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"Une p'tite pièce m'sieur ?"

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"Une p'tite pièce m'sieur ?" Vide
MessageSujet: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptyVen 29 Juil - 22:22

Ah, la nuit... Clairement la partie de la journée que Boris préférait ! Surtout en cette période de canicule où la fraîcheur lorsque le soleil s'est couché est plus que bienvenue. Mais surtout, cela offrait un autre avantage certain au Zakharine : la nuit, il y avait beaucoup moins de chances qu'on le reconnaisse. Il n'était presque plus qu'un anonyme parmi d'autres, Achaea étant une assez grande ville pour cela. Depuis qu'il s'était évadé, il avait compris une chose : des visages dans les journaux, aussi bien la presse que la télévision, il y en avait tant et pour tant de choses qu'au final, plus grand monde à part la police n'y prenait vraiment garde... Des mutants, des malfrats, des disparitions... Les avis de recherche, ce n'était pas ce qui manquait ici !

Voilà comment même lui pouvait aspirer à un peu d'anonymat. Oh, pas assez que pour s'exposer par trop, c'est certain. Mais c'était suffisant pour qu'on ne le remarque pas si lui ne faisait rien pour attirer l'oeil. Et bon, c'était pas avec ses vieilles fringues et sa casquette des Gladiators qu'il allait river l'attention sur lui. Un simple jeans délavé et déchiré par endroit, une chemise à carreaux plus que commune et un bandana noir autour du cou, quoi de plus anonyme au final ? C'est ainsi qu'il déambulait donc au sein du quartier pauvre, là où il avait son refuge, son appartement secret... sa seule demeure à l'heure actuelle, en somme ! Un jour, cela changerait certainement, mais pour l'instant, il ne pouvait pas réellement se permettre de folies dans le domaine de l'habitat.

Une cigarette roulée main dans une feuille de tabac reposait entre ses lèvres, le russe ne se donnant pas la peine de la porter de sa main et préférait l'y laisser là, où il pourrait prendre une latte à chaque fois qu'il le désirait sans le moindre effort. C'est un fumeur assez expérimenté que pour éviter le traditionnel souci de la fumée dans l'oeil. Ses mains peuvent alors se fourrer simplement dans ses poches, ses doigts y jouant mollement avec les pièces de monnaie qui s'y trouvent. Et, il faut lui dire, ça lui donne des envies bizarres de tripoter ainsi ses armes... Car ce n'était rien d'autre pour lui ! Avec son pouvoir, chacune de ces pièces était une bombe en devenir, et il transportait de quoi perpétrer un véritable carnage. Alors forcément, à être ainsi le doigt sur la gâchette au milieu de tous ces humains qui lui donnaient de puissantes envies de vomir, ça en devenait véritablement tentant.

Tous ces êtres insignifiants qui n'avaient connu que la liberté pour se complaire dans une existence pitoyable, alors que lui au si fort potentiel avait été si longtemps enfermé... Mais il n'était pas encore l'heure pour sa vindicte, pas encore temps pour les punir même s'ils le méritaient tous ! Au final, cette promenade ressemblait plus à un coup de langue sur une dent douloureuse : ça donnait l'impression de faire du bien même si au final ça ne faisait que raviver la douleur, sans pourtant pouvoir s'empêcher de le faire. Et puis, ça le changeait malgré tout du simple fait de rester dans son appartement pourri à boire du vin et fumer des pétards. Oh, bien sûr, c'était un plaisir que de repouvoir toucher un piano, et il avait déjà récupéré un peu de ses qualités à en jouer, en manque de pratique qu'il était depuis dix-neuf années... Il avait tout simplement besoin d'un peu d'autre chose...

Ses pas le firent entrer dans un petit night shop, tenu manifestement par un indien - le genre d'indien qui vient de loin et non celui dont les ancêtres pouvaient arborer quelques plumes, la précision vaut d'être réalisée - et en ressortit rapidement muni d'un sac en papier craft contenant une boite de tic-tac, un paquet de tabac frais ainsi qu'une canette de bière, histoire de varier les plaisirs. Quelques petits plaisirs simples, en somme... Mais il sentait bien qu'il avait besoin de plus. Besoin de sensations, d'adrénaline... Tout se mettait trop lentement en place à son goût, mais après tout, mieux valait prendre son temps, ne pas se précipiter, ce serait ainsi qu'il risquerait le moins l'échec. Pas de ligne de conduite clairement établie, non. Juste un parfait opportuniste se tenait prêt à bondir sur les meilleures occasions pour accomplir ses desseins, d'une manière ou d'une autre.
    Une p'tite pièce m'sieur ? Z'auriez bien une p'tite pièce, s'il vous plaît ?
Le Zakharine ne l'avait même pas vu, et pour peu il lui aurait marché dessus, si celui-ci ne s'était pas signalé de la sorte... Un simple clochard, tout ce qu'il y a de plus... clochard ! Un stéréotype même, avec sa barbe grisonnante, ses vêtements rapiécés et son vieux clébard sans doute galeux. Boris s'arrêta net devant lui, l'observant en haussant un sourcil inquisiteur, comme s'il était clairement en train de le juger. Et c'était le cas... Cela pouvait laisser présager qu'il ne lui donnerait rien, peut-être même qu'il préparait une remarque cinglante sur le fait qu'il ferait mieux de se bouger le cul, de se laver et de se trouver un travail... Mais il n'en fit rien, étonnement...
    Oh, mais bien sûr mon brave, attendez donc !
Sa main droite ressort de sa poche où elle était déjà fichée avec deux pièces coincées entre ses doigts, et qu'il vint délicatement déposer dans la paume tendue du vagabond.
    Voilà ! George Washington et John Kennedy sont tes amis maintenant !
Soixante-quinze cents en tout et pour tout... Soit une véritable misère dont il ne pourrait pas faire grand chose, mais comme on dit, petit à petit l'oiseau fait son nid... Enfin, c'est vraiment ce qu'on dit dans ces cas là ? Ce serait plutôt un truc du style "toute fortune commence par un penny" qui conviendrait dans cette situation ? Peut-être... et dans ce cas, il lui avait donné soixante-quinze fois plus, et donc soixante-quinze fois plus de chances de goûter un jour à la fortune ! Ah, quel grand seigneur ce Boris, ça ne faisait pas de doute ! Quoi que... Un sourire naît sur son visage alors que sans attendre de remerciement il se remet en marche, lentement, calmement. Finalement, il allait peut-être pouvoir s'amuser ce soir... Qu'est-ce qui pouvait encore plus dégoûter un mutant en colère contre l'humanité pour avoir été privé de liberté qu'un humain vivant au crochet des autres, préférant se ruiner le cul posé sur la pavé plutôt que se remuer pour changer sa vie ? Un jugement cruel et ne tenant pas compte des faits de vie qui ont pu mener cet homme à finir là, mais le russe n'a jamais vraiment été un grand sentimental... Si un humain valait moins qu'un mutant, un mendiant valait encore moins qu'un humain, voilà comment se faisait son cheminement de pensée... Et alors qu'il tourne au coin de la rue suivante, il jette un dernier regard vers l'homme et son chien, et cette pancarte en carton réclamant petite monnaie et nourriture... Sa main se lève, la pulpe de son majeur et de son index se pressant, et se frottant ensuite jusqu'à provoquer un claquement de doigt.

La suite ? Un joli "boum", créant panique et hurlements. Des bris de vitres soufflées par l'explosion, des alarmes de magasins et de voitures se déclenchant pour appuyer encore le côté catastrophique de la scène. Les bruits que cela provoque, voilà tout ce qu'il reste pour le plaisir de Boris, à présent qu'il a changé de rue et ne peut donc pas en voir plus de ses propres yeux. Dommage, dans un sens. Mais le plaisir n'en est pas moins là, c'est certain...

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Kaileen Moore

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"Une p'tite pièce m'sieur ?" Vide
MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptySam 30 Juil - 20:30

La nuit était enfin tombée sur la belle et magnifique ville d'Achaea (ceci étant dit avec ironie). J'appréciais la fraîcheur bienvenue de cette partie d'une journée où j'étais enfin à l'aise, perchée devant une des fenêtres du petit studio dans lequel je vivais. J'étais parfaitement sobre, ayant réussi à vaincre à force de persévérance la gueule de bois qui m'avait affligé jusqu'à la veille. Je quittais un instant mon poste d'observation pour voir si il y avait quelque chose de comestible dans le frigo - bien évidemment, non - puis dans les placards, et finissais par me contenter de quelques biscuits. Je n'avais pas vraiment faim, j'avais déjà mangé ce midi, et pour moi qui avait pris l'habitude de prendre, en gros, un repas toutes les huit heures, il était encore trop tôt.

