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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ]

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptySam 4 Juil - 16:42

Piotr s’était détourné de ses habituelles tournées dans la ville, il avait vraiment envie de découvrir de nouveaux horizons, et il avait entendu dire depuis quelques temps que des mutants seraient souvent dans le coin, cherchant à vouloir découvrir un endroit ou ils pourraient vivre en paix. En paix ? Même en étant loin de l’opération le blond ne pouvait pas imaginer une seule seconde qu’il pourrait vivre normalement, ne plus se soucier qu’il avait une ribambelle de personnes qui devaient certainement le rechercher depuis des mois, depuis sa disparition du centre en réalité. Le jeune homme avait quitté très tôt sa chambre pour essayer d’arriver dans la zone industrielle sans risquer de se faire apercevoir par les policiers qui patrouillaient sur la zone qui séparait son immeuble de là où il désirait se rendre. Depuis les dernières semaines il avait réussi à grandement augmenter ses connaissances sur les procédés de l’opération, lui qui au début cherchait plus qu’autre chose à oublier tout cela avait fini par se dire qu’au final, il valait des fois mieux chercher un peu plus loin. Avec les semaines qui étaient passées après son évasion du centre, le blond avait tenté d’oublier l’endroit ou il se trouvait, il voulait juste une chose, à savoir être en paix et ne pas avoir à supporter tous les souvenirs douloureux qui revenaient souvent à la surface, mais c’était sans compter son mental. Pendant des mois il avait été tout simplement incapable de fermer l’œil de la nuit, dès qu’il dormait, les pensées qu’il refoulait sans cesse l’agressaient et refusaient de lui laisser le moindre répits. Piotr était éreinté, pendant plusieurs longues nuits, il finissait par s’asseoir sur le rebord de sa fenêtre pour observer la vie dans la rue, la rue qui ne dormait jamais elle. C’était des plaisirs simples mais dont on profitait après une vie aussi dure que celle que le blond avait eut. Ne jamais voir le temps passer, le soleil, ne pas sentir la caresse du vent sur son visage, des choses très simples mais que lui n’avait jamais eut la chance de connaître. Une fois dehors il avait donc très simplement décidé de vivre normalement, en profitant de tous les moments comme ça, de voir un animal s’amuser, les enfants de la voisine qui se chamaillaient sans se soucier des autres, des tas de choses qui avaient le don d’énerver les gens ‘normaux’, mais qui lui, l’émerveillaient. Avec le temps, il avait finit par avoir la simple réputation d’être un rêveur peut-être un peu simplet, mais il s’en moquait, tout ce qui importait c’était de vivre, et il n’allait pas s’en priver !

Le blond avait enfilé son éternelle casquette, ses habits récupérés dans les surplus de l’armée, à savoir un vieux pantalon plus abîmé qu’autre chose et nettement trop grand pour lui, un tee-shirt tâché des couleurs des militaires, et une veste assez épaisse pour contenir son pouvoir. Et puis il fallait l’avouer, assez foncée pour ne pas risquer de voir la couleur de son tatouage traverser comme ça arrivait des fois lorsqu’il avait eut la stupide idée de mettre la veste blanche offerte par sa propriétaire qui semblait prise de sympathie pour lui. Maintenant il faisait plus que jamais attention à ce détail, beaucoup de personnes connaissaient l’existence de ce tatouage, et le faire voir ne signifierait rien de bon pour lui, loin de là ! Le russe était descendu de son appartement avant que le soleil ne se lève, puis il avait filé en direction des quartiers situés plus proches de la zone industrielle. Après avoir croisé quelques personnes aux intentions peu louables qui s’adressèrent à lui pour essayer de l’arrêter, le blond arriva au pas de course en direction de la zone industrielle. Au loin il voyait se dresser la silhouette familière de l’usine en construction qu’il voyait en ouvrant sa fenêtre de derrière, rien de très élégant, mais ça lui donnait l’impression de voir une partie de ce qui servait de lieu de vie à des gens comme lui. Plusieurs fois Piotr s’était demandé s’il ne devait pas plutôt essayer de se rendre là-bas pour y vivre, il s’était déjà fait avoir plusieurs fois en habitant dans un appartement, et les policiers avaient débarqués dans son immeuble pour essayer de l’interpeller, mais heureusement pour lui, à chaque fois les habitants de son immeuble avaient tous quelque chose à se reprocher, de moins grave qu’un gène mutant, mais ils avaient réussi à ralentir les autorités, permettant au blond de s’enfuir avant d’être attrapé. A cette pensée, le doux visage de la jeune Annabella qu’il avait rencontré, et qui elle aussi était évadée de la base, lui revint à l’esprit, il n’avait plus de nouvelles d’elle depuis très longtemps et craignait qu’elle ne soit morte, ou pire, rattrapée. Oui c’était une chose pire pour lui, il ne voulait même pas imaginer sa vie si un jour il devait rentrer à la base.

Le jeune homme se dirigea rapidement à travers les grillages qui bouchaient normalement l’entrée du chantier, puis il commença à visiter les lieux en marchant sans faire aucun bruit, sa casquette bien enfoncée sur sa tête et lui bloquant une partie de la vue, mais lui dissimulant aussi bien son visage. Le blond se demandait s’il allait réussir à trouver quelqu’un qui pourrait l’aider, lorsque soudain, il entendit des bruits de pas précipités qui semblaient venir dans sa direction, du moins vers la zone ou il se trouvait. Piotr s’immobilisa et jeta un rapide coup d’œil aux alentours pour essayer de voir quelque chose, en vain le soleil se levait à peine et il n’était pas très bon observateur dans ces cas, ses yeux étant encore mal habitués à voir de telles étendues après avoir été sommés de seulement voir les miroirs d’une chambre de 2 mètres sur 3 pendant des années. Mais ses oreilles étaient plus exercées, et après s’être légèrement mis dans l’ombre, le blond vit apparaître une silhouette qui courait devant lui. Plaqué contre un pan de mur qui avait été construit, le jeune homme était invisible, mais lorsqu’il vit la silhouette s’arrêter, et entendit le souffle inquiet qu’elle dégageait, il comprit tout de suite que cette personne était en fuite. Un mutant ? Peut-être, c’était possible, et cette idée se conforta lorsque le mutant entendit des cris d’hommes derrière, certainement des policiers, est-ce que cette personne s’abritait ici et avait été coursée ? Possible, en tout cas il ne pouvait pas rester comme ça à ne rien faire. Voyant que la personne regardait autour d’elle en cherchant ou fuir, il glisse la sorte de gant intégré à sa manche autour de sa main, et s’avança rapidement pour attraper la silhouette et la tirer sans trop de douceur en arrière avant de la placer à coté de lui contre le pan de mur dans l’ombre. Le blond plaqua sa main gantée sur la bouche de la silhouette, au moins comme ça elle ne sentirait pas le froid qu’il dégageait, puis il s’adressa rapidement à elle d’une voix très basse.


« Chut, ne bougez pas ! Taisez-vous ! »

Piotr tourna la tête de l’autre coté pour voir des silhouettes arriver juste à l’endroit ou était la personne avant. Retenant son souffle, il attendit de les voir s’éloigner avant de finalement lâcher un soupire de soulagement, puis de se retourner en direction de l’inconnu à ses cotés, il ignorait parfaitement si c’était un homme ou une femme d’ailleurs, et il retira sa main de la bouche pour permettre à l’autre de parler. Le soleil se levait de plus en plus vite, dans une dizaine de minutes il ferait complètement jour ici, c’était ça l’avantage du Nevada, le soleil se levait très rapidement. Avec un air d’excuse, le blond reprit la parole.

« Pardon de la brutalité, mais vous aviez l’air d’avoir besoin d’aide alors je me suis permis de vous aider. J’espère que j’ai bien fais ? »

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptySam 4 Juil - 18:18

    Le stress, la panique, la peur. Aelys n'y était-elle pas habituée? Ne vivait-elle pas dans cette tourmente depuis plusieurs jours maintenant? Si. Elle n'y était pourtant pas immunisée. A chaque fois qu'elle pensait être au maximum de l'acceptable, le destin lui prouvait que ce n'était pas vrai. Ainsi, au début, la peur était simplement provoquée par un bruit suspect, par un regard trop appuyé. Aussitôt, la jeune adulte paniquait, arrêtait ce qu'elle faisait et partait le plus loin possible. Ce n'était certes pas la meilleur manière d'éviter d'attirer l'attention, mais ça marchait. Quand elle fuyait, elle s'arrangeait alors pour être silencieuse, invisible. Pour se fondre dans la masse, pour se faire oublier. En quelques jours, la jeune avait fait de gros progrès. Elle avait arrêté de s'émerveiller devant un rien, de regarder tout avec des grands yeux. On ne s'étonnait pas, normalement, devant une glace, ou devant un jouet pleins de lumière. Aelys se faisait donc toujours remarquer quand elle agissait ainsi, et elle apprenait à oublier toutes ces choses nouvelles. La peur revêtait, maintenant, tant d'autres manteaux : une ruelle sombre, un cul de sac, un magasin trop peu rempli …. Il existait tant de moyens de la retrouver, tant de moyen de la coincer. L'idée même la faisait paniquer.
    Car si on la rattrapait, on la renverrait au Centre. On ne l'accueillerait pas avec des roses et un tapis rouge. Les expériences reprendraient, les tortures … Un bref gémissement naquit d'entre ses lèvres, à cette idée, et on tourna le regard vers elle. Avec courage, elle sourit, comme pour se faire oublier. Et comme d'habitude, cela suffit. Les gens ne s'intéressent pas trop aux autres, tant qu'on ne les y oblige pas. Et, Dieu merci!, on n'offrait pas encore de primes pour récupérer ceux du Centre qui s'étaient évadés. Bien sûr, on ne dirait pas qu'on voulait retrouver des jeunes pour recommencer des expériences sur eux, non. On ferait croire qu'ils sortaient de prison, ou quelque chose du genre, et bien sur les gens y croiraient. C'était si simple de supposer que l'Etat, que les gens importants disaient vrais.

    Ainsi, c'était un jours comme un autre. Ou plutôt, une aube comme une autre. La nuit était encore presque pleine, et elle marchait silencieusement, longeant les murs et s'arrangeant pour être sur les rues les plus occupées. Parfois, elle s'arrêtait devant un magasin, semblait regarder et juger ce qui était proposé dans la vitrine. Avec un air nonchalant – et pourtant les yeux brulant de peur – elle recommençait alors à marcher. Pas plus de vingt secondes devant un étalage – apparemment, c'était ça le temps moyen qu'une personne passait devant une devanture -. Pendant presque une heure, Aelys continua sa marche, ses arrêts, ses sourires à moitié dévoilés, et ses reprises. Mais, au bout d'un moment, son ventre se mit à crier famine. Manger? D'accords. Mais où trouver? Le peu d'argent qu'elle avait sût trouver – billets par terre, petits boulots rapidement etc – était déjà parti, et pourtant elle avait fait attention. Deux jours sans manger, déjà. C'était long. Trop, sûrement. Enfin, au lieu de penser à ça, elle devrait plutôt trouver un moyen de se laver. De sa dernière course poursuite, la jeune avait gardé une sacré éraflure sur le genoux, de la terre qui ne daignait pas sortir, et des cheveux sales. Bon sang, oui, elle se sentait sale … mais n'avait pas de moyen pour régler ce problème.

    Avec un soupire, et s'éloignant de tout ces magasins qui la tentaient bien trop par ces odeurs alléchantes, elle se mit à dériver dans de plus petites rues. Tout était si sombre, mais la jeune s'obligea à ne pas paniquer. Cela ne mènerait à rien. Si ce n'est à la faire détaler, à la voir se perdre dans le dédale, et elle serait en pire état qu'auparavant. Parce que, il ne fallait pas s'en douter, dans des rues noires elle trébuchait souvent, et tombait une fois sur trois. Même si entendre le son des pas de ses poursuivants lui donnait des ailes, elle n'était guère plus avancée. Et une image naquit devant ses yeux, et elle se figea. Elle se voyait détaler, détaler vite, se perdre dans ces rues, et finit déboucher sur ...

    Malheureusement pour elle, une ombre naquit dans son dos. Une ombre qui bougeait, une ombre qui la suivait. Une ombre qui faisait du bruit. Quelle heure pouvait-il être? Était-ce un travailleur qui se rendait à son bureau? Allait-elle vers des bureaux? Bon sang, c'était bien trop de questions, et elle ne pouvait y donner aucunes réponses. Juste ce foutue sentiment d'être surveillée, d'être épiée et suivie. Aussitôt, elle détalla.
    Ce n'était pas la bonne chose à faire. Une personne calme se fait oublier, une personne qui fuit attire l'attention. Et aussitôt, celui qui était derrière elle s'élança. A peine quelques mètres, et ses poumons hurlaient. Bon sang, elle allait finir par claquer, à courir comme ça! Elle n'était pas habituée, et pitié, il fallait qu'elle s'arrête … mais bien sur, elle ne pouvait pas. Comme Aelys l'avait prévu, elle se perdit. Par moment, elle s'arrêtait, la peur la paralysant. Elle se blottissait dans l'ombre, dans le noir, et attendait que la personne la dépasse, pour filer dans l'autre sens .. bien sûr, il finissait toujours par se rapprocher. Un moment même, elle l'entendit murmurer, d'une voix haletante et sûrement dans un talki :

    « Suspect repéré. En fuite dans les rues proche d'Aecha, vers la zone industrielle. Demande renfort, demande renfort avant le lever du jour! »

    C'est ainsi qu'elle déboula près de Piotr, sans même le savoir. La peur refluait dans ses veines, en vagues douloureuses. Ça faisait si mal … l'adrénaline brûlait aussi dans son sang, dans ses jambes. La douleur se faisait intense, et elle était sûre que cette fois-ci, elle allait se faire avoir. Elle ne pouvait fuir indéfiniment, et ils étaient trop. Depuis combien de temps courrait-elle, déjà? Aelys était sûre que ça faisait des heures … et en réalité il n'y avait même pas cinq minutes. Dix, si on comptait les multiples arrêts, les fois où elle arrivait à se cacher, à les semer un peu.
    Aux abois, elle tourna la tête, virevolta, cherchait un endroit où se terrer. Bon sang, elle avait pourtant du choix, ici dans ces grands immeubles! Et pourquoi ces foutues visions ne marchaient-elles que quand elle n'en avait pas besoin?!
    Mais avant qu'elle ne puisse se décider, on l'attrapa. Dans un réflexe inné, Aelys manqua d'hurler. Mais elle était déjà contre un mur, une main gantée l'empêchant d'émettre le moindres bruit. Ce qui était bien, en fait : si son sauveur ne l'avait fait, elle se serait au moins faite repérer par le son de sa respiration bruyante, presque asthmatique. Il lui somma de se taire, comme habitué à de tels actions. Et elle, elle paniquait d'autant plus – même si, pour l'instant, un vague de gratitude montait dans son cœur pour celui qui venait de lui sauver la vie -. La solitude était son fardeau depuis si longtemps qu'elle ne pouvait concevoir qu'on pouvait l'aider.

    Mais, aussi incroyable que cela pût paraître, ils s'éloignèrent. Elle entendit leurs pas, et elle se détendit au fur et à mesure qu'ils disparaissaient. Pour un peu, et la jeune échappée se serait mise à pleurer de joie. Bon sang, ce n'était pas pour aujourd'hui! Encore un peu de répit pour elle. Mais le soupire de l'inconnu la refit paniquer – pour un peu, elle l'avait oublié -. Qui était-il? Gentil, méchant? Non, le deuxième cas était impensable : il venait de la sauver … et puis, pourquoi imaginait-elle instinctivement que c'était un garçon? Ça pouvait tout aussi bien être une femme. Non. La voix était masculine, elle s'en souvenait maintenant. Doucement, il retira sa main, et elle recula d'un pas instinctivement. Mais il reprit la parole, presque désolé.

    Silencieuse, elle acquiesça, avant de réfléchir. Il ne pouvait la voir. Il faisait nuit. Chassant les larmes qui naissaient – trop d'émotions d'un coup -, elle répondit d'une voix un peu fragile, un peu fluette.

      « Je … Ce n'est pas grave. Merci. »


    Le soleil éclairerait bientôt la scène, et elle saurait rapidement à qui elle avait à faire. Se bornant à croire qu'il était gentil – pourquoi l'aurait-il sauvé sinon? -, elle reprit la parole.
      « Désolée. Je ne voulais pas vous attirer d'ennuis, et si j'avais sût où aller … »

    Secouant la tête, laissant ses cheveux auréoler doucement son visage dans la mi lumière, elle soupira doucement. Non. Elle se serait quand même arrêté. Son corps n'aurait pût continuer à courir, Aelys devait s'arrêter sous peine de claquer là, sur une foutue rue, entre des foutues immeubles. Tout ça à cause d'une foutue organisation.

    Puis, intriguée maintenant que le soleil commençait à frapper de ses pales rayons le sol, elle laissa son regard remonter vers son interlocuteur. Un garçon, blond, l'air musclé mais pas trop, avec un regard un peu voilé. Instinctivement encore, elle se recula. Trop près de lui, trop frêle, trop rattrapable.
    Cette fois-ci, elle secoua la tête, mais pour cacher son regard. Comme un réflexe inné maintenant. Et puis, comme ça, il ne verrait pas l'air effarouché et affolé qui se trahissait dans ses yeux.

      « Merci, merci encore … »



[Ça fait pas super avancer :s]

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptySam 4 Juil - 21:19

Le jeune homme s’était presque attendu à se faire planté en lâchant la personne qu’il venait d’aider, combien de fois est-ce qu’il avait essayé d’aider des gens, et ceux-là l’avaient remercié en lui signifiant clairement la prochaine fois qu’il posait la main sur eux se serait la dernière fois qu’il toucherait quelque chose ? Dans ces quartiers, rien n’était sûr, c’était bien pour ça que le blond était venu vivre ici, même les policiers n’osaient pas y venir, enfin en temps normal ! Là c’était la première fois qu’il voyait des autorités courser une personne, et qui était cette personne d’ailleurs ? Une personne qui s’était attirée des ennuis ? Peut-être tout simplement un gamin qui avait fugué de chez lui ? Dans tous les cas le blond ne regretterait jamais d’avoir aidé cette personne, quelqu’un qui fuyait devant des gens avait le don de lui attirer une sympathie immédiate, certainement que sa condition de mutant le poussait à se montrer aussi aimable envers les gens qui partageaient le même sort que lui ? Sans aucun doute, mais peu importait, même si cette personne avait quelque chose à se reprocher, la poursuivre de la sorte n’aidait en rien les choses ! Soudain la personne répondit, c’était une voix de femme, ou alors de jeune fille encore dans l’adolescence, en tout cas il était sûr, c’était une personne du sexe féminin, bien que ça ne changeait strictement rien à ses yeux. Elle le remerciait en disant que ce n’était pas grave, puis le silence retomba, une conversation d’aveugle qui ne laissait que la place à l’imagination. Pourquoi cette fille fuyait devant les autorités ? Difficile de savoir, mais après une petite pause, elle reprit la parole en étant désolée, et en disant qu’elle ne voulait pas attirer d’ennuis mais qu’elle ne savait pas ou aller. Cette phrase marqua Piotr qui resta un moment interdit. Elle ne savait pas ? Comment ça se faisait ? Peut-être une fugueuse qui avait fui de chez elle sur un coup de tête ? Il ressentait une étrange gêne, habituellement ces mots sortaient de sa bouche à lui. Mais il préféra ne pas y songer, et répondit brièvement.

« Mais ne soyez pas désolée, je ne vous aurais pas aidée si j’avais eu peur des ennuis. Et qu’est-ce que vous voulez dire par, vous ne savez pas ou aller ? Est-ce que vous êtes perdue ? Je peux vous aider si jamais c’était le cas, je connais bien le quartier, et la ville en général aussi. »

Mais voilà que le soleil commençait à monter de plus en plus, et Piotr tourna la tête vers l’est pour voir la lueur magnifique du soleil qui se répandait sur le sable du désert non loin de la ville, comme si elle était en train de lui donner sa couleur sablée. C’était un spectacle que le jeune homme ne se lassait jamais de regarder, il aimait bien se lever avant l’aube pour avoir le plaisir de voir une telle beauté qui lui avait été refusée durant des années, durant sa vie à la base de l’opération tout simplement. Avec la lumière naissante du soleil, le jeune homme estima qu’il pourrait enfin voir à quoi ressemblait son interlocutrice, non pas que c’était un besoin urgent pour lui et qu’il devait absolument voir le visage de la personne avec qui il parlait, mais à défaut d’avoir vu les mêmes têtes pendant quatorze longues années, il voulait profiter de toute la diversité des visages que les gens pouvaient avoir. Son regard vairon se posa sur le visage agréable d’une jeune femme, encerclé de cheveux blonds en bataille. Mais Piotr fut un instant choqué par l’expression qu’elle affichait, de plus, elle avait le visage légèrement sale, les cheveux emmêlés et desséchés comme si elle venait de se rouler dans le sable pendant des heures. Il ne vit ça qu’en la voyant reculer soudain, comme si le fait qu’elle s’écarte de lui venait d’éveiller son instinct de protection à lui, et par conséquent essayer d’analyser le plus rapidement l’ennemi. Mais une chose était sûre, il n’était pas celui qui devait être inquiet ici, vu le geste de la jeune inconnue pour détourner son regard du sien, elle devait le craindre plus que lui. Troublé, le blond constata qu’elle agissait exactement comme lui lorsqu’il voulait éviter de rencontrer le regard inquisiteur d’une personne qui cherchait à connaître le fond de se pensée en le regardant dans les yeux. Un hasard ? Peut-être. Peut-être pas. La jeune fille remercie encore le blond, mais elle dégageait quelque chose qu’il ne pouvait pas encore identifier mais qui lui était plus que familier, comme s’il le voyait souvent. Après un petit moment silencieux, le jeune homme finit par inspirer légèrement puis reprit la parole.

« Pas la peine de me remercier, j’ai fais ce que n’importe qui aurait fait… Est-ce que vous allez bien mademoiselle ? »

Normalement ce genre de question ne se posait pas aux inconnues, mais il venait de ressentir comme une vague inquiétude en voyant la manière dont elle agissait, la jeune femme devait visiblement le craindre, bien qu’il venait de lui sauver la mise. Respectant son inquiétude, le blond recula légèrement avant de laisser ses bras le long de son corps, il ne voulait pas qu’elle craigne qu’il l’attaque ou quelque chose de ce genre s’il mettait ses mains dans ses poches. D’autant plus que, stupide qu’il était, il avait précisé qu’il connaissait la ville, et surtout ce coin, ce qui signifiait tout bêtement qu’il devait vivre ici, et la réputation de ce coin n’était pas spécialement agréable étant donné que seuls les vauriens y vivaient. Mais elle avait l’air étrangement perdue, son visage regardait vers le bas, mais il voyait bien l’état dans lequel elle se trouvait. Ses vêtements étaient sales, elle ne portait pas une tenue normale, c’était une espèce d’habillement qu’on ne voyait pas tous les jours, mais pourtant elle avait l’air de l’avoir depuis longtemps vu l’état dans lequel elle était. En tout cas vu la saleté qu’elle transportait sur elle, la pauvre jeune femme devait traîner dans la rue depuis un bon moment. Le jeune homme resta un moment silence, puis estimant que de toute manière il n’avait aucune chance d’avancer en restant comme ça à la regarder, il reprit la parole une nouvelle fois. Il voulait essayer de lui montrer qu’il n’était pas dangereux pour elle, et quelle était la meilleure chose pour ça que de se présenter et de donner quelque chose de personnel à savoir son prénom ?

« Enfin, je me présente quand même, je m’appelle Piotr, et vous ? »

Le blond resta à la fixer, elle n’avait pas l’air à l’aise, et à éviter son regard de la sorte, il en revenait toujours à son impression de connaître cette attitude, puis soudain la lumière se fit dans son esprit, bien sûr qu’il connaissait son attitude ! Lui-même agissait comme ça ! Est-ce que cette fille avait aussi quelque chose à se reprocher ? Es-ce qu’elle était aussi comme lui, une mutante ? Peut-être avait-elle était coursée depuis plusieurs jours dans la ville, avait fini par se perdre et ne trouvait plus comment rentrer chez elle ? C’était fort probable, en tous les cas, il pensait qu’elle présentant une crainte qui ressemblait plus que tout à celle qu’il avait éprouvé en arrivant ici pour la première fois. Le jeune homme la fixait à présent dans les yeux. Mais soudain des bruits se firent entendre une nouvelle fois au loin, et Piotr détourna la tête de sa contemplation de la jeune fille pour le diriger en direction des bruits. Au loin on voyait de fines silhouettes s’agiter, elles revenaient vers eux, mais vu la distance à laquelle elles étaient, ils mettraient bien 5 minutes avant de revenir ici, juste le temps pour le blond de pouvoir mettre ce qu’il avait en tête en action. Il voulait bien aider une nouvelle fois la jeune femme, mais elle devait répondre à une question très importante avant. Si jamais elle laissait entendre qu’elle n’était qu’une humaine, il serait trop dangereux pour elle de suivre le blond, même s’il savait ou se cacher en les voyant ensemble elle risquait gros pour être avec un mutant. Mais si elle se trouvait être une mutante, ça changeait la donne, et là il l’aiderait du mieux qu’il pourrait. Le blond afficha une expression contrariée puis soudain nettement plus rassurée au fil de ses pensées, et il se tourna vers la jeune blonde pour poser ses yeux sur son visage avant de reprendre la parole d’un ton sérieux.


« Écoutez mademoiselle, je ne sais pas pourquoi ces hommes vous pourchassent, je ne sais pas si vous avez une bonne raison de vous enfuir, mais une chose est sûre, je connais ça, et je suis prêt à vous aider. Mais il ne faudra pas me mentir, surtout pas ! Sinon ça risquerait de mal tourner pour nous deux, entendu ? Bon, je sais que c’est brutal de vous demander ça, mais est-ce que vous êtes humaine ? Si oui, mieux vaudrait que vous ne restiez pas avec moi. Si non… Faites-moi confiance et laissez-moi vous guider simplement, je vous emmènerais quelque part ou vous serez en sécurité. Alors ? »

Si elle était mutante, le blond lui attraperait juste la main sans plus de cérémonie et l’entraînerait avec lui vers là ou il vivait, c’était le coin le plus calme du quartier, et si son idée était la bonne, à savoir que cette fille devait avoir un passé à peu près semblable au sien, il ferait comme il avait fait avec Annabella, il proposerait à cette fille de pouvoir se restaurer et éventuellement se laver car elle avait besoin d’un bon décrassage. De toute manière, il en avait les moyens, il vivait dans un endroit miteux, mais au moins il pouvait se vanter d’avoir l’eau courante et à manger, même s’il ne se servait pas souvent du dernier point.

[ HP : Si c’est bon, tu ne pouvais pas dire grand chose. Sinon à toi de voir si dans ton post tu veux avancer pour dire que je t’emmène vers les immeubles ou si tu me laisse le faire, comme tu veux ! ]

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptySam 4 Juil - 22:39

    La lueur du soleil n'éclairait pas encore assez la scène pour qu'Aelys puisse le détailler complètement. Qu'importe, de toute façon! Ce n'était pas important, même si elle était toujours curieuse de pouvoir poser un visage sur ceux à qui elle parlait. D'autant plus depuis qu'elle était sortie de cet enfer, où elle voyait toujours les mêmes personnes, toujours les mêmes têtes, toujours les mêmes regard – froids, distants, qui ne semblaient rien ressentir face à ces enfants qu'ils testaient, qu'ils torturaient - … c'était comme une renaissance. Tout si neuf, tout si nouveau. Tout si fort. Une renaissance agréable, pour elle qui avait été si longtemps privée de tout ses sens, qui n'avait eût la chance de pouvoir profiter des couleurs, des odeurs, des sensations de la vie. Ainsi, alors même que le soleil n'était pas encore réellement visible, elle s'appliquait à le détailler. Mais toujours de biais. Ne pas tenter le Diable, ne pas fixer, ne pas paraître trop intéressée … tant qu'elle ne serait pas sûre de ce qu'il était, au moins. Là, peut-être se laisserait-elle aller. Enfin, se laisser aller été une grande expression. Cela reviendrait à dire arrêter de sursauter à chaque fois qu'on tendait une main vers elle. Peut-être même réussirait-elle à sourire de façon réellement détendue … cette idée afficha sur son minois un air rêveur, pendant une seconde. Juste le temps qu'il fallut à son interlocuteur pour qu'il reprenne la parole.

    Comment n'avait-elle pas remarqué le fort accent de l'homme? C'était pourtant clair qu'il venait d'un autre pays. Mais où? Sa connaissance des pays, des cultures, des langues étaient vagues – pour ne pas dire la vérité, soit que ses connaissances étaient nulles -, et elle ne pouvait du coup dire d'où il venait. Mais c'était un accent qui lui plaisait, aux rythmes qu'elle aimait. Étrange? Sans doute.
    Quand elle comprit ses paroles, la jeune adulte eût un rire. Mais pas de ces rires de joies, non. Il était plutôt fade, jaune. Être perdue? Si ce n'était que ça .. elle n'aurait qu'à arrêter quelqu'un, qu'à demander son chemin. Là, Aelys ne pouvait pas. Pour retourner où? Au Centre? C'était inconcevable. Autant mourir, presque, que d'y retourner. Donc non. Elle n'était pas perdue. C'était pire que ça. A la dérive. Et pourquoi s'y intéressait-il? Et pourquoi se posait-elle autant de question, alors même qu'il n'en posait pas autant? Sa voix reprit, plus basse, plus faible, alors qu'elle murmurait.

    « Ça, vous pouvez le dire …. »
    Ou comment répondre de façon totalement incompréhensible à une question.

    Aux paroles qu'il eût après, Aelys eût un sourire un peu ironique. Un peu lointain. Non, tous n'auraient pas fait ainsi. Si elle était tombée sur quelqu'un du Centre, la jeune était sûre qu'elle se serait faite repérée. Et cette personne ne l'aurait pas laissé partir aussi facilement. Il ne fallait pas rêver, non plus. Cependant, elle acquiesça. Faire contre mauvaise fortune bon cœur. La mutante ne s'était pas faite attrapée, et c'était déjà ça.

