers lui.

- On doit se cacher quelque part.

Il posa sa main sur le dos de Jared et l’entraina vers une salle. A l’intérieur, il se plaqua à côté de la porte, et plaqua Jared aussi sur le mur, son bras contre son torse. Charles tendit l’oreille. Les pas se rapprochèrent rapidement. Il compta qu’il y avait bien deux personnes qui courraient. Les deux colosses continuèrent bêtement leurs courses, ne sachant pas où aller et les dépassa.

- On devrait avoir un peu de répit maintenant.

Il se décolla du mur, et retira le chargeur de son arme, et vérifia le nombre de balle restantes. 6. Il remit le chargeur dans l’arme, et ce n’est que maintenant qu’il repéra deux agents à terre plus loin dans la salle. Charles sentait le regard du mutant adulte sur lui. Tous les deux maintenant avaient leurs taux de questions. Malgré la…situation, aucun des deux ne paniquaient, et gardaient un calme étrange. Sauf que le calme de Charles étaient un peu devenu un sérieux déconcertant. Alors qu’il s’agenouillait près d’un des humains d’Apocalypto, il parlait à Jared dans son dos.

- Le truc vert et bleu, c’est de toi ? Ton mur ou ta protection invisible, je peux le voir.

Lorsqu’il avait plaqué le mutant contre le mur, le dos de sa main avait rencontré le torse exposé par une chemise à moitié boutonné. Il savait que Rorschach avait de nouveau frappé, et il avait vu cette espèce d’écran mélangeant le bleu et le vert autour de l’autre mutant. Un autre temps, un autre lieu, il lui aurait posé des centaines de questions, mais pour l’instant, il préférait garder l’esprit froid et se concentrer sur ce qui était important.

- T’es un mutant toi aussi.

- Un mutant peut bien en aider un autre, même si je n’approuve pas ce que tu fais.

- Tu te débrouilles pas mal avec les flingues on dirait.


Charles se releva et retira sa veste, puis se mit à attacher une sorte de harnais complexe passant autour de ses bras, et de sa taille, prit à l’agent à terre.

- J’ai fait deux ans de service militaire dans la « Joint Task Force Operation ». Un an sur le terrain, un an derrière les écrans.

Le mutant avait fini d’installer le harnais et remit sa veste par-dessus, puis rempli les étuis. Une arme de poing de chaque côté sous les bras, et les recharges à la ceinture.

- C’est quoi ton pouvoir alors, si t’es un mutant ?

- Information inutile pour l’instant. Surtout que je prendrais du temps pour te l’expliquer.


Il se baissa, et prit une M-16 sur le sol, vérifia le chargeur et arma le fusil.

- Alors, t’es un des nôtres, t’es un hostile.

Charles leva les yeux de son arme et fixa Jared droit dans les yeux, sans pour autant avoir l’air menaçant.

- Non. Je ne suis pas un hostile. Je dirais que tu m’as forcé à le faire, que tu as dit que tu connaissais qui j’étais et que tu allais t’en prendre à moi si jamais je ne faisais pas ce que tu disais. Je t’aide peut-être, mais ça ne veut pas dire qu’on est ensemble. Maintenant, on doit sortir d’ici, et vite. Parce qu’ils ne vont pas tarder à appeler du renfort aérien, et probablement lancer une attaque aérienne. Vu comment tu les donne du mal, ils vont le faire, crois-moi.

Le chef des opérations semblaient de plus en plus préoccupé, l’expression cependant sur le visage comme un masque, ne montrant aucun signe de faiblesse. Un de ses hommes lui parla :

- Monsieur, les renforts aériens sont en route.

- Dites à nos hommes de se replier et commencez l’évacuation des lieux. Laissez nos deux monstres sur place pour occuper le mutant en attendant.


Le silence pesait lourd dans le bâtiment vide. Les couloirs n’étaient que des échos. Les murs n’étaient que débris. Les grains de poussière retombaient et les nuages disparaissaient doucement. Une salve de mitrailleuse se fit entendre et résonna dans tout l’édifice. Un cri déchira le silence. Encore quelques coups de feu. Deux colosses géants coururent de salle en salle, loin du combat, leurs lourds pas s’écrasant l’un après l’autre. Encore quelques coups de feu. Puis le silence reprit son règne à nouveau, amplifiant chaque bruit et chaque mouvement, les rendant dangereux.

Charles fit quelques pas rapides et donna un coup de pied dans une arme qu’un des agents voulait ramasser, alors qu’il était étalé par terre. Le mutant lui assena ensuite un coup de crosse au visage et l’autre tomba dans les vapes. Il pointa son arme devant lui à nouveau, mais n’eut aucune cible. Avec un mutant tel Jared, les humains ne faisaient vraiment pas le poids. L’ex-militaire baissa son arme, puis tendit l’oreille. Un bruit de moteur se faisait entendre dehors. Rapidement, il se rapprocha d’une des fenêtres et jeta un œil dans les rues à l’extérieur. Il voyait quelques véhicules de l’agence engager des manœuvres de retraite. Le regard toujours dehors, il parla à Jared qui marchait tranquillement derrière lui, comme si de rien n’était :


- Ils retirent leurs troupes, on doit vraiment sortir d’ici.

Il se tourna vers l’autre mutant, et avant qu’il n’ait pu rajouter quelque chose, il lui montra une direction d’un signe de tête. A l’autre bout du long couloir, environ une cinquantaine de mètres plus loin, une des brutes apparut. De suite, il se mit à courir vers eux.

- Est-ce que tu peux le faire tomber dans la rue ?

L’hostile fit un signe de tête positif. Il dépassa Charles, et se prépara. Tous les deux attendirent le colosse se rapprocher un peu plus. Lorsqu’il arriva à une vingtaine de mètre d’eux, le jeune mutant vit le mur bleu et vert apparaitre, puis foncer sur le colosse sur le côté, le compressant d’un coup contre le mur. La brute réagit assez vite cependant, et posa ses mains contre le mur invisible, puis cala son pied dans le sol. Il exerça une pression énorme sur le mur qui ne bougeait plus, alors que l’hostile se battait pour le pousser encore un peu plus. Voyant que l’énorme mutant commençait à prendre le dessus, Charles commença à regarder autour de lui afin de voir ce qui pourrait tourner la situation en leur faveur. A une dizaine de mètres devant eux, il y avait un corps d’un des agents, et posé à côté l’arme parfaite qu’il lui fallait. D’un coup, il dépassa l’autre mutant et se mit à courir dans la direction du colosse, le long du couloir. En quelques pas, il arriva devant l’arme et la ramassa à la volée par terre, alors que le mur de l’hostile commençait à se dissiper. Charles plaça le lance-grenade fraichement ramassé dans ses deux mains et le pointa vers le colosse, puis visa légèrement plus bas. Il appuya à deux reprises sur la gâchette, le mur invisible disparut tandis qu’un autre se forma devant lui pour le protéger de l’explosion. Les deux projectiles firent un arc de cercle et explosèrent au pied du colosse, détruisant le sol sous ses pieds ainsi qu’une partie du mur derrière lui. Avant qu’il ne s’en rende compte, le mutant tomba dans un mélange de briques et de poussière, mais se rattrapa d’une main à l’étage inférieur.

Charles attendit que la poussière retombe un peu. Et d’un coup, sortant de nulle part, le second colosse sortit de la poussière, fonçant en plein sur le jeune mutant. Ce dernier jeta son lance-grenade et se retourna, puis commença à courir, essayant de sortir du nuage de fumée avant de se faire balayer. Les pas se rapprochaient cependant beaucoup plus vite que lui enchainent les siens et il savait que la collision était imminente.


- Jared !

Il appela l’autre mutant alors qu’un bref mur se matérialisait derrière lui, juste avant que la brute ne le percute de plein fouet. Les pieds de Charles se décollèrent du sol et il passa par-dessus le colosse, valsant dans les airs. La brute passa sous lui, et pendant un instant, la main de Charles frôla l’épaule nue du mutant avant de s’écraser sur le plafond, puis de retomber lourdement sur le sol. Durant ce court laps de temps, Charles avait compris comment deux mutants s’étaient retournés contre un autre mutant. Le signal qui envoyait constamment ses messages pour envahir l’esprit du mutant avait été capté et interprété par l’ex-militaire. Rapidement, il se remit debout malgré les douleurs, et courut vers le colosse qui engageait la conversation avec Jared.

Le poing du colosse se heurta à une barrière invisible, puis il donna un autre puissant coup à cette même barrière. Charles ne le voyait plus, mais le champ de force de l’hostile avait du disparaitre.


- Jared ! Le collier !

Se tenant vraiment pas très loin du combat, Charles montra sur lui-même l’endroit précis où ils pourraient se débarrasser d’une partie de leurs problèmes. Le collier, et plus particulièrement le côté, à peu près où se trouvait la carotide. Jared pointa son bras en avant, et tendit ton pouce et son index comme s’il tenait un pistolet. La pose n’était vraiment pas très classe, mais lorsqu’il baissa son pouce, l’attache du collier sauta et le collier lui-même tomba. Puis le mutant géant resta en place. En quelques pas, Charles alla rejoindre Jared, et tous les deux regardèrent le mutant ne plus bouger, comme complètement perdu. Lentement, avec ses extrêmes précautions, le jeune mutant tendit son bras en avant, et toucha brièvement le bras de l’autre mutant. Il n’était pas sur de ce qui allait se passer, mais au moins c’était mieux que de rester là à le regarder pas bouger. Ce simple touché servit cependant à quelque chose.

- Il ne peut plus recevoir de signal, mais il a toujours l’ordre dans la tête de capturer l’hostile.

- Ça c’est moi.

- Et de se débarrasser de ce qui pourrait les gêner. Ça, c’est moi.


Alors pourquoi est-ce qu’il ne bougeait plus ? Possiblement un problème d’interaction entre sa volonté propre et l’ordre qui trottait toujours dans sa tête. Charles fit quelques pas en arrière pour s’éloigner, Jared aussi derrière lui. Leur attention était tellement portée sur ce colosse qu’ils n’entendirent pas les bruits de pas de son jumeau. Avant qu’ils n’aient pu réaliser, le mur à leur droite explosa et en sortit la seconde brute qui fonça en plein sur eux. L’hostile recula d’un bond en arrière, alors que Charles par réflexe, essaya de s’en éloigner et se mit à courir vers la gauche, tout droit vers le mur menant dehors. A la dernière minute, il sauta sur le côté mais le colosse continua et le heurta tout de même. En l’air, Charles se retourna sur lui-même, puis sentit le vent violemment s’engouffrer dehors et alors qu’il s’attendait à rentrer dans un mur, il traversa dans un trou énorme qu’avait fait le colosse qui tombait lui aussi.

- JAREEEED !

La dernière chose qu’il vit cependant fut le premier colosse qui avait repris ses esprits et se jetait l’hostile. Tombant de plusieurs étages, il se tourna vers le sol qui se rapprochait beaucoup trop rapidement. Au-dessous de lui, il y avait le colosse qui tombait sans rien craindre.

- JAREEEEED ! MAINTENANT ! MAINTENANT ! JARED MAINTENANT !

Le colosse s’enfonça dans l’asphalte, créant une explosion de grava et de fumée énorme. Charles ne put plus rien faire et mit ses mains devant son visage s’attendant à l’impact, l’espace entre lui et le sol devant bizarrement un peu trop restreint. Puis il s’écrasa contre quelque chose. Lentement, il ouvrit les yeux et vit le visage du colosse devant le sien, alors que lui-même flottait à quelques centimètres à peine du sol. Et enfin il tomba sur le colosse enfoncé à plusieurs mètres dans l’asphalte. Reprenant rapidement ses esprits, Charles se releva et sortit du trou qu’avait fait l’impact. Il regarda vers l’étage duquel il venait de tomber, vit son sauveur en proie à un nouveau violent affrontement contre le colosse. Le jeune mutant entendit le sien de colosse grommeler quelque chose, commençant à sortir de sa léthargie. Il était peut-être invulnérable, mais une chute restait une chute. Cependant, il ne doutait pas qu’il serait rapidement sur pied.

Aussi, Charles constata qu’il restait encore deux ou trois véhicules militaires, et surtout quelques équipements laissés là à même le sol. Il se mit à courir en clopinant un peu, se tenant les côtes sur une cinquantaine de mètre, le long de la rue. Arrivé près d’un humvee d’Apocalypto, il se laissa tomber au sol à côté d’un lance-roquette assez balèze dont il reconnut l’origine, le fonctionnement, ainsi que le modèle au premier coup d’œil. Etre dans l’armée ne signifiait pas forcément être un simple soldat. Dans son corps d’opération, Charles avait été le spécialiste et accessoirement utilisateurs, de toute sorte d’armes plus ou moins mortels. L’ancien soldat se mit sur un genou, prit le lance-roquette, vérifia rapidement qu’il y avait une roquette dedans, le posa sur son épaule et aligna son œil au viseur. A l’autre bout de la rue, il vit le colosse sortir de son propre trou, et regarder un peu partout dans l’espoir de trouver où est-ce que Charles se trouvait. Le doigt de ce dernier se posa sur la gâchette, et le colosse dans son viseur, il prononça cette phrase que disaient les soldats de sa division spéciale juste avant de balancer leurs missiles.


- Faites les voler.

La roquette anti-char partit d’un coup et en moins d’une seconde explosa sur le colosse plus loin. Un nuage de fumée s’éleva, puis commença rapidement à se dissiper. Charles laissa tomber le lance-roquette et regarda les dégâts. Toujours aucun d’après ce qu’il vit. Rapidement, il se remit debout et s’accrocha au humvee sans toit, puis monta à l’intérieur, jeta en regard en arrière, alluma le moteur et démarra en trombe.

Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que les lignes droites n’étaient pas forcément les meilleurs chemins à prendre. Au premier choix de tourner ou de continuer tout droit, Charles vira à droite. Il continua ainsi à rester autour du bâtiment où se trouvait Jared. Dans le rétroviseur, il vit la masse mutante tourner au coin de la rue et courir à une impressionnante vitesse. En moins de quelques dizaines de mètres, il le rattrapa mais juste avant l’impact, Charles écrasa la pédale de frein et fit l’arrière de la voiture faire un arc de cercle rapide. Il évita de justesse le colosse qui continua un peu sa course, puis s’arrêta et se retourna vers lui. Le humvee faisait maintenant face à l’édifice. Le mutant embraya et écrasa à nouveau l’accélérateur, fonça tout droit à travers une baie vitrée et débaroula dans les grands couloirs du bâtiment. Les magasins et autres vitrines s’enchainaient les unes après les autres, alors que Charles passait entre les colonnes, essayaient comme il pouvait d’éviter les tables et autres bancs. A un moment, il tourna brusquement vers la gauche et défonça une autre vitrine, traversa un magasin de disque, faisant voler les CD et les étagères un peu partout. Le véhicule s’éjecta du magasin par l’autre vitrine et déboucha dans un autre grand couloir. Charles fit tourner le volant vers la droite et accéléra en même temps, et continua à rouler dans le couloir, évitant comme il pouvait les débris qui lui volait dessus.

Alors qu’il continuait tout droit dans le large centre commercial, il regarda dans son rétroviseur mais ne vit pas le colosse. Il se doutait qu’il se soit débarrassé de lui aussi rapidement. Le humvee roulait sans encombre, quand Charles vit à travers les vitrines qui s’alignaient le colosse qui courait à la même vitesse que lui avançait, mais à l’autre couloir parallèle. Puis le colosse dévia légèrement vers la gauche et défonça les vitrines et autres murs, se rapprochant de plus en plus dangereusement de Charles. Un peu plus lentement mais surement, il arriva au niveau du humvee de l’agence et encore une fois juste avant l’impact, Charles donna un coup de volant vers la gauche et passa juste à côté d’une colonne que défonça aisément l’autre mutant, puis le véhicule heurta plusieurs barres de fer d’un échafaudage de construction. Le mutant sentit que le tout n’allait pas tenir longtemps et commençait même déjà à tomber. Il continua cependant et au bout d’un moment, l’échafaudage retomba sur lui-même, obstruant par la même occasion la route au colosse avec des dizaines de barres de fer. Charles jeta un regard un regard en arrière, ne décéléra pas pour autant et continua sur une bonne cinquantaine de mètres encore, puis s’arrêta et fit faire au véhicule un 180 degré. Il fit face au mutant qui essayait de se débarrasser des débris encombrant.

Charles passa la première, et écrasa la pédale d’accélération. Il fonça droit sur le colosse qui se relevait. Embrayage, il passa la seconde vitesse. Le mutant réalisa qu’une voiture lui fonçait dessus et commença à courir. Troisième vitesse. Charles passa entre deux bancs, le regard fixé sur l’autre mutant. Quatrième vitesse. Le colosse avançait lui aussi à plein régime. La collision n’allait pas tarder. Cinquième vitesse. Charles poussa la puissance du moteur au maximum. Reverse. Les roues arrières de la voiture tournèrent d’un coup en sens inverse, ce qui eut pour effet de soulever l’avant du humvee. Le jeune mutant s’éjecta du véhicule d’un bond, alors que le colosse se le prit en plein visage, son casque le protégeant malgré cela. Ne s’attendant pas au coup, il tituba en arrière, tomba presque, reprit son équilibre à la dernière minute, le véhicule monta en l’air, puis retomba derrière lui un peu plus loin.

Le jeune mutant, le dos contre un mur dans un amas de ferrailles et de poussière de bétons, vit se rapprocher l’autre mutant pas à pas. Lorsqu’il fut à portée de visé, Charles resserra sa main autour du 9.mm et tira à plusieurs reprises au niveau du cou vers le colosse. Il vida presque la moitié du chargeur à essayer d’avoir le point faible du collier qui finalement, sauta malgré lui. La brute resta en place un moment. Long moment durant lequel Charles laissa retomber son arme, épuisé et probablement blessé. Sans le savoir pourquoi, ce jumeau là reprit ses esprits un peu plus rapidement et Charles n’eut que le temps de se baisser pour éviter le poing énorme qui fonçait vers lui. Tout ce qu’il su ensuite, c’était qu’une main géante l’attrapa par le col et l’envoya au loin. Lorsque l’ancien militaire toucha le sol, il glissa un peu, puis vit une masse noire assez massive de ferraille passer juste au-dessus de lui et s’écraser totalement contre le colosse. Par automatisme, le jeune mutant avait mis sa tête entre ses bras, et s’était retrouvé presque en position fœtale au sol. Un silence s’installa, et Charles sortit la tête, puis regarda un peu partout autour de lui jusqu’à voir l’hostile marcher tranquillement vers lui. La respiration haletante, il se remit debout et Jared le rejoignit. Tandis que l’un avait toujours un sourire au visage, l’autre avait une main sur son genou, plié en deux, se tenant les côtes douloureuses encore une fois. Avant que Jared ne lui dise quoi que ce soit, Charles prit les devants et enchaina les mots entre deux respirations.


- Hé…tu te souviens du renfort aérien dont je te parlais ?

Il se releva et pointa le doigt vers une baie vitrée. De l’autre côté, on pouvait voir trois hélicoptères surarmés braver les cieux pour venir les rejoindre dans leurs petites sauteries.

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Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Vide
MessageSujet: Re: Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] EmptyMer 23 Déc - 11:44

Délicieuse sortie ! Elle ne s'était plus autant amusée depuis longtemps, persuadée que les mutants avaient depuis longtemps compris comment fonctionnait son Opération chérie. Mais non. Ils n'apprenaient jamais de leurs erreurs, comme en témoignaient les deux fourmis qui continuaient à se battre désespérément dans la galerie de magasins de l'immeuble de l'autre côté de la rue. Tranquillement installée dans sa voiture, la femme n'avait pas bougé d'un centimètre depuis le début des hostilités, se contentant de relever de temps à autre son talki walki afin d'écouter les ordres pitoyables de son substitut.

- Monsieur, les renforts aériens sont en route.
- Dites à nos hommes de se replier et commencez l’évacuation des lieux. Laissez nos deux monstres sur place pour occuper le mutant en attendant.


Un petit sourire étira la pulpe rouge de l'agent tandis qu'elle croisait ses jambes avec une patience d'ange. Décidément, ce pantin se débrouillait bien. Suffisamment en tout cas pour que Jared Nar'soll, un de ses mutants favoris, n'y voit que du feu et continue sa scène, acteur de sa propre défaite. Bien entendu, et malgré leur puissance, Arya savait parfaitement que les deux colosses n'arriveraient jamais à bout du second des hostiles, mais ils étaient son meilleur atout jusque là pour faire croire à tout un chacun que les humains ne pouvaient rien. Sincèrement, ils le pensaient vraiment ? La brune laissa échappa un ricanement bref, rempli d'une fausse joie, avant de lancer sa propre communication :

- Aigle à Ours, vous me recevez ?
- Vous n'aviez rien de mieux à dire ? Vous m'empêchez de faire mon travail !


La femme plissa ses yeux noirs, durcissant sa voix.

- Un problème avec le fait de n'être qu'un sous-fifre ? Obéissez, c'est tout ce qu'on vous demande. Nar'soll est toujours à fond sur les jumeaux ?
- Toujours. On a réclamé des renforts aériens pour continuer la chasse.
- La fausse chasse. Vous n'avez quand même pas déjà oublié ?
- Il y a un jeune mutant avec lui. Inconnu, il n'est pas répertorié dans nos fichiers. Plutôt grand, cheveux noirs, bonne musculature, habillé comme n'importe qui. De ce qu'on a vu, il a l'air de se débrouiller avec les armes et de mettre nos hommes en déroute. Il ne fait pas si pâle figure que ça à côté de Nar'soll.
- Bien... Au moins, on pourra peut-être jouer un peu plus longtemps avec ça.
- Ce n'est pas un jeu Miss A...
- Tut tut, pas un mot.
- Aigle.
- Bien. Continuez un peu à faire semblant, je ne vais pas tarder à intervenir. Ce sera bientôt fini.
- J'espère pour vous, parce qu'on a quand même perdu une dizaine d'hommes dans l'histoire, si ce n'est plus.
- Des incapables. Rien d'irremplaçable.
- Miss A... !
- Fin de la communication.


Il pouvait continuer à discuter si ça lui chantait. La femme jeta le talkie sur le siège arrière du véhicule, se penchant ensuite très sereinement sur la place du mort à ses côtés pour observer son matériel. Quelques armes basiques, des révolvers pour la plupart, des gants de cuir, un PDA auquel elle ne touchait de toute façon jamais puisqu'elle était toujours au courant de tout, une mallette argentée soigneusement fermée. Plus pour longtemps puisque c'est celle-ci qu'elle s'appliqua à ouvrir, poussant un soupir ravi à la vue des éprouvettes diverses qu'elle contenait. Comme si l'Agence Gouvernementale Apocalypto n'était dotée que de vulgaires mitraillettes et autres bazookas, le tout manquant cruellement de finesse pour qui possède les atouts nécessaires afin de capturer n'importe quel mutant. Le fait que Nar'soll se montre complètement dupe était tout bonnement excellent, inattendu pour quelqu'un d'aussi intelligent selon bon nombre de personnes - Une majorité dotée du gène, proprement descendus après avoir parlé. Toutefois, Arya ne pouvait l'en blâmer. Après tout, le pauvre petit avait été attaqué par un bon détachement d'humains, ce qui laissait peu de place à la réflexion. D'autant plus que contrairement à ce qu'il croyait, il était encore bien loin d'être au courant de tous les moyens en la possession des Agents, des vrais. Car autant dire que la chair à canon qu'on lui avait envoyée n'était justement pas entrainée depuis longtemps. Pour la plupart, c'était même des gens qu'ils venaient de recruter parmi la police et l'armée afin d'y trouver de peut-être futurs membres de l'équipe Bastet, qui ne cesserait de s'agrandir de jour en jour, et de se perfectionner. La brune, pour sa part, en faisait partie depuis de nombreuses années, ayant déjà dépassé la splendeur sensuelle de sa trentaine, si ce n'était qu'elle était plus souvent chargée des examens que des attaques. Aujourd'hui toutefois était un jour bien différent, aussi ses doigts s'emparèrent-ils d'une éprouvette dont elle s'appliqua à aspirer le produit avec une aiguille, préparant avec soin ses futurs 'balles' scientifiques.

Pendant ce temps-là, juste au-dessus du bâtiment, ses hélicoptères venaient juste d'arriver, surarmés comme on pouvait le remarquer de loin, et ne possédant pas plus de finesse que les militaires ayant attaqué les deux mutants depuis le début. Aucun doute, il n'y avait rien d'étrange là-dedans : Des armes énormes, des projectiles propres à détruire une bonne partie de la ville si on se décidait à les lâcher en ultime recours, et quelques hommes en plus - Certains pour l'attaque à distance, et d'autres qui se préparaient déjà à sauter pour envahir le bâtiment. Ceux-ci, bien qu'aussi humains que le faux dirigeant de l'Opération, étaient quant à eux autrement entrainés. Peut-être cinq ans ? Suffisant en tout cas pour connaître les méthodes de bases des mutants les plus connus, dont Jared Nar'soll, et pour être équipés avec les dernières créations des laboratoires. Champs de force ou pas, les choses risquaient d'être un peu plus compliquées avec ces gars-là, vêtus des pieds à la tête de tenues renforcées, dont la matière semblait étrangement assez proche de celle de l'armure souple du second des mutants hostiles. Un avantage certain qui risquait de les faire courir encore un peu...

- Aigle ? ... Aigle !

Soupirant, l'Agent se contorsionna pour récupérer le talkie walkie, secouant la tête de dépit de se retrouver avec un acolyte incapable de lancer un seul ordre dans son aval.

- Ours, où est passée votre finesse ?
- Ce n'est pas ce que vous m'avez demandé.
- Non, en effet. Je vous ai demandé d'occuper les mutants durant un laps de temps donné durant lequel je me préparerai avant de rejoindre l'autre équipe qui ne devrait plus tarder à arriver. Vous êtes les muscles et moi la tête. Mais que ça ne vous empêche pas de foncer tête baissée, par pitié.
- Vous voulez qu'on détruise la moitié de la ville ?


Perplexe, l'humaine se pencha pour regarder l'état de la rue face à elle, esquissant une grimace à la vue du spectacle. Pour l'état dans lequel se trouvait déjà le quartier, ce n'était pas le fait de détruire la ville qui risquait d'être embêtant. Toutefois, au niveau couverture, ça risquait de la jouer serré.

- Commencez par envoyer les hommes. On avisera après pour le besoin de sortir la grosse artillerie. Je trouve que vous avez déjà fais un bon travail en matière de discrétion, même si je reconnais que Nar'soll ne vous a pas vraiment aidé.
- Humpf.
- On dit merci.
- Vous serez prête dans combien de temps ?
- Tout vient à point à qui sait attendre. De toute façon, ne vous attendez pas à ce que je rapplique comme un sanglier dans le bâtiment, je vais attendre que votre travail vous amène à me les faire ressortir vite fait, le feu au cul.
- Vous voulez qu'on blesse Nar'soll ?
- Vous êtes sourd, c'est ça ? Je vous plains. Le jour ou j'aurai envie que vous vous lanciez dans une action suicidaire et totalement impossible pour quelqu'un de votre envergure, je vous le dirai clairement, et pas à mots voilés.
- Pourtant vous m'insultez sans en avoir l'air.
- Non, ça, je le fais volontiers : Crétin, attaquez ! Vous comptez discuter encore longtemps ?!