J'attendais un bon moment, perchée là, de voir si Lukaz revenait, ayant bien envie de m'occuper un peu avec lui ce soir, mais c'était sans doute peine perdue. Il avait dû vaquer à ses occupations crapuleuses pour des personnes qui ne l'étaient pas moins. Enfin, apparemment ça payait bien. J'aurais peut être dû penser à travailler pour un des mafieux du coin, moi aussi. Je ne pouvais pas voler comme ça de quoi survivre jusqu'à la fin de mes jours. Bon, ça ne me gênait pas. En fait, je voulais surtout mettre un peu d'argent de côté pour le cas où pour une raison x ou y mon colocataire me fichait à la porte. En tout cas, ce n'était pas ma préoccupation du moment. Je me résignais à passer une nuit de plus dans un bar, ou peut être dans le parc… La seule chose dont j'étais sûre, c'est que je ne resterais pas ici, penchée par ma fenêtre, à regarder les va et vient encore importants dans la rue. Je vis un homme plutôt séduisant entrer dans un night shop à deux pas de l'appartement où je me tenais, deux ou trois visages vaguement connus parce que c'étaient ceux d'habitants du quartier, mais pas grand chose d'intéressant. Pourtant, ce serait toujours mieux que le désolant calme plat du studio. Techniquement, je doutais qu'il put y avoir pire.

Je ne prenais rien en sortant, si ce n'est, bien entendu, la clé de l'appartement. En mettant le pied dehors, j'assistais à l'interception réussie de l'homme que j'avais remarqué par un mendiant. Je ressentais une vague pitié pour ledit mendiant, de ce petit sentiment qui vous met un peu mal à l'aise avec votre conscience, mais je n'avais pas un sou à moi, et si ça avait été le cas, je n'étais pas assez gentille pour le lui refiler. Je passais devant le type, arrêté devant le vagabond, qui finit par lui donner une pièce d'après ce que j'entendis derrière moi. Mais je ne m'attardais pas, les mains enfouies dans mes poches, essayant de trouver quelque chose d'assez intéressant à faire en cette belle et ennuyante soirée.

Je m'arrêtais à l'intersection de deux rues, essayant de déterminer ce que j'allais faire, toujours aussi indécise sur ma destination. Vive la détermination, non ? Enfin, j'allais trouver quelque chose d'extrêmement captivant à mes yeux dans quelques secondes. Je vis le gars qui avait cédé au mendiant quelques fonds, et le suivais d'un regard vide et désintéressé en me disant que j'allais suivre la même direction que lui. A ce moment il claque des doigts, du moins le devinais je à son geste. A l'instant où il fit ce geste, quelque chose explosa derrière moi, soufflant les vitres, déclenchant un joyeux capharnaüm dans la rue, ma rue, et m'envoyant valser par terre malgré (ou grâce) à la distance que j'avais prise. je guettais l'appartement de Lukaz, plus loin, mais l'immeuble paraissait intact. Je profitais donc du chaos, savourant la scène, n'ayant aucun scrupules à rester les bras croisés. je me relevais finalement, essuyais mes mains écorchées avec un mouchoir tiré du fin fond de ma poche, et cherchais celui que je soupçonnais fortement d'être à l'origine de ce désastre du regard.

Je le retrouvais bien vite, avançant dans la rue sans se retourner. Avec un léger sourire, je partais à sa suite, allant à contrecourant des gens qui, poussés par leur curiosité malsaine, se hâtaient vers les lieux du pseudo drame. Je finis par me retrouver à sa hauteur, et, avisant une ruelle sur ma droite, l'y poussait sans m'inquiéter (soit un peu inconsidérément, certes) de ce qu'il pouvait me faire exploser à la figure. Je le lâchais dés que ce fut chose faite, n'ayant pas la volonté de l'embêter ou quoi que ce soit, simplement celle de discuter un peu. Je voulais avoir la confirmation que c'était lui qui avait fait ça, et j'étais tout simplement intéressée par ce pouvoir. Après tout, je me contentais moi d'un pouvoir défensif, qui m'accablait de sensations désagréables jour après jour, alors…

"On s'amuse bien à ce que je vois ?" lui disais je sans attendre de réaction de sa part devant mon geste assez cavalier.

J'arborais toujours un sourire en coin, à présent adossée contre un des deux murs assez resserrées du recoin où je l'avais précipité. En tout bien tout honneur, je voulais simplement être tranquille pour discuter avec monsieur. Mes yeux ne souriaient pas eux, mais c'était habituel. Mon regard froid était posé sur lui comme pour le jauger. Je demandais finalement, tout en sachant pertinemment que j'allais un peu trop loin, par rapport aux limites que je posais moi même aux autres dans leur question à mon sujet.

"C'est toi le responsable de tout ça, n'est ce pas ?"

C'était une question de pure rhétorique, j'étais presque certaine de ce que j'avais vu, étant dans un état lucide et normal à ce moment là. Et puis, je pensais après coup qu'à le chercher comme ça, il pouvait très bien s'énerver. J'avais une légère tendance à oublier que je n'étais pas la seule sur terre à avoir un sale caractère et à réagir au quart de tour, allez savoir pourquoi. Mais je n'étais pas vraiment hostile à son égard, plutôt surprise par son audace (si je l'avais remarqué, il y avait des chances que d'autres aussi, même si j'étais assez observatrice). C'était un peu du moi tout craché, mais à plus grande échelle. j'évitais de faire étalage de violence en pleine rue, sauf quand la rue était moins fréquentée, évidemment. Attendant un quelconque geste de sa part, j'écoutais en attendant avec une moue ravie d'enfant gâtée les cris qui retentissaient encore plus loin. Je vivais pour pouvoir infliger plus de souffrances aux autres, je n'allais pas me plaindre d'avoir en face de moi quelqu'un qui, gratuitement, avait déclenché ce désastre, loin de là.

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MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptyLun 1 Aoû - 2:34