    Enfin, le soleil daigna darder ses rayons sur la scène, et son regard s'accrocha un peu plus à lui, et elle aperçut ses yeux vairons. Aelys ne pût repousser une vague de curiosité, face à ce qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Mais bien vite – alors même que leurs regards se rencontraient – elle éloigna le sien. Ne pas trop en montrer. Et puis, si une de ces visions se décidait à apparaître, il le verrait moins. Un peu. Et elle se recula.
    Bien décidée à ne pas reprendre la parole la première, elle cloua ses lèvres, s'intéressant d'une façon peu naturelle à un des murs, qui n'avait rien de spécial. C'était toujours mieux que de croiser des yeux qui pourraient se révéler inquisiteur, qui oseraient la forcer à révéler ses secrets. Sa réalité. Sa particularité. Une nouveau frisson naquit dans le creux de ses reins, et remonta le long de son dos. Dans un geste purement instinctif, elle remonta ses bras et les croisa sur sa poitrine. Comme si elle pouvait se protéger ainsi …. naïveté, quand tu nous tiens!

    Quand il reprit la parole, Aelys releva la tête, le fixant soudainement, intriguée et incrédule. Donner son prénom, c'était un acte important. Le genre d'acte qui ne se faisait pas à la légère. Le genre d'information personnel qui, dans le cas du Russe, pouvait vous ramener illico dans des lieux malfamés – comprenez, pour la jeune adulte, au Centre ou un équivalent -. Aussi, il réussit en parti son but, et elle ne put s'empêcher de sourire. C'était maigre, mais déjà ça.

    « Enchantée … Aelys. »
    Piotr avait sûrement réussit le plus dur : attirer l'attention et presque la sympathie de la mutante. Qui aurait pût croire que si peu de temps après être sortie de l'Enfer elle se retrouverait à parler presque calmement avec quelqu'un? Presque, puisqu'elle n'était pas encore tout à fait à l'aise. A regarder un peu sur le côté, à éviter ces yeux vairons par moments, à garder ses bras croisés sur sa poitrine … c'était plus rassurant d'agir comme d'habitude. Mais il réussit encore une fois à captiver son regard, et elle se perdit pendant quelques secondes dans la contemplation de deux pupilles de couleurs différentes. C'était joli. Rare, sûrement.

    Des bruits au loin brisèrent l'instant de calme. Elle fît un mouvement, et frémit aussitôt. Bon sang, son corps protestait, ne voulait reprendre sa course, sa fuite. Mais Aelys ne tenait, pour l'instant, qu'à regarder le danger approcher. Car c'était ça, sans nul doute. Les poursuivants, qui s'étaient aperçus que ce n'était plus une simple ruse de sa part.
    Quand ses yeux accrochèrent la silhouette de ceux-ci, elle ne pût s'empêcher de gémir. Un léger gémissement, à peine audible. La vie serait-elle toujours ainsi? Fuite, fuite, fuite encore? Mais elle n'eût le temps de penser plus, puisqu'elle se figeait brutalement, observant quelque chose que lui ne pouvait pas voir.




    Ils courraient. Ils revenaient sur leurs pas. Et croyez -moi, les policiers n'étaient pas contents de s'être fait berner. Laisser filer une proie si facile était sûrement une honte sur eux. Ils courraient, ils filaient, et s'approchaient de là où étaient les deux jeunes. Enfin … où ils n'étaient plus, apparemment. Quand les représentants de l'ordre passèrent le batiment, ils n'y virent ni Piotr, ni Aelys. Et ils continuèrent, droit devant eux …



    Un deuxième gémissement franchit ses lèvres, mais il était plus joyeux que le précédent. Plus empreints d'espoir. La solution était là, toute proche. Ainsi, elle se retourna, anxieuse mais paradoxalement plus calme. Tout irait bien. Alors qu'elle s'apprêtait presque à reprendre la parole, il la coupa dans son élan. Tant mieux : Aelys n'aimait pas parler. Enfin … Non. Elle n'aimait pas parler plus que ça.
    Et au fur et à mesure qu'il parlait, elle devenait sérieuse. Ses yeux brillaient, d'une lueur étrange, alors qu'elle le jaugeait. Pouvait-elle lui faire confiance? Une petite voix lui chuchotait que oui. Et puis, que risquait-elle? N'était-elle pas au plus bas? Si. Surement. Et puis, Piotr semblait être mutant, lui aussi. Au vu des questions qu'il posait. Au vu de ses réactions. Avait-il vécu le même genre d'histoire? La question la titillait. Aelys ne savait pas si elle était la seule à avoir eût la chance de s'échapper. Elle ne savait pas si il existait des compères. Des gens comme elle. Sûrement, oui : elle ne pouvait être une exception, et depuis le temps où elle vivait au Centre, d'autres avaient dût réussir à percer les défenses de l'endroit.
    Son minois se pencha comme un chiot, légèrement, au fur et à mesure qu'elle réfléchissait. Sa vision venait-elle de là? Si elle répondait oui, allait-il l'emmener? Question idiote. Il avait dit oui. Enfin, il avait parlé de sécurité. Ce mot déclencha enfin une réaction chez la mutante. Mais d'abords une réaction amusée, un peu ironique.

    « Tout le monde est humain, n'est-ce pas? Vous, comme moi .. »
    Un sourire tout aussi amusé, un peu moins timide, s'élargit sur son visage.
    « Disons que … Non. Pas humaine au sens où vous l'entendez. »
    Assez étonnée de s'être livrée – et s'il était avec la police, et si ce n'était que ruse pour l'attirer et vérifier qu'elle était bien mutante?! -, Aelys se figea de nouveau. Mais aucun voile ne vint obscurcir ses yeux, et le futur resta le même. Gravé dans la roche. Un léger souffle passa ses lèvres.

    Sans cérémonie, il s'avança, et lui attrapa la main. Réflexe inné, elle se tendit une nouvelle fois, trop peu habituée à tout ces contacts. Mais puisqu'il avançait, elle se mit à le suivre. Pas question de le perdre. Il était sa porte de sortie de cet enfer, et elle le savait instinctivement. Même si ce n'était qu'une heure, deux heures de répits, ce serait toujours ça de prit. Aelys se détendit aussitôt, encore une fois, et le suivit. Aucune idée d'où ils allaient, même si au loin, derrière les bâtiments se dressaient la silhouette d'immeuble.

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyDim 5 Juil - 11:01

Piotr était très patient en attendant les paroles de la jeune femme, elle avait l’air d’agir comme une jeune fille perdue, mais pas obligatoirement perdue dans la ville, comme si elle ne savait même pas ou ses pensées allaient la mener. Le blond connaissait exactement cette expression, elle lui rappelait se rencontre avec le mutant hostile, Jared, quelques jours auparavant, il avait été complètement chamboulé que l’homme lui parle de la base, qu’il veuille savoir ou elle se trouvait et ce qu’il s’y passait, vouloir savoir comment s’y rendre, et que le Russe s’était tout simplement rendu compte qu’il était le seul à pouvoir les y mener. Est-ce que cette fille était sortie de la base elle aussi ? Le blond reprit rapidement son analyse sans trop la gêner, difficile à savoir, la tenue qu’elle portait n’était pas la même que lui, mais peut-être les femmes étaient-elles traitées différemment ? Ou simplement venait-elle d’une des autres bases qui existaient ? Piotr ignorait le chiffre exact, il savait juste qu’il n’y en avait pas qu’une seule, les chercheurs en avaient parlé plusieurs fois devant le blond. Finalement la jeune femme coupa court à ses pensées en se présentant, elle s’appelait Aelys, et un léger sourire éclaira son visage, si du moins on pouvait qualifier ça de sourire, c’était plutôt comme si elle n’avait jamais eut l’occasion de le faire avant, ce qui était bien possible si elle était comme lui sur ses origines. La seule chose que les chercheurs n’avaient pas réussi à lui prendre lors de son séjour là-bas, c’était son accent, il avait conservé ce petit pont qui le liait à son ancienne vie, sa mère partie, le pays du froid, comme lui. Est-ce qu’elle avait conservé quelque chose de son coté si elle était bien ce qu’il pensait ? Peut-être bien. Plus il y pensait, plus le blond constatait des similitudes effrayantes entre la manière de se comporter de cette jeune femme et la manière que lui avait de vivre tout de suite après sa sortie de la base. Il avait galéré pour survivre, c’était d’ailleurs plus une survie qu’une vie à l’époque, et maintenant encore. Le blond essaya d’oublier tout ça en hochant la tête, un léger sourire sur les lèvres, il ne fallait pas perdre son temps à penser pour rien, il devait s’occuper de cette jeune femme avant toute chose !

Soudain, Aelys baissa les yeux, elle avait l’air plus perdue que jamais et rappelait un petit animal blessé au blond, encore un point de similitude et en songeant à cela Piotr ne put s’empêcher de froncer légèrement les sourcils, non pas de contrariété pour elle, mais simplement parce qu’il ne voulait pas imaginer qu’elle ait pu vivre les mêmes choses que lui. Avoir le même passé que le blond n’était vraiment pas très agréable, il se souvint encore dans l’état dans lequel il s’était trouvé à sa sortie, ou plutôt son évasion, les bras recouverts d’ecchymoses, de traces de piqûres comme les bras d’un drogué, tout cela juste à cause des perpétuels tests qui étaient effectués sur les mutants cobayes. Non le plus dur n’avait pas été de se soigner physiquement, il avait eut de l’aide pour ça, un vieil homme l’avait recueillit après des jours d’errance solitaire, et il avait pansé les blessures avec soin, ne parlant pas du tatouage qui ornait son épaule et que le blond avait essayé d’effacer en vain. Non, le plus dur, c’était les blessures morales, les insultes quotidiennes, les tortures mentales et l’indifférence qui des fois était encore pire que si l’on s’occupait de vous, la solitude, des tas de blessures mentales qui ne guérissaient jamais. Piotr le savait, combien de fois s’était-il demandé s’il était fou ? Il parlait seul, murmurait pour lui-même lorsqu’on lui posait des questions, se balançait avec les mains sur les oreilles comme les enfants des asiles, et si la pauvre jeune femme avait subit les mêmes choses, il devrait l’aider avant qu’elle ne devienne comme lui. C’était peut-être se surestimer, certainement même, il était incapable de se soigner lui-même, mais peut-être qu’en la plongeant dans une conversation avec une personne, autre qu’un monologue destiné à vous laver le cerveau, peut-être trouverait-elle la force d’aller plus loin que lui ? Il l’espérait vraiment. Quoi qu’il en soit, la jeune fille avait entendu approcher les autorités et finalement elle répondit qu’ils étaient tous humains, et qui fit légèrement sourire le blond, peut-être, il n’y songeait plus. Au final, elle répliqua que non, elle n’était pas humaine comme il l’entendait, et le blond hocha la tête avant de répondre brièvement, il voulait l’aider surtout si ses doutes se confirmaient pas la suite. Le fait qu’elle soit mutante et pourchassée lui suffisait maintenant pour lui venir en aide.


« Bien, ne lâchez pas ma main et ne parlez pas avant que je vous le dise surtout. »

Le jeune homme attrapa alors sa main avant de s’élancer sur ses pas, là où il venait de passer quelques instants avant en se rendant ici sans trop savoir pourquoi. Ils dévalèrent une espèce de petite dune de sable de construction, puis il passa entre les grillages qui bloquaient normalement l’entrée sur le terrain avant de s’arrêter pour attendre Aelys, toujours sans lui lâcher la main, heureusement qu’il avait mis son gant, sinon elle finirait pas trouver louche le fait qu’il ait la main aussi glaciale ! Après être passés ici, les deux jeunes gens coururent rapidement en direction des immeubles plus loin, c’était encore dangereux ici, même si à cette heure de la journée les policiers ne patrouillaient pas encore, une fois dans la zone des immeubles ils seraient tout simplement tranquilles. Après plusieurs minutes de courses, l’arrivée dans les quartiers malfamés leur fut enfin annoncée à l’aide d’une pancarte qui semblait tout droit sortie d’un film apocalyptique, comment est-ce qu’un quartier pouvait être aussi abandonné que ça de sa ville ? A ce moment, Piotr s’arrêta de courir et tourna la tête vers la jeune femme, elle avait l’air épuisée, elle devait avoir courut depuis des heures avant, inutile de la fatiguer plus maintenant qu’ils étaient hors de danger. Il lui avait demandé de ne pas parler, elle serait vite remarquée avec son expression et sa voix apeurée, et soudain le blond s’arrêta complètement pour regarder la jeune fille avec une expression de réflexion. Avec son visage tâché de poussière et ses cheveux en bataille elle attirait trop l’attention, et après un léger soupire, le blond lâcha rapidement la main de la jeune fille pour enlever sa casquette avant de la poser sur la tête de la jeune fille, cachant ainsi une bonne partie de son visage. Avec une expression satisfaite, il reprit la main de Aelys avant de continuer son chemin comme si ne rien n’était. Ici deux jeunes gens qui marchaient tranquillement cote à cote n’avait rien de bizarre, même main dans la main ils pourraient toujours passer pour des membres d’une même famille ou des amoureux, et même si la réputation du blond était très solitaire, tout était possible ! Ainsi, ils arrivèrent après quelques minutes de marche tranquille, qui devaient être un véritable supplice pour la jeune femme, au pied d’un immeuble miteux, en aussi mauvais état que les voisins. Le jeune mutant ne s’arrêta pas, il gravit les marches en tenant toujours la main de la jeune femme certainement paniquée, poussa la porte d’entrée et ils se retrouvèrent dans un petit hall en piteux état, accueillis par une bande de cinq personnes de leur âge. Piotr ne leur porta aucune attention et passa devant eux malgré les insultes et les remarques qu'ils leur lançaient, puis il commença à monter les marches des escaliers sans rien ajouter. La montée fut longue et certainement épuisante pour la jeune femme, mais ils n’avaient pas le choix, et après quelques temps, ils finirent par arriver au dernier étage dans une sorte de petit hall qui donnait sur deux portes. Sans hésiter le blond se tourna vers porte de gauche et sans même avoir déverrouillé la porte, il donna un coup assez fort dans le pas de la porte avec son pied et celle-ci s’ouvrit en grinçant. Rien de très engageant mais vu l’était extérieur de l’immeuble, difficile de s’attendre à mieux que ça dedans ! Les deux jeunes gens entrèrent et le Russe libéra enfin la main de Aelys pour se retourner vers la porte avant de la fermer une nouvelle fois.

« Voilà. »

Une simple constatation, il se retourna pour regarder rapidement autour de lui. La chambrette ne devait pas faire bonne impression à la jeune fille, une simple table de bois avec deux chaises, une table de travail abîmée, une espèce de cuisinière avec un minuscule réfrigérateur juste à coté, un lit de camp avec une couverture mais qui ne semblait pas avoir été utilisé depuis longtemps, et une porte au fond qui donnait sur ce qui servait de salle d’eau. Mais cette pièce possédait un luxe que les chambres des mutants de la base n’auraient jamais eue, une fenêtre qui donnait sur le monde extérieur. Sur la table plusieurs affaires traînaient dans un bazar énorme, et instinctivement le jeune homme s’approcha d’elle pour en retirer quelques feuilles et affaires qu’il glissa dans le tiroir du plan de travail. Les feuilles étaient celles qu’il avait réussi à prendre à la base avant de s’enfuir, et même si la jeune femme venait peut-être aussi de là, mieux valait ne pas trop risquer le coup. Le reste ce n’était que des bandages qui servaient juste à recouvrir le tatouage qu’il portait et que, pour une fois, il n’avait pas recouvert. Le jeune homme n’enleva pas sa veste justement à cause de ça, il avait pensé sortir rapidement et revenir ici, donc que le besoin de recouvrir le tatouage ne se faisait pas urgent, mais maintenant qu’il était ici, il ne pouvait pas enfin se sentir mieux en enlevant cette veste qui l’étouffait. Le jeune homme soupira légèrement, il avait vraiment vie d’aider cette jeune femme mais il devait avant tout lui montrer qu’elle pouvait bien avoir confiance avec elle. La pauvre fille devait être épuisée, et elle aurait certainement besoin de manger et de se laver, mais avant toute chose il faudrait qu’il puisse parler un peu avec elle pour en apprendre un peu sur les raisons de sa poursuite. Piotr tira une des chaises avant de faire signe à la jeune femme de s’asseoir dedans.

« Installez-vous, vous devez être épuisée après cette fuite non ? »

Fuite ? Fuite du terrain jusque là ou fuite de la base jusqu’à la ville ? Il ne laissait pas ses pensées se préciser, et il se contenta de reculer pour qu’elle s’installe comme elle pouvait, certainement plus à l’aise sans lui derrière son dos. Le mutant attrapa une sorte de boite en plastique avant de la poser à coté de la fille, c’était quelque chose que sa voisine lui avait préparé à manger mais il n’en voulait pas, la nourriture était secondaire pour lui et il se contentait de se restaurer lorsqu’il avait besoin de forces, donc pas très souvent. Mais il était sûr que la jeune fille allait apprécier les talents culinaires de sa jeune voisine. Le blond attrapa ensuite l’autre chaise pour la placer à une petite distance de la jeune fille et de s’y asseoir à son tour en regardant autour de lui, sa veste toujours sur son dos, son gant toujours enfilé, puis il reporta son regard vairon sur le visage de la jeune femme qui portait toujours la casquette du mutant sur ses cheveux. Après un petit moment de silence, il se décida finalement à prendre la parole.

« Aelys, vous pouvez vous sentir en sécurité, vous l’avez compris, je suis un mutant, je ne veux pas vous dénoncer, je vous ai aidée pour de bonnes raisons, mais j’aimerais que nous puissions parler un peu. Si vous répondez à quelques questions, vous serez tranquille après, je vous laisserais en paix, vous pourrez vous laver et manger autant que vous voudrez ici. Mais dites-moi simplement, pour commencer, pourquoi ces hommes vous poursuivaient ? Pas seulement parce que vous êtes une mutante… Non ? »

Il lui tendait la perche pour la sortir de l’eau et lui éviter de se noyer, mais est-ce qu’elle accepterait cette aide, ou préfèrerait-elle le repousser et se laisser mourir ? Il ne pouvait pas choisir pour elle, juste attendre en espérant qu’elle prenne la bonne décision.

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyDim 5 Juil - 13:11

    Jamais Aelys n'aurait cru que dire la vérité pouvait autant détendre. Comme si un poids s'élevait de ses épaules, elle soupira doucement. Piotr la croyait, il ne déguerpissait pas. Il ne laissait pas aux mains des policiers. Jamais elle n'avait osé, pendant ces quelques jours de cavale, avouer cette particularité, sûre et certaine que cela ne lui attirerait que du malheur. Et là, alors que la vérité s'éclairait doucement, il ne s'en allait pas, rien de mauvais ne semblait lui arriver. Elle manqua encore une fois d'en pleurer de soulagement, mais repoussa farouchement les larmes qui brillaient. Pas question de céder. Pas question de trop se montrer.
    Non. De toute façon, ils ne semblaient pas avoir le temps. Le blond lui intima de se taire, de ne pas le lâcher. Bien sur. Son air était sûrement déjà assez paniqué, sa voix vacillerait sûrement, et si elle le lâchait elle allait le perdre. Inconcevable. Errer une nouvelle fois dans les rues, éviter celles qui étaient trop sombre, paniquer au moindres bruit … un grand frisson la prit, et elle resserra machinalement ses fins doigts autour de ceux de Piotr. Non, non, elle ne le lâcherait pas, elle ne le laisserait pas disparaître. Un rapide coup d'œil derrière elle, et Aelys se laissait entrainer sans un bruit.

    Et pourtant, elle avait bien envie de râler. Non pas contre lui, mais contre la douleur qui maintenant refluait dans ses jambes, dans ses poumons. Une douleur qui irradiait peu à peu dans tout son corps, alors qu'ils dévalaient une pente. Comment pouvait-on supporter autant de souffrances? Celle du Centre n'était pas la même. Elle était distillée avec habileté, destinée à durer dans le temps. Preuve en était ses bras, là où ils piquaient avec de nombreux sédatifs, preuve en était les bleus qui s'étendaient à la base de sa nuque. Encore heureux, ceux-ci ne se voyaient pas. Merci ses longs cheveux, qui cachaient comme un rideau ces marques. Quoi que, quand elle courrait comme à l'instant, elle n'était guère sûre que les taches violettes étaient réellement invisibles. Mais pour l'instant, Aelys n'avait le temps de se concentrer sur ça. Les élancements se taisaient, et c'était pire encore. Ses jambes étaient endolories, et elle avait l'impression de ne plus les sentir.
    Anxieusement, elle suivait le blond, sûre et certaine que quelqu'un allait surgir de nulle part et briser le frêle espoir qui naissait dans son esprit. Si c'était le cas, Aelys était prête à mentir pour protéger le blond. Il n'était pour rien dans sa cavale, et elle ne voulait pas le mêler à ses problèmes …
    Cependant, elle ne lâchait la main du garçon, la tenant comme un naufragé se bat pour tenir la tête hors de l'eau. Et aussi, elle s'interrogeait. Qui était-il? Piotr semblait prêt à l'aider, mais pourquoi? Il risquait sa vie, s'en rendait-il compte? Peu à peu, une idée naissait au fin fond de son esprit, mais elle n'osait même pas se le dire réellement. Et s'il était comme elle? Alors, il serait un fuyard lui aussi. Cela expliquerait le magnifique réflexe qu'il avait eût. Mais …. Non. La blonde ne voulait se faire trop d'espoir.

    Et soudainement – depuis combien de temps courraient-ils? -, Piotr ralentit. Ae' respirait d'une façon rauque, mais à peine audiblement. Il lui avait demandé de se taire, elle s'appliquait à le faire du mieux qu'elle pouvait. Elle eût courageusement un léger sourire, tentant d'effacer les traits affolés et épuisés de son visage. Cependant, cela ne marcha pas, puisqu'il s'arrêta en la fixant.
    Aussitôt, elle laissa son regard dériver, s'appliquant à ne plus le regarder. Encore une fois, l'isolement qui avait été le lot de tout les enfants du Centre l'handicapait. Lui, cependant, semblait ne pas avoir ces problèmes … Il semblait si sûr de lui. Si en bon point. Pas heureux, non. Peut-être paisible, simplement? Cela perturba le raisonnement de la jeune, et elle se remit à douter. Peut-être ne venait-il pas d'une base.
    Et avant qu'elle ne puisse continuer sa réflexion, il lâcha subitement sa main. Intriguée, Aelys releva son regard vers le blond, et le vit retirer sa casquette. Une courte seconde, elle ouvrit de grands yeux, et la seconde d'après elle était à moitié dans l'ombre. Bien sur! Il était intelligent. Perspicace. Qu'importe. Forcément, sale comme elle était, la mutante n'aurait qu'attiré l'attention. L'expression satisfaite qu'il eût la détendit un peu. Ça devait être mieux. Bien décidée à lui faciliter la tache, elle garda la bouche bien fermée, s'obligeant à retrouver sa respiration, et priant pour qu'ils ne se remettent pas à courir … Jamais elle ne tiendrait le coup, sinon. Mais il se remit à marcher, doucement et l'air de rien. S'accrochant encore à sa main comme à une bouée, elle se rapprocha un petit peu de lui. Ne pas le quitter d'une semelle, d'autant plus qu'ils étaient maintenant dans une zone habitée. Cette idée la fît un peu paniquer, et elle blanchit. Merci la casquette. Merci Piotr.

    Les quelques minutes, bien qu'épouvantes, parurent rapides. La douleur était constamment présente, mais elle se doutait que bientôt se serait finit. Sans s'arrêter, il gravit quelques marches, et elle le suivit sans jamais douter de lui. Toute façon, pour maintenant …
    L'immeuble aurait parût miteux pour n'importe qui et pourtant Aelys rêvait d'y jeter un coup d'œil – émerveillé, n'en doutez pas -. C'était l'indépendance, c'était un rêve, c'était … incroyable. Mais comme si elle était son ombre, elle le suivit.

    Ceux qui étaient déjà dans l'immeuble les huèrent, en quelques sortes. Piotr resta stoïque, et passa devant eux comme si de rien n'était. Pour la jeune, c'était nettement plus dur, et son cœur manqua quelques battements. Frêle oiseau. Elle hésita, une fraction de seconde, et s'engouffra à sa suite. Pas question de fuir devant des jeunes sûrement plus bêtes que leurs pieds. Et puis, ce n'était rien comparé à celles qu'ils recevaient quotidiennement au Centre. Rien du tout. Les étages se succédaient, et maintenant la sueur coulait doucement le long de sa nuque, de son front, alors qu'elle luttait pour ne pas gémir. Pas un bruit, il avait dit. Et il avait raison, sans aucun doute. La porte s'ouvrit, alors qu'il tapait un grand coup dessus. Bon, même si elle le voulait, elle ne sortirait pas du lieux. Ainsi, elle hésita encore une fraction de seconde. Mais puisqu'il entrait, elle le suivit sans rien dire, bien décidée à ne pas lâcher sa main tant que lui ne le déciderait pas.
    Et c'est ce qu'il fît, pour refermer la porte. S'avançant d'un pas pour lui laisser la place, Aelys s'abima dans la contemplation de la pièce.
    Encore une fois, une personne normale aurait trouvé étrange la chambrette. Trop … sobre. Mais pour la blonde, tout était si neuf, si beau! Elle repoussa ses cheveux, éclaircissant son regard et hésitant sur la démarche à suivre. Et puisqu'il semblait vouloir cacher quelque chose, elle se retourna, dans un silence absolu.
    Ses yeux se posèrent alors sur la partie la plus importante de la chambrette. La fenêtre. Une fenêtre vers le monde extérieure. Vers la réalité. De loin – puisqu'elle n'avait pas bougé -, elle ne voyait que le ciel, et le soleil maintenant bien levé. C'était intriguant, et merveilleux. Oui. Merveilleux.

    Un bruit rompit le calme. Aelys sursauta, et son regard au abois se retourna vers Piotr. Que faisait-il?
    Ce n'était qu'une chaise. Une simple chaise. Pourquoi ne pouvait-elle pas être calme, détendue comme tous?
    Alors qu'il lui faisait signe de venir s'asseoir, elle obéit. Un peu tendue, avouons le.

    Piotr reprit la parole. Encore une fois, l'accent la frappa. Bon sang, d'où ça venait? Étrange, mais agréable. Toutes les différences étaient agréables. Avec lenteur, elle s'assit donc, prenant le temps de répondre. De réfléchir. Qu'attendait-il d'elle? Quelle réponse?


      « Merci »
    répéta-t-elle, avant d'acquiescer. Comment savoir que dire?
    Car Aelys avait peur d'en dire trop. De trop dévoiler ce qui était la réalité. Elle éluda donc cette question implicite.


      « Un peu. »

    Menteuse.

    Il s'installa, ayant déposé auparavant un plat en plastique à côté d'elle. A l'odeur de la nourriture, son estomac se mit à parler, et elle fît une légère grimace. Ha non. Pas question. Et puisqu'il observait autour de lui, Aelys en profita pour l'observer un peu plus . Il portait encore son manteau, et son gant. Pourquoi? Ses sourcils se froncèrent, alors qu'elle tentait de percer le mystère … impossible. Quelque chose attira son regard, et … Sa casquette! Bon sang, elle ne lui avait pas rendu sa casquette. Et lui qui avait des cheveux aussi propre, et elle si sale …! Serrant la mâchoire, elle la retira avec douceur, pour la déposer sur la table.

    Piotr brisa le silence. Il était plutôt doué pour ça. Encore une fois, elle l'écouta attentivement. Et au fur et à mesure qu'il parlait, ses yeux s'éclairaient, s'étonnaient. Il semblait savoir de quoi il parlait. Son visage se pencha de nouveau, alors qu'elle faisait attention à tout les mots qu'il utilisait. Et, quand il se tût, Aelys laissa le silence s'installer. Des dizaines d'idées fusaient dans son esprit, et elle tentait de se démêler de tout ça. Apparemment, elle pouvait lui faire confiance. Il semblait réellement être un mutant – sinon, pourquoi prendre ce risque? -. Ainsi, elle pensait pouvoir lui faire confiance. Mais ce n'était pas, ou plus, dans ses habitudes. Elle s'acharna une courte seconde sur son pouce, sur l'ongle qui avait recommencé à pousser.
    Enfin, elle se décida.


      « Non. Non, ils ne me courent pas après juste parce que je suis … différente. »

    Ses sourcils se froncèrent, alors que d'anciennes images naissaient devant ses rétines. Des souvenirs, qui remontaient toujours, toujours, toujours … Serrant férocement la mâchoire, elle détourna le regard, fixant un point invisible. Et passant rapidement sa main devant ses yeux, pour repousser une nouvelle fois les larmes qui montaient encore, encore …

      « On va dire qu'ils me suivent depuis quelques jours. Pas longtemps, je pense. Je sais pas trop où j'étais, enfin …. où c'était. Le centre. »


    Cette fois, le silence fût plus long. Elle se mordillait la langue. La lèvre.

      « Comment pouvez-vous savoir? »

    Quelques variations dans sa voix, quelques trémolos. Dur de rester calme, détendue, avec la fatigue, les émotions, la panique ...