Une fois la communication à nouveau coupée, un long silence envahi le quartier. Chacun s'observait. Puis l'ordre fut lancé, voir même crié, de la voix forte de la marionnette : « Maîtrisez-moi ces foutues erreurs de la nature ! ».

Comme des araignées le long de leurs fils, les agents de l'Opération tombèrent des hélicoptères, n'ayant besoin que d'ouvrir durant un court laps de temps leurs parachutes avant d'atterrir sur le toit. En haut, des humains. En bas, d'autres humains. Les deux mutants étaient cernés, ce qui en soi était suffisant pour que le reste de l'opération se passe sans encombre, profitant de leur ignorance certaine sur ce que les humains justement pouvaient faire. Les groupes de terre et d'air commencèrent à se diriger vers l'intérieur du bâtiment, chacun dépassant avec rapidité et efficacité tous les dégâts occasionnés par les mutants, autant les leurs que ceux qu'ils combattaient.

Au même moment, Arya finissait de glisser ses créations les plus récentes dans ses armes, ouvrant de grands yeux émerveillés tandis qu'elle caressait le lustre noir de ces dernières. Puis d'un coup, sans prévenir, son apparence d'enfant émerveillé devant ses cadeaux de noël s'effaça et elle s'empara de chacune pour les glisser à sa ceinture, à ses chevilles et à un harnais assez lâche croisé sur sa poitrine presque inexistante. Fini de jouer. Il était temps que le piège se refermer sur la souris. En deux temps trois mouvements, elle s'extirpa de sa voiture, enfila une veste de cuir brun sur ses épaules et remonta le talkie à ses lèvres, ses yeux scrutant froidement la rue qu'elle commençait à traverser d'un bon pas.

- Aigle à Cafard. Vous êtes où, bordel ?!
- Derrière vous, Aigle.


La visée ne prit pas le temps de vérifier, confiante envers elle-même et son équipe, et s'engouffra dans le bâtiment, rapidement suivie de cinq personnes . A quoi bon attendre que ces imbéciles fassent sortir les mutants ? Ce serait dix fois plus rapide comme ça, et sans aucun doute plus propre, avant que d'autres choses ne se retrouvent en petit morceau. Après ça, il faudrait contacter la presse, vérifier ce qui allait être écrit, nettoyer derrière... Certes, le but de l'opération était justement d'avoir l'air la plus grosse possible, mais le fait de vider tout un quartier, même pour Nar'soll, était proprement stupide.

- Vous, vous avancez. Essayez de passer avant le groupe d'imbéciles, surtout - Je sais, cette opération va être risquée, notamment pour vous, et vous pouvez tout à fait y laisser la vie. Mais vous serez des héros. Retenez bien que quoiqu'il arrive, vous serez les hommes à avoir permis de rendre le tout faisable. Compris ?
- Cinq sur cinq, Aigle. Bon, les cafards, en avant, et personne pour trainer derrière !


Aussitôt, le groupe d'humains se mit à avancer au pas de course, faisant sans doute plus de bruits qu'il n'était nécessaire d'en faire... Mais suffisant pour occuper les deux mutants, toujours fermement persuadés de n'avoir à faire qu'à des membres de bas étage de l'Opération. Arya, quant à elle, suivi à un pas plus mesuré, laissant le temps à ses hommes de prendre position.

- Arrêtez-vous, et levez les mains !

Un classique qui fit sourire la femme lorsqu'elle l'entendit de la bouche du chef des Cafards, probablement déjà occupés à viser les deux mutants durant leur petite pause improvisée. Quelques secondes plus tard, la brune était juste derrière, accroupie derrière un petit tas de barres de fer tombées durant le combat, et c'est en moins de temps qu'il en faut pour le dire qu'elle visa Jared. Un, deux, trois... Sans respirer, elle appuya sur la détente. La balle parti, silencieuse, passant entre les membres de l'Opération, à côté du jeune mutant inconnu, pour foncer droit sur Nar'soll - Ce dernier avait déjà levé un bouclier afin de pallier à cette éventualité, ce qui entraina un sourire encore plus grand sur les lèvres de l'Agent. La balle traversa le bouclier sans rencontrer la moindre résistance, déclenchant le lâcher de l'aiguille qui elle-même vint se planter dans le cou du second des mutants hostiles, sans être plus dérangée que ça par son armure souple. Et clic... D'un coup, le produit s'introduit dans le corps tant détesté, poussant les armures et autres du genre à complètement disparaître.

- Hello, Nar'Soll...

|HRP : Intervention du Maître du Jeu, cette balle est impossible à éviter et à contrer, faisant partie des équipements des scientifiques à l'encontre des mutants et combattant pour un certain temps le gène, l'empêchant d'être actif, quoique ne le faisant pas disparaître. Jared étant le second des mutants hostiles, il se retrouve juste avec ses pouvoirs énormément réduits, plutôt que totalement absents, mais prenez bien ça en compte. Les armures ne retiendront presque plus rien, avec un maximum de cinq balles. Le bouclier ne peut pas se reformer de suite, attention à ça. Détail primordial : Ce produit fait effet durant une journée, pas plus. Amusez-vous bien avec cette petite complication ;)|

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Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Vide
MessageSujet: Re: Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] EmptyLun 28 Déc - 16:47

Vraiment, Jared ne pouvait que s’avouer que cette journée était fort différente. Tout d’abord, il se faisait surprendre par un escadron de l’Organisation Apocalypto, les humains lourdement armés étant accompagnés par deux mutants apparemment invulnérables et fortement costauds. Ensuite, après un combat fort violent, Jared s’était éloigné pour souffler un peu et était tombé sur un jeune homme qui n’aurait jamais dû être là. Il lui avait sauvé la vie en le protégeant des tirs ennemis et tout deux s’étaient réfugiés au troisième étage d’un immeuble à collonades. Là, le jeune homme s’était présenté sous le nom de Charles et avait déclaré n’avoir rien à voir avec cette bataille, ce qui était vrai. Il était évident que les hommes de l’Organisation Apocalypto visaient beaucoup plus qu’un simple gamin au vu de l’armement utilisé et des deux colosses mutants invulnérables. Ils visaient lui, Jared Nar’Soll, Second des Mutants Hostiles, c’était presque une certitude. La question a se poser était de savoir comment ils avaient sus qu’il repasserait nécessairement par ce quartier, même s’il se doutait qu’ils devaient l’avoir observé longtemps à l’avance. Et surveillé de manière admirable, parce qu’il ne s’était douté de rien et avait été surpris. Le gamin ajouta ensuite qu’il ne voulait pas se battre, ce que Jared comprenait également. Il n’y était pour rien dans tout ça et même si Jared venait probablement de lui sauver la vie, sa présence seule le mettait en danger. S’il restait, il serait pris dans le combat qui allait très bientôt recommencer.

Jared n’eut que peu de temps pour relaxer, car l’Apocalypto revint rapidement à la charge et le combat continua. Les colosses étaient vraiment décidés à lui faire passer un mauvais quart d’heure. La suite fut surprenante, par contre ; des coups de feu éclatèrent dans la direction où le jeune homme, Charles, était parti et Jared se demanda si les agents ne l’avaient pas abattu. Ce n’était apparemment pas le cas, car Charles se révéla être un mutant, lui aussi. Jared profita d’un léger répit pour reprendre son souffle. Son pouvoir n’était normalement pas épuisant, mais quand un champ de force éclatait, le choc se répercutait légèrement sur son créateur, ce qui n’avait rien d’agréable à la longue et lui brûlait de l’énergie. Avec les deux mutants à la solde d’Apocalypto, il était servi !

Jared profita du répit pour détailler plus attentivement son compagnon et décela chez lui une certaine… prestance, dirons-nous, faute de trouver le mot adéquat. Il semblait savoir ce qu’il faisait avec cette arme, comme s’il s’en était déjà servi. Sa coupe de cheveux était assez semblable à celle des militaires… en était-il un ? Il avait des questions à lui poser et lui devait également en avoir pour Jared. Ce dernier, tout comme le jeune homme, gardait un calme presque irréel pour la situation. Pour l’hostile, c’était habituel, mais pour le gamin… c’était surprenant, vu son âge. Mais il était assurément moins décontracté que Jared, ce qui était compréhensible. Charles alla s’agenouiller près du coprs d’un agent d’Apocalypto et lui demanda si le ‘truc vert et bleu’ c’était lui. Jared plissa légèrement les yeux, à la fois surpris et, il faut le dire, désapointé que quelqu’un d’autre que lui puisse voir son Armure Souple. Il n’aimait pas que les autres puissent voir les effets de son don. Une seule conclusion lui vint à l’esprit et il énonça l’évidence au jeune homme : lui aussi était un mutant. Charles répliqua qu’un mutant pouvait en aider un autre sans approuver ce qu’il faisait, ce à quoi Jared ne put rien repprocher. C’était exact et il faisait régulièrement la même chose, quoique certainement pas de la même manière.

Charles s’équipa et répondit à sa déduction. Il lui avoua avoir fait deux ans de service militaire dans la JTFO, un an sur le terrain et une autre année derrière les écrans. Jared connaissait cette unité et qu’un jeune comme Charles y ait été intégré, ne fut-ce que deux ans, était néanmoins impressionnant. Charles, une fois le harnais correctement installé, se mit à le remplir d’armes et de recharges. Jared ne put s’empêcher de lui demander ce qu’était son pouvoir et l’autre répliqua que l’information était inutile pour le moment, car ça prendrait du temps pour le lui expliquer. Charles prit une arme automatique au sol et la vérifia. Jared lui demanda indirectement et de façon pas trop subtile s’il était comme lui, un hostile. Charles déclara ne pas être un hostile et ajouta qu’il dirait que Jared l’avait forcé à agir ainsi. Il l’aidait, sans pour autant être avec lui. Jared ne put s’empêcher de sourire à nouveau, amusé par l’audace et le courage du gamin. S’il savait qui il était réellement, il serait plus prudent dans ses paroles. Mais dans une situation telle que celle-ci, toute aide était la bienvenue, il devait l’avouer. Les colosses l’affaiblissaient tranquillement mais sûrement…

Charles ajouta qu’ils devaient sortir du bâtiment, car étant donné le trouble que Jared donnait aux agents d’Apocalypto, ils demanderaient des renforts aériens très bientôt. Jared ne pouvait qu’approuver, surtout que le calme s’était installé dans le bâtiment. Une dernière salve de mitrailette, un cri, quelques coups de feu et les pas lourds des colosses se firent entendre, courant de salle en salle, de couloir en couloir. Quelques derniers coups de feu, puis aucun bruit, mouvement, frottement de vêtements, cliquetis d’armes, pas… Rien. Ils sortirent de la salle, Charles en premier. Il assoma un agent blessé, balayant la couloir de son arme. Personne. Jared tendit l’oreille et capta comme Charles un bruit de moteur à l’extérieur. Marchant tranquillement, il entendit Charles lui déclarer qu’ils devaient sortir car les agents retiraient leurs troupes. Phrase inutile ; Jared le savait déjà, ça.

Le combat reprit rapidement et de manière violente. Cependant, Charles prononça trois mots et Jared comprit aussitôt l’allusion. C’était donc le collier qui permettait aux hommes d’Apocalypto de contrôler ces mutants ? Il haussa les épaules, décidant d’essayer de le leur enlever. Il leva la main et tira, faisant sauter l’attache du collier. Aussitôt, le mutant géant se figea sur place, tétanisé. Charles rejoignit Jared et tou deux observèrent leur adversaire immobile. Charles s’approcha lentement du colosse et le toucha, pour ensuite annoncer qu’il ne pouvait plus recevoir de signal mais que l’ordre de le capturer était encore dans son esprit. Charles ajouta que le mutant avait également l’ordre d’éliminer tout élément gênant, ce qui l’incluait, lui. Pourtant, le mutant restait immobile ; était-ce un problème entre les ordres reçus et sa volonté propre ? Fort probablement. Quoi qu’il en soit, tout d’eux s’éloignèrent un peu. Autant ne pas prendre de risques avec un monstre pareil. La suite fut… déplaisante. Le jumeau jaillit comme un diable de sa boîte du mur à leur droite. Jared recula, tandis que le jeune homme tentait de s’éloigner. Il fit un bond de côté mais ne put éviter la brute. Un instant plus tard, tout deux tombaient dans le trou créé par le colosse. Charles hurla son nom d’un ton désespéré. Jared engloba le colosse figé d’un champ de force et se pencha ensuite au-dessus du trou, cherchant Charles du regard. Ce dernier hurlait son nom, terrifié. Assurément, une chute de cette hauteur serait mortelle. L’hostile bougea la main et atténua le choc de la chute. Charles était sauf, mais loin de lui et avec un des jumeaux. Il devrait se débrouiller seul pour la suite.