Alors qu'il s'éloignait à pas lents, il ne prenait pas garde à ce qui pouvait l'approcher... Comment pouvoir penser qu'il serait ciblé en tant que le coupable de cette tuerie gratuite ? Selon les apparences, le russe n'était responsable que d'avoir fait l'aumône, ce qui est plutôt un caractère de bon samaritain, non ? Manifestement, cela n'avait pas été perçu par tous de la même manière. Quel manque de chance tout de même ! Il fallait que quelqu'un ait repéré Boris en train de tendre ces pièces, et faire le rapprochement ensuite... Une personne particulièrement téméraire - voir folle ? - que pour le rattraper et le pousser d'un coup d'épaule sans qu'il s'y attende dans une ruelle sombre. S'il avait trouvé ça drôle, il aurait bien crié un "au viol" en réflexe ! Mais ce n'était là pas tout à fait à son goût de se faire afficher de la sorte. Sa première réaction fut de l'attraper par le col en collant l'inconnue au mur avant même de se rendre compte qu'il s'agissait d'une femme.
    Non mais ça va pas ? *C'est comme ça qu'on t'as appris à dire bonjour ?*
Voilà ce qu'il avait répondu sans même réfléchir à sa première question. S'il s'amusait... Bien sûr que oui ! Jusqu'à ce qu'elle vienne y mettre son grain de sel. D'ailleurs, si elle avait été un homme, Boris n'aurait pas hésité à lui coller un pain sous le coup de la colère, mais pour le coup il sut se tenir. Il la relâche d'ailleurs dès qu'il a fait le point : cheveux longs, paire de seins, mieux valait ne pas l'abîmer, pas tout de suite en tout cas. D'abord voir s'il y avait moyen de s'en tirer sans créer de nouvelles vagues. Bien qu'elle le pointait comme le "responsable de tout ça", si elle posait la question c'était bien qu'elle n'en était pas persuadée ! Et puis, venir l'accoster de la sorte plutôt que prévenir les autorités... Si elle lui voulait du mal, il y avait de meilleurs moyens que de venir lui faire face seule, dans une petite ruelle... Le Russe avait là une carte à jouer...
    Je... Je n'comprend pas ! Stupido, stupido ! Hé hé hé !
Dit-il en se tapant la main contre le front. Tout plongé dans la comédie qu'il jouait, il lui accorda le sourire le plus stupide qu'il était capable de réaliser tout en riant. Le rôle parfait de l'imbécile heureux, insistant sur son accent d'origine qu'il essayait de mêler avec d'autres sonorités culturelles, mais qui certes risquait de ne pas prendre compte tenu de sa première réaction. Sauf s'il parvenait assez bien à jouer le changement d'humeur... C'est ce qu'il allait tenter en parlant ensuite d'un air tout à fait coquin...
    Aaaah, Nikolaï comprend tout... Tu voulais être seule avec moi hein ? Hummm... Désolé mais tu n'es pas mon genre... Je les préfère plus poilus et mieux équipés, ah ! Mais je te comprend, j'ai un beau petit cul hein ? *Une noisette, j'la casse entre mes fesses, tu vois...*
Se tenant en pose du "poignet cassé" assez caricatural de la folle, il ne se disait pas qu'il serait forcément crédible sur son intention de se faire passer pour un homosexuel, mais ce n'était pas clairement le but ultime. Essayer de la perdre, de lui faire croire qu'il était le plus crétin des hommes et qu'en conséquence il n'avait pas été capable de créer l'explosion à laquelle elle avait pu assister. Ses talents de comédiens seraient-ils à la hauteur que pour lui faire gober une pareille couleuvre ? S'il voulait que ce soit le cas, le mutant ne pouvait pas se relâcher en tout cas et poursuivre dans la voie qu'il s'était donné, aussi dégradante la comédie soit-elle. Le Zakharine devait juste prendre son mal en patience, et dans la possibilité où ça le tirerait d'affaire, ça n'aurait alors pas servi à rien.
    C'est de ça que je suis responsable ? Ah, je sais pas, je sais pas... Ou bien... Tu sais ! Tu as vu ! Han ! Mais non, c'est pas vrai ! J'ai pas fait de mal à maman ! *L'étincelle de sa vie s'est éteinte dans sa chiasse. Son esprit est parti mais sa puanteur demeure, est-ce que ça répond à ta question ?!* C'était une gastro ! UNE GASTRO ! C'est pas la faute à Nikolaï, non, qu'est-ce que le pauvre et stupide Nikolaï aurait pu y faire, hein, HEIN ?!?!
Désespoir et tension dans la voix, le mime d'une folie mal contrôlée, une déclaration accompagnée de nombreux postillons. Approchant son visage d'elle, les yeux grands ouverts, exorbités. Plus que simple crétin, c'était pour un évadé d'asile qu'elle allait le considérer... Assez ironique au final lorsque l'on sait que c'est là la manière officielle de présenter les mutants de niveau cinq dans cette ville d'après les forces de l'ordre : des évadés de l'asile à qui il ne fallait pas faire confiance. Au pire, si cette femme avait eu accès aux affiches placardées dans le bureau de police, son jeu ne prendrait que plus encore, non ? D'ailleurs, il s'apprêtait à tirer le rideau, faire sa révérence et quitter la scène. Si elle le laissait faire du moins...
    Non mais dans quel monde on vit ! Crétin, crétin, ah, les Etats-Unis c'est plus trop ça depuis la guerre froide, moi je vous le dis, c'était mieux avant, quand y avait encore des missiles et tout et tout. Ah ça, à l'époque on savait vivre et s'amuser, c'est sûr !
Et tout en disant cela du ton d'un vieil aigri désabusé, il se retourne et entame sa marche, lui tournant le dos et prêt à rentrer chez lui si la jeune femme ne tentait rien de plus...

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Kaileen Moore

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MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptyLun 1 Aoû - 20:36

L'inconnu m'attrapa au col, me plaquant contre le mur. Une réaction que je comprenais amplement, et malgré mes réflexes qui auraient voulu que je riposte, je me forçais à rester détendue. J'avais horreur d'être si proche de quelqu'un que je ne connaissais pas le moins du monde, mais ce n'est pas en l'agressant qu'il se calmerait. Et surtout ça ne l'inciterait pas à discuter un peu avec moi. Quiconque aurait eu l'audace de se comporter avec moi comme je l'avais fait avec lui aurait eu de grandes chances de finir six pieds sous terre avant d'avoir eu le temps de dire "ouf". Je pouvais donc m'estimer satisfaite de voir que son caractère était un peu moins emporté que le mien.

Quand il me demande, de un, si ça allait, et de deux, si c'était ainsi qu'on m'avait appris à dire bonjour, je retins à grand peine un sourire sarcastique. Bien sûr que non, ça n'allait pas, il y avait deux ou trois trucs qui clochaient dans ma tête, mais je n'allais pas le lui dire. De toute manière, la question était rhétorique, une manière comme une autre de s'indigner contre mes manières. Je pus enfin me détendre complètement lorsqu'il me lâcha, malgré sa colère. Je ne réagissais pas, intriguée. J'aurais pourtant juré qu'il comptait me faire sentir sa façon de penser à coup de poing. Enfin, je n'étais pas mécontente de son revirement, loin de là. La suite, par contre, me désola au plus haut point.

Il commença à me débiter une belle série d'inerties, commençant par la mention de son incapacité à comprendre. Je restais plantée comme une potiche, le regardant gesticuler, haussant simplement les sourcils dans une expression de stupeur. Il avait l'air tout simplement idiot. Ses propos n'avaient ni queue, ni tête, et je me demandais même si je pouvais vraiment être sûre qu'il était responsable de ce bordel ambiant. Et plus il parlait, plus je me disais qu'il avait carrément l'air fou. A lier. Je restais pourtant de marbre - le contrôle de soi, c'est franchement une belle chose -, même quand il approcha son visage de moi les yeux exorbités.

Je faillis m'y laisser prendre, je dois bien l'avouer. Un tel spectacle était si étrange qu'il n'y avait que deux possibilités : ou bien il était réellement fou, ou bien c'était un sacré acteur. Moi même, je doutais de pouvoir réaliser une telle performance. Un instant, alors qu'il faisait demi tour et s'éloignait, j'envisageais de le laisser filer, envisageais m'être trompée. Un très court instant seulement, mais tout de même. Je me souvenais ensuite de sa première réaction, celle d'un homme sain d'esprit. Je me souvenais surtout du laps de temps infime qui avait séparé l'explosion de son claquement de doigts… et de son ton d'être normal quand il avait refilé cette pièce au clochard. Non, je n'étais pas connue pour renoncer. Je voulais aller au bout de cette histoire. Simplement cet idiot devait me prendre pour quelqu'un qui l'avait reconnu. Recherché ? Sans doute. Sarcastique, sans faire un geste pour le retenir, je lançais :

"On a pas la conscience tranquille, pour réagir comme ça… N'est ce pas ?"

Il n'avait pas cherché à s'esquiver, jouant son rôle jusqu'au bout. A moins qu'il ne soit réellement fou. L'erreur était humaine, et quoi qu'on en dise, j'étais humaine. Avec tous les défauts qui allaient avec. Je courrais presque pour me mettre devant lui, lui "barrant" la route. Les guillemets étant dû au fait que quand on est une naine mesurant tout au plus un mètre soixante, on ne barre pas grand chose à une autre personne. Je me décidais à sortir le grand jeu, et lui disais avec une mine à peine contrite :

"Recherché ? Oui, sûrement… Ecoute, je sais même pas qui tu es, et j'en ai rien à cirer que tu aies fait pété cette rue pour tout t'avouer. Enfin, ça m'intéresse, parce que agir comme ça c'est tout ce que je ne peux pas faire c'est tout."

Je levais les yeux au ciel, en ronchonnant (qu'est ce que la curiosité ne me ferait pas faire, franchement), et sortais avec des gestes discrets l'espèce de poignard qui ne me quittait jamais. Je le montrais à l'autre, de telle façon qu'on ne puisse me soupçonner de vouloir l'agresser, et dans un mouvement dénué de toute forme d'hésitation, je m'entaillais profondément le bras gauche. Je n'étais pas masochiste, mais méfiant comme il l'était (apparemment), il fallait bien que je prouve mes dires. Bien entendu, je ne cillais même pas en accomplissant mon geste

"Là. Je suis une criminelle doublée d'une mutante, tu crois franchement que j'ai que ça à faire d'aller signaler aux flics ce à quoi tu t'amuses. En fait, je suis même plutôt du genre à t'encourager."