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MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyDim 5 Juil - 15:35

Piotr écouta la blondinette répondre, elle disait être juste un peu épuisée, peut-être bien, mais il avait plutôt l’impression qu’elle était en train de lui mentir. Il n’était pas stupide, elle était complètement épuisée, ça se voyait, ses jambes tremblaient légèrement et elle avait légèrement le teint pâle comme lorsqu’on se sentait mal. Enfin ce n’était pas vraiment une bonne indication, après tout si la jeune fille était aussi une évadée comme il pensait, elle devait avoir vécu enfermée dans une chambre cerclée de miroirs sans jamais pouvoir voir la lumière du soleil, et donc, profiter de ses bienfaits ! Mais le blond savait qu’elle était fatiguée, son souffle lorsqu’ils courraient, avait suffisamment parlé pour elle, seulement il respecta son choix et secoua simplement la tête comme s’il la croyait. Après tout il sentait qu’elle mentait non pas pour se moquer de lui ou le prendre pour un imbécile, mais parce qu’elle était encore méfiante et surtout parce que c’était quelque chose de totalement nouveau pour elle visiblement. Le blond regarda autour de lui et reporta son attention sur elle lorsqu’il entendit un léger bruit, elle venait de poser la casquette sur la table juste avant qu’il ne parle. Il voyait bien son visage changer au fur et à mesure des paroles qui sortaient de sa bouche, et il comprenait maintenant clairement qu’il touchait juste, cette fille venait de là-bas, il n’avait presque plus aucun doute à ce sujet. Il resta silencieux après avoir terminé sa phrase, et la jeune femme se décida à répondre. Elle affirma qu’ils ne courraient pas après elle juste à cause de sa différence, de son gène mutant, puis elle détourna vivement la tête en serrant les mâchoires, il pouvait voir sa veine saillire comme si elle essayait de retenir quelque chose, une envie de hurler, une montée de larme, tout et n’importe quoi à la fois, il connaissait ça et s’en voulait de la torturer en lui parlant de ça, mais c’était pour elle. Elle affirma qu’ils la suivaient depuis quelques jours, et qu’elle ne savait plus ou elle était, qu’elle venait… Du centre ! A ce mot l’attention du blond fit un pic et il ne put se retenir de sursauter légèrement, sentant un voile passer devant ses yeux, même s’il s’y était attendu, se voir confirmer cette idée l’impressionnait et l’effrayait à la fois. Comme les enfants qui jouaient avec le feu des bougies, et qui risquaient de se brûler mais ne pouvaient pas s’en empêcher pourtant. Un long silence qu’aucun n’osait briser, puis elle se mordit la lèvre avant de poser une simple question…. Une simple question mais qui fit reculer le blond sur le coup, il s’appuya dans le dossier de la chaise comme pour fuir la question, puis reprit son calme, il venait de se brûler après la flamme de la bougie, mais il l’avait cherché.

Le blond ne répondit pas tout de suite, il avait entendu les variations dans la voix de la jeune fille, il connaissait ça avant, lorsqu’il était arrivé ici pour la première fois, l’envie de pleurer, l’envie de sauter partout en étant heureux, l’envie de se cacher et de ne plus jamais sortir, être perdu, l’ivresse de sentir la liberté enfin à portée de main sans même pouvoir quoi que ce soit, et sans oser y croire. Piotr regardait la blondinette dans les yeux de son regard neutre, mais un voile d’inquiétude passa à l’idée de parler de ça et il détourna le regard pour éviter qu’elle ne le voit. Comment la rassurer si elle voyait qu’après un an à vivre dehors il avait toujours aussi peur de vivre ? Qu’il souffrait encore à ce point de ses souvenirs ! Mais c’était justement parce qu’il n’avait personne à qui parler, parce qu’il ne pouvait pas comprendre quoi que ce soit, savoir par ou commencer, comment comprendre la vie, tout ! Un enfant avait besoin de parents pour grandir, apprendre les choses de la vie, comment avoir des amis, qui aimer, comment savoir lorsqu’on était amoureux, la réalité de la mort, tout ça, toutes les choses qui étaient normalement naturelles, et que lui ne savait toujours pas. Le silence s’éternisait, et finalement le jeune homme ferma un moment les yeux avant de porter son regard vairon, troublé, sur le visage tâché de poussière de la jeune fille, et il répondit d’un ton qui se voulait à peu près neutre, sauf qu’il était vraiment très inquiet de donner de mauvaises ondes à cette fille.


« Je sais… Je sais parce que je crois que nous sommes pareils tous les deux. Je ne vis ici que depuis un an, enfin, dans la ville. J’ai passé toute ma vie d’enfant, dans ce que vous appelez le centre je crois. La base, dans le désert, les chambres de miroirs… Les bras pleins de bleus et douloureux à force des piqûres des chercheurs et de leur vaccin… Je ne vais pas continuer, je crois que je vous ai suffisamment prouvé que je ne mentais pas, alors, acceptez-vous de parler ? Il ne faut pas vous renfermer Aelys, je l’avais fais en arrivant ici, et maintenant, j’ai gâché mes chances. Je ne veux pas qu’il en soit de même pour vous. Acceptez mon aide, je peux vous aider à comprendre. »

Aider à comprendre quoi exactement ? Il voulait l’aider oui, mais lui-même était totalement incapable de pouvoir dire comment ! Lui-même était encore paniqué comme un enfant lorsqu’il entendait seulement le nom de la base, l’opération, lorsqu’il voyait une sorte d’uniforme de policier ou d’uniforme tout simple. L’odeur de la pipe qu’un des chercheurs portait sur lui, le fait qu’il déteste l’odeur de ce tabac, qu’il craigne d’entendre des bruits de pas sur du béton comme dans la base, des peurs si enfantines mais qui le bloquaient comme une espèce de biche devant le chasseur ou devant le serpent, hypnotisé sans pouvoir se défendre. Elle ne devait pas devenir comme ça, il ne voulait pas qu’elle gâche sa vie comme lui en craignant tout le monde, avec un mutant sur qui compter elle pourrait finir par avoir confiance en elle peut-être ? Il l’espérait, de tout cœur c’était ce qu’il voulait ! La jeune femme était toujours assise sans bouger, sans rien dire, et il secoua légèrement la tête comme pour chasser ses pensées. Il ne voulait pas qu’elle lui demande de le prouver, le seul moyen était de montrer le tatouage mais il se refusait toujours à le voir, il n’avait aucune envie de repenser à tout ça en voyant la marque qu’il portait comme un bétail qu’il était. Le jeune homme resta longuement silencieux, puis il reporta son attention sur la blondinette avant de finalement se décider à répondre.

« Vous devez avoir faim, mangez, ça ne risque rien, je ne veux pas vous empoisonner. Et, je peux aussi, vous aider pour vos marques, j’imagine qu’elles doivent être douloureuses, il faudrait les soigner sans quoi vous risquez de les voir s’infecter, ce serait très embêtant. »

Détourner la situation comme toujours, il voulait essayer de ne pas trop attirer l’attention sur ce qu’il venait de dire, qu’elle accepte son aide et voilà, sans lui poser des questions sur sa vie passée. Elle devrait parler, se vider sous peine de voir ses pensées devenir aussi folles et inquiétantes que celles du blondinet, mais lui ne voulait plus, c’était fichu, il ne deviendrait jamais quelqu’un de normal, mais elle, si, elle pouvait encore, peut-être qu’il y avait ne mince chance ? Il n’accepterait pas de la laisser seule dans son malheur, il savait trop ce que c’était, et elle avait assez souffert si elle avait le même passé que lui, la jeune Aelys méritait maintenant de pouvoir parler avec une personne comme elle. Mais est-ce qu’elle accepterait, et surtout ne poserait pas les questions que le blond craignait, ça en tout cas, c’était ce qu’il voulait plus que tout…

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MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyDim 5 Juil - 17:13

    Toutes ces images qui revenaient, tout ces souvenirs qui remontaient, tout ces sentiments qui refluaient … C'était comme revivre les tortures passées, c'était comme revivre les instants de terreur alors qu'ils la poussaient toujours plus loin dans son don. Aelys revoyait les sourires amusés des chercheurs quand elle ne trouvait pas la solution assez vite ; elle ressentait les multiples piqures et les coups qui tombaient malheureusement ; elle apercevait encore d'autres enfants qui passaient avec un air de zombis … Toutes ces visions qui étaient inscrites au fer rouge dans son esprit, qui ne la quitterait jamais. Comme ce tatouage soigneusement camouflé. Un moyen comme un autre utilisé par le Centre pour les empêcher d'être à l'aise, sûrement. Pourrait-elle simplement s'endormir un jour sans se rappeler? Pourrait-elle un moment fermer les yeux sans voir apparaître ces dizaines d'horreurs? Apparemment, c'était non. Piotr semblait frappé à vie, lui. Pourquoi serait-ce différent pour la blonde? Non. Elle ne se faisait pas d'idées. On ne se remettait jamais de tels souvenirs, on ne revenait jamais vraiment de telles horreurs. Au mieux, on oubliait un peu, du moins l'espérait-elle. Mais un réel oubli n'était sûrement pas possible. Ce serait trop beau.

    Et puis, tout était paradoxal! Oui, elle était heureuse. Soulagée. Assez pour qu'Ae' ait envie de sauter partout, d'hurler de joie. C'était d'abords sans compter la fatigue. Et puis, sans compter la peur sous-jacente, celle qui confinait à la folie. Ressentait-il la même chose? Cette impression d'être toujours sur une plateforme instable, sur un cône qui menaçait toujours de tomber? Car pour la blondinette, c'était ainsi. L'impression que l'hystérie était toujours là, à fleur de peau. D'ailleurs, elle ne doutait pas qu'en se faisant rattraper, la folie éclaterait. Avoir gouter à un semblant de bonheur, et retrouver l'horreur pure … ce serait pire que tout. Pire que la mort. Cette simple affirmation la fît frémir, et elle se referma encore plus. C'est alors qu'elle fit tomber sa question.

    Piotr eût une réaction qui l'étonna. Le blond se recula sur sa chaise, comme cherchant à mettre de la distance entre eux deux, et ferma ses yeux. Pourquoi? L'avait-elle blessé? Avait-elle dit quelque chose qu'on ne demandait pas, d'habitude? Un peu tétanisée, Aelys se recula elle aussi sur sa chaise, l'observant de biais. Jusque là, le silence n'avait pas été gênant. Cette fois-çi, il sembla être une chape de plomb pour la jeune, qui ne savait ni que dire, ni que faire. Alors, elle s'attaqua à son autre pouce. Là, au moins, elle ne gênait, ne blessait qu'elle même. Et ce n'était guère une grande perte. Son regard se portait régulièrement sur le blond. Pendant une courte seconde, il l'avait regardé d'un air voilé, et elle ne savait que comprendre.
    Mais Piotr finit par reprendre la parole. Et ce qu'il dit réussit à la miner un peu plus – oui, le trou de la détresse était sans fin … -. Son regard se voila légèrement, pourtant elle ne quittait pas celui vairon du blond, bien décidée à faire face à tout ce qu'il disait. Dans un mouvement instinctif, alors qu'il disait tant de vérité, ses bras se croisèrent pour les protéger. Ce qui lui arracha, comme à chaque fois, un frisson. Jamais plus elle ne pourrait avoir de gestes aussi simple sans se souvenir. Cette idée la tua, encore une fois.
    Et puis, le mutant lui proposa son aide. Intriguée et étonnée – pourquoi se donnait-il ce mal? - elle scruta un court instant les pupilles du garçon comme pour y lire et y comprendre quelque chose. Bien sur, il n'y avait rien à comprendre. Il resterait toujours des marques, quoi qu'ils fassent. Des réactions incompréhensibles. Exagérées. Mais troublée, elle finit par reprendre la parole, tout doucement.

      « Comprendre quoi? Leur cruauté? Pourquoi ils nous ont fait ça? Ce qu'on doit faire dehors? »

    Elle ne voyait pas. Ils ne reviendraient jamais sur ces années volées, ils ne reviendraient jamais sur ces souvenirs qui les hantaient – car elle était sûr qu'en se taisant pour elle, il se taisait aussi pour lui même s'il ne le disait pas -. Mais si il voulait essayer, pourquoi pas. Aelys espérait simplement que la thérapie, puisqu'elle ne voyait d'autres mots, marcherait par la même occasion pour le blond. Car encore une fois, elle aurait parié n'importe quoi qu'il souffrait plus qu'il ne le montrait. Et même si elle n'allait pas creuser – trop peur de lui faire mal, de faire mal tout court -, oui, elle l'aurait parié. Chassant cette idée, elle repoussa quelques mèches qui se rebellaient faiblement en se glissant devant son regard.

    Le silence se faisait de nouveau, mais moins gênant que le précédent. Les deux jeunes adultes étaient perdus dans leurs pensées, semblant chercher à trouver une solution à ce qui n'en admettait aucune. Des dizaines de questions se pressaient au bord des lèvres de la mutante, mais elle ne parvenait à les dire. Car les poser reviendrait à raviver des souvenirs qu'ils ne voulaient pas ressasser. Des souvenirs comme interdits. Et puis, elle n'eût le temps de les soulever, puisqu'il reprit la parole, la faisant sursauter – combien de temps encore aurait-elle peur au moindre bruit, alors qu'elle était dans un lieux qui semblait une cachette, un repli loin de la société? -.
    Il lui proposait de manger. Son regard quitta celui de Piotr– devenu rassurant, comme si maintenant elle s'était familiarisée à la différence qu'il apportait -, et se perdit dans la nourriture. De nouveau, son estomac se pâma, hurlant et suppliant alors qu'elle observait ce qui était sans nul doute des cuisses de poulet, et des légumes qu'elle ne parvenait pas à identifier. Aelys prit alors une des fameuses cuisses tout en jetant un coup d'œil presque timide au garçon, avant de repousser vers lui la boite. Manger trop, trop vite ne serait pas bon – ça, elle le savait au moins -. Tentant de paraître peu affamée, elle grignota dessus, lentement. Au moins, pendant ce temps là, le silence n'était pas non plus gênant.

    Après quelques instants, elle reprit enfin, bien décidée à éloigner la conversation des sentiers trop troubles du passé, et des blessures – pas question qu'on y touche. Trop peur de la douleur. Ou trop habituée, justement -.

      « C'est joli ici, et puis y'a une fenêtre. Çà doit être super ça, le soir. Pouvoir voir dehors et fuir le sommeil … Une fenêtre ... »

    Son air se fît rêveur, au moins un court instant. La mutante ne voyait pas ce qui était étrange dans ses paroles, cette idée de fuir le sommeil … c'était si instinctif qu'elle n'y faisait plus attention. Ne pas rêver, s'endormir sans voir d'images, tomber de fatigue .. c'était le mieux. L'unique chose à faire. Puis elle revint à la réalité, l'observant encore une fois. Ce n'était qu'une simple curiosité, après tant d'années dans le même endroit à voir les mêmes personnes. Alors, Aelys profitait d'observer des cheveux qu'elle trouvait définitivement joli, avec leur couleur blonde, des yeux qu'elle trouvait étrange, et qu'elle n'avait jamais vu auparavant, et dans lesquels existait une lueur qu'elle ne connaissait que trop bien pour l'avoir vu quelques fois dans ceux qu'elle croisait au Centre.

    Le Centre. La blondinette revenait toujours à penser à ça, au final. C'en était morbide, de ne pouvoir penser à autre chose. Étaient-ils conditionnés à ce point? La jeune était tentée de lui poser la question, mais se retint encore une fois. Non, il ne fallait pas parler de ça. Il fallait oublier. Un bien grand mot. Et de nouveau, elle se demanda si lui arrivait à oublier. Si il existait un moyen d'y arriver. Son air se fit anxieux, alors qu'une pointe d'angoisse montait au gré de ses battements de cœur, et qu'elle recroisait fébrilement les bras. Et une des questions réussit quand même à franchir la barrière de ses lèvres, alors qu'elle luttait pour la retenir.

      « Est-ce qu'on arrive à vivre .. normalement? »

    C'était une interrogation, une de celles qu'on pose à Ceux qui ont Vécus. L'inconnu la paniquait – comme tant d'autres choses, soyons réalistes -, et ses visions ne parlaient jamais de ça. Jamais de ça ….

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyDim 5 Juil - 19:49

La jeune femme avait l’air un peu perdue, elle avait aussi reculé au fond de sa chaise lorsqu’il avait sursauté à sa question, mais qu’est-ce qu’il était stupide ! Voilà qu’il donnait une bonne impression de la vraie vie à la jeune femme, un gamin effrayé, voilà de quoi il devait avoir l’air ! La pauvre jeune femme n’avait pas de chance, tomber sur le plus perturbé des évadés, elle pouvait se vanter d’avoir tiré le gros lot, la pauvre, comme si le fait de sortir et de se faire poursuivre n’avait pas été assez, elle devait en prime supporter quelqu’un comme lui. Belle première rencontre pour ce nouveau monde ! Piotr ne pouvait s’empêcher de se détester sur le coup, enfin comme souvent, mais il était bien décidé à changer la donne pour retourner la situation, enfin si du moins il y arrivait. La jeune femme prit alors la parole, elle n’était pas très bavarde, et il ne pouvait que la comprendre, lui-même n’avait pas lâché une dizaine de mots la semaine ou il était sortit, pourtant maintenant il pensait que c’était justement ça qui avait tourné les choses de cette manière, qu’il ne puisse même plus effleure une pensée douloureuse dans perdre complètement la tête, tout vider sur le vif, c’était la meilleure des choses, et malheureusement pour lui, il en avait été incapable. Mais ça ne serait pas le cas pour Aelys, non, même sans la connaître il sentait qu’elle devait être très gentille et qu’elle méritait plus que tout le monde, plus que lui, la vie humaine dont elle rêvait. Enfin humaine, on se comprenait, elle n’arriverait jamais à vivre normalement, mais ne pas mourir de peur à chaque fois tout simplement ! La jeune blonde demande comprendre quoi ? La question qu’il se posait juste avant, puis elle proposa plusieurs choses, leur cruauté, pourquoi est-ce qu’ils infligeaient ça aux mutants, à moins que ça ne soit ce qu’ils faisaient dehors ? Le blond secoua la tête en se penchant légèrement en avant, sa voix était basse, comme s’il pensait à quelque chose en même temps, ou qu’il ne voulait pas effaroucher la jeune fille en parlant trop vivement.

« Ce que nous devons faire dehors ne se pose pas comme question Aelys, on doit vivre tout simplement. Personne n’a le droit d’interdire à une autre personne de vivre sa vie, ils n’ont normalement pas le droit de faire ce qu’ils font ! C’est injuste, ne pensez pas que c’est ce qu’on mérite, les mutants ne sont ni supérieurs, ni inférieurs aux humains. Juste différents, mais dans le bon sens je pense. Non, ce qu’on peut comprendre, c’est que tout ce qu’on nous a dit, n’est pas la vérité justement. »

Ce qu’il disait elle devait le comprendre, les souffrances physiques étaient quelque chose, mais la douleur physique n’atteignaient plus à un moment, alors que la douleur morale c’était autre chose. Le simple fait de porter un numéro et plus un prénom montrait clairement que les mutants étaient vu comme moins bien que des animaux, qui eux avait le droit à un prénom. Les tortures mentales qui étaient permanentes, lorsqu’on leur disait qu’ils n’étaient que des parias que personne ne les aimaient et qu’ils ne feraient jamais rien de bon, tout ça simplement pour éviter les fuites, c'était totalement faux. Il le savait mais il avait du mal à le croire pourtant ! Seulement il devait donner l’impression du contraire à la jeune femme pour qu’elle ne finisse pas comme lui. C’était sa hantise à présent, qu’elle devienne comme lui, non ! La pauvre, elle ne méritait pas ça, elle n’avait pas un pouvoir qui était aussi difficile à vivre que le sien. D’ailleurs quel était le pouvoir de la jolie blonde ? Il ne savait pas et physiquement elle avait l’air normale, contrairement à lui qui n’osait toucher personne de peur de voir les autres hurler d’effroi en sentant son contact glacial. La jeune femme se décida à manger, détournant l’attention du garçon de ses pensées, et elle analysa la nourriture avec un intérêt moyen avant de prendre une des cuisses de poulet puis de repousser la boite vers lui, mais il ne bougea pas, restant simplement le regard détourné vers la fenêtre au fond de la pièce. Finalement la mutante prit la parole d’elle-même pour la première fois, elle parlait de la fenêtre, et cela arracha un sourire au blond qui se rendit compte qu’il avait été aussi émerveillé la première fois que la nuit s’était posée sur le coin. Il n’avait jamais vu ça avant ce soir, du moins pas dans ce pays, lorsqu’il était arrivé en amérique il avait été directement mené à la base sans plus de douceur. Il hocha doucement la tête avant de répondre d’un ton légèrement rêveur.

« C’est la plus belle invention de l’homme je crois. Le plus beau, c’est le lever du soleil, sur le toit, il n’y a personne, et puis on a l’impression que tout va changer, que c’est un nouveau monde qui commence. Vous verrez, lorsque vous apercevrez ce paysage et cette scène, vous comprendrez. Même si ce n’est pas le plus beau pays que j’ai vu à ce jour. »

Une légère note de mélancolie, dieu que son pays lui manquait ! Son regard se troubla légèrement, puis il reporta ses yeux colorés sur la jeune femme qui grignotait doucement la viande, visiblement elle n’avait pas très faim, mais Piotr en doutait un peu, seulement il ne dit rien. Le silence se prolongea, puis soudain la jeune fille demanda s’il était possible de vivre normalement. Le blond resta silencieux quelques instants, il contemplait le visage de la belle comme s’il la voyait pour la première, puis ses yeux se firent hésitants, il réfléchissait, la vie normale, c’était quoi ? Cette norme qu’on voyait partout, ne pas entrer dans le moule rendait tout ça obligatoirement impossible ! Il n’aimait pas ce terme, il en arrivait à le haïr, lui qui en avait tant rêvé, comme quoi l’amour se transformait plus vite en haine qu’en simple neutralité. Piotr soupira légèrement, puis il se redressa pour aller regarder par la fenêtre avant de se retourner pour regarder une nouvelle fois la blonde toujours assise. Glissant ses mains dans ses poches, il se décida enfin à répondre à la jeune femme d’un ton qui se voulait normal, mais qui laissait transparaître une sorte de désillusion, bien que le fait qu’il soit sincère ne laissait aucun doute.

« Écoutez, je ne vais pas vous mentir, vivre normalement ce n’est pas pour nous, la normalité est une chose qui nécessite un ADN parfait, sans trace ce notre gène, mais je peux simplement vous dire que nous pouvons vivre comme nous voulons, oui c’est possible. Je connais plusieurs mutants qui vivent simplement, comme les humains vivent, une famille, des amis, un travail, des choses normales si je puis dire, mais ils n’ont pas à se cacher de leur pouvoir. Il ne faut pas en avoir honte. Je ne suis pas un bel exemple, j’ai trop attendu, trop solitaire, je me suis renfermé et ma vie ne sera jamais celle dont j’ai rêvée. Mais vous, vous n’avez pas de pouvoir qui agit directement sur votre physique, du moins ça ne m’a pas choqué, vous pourrez vivre comme une jeune femme normale. Mais pour ça, vous devrez parler. Beaucoup parler, expliquer tout ce que vous avez sur le cœur et surtout ne pas vous enfermer dans vos pensées. Croyez-moi, ce n’est rien de bon. »

Il avait répondu simplement, il ne voulait pas mentir à la jeune femme elle attendait trop une réponse sincère, mais dans ce qu’il venait de dire elle était presque obligée de comprendre qu’elle venait d’avoir un encouragement. Piotr s’était débrouillé pour lui faire comprendre qu’elle ne devait pas se renfermer, ne pas garder ses pensées pour elle, trouver des amis, des choses qui étaient dures, voir impossibles, mais qui en valaient la peine. Il donnait des conseils que lui-même était impossible à mettre en application, mais c’était autre chose ça. Il avait tellement envie de lui montrer des choses qu’elle ne connaissait pas, lui faire découvrir les beautés de la nature, qu’elle comprenne que des tas de chose valaient la peine de vivre. Soudain, il se souvint d’Annabella, la jeune mutante évadée qu’il avait aidé exactement comme elle, elle avait eut l’air tellement émerveillée devant des choses simples, devant tout ce qu’il avait pu lui dire, lui parler de son pays natal des tas de choses comme ça, mais il ne savait pas comment s’y prendre. La jeune femme avait terminé de manger, elle devait certainement encore avoir faim, mais il y avait fort à penser qu’elle refuserait de manger trop pour le moment. Décidé, le blond se dirigea vers Aelys avant de sortir sa main gantée de sa poche, puis il la tendit vers la jeune femme, la paume ouverte. Il voulait l’aider à se soigner, mais pour guérir mentalement elle devrait avant tout guérir physiquement, et cela commençait par les plies que son corps avait. Le jeune homme ne voulait pas la mettre mal à l’aise, mais il savait comment il fallait procéder, il avait été sur la bonne voie au début lui aussi, seulement avec le temps tout avait mal tourné, que pouvait-il faire de plus maintenant ? Rien, seulement d’aider cette fille à ne pas se tromper au croisement des chemins. La main toujours tendue, il s’adressa à elle d’une voix rassurante.

« Laissez-moi m’occuper de vos blessures physiques avant, la guérison commence par ça, vous ne pourrez pas guérir mentalement tant que vous ne serez pas guérie physiquement, faites-moi confiance, je ne vous ferais aucun mal. »

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MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyDim 5 Juil - 21:14

    Puisque Piotr semblait se détendre, Aelys eût une réaction semblable. Comme si elle calquait ses sentiments sur ceux du blond, comme si elle attendait de lui qu'il lui montre la voix à suivre. C'était sûrement naïf, improbable de croire qu'il serait encore là un bout de temps, pourtant elle ne pouvait s'empêcher de le penser. Il paraissait gentils. Réellement gentils, avec ses comportements bien à lui et qui pouvaient paraître étrange, mais gentils. Et peu à peu, elle se relaxait, peu à peu elle était moins aux abois. Alors certes, au moindre signe elle montait au plafond, mais c'était un progrès. Un progrès qui n'était possible que par la présence calme et amicale du jeune homme. Oui, dans tout les cas elle lui devrait beaucoup. Beaucoup plus, sans aucun doute qu'elle ne pourrait jamais lui donner. Et plus elle y réfléchissait, moins elle comprenait. S'il savait comment la 'soigner' pourquoi lui n'allait-il pas mieux? Un peu paradoxal … mais soit. Certaines choses lui échappaient peut-être.

    A sa question, il ne sembla pas d'accord. Fronçant les sourcils, Ae' le fixa. Elle ne se recula pas, quand il s'avança, et au contraire elle se fît attentif, repoussant une mèche machinalement derrière son oreille. Et encore une fois, il avait vu juste. Pour la blondinette, c'était de sa faute. Elle devait forcément avoir fait quelque chose de mal pour avoir fait ça. Sinon, c'était de la cruauté pure, et elle ne pouvait s'y résoudre. Ce serait abdiquer, avouer que la nature humaine était parfois mauvaise. Et non, Aelys ne pouvait croire ça. C'était encore une fois trop naïf, mais c'était ainsi. Son regard perdu se posa dans celui, vairon, du joli blond, avant qu'elle ne se mette à réfléchir. Non, elle ne pouvait le concevoir.
    Sa voix s'éleva, dans un murmure à peine audible, brisé.

      « Mais pourquoi ils font ça, alors? »

    Et puis, elle se perdait dans ses propres réflexions. Elle se pensait pareille aux humains, mais on faisait des expériences à ses 'frères'. Si la mutante voyait l'histoire dans ce sens, c'était vrai que c'était totalement illogique. Bon sang, il venait de remettre en question quelque chose qui, jusque là, était resté solide comme un roc.

    Et Piotr avait doublement raison. On les obligeait à croire ça. On leur bourrait le crane, peu à peu. Subtilement, on amenait les gens du Centre à croire qu'ils n'étaient rien, qu'ils ne seraient rien, et qu'ils n'avaient de futur que dans ce même Centre. Et encore. Il n'existait presque pas de futur. On ne leur promettait jamais rien. L'existence même en tant qu'humain était refoulée. Des bêtes. Ils n'étaient que ça. Des bêtes. Un frisson la parcourut, alors qu'elle serrait la mâchoire, s'obligeant à penser à autre chose. Finalement, elle était peut-être loin de la vérité, et n'était plus sûre de vouloir la savoir. C'était difficile, dur, presque sadique.
    Cependant, après quelques secondes, Aelys s'obligea à sourire, pour le remercier. C'était tout ce qu'elle pouvait donner, pour l'instant. Un semblant de sourire.

    Le silence se fit, pour quelques instants. Elle parla ensuite de la fenêtre, et il lui répondit rêveusement, lui aussi. Ainsi, c'était joli? Jamais elle n'en avait vu d'aussi haut, mais elle lui faisait confiance. Après tout, en une année, il avait du voir des dizaines de choses jolies, et était donc sans aucun doute une meilleure jauge de la beauté qu'elle. Un léger sourire naquit à ses lèvres, alors qu'elle observait par la fenêtre le ciel bleu. Ce serait un joli jour. Un jour chaud, sûrement. Et puis, la fin l'intrigua. Son regard se reposa donc sur le blond, ses sourcils se pliant légèrement. Oui, il venait d'autre part. Elle avait cru comprendre, ne serait-ce que par son accent. Mais où? Était-ce une question délicate? Tout en le fixant, Aelys délibéra, pour finalement se dire qu'elle pouvait poser la question, au moins d'une toute petite voix timide. Ce qu'elle fit.

      « C'était comment …? Loin? »

    Bon sang, ce qu'elle pouvait être curieuse! S'en était malsain, pour qui ne la connaissait pas, pour qui pouvait croire qu'elle était voyeuse. Mais tout était si neuf qu'elle rêvait de pouvoir tout découvrir d'un coup. Tout embrasser du regard, et tout comprendre.