Le colosse sur son étage sembla se réveiller et fit exploser son champ de force. Aussitôt, Jared en créa plusieurs autres sur le chemin de la brute ; cela le ralentirait un peu. Mais un peu seulement. Jared décida de se débarasser de la brute en la faisant tomber dans le trou. Le colosse passa ses deux premiers champs de force relativement facilement puis lorsqu’il fut près du trou dans le sol, Jared le propulsa dans cette direction en le frappant avec un nouveau champ de force. La brute tomba mais s’accrocha au rebord du trou. Quelques coups de champs de force suffirent pour qu’il lâche prise et s’écrase en bas. Jared jeta un nouveau coup d’œil mais ne vit pas Charles ni l’autre jumeau. Le sien était déjà en train de s’extirper du trou qu’il avait creusé en tombant. Putains de monstres ! s’écria-t-il à voix haute, suivi d’un juron. Jared se releva et se dirigea vers les escaliers. Dans ces derniers, il croisa deux soldats, qu’il se contenta d’assommer contre le mur. Debout au-dessus des deux hommes évanouis, Jared se mit à réfléchir. Il avait depuis longtemps appris à faire confiance à ses instincts ; et ils l’asticotaient en ce moment précis. Quelque chose ne collait pas. C’était trop facile ; ces humains n’étaient pas assez bien entraînés pour être des équipes spéciales d’Apocalypto, c’était certain. De la chair à canon, très certainement. Jetés tel un os à un chien pour lui faire croire qu’ils étaient sérieux. Oh, ils l’étaient, mais ces salopards devaient avoir une idée précise derrière la tête. Qu’était-elle ? Il n’en savait rien, mais cette pensée forma comme un boule dans son estomac et le mit légèrement mal à l’aise. L’hostile comprenait le danger que représentaient les deux mutants invulnérables, mais il était néanmoins assailli par un doute terrible. Jared savait que ceux de l’Opération Apocalypto possédaient des armes autrement plus dangereuses que les ‘simples’ armes utilisées plus tôt. Où étaient ces fameuses armes ? Cette énigme le tourmentait depuis un moment déjà, mais il n’avait toujours pas obtenu de réponse. Il fit craquer son cou, se répétant de rester prudent, puis continua sa descente. Quelques minutes plus tard, il émergeait à l’extérieur. Ne voyant toujours pas Charles, il se mit à sa recherche. Son colosse n’était plus en vue, lui non plus. Où était-il passé ? Il n’en savait rien.

Lorsqu’il retrouva Charles, ce dernier était dans un amas de ferrailles et de débris, dos contre un mur encore debout, l’autre colosse mutant s’approchant tranquillement de lui. Le jeune homme leva un arme et tira dans sa direction, ce qui immobilisa le colosse. Qu’avait-il fait ? À cette distance, Jared ne pouvait le voir, mais il vit clairement le colosse s’élancer sur Charles et lui balancer un coup que le jeune évita. Jared leva la main et agrippa le colosse dans sa main invisible, puis l’envoya faire un vol plané au milieu des décombres. Il leva à nouveau la main et agrippa un des amas de métal et l’envoya s’écraser sur le colosse. Sortir de là lui prendrait un bon moment ! L’hostile s’approcha ensuite du jeune homme, le sourire aux lèvres quoique le souffle un peu court. Ce dernier s’était mis en position phoetale pour se protéger mais se releva avant que Jared l’ait rejoint. Tout deux étaient essouflés et sales, Charles semblant souffrir d’une blessure au genou et aux côtes. Charles parla avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit :


- Hé…tu te souviens du renfort aérien dont je te parlais ?

Jared regarda dans la direction que lui pointait Charles et remarqua des hélicoptères de combat – trois -, qui fonçait vers eux. Lourdement armés, les engins possédaient des armes énormes, à la puissance de feu certainement bien supérieure à celle des lance-grenades et lance-roquettes utilisés plus tôt contre lui. Jared était conscient que les choses allaient être autrement plus difficiles à partir de maintenant. Il ne savait pas à quel point ! Lui et Charles virent les humains dans les hélicoptèrent sauter puis ouvrir leurs parachutes avant d’atterir sur les toits. Dans peu de temps, l’attaque allait reprendre contre eux. Jared tourna son regard vers son compagnon d’infortune et lui parla :

- Tes côtes et ton genou, ça va ? Ça semble douloureux…
- T’inquiète pas, ça a l’air plus grave que ça l’est réellement.
- Tu vas arriver à suivre ?
- Je devrais y arriver, oui…
- Bien.

Effectivement, les hommes de l’Opération Apocalypto arrivaient. Leurs bottes résonnaient sur le sol et on entendait des cliquetis d’armes à feu. Moins de cinq minutes plus tard, un groupe de soldats apparurent, pointant leurs armes vers eux. Celui qui les dirigeait s’avança d’un pas et cria :

- Arrêtez-vous, et levez les mains !

Jared faillit éclater de rire devant cette réplique digne des films policiers, mais il se contenta de sourire d’amusement. Il bougea la main et entoura Charles et lui d’une bulle de force. Il allait créer un nouveau champ de force pour balayer les humains lorsqu’il sentit quelque chose traverser sans encombre son bouclier. Avant même qu’il n’ait pu faire un geste, son Armure Souple fut traversée également et il ressentit une piqûre dans son cou. Lâchant un juron, il porta la main à son cou et agrippa un petit objet qu’il retira de ses chairs. Malheureusement, le liquide avait eu le temps d’entrer dans son système et était déjà à l’œuvre. Il observa ce qui l’avait piqué ; un petit projectile surmonté d’une aiguile d’où suintait un liquide semblable à de l’eau. Mais ça n’en était assurément pas, car au même moment, il sentit son Armure Souple et le bouclier flancher puis disparaître, purement et simplement. Lâchant un nouveau juron, il bougea la main pour en créer des nouveaux, mais rien ne se passa. Il réessaya encore et encore. Toujours rien ; aucune Armure Souple ne l’enveloppa, aucune barrière ne se forma. Rien du tout. Comme si son pouvoir n’existait plus. Ce dont lui et Wyatt avaient parlés plusieurs mois auparavant lui revint à l’esprit, soit la possibilité que les humains travaillaient sur un vaccin contre le gène mutant : « Je me doutais que l’Opération travaillait sur un truc de ce genre ; après tout, les actes des humains sont si faciles à prédire… mais je dois admettre que si une telle chose existe réellement, nous ferons effectivement face à une situation qui ne nous avantagera pas. »

Et là, il n’était vraiment pas avantagé. Entouré de soldats armés jusqu’aux dents, avec un compagnon blessé, sans arme et surtout, sans pouvoir ! C’était donc ce que ses enfoirés avaient prévus pour lui ? Le dépouiller de son don et ensuite le cueillir comme un fruit mûr ? Il devait admettre que c’était vachement bien pensé. Occupé comme il l’avait été avec la chair à canon plus tôt, il n’avait pas vraiment eu le temps de réfléchir à la situation. Jared ressentit un sentiment inhabituel l’envahir : une pointe de peur. Une vision d’impuissance, comme crier devant une menace imminente sans pouvoir réagir, traversa son esprit et lui rappela ses pires cauchemars. Être capturé vivant par les anti-mutants ! * Cela ne m’arrivera pas *, se dit-il. * Jamais. *

Le chef des soldats afficha un sourire supérieur et fit en quelques pas rapide la distance qui les séparaient. Son arme d’assaut s’éleva dans les airs et cueillit l’hostile à la mâchoire. Jared s’effondra lourdement au sol, la mâchoire douloureuse, un filet de sang coulant de sa bouche. Le chef lui envoya un coup de pied dans l’estomac, probablement pour se venger un peu de la perte de tant de ses hommes. Jared eut le souffle coupé et sentit le goût de son propre sang. La peur amplifia en lui l’espace d’un instant seulement, car le choc d’être ainsi privé de son pouvoir fit remonter des souvenirs anciens. Sa peur s’évanouit sous un flot d’émotions, Jared se rappelant des paroles prononcées plus de vingt ans plus tôt. Des paroles que son mentor, Chow Watanabe, lui avait dites après qu’il lui ait posé deux questions fort simples :
« Pourquoi dois-je m’entraîner aussi dur physiquement et apprendre le maniement de toutes ces armes ? Mon pouvoir est suffisant, non ? » Ce à quoi Chow avait répondu : « Pourquoi ? Je vais t’expliquer, Jared. Ton pouvoir est puissant et te sera particulièrement utile, c’est tout à fait vrai. Cependant, imagine ce qui se passerait si ton pouvoir disparaissait pour une raison quelconque. Que se passerait-il, selon toi ? Je vais te le dire : tu te retrouverais sans défense, incapable de riposter face à tes adversaires. La raison pour laquelle je t’apprends tout cela – les arts martiaux, le maniement de toutes ces armes et le reste -, c’est pour que même désarmé et privé de ton pouvoir, tu sois redoutable et dangereux. Sache que tes meilleures armes sont celles que tu possèdes à la naissance : ton corps et ton esprit… »

Ce souvenir eut l’effet d’une décharge de foudre sur Jared. Et le ramena au présent. Il était privé de pouvoir ? Très bien. Il ne pouvait rien y faire. Mais il n’était pas innofensif, même privé de son atout le plus puissant, ça non. Et les agents d’Apocalypto allaient très bientôt s’en rendre compte et s’en mordre les doigts. Malheur sur eux de ne pas l’avoir maîtrisé immédiatement ! Jared afficha sur son visage une expression de peur, à l’adresse des soldats, mais c’était la rage et la colère qui brûlaient dans son cœur. Rage de s’être fait ainsi avoir comme un débutant, et colère contre tous ces hommes et ces femmes qui croyaient qu’ils pouvaient tout se permettre avec les mutants. Il entendit les hommes crier et leva les yeux pour voir ce qui se passait. Hormis le chef qui le surplombait, pointant son arme sur lui, il y avait dix autres soldats, la plupart d’entre eux regardant vers le bâtiment d’où Jared était sorti un moment plus tôt. L’hostile se tordit le cou et jeta un coup d’œil. Le colosse qu’il avait jeté par le trou et qu’il n’avait pas revu une fois sorti du bâtiment venait vers eux de son pas pesant et rapide. * Merde ! * jura-t-il. Une expression de crainte, réelle cette fois, transparut l’espace d’un instant sur son visage. Là, ça y était : ils étaient fichus. Terminé. Avec ce monstre en plus, il n’avait quasiment aucune chance sans ses champs de force. Que pourrait-il faire ? Son regard fit le tour des hommes armés et se posa sur Charles. Posté près de lui, ce dernier lui rendit son regard où perçait une question : ‘ Qu’attends-tu pour faire quelque chose ? ‘ Jared lui répondit par un léger haussement d’épaules, ne voulant pas courir le risque de recevoir un nouveau coup de crosse, qui pourrait l’assommer pour le compte. Inconscient, il n’avait aucune chance. Conscient, il en avait une petite. Faible, mais existante.

Le colosse continua davancer, accélérant un peu, sans doute impatient de mettre Charles et Jared en miettes. Les agents d’Apocalypto semblèrent contents de voir leur mutant arriver. Avec lui à leurs côtés, ils étaient certains d’avoir réussi à capturer l’un des mutants les plus dangereux qui soient. Pourtant, encore une fois, le destin et la chance furent de son côté. Le colosse se mit à courir quand il fut près des agents et percuta les plus proches, les envoyant valser au loin à coups de fortes claques du revers de ses mains énormes. Le mutant se mit à hurler comme un dément, les yeux fous et la bave aux lèvres. Que se passait-il donc ? Pourquoi ce monstre s’en prenait-il à ses ‘alliés’ ? Jared se rappela alors que lui et Charles avaient enlevés les colliers qui contrôlaient les mouvements et les actes des deux jumeaux. Se pourrait-il que celui-là ait retrouvé sa volonté propre ? Quoi qu’il en soit, la confusion fut totale. La brute balança des coups à droite et à gauche, envoyant valser les anti-mutants. Jared se demanda à nouveau ce qui se passait, mais il se rendit vite compte que c’était là sa chance.

L’instant qu’il attendait impatiemment arriva. L’attention de l’homme qui l’avait frappé à la mâchoire avec la crosse de son arme, le chef de l’escouade, se détourna de lui l’espace d’un instant. Cela lui suffit. Il prit une profonde inspiration, souffla, puis se releva tout en chargeant. D’une main, il écarta le fusil d’assaut de l’humain et il bondit, passant derrière lui rapidement par la droite. Dans le même mouvement, il agrippa avec ses mains la tête de l’homme et d’un mouvement brusque, ramena sa tête vers l’arrière de toutes ses forces, appuyant sur son épaule. Un craquement sonore retentit, l’humain ne pouvant résister à une telle torsion du cou. Sa tête prit un angle atroce, comme si les os de son cou avaient été ramollis ou liquéfiés. Elle pendait mollement dans son cou, juste soutenus par les mains de Jared. L’hostile le lâcha et le chef s’effondra mollement au sol.

Jared fonça vers l’avant d’un bond rapide, vers le soldat le plus proche, et agrippa ses manches. Il tourna sur lui-même, se pliant carrément en deux, utilisant la poussée de ses hanches pour propulser l’humain par-dessus sa tête. Il s’écrasa au sol en lâchant un grognement de surprise et de douleur. Jared donna un coup de pied dans le fusil d’assaut que l’humain venait de lâcher et le propulsa vers Charles. L’hostile se pencha et prit le pistolet de l’homme, l’arma puis lui tira une balle dans la tête, sans pitié. Ensuite seulement, il analysa la situation d’un regard circulaire. Trois soldats à gauche, deux à droite et quatre mis ko par le colosse, avec les deux que lui venait de mettre au sol. Les trois à sa gauche pointèrent leurs armes sur lui et l’hostile se figea sur place. Une rafale abattit les humains et Jared posa son regard sur Charles ; c’était lui qui avait ouvert le feu. Ils échangèrent un signe de tête et Jared tira sur les soldats de droite avant qu’ils ne les abattent. Ensuite, il s’élança rapidement vers Charles, l’aida à se relever et bras-dessus, bras-dessous, les deux mutants coururent comme des forcenés vers l’abri le plus proche : l’amas de ferrailles et de débris.