Bien sûr, je jouais un jeu dangereux pour moi même. S'il s'avérait que monsieur était réellement fou, alors il y aurait un échappé de l'asile de moins sur terre. Même complètement halluciné, je ne pouvais décemment pas laisser vagabonder une personne qui m'avait vu. Si je n'étais pas la plus recherchée des délinquantes d'Achaea, je n'étais pas non plus la moindre. Bref.

"Si je t'avais voulu quoi que ce soit de mal, je ne me serais même pas montrée. Je t'aurais envoyé bouffer les pissenlits par la racine d'une balle entre les deux yeux."

Charmant, n'est ce pas ? on a vu mieux comme manière de rassurer les gens, mais bon, c'est pas grave. En fait, je ne voyais même pas pourquoi je l'arrêtais. parce qu'il était rare que je crois des personnes adeptes de la violence gratuite ? Je n'étais même pas certaine qu'il soit lui même un mutant, mais qu'importe. Les quelques personnes avec qui j'avais causé étaient des gens ignorant de ma perception des choses. Alors, quelqu'un qui puisse avoir envie d'agir de même, ça ne pouvait que m'attirer, comme un papillon est attiré par la lumière. Bref. Je retins un léger soupir, et essuyais la lame ensanglantée pour la ranger avec un mouchoir tiré d'une de mes poches. Je tamponnais ensuite mon bras, sans mot dire, attendant une réaction de la part de mon interlocuteur, en espérant que ce ne serait pas les divagations d'un pauvre taré qui s'était retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.

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MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptyJeu 4 Aoû - 19:22

Spoiler:

Et voilà qu'elle n'allait pas le laisser tranquille... C'était une sangsue cette nana ou quoi ? Pas crédule pour un sou, elle s'était manifestement décidée à ne pas le laisser juste retourner chez lui de son pas décidé, non. Car à peine avait-il fait deux pas qu'elle se plut à relancer la conversation en mettant sa folie en doute. Boris aurait préféré trouver demoiselle plus crédule, plus à même de croire à ses divagations et d'en rester là. Mais avec sa chance, il avait fallu qu'il tombe sur une bien plus têtue personne. Sur une femme capable de voir à travers son jeu et de lui "tenir la jambe" plutôt que gober ses couleuvres. Embêtante situation... Toutefois, elle faisait sévèrement fausse route sur un point précis : la tranquillité de sa conscience. Le russe n'était pas le genre d'homme à s'encombrer la tête de remords, et sa conscience était toujours parfaitement apaisée, quelle que soit les circonstances. Pas du genre à regretter ou vouloir retourner en arrière, non, du tout, ce serait plutôt l'exact opposé de cela. Mais il n'y avait pas là de quoi chercher à la contredire. Il se moquait bien de ce qu'elle pouvait penser, et puis il espérait toujours qu'elle puisse lâcher l'affaire s'il poursuivait sa route. Cependant, elle ne lui laissa même pas l'occasion de s'extraire encore un peu plus. Le mutant n'avait fait tout au plus que deux ou trois pas lorsqu'elle se jeta presque au devant de lui afin qu'il ne puisse s'échapper si facilement. Ce ne fut que pour ne pas créer d'autres vagues qu'il s'arrêta un instant, ne ressentant là aucune menace à l'empêcher de faire ce qu'il souhaitait s'il en avait réellement l'envie. Comment pourrait-elle l'arrêter, hein ? Lui qui s'était évadé de prison il y a peu, ce n'était pas un petit bout de femme qui allait le faire plier tout de même...

Boris pousse un soupir contrit plus pour le jeu qu'autre chose alors qu'elle tentait de lui faire savoir qu'elle n'avait au final rien contre lui. Avait-il tendance à croire les gens sur parole ? Non, clairement pas, voilà qui ne faisait pas un pli. Mais une nouvelle fois... si elle avait réussi à le lier à l'explosion du clochard, pourquoi venir s'adresser seule à lui en le confrontant à son propre crime ? En vérité, cela n'avait pas réellement de sens pour lui... Aussi la thèse de la curiosité pouvait peut-être figurer une réponse correcte à cette question. En tout cas, il ne cherchait toujours pas à répondre, préférant voir plutôt qu'est-ce qu'elle lui réservait, ce qu'elle allait bien pouvoir trouver pour essayer de le convaincre de se reconnaître comme l'auteur des troubles venant de frapper la rue voisine. Car après tout, même si elle paraissait toute déterminée, si elle était aussi sûre d'elle qu'il était le coupable, pourquoi lui poser la question et tenter de lui tirer les vers du nez ? Non, elle n'avait aucune certitude encore, juste une très forte présomption dirons nous.

La voir lever les yeux au ciel était amusant en tout cas, ou du moins aurait pu l'être si cela n'était pas suivi par l'exposition d'une arme blanche. Au moins était-il désormais préparer à user de son intangibilité si elle tentait le moindre mouvement dans sa direction avec ce poignard. Ce serait tout de même un comble de se faire trouer alors qu'il goûtait à peine à sa nouvelle et récente liberté. De plus, sa main droite s'était glissée dans sa poche, jouer avec une pièce... Autant se préparer un maximum ! Mais ce ne fut pas lui le désigné pour goûter du fil de cette lame, non... Étrangement, ce fut contre elle-même qu'elle tourna son couteau, afin de s'ouvrir le bras gauche. Totalement tarée, peut-être même plus que lui, non ? Aucune grimace de la part d'aucun des deux acteurs de cette scène. Lui ne pouvait pas être choqué pour si peu, tandis qu'elle, de toute évidence, n'en ressentait pas la moindre douleur. Pas de larmes venant perler aux coins de ses yeux, pas même le moindre tic nerveux. Le néant. Intéressant, bien que cela restait tout de même très léger. Elle s'empressa ensuite de se décrire elle-même comme mutante, venant visiblement de faire étalage de son pouvoir. Juste l'absence de douleur ? Utile, mais pas déterminant, contrairement aux dons dont pouvait jouir Boris. Néanmoins, d'après ce qu'elle disait, elle se trouvait être une criminelle intéressée par les pouvoirs du russe, ou tout du moins son aptitude à créer de joyeux bordel lorsque l'envie de chaos venait à le prendre. D'une certaine manière, elle pouvait peut-être lui être utile. Est-ce que ça valait la peine de se dévoiler et de tenter le coup ? Il hésita une seconde... jusqu'à ce qu'il ne put s'empêcher de ricaner à la manière dont elle finit de se justifier, c'est-à-dire la "menace" d'une balle entre les deux yeux s'il n'avait pas créé son intérêt.
    Voyons... C'est là tout ? Tout ce que t'as à dire, tout ce que t'as à montrer ? S'il n'y a rien d'autre que cela, tu me fais perdre mon temps. Je suppose que j'vais devoir te passer sur le corps si j'souhaite passer, c'est bien ça ? Allons bon... S'il n'y a que ça...
Et de fait, il ne s'en priva pas. Mais à sa manière toutefois. Un pas, deux pas... et hop, sans même chercher à faire le tour de la jeune femme, il lui passa au travers en utilisant l'un de ses pouvoirs, comme s'il n'était qu'un fantôme impalpable... Ce qui était faux bien sûr et elle le saurait bien puisqu'elle était parvenue à le pousser et qu'il avait réussi à l'attraper par le col à peine qu'elle s'était présentée à lui. Cependant, il ne chercha ensuite pas à la semer. Il venait ni plus ni moins que de se révéler en tant que mutant, non ? Si on en était venu à jouer à "montrons nous nos pouvoirs", autant y participer jusqu'au bout, voilà tout... Boris s'arrêta à peine le corps de la brunette traversé façon passe-muraille, afin de faire entendre à nouveau sa voix traînante.
    Alors, heureuse ? On peut y aller maintenant ? Viens, marchons...
Le Zakharine ne l'attendit pas pour reprendre son pas. De même, il ne lui réclama pas qu'elle couvre son bras afin que l'on ne puisse voir sa blessure et s'en inquiéter. De toute évidence, elle n'était pas stupide et saurait ce qu'il convenait de faire. Elle allait cacher sa blessure et le suivre, cela allait de soit. Relâchant la pièce dans sa poche, il en sortit la main qu'il plongea alors dans son paquet de craft pour en ressortir sa boîte de Tic-Tac. Faisant sauter le couvercle du pouce, il s'agita la boîte au dessus de la bouche, tête légèrement penchée vers l'arrière, afin d'en faire tomber deux ou trois sur sa langue.
    Bonbon à la menthe ?
Proposa-t-il ensuite en lui tendant le petit contenant de plastique. Rien qu'une dernière et courte disgression avant de finalement mettre les pieds dans le plat.
    Tu peux m'appeler Nikolaï. Ce n'est pas mon vrai nom comme tu t'en doutes, mais ça suffira amplement pour l'instant. J'vais pas tourner autour du pot plus longtemps : qu'est-ce que tu m'veux exactement, hum ? Parce que c'est bien joli de m'faire de la lèche sur mes saintes actions, vouloir m'encourager, tout ça... Mais tu m'feras pas croire que t'as juste rien derrière la tête, hein ? J'dois t'prév'nir cependant, j'suis mon propre patron, et j'marche pour personne d'autre que ma pomme... Alors ? Tu m'veux quoi ?
Pas d'agressivité dans son ton, juste de la franchise, nue et dénuée de toute fioriture. Il en disait déjà beaucoup en peu de temps, et rien que son changement d'attitude prouva qu'il était bien responsable de l'explosion survenue plus tôt, sans qu'il se sente le besoin d'en plus le confirmer de vive voix. Il n'y en avait aucune nécessité, n'est-ce pas ? Fini donc le suspens à ce sujet, au moins. Par contre, y avait-il une réelle grande utilité à ne pas dire son nom, alors qu'au final la jeune femme - il ignorait d'ailleurs toujours le sien, de nom - avait été la témoin privilégiée de ses deux pouvoirs ? De là, elle pourrait facilement remonter jusqu'à sa réelle identité si elle le désirait. Enfin bon, voilà bien un point de détail au final, peu importe...