    Le silence se refit, encore une fois. S'en devenait une habitude, mais qui n'était gênante pour la blondinette. Peut-être l'était-ce pour Piotr. Cette idée la rendit perplexe, mais elle avait d'autres questions bien plus importantes à poser. Comme celle qui suivit, et qui portait sur la possibilité de vivre normalement.
    Il ne répondit pas de suite. Au lieu de ça, il se leva et s'approcha de la fenêtre, se perdant dans la contemplation du dehors. Quelques secondes filèrent, et elle patienta sagement, soucieuse de lui laisser le temps de réfléchir à la réponse qu'il allait donner. Déjà, il ne s'était pas braqué. C'était un progrès, puisque sa dernière question un peu personnelle – bon, d'accord, totalement personnelle – l'avait poussé à reculer. Là, ce n'était pas ça. Aelys ne ressentait pas l'impression de rejet qu'il avait eût, la dernière fois. Que voyait-il, là-bas? Surveillait-il les alentours, pour vérifier que personne ne les avait suivit? Cette idée fit frémir la jeune, mais elle détourne son attention de ça.
    Enfin, Piotr se retourna. Glissant ses mains dans ses poches dans un geste qu'il ne comprenait pas, il se décida à répondre. D'une voix qui, si elle était sincère, était aussi pleine de désillusion. Était-ce si triste que ça?
    Les mots qu'il utilisait semblaient parfaitement choisis, pesé. Sûrement pas pour faire mal – non, décidément, elle ne pouvait pas voir le blond comme méchant, comme cruel -, mais plutôt pour marquer. Des mots qui, s'ils étaient totalement vrais, étaient forts aussi.
    Ainsi, d'autres vivaient simplement, une vie que Piotr et elle avait manqué? Un soupire naquit à ses lèvres, et une pointe de jalousie dans son cœur. Pourquoi eux c'étaient-ils fait avoir, hein? Ceux qui vivaient normalement connaissaient-ils l'existence de l'opération? Si oui, pourquoi ne réagissaient-ils pas? C'était étrange. Mais il continuait à parler et elle n'avait le temps d'y réfléchir pour l'instant.
    Un léger rictus naquit sur son fin minois, à l'évocation de son physique qui ne changeait pas quand elle était sujette à son pouvoir. Non. Ce n'était pas visible pour qui ne la regardait pas réellement, mais quand on savait quoi chercher … on remarquait sans peine ses yeux subitement lointains, sa mâchoire qui se serrait et son corps qui se figeait tel une statue. Mais elle acquiesça. Sûrement existait-il des dons beaucoup plus visibles que le sien.
    Parler était dur. Actuellement, elle se sentait mieux dans le silence, et doutait que cela changerait de si tôt. Mais si le jeune homme parlait …. pourquoi ne le pourrait-elle pas? Il devait donner des conseils que lui savait appliquer, sinon comment être sûr de leurs efficacités? Ses yeux se firent minuscules, alors qu'elle fermait à moitié les paupières pour ingérer le conseil qu'il venait de donner, et encore une fois elle acquiesça. Elle ferait un effort, essayerait tout au moins.
    Elle ne pût s'empêcher, encore une fois, de poser une question.

      « Mais parler de quoi? Y'a rien à dire, tout à oublier. C'est trop dur … y'a sûrement même pas de mots pour expliquer. »

    Et de ça, elle était sûre. Rien n'était explicable. Aelys pouvait encore parler de tout ce qui était physique, mais les violences morales …. L'horreur, la douleur, les tortures …. Les heures passées dans les salles tests, à devoir toujours pousser plus loin ce don qu'elle ne comprenait pas. Ses yeux se voilèrent, et elle secoua brutalement la tête, chassant ces fantômes de souvenirs

    Et pendant cette joyeuse séquence souvenir, Piotr s'était approché. Elle sursauta presque, mais plutôt à cause de son inattention quand sa main gantée apparût dans son champs de vision. Bon sang, il fallait qu'elle soit plus attentive! Comment avait-elle pût survivre quelques jours, en étant comme elle était? Un miracle, peut-être. Aelys ne voyait que ça, en faite.

    Encore une fois, elle l'écouta attentivement, se laissant à moitié bercer par cet accent qui lui était si exotique. Ainsi, il tenait tant que ça à la soigner? Son regard se fît un peu perdu, reflet de sa peur, de ses peurs. Mais elle lui faisait confiance, du moins le plus qu'elle pouvait pour l'instant. Alors, soit. Glissant doucement sa main dans celle du jeune blond, elle se releva, grimaçant sous l'effort qui faisait hurler ses muscles endoloris. Il lui faudrait des mois pour reprendre, c'était sûr et certain!
    De l'autre main, elle s'appliqua à repousser ses cheveux, dévoilant la plaque sombre qui s'étalait sur sa nuque, puis à replier les manches du Tshirt qu'elle portait, mettant à nu des piqures, des marques, des cicatrices clairs qui s'étendaient un peu partout.
    Un sourire amer naquit sur ses lèvres.


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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyLun 6 Juil - 12:30

La jeune femme semblait perdue, elle ne comprenait pas que visiblement les humains puissent ou en vouloir aux mutants juste parce qu’ils étaient des mutants, et ce qu’il pouvait la comprendre ! Le blond avait été comme elle pendant longtemps, pour lui le fait que quelque chose n’ailla pas avec lui et qu’il ait été enfermé signifiait une seule chose, qu’il avait un problème et par conséquent que tous les tests se justifiaient. Seulement avec le temps à force de rencontrer d’autres mutants ou encore d’autres humains qui étaient aussi repoussés par les humains, il avait comprit. Non, les humains étaient simplement des personnes incapables de pouvoir aimer des gens différents. Si déjà entre personnes d’une même race ils ne pouvaient pas se comporter comme des êtres vivants normaux, comment est-ce qu’on pouvait seulement espérer qu’ils considèrent les mutants comme quelque chose de normal ? Non, ils avaient tout simplement peur de ce qu’ils étaient, de l’inconnu qu’ils représentaient. Certains pensaient que les mutants étaient l’évolution de la race humaine, d’autres que c’était un gène défaillant, Piotr ne savait quoi penser de tout ça, mais il savait simplement qu’il n’avait pas le droit de se laisser abattre à cause de tout ça. Le jeune homme resta un petit moment silencieux, c’était presque devenu une habitude maintenant qu’ils laissent peser de lourds silences entre deux paroles, mais après des années de solitude ils avaient bien besoin de se retrouver dans leurs pensées de la sorte non ? Sans compter que la jeune femme devait être assez perdue comme ça. Piotr plongea son regard un peu perdu dans les yeux si clairs de la jeune fille, puis il répondit toujours aussi simplement que la première fois.

« Je crois qu’ils font ça simplement parce que les humains ont peur des choses qui sont différentes de l’idée de norme qu’ils se font tous. Vous savez, déjà pleins d’humains vivent un rejet des autres humains, à cause de leurs idées, de leurs habits, de leur style, de leur couleur de peau, de pleins de choses qui font que ça n’est qu’une chose naturelle pour eux. Les mutants leur font peur parce qu’ils ne savent pas ce que nous sommes. Rien de plus. Nous n’avons pas eu de chance pour être tombés dans leurs mains voilà tout. Mais il existe des bons humains vous savez, des humains qui ne craignent pas les mutants. »

Piotr s’était levé après ça, regardant par la fenêtre, il voyait une scène familière maintenant, les travailleurs humains qui partaient au travail pour gagner une misère et de quoi nourrir leurs familles, comment est-ce qu’une place pouvait être faite pour les mutants alors que les humains étaient complètement incapables d’aider les leurs ? Le jeune homme laisser son regard vairon vagabonder sur les environs, plusieurs enfants partaient en direction de la crèche, accompagnés de leurs mères, ils devaient certainement passer la journée loin de la misère de ce quartiers. Pourtant Piotr se sentait bien ici, il sentait quelque chose d’une petite liberté, une indépendance dont on ne pouvait plus se passer après avoir goûté une fois. Perdu dans ses pensées, il entendit la voix timide de la jeune femme s’élever, et il détourna son regard rêveur pour le diriger sur le visage de la jolie jeune femme. Elle avait l’air de vouloir savoir comment c’était là-bas, ce qu’il avait dit, comment c’était dans l’autre pays. Piotr resta un moment immobile, il avait du mal à se souvenir complètement de son pays, mais malgré les nombreuses années, il avait encore des souvenirs impérissables, des sensations, celle de la neige froide sous vos pieds, lorsqu’elle pénétrait dans les habits après s’être roulé dedans…, des odeurs, celle du feu de bois dans la cheminée, du voisin qui sentait l’alcool fait maison…., les sons, les pas qui crissaient dans la neige, le bois qui craquait dans le feu avant de s’écrouler dans une gerbe de braises…. Des tas de choses semblables qu’il ne voudrait jamais éviter comme le visage de sa mère qui s’était effacé de son esprit avec le temps. Le blond avait seulement gardé quelques secondes de silence, mais pour lui des heures venaient de passer. Après cela, un léger sourire éclaira ses lèvres, et il répondit très simplement, les yeux à moitié perdus dans le vague tout en restant plongés dans le regard gris bleu de la jeune fille.

« C’était très beau, très blanc, il faisait froid, il n’y avait pas de bruit, juste celui de pas dans la neige, beaucoup de personnes n’aimaient pas ça, ils avaient peur que le froid ne les tue, mais c’est uniquement parce qu’ils ne savaient pas la comprendre. Vous avez déjà vu la neige Aelys ? La glace, le froid… Tout ça ? »

Après cela, Piotr se rendit que c’était vrai, beaucoup des gens n’aimaient pas son pays, il était grand, immense, tellement vaste que personne ne pouvait le traverser dans son pays, mais pourtant dieu qu’il l’aimait ! C’était lui, c’était sa vie, ce froid, cette solitude ce silence, il se sentait proche de ce pays comme jamais… La mort ? Est-ce qu’il apportait aussi la mort comme la neige de son pays, vile, sournoise, elle tuait sans qu’on ne puisse comprendre ce qu’il nous arrivait…. Non, ce n’était pas lui ça, il ne tuerait jamais, jamais, c’était trop dur, il n’avait pas le droit, la vie de chacun appartenant à celui qui la vivait, pas aux autres, après son enfance gâchée, il le comprenait mieux que personne. Le jeune homme laissa son sourire s’évanouir lentement, comme si la pensée de la mort qu’il pouvait donner avait fait fuir toute trace de bonheur de son visage si expressif. Puis la jeune femme sembla changer un peu de comportement, elle avait l’air d’avoir froid, elle frissonnait un peu, il ne comprenait pas trop, mais c’était peut-être simplement lier à la sensation enivrante de la liberté ? Possible, certainement même, ce serait plus logique, il faisait tellement chaud ici qu’il ne pouvait pas imaginer qu’elle puisse avoir froid. Aelys répondit alors, disant qu’elle préférait encore tout oublier, que ce serait plus facile, et il ne put s’empêcher de se mordre la lèvre inférieure en entendant cela, c’était comme il avait pensé, ce qui l’avait mené ici, on ne pouvait jamais oublier, ce n’était qu’une simple illusion, rien de plus, trop dure à mettre en œuvre, non, elle ne devait pas penser comme ça. Le jeune homme secoua légèrement la tête avant de répondre d’une voix qui ne laissait aucune réplique possible.

« Non. On ne peut pas oublier ça Aelys, on ne peut pas. C’est trop douloureux, à force de le repousser au fond de soi, ça devient quelque chose de tellement douloureux à force que ça vous ronge de l’intérieur. Ca vous fait perdre la tête, vous ne pouvez même plus y penser sans devenir complètement dingue, non, ne faites pas ça. Je n’ai pas fais beaucoup de choses dans ma vie, mais j’ai fais beaucoup d’erreurs et j’en ai tiré des conclusions, je ne vous laisserais pas repérer mes erreurs, ne rien dire et vouloir oublier c’est la pire chose. J’ai vécu la même chose, les mots seront là pour vous aider, mais je comprendrais tout sans que vous n’ayez besoin de m’expliquer tout en détail. Aelys, faites-moi confiance. »

Finalement après cela, la jeune femme sursauta lorsqu’il tendit la main vers elle, et elle hésita longuement, Piotr voyait son regard qui ne savait pas vraiment quoi faire. Pourtant il sentait bien qu’elle ne pouvait pas rester là, elle commençait à comprendre qu’elle pouvait avoir confiance, c’était déjà un début. Les blessures physiques entretenaient les blessures morales il le savait bien, alors il devait l’aider à guérir de ça pour commencer, avant de pouvoir l'aider autrement. Après quelques secondes, Aelys glissa sa main blanche dans celle gantée du blond, et elle se redressa avec une petite difficulté, puis elle dégagea sa nuque ainsi que ses bras recouverts d’ecchymoses qui ne partiraient pas tout de suite. Il connaissait ça, il savait ce que c’était. Après avoir hoché la tête, le blond se retourna simplement, sur la table étaient posées plusieurs sortes de bouteille, c’était sa voisine qui les avaient laissées ici après avoir soigné le blond lorsqu’il avait été blessé quelques temps avant, et elle avait bien dit qu’il devait s’en servir pour soigner des blessures, il le ferait, sur lui jamais, mais sur Aelys, c’était différent. Le blond lâcha la main de la jeune fille avec douceur avant d’attraper la bouteille avec un morceau de tissu à désinfecter, puis il écarta légèrement la chevelure de la jeune femme pour dégager ses blessures. Il était plus grand qu’elle ce qui était assez pratique pour la soigner il fallait l’avouer. Le blond se servait de sa main gantée, il commença à désinfecter les blessures avant de reprendre la parole.

« Aelys, ces blessures peuvent être soignées, mais vous devez comprendre qu’il y a une marque qui ne pourra jamais disparaître de votre corps, il va falloir apprendre à vivre avec, c’est impossible de faire autrement. Ne vous le cacher pas, sinon vous ne pourrez jamais vous y faire. Je sais que je vous demande beaucoup, mais c’est la meilleure chose à faire. »

Le blond resta silencieux après cela, bien sûr qu’elle comprendrait, il parlait d’une seule chose, du tatouage indélébile qui ne pourrait jamais partir de leur peau, même après qu’on ait essayé de lui ôter avec les moyens habituels, il n’y avait rien à faire, ce serait une marque à vie, alors mieux valait s’y habituer avant de perdre la tête en le voyant.

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyLun 6 Juil - 15:55

    Face à ce que Piotr disait, Aelys restait sans voix. Comme prise au piège par les mots qu'il utilisait, par la réalité qui en ressortait. Car tout ce qu'il disait sonnait vrai, sonnait juste, et elle ne parvenait à croire qu'il mentait. Son regard était trop perdu, et il répondait trop simplement. S'en était déconcertant, alors qu'elle avait pensé ainsi pendant de longues années – la solitude laissait une grande place à la réflexion -. Et toutes ces idées qui tournaient maintenant, toutes ces certitudes …. tout lui donnait juste envie de vomir. Elle s'était tant attachée à l'idée que dehors, tout serait bon … Comment pouvait-il vivre en sachant que c'était si cruel, la réalité? Comment pouvait-on rester sain d'esprit dans un monde qui acceptait cette horreur sans même sourciller? Non, elle ne comprenait pas, et sur le coup se dit qu'il devait être vraiment très fort, psychologiquement parlant. Jamais il ne lui vint à l'idée que le simple fait de parler du Centre était pour lui une torture.

    Ainsi, elle le regarda l'air perdu pendant quelques secondes, le suivant machinalement des yeux alors qu'il rejoignait la fenêtre. Oui, il devait vraiment être fort pour vivre – ou survivre? - depuis si longtemps dans ce monde.

    Vint le sujet sur le pays dont parlait à mi-voix le blondinet. De nouveau, Piotr se perdit dans ses pensées, alors qu'elle tentait de les percer. Que voyait-il lui? Des contrées sous un soleil aride? Une pluie violente qui s'abattrait sur une forêt de pin? C'étaient là les seuls images qu'elle pouvait concevoir. Des vieux souvenirs, des cartes que ses parents avaient acheté … Rien ne s'était flétri avec le temps, elle s'était obligée à se les rappeler tout les jours.
    Et quand il reprit la parole, elle s'obligea à imaginer ce qu'il décrivait. Du blanc … des contrées blanches, donc? Son minois se fronça, alors qu'elle tentait de lire dans ses yeux – comme s'il pouvait lui montrer les images -. Un silence complet – un léger sourire naquit ses lèvres. Ça devait être étrange -, juste troublé par des bruits de pas. Et les gens semblaient accorder cette neige à la mort … pourquoi? Lui semblait l'adorer, pourtant. Elle resta donc silencieuse, l'observant tout en s'obligeant à se souvenirs. A remonter les années, à rechercher des moments de joie qu'elle lierait à quelque chose de blanc … Et soudainement, un sourire franc et amusé se glissa sur son visage.

      « Je crois. C'était drôle. On jouait avec … même si je sais plus bien comment. »
    La fin était marquée d'une légère grimace amère et déçue. Peut-être ne se souvenait-elle pas aussi bien qu'elle aimait à le croire. Peut-être avait-elle finit par oublier, par se laisser aller … ce serait horrible. Aelys ne serait plus humaine alors.
      « Vraiment froid, et silencieux? »
    Essayer de se raccrocher aux détails les plus infimes. Peut-être qu'ainsi, d'autres reviendraient, découleraient en cascade. Si elle ne se faisait pas d'illusion, elle ne pouvait s'empêcher d'espérer ne serait-ce qu'un peu. Tout et n'importe quoi pour se sauver. Tout et n'importe quoi pour se souvenir.


    La suite fût moins drôle. Ils en vinrent à des sujets plus sombres, plus terre à terre et moins futiles peut-être. Ainsi, il n'était pas comme elle l'avait crût avant. Il n'était pas tel un roc, il avait bel et bien ses propres fantômes. La blondinette les imaginait sans problèmes – elle voyait presque les images qui pouvaient défiler sous son joli visage -. Ce n'était qu'une illusion, comme celle de croire qu'on pouvait oublier de tels souvenirs. Si seulement la mémoire était réellement sélective …
    Et quand il lui proposa de lui faire confiance, elle acquiesça – encore une fois -. De toute façon, il n'y avait rien d'autre à faire. Maintenant, réussirait-elle à appliquer ses conseils? Devant lui, pourrait-elle parler des humiliations, des tortures, des tests? Si elle en doutait particulièrement, la jeune femme était d'accord quand même pour essayer. Qui ne tente rien n'a rien.
    Mais pourquoi lui ne le faisait-il pas? Piotr aurait pût, aussi, se décider à parler même maintenant. Mais Aelys ne le dit pas. Trop peur qu'il puisse le prendre mal. Trop peur qu'il soit gêné de ce qu'elle disait, de ce qu'elle avançait. Trop peur qu'il ait déjà essayé, et que ce se soit révélé inutile. Autant se taire, tant qu'elle n'en savait pas plus … mais en saurait-elle plus? Retournerait-elle errer dans les rues, dans quelques heures? Cette question la plongea dans un abime de réflexion, et de silence.


    Lorsqu'elle vit les produits, les flacons, la blondinette eût un léger mouvement de recul. Infime, mais il était là. Comme une réminiscence de tout ceux qu'elle avait vu passer, plus ou moins nocif. Certes, sa vie ne s'était pas résumée qu'à ça, au Centre. En réalité, les tests prenaient peut-être le plus de temps. Mais à côté, il y avait toujours ces médicaments, ces vitamines, ces piqures …. Tout les jours, à chaque repas, parfois même plus souvent. Et quand on ne voulait pas les prendre, ils passaient par voie sanguine. Croyez Aelys, elle avait essayé. Même quand elle parvenait à les vomir, quelqu'un s'en rendez compte et elle était bonne pour une double ration. Alors à force, elle s'y était faite et n'essayez plus de tricher … ou moins souvent. C'était plus simple ainsi. Moins … désagréable. Pauvres enfants blasés.
    La vue de ces flacons la plongea donc un court instant dans de désagréables souvenirs. Mais elle se décida à lui faire confiance. Il était bon, elle ne devait pas l'oublier. Cependant, son regard inquiet se leva vers lui – la blondinette remarqua alors qu'il était plus grand qu'elle -, et elle murmura

      « Ca va faire mal? »
    Lamentable. Pire qu'une gosse de cinq ans.

    Mais puisqu'il faisait attention, elle se laissait faire. Ne frémissant que lorsque le froid du produit rencontrait une partie abimée et plus chaude de sa peau.

    Encore une fois, il reprit la parole. Et de nouveau, elle blêmit un peu. Oui, Aelys savait de quoi il parlait. Et lui semblait savoir particulièrement bien où menait le chemin du refus. Elle croisa un court instant son regard, avant de soupirer.

      « Il n'existe vraiment pas de moyen pour l'effacer? Elle restera toujours là? »
    Encore un moyen du Centre les obligeant à se souvenir quotidiennement de leur condition. Comment oublier, comme s'absoudre en voyant tout les jours une marque qui rappelait qu'ils n'étaient qu'une sorte comme une autre de bétail? C'était inhumain – et ils n'étaient pas humains, pas complètement . Et c'était aussi une façon d'être sûre de pouvoir reconnaître les échappés du calvaire. Une véritable marque de bétail. Pendant un court instant, elle eût envie de se gratter à sang pour l'éliminer, tenter au moins … Mais Piotr avait déjà assez à faire avec ses différentes blessures, elle ne devait pas lui rendre la tache plus ardue encore.

    Mais le silence se faisait encore, et elle ne voulait pas le laisser s'installer trop encore. Alors, fronçant à moitié les sourcils, elle releva son minois et fit remarquer, un peu amusée.

      « C'est étrange. On doit être du même âge, ou à peu près, et on se vouvoie. »
    Avaient-ils une réelle raison de le faire? La jeune ne connaissait pas vraiment les us et coutumes, ne s'en souvenait plus assez … lui devait savoir, et lui devait donc pouvoir y répondre.




[Désolée, c'est pas super :s ]

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyLun 6 Juil - 18:46

Elle connaissait la neige, elle semblait l’apprécier, c’était quelque chose de tout à fait futile et peu important pour une personne normale, mais justement, il n’était pas une personne qui entrait dans la normalité, et entendre la jeune fille dire cela avec un sourire lui réchauffa un moment le cœur. Il était toujours ravi de voir des personnes qui aimaient ce qui représentait son pays, qui aimaient une part de lui-même. En demandant à Aelys si elle aimait la neige et la glace, il ne s’était pas forcément rendu compte, mais il tâtait le terrain, voyant si la jeune femme prendrait peur si un jour elle devait venir à découvrir son don. Son don, c’était une manière de ne pas penser au pouvoir qui était une manière beaucoup plus péjorative, selon le blond, de pouvoir qualifier de gène si spécial qui avait changé sa vie entière. Souvent le jeune homme s’était demandé ce qu’il aurait bien connu comme vie si jamais toute sa famille avait été ‘normale’, son père un mari fidèle, sa mère une jeune femme aimante, elle ne serait peut-être pas morte à cette heure-ci, du moins si Piotr aussi avait été un jeune garçon normal. Peut-être même qu’il aurait put grandir avec son frère dont il venait de découvrir l’existence il y a quelques jours, non c’était même certain, il aurait grandit comme un enfant humain, et il serait ailleurs à ce moment, avec des amis peut-être même. Des amis ? Le mot traversa furtivement l’esprit du blondinet, non, il n’y avait pas le droit, cette vie n’était pas pour lui, ils lui avait assez répété ‘tu ne seras jamais une personne normale et même si tu l’avais été tu serais malgré tout différent, c’est inscrit dans tes gènes humains’. Ironie, d’après ces hommes il ne serait jamais normal même en possédant uniquement des gènes humains. Comme quoi la vie réservait de drôles de surprises. Le blond sourit légèrement, les mains toujours glissées dans les poches, puis il hocha doucement la tête en répondant dans un murmure.

« Silencieux, froid et solitaire, le plus bel ensemble qui existe. »

Oui, Piotr aimait la solitude, il vivait seul depuis tellement d’années pour lui maintenant c’était comme si cette solitude avait une forme physique, il la sentait rôder à ses cotés, en permanence, même maintenant qu’il était dans la pièce avec la douce Aelys, il sentait la solitude s’imposer entre eux, et lui cacher la jeune femme à travers un voile flou comme pour lui signifier qu’il n’aurait jamais le droit de faire ce qu’il voulait pour elle. Pourquoi ? C’était la vie fallait-il croire ? Oui bien est-ce qu’il perdait tellement l’esprit qu’il ne se faisait plus que des films pour excuser sa peur des gens ? Il avait peur de se retrouver avec des autres personnes, il ne connaissait pas les lois qui régissaient les comportements humains, ou mutants… Il ne savait pas comment exprimer un doute, un sentiment d’amitié, d’amour fraternel, comment serrer une personne dans ses bras. Tout lui était refusé, son don lui bloquait tout simplement tout contact physique, il était banni des comportements humains avant même d’y avoir posé un pied. Il ne connaissait même pas ses sentiments, mis à part la peur il ne savait pas ce qu’il était capable de ressentir. Aelys était gentille et jolie, et pourtant le blond n’était même pas sûr de réussir à éprouver une amitié pour elle si le temps leur laissait la possibilité de le faire bien entendu. Pourtant dieu seul savait à quel point le Russe pouvait avoir besoin d’une autre présence dans sa vie, mais la solitude avait tellement pourri son esprit qu’il craignait de ne jamais savoir ce qu’était ce sentiment d’amitié, et les envies de protections qu’on pouvait avoir pour les autres. Est-ce que ça lui serait toujours refusé ? Un regard jeté sur la jeune femme, un doute qui s’insinuait dans son esprit comme un serpent, de l’égoïsme ? Il voulait l’aider, oui, mais pour éviter qu’elle ne devienne comme lui tout simplement. De l’altruisme ? Non plus, il aurait agit de la sorte pour n’importe qui, seulement le problème étant qu’il ne voulait simplement pas voir son erreur mille fois reproduite, en réalité il cherchait peut-être simplement à retracer son chemin à travers cette jolie mutante… Un égoïsme mêlé d’altruisme, un sentiment étrange.

Après cela le blond s’était avancé vers la fille qui avait accepté son aide, et Piotr remarqua le recul de la mutante en voyant les bouteilles, lui-même avait réagit de la sorte pendant très longtemps après sa sortie du centre. Seulement maintenant, il fallait bien s’y faire. Piotr évita de respirer trop fort, il détestait l’odeur des produits antiseptiques, ils rappelaient trop de mauvais souvenirs, et pourtant ils étaient sensés soigner et sauver des vies, est-ce qu’il détestait la vie autant que les humains de ce centre ? Non, mais il craignait peut-être les deux, il avait tellement peur de se lancer dans la vraie vie, c’était pour ça qu’il traînait ici depuis si longtemps, mais à y regarder de plus près après tout c’était quelque chose de logique, il était jeune, il avait le temps, toute une vie ? Une vie de fuite certainement, mais mieux valait éviter d’en parler, la pauvre jeune femme ne devait rien connaître des pensées turbulentes qui percutaient les tempes du blond qui tentait de garder un visage impassible, avec difficulté, heureusement qu’elle ne le regardait pas à ce moment. Finalement, la jeune femme sembla craindre les soins, elle s’adressa au jeune homme d’une voix qui lui serra le cœur, elle ressemblait tellement à la sienne lorsqu’il avait parlé à Jared. Piotr détourna le regard pour le diriger vers la porte comme s’il avait entendu quelque chose, mais il ne voulait pas risquer qu’Aelys voit le trouble qui passa dans son regard à ce moment. Après un petit moment, quelques secondes, il secoua finalement la tête en répondant d’un ton calme et étrangement doux, comme s’il parlait à une enfant apeurée pour la rassurer, une voix caressante comme une plume qui se promènerait sur un visage.

« Non. Plus jamais de douleurs Aelys, c’est terminé maintenant. Terminé. »

Il répéta ça comme pour se convaincre plus lui-même que la jeune femme, il n’arrivait plus à parler correctement, il se sentait si mal avec cette odeur qui lui tournait la tête, une boule dans la gorge, il s’attendait presque à sentir l’odeur de tabac de pipe qui accompagnait habituellement l’odeur des soins physiques. Piotr détestait cette sensation, il sentait que s’il parlait il dirait des choses qui effrayeraient la jeune femme, il ne voulait pas, non, il devait se débrouiller pour la rassurer, lui permettre de sourire. Elle avait un beau sourire, il aimait bien voir lorsqu’elle changeait d’expression, c’était comme une lueur brillante, comme si son visage était un soleil et le sourire le rayon qui le rendait lumineux. C’était stupide comme réflexion, mais il se sentait si mal que ses pensées devenaient confuses, comme lorsqu’il manquait de perdre complètement la tête, c’était effrayant il détestait ça. Si Aelys était un soleil brillant lui il était en glace, et aucun soleil n’était assez fort pour la faire fondre, mieux valait cesser ces comparaisons stupides et continuer docilement de la soigner. Le jeune homme essayait de faire le plus doucement possible pour désinfecter les blessures, ne pas toucher sa peau avec sa main, elle risquerait de sursauter, faire attention, toujours, ça en devenait épuisant, il était tellement solitaire qu’il ne pouvait même plus supporter de se cacher comme ça. La jeune femme tira soudain le blond de ses pensées en lui adressant la parole, accompagnant ses mots d’un léger regard de ses yeux gris bleus. Le blond le soutint un moment avant de détourner le regard comme pour chercher à la soigner en se concentrant alors qu’il ne voulait simplement pas qu’elle voit son trouble grandissant, ses yeux qui perdraient leurs repères, ses longs regards dans le vide, il devrait se débrouiller pour tenir le coup encore un moment, jusqu’à ce qu’elle décide de se laver ou de s’endormir, et lui d’être à nouveau seul… Comme toujours.

« Je suis désolé, mais oui, jusqu’à présent, je n’ai trouvé aucun moyen de l’enlever, seulement de la cacher. »

En effet, ce n’était pas un tatouage habituel, il était bien sous la peau comme tout les autres, mais gravé dans la chaire elle-même et non tatouée à l’encre comme les tatouages décoratifs tellement à la mode chez les jeunes. Non, c’était le fer rouge posé sur le bétail comme dans le temps, un fer rouge imprimé dans l’esprit brumeux du blond qui ne savait plus quoi faire, quoi dire, comment rassurer la jeune fille. Après un petit moment de silence léger entre eux, Aelys releva le visage pour lui demander pour quelle raison ils se vouvoyaient alors qu’ils devaient avoir le même âge. Piotr interrompit un moment son geste, regardant la jolie blonde d’un air surprit, puis il sourit légèrement avant de terminer ce qu’il était en train de faire en répondant d’une voix traînante avec son accent si spécial.