Jared plonga, poussant Charles près de lui. Les deux mutants tirèrent vers les soldats, un peu au hasard, pour les ralentir. Il tira quatre balles sur le soldat le plus proche, qui s’effondra en hurlant. Jared vit un soldat d’Apocalypto apparaître devant lui, habillé fort différemment. Celui-là portait une armure plus sophistiquée, qui le couvrait des pieds à la tête. L’homme pointa une arme dans sa direction. Ça ressemblait à un pistolet, mais ça n’en était pas un. Loin de là. Une fléchette en sortit quand le soldat appuya sur la détente et fila droit sur lui. Jared eut tout juste le temps de s’écarter un peu et la fléchette se planta dans son manteau de cuir. L’hostile s’écarta d’un bond et se cacha derrière un autre pillier. Il prit la fléchette, la pressa délicatement et une goutte d’un liquide clair en sortit, qu’il prit sur son doigt. Il porta ce dernier à sa bouche et goûta le liquide, qui lui arracha une grimace de colère. Il reconnut immédiatement ce que c’était, Chow l’ayant formé à détecter différents types de toxines. Soporifique ! Ces salopards voulaient l’endormir pour qu’enfin ils puissent le capturer. * Cela n’arrivera pas, * se répéta-t-il. * Jamais dans cent ans ! * Il jeta la fléchette au sol et cria :


- Charles ! Fais attention : ils ont des pistolets tranquilisants. Ils veulent nous endormir !

Il espérait que le jeune homme l’ait entendu malgré le fracas des armes, car il ne le voyait plus. Si l’un d’eux se faisait piquer, il n’aurait aucune chance de fuir ; il tomberait endormi en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le Second des Hostiles vida son chargeur sur l’homme en armure. Les balles ricochèrent et s’écrasèrent sans dégâts sur l’armure, ce qui le surprit grandement. Poussant un juron retentissant, Jared s’écarta d’un roulé-boulé de la ligne de tir de son ennemi. Une fléchette s’écrasa sur le pillier où il était adossé. Jared sembla rebondir au lieu de se lever, fonçant au corps à corps vers le soldat armuré, qui lui tira à nouveau dessus. La fléchette se planta dans sa main, qu’il avait levé au dernier moment. Il retira la fléchette de l’autre main et porta la blessure à sa bouche, aspirant comme un forcené le poison tranquilisant. Il le recracha, espérant avoir été assez rapide puis arriva enfin au contact avec l’homme, qui lâcha l’arme et l’attaqua. Jared bloqua d’un revers le coup et sembla à nouveau bondir, sa jambe partant latéralement pour aller violemment frapper la tête casqué de l’homme. Une bosse apparut là où il avait frappé mais le soldat ne s’effondra pas. Il paraissait sonné cependant et Jared enchaîna ; il se pencha, évitant un coup maladroit et passa son bras droit sous la jambe droite de l’humain, attrapant avec son autre main son bras droit. Une poussée des jambes et il souleva littéralement son ennemi dans les airs, continuant le mouvement et se laissant tomber vers la gauche. Le crâne du soldat éclata comme un fruit mûr sur un rocher. Jared tira le soldat à l’abri du mur et entreprit de le fouiller rapidement. Des tirs à sa gauche lui indiquèrent que Charles combattait toujours en tirant de courtes rafales avec son fusil d’assaut. Il dénicha un couteau de combat, de nouvelles fléchettes tranquilisantes, un pistolet normal chargé plus deux autres chargeurs. Pour faire bonne mesure, il enleva le casque de l’agent en trifouillant un peu puis lui tira une balle dans la tête. Il découvrit aussi – oh, surprise ! – un fusil à pompe à la hanche, chargé de balles explosives. Pourquoi cet homme ne s’en était pas servi sur lui ? La réponse était évidente : ils voulaient le capturer vivant. À la fois pour son pouvoir, pour le prestige que sa capture amènerait à l’Opération Apocalypto et pour la quantité de mutants qu’il connaissait. Car oui, s’il se faisait capturer, des dizaines de mutants et d’amis des mutants seraient en grand danger. Et cela, il ne pouvait décidemment pas le permettre. Imaginer que Rachel, Sven, Aelys, Piotr, Walter, Jackson, Flavia, Damien, Wizard, Antoine, Sylvia et tous ses contacts se fassent traquer par l’Apocalypto lui donnait la nausée.

Il prit tout ce qu’il avait trouvé précédemment, fixant le couteau à sa ceinture avec l’étui et mit les deux chargeurs dans les poches de son manteau de cuir. Il glissa l’arme à sa ceinture après avoir mit le cran de sécurité. Le fusil à pompe contenait un chargeur de 5 cartouches et le soldat avait une ceinture de balles explosives, 20 en surplus. Il trouva également deux grenades sur le soldat et dégoupilla la première avec ses dents. Un nouveau soldat apparut à sa gauche et Jared lança la grenade directement sur lui. Le soldat leva le bras pour la repousser mais fort curieusement, la grenade resta collée sur son bras et il hurla à travers son casque avant qu’elle n’explose. Le bras de l’homme sembla se dissoudre malgré l’armure et il tomba au sol en hurlant de douleur. C’était quoi, ce truc ? De l’acide ? Ça y ressemblait étrangement en tout cas. Jared chargea le fusil à pompe, une balle s’insérant dans la chambre, et il tira à bout portant le soldat à la tête pour abréger ses souffrances. Ses cris se turent abruptement.

Un hurlement derrière lui le fit sursauter. Il se retourna et vit un des jumeaux, sans son casque, foncer dans la direction de Charles, qui était pris dans un violent corps à corps avec un des agents d’Apocalypto en armure. Les deux hommes cessèrent le combat en voyant le montagne de muscles qui les chargeaient tandis que Jared se relevait. L’agent et Charles tirèrent sur le géant qui leur fonçait dessus, semblant oublier leur querelle. Le fusil d’assaut de Charles cracha une dizaine de balles puis cliqueta dans le vide ; c’étaient ses dernières munitions. L’agent jeta une grenade d’acide vers le colosse mutant mais l’explosion ne lui fit rien. Charles se débarassa de son arme vide et recula afin de gagner un peu de temps. Sa main se posa sur un pistolet, mais il n’eut pas le temps de le dégainer. La brute bondit en avant et percuta les deux hommes. Tout deux volèrent dans les airs puis s’écrasèrent violemment au sol. Jared vit Charles tenter de se relever, mais il s’effondra au sol où il resta à se tenir les côtes. L’agent fut écrasé sous la masse du mutant lorsqu’il lui marcha dessus pour faire bonne mesure. Un ennemi de moins, mais Charles était en danger.

Jared jura à voix basse, chargea à nouveau son fusil à pompe pour qu’une balle se place dans la chambre, et visa le colosse en s’approchant rapidement. Ce dernier se rapprochait vite, trop vite, et l’hostile comprit qu’il n’aurait pas le temps de le viser parfaitement. La brute passa à côté du corps étendu face contre terre de Charles. Jared tira deux fois vers la brute qui s’approchait. Le colosse hurla de nouveau quand Jared le cribla de projectiles ; ce dernier savait que son geste était à peu près inutile, mais il ne voulait pas que le mutant fou furieux reste à proximité de son coéquipier du moment. Sans aucun signe d’avertissement, le colosse mutant poussa un cri et s’effondra sur le sol, à quelques pas du Second des Hostiles. Jared était perplexe et regarda rapidement son arme. Avait-il été heureux avec un de ses tirs ? La réponse se présenta sous l’apparence de Charles qui se releva difficilement en toussant, un pistolet fumant dans la main et tenant toujours son flanc douloureux. Du sang coulait de ses blessures et il n’était pas solide sur ses jambes, mais il trouva toutefois la force de cracher sur le visage du colosse. De l’oreille droite de ce dernier, un filet de sang s’écoulait. Ainsi, il était vulnérable de l’extérieur, mais si on pouvait attendre l’intérieur de son corps, il était aussi vulnérable que tout le monde. Charles avait ainsi atteint son oreille en tirant d’une position impossible et cela avait sonné le géant. Jared s’approcha rapidement du jeune homme blessé et prit une position défensive à côté de lui. Il lui adressa un rapide hochement de tête.


- Pas mal pour un gamin, dit-il en souriant. Achève ce salopard.

Charles prit son pistolet, y enfonça un nouveau chargeur qu’il prit dans son harnais et adressa à son tour un signe de tête à l’hostile. L’instant suivant, il enfonçait son arme dans la bouche entrouverte du géant sonné puis appuyait sur la détente. Le crâne éclata et de la cervelle et du sang tapissa le sol. Lui non plus ne les embêterait plus. Jared aida Charles à se relever et détecta du coin de l’œil des ennemis en approche. Encore des hommes en armure ; assurément l’équipe spéciale d’Apocalypto. Malgré sa haine et sa colère à leur égard, Jared devait avouer que ces humains-là étaient beaucoup plus compétents, plus coriaces, mieux armés et mieux organisés que les simples soldats qu’ils avaient affrontés jusqu’à maintenant. Jared risqua un nouveau regard hors de leur abri et vit que les soldats en armure s’étaient positionnés afin de leur couper toute retraite. La seule route qu’ils pouvaient emprunter se trouvait devant eux, c’est-à dire qu’ils devraient passer dans le labyrinthe de débris et de ferrailles, se mettant ainsi plus ou moins à découvert. Les snipers se feraient un plaisir de les abattre. Risqué. Très risqué. Pour le moment, les hommes d’Apocalypto restaient à distance. L’attaque du colosse mutant, supposé être de leur côté, tout comme la vivacité à laquelle Jared et Charles avaient réagis avait dû les désorganiser et les surprendre. * Bien, * pensa-t-il. * Nous aurons maintenant besoin de chaque seconde. *

Malheureusement, les agents se reprirent bien vite. Trop vite, et un autre échange de coups de feu éclata. La situation empirait. Jared enfonça de nouvelles cartouche dans son fusil à pompe, même s’il savait qu’à longue distance, son arme n’était pas particulièrement utile. C’était seulement pour les tenir à l’écart. C’est alors qu’il aperçut l’extrémité d’un tube olive terne dépassant de quelques centimètres sous le cadavre d’un soldat sans armure, juste devant lui, le soldat étant à moitié écrasé par les débris. Avec toute l’action, il ne l’avait pas vu auparavant. S’avançant courbé, il fit rouler le corps ennemi et sentit une pointe d’excitation grandissante. Le lance-roquettes était-il chargé ? Si oui, il était chanceux. Un rapide examen lui révéla que l’arme était effectivement chargée et comme pour prouver que la chance lui souriait véritablement, l’hostile découvrit une roquette supplémentaire tout près. Reculant avec l’arme, il vit Charles lui faire signe qu’il le couvrirait. Jared hocha la tête et s’exposa le temps de viser un groupe de soldats. La roquette fila entre les bâtiments et explosa au milieu d’un groupe de soldats. Jared se remit à l’abri, éjecta le tube vide, rechargea le lance-roquettes et visa un autre endroit. Une balle lui frôla la joue et la roquette fila et explosa contre un mur, projetant des débris et de la poussière à la ronde. Un nuage boucha la vue aux deux camps. Durant toute la manœuvre, Charles avait ouvert le feu pour le couvrir. Jared recula en laissant tomber l’arme lourde et agrippa le fusil à pompe.


- Si nous devons partir, cria-t-il à Charles, c’est maintenant !

Il s’enfonça dans le labyrinthe. En réponse à sa riposte rapide, il reçut un bam ! bam ! bam ! régulier, les tireurs d’élite de l’Opération Apocalypto ouvrant le feu. Derrière lui, le sol éclata et de la terre et des débris divers volèrent dans les airs. Jurant, Jared et Charles tirèrent comme des forcenés, principalement pour ralentir les soldats tout en reculant à travers le dédale de débris, battant en retraite. Sans ses champs de force, l’hostile était vulnérable et ses ennemis le savaient et comptaient en profiter. Il le savait : il aurait fait le même chose. La suite des évènements fut plutôt confuse, mais aurait assurément fait hurler la majorité des gens et les aurait liquidés en un temps plutôt rapide. Jared et Charles furent simplement particulièrement chanceux. Il savait que les munitions leur poseraient bientôt un problème ; plutôt que de tirer dans toutes les directions, il s’efforça de viser précisément les soldats, toujours dans le but de les ralentir.

Les soldats se déplaçaient par groupe de deux et avançaient avec précaution. À l’évidence, ils savaient que même sans pouvoir, le Second des Hostiles était quelqu’un à ne pas prendre à la légère. Et c’était vrai ; Chow Watanabe l’avait formé de façon admirable. Et même s’il n’avait jamais fait l’école militaire, son entraînement était tout aussi poussé. Et le jeune homme qui l’accompagnait, Charles, n’avait rien à lui envier question maniement des armes. Il était redoutable à ce jeu, lui aussi. Jared savait qu’il existait des stratégies, des choses qu’ils pouvaient faire pour équilibrer leurs chances, et elles firent toutes la différence. La première était de courir, de continuer à tirer, d’éparpiller au maximum les formations des soldats ennemis et de les contraindre à se cacher au maximum pour éviter ses tirs, ce qui leur permettrait de s’éloigner. La deuxième stratégie était de prêter attention à des moyens d’évasion possibles et aux concentrations particulières des anti-mutants, pour les éviter afin de s’enfuir, chose qu’il n’aimait vraiment pas mais il n’avait pas vraiment le choix non plus. Même chose pour Charles. Et la troisième était d’utiliser à la fois le fusil à pompe que tenait Jared et le fusil d’assaut de Charles, et de maintenir une cadence de tir constante, ne s’arrêtant que pour recharger lorsque le combat subissait un arrêt momentané.