Regardant alternativement entre le chemin devant lui et la brunette marchant à ses côtés, ses yeux n'oscillaient qu'à un rythme léger, mesuré, tout comme ses mots qui n'étaient prononcés que lorsqu'aucun passant ne pouvait l'entendre parler. Sans se presser d'aucune manière, ne sachant même pas où ses pas allaient le guider à présent qu'il avait décidé de lui faire la conversation de manière concrète. Boh, on verrait bien...

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Kaileen Moore

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MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptyVen 5 Aoû - 19:04

Je le regardais ricaner à mes paroles, n'étant pas démontée par cette attitude. Je préférais mille fois cela que ses tentatives de fuir la confrontation, si élaborées soient elles. Je ne souriais pas le moins du monde et croisais les bras, avec une légère expression de surprise, tandis qu'il me parlait de lui faire perdre son temps, et de me passer sur le corps, et bla, et bla, et bla. Je n'écoutais qu'à moitié et ne m'en cachais pas. Si j'avais enregistré soigneusement toutes les paroles de ce genre que l'on m'avait lancé au cours de ma misérable vie, j'aurais pu ouvrir une bibliothèque. Sur le champ. Mais malgré tout le stoïcisme dont j'étais capable de faire preuve, je reculais d'un pas, ouvertement méfiante, tandis que lui avançait vers moi, décidé. Perplexe, je m'arrêtais et quelque chose que je n'avais absolument pas vu venir (comme l'aurais je pu) me tira enfin une véritable réaction : il me passa carrément au travers. Ah. Non prévu, pour le coup. Je frissonnais, désappointée par la sensation que je n'aurais pu décrire. Il y avait plus agréable, en tout cas. Je sentis qu'il s'était arrêtée juste derrière moi, mais ne bougeais pas, toujours un peu frissonnante. J'avais l'impression que la température avait brusquement chutée. Je n'étais pas réellement impressionnée, plutôt, une fois de plus, intriguée par ses pouvoirs. J'enviais un peu les mutants qui possédaient plusieurs dons inscrits dans leur gène. Je n'avais pour moi qu'un pouvoir que je ne contrôlais pas, et qui pouvais tour à tour être un formidable avantage, et le pire des handicaps.

"Alors, heureuse ? On peut y aller maintenant ? Viens, marchons…"

Hum. Folle de joie, ça ne se voyait pas. Je fis volte face, mais avant toute chose, j'épongeais sommairement le sang qui coulait de mon bras, pour faire ensuite retomber la manche de ma veste dessus. J'étais à peine essoufflée à cause de la blessure, mais ce n'était pas grand chose. Il faut dire que ce n'était pas suffisant pour que mon pouvoir demande de l'énergie supplémentaire à mon corps, et celui ci n'avait donc aucun mal à suivre le rythme. Je le suivais ensuite, même si il n'était guère dans mes habitudes d'obtempérer quand on me disait de faire quelque chose. Je considérais simplement que vu la façon dont je l'avais intercepté, je n'avais pas à me plaindre. Je me mis de suite à sa hauteur, mes précautions à l'égard de la petite plaie qui barrait mon bras ne m'ayant pris que quelques secondes (la force de l'habitude, je suppose), et l'observais en silence tandis qu'il prenait une boîte de tic tac et se servait. Encore une chose étonnante venant de moi, le silence. Il était assez rare que je reste calme quand j'étais en présence de quelqu'un. Il m'en proposa ensuite, me tendant la petite boîte, mais je refusais d'un signe de tête, n'ayant pas la moindre envie d'ingurgiter quoi que ce soit dans l'immédiat.

Il aborda enfin le vif du sujet. Il était calme et maîtrisé, dans son allure comme dans ses paroles, qui si elles n'étaient pas des plus aimables, me paraissaient tout à fait recevables. Ce que je voulais ? Aucune idée. La première chose que j'aurais voulu savoir, c'est s'il était mêlé au groupe qui avait pris d'assaut le siège du gouvernement lors du discours du sénateur machinchose. Or, il venait de me répondre sans le vouloir en me signalant qu'il ne travaillait que pour lui même. J'aurais tout de même bien voulu remonter jusqu'au groupe en question. j'avais quelques sérieuses questions à leur poser quand à leurs méthodes qui avaient impliqués humains et mutants sans distinction. Je ne pleurais pas, bien entendu les êtres humains qui y avaient souffert, mais mes frères et soeurs de gène, si. Mis à part les pacifistes, que je ne considérais que comme une bande de lâches et d'idiots. Si je n'avais par habitude qu'une relation distante avec les autres mutants, préférant m'occuper de moi avant de m'occuper des autres, j'avais tout de même dû prendre des risques pour ceux ci lors du fameux discours… Je ne pouvais pas juste fermer les yeux, alors que j'avais la possibilité d'intervenir. Avec un regard en coin vers lui, je commençais par lui dire tranquillement, d'une voix neutre :

"Je suppose que tu peux me nommer Eva. Mais ce n'est pas plus mon prénom que Nikolaï le tien. Et pour information, je ne fais pas "de la lèche" comme tu dis si joliment. Je constatais simplement que j'aime bien voir des gens qui agissent… même aussi inutilement qu'aujourd'hui."

Il fallait bien avouer, faire exploser une rue du quartier pauvre n'allait pas changer le monde dans les heures qui suivent. Mais j'étais moi même fervente adepte des actions passablement inutiles, alors… Loin d'être une critique, cette remarque était simplement un constat. Point barre. Je repensais ensuite à ce que je venais de dire, et notais que Eva était peut être un peu plus digne d'être considéré comme mon prénom en fait. J'avais dans ma poche un permis de conduire au nom d'Eva Green, jeune femme humaine de 21 ans. Falsifié, bien entendu. J'avais emprunté cette identité depuis une véritable éternité, du moins en avais je l'impression, depuis le temps que je l'utilisais. On pouvait dire que j'étais autant Eva que Kaileen… Je m'en rendais compte avec une certaine satisfaction. Je jouais le rôle que je m'étais attribuée à la perfection, je l'avais assimilé, et c'était une part de moi. Au point que le premier nom qui me venait quand on me demandait ce renseignement, c'était le faux, et non le vrai. Triste, d'une certaine façon. mais que représentait un simple nom, au final ? Je tenais celui ci des personnes qui m'avaient le plus déçue sur terre, autant dire que je ne le chérissais pas comme la prunelle de mes yeux, loin de là. Tout en continuant à marcher, je regardais autour de moi tandis que je répondais d'un ton absent, pensive, à ses interrogations :

"Je me demandais si tu pouvais être mêlé à certains incidents qui ont eu lieu lors du discours du sénateur machinchose. Ya deux ou trois mois, je sais plus exactement. J'aurais deux mots à dire à celui qui a organisé tout ça." Je m'arrêtais un court instant, et tournais mon regard vers lui pour continuer. "Mais si tu dis que tu ne bosses que pour toi… ça m'étonnerait que ce soit le cas. Je me trompe ?"