« Je ne sais pas. Tout le monde se disait ‘vous’ lorsque j’écoutais autour de moi. Je ne parle pas bien cette langue, je copiais ce que j’entendais, alors comme tout le monde disait ça, je le fais aussi. Mais je pense qu’on peut se permettre de se dire ‘tu’ après tout, nous n’avons pas besoin de faire comme tous les autres qui utilisent ces formules superficielles non ? »

Une question ? Plutôt une affirmation, ils n’étaient pas comme ça, leur passé les laissaient un peu plus proches que deux personne normales, décidément ce mot revenait toujours dans ses pensées comme un pendule hypnotique qu’il n’arriverait jamais à atteindre. Après un petit moment de silence, le jeune homme soupira légèrement, il avait terminé de désinfecter les blessures de la nuque de la jeune fille et il l’invita à s’asseoir à nouveau avant de faire de même en approchant sa chaise de la sienne, en face, puis il prit le bras droit de la jeune femme avec douceur puis remonta la manche de son habit en regardant les traces qui marquaient sa peau blanche. Il connaissait bien ça, inutile d’en chercher les raisons, il soupira doucement, comme s’il regrettait qu’elle ai eut à subir de telles choses, des traitements aussi douloureux, puis il attrapa un nouveau tissu antiseptique avant de passer son deuxième gant pour prendre le bras de la jeune fille dans une main, et commencer à soigner son bras de l’autre. Elle avait parlé d’un âge, ils étaient pareils ? Quand est-ce qu’elle avait été là-bas ? Son regard passa rapidement sur le beau visage de la jeune blonde, puis il le reporta sur ses blessures avant de demander d’une voix simple.

« Quel âge est-ce que tu as Aelys ? Et… A quel âge tu as été…. Enfermée ? »

Enfermée, c’était le cas de le dire oui ! Il ne voulait pas la perturber en lui posant des questions trop directes, mais elle avait accepté son aide et le blond n’allait pas lâcher l’affaire alors. Il devait essayer de la faire parler naturellement qu’elle puisse se lâcher, exprimer ses pensées, et même s’il ne pourrait pas répondre forcément tout le monde, parler suffisait des fois. Son regard passait des blessures au regard bleuté de la jeune fille, puis redescendait tout de suite comme s’il avait peur de trop laisser transparaître son humeur défaitiste et toutes les pensées douloureuses qui grouillaient dans son esprit comme des vers dans une pomme moisie. Il devait être beau à voir tient ! Un évadé qui voulait aider une autre dans le même cas que lui mais qui était totalement incapable de s’aider lui-même, ironique, pathétique, à vomir. Il se dégoûtait lui-même, tout en lui le repoussait, il représentait lui-même ce qu’il craignait et détestait, non vraiment, il devait tout faire pour que jamais la jolie tête de la jeune mutante ne soit remplie de pensées aussi sombres que les siennes, elle ne le méritait pas, vraiment pas.

[ HP : C'est très bien ^^ ]

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyLun 6 Juil - 20:49

    Le silence, le froid, la solitude. N'était-ce pas une façon de décrire leurs vies, leurs passés, peut-être leurs futurs? N'étaient-ils pas condamnés à vivre ça? Si. Aelys n'en doutait pas, et cette idée lui transperçait le cœur. Pourquoi les forçait-on à ça? Et elle en revenait toujours aux mêmes horribles conclusions : ce n'était pas humain, et ils ne devaient pas en être pour subir de tels châtiments.
    Le silence. Ils ne pouvaient pas parler. Condamnés dans le silence, à se taire pour ne pas revivre ces instants de terreur. Le silence, et ce n'était même pas une thérapie acceptable pour Piotr, qui l'avait testé et en était ressortit d'autant plus malheureux – à ce qu'elle pouvait comprendre, du moins -. Les pensées se gâtaient-elles quand elles étaient retenus? Peut-être. Sûrement, du point de vue du blond. Le silence … Ne pas parler de la réalité, de peur de trop en dire à quelqu'un à qu'il ne fallait justement pas parler. Le silence. Toujours le silence.
    Le froid. Celui qu'imposait les autres, quand ils connaissaient l'état de leur interlocuteur. Oui, Aelys se fiait au jugement du blondinet. Auquel autre aurait-elle pût se référer? Il était le seul qu'elle connaissait, le seul en qui elle pouvait avoir confiance – du moins pensait-elle réellement -. Cette froideur qui blessait, cette froideur morale qui faisait tourner la tête. Le froid. Mais pas physique, non, mais dans les attitudes. Pire encore, sans nul doute.
    La solitude. Comme une conséquence des deux idées précédentes. Comme une présence réelle, qui hantait la vie de ceux qui ne la connaissait que trop bien. Celle qui était toujours là, au détour d'un chemin, prête à rabaisser cruellement et rappeler la dure vie qu'ils devaient mener. Une amie ennemie, une amie sournoise. Si elle permettait de survivre par moment, ce n'était pas toujours vrai. Si, à cet instant, Aelys avait décidé de la jouer solitaire … comment aurait-elle fait? Serait-elle encore en liberté? Elle en doutait. Merci Piotr, encore une fois, et jamais elle ne le remercierait assez. Et pourtant, elle n'était pas sûre de pouvoir un jour être réellement proche de quelqu'un. Trop habituée à ne pas parler, à ne pas échanger. Aucune idée de comment l'on disait 'Je t'aime', ou 'Non, désolée'. Comment, sans ces notions basiques, tisser de réels liens avec d'autres personnes? La solitude, châtiment suprême et qui leur était réservé.
    Bon sang! Comment avait-elle pût faire une telle digression? Passer d'un sujet joyeux, futile, anodin, à celui de leur condition! C'était sûrement un signe. Ils n'oublieraient jamais, ils seraient toujours pris au piège de leurs propres pensées. Ils n'expireraient jamais la faute qu'ils avaient commises sans le vouloir, sans même rien y pouvoir en étant mutant. Et c'était là sûrement leur punition éternelle : le Centre, en souvenir ou en réalité, reviendrait toujours à la charge pour les empêcher de vivre.
    Silence. Froid. Solitude. Elle déglutit, et détourna rapidement le regard du garçon, le temps de se recomposer un visage lisse, plus joyeux. Ce qu'elle fît aisément.
    Enfin donc, elle acquiesça. Même son regard était presque redevenu calme. A peine une lueur amère, peut-être incompréhensible pour Piotr.

      « C'est vrai. »



    Vint le moment de panser les blessures qui ornaient joyeusement sa peau. S'il fût étonné de sa question, il n'en montra rien. Le joli blond détourna la tête, comme entendant un bruit, et Aelys tomba dans le panneau. Son cœur battit la chamade, et elle tourna la tête avec angoisse. Quelqu'un était là? Quelqu'un qui guettait depuis des minutes pour vérifier ce qu'il entendait à moitié? A cette idée, sa mâchoire se serra. L'illusion de sûreté se brisait, et elle revoyait les jeunes en bas de l'immeuble. Peut-être avaient-ils vus quelque chose qui les avait interpellé, et qu'ils avaient appelés un policier. Les murs semblaient fins, on entendait peut-être même bien de l'autre côté ce que disaient les jeunes adultes.
    Mais Piotr secoua la tête, comme refoulant les sons qu'il avait entendu – bon sang, il devait avoir l'ouie bien affinée, et elle être bien peu attentive !-, et il finit par lui répondre. D'une voix douce, calme, et elle se laissa bercer par celle-ci. C'était si loin des ordres à moitiés aboyés que la blondinette entendait dans le Centre, si loin des voix rauques qui perçaient le silence et son sommeil à n'importes quelles heures. Et c'était si … rafraichissant. Oui, il était apaisant, et rafraichissant après ces années sombres. Et encore : Aelys ne savait pas de quoi elle parlait quand elle disait 'rafraichissant'.
    Et elle le crût. Plus de douleur. Cette idée la mena à la rêverie. Ce serait si bon, si agréable … si illusoire? Non. Il avait promit, en quelque sorte. Comme à un mirage dans le désert, elle se raccrochait à ce qu'il disait. Qu'importe même qu'il mente, tant que pour l'instant elle était apaisée .. les réflexions viendraient après. Les vérités vraies aussi.

      « Terminé .. »
    Sa voix c'était faite rêveuse, et elle lui sourit courageusement, presque joyeusement.

    Il faisait attention, et au fur et à mesure la jeune adulte se détendait. Elle le laissait faire, profitant du nouveau silence pour laisser ses idées dériver. Vint la question sur la marque qu'il portait. Il la fixa quelques instant, soutenant son regard, et revint aux blessures. Elle craignit une question poussée, elle eût peur qu'il ne réponde pas. Ce serait la première fois qu'il éluderait réellement une question qu'elle lui posait. Et ça inquiétait un peu la jeune, qui ne savait comment elle devait le comprendre ….
    Encore heureux, Piotr résolut le problème en répondant. Et la seule réaction qu'elle trouva fût une nouvelle grimace peu amène.

      « Ho … Se cacher. La cacher. »
    Il n'existait pas de solution, que des pis-aller …. Il faudrait composer avec, oui. Articuler sa vie en sachant ce problème, ce défaut. Cacher, encore et toujours. Comment lui faisait-il? La question mourût aux lèvres de la jeune, alors qu'elle ouvrait de grands yeux, comme si elle avait une révélation. Était-ce pour ça qu'il portait encore son manteau? Ses sourcils se froncèrent encore, et elle décida de se ranger à cette idée.

    Aelys relança la conversation sur un sujet plus banal. C'était sûrement mieux ainsi. Cette fois-ci, la surprise naquit réellement sur le visage du blond, et elle ne pût réprimer un sourire. C'était mieux de le voir avec des expressions sur le visage. Plus … Mieux. Simplement mieux. Et du coup, le silence ne lui sembla pas long, alors qu'il terminait de la soigner – réfléchissant peut-être à sa réponse, ou ne voulant pas perdre le fil de son soin -. Elle releva juste un regard curieux vers lui.
    Forcément. Avec un accent aussi fort, il ne venait pas de l'Amérique. Il l'avait déjà sous-entendu, en plus. Il ne connaissait donc pas bien la langue. Il copiait. Tout aussi logique. Et elle ne pût s'empêcher d'acquiescer avec ferveur. Ils n'en avaient pas besoin. Le minimum pour éloigner la solitude, retirer les barrières des mots. C'était toujours ça de gagné, ça de prit.

    Toujours en confiance, Aelys s'assit quand il le demanda, le laissa relever la manche et dévoiler au jour les hématomes de différentes tailles, de différentes couleurs selon leur âge. Le soupire qu'il eût était sans équivoque. D'une petite voix, comme dégoutée par elle même, elle chuchota

      « C'est pas joli-joli … »
    Et la jeune n'y pouvait rien, et elle savait qu'il savait. Impossible de douter : tous subissaient les mêmes traitements, plus ou moins forts peut-être. Mais chacun devait prendre sa dose de pilules, de piqures, et autre joyeusetés du genre.

    Soudainement, elle sentit le regard de Piotr effleurer son visage. Intriguée, elle releva le nez, lâchant du regard la main du garçon qui allait et venait pour nettoyer, fixant ainsi de ses yeux bleus la peau claire du jeune adulte. A quoi pensait-il? Elle eût la réponse. Un peu trop vite, même.
    Un voile se glissa devant ses yeux, alors que des images défilaient encore. Sa mâchoire se serra légèrement, et elle tourna vivement la tête, fixant à moitié la table. Ce n'était pas la faute du joli blond. C'était celle du Centre, de ces souvenirs qui revenaient sans cesse. Car pour pouvoir se rappeler son âge, elle devait revoir les calendrier changer – qu'elle voyait certains jours, selon la salle de test où elle allait -, revoir les saisons passer alors qu'elle était dehors pour quelques minutes. Et quand avait-elle était enfermé? Ravalant ses larmes, Aelys revint au garçon, s'obligeant à fixer le regard vairon du blondinet. Elle souffrait, mais au moins elle vivait. Et ça ne confinait pas encore à la folie …

      « Je … 18 ans. Je sais pas. »
    Pendant une courte seconde, elle divagua encore.
      « J'ai passé environ … je sais pas. »
    Si, elle savait. Elle ne savait que trop bien combien de temps elle était restée à leur merci.
      « 5 ans. » finit-elle par chuchoter, à peine audiblement.
    Comme si elle refusait qu'il sache, comme si elle ne voulait pas en parler.

      « Et toi? »
    Inquiète, elle releva son regard encore brillant vers lui. Puisque la blonde avait été sincère, elle espérait qu'il le serait aussi. Mais il n'avait jamais promit ça, non, et elle ne dirait rien s'il éludait cette question là. Ils s'aventuraient sur un chemin houleux, un chemin dangereux, un chemin personnel … peut-être trop.

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyLun 6 Juil - 22:24

Piotr était occupé à soigner les blessures de la jeune femme lorsqu’il était en train de parler, et visiblement voir seulement ses avant-bras aussi abîmés et marqués par les tests la dégoûtait. Dieu qu’il connaissait ce sentiment ! Mais elle ne devait pas commencer comme ça, c’était le chemin qui menait à la mauvaise pente, jamais elle n’arriverait à s’en sortir si elle commençait à se sentir repoussée par l’aspect de son corps. Piotr comprenait que c’était en raison des marques de son corps et des souvenirs qui y étaient liés, mais il ne pouvait pas pour autant la laisser réagir comme ça. Oui ce n’était pas joli, mais c’était des blessures qui disparaîtraient avec quelques jours, s’estompant de plus en plus pour finalement disparaître complètement, ne laissant que la peau blanche et vierge de la jeune fille. Le blond secoua légèrement la tête, arrêtant son geste pour regarder la peau laiteuse, marquée de tâches bleuâtres, puis il répondit légèrement.

« Ce n’est pas joli oui, mais aucune blessure n’est belle, c’est, hélas, le principe. Mais ces blessures guérissent rapidement, c’est ce qui est lié qui est le plus rude à partir. Enfin, si tu ne guéri pas déjà par ce coté, tu ne pourras jamais espérer guérir autrement. »

Le jeune homme se tût, puis il recommença sa tâche avec application, comme si la vie de la jeune femme dépendait de la manière dont il allait la soigner, et lorsqu’on regardait de plus près, c’était un peu le cas. Aelys n’était pas mortellement touchée, là non, mais elle aurait tout simplement un handicap supplémentaire en gardant des cicatrices sur ses bras. Piotr repensa aux quelques tâches, des traces de piqûres qui n’avaient pas été soignées à temps et qui laissaient à présent de légères tâches blanches sur certains parties de son bras. Le blond avait bien entendu toujours les bras couverts, il ne voyait donc aucune trace, mais il savait qu’elles étaient là et que jamais, elles ne partiraient, c’était la pire des choses à ses yeux. Garder en mémoire un souvenir ne nous assurait pas de ne jamais l’oublier, même si certaines choses étaient tellement indélébiles qu’elles le restaient à jamais, mais là c’était autre chose, il verrait toujours les petites marques, et même en vieillissant alors qu’il perdrait peut-être la tête en raison des folles pensées qui habitaient son esprit, il garderait ça, ces liens rattachés à son passé que son esprit refuserait d’abandonner, de larguer.

Lorsque le blond posa la question qui lui traversait l’esprit depuis quelques secondes, il vit le visage de la jeune femme changer du tout au tout, elle serra les dents et détourna vivement son regard, dirigeant son doux visage vers la table comme si soudain quelque chose venait de l’interpeller. Piotr se sentit tout de suite en colère contre lui-même et baissa vivement la tête sur son travail, il se sentait tellement stupide à ce moment, avec sa casquette il dissimulait sans aucune peine son regard lorsqu’il n’avait pas envie de montrer quelque chose, mais là c’était plus dur. Le jeune homme inspira légèrement comme si les vapeurs dégagées par les produits le gênaient, mais ce n’était pas ça, pas du tout. Il en avait plus qu’assez de sentir ses paroles blesser les gens qu’il essayait d’aider, cette jeune femme avait l’air tellement fragile, il eut l’impression de lui avoir asséné une gifle, et lorsqu’il y regardait de plus près, il se disait que s’il venait de le faire, ça aurait été exactement pareil. Une honte, il arrivait tellement à se dégoûter lui-même que ça en devenait un don naturel chez lui, en plus de son pouvoir, comme s’il avait la chance ou la malchance de pouvoir blesser toutes les personnes à qui il adressait la parole. Finalement, la jeune fille se décida à répondre, et le Russe redressa la tête pour la regarder dans les yeux, et il vit avec surprise que son regard était extrêmement troublé, comme si elle venait de retourner tout son passé. Elle n’avait que 18 ans, même pas l’âge d’être majeure dans ce pays, lui non plus d’ailleurs, mais ce n’était pas là la question. Puis elle formula ne seconde réponse, prétextant ne pas sa souvenir depuis combien de temps elle était là-bas, et il pouvait la comprendre, après tout lui n’avait pas oublié le temps à force de ne plus voir les nuits et les jours se succéder ? Si, il ne savait plus exactement, mais lorsqu’il avait apprit que c’était l’année 2020, le blond s’était rendu compte de l’âge qu’il avait, des années qu’il avait passé là-bas. Aelys retourna alors la question, et Piotr s’immobilisa un moment en ouvrant la bouche comme s’il allait répondre, puis il la referma aussitôt avant de baisser les yeux comme s’il venait de se prendre une gifle à son tour.


« Je… »

Oui, il ne savait plus quoi répondre, combien d’années déjà ? Oh, il se souvenait à présent, c’était tellement… Tellement lointain à présent ! La dernière année de sa vie pendant qu’il était en fuite était passée plus vite que toute sa vie avant ça. Le blond soupira légèrement comme s’il essayait de trouver quelque chose pour justifier le fait qu’il ne puisse pas répondre tout de suite, et il reprit son travail, désinfectant les plaies plus en haut, au niveau de l’articulation du coude. Le temps passa, les secondes, puis elles se transformèrent en minutes, et après un petit moment, plus exactement 2 bonnes minutes, il rigola légèrement, d’un rire sans aucune joie, et peut-être même effrayant lorsqu’on voyait la situation dans laquelle il le faisait entendre. Piotr se redressa alors sur sa chaise, posant son regard vairon dans celui de la jeune fille. Aucune expression, ses yeux étaient bloqués par un voile, et il répliqua d’un ton monocorde, sans expression.

« Je l’avais aussi oublié à force. Les années se ressemblent lorsque le soleil ne se lève plus non ? J’ai passé…. Je suis entré là-bas avant mes 4 ans. J’ai 19 ans. Je suis resté 14 ans dans cette chambre sans voir la lumière du jour et de la lune avant de m’enfuir l’année de mes 18 ans. Mais tu connais ça, je ne vais rien t’apprendre. Alors… Tu as eut une vie, avant ton arrivée là-bas ? »

Piotr voulait croire cette jeune femme, mais elle avait l’air tellement apeurée, tellement difficile à mettre en confiance, tellement marquée mentalement et physiquement, il avait du mal à croire qu’elle puisse réellement avoir été là-bas seulement 5 ans, sinon elle n’aurait pas une telle peur en voyant des choses normales. Et il avait vu l’émerveillement de ses yeux lorsqu’elle avait vu la minable chambre ou ils étaient ainsi que la fenêtre toute petite avec une vue sur ce quartier minable. Non, il ne pouvait pas la croire, elle n’aurait jamais réussi à comprendre la beauté de toutes ces choses avec seulement 5 ans de vie là-bas, c’était impossible, ou il n’était pas normal pour avoir été aussi marqué qu’elle en trois fois plus de temps.

[ HP : Erf vraiment désolé c’est minable :s Je ferais mieux après ^^' ]

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MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyMar 7 Juil - 16:50

    Aux quelques mots si réalistes de la jeune femme, Piotr sembla encore plus blasé. Il secoua la tête, retenant son geste. Encore une fois, elle se surprit à chercher à savoir ce qu'il pensait. D'habitude, c'était simple. Ceux du Centre montraient leur dégout, ils n'hésitaient pas à paraître froid et c'était simple à comprendre, à deviner. Même pour des enfants terrifiés, en faite. Et les deux n'avaient vécu que dans cette optique – du moins si elle supposait que le blond avait vécu la même expérience qu'elle -. Comment, donc, comprendre les expressions si étranges et différentes que pouvaient prendre le visage d'un être humain? Oui, c'était merveilleux, c'était magnifique. S'en restait bizarre, et presque perturbant. Vraiment tout leur avait été volé, et ils étaient maintenant dans la vraie vie sans même les moyens d'y vivre. Ils n'avaient été préparés à rien. C'était pitoyable. Un sentiment qu'elle comprenait parfaitement. Dans le meilleur des cas, dans le centre, c'était un regard de pitié qui leurs était lancé. La pitié.
    Et donc, Aelys cherchait à savoir ce qu'il pensait, à percer ce secret. Mais il l'aida à résoudre ce problème en répondant. Des mots tout aussi réalistes que les siens, sûrement.
    Mais pourquoi disait-il ça? Devait-il vivre avec des marques qui ne partiraient jamais – des marques autres que cette tache sombre qui ornait leur épaule -? Aurait-il, à vie, d'autres souvenirs de cet enfer, sous forme de petites traces blanchâtres ? Réussissait-il à vivre avec ça? Et encore une fois, les questions s'accumulaient sans qu'elle ne puisse trouver de réponses. Il n'y en aurait peut-être jamais aucune, d'ailleurs. L'ignorance était-elle meilleur que la découverte?
    Sans trop de raisons, sa voix s'éleva dans un soupire désabusé

      « C'est pas juste. »
    Injuste quoi? Qu'ils aient à souffrir? Qu'ils aient eût à voir les horreurs qu'ils avaient pût entrapercevoir de nombreuses fois? Qu'ils soient ainsi? Bienvenue dans la réalité, Aelys.

    Les questions plus délicates tombèrent, et elle ne vit pas la réaction qu'il eût quand elle se raidit soudainement. Trop enfermée dans sa douleur, dans son silence, elle ne pouvait rien dire n'y voir. Comme si un voile la séparait du reste du monde dans ces cas là, comme s'il n'existait plus rien que cette douleur et ce silence. Une autre retombée de ces souvenirs, la violence qu'ils évoquaient ne laissait aucune place à autre chose … et oui, décidément, laissait la jeune dans son problème, l'enfermait à part de toute chose. N'était-ce pas ironique qu'il disait qu'en parlant, elle résoudrait ses problèmes? N'était-ce pas paradoxale? Si. Mais il avait raison. Il devait avoir raison.
    Au vu de la réaction qu'il eût, quand elle retourna la question, Aelys s'en voulût. Piotr donna l'impression de vouloir répondre, et pourtant il retint les mots. Un seul sortit, et il ne permettait aucune déduction … bon sang, qu'avait-elle fait?! Au fur et à mesure que les secondes s'égrenaient, dans un silence le plus total, elle en vint à se détester. Voilà qu'elle tombait sur quelqu'un de bien, et elle trouvait le moyen de le réduire au silence, de lui faire mal. Car même s'il reprenait son travail avec autant de douceur, elle ne pouvait croire qu'il allait bien. Comment expliquer, sinon, ce silence si lourd et pesant? Et le temps qui s'écoulait, qui semblait un long fleuve trop tranquille et pernicieux.
    Bon sang oui, elle se détestait. Pourquoi mettait-elle toujours le doigts là où il ne fallait pas? Pourquoi le poussait-elle dans ses derniers retranchements? Si ça avait été physique, si elle l'avait frappé, cela aurait été la même chose. La même violence. Un frisson la parcourut. Quelle sotte, quelle idiote elle pouvait être. Il l'accueillait si gentiment, et elle faisait sûrement les pires choses qui soient …

    Et ce rire. Un nouveau frisson remonta sa colonne vertébrale. Il était sans joie, déplacé. Effrayant, peut-être. C'était comme rire dans un cimetière, comme chanter à un enterrement, comme casser une assiette lors d'un mariage. Trop étrange, trop inconvenu. Mais que savait-elle des convenances? Rien. Sûrement rien, en réalité. Dieu que la vie en dehors était étrange et dure.
    Et quand son regard voilé, son regard lointain, son regard vairon se posa sur celui de la jeune adulte, elle réprima difficilement un nouveau frisson. Il n'y avait pas d'expression, ni dans ce visage ni dans ces yeux. Cherchait-il à cacher sa douleur, ou bien était-il lui aussi isolé par cette dernière? Et Aelys préfèrait le voir sourire à moitié, le voir surpris, le voir avec des sentiments qui s'étalaient sur son minois. Là, il faisait vide, et elle ne voulait pas le voir vide. Naturellement, comme mût par un mouvement qu'elle ne contrôlait et ne comprenait pas, sa main s'éleva. La mutante voulait l'aider à sortir de ça, ne voulait pas le voir ainsi. C'était trop dur à voir, d'autant plus écœurant qu'elle était la cause de ces réactions contres natures. Sa lèvre blanchit, alors qu'elle se la mordait férocement. Que pouvait-elle faire? Le sortir de sa transe, mais comment? Lui parler doucement, comme il avait fait peu avant? Le toucher, pour le rappeler à la réalité et l'extraire de ces souvenirs gâtés? Elle ne savait pas … elle n'avait jamais sût. Sa main retrouva sa place sur son propre genoux, alors que la blondinette retenait un soupire. Ce qu'elle se détestait, à cet instant même.

    Même ce que disait Piotr n'amenait pas aux rires. 14 ans. 14 longues années à subir sans cesse les mêmes tourments, peut-être à espérer que ce n'était qu'un cauchemar. 14 longues années de silence, de froid, de solitude. Décidément, cette discutions n'amenait que douleurs. La chambre blanche, pas de jours ni de nuits. Rien que la chambre et ceux qui y entraient. Pas de sommeil, pas de paix. Oui, elle connaissait ça. Malheureusement, même.
    Le blondinet posa une question, mais Aelys n'y répondit pas tout de suite. Elle resta silencieuse, ingurgitant ce qu'il avait dit. 14 ans. Des centaines de dizaines de jours. Effarant que des humains puissent faire de telles choses à d'autres humains … Étaient-ils si différents? La blondinette était pourtant prête à donner son don, à l'offrir pour juste effacer ce passé, ou même juste vivre sainement, maintenant. L'ignorance, tout, n'importe quoi qui ne serait pas cette douleur et cette perpétuelle horreur …
    Alors sa voix s'éleva, tout doucement. Ses yeux ne quittaient ceux si jolis du mutant et elle tenta d'affirmer.

      « C'est finit … C'est à jamais finit, Piotr … »
    Et comme si elle essayait de l'en convaincre autant qu'elle essayait de le faire avec elle même, la blonde continua
      « A jamais finit ... »
    Presque une litanie, comme si ces quelques mots amèneraient calme et paix sur la scène.

    Enfin, elle se décida à répondre, tachant de cacher cette fois-ci son trouble et sa douleur.

      « 5 petites années, oui. Mes 5 premières années. Je pense que c'était bien. Les souvenirs sont là, mais ils se raccrochent à rien. Pas d'émotions. Comme si elles avaient été … gommées. »
    Ou plutôt, comme si elles attendaient à être ravivées. A revenir, à la charge. Mal à l'aise de se dévoiler, gênée de parler, peinée de ces souvenirs, Ae' glissa ses doigts dans ses mèches, démêlant machinalement les nœuds qu'elle rencontrait, cherchant quelque chose à dire pour que le silence ne cesse. Et puisque leurs yeux se rencontrèrent encore une fois, elle sortit le premier sujet qui lui sortit de l'esprit. Le plus naïf, peut-être, mais le plus anodin.
      « Beaucoup de gens ont des yeux comme toi? Vert et bleu … c'est amusant. »
    Comment ça, c'était nul? Pour vous sûrement, mais la question était sincère. Quand on a croisé de toute sa vie les mêmes personnes, la moindre nouveauté est source de curiosité.



[Dis pas ça quand c'est très bien.]

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyMar 7 Juil - 18:45

C’est pas juste’, cette phrase résonna dans l’esprit perdu du jeune homme qui ne savait plus vraiment quoi penser, oui c’était injuste, mais combien de fois lui avait-on répliqué que la vie était injuste ? On naissait blanc, on naissait noir, on naissait beau, on naissait laid, tellement d’injustice, pourquoi le gène mutant y échapperait ? Combien de personnes rêvaient d’être belles ou d’avoir les yeux bleus ? Des tas de choses qui montraient à quel point la vie était une cause perdue d’avance, dans ses moments de déprime de plus en plus fréquents le blondinet avait du mal à comprendre vraiment pourquoi est-ce qu’il vivait encore, pourquoi il ne s’était pas tout simplement débarrassé de cette corvée depuis longtemps. La première fois ou il avait entendu quelqu’un lui parler des trois mots qui représentaient un pays très loin, liberté, égalité, fraternité, il avait manqué de lui rire au visage, comment oser parler de ça ? Liberté ? Il ne l’avait jamais connue avant ce jour ou alors il ne s’en souvenait plus et il avait du se battre pour la retrouver…. Égalité ? Moquerie, personne ne pouvait être l’égal d’un autre, il y avait obligatoirement des gens plus beaux ou plus intelligents que les autres, l’inégalité était le maître mot de l’humanité depuis trop longtemps. Fraternité ? Piotr n’avait jamais connu le moindre sentiment de bienveillance envers lui, il venait juste de se découvrir un frère depuis quelques jours à peine mais jusqu’à présent il avait simplement connu la solitude et tout ce qui en découlait. La vie était injuste, c’était comme ça. Les droits de l’homme étaient uniquement valables pour les humains et non les mutants. ‘Les hommes naissent libres et égaux en droit’, après ils se démerdent avait presque envie de dire le blond, mais même s’ils naissaient égaux d’après ce texte, le blond ne voulait pas le croire, non, certaines personnes partaient lourdement handicapées, et dans le cas des jeunes gens, c’était leurs origines mutantes qui étaient coupables, non, ils n’étaient pas égaux. La vie était injuste. Piotr avait presque envie de lui dire mais il ne s’en sentit pas le courage, sa naïveté enfantine attendrissait le jeune Russe, dieu qu’il savait ce que c’était, elle serait très vite déçue par la vérité, et elle perdrait ses belles illusions, mais sur le coup le mutant ne se sentit pas le droit ni l’envie de briser son rêve, elle avait le temps, et lui manquait tout simplement de courage pour pouvoir lui parler de la vérité sur ce point.