Ces stratégies devinrent soudainement véritablement nécessaires lorsque de nouveaux soldats firent leur apparition, chargeant en tirant depuis la gauche et la droite, menaçant de les submerger. Les deux mutants se jetèrent à toute vitesse derrière deux murs en coin pour éviter les balles et leur opposèrent un déluge de balles. Malheureusement, leurs armures stoppaient les balles d’une façon qui lui rappelait cruellement ses propres pouvoirs. Bouclier semblable à son Armure Souple, même s’il ne savait vraiment pas comment les humains avaient pu construire une telle chose. Ces fils de p… avaient certainement un mutant dont le pouvoir était semblable au sien. Ce qui ne les aidait en rien dans leur fuite… Enfin, après un temps qui leur parut une éternité, ils purent trouver refuge, une fois sortis du labyrinthe de débris, dans un grand bâtiment ayant été épargné par le premier combat opposant Jared aux soldats

Les deux mutants s’y enfoncèrent et Jared continua à tirer dans la direction de la porte, pour retarder les agents. Une fois le fusil à pompe vide, il le rechargea rapidement avec de nouvelles balles, puis reprit son tir de barrage. En l’espace de quelques secondes, une dizaine d’échanges de coups de feu se déclarèrent entre lui et les agents à l’extérieur. Adossé contre un mur et prenant bien soin de s’exposer le moins possible lorsqu’il tirait, Jared enrageait en silence. Sans ses champs de force, il était bien plus vulnérable. Oui, vraiment, depuis un certain temps, il se fiait beaucoup trop à son don et non à ses capacités physiques. Ça lui apprendrait à se croire supérieur aux humains. Ils étaient semblables à la base, de toute façon. Les sous-estimer n’était jamais une bonne idée et il venait d’en faire les frais à ses dépends… Seule la chance leur avait permis de s’échapper cette fois, et ils étaient loin d’être en sécurité…


- Ces enfoirés m’ont envoyés un produit, Charles. Je n'ai plus de pouvoir... Alors soyons particulièrement prudents.

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Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Vide
MessageSujet: Re: Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] Mauvais endroit, mauvais moment [Charles] EmptyLun 11 Jan - 5:33

Ça faisait depuis un bout de temps que Charles avait compris que Jared n’avait effectivement plus de pouvoirs. Comme lui, il avait prit les armes, les munitions, et survivait comme il pouvait. Ils étaient maintenant au même niveau. Mais comparé aux autres d’en face, ils étaient maintenant bien plus désavantagés. Et désavantagé n’était qu’un double doux euphémisme. Pendant un long moment, Charles avait vraiment cru que des bonhommes qui courraient dans tous les sens avec des semblants de munitions qui n’avait absolument aucun effet sur l’hostile surpuissant, c’était ça Apocalypto. Il s’était trompé. Ils étaient bien pires. La première vague n’était qu’une façade. Et la seconde paraissait vouloir être la dernière. Radicale, efficace, rapide, spécialisé, organisé. Si les deux colosses n’avaient pas été là pour vaguement faire diversion, ils auraient été morts, capturé et vacciné déjà. Mais surtout, Charles avait vu celle qui semblait être la chef, facile à reconnaitre. Il y avait une ardeur différente qui brillait dans ses yeux à elle.

Les balles fusant ici et là. Adossé contre un mur, tenant un seul pied, il passa son arme de l’autre coin du mur et tira à l’aveuglette histoire de finir la recharge. Il entendit Jared tirer à côté de lui, puis il rechargea son arme. Si Jared voulait s’en aller, il pouvait le faire. Il n’y avait que Charles et son genou meurtri qui le ralentissait. Le mutant pouvait marcher, à la limite courir, mais cela lui ferait atrocement mal et aggraverait probablement sa blessure. Quand à ses côtes, il était chanceux de ne pas s’être fait transpercer un poumon par les os brisés. Charles colla le fusil contre sa poitrine, le tenant des deux mains, puis glissa lentement sur le côté et tenta de jeter un œil par le coin du mur. Aussitôt, une salve de balle le fit tourner la tête de l’autre côté, rajoutant encore une couche de poussière sur son visage qui n’était qu’un beau mélange de sang et poudres. Un peu comme ses vêtements. Aussi étrange que cela pouvait paraitre, Charles était distrait. Il pensait à leurs options, à aussi loin qu’ils pourraient avancer. Les coups de feu se rapprochaient dangereusement, et ils durent tous les deux bouger. Aidé de Jared, le mutant clopina comme il pouvait, et ils trouvèrent une autre couverture plus sure, mais plus restreinte. Les deux étaient presque collés l’un à l’autre. C’était le bon moment :


- Jared, on sait déjà que tous les deux on ne pourra pas sortir de là. Un de nous devra rester en arrière, et crois-moi, ça sera probablement moi.

Il sentit que Jared allait dire quelque chose, mais il le coupa avant.

- Pas maintenant, je ne te demande pas de me laisser là maintenant. Mais quand le moment viendra, quand je te dirais de te barrer et de me laisser derrière…

- Ouai…


Il signala à Charles qu’il avait compris ce qu’il voulait dire, mais le jeune homme ne savait pas s’il allait le faire ou pas. Peut-être l’avait-il juste dit pour le faire taire. Leurs petites causeries finis, tous les deux jetèrent un regard de l’autre côté de leur couverture, et virent du mouvement discret. Des pas silencieux, armes en avant, bougeant de couverture en couverture. Combien de temps allaient-ils tenir à deux contre une armée. Ils décidèrent tous les deux de bouger, et de s’enfoncer encore plus dans les dédales du bâtiment.

Jared ouvrit à la volée une porte, et Charles suivit juste derrière, puis referma derrière lui-même si ça n’allait pas être si utile que ça. Devant eux se dressait une immense salle dont on voyait le bout à soixantaine de mètres plus loin. En large, les deux côtés donnaient sur des baies vitrées signalant que l’endroit prenait toute la largeur de l’étage. La salle était occupée par des rangées infinies de cubicles, le plafond artificiel assez bas formé par une succession de carrées blancs, le sol fait d’une matière glissante, des gros carrées reliant les deux ici et là faisant office de colonne. L’éclairage blanc venait compléter le tableau, avec les photocopieuses. D’après ce qu’ils pouvaient en voir, l’endroit avait aussi été évacué rapidement, les affaires laissées en plein milieu de leurs utilisations. Par automatisme tout de même, les deux mutants vérifièrent qu’il n’y avait personne, puis s’aventurent dans le labyrinthe de cubicle. Jared partit un peu en avant, vérifiant que le chemin était plus ou moins dégagé aux tournants, et l’autre suivait prenant appui sur les murs en carton renforcé des cubicles. Du mouvement se fit à nouveau entendre derrière eux, et les deux mutants se regardèrent. Ils ne pouvaient définitivement pas continuellement courir.

De l’autre côté de la porte, les agents se mirent de chaque côté, puis l’un d’eux l’enfonça et rentra, l’arme en avant. Les autres suivirent et ils rentrèrent dans le grand bureau aux multiples cubicles. Alors qu’un des cafards donnait rapidement des ordres silencieux enchainant les signes de mains, les agents secondaires en combinaison normales se propageaient entre les couloirs de cubicles. A peine étaient-ils rentrés que le reste des cafards rentrèrent eux aussi et les suivirent.

Le dos plaqué contre une des parois en carton, les fesses sur le sol, Charles n’osait même pas regarder de l’autre côté. Il voyait plus ou moins des ombres se profilaient silencieusement, ainsi que de légers bruits de pas. Il avait son arme toujours collé contre lui. Le mutant eut une pensée pour l’hostile qui se trouvait dans un autre cubicle, loin ou pas, il ne le savait pas du tout. Alors qu’il laissait les agents les dépasser dans l’espoir de pouvoir revenir en arrière, une imprimante se déclencha sur le bureau en face de Charles. Le bruit régulier commença et les feuilles sortirent une à une. Probablement un truc automatique. En soit, ce n’était pas mortel, mais le bruit allait forcément attirer une ou deux personnes. Charles vérifia rapidement qu’il n’y avait personne, puis posa son arme par terre afin de faire le minimum de bruit possible, et il se releva à moitié, restant toujours au-dessous du niveau des parois de cartons. Le mutant étira son bras en avant et pesa sur le bouton d’allumage de l’imprimante qui pour le coup s’éteignit dans un grand bip. Le jeune homme ne fit plus un seul mouvement et resta le bras suspendu en l’air pendant un moment, le silence paraissant subitement plus dangereux que le bruit à présent. Après quelques longues secondes, Charles commença à se remettre comme il était avant, quand il entendit un bruit de pas et un cliquetis dans son dos, à la porte du cubicle donc. Quand il se retourna, il reçut une fléchette dans le bras. Le cafard baissa son arme et se retourna vers les autres :

- Ce n’est pas Jared. Continuez à chercher.

Il tendit sa main vers un talkie-walkie et lança un appel, probablement pour dire à une équipe de venir chercher Charles. Lorsque l’agent se retourna vers lui, le mutant s’était relevé, un peu dans les vapes comme s’il sortait d’une bonne sieste, appuyé sur le bureau. Il secoua un peu la tête et reprit rapidement ses esprits. La flèche qui avait libéré un tranquillisant ne lui avait pas grand effet sur lui. Pendant plusieurs années, les soldats étaient entrainés petit à petit à résister aux substances nocives, allant de la simple drogue jusqu’aux morsures de scorpions. Quand l’agent releva rapidement son arme de poing vers Charles pour lui replacer deux autres fléchettes dans le corps, le mutant agit rapidement et attrapa le poignet du cafard puis le tourna, et utilisa son autre main pour donner un coup puissant dans l’arme, retournant le pistolet contre son utilisateur. Il le força à appuyer deux coups sur la gâchette mais l’agent se baissa et lui assena un coup au ventre qui le fit reculer. Charles ne lâcha pas pour autant sa prise sur le poignet de l’autre et le tira vers lui, puis lui donna un coup au visage en oubliant qu’il avait un casque. Le coup sonna tout de même l’agent, et avant qu’il ne reprenne ses esprits, le mutant posa sa main sur le casque et l’écrasa dans le carton du cubicle.

Charles ramassa rapidement le pistolet-tranquillisant au sol, puis passa par-dessus l’agent et sortit de la boite-bureau. Mais à peine un pied dehors, le mutant se tourna brusquement vers la droite et tendit son arme dans cette direction. L’agent d’Apocalypto qui l’attendait pointait lui aussi son arme sur lui. Les deux canons étaient très proches des visages et les deux avant-bras se croisaient. Mutant et humain se regardèrent un instant, tâchant de saisir l’exact bon moment d’inattention pour faire le bon geste. Quelques secondes passèrent, puis l’humain encore dans le cubicle que Charles venait à peu près de mettre à terre grommela quelque chose et commença à bouger. Le mutant jeta un rapide un coup d’œil, et ce fut l’opportunité toute faite pour l’agent en face de lui. Charles le réalisa juste à temps pour repousser l’arme de l’autre avec la sienne d’un coup vers la droite. Il plaqua ainsi les deux fusils sur la paroi du cubicle, et tous les deux tirèrent frénétiquement dans l’espoir d’atteindre l’autre. D’un habile jeu de main, l’humain fit passer les armes de l’autre côté, faisant un grand arc de cercle au-dessus de leurs têtes, tout en tirant deux ou trois fois, au cas où. Les deux étaient penchés en avant, poignet contre poignet vers le bas. Tous les deux s’engagèrent dans une sorte de kata aux armes, les coups fusant de temps en temps. Au bout de quelques passes, ils se retrouvèrent de nouveau face à face, entre leurs armes croisés devant eux, leurs visages à quelques centimètres à peine l’un de l’autre. Dans un violent geste, l’agent d’Apocalypto assena un coup de tête à Charles qui recula, sonné, de quelques pas. Son doigt appuya plusieurs fois au hasard sur la gâchette de son arme et visa approximativement l’agent qui reçut deux fléchettes qui se plantèrent dans sa veste pare-balle.

Le mutant s’arrêta en s’accrochant à l’entrée du cubicle dans lequel il s’était caché il n’y avait pas longtemps, et alors qu’il pointait son arme en avant pour tirer sur l’agent encore une fois, l’agent qui se trouvait dans le cubicle se releva et fonça sur lui. Charles pointa son arme vers sa nouvelle cible, mais il fut désarmé d’un simple coup dans l’arme qui s’envola plus loin. Le civil évita ensuite le coup de poing qui suivait en se penchant rapidement en arrière, puis fit un pas en arrière pour éviter le prochain coup. Presque dans un élan de dernier recours, Charles se jeta sur l’agent et tous les deux s’écrasèrent sur une des parois du cubicle, puis lorsque le mutant donna un coup, l’humain l’évita et attrapa Charles par le col, le repoussa en avant. Il le tira ensuite vers lui, mais prit soin de s’écarter et de se retourner afin d’écraser à son tour le civil sur le mur de carton qui ne tenait plus vraiment debout. Le mutant se dégagea en assenant un coup de genou dans le ventre de l’agent, ce qui eut pour effet de plus lui faire mal à lui qu’à l’autre. Il le poussa ensuite du pied, et fit quelques pas vers l’humain qui tituba un peu. Mais avant que le mutant puisse faire quelque chose, l’agent avait repris contenance et fit deux pas chassé vers l’autre puis donna un coup de pied direct dans la poitrine de Charles qui recula, perdit le contrôle, commença à tomber en arrière. Il essaya de se rattrapa à quelque chose, mais à la place traversa l’entrée du fameux cubicle. Lorsqu’il se releva, il ne fonça pas sur l’agent mais sur le bureau et prit une perforeuse à quatre trous. Quand l’agent rentra juste après dans la petite boite, Charles lui donna un coup avec l’arme improvisée. Il le reçut de plein fouet et s’écrasa sur le mur en carton d’en face. Le mutant entendit des coups de feu ailleurs, beaucoup plus loin. Probablement Jared. Le civil resserra sa prise sur sa perforeuse et porta un nouveau coup vers l’agent qui s’évita encore une fois en sautant presque sur le côté. L’agent fit un autre saut, mais vers Charles cette fois-ci. Il l’attrapa et l’entraina dans sa chute en dehors du cubicle. A terre, l’agent était sur Charles qui avait lâché la perforeuse. L’humain leva le poing et l’écrasa sur le mutant qui bougea sa tête sur le côté. Le poing ganté s’écrasa sur le sol juste à côté de son oreille, et Charles poussa le bras tendu d’un coup sec, puis passa son autre main juste sous l’aisselle de l’agent. Il poussa ensuite l’agent sur le côté, le coinçant sous son bras. Ensuite à trois reprises, il écrasa la tête casqué de l’humain sur le sol et une fois assuré qu’il était plus ou moins sonné, se débarrassa du poids de l’humain sur lui.