Je n'attendais pas vraiment de réponses à ça, et continuais donc assez rapidement :

"Comment se fait il que je n'ai pas entendu parler de tes exploits auparavant ? Je suis du coin de l'oeil les infos, généralement, et je n'ai jamais entendu parler d'explosions suspectes jusqu'à maintenant… Je doute que ce soit ta première fois, si ?"

J'étais réellement intriguée à ce sujet. En y repensant, ça faisait au moins une bonne semaine que je n'avais pas eu le moindre écho sur l'actualité d'Achaea, mais même auparavant, je n'avais pas vraiment entendu parler de faits qui pourraient ressembler au mode opératoire de Nikolaï. J'avais beau retourner tout ce que j'avais remarqué au cours des derniers mois, rien ne faisait écho à ce que je venais de voir. Et nul doute que des attentats non expliqués m'auraient mis la puce à l'oreille sur une activité mutante. Je m'étonnais donc de ne pas connaître, de ne pas avoir entendu parler de mon interlocuteur. Nous arrivions à une nouvelle intersection, mais il ne faisait pas mine de s'arrêter. Je continuais donc de le suivre, sans rien ajouter

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MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptyJeu 11 Aoû - 3:55

Comme il s'y était attendu, la jeune femme le suivit sans poser de questions, du moins dans un premier temps. Et enfin, elle lui donna un nom à mettre sur ce visage, bien que tout comme lui elle usa d'un pseudonyme. Eva, c'est ainsi que se présenta la petite brunette. Boris hocha simplement de la tête à cette révélation, pas gêné qu'elle ne révèle pas son vrai prénom puisqu'il en avait fait de même. Par contre, le Russe tiqua légèrement sur le jugement qu'elle venait de porter sur son acte. Inutile ? Il fallait croire selon toute évidence qu'elle n'avait pas vu la portée exacte de son geste, ou bien elle n'était pas prête à en juger pleinement l'intérêt. Bien sûr qu'il se sent de la corriger, pour le coup !
    Inutilement, inutilement... C'est vite dit ! Ne comprends-tu pas ma chère Eva ? Les humains sont la plaie de ce monde ! Surpopulation, pollution, production à outrance... Des êtres faibles, des insectes qui pourtant parviennent à pourrir tout ce qu'ils touchent ! Éliminer ne fusse qu'un d'entre eux est une bonne action, c'est indéniable ! Toute puissance apporte des responsabilités, et ainsi les forts se doivent de débarrasser cette société des faibles qui ne font que tirer la masse vers le bas ! Le spécimen que je me suis fait devoir d'éliminer était insignifiant, je te l'accorde. Et c'est justement pour ça que c'était une victime de choix ! Un humain pire que les autres encore, rejeté même des siens. Faible parmi les faibles... Rien d'autre qu'une raclure malodorante qui gâche le paysage. Aucun coup de balai n'est parfait'ment inutile tant qu'il ôte un peu de poussière, tu vois ?
Voilà comment le mutant présentait les choses, sans faire aucun sentiment. Tout en parlant, il ne montrait pas de joie particulière. Juste du dégoût pour ces êtres inférieurs.
Enfin, ce n'était pas tout. La discussion ne s'en était heureusement pas tenue que là. La jeune mutante avait aussi révélé ce pourquoi elle avait désiré lui parler, outre le fait qu'elle appréciait qu'il foute joyeusement le bordel en ville. La brunette estimait qu'il serait peut-être possible que Boris se soit trouvé impliqué dans un attentat, manifestement. Le sénateur Farinelli... Il en avait forcément entendu parler alors qu'il était toujours en cabane. Et malheureusement non, il n'avait rien à voir dans tout cela, même s'il se doutait du nom du cerveau qui avait commandité cet acte. Chow... Qui d'autre que Chow ?
    Non, tu n'te trompes absolument pas ! J'ai strictement rien à voir dans tout ce foin ! Pas que ça m'aurait déplu, mais avec moi, on aurait retrouvé des bouts de cervelle de Farinelli aux quatre coins d'la ville... Malheureus'ment, j'peux pas t'dire qui est dans l'coup, ça fait pas plus d'une dizaine de jours que j'suis dans le coin. Et je suppose que t'en sais pas plus, vu que t'es obligée de mettre la main sur un inconnu pour tenter d'en apprendre... Cause perdue si tu veux mon avis, à moins qu'les auteurs se décident à revendiquer l'attentat, mais ç'aurait déjà été fait depuis le temps s'ils en avaient l'intention. Tu devrais laisser tomber, mais bon, j'suis personne pour te dire ce que t'as à faire, pas vrai ?
Une approche un peu plus sympathique mais toujours aussi franche néanmoins. En tout cas, le Zakharine n'avait strictement aucune intention de lui parler du "gang" du japonais, alors que lui-même ne parvenait pas à le contacter pour le moment. Non pas qu'il souhaitait réellement se liguer à lui, mais peut-être que d'une certaine manière les deux hommes pourraient collaborer... Si Boris désirait se monter un petit business, son organisation n'aurait que plus de chances d'exister si elle recevait l'aval du leader des grands méchants mutants...
    Par contre... tu devrais un peu suivre les nouvelles avec plus d'attention, ma p'tite ! C'est pas la première explosion secouant Achaea dernièrement...
Un petit sourire, très léger mais néanmoins présent. D'une certaine façon, au fond, ça le vexait un peu qu'elle n'ait pas entendu parler des explosions qu'il avait déjà pu provoquer dernièrement, entre son évasion du pénitencier d'Achaea et ses actes lors d'une nuit particulièrement arrosée. Pourtant, c'était impossible que ces "faits divers" n'aient pas été cités dans les informations, sous quelque forme que ce soit ! Toutefois, le Zakharine n'avait pas envie d'évoquer là son évasion. Parler de ça serait équivalent à révéler ouvertement sa véritable identité, voilà bien ce qu'il n'était pas désireux de faire là. Mais ça ne voulait pas dire qu'il ne souhaitait pas se vanter un peu, aussi, autant lui résumer brièvement ses autres méfaits...
    T'es passée dans la rue du Père Hanssell dernièr'ment ? Un chouette quartier ! Enfin, c'était... Y a bien deux-trois cratères désormais qui gâche un peu l'décor. Enfin, à titre personnel, j'trouve que ça donne du charme à la zone, mais bon, faut aimer les gravats...
Une touche d'humour toute personnelle qui le fait sourire franchement. Trois explosions avaient défiguré le coin, deux survenant dans la rue, la dernière fracassant l'immeuble en face du toit sur lequel il se trouvait alors. Deux voitures avaient explosé à leur tour, entraînant de nombreux dégâts dans le secteur ainsi que l'arrêt complet de la circulation sur la voirie pendant la durée des travaux. Là encore, tout comme ce qu'il avait fait ce soir, ce n'était pas grand chose, mais c'était toujours ça ! Petit à petit, la peur ne manquerait pas de s'instiller dans le coeur des êtres méprisables de cette ville... Petit à petit, l'oiseau faisait son nid...
    Mais... on ne fait que parler de moi, ça me gêne un peu ! T'es une criminelle, hein ? C'que t'as dit... J'peux savoir quels sont les actes affreux qu'une mutante douée comme toi a pu commettre ?
Ce n'était pas en se montrant moqueur de la sorte qu'il pourrait durablement s'attacher sa sympathie... Mais bon, on ne se refait pas, et il n'avait pas été capable de s'en empêcher, même si son ton s'était lui voulu plutôt amical. Prenant à droite au coin de la rue, Boris sortit de son sac la canette de bière qu'il ouvrit dans la foulée avant d'en vider un trait. C'est que parler, ça finit par donner soif, forcément... Poussant un "aaah" de contentement après s'être ainsi rafraîchi, il ajoute ceci :
    C'est que... Si tu n'es pas contre moi, tu peux peut-être être avec moi... Les mutants intelligents se doivent de se serrer les coudes pour éliminer la menace humaine, pas vrai ?
Boris, ou le don d'évoquer des cruautés sur le ton le plus banal qui soit ! À la limite, il n'y avait pas de haine dans son discours, mais juste une vérité établie ne pouvant être choquante pour personne, puisqu'il n'en était pas autrement. Son avis sur la question est radical et sans appel. Ses idées sont tranchées et inamovibles. Ils sont les êtres supérieurs et se doivent, pour le bien de tous, de s'occuper de ce problème et de faire le ménage. Pas comme si c'était là une quête noble à accomplir, non, pas tout à fait. Plutôt comme si c'était un simple travail. Plutôt comme un dératiseur qui se doit d'évacuer la vermine par tous les moyens nécessaires... Aussi la regarde-t-il simplement, un tantinet amusé mais pas gêné pour le moins du monde...