Alors que Piotr était resté silencieux un long moment, la jeune femme leva la main et il mit un petit moment avant de remarquer qu’elle semblait vouloir le rassurer, et heureusement il eut l’instinct de ne pas reculer car elle la reposa rapidement. Il n’avait pas envie qu’elle toucha sa peau, non pas que le contact physique avec elle l’effrayait ou quoi que ce soit de ce genre, mais elle aurait été beaucoup trop effrayée en sentant sa peau glaciale, il avait déjà vu trop de fois le regard paniqué ou effrayé dans les yeux des jeunes femmes qu’il avait rencontré jusqu’à présent. Ai, Abby, Annabella, Dakota, toutes, elles avaient été effrayées puis avaient dis qu’elles s’y habituaient, mais il ressentait toujours ce pincement au cœur lorsqu’elles remarquaient qu’il n’était pas comme elles, pas normal…. Même en mutant il arrivait à en effrayer d’autre, sans compter que les mutants se rendaient vite compte qu’il pouvait être mortellement dangereux, il gelait l’eau, le corps était composé à 70% d’eau, en gelant l’eau qu’il contenait il était facile d’imaginer le résultat. Combien de fois lui avait-on demandé de faire une démonstration ? Piotr se souvenait encore avec douleur le jour ou il avait été amené dans cette pièce close sans fenêtre ou il y avait juste un petit chiot roux en train de gambader avec insouciance. Son cœur s’était gonflé d’amour et de tendresse pour ce petit être et on l’avait laissé joué avec pendant plusieurs heures, comme une oasis dans un désert de solitude, cette journée allait rester gravée dans l’esprit chaotique du petit garçon à peine âgé de 8 ans à l’époque. Puis il se souvint du moment ou les chercheurs étaient venus et lui avait annoncé qu’il devait tuer le petit chiot avec son pouvoir. Piotr avait sentit son sang se glacer dans ses veines à ce moment, comme si c’était lui qui en mourait. Il n’avait pas pu, il aimait ce petit animal innocent qui le regardait avec ses yeux de biche de la même couleur que les siens et léchait avidement sa main tout en couinant pour jouer, sans se rendre compte de ce qu’il allait devoir subir. Le blond avait refusé, rien n’y avait fait, et puis ils avaient trichés, disant que s’il ne le faisait pas ils tueraient d’autres chiots, un chaque heure durant jusqu’à ce qu’il daigne accepter la tâche qui lui avait été confiée. Avec un déchirement au cœur le blondinet avait été obligé, il avait serré le chiot dans ses bras, ses larmes coulant sans arrêt dans une tristesse silencieuse, et gelant avant même de descendre suffisamment sur ses joues. Il l’avait serré, sentant son corps chaud se débattre pour échapper à l’étreinte glacée, à la mort lente et froide qui entrait en lui, puis il s’était immobilisé pour ne plus bouger, ses yeux vairons désespérément fixes qui regardaient le jeune garçon en larme avec un air blessé. L’expérience avait laissée le gamin blessé et son cœur à vif, il n’avait jamais plus osé approcher un chien depuis ce jour, il n’avait plus osé se regarder en face, ne pouvant se pardonner d'avoir fait ça, il ne valait pas mieux que les chercheurs, il était tout simplement pire, il était mutant.

Le regard du blond se troubla et il baissa vivement la tête, serrant les dents à ce souvenir encore douloureux, il se détestait, autant pour ce qu’il avait fait que pour ce qu’il ferait à l’avenir, il était méprisable. Le jeune homme ferma un moment les yeux, la tête baissé comme s'il continuait son travail, mais voulant tout simplement éviter le regard de la jeune femme et l’idée qu’elle puisse comprendre les pensées qui tournaient dans sa tête comme une valse horrible et macabre. Il pensait à tellement d’horreurs qu’il en perdait presque la tête, il avait tellement mal et pourtant c’était une douleur qui ne s’effacerait pas, jamais, il la méritait, il était un monstre, un mutant honteux, heureusement qu’ils n’étaient pas tous comme ça, heureusement que certains rattrapaient la race. Après un moment pendant lequel il continua de désinfecter avec douceur le bras de la jeune femme comme s’il s’agissait d’une chose précieuse, il releva les yeux en essayant de garder une expression neutre sans être certain d’y arriver malgré tout. Aelys le regardait de ses magnifiques prunelles grises bleutées, puis elle dit tout simplement une phrase qui tourna dans l’esprit du jeune blond. C’est fini ? Il la regarda avec un air légèrement suppliant comme si elle était en train de fermer un chapitre, de clore un passé douloureux pour recommencer une nouvelle vie, mais non, ce n’était pas fini, pas tant qu’ils n’arrêteraient pas de les poursuivre. Il aimerait tellement croire ce qu’elle disait, lui dire qu’il espérait que ça deviendrait le cas mais il ne put pas lui mentir, non, ça ne finirait jamais, peut-être mais pas lui. Son passé était tout ce qu’il avait, il n’en pouvait plus d’y repenser mais c’était la seule chose qui lui laissait penser qu’il pourrait peut-être être heureux un jour, avec un passé aussi douloureux difficile de penser avoir pire dans le futur. Le jeune homme hocha légèrement la tête, et il fit écho aux paroles si rassurantes de la jeune femme.


« Fini. »

Oh ! Si seulement, elle devait certainement terminer une phase oui, mais laquelle ? Certainement pas celle de leur vie, ils étaient malheureusement contraints de fuir tant qu’ils ne pourraient pas vivre normalement, et ça, ça ne finissait hélas jamais d’après ce qu’il avait vu. Mais il ne voulait pas attrister la jolie blonde, et il reprit donc son travail, attrapant avec douceur l’autre bras de la jeune fille pour s’en occuper avec patience et minutie comme s’il voulait la rassurer de la sorte. Puis Aelys répondit, disant qu’elle avait eut 5 ans de vie avant tout ça, mais qu’elle ne s’en souvenait pas comme si elles avaient été gommées, et le jeune homme hocha machinalement la tête en répliquant.

« Oui je comprends, j’ai aussi tout oublié, mais c’est peut-être mieux, à quoi se souvenir des anciens moments de bonheur si tu n’en as pas encore de nouveaux ? Tu seras malheureuse de t’en souvenir, trouve quelque chose pour te rendre heureuse avant, et tu pourras retrouver ce que tu as oublié, crois-moi, ça ne sert à rien de fouiller dans le passé avant le centre, il n’en sort que des mauvaises choses. »

Oui c’était vrai, il le savait et bien, mais pourquoi lui dire quelque chose qu’il était incapable de mettre en application ? La jeune femme resta un peu silencieuse, puis lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau, elle lui demanda une chose surprenante à propos de ses yeux. Il oubliait souvent que son regard provoquait une surprise pour la plupart du temps, certains aimaient, d’autres non. Piotr esquissa un sourire, c’était un bon souvenir et un mauvais souvenir, l’épisode du chien aux yeux varions le fit perdre son sourire et il détourna le regard pour éviter de laisser voir ses yeux attristés, puis il pensa à autre chose…. La chercheuse qui était venue s’occuper de lui un jour, elle était si jolie, comme sa mère, il avait juste 9 ans et il n’avait plus vu de femmes depuis longtemps. Elle lui avait sourit, d’un sourire qui restait gravé dans son esprit, puis elle avait regardé ses yeux d’un air surprit avant de lui dire ‘Oh, mais quel beau regard tu as, c’est un peu comme ces jolis petits chiens du froid, les husky, c’est tellement joli !’. Il avait sourit ce jour-là, son seul sourire jusqu’à ce qu’il sorte, elle n’était plus venue après, elle était trop gentille, ils l’avaient renvoyée. Le sourire du blond était légèrement revenu, attendrit à ce moment et il fixait le sol devant lui sans voir la jeune mutante. Un chercheur était ensuite venu, il lui avait expliqué que cette marque physique était une tare physique qui signifiait une mauvaise composition génétique, décidément il n’avait pas été gâté sur ce point ! Dans le temps on pensait même que c’était la marque du diable et les gens comme ça étaient brûlés sur la place publique. Après il n’avait plus sourit lorsqu’on lui parlait de son regard. Mais là… Aelys était tellement douce et son visage lui rappelait tellement celui de la gentille chercheuse, celui de sa mère aussi un peu, même s’il ne se souvenait plus que de son regard, et encore très vaguement. Piotr reporta son regard sur les soins en répondant.

« Non, pas beaucoup, normalement c’est un défaut, un problème génétique, je n’ai pas été très gâté sur ce point il faut croire. Il y a seulement les chiens du froid qui ont ça, les husky on m’a dit. Mais bon, c’est aussi un mauvais signe apparemment, généralement les gens en ont peur, ils n’aiment pas, c’est trop… Différent de ce qu’ils ont l’habitude de voir. »

Il était habitué à la différence et le blond préféra plus utile de se taire puis il continua avec application les soins de son bras, ils allaient plus rapidement maintenant qu’elle se laissait faire. Après quelques temps en silence, il eut terminé, et les deux bras de la jeune femme étaient toujours marqués bien entendu, mais les plaies étaient propres et désinfectées avec attention. Piotr posa le tissu désinfectant sur la table avant de relever son regard. Il voulait poser une question, LA question, mais il avait peur de la réaction de la belle. Après un petit moment à la regarder dans les yeux, il se décida enfin.

« Aelys… Quel est ton pouvoir ? »

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyMar 7 Juil - 20:42

    'Fini'. Le mot sonna, à la fois comme une sentence et comme quelque chose de terriblement agréable. L'illusion que tout s'arrête, qu'ils puissent vivre une vie tranquille, une vie sans problèmes et joyeuse. Cette dernière notion échappait un peu à Aelys, mais elle s'en fichait. En réalité, la jeune adulte rêvait juste de découvrir cela. De vivre normalement, comme Madame tout le monde. Et puisque c'était impossible d'atteindre ce bonheur, elle en rêvait d'autant plus. Elle avait crût toucher à la liberté quand elle s'était échappée. Illusion. Elle avait crût ne plus être poursuivie, dans les différentes villes. Illusion. A chaque fois qu'elle avait crût frôler du bout des doigts ces notions abstraites, la joie, le bonheur, la liberté, tout s'était écroulé devant elle. Pourtant, ses yeux s'émerveillaient toujours devant des choses futiles et anodines, signe qu'elle ne perdait pas espoir. La peur était là, mais pour peu qu'elle essaye de l'oublier, elle redevenait cette petite chose naïve, naturellement douce et pleine d'illusion. Et avec le blondinet, puisqu'il était la seule personne rassurante qu'elle connaissait, elle pouvait se permettre d'être un peu plus elle même.
    Mais elle ne se leurrait pas. Dès que quelque chose n'irait pas, dès qu'il y aurait quelque chose de mauvais, dès qu'une de ses fameuses illusions se briseraient, Aelys se replierait sur elle, n'offrant plus à nouveau que ses peurs et sa solitude au monde. A moins, et elle n'osait imaginer que ce serait possible, que d'ici ce fatidique moment, elle ait retrouvé des amis. Un semblant de famille. Retrouver la vraie était presque impensable. Ce serait trop dur mentalement pour elle. Et c'était bien le seul égoïsme dont elle était capable. Mais oui. Si d'ici là elle avait retrouvé quelque chose de stable, alors peut-être ne s'effondrait-elle pas en même temps que ces illusions. Mais puisque c'était une illusion parmi tant d'autres, elle ne pouvait rêver la voir devenir réalité. Certaines choses devaient rester du domaine de l'imaginaire, n'est-ce pas?
    Ce serait comme penser que soudainement, le gêne disparaitrait. Ce serait merveilleux – du moins l'imaginait-elle ainsi – mais c'était impossible. Elle s'y était résolue pendant les heures de tortures, pendant les heures où les médicaments ne faisaient plus assez effet pour cacher la douleur et qu'elle délirait à moitié. C'était comme une malédiction : invisible, et pourtant tout le monde le savait. On agissait alors qu'en articulant tout autour.

    Aelys le laissa changer de bras, lui offrant de nouvelles blessures à s'occuper. Et sans rechigner, sans avoir l'air rebuté par ces marques, il continuait avec une patience d'or. Elle en vint encore une fois à se demander pourquoi il faisait ça. Il n'y avait pas d'intérêt – à tout les coups, il était solitaire et donc la présence même momentanée de la jeune femme serait remarquée -. C'en était même dangereux pour lui. Pour ce qui était des problèmes qui découleraient pour la jeune adulte, cette dernière s'en fichait complètement. Elle avait décidé en connaissance de cause de s'échapper, savait bien qu'ils n'arrêteraient pas soudainement de la poursuivre. Mais elle ne tenait vraiment pas à le mêler à ça. Lui semblait avoir trouvé un équilibre – son regard se perdit même autour d'elle, observant avec merveille encore une fois la pièce – et elle ne voulait pas le briser. C'était inutile. Et méchant pour le jeune homme qui était si bon. Une seule chose étonnait la mutante. Pourquoi portait-il encore un gant? Avait-il peur de se salir en la touchant? Non, sinon Piotr ne ferait pas aussi attention. Alors pourquoi? Elle ne trouvait pas de réponses. Un mystère comme un autre, un mystère de plus. Juste ça.

    Ainsi il avait aussi tout oublié. Elle ne pouvait que le comprendre. Face à une telle horreur, comment se rappeler sans souffrir encore plus les moments de bonheur? Pour sa part, Aelys avait enfermé mentalement tout ces souvenirs, et avait jeté la clé. Ce serait sûrement dur pour elle de la rouvrir, mais elle pensait pouvoir le faire quand il sera temps. Apparemment, pour le blondinet, il fallait retrouver quelque chose de joyeux avant. Les sourcils clairs de la jeune se froncèrent, alors qu'encore une fois elle remarquait que c'était une notion plus qu'abstraite pour elle. Comment pourrait-elle reconnaître ces instants, si elle était incapable de trouver ce qui la rendait heureuse? C'était la un dilemme qu'elle ne pouvait résoudre. Aussi, elle se contenta d'acquiescer, le regard un peu perdu et plein de réflexions, sans pour autant jamais paraître peiné. Cela viendrait donc en son temps, et elle ne doutait de ce qu'il disait.

    Quand Aelys lui demanda pourquoi ses yeux étaient ainsi, Piotr sembla hésiter entre peine et joie. Elle n'osa pas demander le pourquoi du premier cas : c'était sûrement douloureux, et le souvenirs de la simple question sur le Centre et son âge 'd'admission' restait bien présent. Ainsi elle retint sa langue sagement, préférant attendre qu'il se décide pour l'une ou l'autre solution. Ce qui n'arriva pas réellement. Le joli blondinet répondit en demi-teinte. Un défaut? Il existait bien pire comme défaut, dans ce cas là! Un problème génétique? Elle manqua d'éclater de rire. Que penser du gêne mutant? N'était-ce pas trois fois pire? Sans aucuns doutes. Pas gâté? Du point de vu d'Aelys, c'était joli. Il ne devait donc pas se plaindre. Non, ce qui gênait la jeune, c'était justement ça. Il semblait trouver que c'était mauvais. Comme les Husky? Ces chiens du froids? C'était amusant : lui aussi venait du froid, n'est-ce pas? Curieux, et oui, amusant. Certains n'aimaient pas? Elle ne pouvait comprendre. C'était beau, sans nul doute beau, et ils trouvaient ça …. étrange? Encore une fois, son rire manqua de fuser. En effet, ils ne pouvaient comprendre que les mutants n'étaient pas trop différents des humains s'ils pensaient déjà que de simples yeux qui n'étaient pas habituels poussaient à la peur. Timidement, se mordillant la lèvre, elle répondit alors.

      « Pourtant, c'est beau. Après tout pleins d'yeux qui étaient les mêmes, c'est vraiment beau. C'est bizarre d'avoir peur de choses qui sont jolies ... non? »


    Le temps qu'il pose le tissu, Aelys souriait en regardant les plaies. Une pointe de dégoût habitait toujours le fond de ses yeux, mais maintenant c'était mieux. Elle le croyait quand il disait que tout serait meilleur si elle se soignait bien. Puis, ses prunelles revinrent trouver celles magnifiques du blondinet. Assez étonnement, le silence se refit alors qu'il la fixait calmement. Elle ne comprenait pas pourquoi, ne savait que dire, ou que faire. Aussi que comprendre. Mais puisque le calme s'était fait de nouveau sur la scène, la jeune adulte n'en dit rien. C'était bien ainsi. Et puis, elle ne pouvait deviner que ce serait troublé par quelque chose de gros.

    Car une question tomba. Une question à laquelle elle n'était pas préparée. Une question qui la plongea dans un enfer de souvenirs, bien qu'elle ne détourna pas le regard. Au contraire, elle scruta un peu peureusement les jolies prunelles bicolores du garçon. Pourquoi demandait-il ça? Obligatoirement, elle en venait à se rappeler les heures de tortures mentale pour qu'elle explique comment cela marchait, les minutes à éviter des ballons qui sortaient de nuls parts, plus ou moins violents et qu'elle devait prévoir … tout ces tests qui, oui, n'avaient que pour but de vérifier son pouvoir et de l'apprivoiser – si c'était possible -. Les larmes montèrent doucement, alors que malgré elle elle revoyait ces images qui la hantaient, qui l'empêchaient de dormir. Elle ne les arrêta pas – c'était impossible, de toute façon -.

      « Je vois ... »
    Et c'était là une malédiction. Voir, savoir, ne rien pouvoir y faire. C'était horrible, surtout quand elle ne pouvait rien faire pour éviter ce qui allait se dérouler. Et encore. Aelys n'était même pas sûre de pouvoir changer le court des choses – pourtant, ils avaient essayé de savoir, en utilisant milles et une ruses! -. Puis, se rendant compte que 'Je vois' était une réponse complètement incompréhensible pour qui ne savait pas, elle continua, écrasant maintenant les larmes sur ses joues sales de sa paume de main.
      « Des bouts de futurs. Des choses qui vont se dérouler. »
    Et elle ne lui retournera pas la question, sûre qu'il n'apprécierait pas. Ne pas tenter le diable, non, jamais. Et même si elle brûlait de savoir, elle ne le disait pas, attendant qu'il continue les questions – car ils continuaient tous, n'est-ce pas? -

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyMer 8 Juil - 10:04

La jeune femme avait l’air de ne pas trop comprendre les raisons qui poussaient les humains à craindre les gens différents, même pour de simples questions de couleur d’yeux. Lui si, il savait combien ça provoquait les moqueries déjà, combien de fois les jeunes du quartier lui avaient demandé s’il était un bâtard, parce que les yeux vairons étaient la tare de bâtards avait-il apprit par la suite, et il ne savait même pas ce que c’était sensé être, un rejeton illégal. C’était un peu le cas lorsqu’on y regardait, était-il punit des actions et du comportement de son père par la couleur de ses yeux ? Stupidité, il ne pouvait pas imaginer qu’un homme comme son père puisse jouer sur ce qu’il était devenu, enfin d’un coté si, étant donné qu’il avait hérité le gène mutant de son code génétique, mais il ne pouvait pas agir sur son physique direct. Il fallait être croyant, penser qu’un dieu supérieur existait réellement et surtout q’il punissait les pêcheurs, mais le blond n’y croyait pas, non, si un dieu avait existé il n’aurait jamais permis que tous ses enfants se battent. A cette pensée quelque chose revint à l’esprit du jeune homme, une femme, une none, qui avait fait le signe de croix devant lui un jour, en raison de ses yeux mais aussi parce qu’elle l’avait vu utiliser son pouvoir, pour elle les mutants étaient les fils du diable, est-ce que c’était vrai ? Pourquoi ? Les fils du diable devaient être comme leur père, diaboliques, et aucun mutant que le jeune Russe avait rencontré ne méritait ce qualificatif, les seuls personnes étaient les chercheurs du centre, et Piotr refusait de croire qu’ils puissent être eux, les enfants de dieu, et les mutants les fils du diable. De toute manière il fallait être croyant et ce n’était vraiment pas le cas du blond qui préféra chasser ses pensées obscures de son esprit pour se contenter de regarder la jeune femme alors qu’elle répondait. Elle trouvait ça beau, ça surprenait assez le jeune homme qui ne dit rien sur le coup, mais lorsqu’elle demanda si ce n’était pas étrange que les gens aient peur de ce qui était beau, il haussa les épaules avant de répondre doucement.

« Ils n’ont peut-être tout simplement pas la même conception de la beauté que nous faut-il croire ? Ou bien encore une fois ils pensent que c’est un signe de mauvaise augure, je ne sais pas, je ne leur ai jamais demandé, je pensais qu’ils avaient raison tout simplement. »

Oui, il pensait réellement qu’ils avaient raison en lui disant que c’était quelque chose qui faisait peur, et de toute manière combien de fois lui avait-on dit que certaines formes de beauté étaient mal vues ? Le jour ou il était sortit, il, avait rencontré une très belle jeune femme, elle avait des cheveux de la couleur du feu et des yeux à peu près pareil, pour le blond c’était totalement nouveau et il était presque sûr qu’elle était mutante en voyant la couleur étrange de ses yeux. Elle était habillée comme une gitane, et très rapidement l’homme qui l’avait aidé l’avait tiré de ses griffes en disant qu’elle avait une beauté certaine, mais une beauté du diable, une beauté dangereuse et qu’il ne valait mieux pas approcher. Piotr n’avait pas vraiment comprit pourquoi l’homme lui disait que la beauté pouvait être dangereuse, après tout ce n’était pas sensé faire plaisir à voir et pouvoir admirer ? Il n’avait pas cherché plus loin, l’homme lui avait simplement parlé de plantes magnifiques qui attiraient leurs proies et les dévoraient tout simplement, une plante qui mangeait des proies ? Piotr n’en avait pas cru ses oreilles et se souvint encore de l’expression étonnée qui avait fait exploser l’homme de rire, oui, il était tellement naïf et ne connaissait rien, il avait une vie entière à apprendre, tout ce qu’un enfant était sensé savoir lui l’ignorait tout bêtement. L’homme lui avait juré de l’aider à devenir comme un jeune homme de son âge, mais il était très vieux et après quelques semaines il était mort, laissant le jeune blond tout seul, s’enfuyant dans la rue pour éviter qu’on ne le retrouve avec cet homme, il avait eut tellement honte, mais il n’avait fait qu’obéir aux ordres que son ami lui avaient donnés quelques jours après l’avoir recueillit, sentant peut-être la mort approcher. Le jeune mutant avait un mal fou à sortir de ses pensées et à se concentrer sur le visage de son interlocutrice, c’était comme si ses souvenirs le tiraient en arrière pour qu’il plonge dedans et n’en sorte plus jamais, c’était affreux, c’était douloureux, mais il n’y avait rien à y faire, seulement lutter encore et toujours.

Alors qu’il avait posé LA question, Piotr vit la réaction instantanée dans l’expression de la jeune femme, et il regretta tout de suite d’avoir osé parler de ça à cette pauvre jeune femme sans défense. Il vit son regard se troubler, les larmes commencer à monter, et il ne put rien faire de plus que de reculer légèrement vers le dossier de la chaise pour s’il voulait mettre une distance pour s’excuser. La jeune fille aurait été frappée que ça n’aurait pas été différent, comment est-ce qu’il avait ainsi put lui poser cette question sans plus de douceur ? Il ne savait pas, mais son instinct lui avait soufflé de le faire, il voulait l’aider mais il devait savoir ce qu’elle possédait comme don. Elle commença doucement, disant qu’elle voyait, mais qu’elle voyait quoi ? Piotr releva un moment la main pour l’avancer vers son visage comme pour la rassurer mais il s’interrompit aussitôt, et reposer sa main là où elle était quelques instants avant, non, inutile de l’inquiéter encore plus, il ne pouvait pas lui imposer ça pour le moment. Puis elle expliqua qu’elle voyait des bouts de futurs, des choses qui allaient se dérouler, c’était un pouvoir surprenant. Il avait du mal à croire que ça pouvait exister, il y avait tellement de choses à faire avec ça ! Elle pourrait essayer de fuir les gens de l’opération ainsi, à moins que son don ne se déclenche que lorsqu’elle le voulait ? Difficile à savoir, mais visiblement ce devait être le cas. La jeune femme écrasa des larmes qui coulaient à présent, laissant des sillons propres sur ses joues sales, il baissa instinctivement le regard, coupable de l’avoir rendue triste alors qu’elle semblait presque sourire avant. Le blond resta un petit moment silencieux, seulement quelques secondes qui semblèrent durer des heures pour lui, il puis releva la tête pour plonger son regard dans celui de la jeune femme, ses yeux magnifiques brillants de larmes que lui avait déclenchées. Il se mordit la lèvre inférieure dans un tic de gêné, puis il s’adresse à elle d’un ton d’excuse, d’un ton sincère, d’un ton désolé.


« Excuse-moi Aelys, je ne voulais pas te faire pleurer…. Je voulais… Je voulais… »

Qu’est-ce qu’il voulait ? Il avait envie de la faire pleurer ? Une curiosité malsaine ? Non, ça ne lui ressemblait pas, il voulait juste l’aider et la faire avancer mais pour ça il devait pouvoir connaître son don afin de l’aider à avancer. Elle resta silencieuse et il lui fut soudain extrêmement redevable de ne pas lui retourner la question, mais une boule coupable restait coincée dans sa gorge, comment pouvait-il espérer l’aider alors qu’il se cachait lui-même ? Le jeune homme analysa le regard de la jeune femme pendant un moment, puis il se décida, il voulait voir un léger sourire, entendre un rire, voir son visage éclairé, elle avait l’air tellement brisée à ce moment que ça lui faisait de la peine. Le blond releva sa main gauche puis à l’aide de l’autre main il défit le gant pour l’ôter, laissant sa main gauche à l’air libre. Après quelques secondes, il la plaça entre lui et la jeune fille, la paume à l’air, puis il regarda dans cette direction avant de se concentrer doucement. Il voulait la faire sourire et il espérait simplement ne pas l’effrayer en lui faisant cette petite démonstration, qu’elle ne refuse pas de se laisser aider après ça, puis il inspira légèrement et commença ce qu’il avait prévu. Le blond fit apparaître une petite boule dans le creux de sa main, puis elle grossit toujours plus, commençant à prendre la forme d’une rose ouverte, en glace bien sûr, mais on voyait clairement qu’elle représentait une fleur. Après une vingtaine de secondes le jeune s’arrêta puis il prit la main de la jeune femme de sa main froide encore couverte, et il l’ouvrit comme il put avant de glisser la rose qui ne fondait pas dans la main sale de la jolie blonde. La glace allait être froide, très froide au toucher, mais un avantage, elle ne fondait pas comme les glaçons en été, le garçon pouvait la faire à la température du zéro absolu qui ne permettait aucune fonte, à moins que ce ne soit lui qui le décide. Ainsi elle n’aurait que la sensation agréablement fraîche de la glace, et la rose brillante comme du cristal au creux de sa main crasseuse. Le jeune homme baissa ses deux mains avant d’inspirer légèrement, il espérait réellement ne pas l’avoir effrayée, et il se hasarda à regarder son visage en répondant une nouvelle fois mais cette fois-ci sa voix était plus tendue.

« Je ne voulais pas te blesser Aelys, je veux pouvoir t’aider, pour ça je devais savoir si tu étais comme moi ou si ton pouvoir pouvait se cacher avec facilité. Ne pleure pas, je t’avais dis que tu n’aurais plus mal, je ne veux pas te rendre triste, excuse-moi. Je veux juste te voir sourire, comme avant, tu avais presque l’air joyeuse, ça réchauffe le cœur de n’importe qui ce genre de sourire. »

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyMer 8 Juil - 12:31

    Pour Aelys, c'était étrange de se plier si facilement aux dires des autres. De partir du principe que si ils disaient quelque chose, c'était vrai. Qu'il ne pouvait exister une autre réalité, ou qu'ils puissent avoir tord. Trop naïve, sûrement, pour concevoir que par exemple, la notion du bien dépendait de la personne qui l'énonçait. Et pourtant, elle faisait instinctivement comme Piotr. On lui avait rabâché qu'elle n'était que différente, et différente dans le mauvais sens, quelqu'un qui ne méritait pas d'être traité comme tout les autres humains. La blondinette avait finit par admettre cette idée, comme si elle était sienne, et il ne lui venait plus à l'esprit de la remettre en question. C'était ainsi, et c'était tout. Point, à la ligne. Aussi, elle acquiesça avec douceur et compréhension. Ces superstitions la dépassaient, mais soit. Le monde était si étrange, en réalité.


    Puis vint la fameuse question. Ce n'était pas celle qu'Aelys redoutait le plus. C'était presque simple, bien qu'un peu douloureux car empreint de sombres souvenirs. Par contre, se plonger sur les expériences, sur les moyens qu'ils avaient mi en œuvre pour réussir à dompter et comprendre son don était presque impossible pour la jeune adulte. Elle revoyait sans cesse ces instants, elle apercevait leurs regards amusés quand elle ne réussissait pas. Ils s'amusaient de sa douleur, et ils étaient passés maître dans l'art de faire souffrir subtilement. Avaient-ils peur qu'elle ne leur dise pas tout? Mais à ces moments là, quand la souffrance était si intense, la blondinette était prête à tout leur révéler. Avaient-ils peur qu'elle ne se donne pas au maximum? Mais elle faisait pourtant de son mieux. Donc non : elle ne pouvait pas en parler, pas maintenant, et peut-être même jamais – même si le blondinet semblait le vouloir -. C'était trop douloureux, trop difficile, en quelque sorte insupportable.
    Et puis, ça la ramenait toujours à l'inconnu. Son don. Si elle avait deviné un peu plus que les scientifiques, parce qu'elle ressentait, parce qu'elle testait elle même certaines choses, parce qu'elle était la première à subir les attaques de ces visions. Aelys avait donc toujours une fraction de seconde d'avances sur eux, quand il s'agissait de comprendre. Ainsi, elle avait finit par admettre l'idée que ses visions n'avaient pas toutes le même degré d'intensité. Elle les avait classé sur une échelle de 1 à 10. Au minimum, c'était par exemple ce qu'elle aurait à manger au repas précédent. Celles-ci venaient facilement, et au contraire elle pouvait aussi facilement les repousser. Au maximum, c'était tout ce qui la mettait en danger physiquement, sûrement ce qui pouvait la tuer. Celles-là étaient rares, et elle ne les contrôlait pas du tout. Ces visions s'imposaient, et disparaissaient comme elles voulaient. Par contre, aucun n'avait réussit à savoir si elle pouvait les faire apparaître selon son bon vouloir, ou si elles étaient subjectives, peu sûres.