Juste avant qu’il ne se remette sur pied, Charles fouilla l’équipement de l’agent et ne retira finalement qu’un couteau de combat. Soudainement, il se rappela qu’il n’était pas totalement seul. Lorsqu’il releva la tête vers le second agent, il le vit pointer son arme vers lui, puis il appuya sur la gâchette. Charles se jeta d’un bond en arrière, et deux coups partit, puis plus rien. Chargeur vide. L’agent fit aussitôt tomber la recharge exempte de munition, alors que Charles se relevait et fonçait vers lui en courant. Afin de gagner du temps, l’agent prit un trolley à roulette sur lequel on mettait les messages et autres lettres, puis le poussa vaguement vers Charles juste avant de recharger son arme. Le mutant sauta par-dessus le trolley, les deux pieds en avant. Il prit en ciseau l’agent entre ses jambes, puis tourna rapidement sur lui-même afin de les faire tous les deux tomber. Au sol, le cafard pointa tout de même son arme vers Charles qui, dans une position plus favorable, bloqua le bras de l’autre. Le mutant tendit le bras et planta son couteau fraichement récupéré dans le cou de l’autre où il n’y avait pas beaucoup de protection. Le civil entendit un bruit venir du coin d’un des cubicles. Il lâcha sa prise sur l’humain et se tira en arrière tout en récupérant un 9.mm dans l’étui de l’agent, puis se releva, pointant l’arme de poing des deux mains en avant. Charles visait le coin d’un des bureaux qui donnait sur un des couloirs. Et lentement, quelqu’un sortit du coin du mur à moitié seulement. Une femme. Brune. Elle n’était comme les autres. Elle avait l’air relaxée, presque embêté, malgré le fait qu’elle avait une arme pointé sur elle. Charles gardait cependant ses distances, se trouvant environ à moins de dix mètres d’elle.

- On peut savoir ce que tu fais ?

Elle le dit comme si de rien n’était. Le mutant ne répondit pas, ne comprenant pas totalement la question.

- Pourquoi est-ce que tu te bats contre nous ? Pourquoi t’essaye de protéger un mutant ? Est-ce que t’en es un toi aussi ?

Charles ne répondit toujours pas, et gardait les deux bras tendus en avant, l’arme au bout.

- Quoi, tu parles pas ? Si t’es pas un des nôtres, alors t’es avec eux.

Le regard de la femme se posa sur les deux cafards momentanément à terre, puis fit un mouvement brusque. Avant qu’elle n’ait pu le finir, Charles tira à une reprise et une vraie balle vint se planter dans le carton alors que la femme fit un saut vers le coin du couloir. Le mutant fit quelques pas rapide vers l’avant en clopinant un peu. Mais avant qu’il ne fasse trois pas, la femme ressortit du coin, une arme lourde en main. Charles freina d’un coup et se retourna rapidement, puis se mit à courir en sens inverse. Les balles commencèrent à fuser derrière lui, et il se jeta juste à temps derrière un des cubicles, et roula pour se remettre sur pied aussi vite que possible. Tête baissé, avançant presque accroupi, le mutant fit quelques pas et tourna entre deux cubes de cartons afin de se perdre le plus vite possible dans le dédale de couloir. Bougeant rapidement, jetant des regards furtifs ici et là juste avant de tourner dans un autre couloir, il se remit à clopiner tête baissée rapidement. Il entendit un bruit, le petit « chting » caractéristique des ascenseurs quand ils s’arrêtaient. Charles leva la tête, s’arrêta juste avant le haut du mur en carton, passa le coin du regard par-dessus, et vit au loin la porte de l’ascenseur qui s’ouvrait et un des agents en sortait. Avant que l’ascenseur ne rebrousse chemin, le mutant devait l’atteindre.

Charles appuya frénétiquement plusieurs fois un des deux boutons, sans même savoir lequel il appuyait. Il avait raté l’ascenseur, mais quelque chose lui disait que le prochain n’allait pas tarder, vu qu’il n’y avait personne dans les environs. Le mutant s’éloigna de la porte cependant, bien trop exposé et se colla sur le cubicle d’en face, tous sens azimuts. Ses yeux se baladaient entre l’indicateur de l’ascenseur et les couloirs. Il montait lentement les étages, et finalement il s’ouvrit. Le civil vérifia une dernière fois que le champ était libre, puis parcourut la distance en quelques pas, se jeta presque dans l’ascenseur, se retourna et appuya aléatoirement les boutons afin que la porte se referme le plus rapidement possible. Pendant quelques secondes d’attente, Charles vit dans quel piteux état il se trouvait dans le miroir qui faisait tout le tour de l’ascenseur. La porte commença enfin à se fermer, quand un des agents, un des agents normaux, apparut et vit les portes se refermer. Tout de suite, il bloqua la porte d’une main qui se rouvrit. Anticipant sa prochaine action, l’ascenseur n’ayant qu’une seule entrée, Charles tendit les deux bras en avant, attrapa à pleine main l’agent et le tira vers lui à l’intérieur de la cage de métal. Dans le même mouvement, il se retourna et plaqua l’agent contre la façade de l’ascenseur opposé à la porte. Porte dont Charles vit qu’elle se fermait dans le reflet du miroir.

L’agent utilisa ses deux mains et se dégagea des prises de Charles, il donna un coup dans les côtes du civil qui recula et lâcha un petit cri de douleur, et ensuite donna un autre coup dans l’arme que tenait le mutant. La main tenant le pistolet heurta la façade et Charles lâcha l’arme sous le choc. Un troisième coup arriva, le mutant repoussa brièvement le coup, puis de la main gauche il attrapa la main encore tendu vers lui. Il tourna le bras de l’agent, le forçant ainsi à se pencher en avant. Ainsi bloqué, Charles posa sa main sur la tête de l’agent et l’écrasa le miroir du fond. *Chting*. Les deux battants de la porte de l’ascenseur s’ouvrirent et le mutant en profita pour balancer l’agent hors de l’ascenseur. L’agent tituba puis se retrouva au sol, du sang s’écoulant de sa tête. Cependant, cet agent là devait être têtu, il tendit sa main vers son arme à sa ceinture et le tira de son étui puis la pointa vers Charles. Ce dernier se retourna calmement, se baissa, ramassa son 9.mm à lui, se releva et visa puis tira sur l’agent juste avant que les portes ne se referment.

Le couloir vide et long, bordé des deux côtés par des vitrines de magasins. Charles s’était retrouvé de nouveau dans la partie « publique » du bâtiment, plus précisément celle du centre commercial avec ces grandes allées. Le mutant se colla à une vitrine, sachant qu’il avait un peu devancé les agents, probablement le sous-estimant un peu. Autant il avait mal auparavant, autant maintenant il avait deux fois plus mal. Il se sentait vulnérable après le rush d’adrénaline, l’état second dans lequel il s’était retrouvé dès qu’il était rentré en action, la fuite et les combats. Maintenant, les toxines n’agissaient plus et maintenant il « pensait ». Il relativisait d’une certaine façon et réalisa dans quel merdier il était. Même son instinct et sa rage de survie s’était calmé. Le civil entendait ici et là des cris et des coups de feu aux niveaux un supérieur. Il s’arrêta devant une vitrine, et s’appuya contre celle-ci d’une main. Reprenant son souffle, peut-être ses esprits, il scruta autour de lui à la recherche d’éventuel agent, mais à la place vit autre chose. De l’autre côté du couloir, juste en face de lui, se trouvait une autre vitrine qui laissait voir des armes à feu aligné les uns après les autres. Un magasin d’armes et de munitions juste devant lui, surement déserté lui aussi. Sans hésiter plus longtemps, l’ex-militaire traversa le couloir vide et rentra dans le magasin, la porte laissé ouverte. Les armes, munitions, équipements et autres s’alignaient sur les étagères, dans les vitrines. Seulement, et le mutant le savait, les armes exposés ainsi que toutes les autres armes dans le magasin ne sont pas chargés. Il n’y avait que quelques armes qui l’étaient, et ils étaient à porté de main du vendeur. Charles marcha sur un pied prenant appui ici et là jusqu’au comptoir qui prenait tout un coin du magasin, et passa derrière ce dernier. Placé dans ses étuis, à côté de la caisse, et surtout à porté de mains, les armes étaient bien là. Juste avant de se laisser tomber par terre, il tira une veste pare-balle vers lui. Il s’adossa contre le comptoir, se rendant ainsi invisible au premier coup d’œil, retira sa veste ainsi que le harnais avec difficulté, essayant au maximum de ne pas faire bouger ses côtes. Il enfila ensuite le gilet Kevlar, trouva des mitaines aussi renforcé de Kevlar qu’il enfila pareillement. Enfin, il se tourna vers l’arme à feu, le sortit de son étui. Un Desert Eagle. Un sourire se forma sur son visage. Il sortit la recharge : les 8 balles calibres .44 Magnum y étaient. Son arme favorite, et pourtant si peu apprécié des gens, il l’avait trouvé au moment où il en avait besoin. La puissance d’une mitrailleuse ou d’un fusil en une main. Charles trouva quelque part des recharges qu’il garda sur lui, puis reprit quand même son 9.mm et le mit à l’arrière de son jean. Le harnais cependant ne pouvait pas rester planté là sur le sol. Il le prit et tendit son bras, ne voulant pas se relever, pour le mettre sous le comptoir. Lorsqu’il retira sa main, il heurta cependant une sorte de petite mallette assez épaisse. La mallette sur l’étagère avec presque l’air caché. Cette dernière tomba, et Charles la plaqua afin qu’elle ne fasse pas plus de bruit. Puis par pure curiosité, n’ayant pas vraiment autre chose à faire pendant qu’il se reposait un peu, il l’ouvrit. A l’intérieur, bien placé dans le mousse noir anti-choc, 5 grenades, dont une manquante. Les grenades étaient interdites de vente même dans ce genre de magasin, et il était tombé sur un magasin qui en vendait au noir, sous le comptoir. Evidemment que Charles avait du mal à croire aux coïncidences.

Paré à nouveau pour partir en guerre, il se releva avec en plus un petit sentiment de sécurité. Le mutant contourna le comptoir, Desert Eagle en main, et commença à traverser le magasin, passant entre deux étagères. Il faisait face à la vitrine de l’autre côté du couloir, et d’un coup, la dite vitrine se brisa suite à des coups de feu tiré dessus. Charles s’arrêta de suite et se baissa jusqu’à se planquer entre deux étagères. Mais à peine les milliers de morceaux de vitre tombaient, Jared passa sous la pluie de verre en courant puis se retourna et se mit à tirer aléatoirement derrière lui tout en continuant d’avancer. Un agent apparut soudainement presque de nulle part et se jeta littéralement sur l’hostile, le plaquant ainsi à terre. Charles regardait toujours de loin, jugeant une intervention bien trop inutile. Une dizaine d’agents débaroulèrent des deux côtés de l’immense couloir. Déjà, Jared se débarrassait de l’agent tombé sur lui, mais avant qu’il ne put se mettre debout, il se prit une crosse en plein visage, et s’étala au sol pendant qu’un genou exerçait une pression entre ses omoplates. L’expression de rage sur le visage de Jared faisait peur à voir, puis plaqué au sol, face contre terre, l’hostile le vit. Il vit de l’autre côté de la vitrine Charles assistant à la scène de loin. Les deux échangèrent un regard, et sans vraiment le savoir pourquoi, le jeune mutant fit un non discret de la tête, comme s’il lui disait que se battre maintenant n’allait rien apporter. Jared se fit relever après l’avoir attaché les mains dans le dos grâce à ces menottes « tie-wrap », en plastique extrêmement résistant, léger, et jetable. Alors que les autres agents pointaient leurs armes sur le mutant, un d’eux annonçait par radio la capture de l’hostile. Il attendit les ordres, puis les retranscrit à tout le monde. Ils bougeaient le mutant et attendaient que « Arya » vienne lui administrer un sédatif puissant afin de l’enfermer plus tard. Dans la tête de Charles, la femme brune qu’il avait vu et qui l’avait parlé plus tôt devait être Arya.

Avançant à petit pas discret, restant toujours dans l’ombre au même rythme que le cortège qui s’était formé autour de Jared, le mutant suivait le mouvement lui aussi. Jared semblait s’être calmé, attendant probablement le moment où Charles allait intervenir, s’il allait le faire. Le cortège s’était arrêté dans le coin d’un hall. Le hall semblait être comme le centre névralgique de plusieurs grands couloirs. Ici et là se trouvait plusieurs voitures mise en exposition. Les agents se mirent en position et attendirent, les armes pointés vers l’hostile. Le mutant attendit aussi, puis ils entendirent au loin les bruits de moteurs. Arya et sa clique qui arrivait en humvee se frayant un chemin dans les grands couloirs. De sa position, Charles en vit passer trois devant lui, puis ils allèrent s’aligner face à Jared.

La porte du Humvee s’ouvrit, et les deux bottes posèrent pied à terre, puis firent quelques pas sur le sol marbré et poli. Après quoi, ils s’arrêtèrent et Arya regarda Jared Nar’Soll se tenant là, devant elle. A même pas 10 mètres. Tout ce pour quoi ils avaient fait tout ce bordel était là, et ils l’avaient enfin capturé lui. Si Apocalypto pouvait capturer le second des hostiles, alors les autres seraient de la rigolade. Evidemment, le visage de la brune affichait un sourire retenu. Elle se tourna vers un de ses cafards et lui ordonna de lui emmener le sédatif. Mais avant qu’il s’exécute, un coup de feu fut tiré. Il venait de l’arrière. Tous les agents se tournèrent dans cette direction.