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MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptySam 13 Aoû - 13:57

Si je ne le partageais pas totalement, je comprenais l’avis de l’homme. J’étais aussi radicale que lui, simplement, c’était pour moi de la vengeance avant tout. Si cela pouvait éviter à quelques mutants, tout comme moi, de voir leur famille disparaître, leur univers s’effondrer, tant mieux. Sinon, tant pis. J’avais au moins pu rendre un peu de ce mal que l’on m’avait fait, à défaut d’avoir servi une cause plus grande. L’air absent, j’acquiesçais donc à son petit discours sur les êtres humains et leur défaut (ils n’en avaient qu’un pour moi, celui de vouloir réduire à néant l’avenir de l’humanité, c'est-à-dire nous… l’évolution nous avait doté de dons, ce n’était pas pour rien, si ?), n’écoutant qu’à moitié. Visiblement, Nikolaï accordait une certaine importance à la question, mais ce n’était pas mon cas. Néanmoins, si mon interlocuteur visait visiblement à faire plus ou moins disparaître la populace humaine de cette planète, je ne voulais que rétablir l’ordre naturel des choses, et éliminer le gouvernement, la police, tous ceux qui de près ou de loin avaient un rapport avec la traque et la stigmatisation dont nous faisions les frais. Le reste m’importait peu.

La suite me fit soupirer doucement. Je n’étais pas prête de retrouver ce vieux chinois et de lui demander des explications. De toute manière, je me doutais que ce serait dangereux pour moi. Au moins, une chose était sûre : même si, à présent que j’avais quelque chose à protéger, plus ou moins, je souhaitais trouver des alliés et aller plus loin que quelques meurtres à gauche et à droite, je ne pourrais pas m’enrôler auprès de l’autre abruti. De une, je doutais qu’il veuille de moi alors que je m’étais retournée contre lui, de deux, je n’avais pas la moindre envie d’impliquer sciemment mes frères et sœurs de gène dans mes déboires pour mieux asseoir ma notoriété, moi. J’excluais bien sûr de cette catégorie ces abrutis finis de pacifistes, bien que j’aie presque de la pitié pour eux. C’était pour la plupart des faibles, des lâches, de mon avis, mais il fallait bien avouer que certains ne se soumettaient que pour préserver leurs familles, ou parce qu’ils n’avaient tout simplement pas les moyens de résister à l’oppression.

En tout cas, je me sentis totalement détendue, à présent que j’étais certaine que mon accompagnateur n’avait aucun lien avec le groupe hostiles auquel je m’étais frottée bien malgré moi. Je n’avais pas particulièrement envie de m’y frotter, quelque soit mon envie d’obtenir des réponses claires et intelligibles. Je verrais bien une autre fois. Je laissais échapper un sourire, léger, mais bien présent. A coté de moi, il venait de dire quelque chose de totalement absurde, d’utiliser deux mots que je ne connaissais tout simplement pas… « laisser tomber »… On voyait bien qu’il ne me connaissait pas le moins du monde, le pauvre. Quand j’avais dû brûlé mon domicile, quand j’avais dû tuer pour vivre, quand j’avais dû chercher encore et encore mon ancien petit ami, jamais je n’avais abandonné. D’ailleurs, je cherchais encore Ethan, après presque deux ans, maintenant. Même si je commençais à penser que peut être, un jour, je pourrais de nouveau avoir ce que l’on appelait une relation amoureuse, je doutais encore énormément, à cause de ce traître de blondinet. Hors de question que je l’oublie, j’avais envie, besoin de ma vengeance… mais je doutais sincèrement de l’obtenir, soit dit en passant. Il semblait avoir disparu de la surface de la Terre. Peut être était il mort, cet imbécile. Tout ça pour dire, en tout cas, que laisser tomber quoi que ce soit n’était pas dans mes habitudes, et je rectifiais ceci oralement, par ailleurs.

« Me dire ce que j’ai à faire est d’autant plus inutile quand on m’enjoint d’abandonner. Ce n’est pas vraiment dans mes habitudes, je suis assez acharnée quand je veux quelque chose. Une cause n’est perdue que quand personne ne la défend. »

Je laissais le russe (additionnez l’accent et le nom, j’en avais déduit qu’il était de ce côté-là, tout du moins) continuer, évoquant ses exploits passés. J’avouais que je n’avais pas suivi très assidûment les informations, ces derniers temps. Je passais tant de temps à errer dans les rues comme une âme en peine qu’il ne m’en restait plus beaucoup pour me tenir au courant de l’actualité. Je souris à peine alors qu’il me parlait de sa rue du père Hanssell, et des petites améliorations qu’il y avait apporté. Apparemment, il trouvait ça carrément amusant. Je me disais quand à moi simplement que monsieur m’avait l’air bien actif dans sa petite vie. Je ne savais pas trop d’où il sortait, mais c’était un cas. Un peu comme moi, mais je me contentais de détruire des vies, pas les rues de la ville.

Je ne m’offusquais pas le moins du monde de ses moqueries, qui suivirent juste après. Je n’allais pas me démonter pour si peu… enfin, plus maintenant. Il y a de cela quelques mois, j’étais encore au stade où je tapais tout ce qui me cherchait d’un peu trop près. De toute manière, mon poing l’aurait sans doute traversé, alors, … Autant éviter de faire des bêtises. Enfin, des bêtises en plus. Je rétorquais tranquillement, d’un ton plutôt amical, dans lequel on sentait l’habituelle distance qui était un peu ma marque de fabrique. Il était rare que quelqu’un est le droit de m’entendre parler autrement qu’en ayant l’air un peu désintéressée dans le fond. Qu’il me prenne pour une idiote ou une incompétente me désintéressait effectivement, par ailleurs.

« Les mêmes que toi, en gros. L’exubérance en moins, bien entendu. Je préfère être plus discrète quand j’agis. »

Je n’avais pas été extrêmement gâtée quand on avait distribué leurs pouvoirs aux mutants, soyons honnêtes. Quand lui n’avait qu’à claquer des doigts pour faire exploser je ne sais quoi, je me battais encore à la force de mes petits bras, me démenant pour être rapide, agile, et savoir réagir en cas de grabuges. Purement défensif, mon don me prémunissait simplement en cas de blessures, et encore je n’avais bien souvent que le temps de me planquer quelque part, en cas d’une certaine gravité. Nikolaï tourna à droite, et je le suivis encore, de nouveau silencieuse, tandis qu’il sortait une canette de bière du sac qu’il portait, et se désaltérait. Je le regardais faire un instant, puis reportais mon regard sur l’endroit où je mettais mes pieds, attendant qu’il reprenne la parole. Il serait bientôt temps pour moi de prendre congé. Je n’avais pas la moindre envie de m’attarder ad vitam aeternam avec lui. Néanmoins, alors que je décidais de ceci, il reprit la parole, et ce qu’il me dit m’intéressait. Un peu. J’étais individualiste, mais se donner un coup de main de temps en temps… ça pouvait être utile. Je haussais légèrement les épaules, montrant mon scepticisme par ce biais, mais lui retournais quelques mots avec une petite hésitation.

« Je n’ai pas vraiment vocation à aider les autres, tout mutant qu’ils soient… Mais, si de temps à autre tu as besoin de faire appel à moi… Pourquoi pas ? Même si tu as l’air d’en douter, je sais me débrouiller. A ma manière. »

Je m’arrêtais de marcher, et fixais mon interlocuteur, pensive. Y aurait-il une possibilité pour que nos talents respectifs puissent cohabiter de temps en temps ? je misais sur un oui, mais restais à savoir ce qu’il entendait par se serrer les coudes. Et puis, à comment il pourrait me retrouver si besoin était. Je ne comptais lui donner ni mon adresse, ni quoi que ce soit d’autre pour le moment. Méfiance, méfiance.

