Les apparences qu'on sauve ne font que masquer la vérité ▬ Svetlana

Svetlana Iorichenko ▬ Sólveig K. Bjørn

     Solveig avait eu une journée assez dure, comme c'était son lot quotidien d'ailleurs, elle n'avait pas vraiment l'occasion de se reposer entre deux procès ou auditions, et lorsqu'elle était sur une affaire prenante, comme c'était actuellement le cas, le travail était encore plus présent. La Norvégienne bossait sur le même dossier depuis environ deux semaines, un jeune homme, mutant de surcroit, qui était accusé d'avoir violé et maltraité une jeune femme, humaine en prime. Au fond d'elle, l'avocate était persuadée que son client était innocent, du moins jusqu'à il y a peu. Ses yeux pleins de tendresse, son expression paumée, sa manière de bégayer lorsqu'il parlait des accusations que la jeune femme avait avancée contre lui, tout dans son langage corporel indiquait à la brunette qu'il était innocent. Et elle avait toujours l'habitude de se forger son opinion personnelle sur les personnes qu'elle défendait, ça avait été le cas pour lui bien évidemment, et Solveig ressentait une grande sincérité, et une visible envie de rédemption qui émanait de ce garçon, elle ne se trompait que rarement, jamais pour tout dire, du moins jusqu'à ce jour. Aaron, puisque tel était son prénom, avait juré à son avocate commise d'office qu'il était innocent, il en était même venu aux larmes en parlant du fait qu'il était depuis toujours repoussé à cause de son statut de mutant, faisant jouer la corde sensible de la jeune femme, et il avait avancé son respect flagrant pour la race humaine et pour les femmes. Jamais, disait-il, je ne pourrais violer une femme. Il prétextait que si elle ne voulait pas de lui, il se retirait, mais ne l'agresserait jamais. Solveig avait prêté foi aux paroles du jeune homme, il n'avait à aucun moment tenté de la séduire, il n'avait pas eu de regard indiscret, pas de blague salace, rien qui puisse indiquer une inclinaison pour un comportement à désapprouver. Elle l'avait cru. Elle était tomber dans le panneau.

     Le procès du jeune homme avait eu lieu le matin même, et comme il se doit, la Norvégienne s'était présentée avant pour parler avec son client, ce qui n'avait fait que renforcer sa certitude qu'il était innocent, à ses yeux, ce n'était même plus permis d'en douter, et tout le monde sait bien que lorsqu'un avocat est persuadé de l'innocence de son client, il ne fait que le défendre mieux. Confiante, la belle avocate était donc entrée dans l'arène, elle avait défendu son client avec verve, il y avait de nombreuses femmes fragiles dans le jury, et la plaignante avait la mine parfaite de la jeune fille de bonne famille, alors que l'accusé lui avait plus l'air de sortir du ghetto, ce n'était pas particulièrement bon pour eux, mais elle n'avait pas le choix. Solveig avait fait tout son possible pour essayer de mettre le jury de son coté, mais quelques jurés, des femmes surtout, semblaient désapprouver sa manière d'agir, et elle sentait bien qu'elle risquait de les perdre. La trentenaire abattit donc sa dernière carte, envoyant le jeune homme à la barre. Il ne tomba pas dans les pièges tendus par l'accusation, bien préparé par son avocate, et les quelques phrases qu'il prononça firent fondre les femmes du public, pour les hommes, la Norvégienne s'en était occupé. Il était beau, il était jeune, et même si cela dégoûtait l'avocate, elle présenta des preuves contre la jeune femme qui prétendait être violée, des preuves qui montraient clairement qu'elle draguait à tout va à son école, et qu'elle avait déjà agit d'une manière très répréhensible. Ce n'était pas très bien vu en général par les membres du jury, et même si ça ne faisait que salir la réputation de la plaignante, et ne montrait pas que l'accusé était innocent, ça brisait l'image de la fille parfaite que la demoiselle essayait de se forger avec sa jupe plissée et son nœud dans les cheveux. Elle avait tenté, mais en avait trop fait, et sa couverture éclata sans soucis, Solveig ne dut pas trop se fouler. Au final, avec la plaidoirie, elle s'en sortit très bien, il fallait même dire que c'était l'une de ses plus belles, la trentenaire n'en était pas peu fière, et le verdict ne laissait aucun doute, il fut acquitté à l'unanimité.

     Après avoir félicité son client, serré les mains qu'il fallait pour régler l'affaire, la jeune femme sortit du palais de justice pour se rendre à sa voiture, et fut surprise de sentir quelqu'un lui taper sur l'épaule alors qu'elle avait posé son sac sur le capot de sa voiture pendant qu'elle y cherchait les clés. En se retournant, ses yeux bleus se posèrent sur le jeune homme qu'elle venait de faire acquitter, et sans comprendre ce qui se passait, elle ouvrit grand les yeux, habituellement les clients évitaient de revoir leurs avocats, ce n'était pas particulièrement agréable de se rappeler ce détail de sa vie en reparlant avec la personne qui vous avait évité une peine de prison. Toujours avenante, la Norvégienne lui avait tout de même offert un sourire avant de lui adresser la parole d'un ton calme, après tout elle n'avait aucune raison de s'en faire vu qu'elle le voyait innocent non ?