    La jeune ne réagit pas quand la main du jeune homme s'éleva, restant dans une immobilité stoïque. Après tout, elle avait eût la même réaction peu avant, et pouvait donc comprendre. Et puis, elle n'était guère capable de réagir. Au lieu de ça, elle continua à lui répondre. Et la jeune le crût quand il dit ne pas avoir voulu la faire pleurer. Luttant pour rendre à sa voix une intonation ferme, elle répondit alors dans un filet.

      « C'est pas ta faute …. »
    Et c'était vrai. Les seuls coupables de ses larmes étaient ceux qui avaient testé au maximum ce don, qui peu à peu lui avait apprit à le redouter, à l'aimer … étrange paradoxe. Il n'y pouvait rien. C'était peut-être vrai : crever l'abcès aiderait à le soigner. Quand il serait propre, peut-être irait-il mieux.

    Et la suite fût source de surprise. Le silence retomba entre les deux jeunes adultes, comme c'était une sorte d'habitude. Piotr la fixait, et elle ne comprenait pas pourquoi une nouvelle fois. Que cherchait-il? Que voulait-il?
    Soudainement, il leva sa main gauche, et défit son gant. Aussitôt, une étincelle de curiosité alluma le regard de la blondinette. Allait-elle enfin comprendre le pourquoi du gant? Il sembla hésiter, puis avança sa main. Les yeux d'Aelys accrochèrent ceux du joli blondinet, et elle lui lança un regard interrogateur. Mais il se concentra, et quelques secondes après un soupire naissait à ses lèvres. Toujours aussi intriguée, la mutante retourna son regard vers la main tendue, qui était entre les deux. Une boule fît doucement son apparition dans la paume du jeune homme, une boule qui grossissait peu à peu. La curiosité fît place à l'incrédulité dans le regard de la jeune, et elle leva de nouveau ses yeux sur le blond. Pour une fois, leurs prunelles ne se croisèrent pas, alors qu'il observait sa propre main. Aussitôt, elle y revint donc. Face à cette nouveauté, les larmes se tarirent, et peu à peu son minois reprit un air naïf et exempte de douleur.
    La boule se transformait maintenant, semblant s'affiner et devenir quelque chose. Intriguée, Aelys se pencha légèrement, ses cheveux retombant autour de son visage alors qu'elle cherchait à deviner. Les visions n'apparaissaient pas, lui laissant la découverte de la surprise qu'il lui réservait. Peu à peu, la glace – puisqu'elle n'en doutait plus, c'était bien de la glace ! -prit forme. Une rose. Une rose magnifique, transparente au possible, telle du cristal. C'était beau. Incroyablement beau. Et dire que ce miracle n'avait prit qu'une vingtaine de seconde au maximum. Avec douceur, Piotr prit sa main et l'ouvrit. Et puis, il fit changer de paume la magnifique rose.
    A l'instant même où le cristal toucha sa peau, elle ouvrit la bouche légèrement. Ouh, c'était froid. Réellement froid. Tellement froid que ça en devenait chaud. Mais à aucun instant l'étincelle de joie, d'incrédulité ne quitta son regard. Regard qui croisa celui du blondinet. C'était magnifique.

    Ce qu'il dit la perturba légèrement. Jamais on ne lui avait dit qu'un sourire pouvait réchauffer un cœur. C'était une nouvelle notion qu'elle comprenait instinctivement sans pour autant pouvoir l'expliquer. Toujours incrédule, Aelys leva doucement sa main à hauteur de ses yeux, observant toujours la rose, les multiples couleurs chatoyantes qui en ressortaient. C'était magnifique. Ce qu'elle ne pût cacher.

      « C'est si beau …. »
    Doucement, elle laissa sa main engourdie par le froid redescendre entre les deux.

    Comment pouvait-on exploiter quelqu'un qui pouvait produire d'aussi belles choses? C'était inconcevable. Les larmes revinrent, mais elle les ravala brutalement. Il ne voulait pas la voir pleurer, et elle s'appliquait.
    Curieusement, elle demanda.

      « Ça va fondre? »
    Car Aelys ne voulait pas, même si elle ne pouvait concevoir que quelque chose en glace puisse le rester définitivement. C'était si … magique. Assez, en tout cas, pour l'émerveiller, et la pousser à sourire.

      « Moi, c'est beaucoup moins beau. »
    Pourtant, aucune jalousie. Comment l'être face à ça?!
    Avec une délicatesse et une attention infinie, la jeune finit par poser la rose sur la table. Elle ne supportait plus de voir cette glace si pur dans ses mains si sales.

    Et ses yeux revinrent aux gants du jeune homme. Timidement, de peur de mal faire, elle demanda

      « C'est … c'est pour ça que tu portes des gants? »
    Naïvement, elle pensait que les gants stoppaient le don. Pourquoi pas, après tout? Une fois, en marchant dans les dédales des salles de test, elle avait aperçut un bout de chou qui apparemment créait du feu à partir de rien. La preuve en était ses cheveux : ils flamboyaient tout seul, tout le temps. Pourtant ces flammes qui léchaient le corps des scientifiques ne les faisaient pas prendre feu : ils portaient, du moins avait-elle comprit, une combinaison ignifuge. Malgrè le danger potentiel, Aelys s'était senti mal. L'enfant n'avait que trois ans, et était prise au piège de leurs violences, de leurs tests .. Un remord naquit dans le creux de sa gorge. Tant restait encore à faire, et elle savait qu'elle n'y pouvait pourtant rien. La connaissance était dur, surtout quand on ne pouvait avoir aucune réaction. C'était une torture, parmi tant d'autres.

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyMer 8 Juil - 16:13

La jeune femme avait l’air très intriguée par ce qu’il commença à faire, du moins c’était ce qu’il en déduisit en croisant son regard intrigué comme si elle était en train de demander ce qu’il faisait. Le blond ne répondit pas et s’appliqua dans sa tâche, sentant de temps en temps le regard étonné de la jeune femme se diriger vers son visage comme si elle cherchait dans ses yeux une réponse qu’elle ne trouvait pas. Après qu’il eut fait la rose de glace et l’avait posé dans la main de la jeune fille, il dirigea son regard vers le sien, quêtant une quelconque expression, cherchant à savoir si elle avait peur, si elle voulait s’enfuir, ou si au contraire elle aimait voir ça et désirait peut-être même rester pour continuer à faire connaissance. L’expression étonnée, et les larmes séchées qui apparaissaient sur le visage de la jeune mutant rassurèrent le blondinet qui esquissa un léger sourire, il avait au moins réussi à ne pas la rendre plus malheureuse, mais il avait prit un gros risque, elle aurait put le repousser et s’enfuir. Mais instinctivement il avait agit comme ça parce que pour lui c’était le seul moyen de la rendre moins triste, il se souvenait encore de l’expression de l’évadée qu’il avait rencontré il y a plusieurs mois et à qui il avait fait une démonstration à peu près similaire. De la joie et de l’émerveillement dans les yeux, il avait toujours eut du mal à comprendre ce que l’on pouvait aimer dans ce qu’il faisait, lui qui aurait tout donné pour redevenir normal, ou plutôt le devenir un jour tout simplement. La jeune femme leva soudain sa main avec douceur pour hisser la rose des glaces à hauteur de regard, et elle l’admira quelques instants avant de baisser sa main pour la remettre ou elle était avant de déclarer simplement que c’était beau. Le blond resta un petit moment silencieux avant de se décider à répondre d’une voix douce.

« Sous cette forme oui… »

Sous cette forme seulement, la glace était tellement plus effrayante dans d’autres conditions, notamment lorsqu’on était enfermé dans une caverne de glace comme cela arrivait des fois aux promeneurs qui se perdaient dans son ancien village, en Russie. A l’état sauvage la glace était une arme mortelle, et peu de personnes l’aimaient, mais pour lui c’était différent, elle était une part de lui-même, son secret, son don. Seulement il ne voyait pas l’intérêt d’effrayer la jeune fille, elle avait l’air tellement émerveillée de voir ça, il ne voulait pas gâcher sa joie en disant que son pouvoir ne faisait pas que de belles choses. Non, l’idée de ce qu’il pouvait faire lui effleura l’esprit et le gémissement du chiot qui avait hanté ses pensées quelques instants avant repassa dans son esprit, dessinant une rapide expression de souffrance sur son visage qui s’effaça aussitôt, un peu comme lorsqu’on sentait une brutale crampe dans le dos ou quelque chose comme ça. Mais Piotr espéra simplement qu’elle ne remarquerait rien, trop occupée à admirer la petite rose au creux de sa paume de main. Le blond sourit légèrement, un sourire fin et à peine visible mais qui était absolument ravi de voir que la jeune femme semblait touchée par ce petite présent. Le blondinet resta silencieux pendant un moment, ne voulant pas parler trop rapidement, sentant encore à son esprit l’inquiétude et la sensation de culpabilité qui l’habitait chaque fois qu’il pensait que son pouvoir lui permettrait aussi sans aucuns soucis de tuer un être humain en gelant ses membres, ou en gelant tout simplement le sang qui coulait dans ses veines. Il avait déjà du se défendre, et il avait pour ça gelé la main d’un homme qui l’attaquait, il était armé d’un couteau et le Russe avait gelé sa main droite, puis l’homme avait du être amputé, glacé comme il était, le sang n’avait plus eut la possibilité de couler en se dégelant, et ça avait été le seul moyen. Le blond avait été saisit d’effroi en apprenant cela et depuis il craignait son pouvoir plus qu’il ne l’admirait ou l’appréciait. Lorsque c’était naturel de s’en servir il avait peur de se défendre brutalement un jour et de blesser gravement ou tuer sans le vouloir. Le visage de la jeune femme se troubla soudain et elle reprit la parole en lui demandant si ça allait fondre, et le jeune homme hocha légèrement la tête en répondant doucement, il ne voulait pas la décevoir mais bon.

« Ca va finir par fondre oui, normalement dans mon pays ça serait resté comme éternellement, mais ici avec la chaleur, ça finira par fondre, même si ma glace est très froide. Mais ça ne fait rien, ce n’est qu’un glaçon avec une forme, je peux en refaire d’autres, plus belles et de différentes formes. Si mon pouvoir peut aider à ce que tu souris, je serais content de l’utiliser. »

Il se tut soudain, et elle regarda une nouvelle fois la rose avant de reprendre la parole en disant que son pouvoir à elle était beaucoup moins beau. Le blond baissa les yeux sous le coup et il redressa légèrement la tête en l’entendant bouger pour poser la petite rose de glace sur la table ou elle glissa légèrement avant de s’arrêter sur le plastique marqué par les années, de la table. Le jeune homme plongea son regard vairon dans les magnifiques prunelles colorées de la jeune fille, il ne voulait pas l’effrayer, pas maintenant qu’elle était si émerveillée, mais elle ne devait pas croire que tout était si magnifique et si beau. Pourquoi chaque fois qu’il arrivait à la rendre un peu heureuse il devait lui mettre une claque en lui enlevant ses illusions ? Tout à coup il se sentit aussi horrible que les chercheurs, comme s’il prenait un malin plaisir inconscient à la rendre triste, mais il se sentait trop coupable de la laisser croire qu’il était aussi pur que cette rose de glace. Le jeune homme inspira pour se donner du courage avant de répondre de la voix la plus douce et la plus amicale qu’il pouvait, il ne voulait vraiment pas lui faire peur.

« Aelys, tout n’est pas beau dans mon pouvoir non plus…. Loin de là. Dis-toi que ton pouvoir est meilleur, car il est toujours bon, il ne fera jamais souffrir personne, et il ne blessera pas ou ne tuera pas. Crois-moi c’est la plus belle des beautés que tu possède dans ce pouvoir. »

La jeune femme resta un petit moment silencieuse avant de jeter un coup d’œil au gant du blondinet, puis elle demanda timidement si c’était pour cette raison qu’il portait des gants. Est-ce qu’elle pensait que ces gants arrêtaient son don ? Il scruta un moment son regard mais ne réussit pas à déchiffrer ses pensées, et il secoua doucement la tête. Non il y avait plusieurs raisons qui le poussaient à ne pas laisser ses mains à l’air libre, pour commencer la peur de blesser ou de tuer quelqu’un inconsciemment en réagissant sur le coup si jamais quelqu’un l’attaquait. C’était sa plus grande peur, et il ne tenait pas à recommencer la même erreur que l’année passée. Mais la seconde raison était certainement la plus logique, il ne voulait pas qu’on sente son corps glacial, il ne voulait pas faire peur aux gens avant de les connaître. Il portait tous ses habits supplémentaires pour ça, pour avoir l’air normal. Piotr se décida à montrer le tout à la jeune femme, si elle prenait peur il comprendrait et ne lui en voudrait pas. Il enleva donc l’autre gant, ayant à présent ses deux mains libres, puis inspirant doucement comme il commençait à en prendre l’habitude depuis le début de la rencontre il répondit d’une voix amicale montrant que la question n’avait pas été gênante.

« Oui et non. Je porte des gants parce que je ne veux pas blesser quelqu’un avec mon pouvoir, et parce que je ne veux pas les effrayer, il faut comprendre que je ne suis pas physiquement aussi normal qu’un humain. Je… Je n’ai pas… » Le jeune homme ne trouvait pas ses mots, il avança donc sa main légèrement pour saisir celle de la jeune femme, elle devait sentir la morsure du froid que son corps dégageait, et il la relâcha donc aussitôt avant de reprendre. « Mon corps n’a pas la température d’une personne normale, je ne peux toucher personne sans quoi je serais découvert, et je porte ces gants et ce manteau en permanence pour qu’on ne puisse pas sentir l’aura de froid que je dégage. Tu vois, finalement ce n’est pas beau comme pouvoir, c’est même effrayant pour la plupart des gens. »

Le blondinet se tût, oui c’était effrayant pour les trois quarts des gens, mais il ne voulait pas qu’elle soit paniquée, c’était trop dur si elle devait à présent reculer, il avait dans l’idée de l’aider mais il ne devait pas lui mentir pour ça, il devait avoir sa confiance en ne lui cachant rien, c’était le seul moyen. Trop de fois on lui avait mentit, il ne ferait jamais ça à la belle. Piotr se mordit la lèvre en reposant sa main sur son genou, il ne sentait pas le froid à travers le pantalon, il était trop habitué à avoir trop chaud avec ses couches superficielles. Le blondinet regarda une nouvelle fois la belle avant de reprendre la parole d’un ton tout à fait normal comme s’ils parlaient de la pluie et du beau temps depuis avant.

« Je te donnerais de quoi t’habiller après, tu ne pourras pas sortir dans la rue comme ça, tu serais trop vite repérée. Aelys, je pense que tu n’as nul part ou aller ? Je peux te proposer de rester ici le temps que tu sois habituée à vivre dehors, et le temps que tu te sente prête à vadrouiller dans la ville. Ne te sens pas obligée de dire oui, c’est une simple proposition que tu peux repousser. »

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyMer 8 Juil - 21:38

    Qu'est-ce que la rose était belle. D'une pureté impensable, comme si elle n'avait jamais été touché par tout ce qui salissait le monde, comme si elle ne s'était jamais ouverte sur une terre souillée par la cruauté humaine. S'en était touchant, et magnifique, et troublant. Car si elle était si pure, elle avait été créé par quelqu'un qui lui connaissait la douleur de la vie, l'inhumanité d'un peuple, la nature violente et féroce. Lui avait sûrement été désillusionné. Et même pleins de de ces blessures, il pouvait quand même créer une chose si simple, propre, bonne … Tout espoir n'était donc pas perdu! Si on ne guérissait pas totalement, on pouvait au moins oublier quelques secondes tout ces désenchantement. Mais Piotr était-il naïf comme Aelys? Imaginait-il finir par trouver quelque chose de beau, de magnifique, quelque chose qui comme la rose serait une preuve de la possible rédemption de ces scientifiques. Mais avaient-ils besoin d'une rédemption? Ne croyaient-ils pas faire le bien? Encore une fois, la jeune mutante ne pouvait admettre que des humains puissent être naturellement mauvais. Dieu que c'était dure pour elle de se décider quant-à cette question. Les scientifiques étaient-ils bons? Leur travail était-il acceptable? Autrement dit, était-ce normal de profiter de certains mutants pour comprendre comment marchait ce fameux gêne qui était synonyme de félicité pour quelques élus – ceux qui pouvaient vivre librement – ou bien de calvaire – ceux qui étaient tombés malheureusement dans le piège du Centre- ? Le bien de tous passait-il par cette utilisation, même si elle était dommage pour quelques uniques personnes? La blondinette ne savait pas. C'était vraiment un dilemme pour elle, de démêler dans ce cas là le bien du mal.
    Mais puisque la rose était belle, si pure et gracile – pourtant solide comme du roc, elle n'en doutait pas -, Aelys en profitait. Ses prunelles bleutés, dans lesquelles se glissaient une pointe d'émerveillement, retournaient régulièrement à la petite chose qui était maintenant posée sur la table de plastique. La jeune avait peur qu'elle disparaisse si brutalement – comme s'effondraient vivement ses illusions, en faite -. Ce serait si dommage. Pourtant, comme Piotr lui répondit, elle finirait par disparaître. Comme tout chose, elle redeviendrait à son état initial, eau qui irait abreuver elle ne savait quoi. Pas un évier, en tout cas. Pas question de laisser mourir une si belle chose dans un évier. Pourquoi y attachait-elle une aussi grande importance? Une réminiscence peut-être, d'un passé lointain où elle et sa mère allaient chercher des fleurs pour égayer la maison. Mais elle ne pouvait en être sûre, et refusait de plonger plus profondément dans ces souvenirs.
    Ainsi, quand il avoua que la rose finirait par fondre, elle eût une légère moue. Mais c'était déraisonnable de se plaindre alors qu'il semblait s'appliquer à la faire sourire. Ce qu'il confirma, juste après. Un simple glaçon? Aelys ne voyait pas la sculpture ainsi, mais c'était lui qui la créait et il devait avoir raison – au moins pour une partie. - Il pouvait faire d'autres formes? Elle se plût, pendant quelques secondes, à imaginer des oiseaux de glaces, des nuages de glaces .. des choses naïves, sans vraiment d'importances. Et instinctivement, la jeune sourit timide alors qu'il lui annonçait que si elle souriait pour ça, il était près à recommencer. Comment ne pas être émerveillée devant de si jolies choses? Impensable pour la jeune qui, pourtant, n'avait que de vagues notions de la beauté.

    Encore une fois, la jeune mutante se trouva dépourvue par la réaction du blondinet. Pourquoi semblait-il étonné – dans le mauvais sens? - alors qu'elle disait que la beauté de leur don n'était pas comparable? Lui pouvait créer, lui pouvait, à partir de rien – elle ne percevait pas les retours du pouvoir qu'il avait, n'était pas assez sensible pour sentir l'assèchement si infime de l'air alors que l'eau y était extraite pour créer la rose – faire des choses qui étaient si jolies. Elle, non. Son don ne restait que pratique, dans le meilleur des cas. Quand il était utile. Parfois, savoir n'était pas bon. A trop anticiper, elle paniquait d'autant plus. Et quand leurs prunelles se rencontrèrent, quand elle se perdit une nouvelle fois dans celles si magnifiques du blondinet, Aelys ne pût s'empêcher de les scruter. Mais comme d'habitude, il était indéchiffrable – tout le monde était indéchiffrable pensait-elle, tant que ce n'était pas des expressions particulièrement intenses -, aussi elle prit son mal en patience. Piotr finirait bien par dire ce qui le tracassait. C'était ainsi depuis le début, n'est-ce pas?
    En effet. Tout n'était sûrement pas magnifique dans son don. Il pouvait sûrement tirer des choses horrifiantes de son pouvoir, il pouvait sans doute .. elle refusa cette idée. Il n'était pas meurtrier, sinon pourquoi s'obstinerait-il à être si gentil avec elle – elle qui le blessait parfois, dans ses réactions et ses questions -? Et il se trompait. Pendant quelques secondes, le silence se fit. Puis, avec douceur, elle acquiesça.

      « Vois les choses autrement. Imagine que quelqu'un ait parfaitement foie en ce que je prévois. Imagine que je me trompe. On ne sait pas si c'est parfaitement sûr. »
    On. Encore une fois, elle se partageait avec les scientifiques. Ils avaient en partie le même but : comprendre ce don, le dominer en quelques sortes. En devenir maître. Eux pour la contrôler, elle pour pouvoir vivre une vie normale, habituelle, tout ce que vous souhaiterez. Et pendant si longtemps, il n'avait existait que 'on'. Je, dans le Centre, n'avait aucune place. La masse, le 'nous', le on se substituait à l'individu. C'était triste, inhumain, mais ainsi. Plus aucune place pour une personne seule, pour l'intimité. Cette dernière idée la poussait même à rire aigrement, lorsqu'elle la formulait. Intimité? Où? Derrière ces miroirs? Mais sans s'arrêter, elle reprit.
      « Imagine que cette personne me croit, croit ces visions. Il réagira pour se protéger de la catastrophe qui arrive. Et si cette vision se révèle inexacte, il pourra mourir. Comment savoir? Comment être sur? »
    Cette question avait dût donner des insomnies du tonnerre aux testeurs. Quand elle travaillait trop longtemps, Aelys n'était plus productive. Elle ne pouvait plus réagir physiquement assez rapidement. Comment, dans ce cas, démêler tout ça?
      « Rien n'est donc totalement beau, n'est-ce pas ..? »
    Attendait-elle une réponse? Si oui, laquelle? Elle même ne savait pas. Et puis, elle était trop étonnée et perturbée d'en avoir autant dit sur elle, sur ce qui faisait sa différence. Mais l'intimité était quelque chose qui était oublié, pour elle.

    Après sa question naïve sur le port des gants, Piotr retira son deuxième gant. Intriguée – comme elle avait l'habitude d'être, avec ses yeux qui ne connaissaient rien -, elle vint chercher sur le joli visage du blondinet. Rien, si ce n'est un calme de façade. Même sa voix était amicale, comme si il souhaitait la rassurer – et si c'était le cas, il avait gagné puisqu'elle se détendit légèrement. Au moins une question qui ne le gênait pas, qui ne le blessait pas, et qui était un tant soit peu personnelle. C'était un progrès. -. Et la réponse vint, toute aussi calme.
    Ainsi, le blond pouvait bien blesser grâce à son don. Mais il ne le voulait pas, et c'était une nuance énorme pour quelqu'un comme Aelys, si naïve et impressionnable. La seconde partit l'étonna un peu plus. Ne pas les effrayer? Effrayer qui, et comment? La justification apparût quelques instants après. Il avança doucement sa main, et vint prendre celle de la jeune. Aussitôt, elle frémit. C'était vraiment froid. Pas comme la rose, non – la rose qui laissait encore sa main brulante d'avoir trop été refroidie -. Pas un seul éclat de peur ne vint pour autant troubler son regard. Peut-être lui faisait-elle trop confiance, peut-être croyait-elle trop ses belles paroles. Peut-être, simplement, c'était-elle attendue à quelque chose du genre. Un simple éclat intrigué vint effleurer son regard, comme si elle avait l'impression de s'être trompée. Pouvait-on vivre avec un corps aussi froid? Lui le faisait sans problèmes, du moins. Il aurait tué les statistiques de probabilité de vie avec un corps dépassant les 20 degrés. Mais non, elle ne parvenait à avoir peur. Peut-être aussi était-elle trop habituée à voir des choses étranges dans le Centre. Ce petit garçon, et ses cheveux de flammes. Cette fille qui par instant disparaissait pour être remplacée par un chien. Ce garçon, encore, qui semblait pouvoir empêcher certaines choses de s'approcher.
    Cependant, elle acquiesça. Piotr était froid, et tout humain normalement constitué ne pourrait que le sentir, ne pourrait que comprendre. Parfaitement logique. Et Aelys n'y trouva rien à redire, préférant se taire et observer les jolies prunelles vairons du blondinet, avec un air calme – et détendu, oui -.

    Après quelques secondes de ce silence, il reprit la parole l'air de rien. On aurait pût croire qu'ils venaient de parler de choses communes, du temps ou bien de la nourriture, et non pas de leurs dons, des choses malsaines ou magnifiques qui pouvaient en ressortir. Et elle aimait bien ça. Ça rendait les dons moins effrayant, plus vivables. Comme si c'était une simple partie d'eux même, qu'ils vivaient avec sereinement.
    Et incrédule, elle lui lança un regard. Il lui proposait de rester un bout de temps. C'était plus qu'elle ne pouvait imaginer, plus qu'elle ne pouvait espérer. Sûre qu'elle se ferait directement rattraper, dehors. Même habillée convenablement, on ne pouvait pas s'endormir à moitié dans toutes les villes sur un banc de parc, en pleine journée. Et la fuite était trop dure – ses muscles durs et douloureux étaient la pour le lui rappeler -. Ainsi, timidement, elle acquiesça.

      « Merci, Piotr. Merci, merci beaucoup. Mais … je, enfin, tu vois, je ne veux pas t'attirer d'ennuis. »
    Ses yeux se baissèrent légèrement, se reposant sur ses genoux.
      « Ils ne vont rien dire, s'ils me voient soudainement apparaître dans le coin? Ceux d'ici, je parle, comme ceux qui étaient en bas. »
    Une légère grimace brouilla son minois, au souvenir de ces grands adolescents. Autant de peur de les recroiser – seule, cette fois – qu'à l'idée qu'ils puissent se décider à appeler la Police.

    Puis, elle finit par reprendre timidement la parole, intriguée par le cadre de vie dans lequel il vivait.

      « Ça a été dur de se fondre dans le paysage, ici? D'y trouver de quoi subsister, ou bien un logement? »
    Oui, Aelys était réellement curieuse de ça. Plus vite elle saurait, plus vite elle pourrait le laisser tranquille. Encore cette peur de gêner, de ne pas être à sa place, de lui amener des ennuis ... Car elle n'était bonne qu'à ça, non? Aussi, attendant sa réponse, elle se remit à tripoter ses longues mèches, repoussant celles qui étaient rêches ou sales, préférant mêler ses doigts à celles qui étaient encore douces et propres. Un réflexe enfantin, qui l'aidait à se calmer – comme se ronger les ongles enfaite, quelque chose que l'on faisait sans même y faire attention. Quelque chose de banal. -

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Liam Winchester

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyJeu 9 Juil - 10:11

La jeune femme expliqua qu’elle n’était jamais sûre de son don, et le blond fut tiré de ses pensées en la regardant avec une légère surprise. Pas sûre de ses dons ? Ainsi elle pensait éventuellement pouvoir risquer la vie de quelqu’un en agissant pour la protéger ? Mais si elle ne disait rien et que sa vision se révélait juste, elle se sentirait coupable de ne pas avoir agit non ? Piotr ne trouvait pas le don de la jeune femme particulièrement désagréable ou inquiétant, non en réalité il trouvait son don extrêmement pratique, et sans aucun doute les chercheurs du centre auraient aimé pouvoir commander ses visions, savoir si des attaques étaient préparées contre leur base. De choses qui se révèleraient importantes si elles pouvaient être connues à l’avance en résumé, comme une simple attaque ou un lieu ou un mutant très recherché pourrait se trouver. Oui, réellement, la jeune fille pouvait être un énorme atout pour le centre si jamais ils venaient à pouvoir commander ses visions. Une question taraudait l’esprit du blondinet qui fixait toujours le visage aux joues sillonnées de larmes séchées, se mordant la lèvre inférieure dans un tic que tout le monde semblait avoir en réfléchissant. Piotr se demandait vraiment si la jeune femme pouvait contrôle ou non son pouvoir, il avait bien envie de le lui demander, mais elle devrait certainement se souvenir de choses désagréables comme les questions maladroites de la jeune mutante l’avaient mis dans l’embarras. Le blond décida donc de se taire et de prendre son mal en patience, elle en parlerait le moment venu. Avec un léger haussement d’épaules, le blond répondit à son tour sans quitter le joli visage de la blondinette des yeux.

« Ce n’est pas grave, l’erreur est humaine Aelys, et même si les humains s’en défendent, nous sommes aussi humains à notre manière, normal que nous héritions de leurs défauts. Tout pouvoir a ses failles, tu n’as pas à te sentir coupable de ce qu’une personne peut penser, si quelqu’un a envie de croire en ton pouvoir, ce n’est pas ta faute, pas plus que si tu te trompe. »

Il pensait réellement ce qu’il disait, ce n’était pas de la faute de la jolie blonde si jamais elle se trompait, l’erreur était chez tout le monde. Lui aussi son pouvoir avait de grosses lacunes, vaguement, vicieusement la pensée, le souvenir de la chambre close qui se remplissait rapidement d’eau ou on le mettait pour qu’il gèle l’eau avant qu’elle ne le noie, lui revint à l’esprit, il n’avait jamais réussi étant enfant, il avait eut un mal fou à réussir à atteindre ce but juste avant de s’enfuir de la base. Peut-être qu’en s’entraînant comme lui elle arriverait à finir par maîtriser complètement son pouvoir non ? Le blond l’espérait, elle avait une chose précieuse et elle pourrait ainsi en venir à se protéger en évitant les obstacles qu’on pourrait lui confier si elle arrivait à contrôler tout ça assez rapidement, ce serait la chose idéale pour se protéger seule. Le jeune la regarda légèrement, ma tête pleine de pensée, oui elle son pouvoir avait une chance de l’aider et non de la desservir, alors elle devait en user autant qu’elle en aurait besoin. Le jeune homme sourit légèrement lorsqu’elle annonça en une question cachée que rien n’était beau, et il hocha légèrement la tête.