« Il faut que je me sauve. Je n’ai pas envie de rester dans le quartier tant que la police risque d’y rappliquer, même avec quelques rues d’écart. Un citoyen trop respectueux des lois pourrait me reconnaître, sait-on jamais. Dis moi comment reprendre contact, je te dis ce que j’en penses, et peut être pourrions nous travailler ensemble à l’occasion… »

Je me préparais à acquiescer de toute manière, certaine que l’homme pourrait m’aider de biens des manières, si j’y songeais. Je ne savais pas trop s’il ne comptait pas de son côté m’utiliser d’une quelconque façon, mais ça ne me gênait en rien. Je ne me formalisais pas de trop de ce genre de détails superflus. S’il me fallait ça pour peut être parvenir à mes fins, et bien soit. J’étais prête à vendre tous mes biens, mon corps et mon âme au diable en personne si cela s’avérait nécessaire. Tant que j’avais un but, j’avançais, j’existais…

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MessageSujet: Re: "Une p'tite pièce m'sieur ?" "Une p'tite pièce m'sieur ?" EmptyMar 16 Aoû - 6:36

Boris avait déjà quelques plans en tête, dans lesquels il se plaisait déjà à imaginer à l'oeuvre cette jeune femme. Tout d'abord, il faudrait s'enquérir plus avant sur les réels talents d'Eva, voir si elle pourrait réellement convenir au genre de coup qu'il prévoyait monter. Oui, peut-être... Sa petite taille pouvait également donner d'autres idées, qu'il ne s'était pas permis de prévoir en considérant que ce serait peut-être sa chère et tendre fille Nastasya qu'il mettrait dans le rôle, étant donné qu'il n'avait personne d'autre pour se rendre complice de ses méfaits. Oh, il y avait bien Pipo et Mario, et puis les contacts du Zakharine encore dans le métier... Mais s'il pouvait tolérer qu'un humain le serve et lui soit utile, en impliquer un dans ses magouilles à plus haute échelle le débectait. Non, s'il devait monter une équipe réellement impliquée comme il y songeait, ce ne serait qu'en s'entourant de mutants exclusivement.

Mais la brunette ne désirait apparemment pas rester dans les parages trop longtemps. Difficile donc pour lui de venir exposer ici devant elle les qualités qu'il lui faudrait pour se rendre utile "à son service". Cette manière de présenter les choses, il faudrait qu'il le garde pour lui. Certainement qu'elle préférait ne pas en entendre parler en ces termes, et pourrait même totalement la braquer. Le Russe se disait qu'elle n'aimerait sans doute pas se voir considérer comme autre chose qu'un partenaire, qu'une alliée, un complice. Trop souvent, les gens n'aimaient pas qu'on leur rappelle qu'ils n'agissaient pas tout à fait de leur propre chef, mais qu'ils servaient plutôt les intérêts de quelqu'un d'autre. En l'occurrence, ça leur remplirait bien les poches à tous les deux, c'était évident.

Pourtant, Boris ne manquait pas d'argent... De ses anciennes activités, d'avant son incarcération, il conservait toujours un compte en banque à l'étranger, et sur lequel reposait de quoi investir dans le bâtiment pour ensuite vivre de ses rentes... Une vie tranquille qu'il ne comptait pas mener, bien entendu ! Mais bon, ces liquidités n'étaient pas réellement à portée de main, et constituaient plutôt un solide fond de pension. Une réserve du genre "brisez la vitre en cas de danger", bien qu'il n'hésitait pas à en solliciter de petites sommes via l'associé qui l'avait aidé à s'échapper et qui depuis veillait à ce qu'il ne manque de rien. Le père de la jeune et belle Bella, rencontrée hier à peine... Elle aussi était une possibilité à considérer dans ses plans, bien qu'il ne se réjouissait pas vraiment à l'utiliser de la sorte.

Soit.
    Juste cinq minutes... Accorde moi juste encore cinq minutes... Ne t'arrête pas de marcher et entre dans mon jeu... Les couples attirent moins l'attention que les solitaires qui baissent la tête...
Disant cela, il lui prit la main et l'entraîna dans ses pas sans pour autant la brusquer. Pas dans ses habitudes, lui qui détestait qu'on le touche, ne sachant jamais sur qui on peut tomber. C'était dans son intérêt à elle aussi que de se plier à la comédie, car ils ne pouvaient de toute évidence pas se quitter comme ça, sans aucun moyen de se revoir ultérieurement. Et il ne comptait pas filer l'adresse de sa planque aussi rapidement et facilement, bien sûr...
    Ne t'inquiète pas pour la police... on va s'éloigner, et si jamais on en croise... Si cela arrive, par avance pardonne moi pour ce que je vais faire !
Un sourire, juste ça. Et il n'en dit pas plus, sans lui avoir lâché la main. Il sait où il va. Une petite ruelle non loin, par où il était venu avant qu'il ne décide de s'amuser un peu, quelques minutes plus tard. Une boutique, dont la vitrine lui serait utile ici... Et sur laquelle il posa le dos une fois atteinte, passant alors sa main dans le dos d'Eva pour l'attirer à lui, mimant le couple s'offrant une pause câlin sur la devanture d'un magasin. Rien qui attirerait l'attention dans l'immédiat, après tout, ils ne faisaient rien de mal, hein ? Pas tout à fait en fait... Dans son dos, son autre main passe au travers de la vitre, usant de son pouvoir. Tâter doucement, que les très rares passant ne puissent pas griller le vol qui allait se dérouler, avec l'utilisation d'un pouvoir mutant en prime. Mais bon, il y croyait dur comme fer, personne ne ferait attention à eux ! Ce n'est pas n'importe quoi qui est vendu ici. De bien jolis cellulaires. Celui qui est visé n'est pas du tout un modèle choisi pour sa classe ou quoi que ce soit d'autre. Un pack promotionnel... De ceux contenant puce et crédit d'appel.

Une fois la main posée sur l'objet convoité et celui-ci rendu intangible également, Boris fait passer le coffret de l'autre côté de la vitre, et le glisse rapidement dans son petit sac en papier craft préalablement vidé, l'opération se faisant entre Eva et lui, la jeune femme servant d'écran camouflant la combine.
    Voi-là ! On y est presque...
S'écarter encore. Un peu plus loin, là où ils seront tranquilles... Là, il déballera le paquet, assemblera cellulaire, puce et batterie. Puis, sans rien dire, composer son propre numéro, faisant sonner son portable. Enfin, ça, il n'y a que lui qui le sait, l'appareil se trouvant dans son appartement, là où personne ne l'entendra. Après quoi, Boris lui tend le téléphone...
    Tiens, c'est à toi... Petit cadeau ! Maintenant, j'ai ton numéro, et tu as le mien... Une ligne directe rien que pour nous ! D'ailleurs... on ne sait jamais, mieux vaut être prudent, il est toujours utile de déterminer un mot de passe... Histoire d'être sûrs que ce sont bien Eva et Nikolaï qui se retrouvent à l'autre bout du fil, tu vois ? Alors... Lorsque je t'appellerais, je dirais "Dis Cortex, qu'est ce qu'on va faire ce soir ?". *Il marque une brève pause* "La même chose que chaque soir Minus, Tenter de conquérir le monde !", voilà ce que tu répondras !
Tout comme il déclare cela, son visage se teinte d'un mélange de sérieux et d'amusement... C'est un mélange qui peut paraître bizarre, certes, mais toujours est-il qu'il est facile d'y comprendre qu'il considère réellement cela comme un code fiable, même s'il reconnaît le côté ridicule du choix effectué.
    N'oublie pas. Un seul instant d'hésitation sur cette réponse, et je raccroche ! J'ai un gros coup en tête... Du genre très gros coup... De quoi nous assurer à tous les deux de ne manquer de rien, tu comprends ? Simple, discret et efficace... Tu devrais aimer ça ! Un véritable jeu d'enfant ! Et pour gagner ce jeu, il faut une jolie boîte, une jolie copine, et le reste on s’en fout...
La jolie copine en l'occurrence, c'est elle, le fait qu'il l'indique du doigt ne laissait pas de doute possible quant à ce point.
    Enfin... j't'en dirai plus en temps voulu, ma chère Eva ! Et je pense donc qu'il est temps pour nous de nous quitter ! Enchanté d'avoir fait ta connaissance ! C'était inattendu et plaisant ! Comme Maman disait toujours : la vie c'est comme une boite de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber.
Il espérait juste ne pas être tombé sur celui à la liqueur. Celui qui a l'air bon et qu'on déguste, avant de se rendre compte du goût amer surprenant qui fait tout recracher... Et tout en lâchant cette phrase anecdotique qui n'est certainement pas autobiographique - Boris n'ayant jamais connu ses parents et n'ayant jamais considéré personne comme tel - il lui avait déjà tourné le dos, la saluant de la main, ses pas l'éloignant déjà...

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