Charles baissa le Desert Eagle encore fumant et le pointa devant lui.


- Personne ne tire !

Il mit en évidence une grenade dégoupillé qu’il tenait en main. Ce n’était pas la première fois qu’il avait des dizaines d’armes pointés sur lui. Les agents placés derrière les portes ouvertes des véhicules, sur les véhicules ou à côté, s’étaient presque tous retournés. Charles ne se trouvait pas à un mètre des véhicules.

- Si quelqu’un tire, je lâche la grenade, les Humvee explosent, on meurt tous. Baissez vos armes.

Arya, toujours sereine, leva la main vers ses agents qui les baissèrent. Le mutant avança, la grenade dans la main gauche, le Desert dans la main droite. Maintenant que tout le monde l’avait vu qu’il était une potable menace, il baissa lui aussi sa grenade, et utilisa son bras gauche comme appui pour tenir son arme pointé devant lui.

- Reculez ! Eloignez-vous.

Afin que quelqu’un ne lui saute pas dessus par pur excès suicidaire, Charles préférait prendre ses précautions. Afin de lui laisser le chemin libre, les agents reculèrent un peu et le mutant passa entre les véhicules et arriva au niveau d’Arya. Cependant, il continuait d’avancer vers Jared encerclé par deux humains.

- Tu penses toujours à ce que tu va faire maintenant ? Dis-moi, c’est quoi ton plan Charles ?

Entendre son nom le fit réagir, et lui qui n’avait pas porté une once d’attention à la femme, tourna sa tête vers elle.

- Oui, je sais comment tu t’appelles à présent, je sais qui tu es. Surtout, je sais que tu n’es même pas un mutant.

Elle laissa un temps passer, alors que Charles s’était arrêté juste à côté d’Arya, et avait retourné son attention sur Jared.

- Laisse-moi t’énumérer tes deux options qui te restent Charles…

-…je sais quels sont mes options…

-…option 1 : tu poses ton arme, tu désarmes ta grenade, tu nous laisse faire notre travail et on efface le tableau. Tu n’entends plus parler de nous, et tu retournes vivre ta vie. Option 2 : la moins plaisante si tu veux savoir. T’essayes de faire quelque chose, peu importe ce que tu feras, tu te planteras. La dernière chose que t’ai envie, c’est de faire quelque chose de…


Charles bougea, et se tourna vers Arya, lui pointant le canon de l’arme en plein milieu du visage.

-…stupide. Qu’est-ce que tu va faire Charles ? Tu va me tirer dessus ? A la seconde où tu appuieras sur cette gâchette, si tu me tues, oh ça je te le promets, ton nom apparaitra en tête de liste des gens les plus recherchés sur cette foutue planète. Tu dis au revoir à ta vie, tes amis, ta famille, ta maison tout. Cette planète ne sera même pas suffisamment grande pour que tu puisses t’y cacher. Maintenant, regarde-moi Charles, maintenant tu va devoir faire un choix. Tu va devoir choisir un camp. Nous…ou eux ?

Le regard d’Arya transperça celui de Charles. Il passa d’Arya à Jared.

- Je ne choisis pas de camp…

- Ça c’est vraiment dommage.


A une vitesse impressionnante, l’agente donna un coup dans le Desert Eagle de Charles qui ne le lâcha pas pour autant. En même temps, elle utilisa son autre main pour serrer celle du mutant qui tenait la grenade, l’empêchant ainsi de la lâcher. Le civil utilisa la crosse de son arme et assena un coup au visage d’Arya qui recula sans pour autant lâcher sa prise sur la main de Charles. Ce dernier donna un autre coup de crosse dans le bras de la femme qui fut obligé de relâcher prise, et alors que Charles se tourna et prenait son élan pour lancer sa grenade vers les véhicules, elle lui sauta dessus au moment où la petite boule explosive quitta la main de Charles. Et la grenade explosa. Par automatisme, Charles se mit les mains devant le visage, les bras en avant, et attendit les morceaux de ferrailles, les brulures des véhicules qui avaient l’air d’exploser en chaine. Mais tout ce qu’il reçut fut le souffle d’une explosion, sans le reste. Entre ses doigts écartés, il vit les flammes lécher un mur invisible qui se dressait devant lui. Le souffle le projeta en arrière, il atterrit et roula sur le sol, puis glissa et s’arrêta finalement. Ses pensées allèrent vers Jared, qui avait probablement réussi à le protéger d’un de ses boucliers. Dans le monde de Charles, les miracles n’existaient pas.

La première chose qu’il fit fut de resserrer son étreinte sur la crosse de son arme. Puis le son commença à revenir, lointain. Le bouclier avait agi exactement comme le gilet en Kevlar qu’il portait : il avait paré les effets mortels de la grenade, sans pour autant en empêcher la vélocité et le choc de l’explosion. Allongé sur le dos, Charles se roula sur lui-même et se mit sur le côté. Il entendait toujours le bourdonnement caractéristique. A cette distance, ses tympans n’allaient peut-être pas s’en sortir indemne. Le mutant tourna son bras écrasé sous son torse, et prit appui pour essayer de se relever, s’aidant aussi de son autre bras. La fumée et la poussière avait d’ores et déjà envahi ses poumons à présent. L’ex-militaire se remit vaguement sur pied, fit quelques pas, du moins essaya, puis flancha et se sentit tomber. Au moment fatidique où il ne pourrait plus reprendre appui pour se relever, il sentit quelqu’un le retenir en tirant sur son gilet pare-balle, puis le retourner et le forcer à le remettre sur pied. Ne pouvant tenir, Charles s’écrasa sur son bon-samaritain. Il sentit ses cheveux sa joue. Quelque chose le poussa en arrière, et entre deux battements de cils et une vision floue, il vit une femme aux cheveux bruns, puis fut réveillé subitement par un coup de poing en plein visage. Si lui avait été sauvé par le mur invisible, elle aussi. En plus d’avoir une combinaison spéciale. Le mutant s’écrasa par terre et son arme lui échappa des mains. L’étourdissement de l’explosion fut surmonté par le choc du coup de poing. Face contre sol, il sentit subitement une vive douleur au niveau du genou, comme si quelqu’un exerçait une forte pression dessus. La douleur agit comme une décharge et sortit le mutant de ses torpeurs. On pouvait facilement voir que du sang s’échappait de son genou blessé, et l’agente l’avait vu. Seulement, lui n’était rien ni personne comparé à Jared, le mutant hostile. Pourquoi s’en prenait-elle à lui ? Probablement avaient-ils perdus Jared. Alors combien de temps était-il resté étalé par terre après l’explosion. Il n’eut pas le temps à plus de réflexion qu’il reçut un autre coup en plein dans les côtes. Ça, elle ne devait pas avoir idée que cela lui ferait probablement plus mal que prévu, et ce même avec le gilet pare-balle. Il lâcha un deuxième cri de douleur. Le coup eut pour effet de le retourner, et vit de bas l’agente d’Apocalypto, elle aussi sale à présent. Un coup de pied éloigna définitivement son arme favorite. Une botte vint s’écraser sur son torse, peut-être en signe de victoire ou de revanche, et le visage de la brune se rapprocha du sien alors qu’elle se penchait vers lui, haletante :


- Alors, qu’est-ce que tu fais maintenant, Charlie ?

Charlie posa ses deux mains sur la botte lui écrasant la poitrine, et la tripota dans un vain espoir de vouloir l’enlever. Cela eut pour effet de réjouir l’humaine, et d’un geste brusque, Charles attrapa le manche du couteau dans l’étui accroché à la cheville d’Arya. Il le sortit et tailla dans le vide, la femme ayant déjà reculé rapidement. Le mutant se roula sur lui-même et se releva sur un genou et déjà il voyait l’agent dos à lui qui marchait rapidement vers une arme à feu, surement pour utiliser des moyens plus drastiques. Charles se leva d’un bond et clopina deux trois fois rapidement, se jeta en avant, lançant le couteau loin au passage, atterrit et tendit le bras vers le Desert Eagle. Lorsqu’il se retourna et pointa l’arme devant lui, Arya avait pointé la sienne d’arme sur lui. Au moment où elle tira, une masse se jeta littéralement sur elle, et lui assena ensuite plusieurs coups afin de la calmer. La masse mutante se releva ensuite une fois assuré qu’elle n’allait plus se relever de si tôt malgré ses faibles gémissements, et Jared courut ensuite vers Charles, puis l’aida à se relever.

- Il vaudrait mieux dégager maintenant, Charlie.

Soutenu par son « confrère » mutant, le jeune homme eut cependant la force de le corriger :

- Ne m’appelle pas Charlie, j’ai horreur de ça…

Le mutant put enfin constater l’étendu de ses dégâts. Plusieurs véhicules explosés, les vitrines étaient quasi-inexistantes, les banderoles brulaient, la fumée se propageait de plus en plus, les agents d’Apocalypto pour la plupart mis K.O. Ils avancèrent tous les deux et n’étaient même pas encore sorti du cercle de dégâts des explosions que Charles lui parla :

- Attends, attends. Arrête-toi.

- Non, c’est maintenant qu’on part ou jamais.


Le mutant se colla contre une colonne et s’y accrocha, empêchant celui qui le tenait de le faire avancer.

- Jared…

L’hostile s’arrêta et se retourna vers Charles qui le fixa.

- Rappelle-toi quand je t’ai dit…

Pas le temps pour les longs discours.

- Casse-toi Jared, dégage de là. Tout de suite ! Ils pourront rien me faire, ils ont rien contre moi…moi je suis personne.

Il sortit son 9.mm toujours à sa ceinture et le donna à Jared qui devait probablement déjà avoir une arme. Mais une de plus ne se refuse jamais. Il lui donna aussi la recharge avec.

- Barres-toi maintenant. Toi, t’es quelqu’un. Y a des mutants qui ont besoin de toi ici. S’ils te capturent toi, tous les autres peuvent aller se coucher…

Charles le fixa directement dans les yeux, lui prouvant sa détermination à vouloir le faire comprendre qu’il devait partir. Mais au moment où Jared se retourna, le militaire lui attrapa le bras et le retint.

- Ne l’oublie pas…tu m’en dois une.

Il le dit comme s’ils avaient tenu un compte détaillé de qui avait aidé qui. Charles afficha un sourire, ne vit pas exactement si Jared faisait de même car déjà il se retournait et s’en allait en courant. Le mutant restant vérifia ses munitions juste après l’avoir vu disparaitre au coin d’un mur, puis entendit un coup de feu et sentit comme un choc brusque et précis mais puissant dans le dos. Il fit quelques pas en avant, l’inattendu faisant toujours plus mal. Réagissant au quart de tour, il se retourna et tira au hasard sans vraiment savoir où. Une deuxième balle vit se planter dans son Kevlar à la poitrine et le choc le secoua, puis le fit reculer. Une troisième balle vint se planter dans son bras, juste à côté de l’épaule et ce final coup eut pour effet de le faire finalement tomber sur le dos. Puis il attendit là, se vidant de son sang. A ce stade, il ne ressentait plus vraiment la douleur. Il se relâcha, il relâcha tous les muscles de son corps et se laissa aller.


Un putin de sentiment d’allégresse l’envahi, comme si tout était fini, comme s’il avait suffisamment combattu. Toute la force et l’énergie qu’il avait engagée dans ce combat avait-il servi à quelque chose ? L’anxiété essaya de prendre une petite place dans les pensées de Charles, mais échoua entre le vide total de son esprit et la fatigue. Un combat peut-il raviver la flamme du combattant ? Cela faisait depuis longtemps qu’il n’avait pas eu ce sentiment où tout était calme, où tout était accompli, où tout prenait un sens. Seul deux choses le rendaient dans cet état. Il se donnait des airs, pensait qu’il avait fait quelque chose aujourd’hui. Il se le permettait, même si ce n’était que le plus pur des hasards s’il avait été engagé dans ce combat. Et même si ce n’était que pure impulsion s’il avait décidé de défendre un des siens. Au nom de quel principe, de quelle moralité, de quel but supérieur avait-il pris la plus stupide des décisions de prendre part à un combat qu’il avait juré n’être pas le sien. Jusqu’au dernier moment, il avait joué les héros, il avait joué les cons. Jusqu’au dernier moment, il avait pu se faire croire à lui-même qu’il ne choisissait pas un camp. En « ne choisissant pas un camp », il creusait de plus en plus le gouffre entre lui et le chemin de non-retour. Mais devant la vision de cette baie vitrée du plafond d’un centre commercial qui commençait à tourner dans sa tête, il avait la certitude qu’il y avait encore un moyen de retourner, qu’il y avait encore une échappatoire. Que les miracles auxquels ils ne croyaient pas pouvaient peut-être arriver. Il y croyait dur comme fer, il y croyait que tout était fini et qu’il n’y avait aucun retour possible à présent. Oui, Charles Nines divaguait en cet instant présent, en cet instant même. Il se laissait glisser, il se perdait dans ses propres pensées. Un putin de sentiment d’allégresse l’envahi, comme si tout était fini, comme s’il avait suffisamment combattu.

Des bruits de pas se rapprochèrent régulièrement, des bottes martelant le sol. Encore une fois d’en bas, il vit Arya qui le regardait plus d’un air ennuyé qu’autre chose. Comment allait se passer la fin ? Brusque ? Douce ? Violente ? Où était la lumière blanche ? Pourquoi sa vie ne repassait pas devant ses yeux ? Charles bougea ses yeux et rencontrèrent ceux de la brune.


- Toi mon gars, t’es dans un paquet plein de problèmes maintenant.

La dernière chose qu’il vit fut la semelle d'une botte s’écrasant sur son visage, lui assenant un coup qui l’assomma.

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Mauvais endroit, mauvais moment [Charles]

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