« Peut-être, mais je pense que ton pouvoir ne fera qu’embellir avec le temps, en apprenant à le contrôler pour te protéger il deviendra magnifique, je le crois sincèrement. Tout ne s’apprend pas à la base Aelys, la vie commence en dehors et tes talents aussi. »

Ah ça oui ! Il n’avait pas apprit comme ça à faire des roses de glace au centre lorsqu’on l’obligeait à faire des horreurs pour tester les capacités de son pouvoir. Le jeune blond ferma un moment les yeux pour échapper à toutes ses pensées et le silence si fit à nouveau, à peine perturbé par les cris des enfants qui n’étaient pas à l’école et qui commençaient à donner la vie si spéciale de cet immeuble de banlieue. La jeune femme était encore silencieuse lorsque le blond avança sa main en lui expliquant son pouvoir sur toute la ligne, et lorsqu’il toucha sa main elle sursauta juste légèrement, mais non comme si elle avait été effrayée ou horrifiée, simplement surprise, et ça il ne pouvait pas lui en vouloir, qui pourrait s’attendre à une telle chose ? Personne, si lui n’avait pas été comme ça, jamais il n’aurait imaginé ça possible. Le blond fut rassuré de l’expression intriguée qui se dessina dans le regard de la jolie jeune femme, pour peu il en aurait sourit, elle n’avait visiblement pas peur, mais ce n’était pas pour autant qu’il devait essayer de l’inquiéter plus, et il retira rapidement sa main de celle de la jeune fille pour finalement la reposer sur son genou. Maintenant inutile de se fatiguer à enfiler de nouveau le gant, elle savait et elle n’avait pas eut peur, il n’avait donc plus besoin de se dissimuler. Le regard de la mutante était étrangement détendu, et Piotr ne put cacher un moment de surprise, visiblement elle avait l’air d’avoir mieux prit la situation qu’il ne pourrait le penser, surprenant, non qu’elle réagisse aussi bien, tout de même, mais qu’elle ait ainsi une expression détendue. Il avait un moment pensé que cela la lierait aux chambres froides des mutants ‘normaux’ qui ne vivaient pas dans la fraicheur, mais visiblement ce n’avait pas été le cas, et heureusement, il s’en serait voulu de l’avoir inquiétée encore plus !

Le silence était toujours aussi pesant, et après que le jeune mutant eut proposé à la jeune femme se rester, elle sembla un peu surprise, avant de répondre d’un ton qui montrait clairement que même si elle acceptait de bon cœur, elle était tout de même gênée. Le blondinet la regarda en silence, un léger sourire flottant sur ses lèvres en entendant son discourt elle avait visiblement peur des jeunes qu’ils avaient croisés en bas, et pourtant Piotr ne les voyait même plus. Il la laissa terminer sa phrase avant de secouer négativement la tête, non il n’avait vraiment pas dans l’idée que cela puisse lui porter préjudice, de toute manière ici les gens arrivaient et venaient sans qu’on ne se pose de questions, personne ne connaissait réellement ses voisins. Le Russe imaginait que pour Aelys cela était impossible, mais après avoir vécu quelques temps dehors maintenant, il savait que c’était quelque chose de tout à fait normal. Seule sa voisine de palier, une jeune mutante amnésique, aurait des chances d’être intriguée, mais il pourrait toujours trouver une excuse, de toute manière il pourrait toujours la faire passer pour sa sœur au pire non ? L’idée venait de germer dans son esprit, et il regarda la jeune femme avec une idée toute nouvelle en tête, puis répliqua d’un ton calme à présent naturel chez lui.


« Ne t’en fais pas Aelys, ici c’est un endroit surpeuplé les gens ne connaissent pas tous leurs voisins, et si je suis venu ici c’est bien parce qu’on ne se mêle pas des ennuis et des affaires des autres. Plusieurs personnes de cet immeuble sont soit des vauriens, des voleurs ou des trafiquants, soit des mutants en fuite comme nous, mais personne ne sait qui est qui et c’est mieux ainsi. Ils ne prendront jamais le risque de prévenir la police, même en étant humains il les détestent autant que nous tu sais. Et puis si jamais quelque me pose des questions sur toi, je pourrais toujours te faire passer pour ma petite sœur, après tout personne ne connaît rien de ma vie. »

Ils étaient tous les deux blonds et même s’ils n’avaient pas du tout le même accent, il était facile pour eux de trouver des excuses, mais de toute manière le blond pensait vraiment ne pas avoir besoin de et excuse. Un moment l’idée de la présenter à Nikita lui frôla l’esprit, il avait vraiment envie de l’aider et son frère pourrait mieux la servir que lui, analphabète et inculte autant le dire. La jeune fille non plus ne devait pas savoir lire, l’idée lui effleura soudain l’esprit, et il la regarda un peu plus surprit, elle avait l’air tellement normale qu’il en oubliait des fois ses origines du centre mais peut-être avait-elle eut une enfance plus cultivée et que les chercheurs lui avaient appris à lire pour qu’elle puisse déchiffrer les inscriptions de ses visions ? Possible. Finalement la jeune fille reprit la parole en lui demandant si tout ça avait été dur, et Piotr resta un petit moment silencieux en réfléchissant à tout ça, oui ça avait été dur ! La chambre avait été dure à trouver, et encore plus à payer, surtout dans un quartier comme ça ou l’on embauchait uniquement les personnes qu’o connaissait, donc certainement pas un Russe analphabète. Voyant une occasion de poser la question qui l’intriguait depuis avant, il répondit toujours calmement, regardant Aelys qui avait baisser les yeux en triturant ses cheveux comme le faisait la petite fille vivant juste en dessous lorsqu’elle parlait au blond.

« Oui je t’avoue ça a été dur, très dur. J’ai du faire des travaux très durs et très mal payés pour pouvoir me trouver cette chambre, mais la femme qui me le loue accepte que le la paye en faisant des travaux pour elle à présent, donc je n’ai plus le problème du travail. Et puis pour le reste, non pas vraiment, je n’ai pas beaucoup de besoins, le centre a ça de bon. Puis pour terminer, se fondre dans le paysage rester très simple dans un coin comme celui-ci ou tout le monde veut que vous ne vous souveniez pas de leur visage. »

En somme c’était l’endroit parfait pour des mutants qui ne voulaient pas se faire trouver ! Piotr avait soudain envie de lui poser la question, savoir si elle était plus cultivée que lui, si elle savait lire et tout ça, il avait tellement de choses à demander à quelqu’un doué de ces dons. Mais Nikita était trop inculte au niveau de son passé et il ne voulait pas avouer certaines choses qu’Aelys aussi avaient vécu et comprendrait donc mieux. Le blond resta un petit moment silencieux avant de regarder rapidement autour de lui, puis de planter son regard vairon sur le visage baissé de la jolie jeune fille, et il reprit la parole.

« Aelys dis-moi… Est-ce que tu sais lire, écrire, et tout ça ? » Puis après un petit moment de silence, il ajouta une petite phrase signifiant beaucoup pour lui, notamment la confiance qu’il faisait déjà à la jolie blonde. « Un jour je te présenterais quelqu’un…. Mon frère. »

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyJeu 9 Juil - 12:25

    Aelys n'était pas totalement d'accords avec Piotr. Mais comment lui expliquer? Comment lui faire comprendre la perversion de ses visions, les défauts ou les lacunes qu'elles pouvaient avoir? Comment lui faire admettre que parfois, elle se trompait? Ce n'était jamais intentionnel, non. La blondinette essayait réellement de faire toujours de son mieux, de voir toujours plus en détail .. c'était important, et elle le savait. Mais même quand les images étaient nettes au possible, elle pouvait se méprendre. Quand elle décidait de traduire ce qu'elle voyait, elle n'était jamais totalement objective. Tout dépendait de la situation dans laquelle apparaissait cette vision, les choses qu'elle avait fait avant, ses sentiments à cet instant. Tant de fois, elle avait échoué, elle s'était trompée à peu de choses près. Dans les salles de tests, ces salles que la blondinette haïssait puisqu'elles n'étaient créées que pour faire souffrir en cas d'échec, plusieurs fois elle s'était laissée abusée par quelque chose. Comme cette fois où, sans prévenir, ils avaient lancé deux ballons presque brûlants. Il faut bien comprendre que pour elle, la pièce était relativement grande – par rapport à sa chambre, en tout cas -, et dotée de dizaines de trappes desquelles jaillissaient des boules plus ou moins lourdes, plus ou moins chaudes, plus ou moins vivement. Ce jours là, elle n'y était que depuis une dizaine de minutes. Puisque cela touchait à son intégrité physique, les visions s'enchainaient, et elle se précipitait sur les côtés, manquant parfois de peu de se prendre les boules. Mais jusque là, une seule sortait des trous, une seule à la fois, et c'était simple à voir. Dans sa lancée, Aelys n'en avait vu qu'une, ou pour être exacte n'avait pas fait attention à l'autre. En reculant pour éviter la première, elle fût percutée de pleins fouet par une autre, qui la prit au dépourvu. La douleur fût immense, telle que pendant au moins une journée, elle évita de frôler son flanc droit. Les scientifiques avaient parût étonnés et joyeux, comme si mettre la jeune face à quelque chose qu'elle ne pouvait pas résoudre était un net progrès. Et puis, au fur et à mesure, la blondinette avait apprit à ouvrir plus grande son imagination, à faire attention à plus de choses à la fois. Ça avait été dur, mais un palier fût sûrement franchit à ce moment là. Et sans le savoir, ils avaient participé à l'évasion de la jeune, la façonnant tout en la rendant plus sensible.
    Donc non, Aelys ne pourrait admettre que quelqu'un soit blessé, mort, capturé par sa faute. Elle devait encore redoubler d'efforts, répondre à des questions auxquelles elle ne pouvait pas encore. Ce serait un long chemin, dur à parcourir, mais elle voulait vraiment en voir le bout. Aussi, elle acquiesça, sans pour autant lui faire part de tout ses doutes. Si il pouvait penser que c'était magnifique, qu'il le fasse.

    Vint le moment du frôlement avec sa main froide. C'était étrange, et intriguant. Était-ce en rapport avec son don? Ou un autre 'anomalie' -puisqu'il appelait ça ainsi -? Elle aurait été curieuse de demander, mais c'était impoli elle n'en doutait pas. Il devait déjà sûrement faire un grand effort pour montrer ça. La réaction de la plupart des personnes devait être différente. Pour quelqu'un qui ne connaissait pas les choses qu'on pouvait croiser au Centre, pour quelqu'un qui n'était pas habitué à des choses relativement étrange, ce devait être terrifiant. Surtout cette température, puisqu'on touchait directement à l'intégrité physique de Piotr. Combien de personne s'étaient reculés à ce contact? Combien de personne n'avait pût retenir une expression horrifiée? Un court instant, elle ressentit la douleur qu'il pouvait lui ressentir. Ce don, forcement, le maintenait à l'écart. Et dire qu'elle se plaignait … par rapport au blondinet, sa condition était une joie à vivre.

    Ensuite Aelys posa la question sur la difficulté de l'intégration dans le quartier. Piotr secoua d'abords légèrement la tête, ses mèches se soulevant légèrement. Encore une fois, elle fût frappée par la beauté simple de ses cheveux, par les teintes qu'ils pouvaient prendre. Une chose aussi normale, simple, provoquait réellement un regard émerveillé de la jeune femme. Puis, il la rassura avec un calme qui semblait sien maintenant. C'était encore une fois plein de paradoxes. L'endroit était surpeuplé, les gens auraient dut se connaître les uns des autres à force de se croiser. Les immeubles comme celui-ci devaient être un lieux où les voisins se parlaient, se chamaillaient, rigolaient … et non. La solitude semblait plus importante ici qu'ailleurs, si on mettait à part le Centre. Non, la blondinette ne comprenait pas, et son regard restait intrigué alors qu'elle le posait sur le joli minois du blond. L'entraide aurait dût être plus importante encore ici qu'ailleurs, et les humains s'arrangeaient pour s'éloigner les uns des autres …. ils ne devaient pas connaître le véritable isolement, celui qui ne menait qu'à une solitude plus intense encore – un véritable cercle vicieux, qui ne trouvait jamais de fin -. Celui qui était tour à tour douloureux et apaisant, qui amenait soit le calme soit la folie. Combien de personnes pouvait y résister indéfiniment? Qui pouvait s'enorgueillir de ne croiser jamais un être humain, de n'accepter aucune aide, de rester totalement seul? La véritable autarcie, voilà ce qui était triste.
    Et pourtant, bien qu'elle déplore cette façon de vivre, cette solitude, Aelys l'aimait elle aussi. C'était son quotidien, comme ça avait été celui de Piotr elle n'en doutait pas. Le silence, le froid, la solitude. Encore, et toujours, comme une malédiction ou une épée de Damoclés qui pendrait au dessus de leur tête. Fatale, salvatrice …. ces mots se mélangeaient dans l'esprit de la blondinette, tellement elle était habituée à voir les deux ensembles. La mort, synonyme de paix, de repos. Équivalent à l'arrêt des souffrances. Combien de fois avait-elle espéré cette fin? Aurait-elle survécu, l'esprit sain, si elle n'avait sût s'enfuir?
    Aelys se refusa à trouver des réponses à ces questions, tant c'était douloureux à imaginer.
    Donc, elle acquiesça.

      « Ta petite sœur. »
    Bloquant ses souvenirs, les empêchant de remonter de la petite boite où ils étaient solidement enfermés, elle acquiesça encore. Il suffirait donc de répondre ça, puisque les autres ici ne connaissaient pas la vie de Piotr semblait-il dire.
    Et un court instant, elle revint à l'idée de la peur de la police. Un peu blasée, elle finit par murmurer.

      « Combien de temps auront-ils plus peur de la police que de nous? Ils … Nos visages sont placardés dans des endroits, dans des endroits publics. Je les ai vu. »
    Et pas dans une vision, non. De ses yeux vu, en direct. Aussitôt, elle s'en était détournée, comme tout les gens semblaient faire, mais elle n'avait pût empêcher son cœur de battre frénétiquement pendant une heure entière.

    Ainsi, la vie était dure ici. Encore une fois, elle s'en voulut d'abuser de son hospitalité, de sa gentillesse en restant ici alors qu'il payait par ce qu'il faisait. La jeune se fît la promesse de l'aider si elle pouvait, de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider. Ce ne serait sûrement pas grand chose, mais …. mais elle ne trouvait pas mieux. La fin l'intrigua un peu plus. C'était simple de se fondre ici? Ses yeux remontèrent pour revenir s'accrocher à ceux du blondinet.

      « Il faut, par exemple …. je sais pas, longer les murs, ou bien au contraire faire semblant de rien? »
    Pendant sa cavale, la jeune avait tour à tour usé des deux moyens selon les quartiers. Pourtant, elle ne savait comment réagir ici. Habituellement, elle ne restait pas plus d'une heure dans le même endroit, poussant à son paroxysme la fatigue. Là …. ce serait plus qu'une heure sans doute.

    Son regard s'était reposé sur ses genoux, fixant maintenant ses ongles. Ainsi, elle ne vit le regard que lui lança le blondinet, elle ne s'attendait pas à ce qu'il allait dire. Aussi, quand la première question fût audible, elle releva vivement un regard intrigué. Pourquoi demandait-il ça? L'explication lui vint vite à l'esprit. Il n'avait peut-être pas apprit, lui. Piotr venait d'un autre pays, il ne parlait pas l'anglais à l'origine – il l'avait avoué, il avait copié ce qu'il entendait -. On ne lui avait sûrement rien apprit. Mais avant qu'elle ne puisse répondre, il continua doucement, dans une phrase qui la fît sourire. Tristement, et joyeusement. Un frère. Cette fois-ci, les réminiscences se firent plus pressente. Elle en avait eût un, auparavant. Il y avait si longtemps, en faite. Il n'était pas oublié, mais il était caché au plus profond du cœur de la blondinette. Cette dernière secoua légèrement la tête, comme si ses images allaient s'enfuir par la même occasion. Bien sur, ce ne fût pas le cas, mais elle releva un regard presque calme sur Piotr.
    Il fallait maintenant lui répondre.

      « Un peu, oui. Ils … ils disaient qu'ils en auraient besoin, un jours. Que c'était utile, pour quelqu'un comme moi. »
    A cette idée, un frisson violent la parcourut. Ils avaient eût comme idée de se servir de son pouvoir pour capturer des mutants recherchés, elle n'en doutait pas. Ils ne s'en cachaient pas, d'ailleurs. Cette pensée la laissait toujours dégoutée d'elle même, au bords des larmes, refusant les progrès. Trahir les siens, impensable.
    Bien décidée à ne pas se laisser entrainer par ces souvenirs, elle enchaina comme si de rien n'était, pourtant un peu timidement.

      « Ils ne t'ont pas apprit? »
    Si il le souhaitait, Aelys pourrait lui apprendre au moins les bases. Le reste …. le reste était plus dur, ça oui. Mais oui, si il le demandait elle s'exécuterait joyeusement.
      « Un frère? »
    Aussitôt, une nuée d'angoisse s'imposa à elle.
      « Il est gentil, hein? »
    Nul de poser une telle question. Pourquoi Piotr se lierait-il à quelqu'un de naturellement méchant? Et même avec la confiance qu'elle lui portait déjà, elle avait besoin de se rassurer. D'être rassurée.

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Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Vide
MessageSujet: Re: Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] Fuir sans se retourner [ Privé Aelys ] EmptyJeu 9 Juil - 15:37

Ils étaient deux dans cette pièce et pourtant le blond arrivait à peine à sentir la présence de la jeune femme, elle était tellement réservée, tellement frêle sur sa chaise, tellement silencieuse, que s’il ne posait pas les yeux sur elle de temps en temps pour s’assurer qu’elle était encore ici, il pourrait oublier sa présence. Enfin oublier, c’était impossible, après ce qu’ils venaient d’échanger comme informations il ne pouvait pas clairement imaginer pouvoir oublier un jour le doux visage de l’évadée. C’était amusant, il n’arrivait pas à croire avoir put tomber ainsi sur cette jeune femme sans même le vouloir, elle était comme lui, ils étaient deux semblables au même passé trouble qu’ils cherchaient certainement à oublier. Mais ce n’était pas la solution, Piotr le savait, il y avait de blessures qui ne guérissaient jamais, et celle-ci en était une, mais la jeune femme ne pouvait pas deviner, et lui avait déjà testé. Il était mal à l’aise, le blond n’avait pas envie de miner le moral de la belle il se disait qu’il aurait largement le temps de pouvoir expliquer les choses important qu’il avait découvertes, plus tard, lorsqu’elle serait enfin reposée, mais maintenant c’était risqué. Seulement il avait peur qu’en laissant la conversation au point ou elle était il risquait de perdre totalement le courage qu’il commençait à avoir. Piotr inspira légèrement, détournant les yeux vers la fenêtre, il faisait beau et jour, le soleil était haut et il devait déjà frapper fort, pourtant le blond sentait une lassitude étrange le gagner, ça faisait longtemps qu’il n’avait pas réussi à dormir convenablement, pratiquement depuis toujours en réalité. Au centre il était impossible de pouvoir dormir avec cette sensation permanente d’être observé, chose véridique mais qu’il ignorait toujours, et surtout, il ne pouvait pas se reposer dans un endroit aussi brûlant et chaud que sa chambre l’était généralement. Avec tristesse le blond se souvint des horreurs que lui faisaient endurer les chercheurs en prenant un malin plaisir à augmenter sensiblement la chaleur de la pièce ou il était dans le simple but de monter la température de son corps. Le jeune mutant savait bien que si son corps dépassait les 20 degrés il mourrait sans aucun doute. C’était assez dur à comprendre pour les chercheurs qui ne voyaient pas pourquoi un corps humain dépassant cette température pouvait mourir mais justement, c’était un corps mutant, et Piotr avait une température corporelle de 5 degrés alors qu’une personne normale en avait un de 37 degrés. Cela signifiait bien clairement qu’il mourait moins rapidement qu’un humain puisqu’il gagnait 15 degrés avant de décéder, alors qu’un humain avait seulement besoin de 5 degrés pour ne pas survivre. Des pensées sombres, bien sombres, qu’est-ce qu’il pouvait donc y faire ?

Puis soudain la jeune femme prit la parole, et Piotr manqua de sursauter en l’entendant parler, elle avait l’air de ne pas pouvoir imaginer qu’il puisse la faire passer pour sa sœur, et Piotr comprenait assez ce qu’elle pouvait ressentir, au début il avait été pareil…. Il aurait aussi bien put la faire passer pour sa petite amie mais cette idée ne lui avait pas effleuré l’esprit, avec sa réputation de garçon frigide les filles ne perdaient pas leur temps à essayer de lui faire des avances, ou du moins elles avaient cessé depuis un bon moment, et ce n’était pas pour déplaire au blondinet qui n’appréciait pas tellement ça. Alors bon, il avait dix fois plus de chances de faire passer la belle pour sa sœur, ça paraîtrait moins louche à tout le monde. Elle ne pensait peut-être pas que ça pourrait marcher, mais elle finirait bien par voir, il avait déjà proposé ça à Annabella et malheureusement elle avait dû s’en aller avant qu’il ne puisse l’aider, il ne voulait plus perdre sa possibilité d’aider la jeune femme maintenant. Après un petit moment de silence pendant lequel le Russe ne vit pas l’intérêt de répondre à sa petite phrase, il entendit Aelys reprendre la parole en disant qu’elle avait vu leurs visages placardés sur les murs et surtout elle demandait combien de temps ils auraient plus peur de la police que d’eux. Piotr savait la réponse à cette question, longtemps il se l’était posé, et il se pencha légèrement en avant pour regarder la belle dans les yeux comme s’il voulait lui montrer qu’il ne mentait pas sur ce point, même si c’était le cas depuis le début de leur rencontre.


« Aelys, nous sommes diffusés comme des gamins évadés de l’asile, et crois-moi ils voient bien que nous ne sommes pas fous lorsqu’ils nous parlent, alors ils ne vont pas prendre le risque de se mettre en danger pour nous dénoncer. Sans compter qu’ils pensent certainement que nous avons été internés par des parents qui ne nous contrôlaient plus. Et tu sais, la moitié de l’immeuble doit avoir sa photo placardée quelque part, mais pour meurtres ou des choses de ce genre. Ne t’en fais pas, je t’assure que tu es en sécurité ici, et si un jour quelqu’un devait nous dénoncer, je te promets que je te protégerais, même si je dois te faire passer avant moi. »

Oui, il le promettait, et lorsque le blond promettait une chose il la tenait, jusqu’au bout, même s’il devait laisser la sécurité de la jeune femme passer avant la sienne. De toute manière, selon lui il était perdu, il ne pourrait jamais retrouver une vie normale, alors qu’elle c’était différent, elle avait toutes les cartes en main, il suffisait qu’il l’aide un peu et s’il disparaissait ensuite ça ne serait pas très gave. De toute manière de plus en plus le blond avait un mal fou réussir à se contenter de la vie qu'il menait, il avait vu tellement de gens heureux qu’il trouvait ça injuste de ne pas pouvoir avoir d’amis et de choses de ce genre, il pensait des fois que le retour au centre ne serait qu’une épreuve de plus finalement ? Piotr n’était pas un battant, il avait trop donné au début pour essayer de survivre, maintenant il était juste épuisé, de la lutte, de ne pas savoir ou aller, d’avoir tellement de choses à apprendre, et tellement effrayé ! Depuis sa rencontre avec le mutant hostile qui avait semblé très intéressé par ses connaissances sur la base et qui avait posé des questions si douloureuses avant de lui proposer ouvertement de pouvoir avoir des amis, qu’il lui présente ses amis et que le blond avait été pétrifié, complètement incapable d’accepter, il s’était rendu compte qu’il ne pourrait jamais devenir comme les autres. Ses pensées défilaient dans son regard mais il était assez entraîné pour les cacher dans certains moments, la seule chose qu’il savait vraiment faire. Puis soudain la jeune femme reprit la parole en demandant des conseils au jeune homme. Il sourit légèrement avant de répondre à son tour.

« Oui, te comporter comme si tu n’étais pas recherchée, ne pas trop soutenir le regard des autres, simplement les regarder de temps en temps pour ne pas avoir l’air de fuir leur regard, ils n’aiment pas ça. Mais personne ne veut qu’on retienne son visage dans la rue ici, alors pas d’inquiétude, tout ira bien. Je te donnerais ma casquette si tu voudras, elle t’aidera plus je pense. Et puis je te montrerais si jamais. »

Non qu’il était plus doué qu’elle mais bon, il avait légèrement plus d’expérience et il savait comment se comporter avec les jeunes de la rue. Ne pas fuir leur regard ou n avait l’air coupable, ne pas trop les soutenir ou ils avaient l’impression qu’on les défiait, simplement les regarder un moment avant de détourner l’attention comme si on ne reconnaissait personne. Les habitants du coin ne voulaient pas être remarqués, à part les jolies filles et les prostituées qui travaillaient au bout de la rue, mais mieux valait éviter de traîner dans le coin, et depuis qu’il ne devait plus travailler, le blond n’avait plus mis les pieds dans ce coin. Puis la jeune femme reprit la parole en disant qu’ils pensaient un jour pouvoir se servir d’elle, et le blond hocha simplement la tête, oh il voyait tout à fait à quoi ils songeaient ! Exactement à ce que le blond avait imaginé juste avant, qu’elle pouvait servir pour trouver des mutants recherchés, et visiblement les membres de l’opération y avait songé. Malheureusement pour Aelys son pouvoir risquait d’éveiller l’attention des mutants hostiles que le blond avait déjà rencontré, ils étaient à la recherche de jeunes talents et elle ne devait pas tomber entre les mains. La protéger mais sans l’inquiéter, oui il comptait faire ça à partir de maintenant. La jeune femme frissonna brutalement puis resta un peu plus silencieuse avant de reprendre la parole en répondant à l’affirmative, oui elle avait un peu appris à lire, et elle lui retournait la question. Le jeune mutant resta un moment à la fixer puis il détourna légèrement le regard en essayant de cacher sa tristesse pour ne pas la blesser ou l’inquiéter d’avoir posé cette question, et il répondit simplement.

« Non, ni la lecture, ni l’écriture, ni les mathématiques, rien, ils n’estimaient pas que mon pouvoir nécessitait quelque chose comme ça hélas. Tu as de la chance Aelys, tu vas pouvoir faire quelque chose de ta vie. Avec mon niveau de culture, je ne pourrais jamais avancer aussi loin que toi. Ne perds jamais ça, sincèrement, n’oublie jamais ce que tu sais. »

Le blondinet se tut, il avait trop honte de ce passage de sa vie, ça lui bloquait tellement de chemins, et le jeune homme voulait simplement savoir ce qu’elle connaissait, peut-être qu’elle pourrait l’aider à déchiffrer les feuilles qu’il avait volées à sa fuite de la base ? Il en avait besoin, savoir ce que ça disait, ça parlait de lui et être dans l’ignorance alors qu’il avait ces informations, le rendait malade, mais il n’avait personne à par Nikita à qui faire confiance, et maintenant Aelys, mais Nikita était trop innocent des choses qu’on avait fait à son frère, et le blond ne voulait pas l’inquiéter inutilement. En écho à ses pensées, la jeune femme reprit sa dernière phrase, puis elle ajouta une question, demandant s’il était gentil. L’idée fit sourire franchement le jeune homme qui hocha la tête immédiatement, puis il plongea son regard vairon dans les magnifiques pupilles bleues grises de la jeune femme en répondant d’un ton assez tendre au souvenir de son frère.

« Oui. C’est la personne la plus gentille que je connaisse. Je ne savais pas que j’avais un frère avant de le rencontrer par hasard. Je ne pensais pas en avoir un, au moins une fois dans ma vie, j’en avais rêvé mais sans plus… Il te plairait Aelys. Il veut me protéger mais je n’en ai pas besoin…. Il est très intelligent et il aime lire, c’est un pacifiste, il croit en l’humanité, il est beaucoup plus joyeux que moi. Nikita, tu l’aimerais beaucoup, et il t’aimerait énormément je le sais. »

Un sourire s’était dessiné sur les lèvres du blond pendant qu’il pensait à son frère, oh, avec Aelys ils seraient tellement en accord et Piotr savait que Nikita apprécierait la jeune femme à sa juste valeur. En réalité l’idée du Russe était que la jeune mutante puisse avoir quelqu’un pour la protéger si jamais il devait lui arriver malheur, et il était absolument persuadé que son frère saurait l’aider. Piotr n’avait jamais rien demandé à son frère, mais il oserait faire ça si la vie de la jeune femme en dépendait. Finalement après un long moment d’hésitation, il se mordit la lèvre puis se redressa pour se diriger vers l’endroit ou il avait posé les feuilles lorsqu’ils étaient entrés, puis il les prit avant de retourner s’asseoir, et de les tendre à la jeune femme en la regardant dans les yeux puis lui parlant d’une voix sincère et amicale.

« Aelys… J’aimerais te demander un service, est-ce que… Est-ce que tu peux me lire ce qui est noté là-dessus s’il te plait ? Ne te sens pas obligée, si c’est trop dur pour toi, autant de lire que de devoir comprendre, pas que tu n’en es pas capable, mais parce que ça parle de quelque chose qui risque de te rappeler des souvenirs, si tu ne peux pas, laisse, je ferais autrement. Après tu pourras te laver si tu veux, tu te sentiras mieux, et si l’envie sera toujours là, après nous pourrons continuer la conversation, il tu te sentiras assez bien pour. »

Les papiers parlaient d’une série de tests effectués sur le blond avec les résultats, négatifs pour tous, les substances injectées et les effets qu’elles avaient eu, rien de très joyeux au contraire puisque tout en bas était précisé qu’au-delà de 20 degrés, la température corporelle du blond était mortelle, à croire qu’ils avaient tout testé. De toute manière, si la jeune femme ne se sentait pas la force de le faire il la laisserait et elle pourrait aller se laver tranquillement pour reprendre la conversation si l’envie lui en disait toujours, en fois propre et dans des habits neufs.

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