     ▬ Aaron ? Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous devriez fêter l'évènement avec vos amis. L'avocate rabattit une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille alors que son interlocuteur affichait un légère sourire, s'approcha d'un pas, haussa des épaules, et prit la parole d'un ton étrangement différent de celui qu'il utilisait avant.
     ▬ Je vais certainement fêter ça autrement, je voulais juste vous remercier encore une fois, je ne pensais pas qu'on me défendrait comme ça. Il marqua une pause. Vous me croyez vraiment innocent n'est-ce pas ? Quelque chose dans son regard inquiéta la demoiselle qui ne comprenait pas ce que ça signifiait, bien évidement qu'elle le croyait innocent puisqu'il l'était ! Ignorant son cœur qui commençait à battre étrangement, elle sourit faiblement tout en répliquant d'un ton légèrement hésitant.
     ▬ Bien évidement, vous l'êtes, c'est normal. Il rigola légèrement d'un rire qui ne plut pas du tout à la belle.
     ▬ Et bien non. Vous êtes plus naïve que vous n'y paraissez de prime abord mademoiselle l'avocate. J'ai dit ce que vous vouliez entendre, vous voyez, j'ai le don de sentir ce que les gens aiment et désirent, et je leur montre, du coup, c'est facilement de les mettre dans ma poche. Il s'avança encore avant de poursuivre. Je savais que cette garce voulait que je m'occupe d'elle, elle n'osait simplement pas le dire. Et je sais que c'est pareil pour vous ma chère avocate. Cette dernière recula d'un pas et buta contre sa voiture alors qu'elle sentait la situation lui échapper, et lorsqu'il s'approcha encore, elle répliqua d'un ton qui se voulait hostile.
     ▬ Comment est-ce que vous avez pu ?! Je vais vous faire repasser en jugement ! Il rigola à nouveau en secouant la tête.
     ▬ Désolé, mais vous m'avez fait acquitter, je ne peux plus être jugé pour ça, et dire que vous l'avez présenté comme une garce, c'est sûrement vous qui avez donné le coup de grâce à cette pauvre fille. Enfin, en tous les cas, je ne vous oublierais pas mademoiselle l'avocate, on se reverra. »

     Il lui adressa un clin d'œil, si proche du visage de son avocate qu'elle pouvait sentir son parfum, sensation désagréable, et alors qu'il avança encore, certainement pour tenter de lui prendre un baiser, Solveig réagit instantanément, elle lui claqua une gifle en plein visage qui fit sortir un léger retour de flamme sous le coup de la panique, laissant la trace d'une brûlure sur sa joue. Une énorme bourde, et il ne manqua pas de le remarquer avec un sourire victorieux comme s'il venait de découvrir quelque chose d'important.

     ▬ Voyez-vous ça ? Je comprends votre ferveur à défendre les mutants maintenant. Il caressa sa brûlure fraichement acquise. On se reverra, ne vous inquiétez pas, je tiens toujours mes promesses. »

     Puis il s'en alla, sans plus de cérémonies, laissant la jeune femme contre sa voiture, une lueur de panique dans le regard, mais ne sachant que faire. Elle n'avait pas contrôlé son pouvoir et avec un homme comme ça qui détenait une information aussi précieuse, c'était dangereux. Mais ce n'était pas le moment de palabrer là-dessus, elle devait bouger et s'en aller au cas où il revenait, Solveig entra donc rapidement dans sa voiture, ferma tout à clé une fois derrière le volant, puis prit la direction de son appartement. Après quelques minutes de chemin, la jeune femme décida finalement qu'elle ne tenait pas trop à se retrouver seule chez elle, l'avocate décida donc de filer tout droit en direction de la bibliothèque pour essayer de s'avancer un peu sur un autre dossier, et peut-être bien trouver quelqu'un avec qui parler qui sait ? Après avoir changé de direction, et avoir parcourut la distance qui la séparait de la bibliothèque, la Norvégienne sortit de sa voiture, ferma tout à clé, puis se rendit jusqu'au bâtiment d'où les jeunes gens commençaient à sortir, après tout c'était la fin de journée, peut-être rentraient-ils chez eux pour préparer la fête de fin d'année ? La trentenaire gravit les marches, se rendit aussitôt dans le rayon qu'elle cherchait, puis attrapa les deux livres dont elle avait besoin, bien décidée à les rapporter chez elle pour occuper sa soirée. Après avoir parcouru les environs du regard, elle se rendit finalement au bureau d'emprunt, et alors qu'elle posait les livres sur le bureau, ses yeux bleus se posèrent sur le visage de la jeune femme derrière le comptoir, et un sourire remplaça aussitôt l'expression passablement tendue de la jeune femme.

     ▬ Oh, Svetlana ! Solveig était contente de voir cette jeune femme qu'elle connaissait un peu par Curtis et Fillan. Je ne pensais pas vous voir travailler un jour de fête comme aujourd'hui ! J'admire votre sérieux ! Elle rigola légèrement. Enfin, je viens vous embêter pour emprunter deux livres. Elle les posa sur le comptoir devant sa belle interlocutrice avant d'hésiter quelques secondes puis de reprendre la parole. Je me disais, votre travail dure encore longtemps ? Si vous n'avez rien de prévu après, ça vous dirait que je vous invite à boire quelque chose ? Sauf si vous êtes occupée bien sûr, on pourra remettre ça à plus tard. »

     Nouveau sourire, la jeune femme aimait bien Svetlana du peu qu'elle lui avait parlé, c'était une jeune femme agréable et souriante, un peu timide de ce qu'elle avait rapidement constaté, mais comme deux personnes que l'avocate aimait bien s'entendaient avec elle, quoi de plus normal que de penser qu'elle était recommandable ? En plus elle avait un minois charmant, et pour le coup, Solveig était sûre de ne pas se tromper, Svetlana était tout ce qu'il y a de plus aimable, la Norvégienne en mettrait sa main à couper.

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Svetlana leva les yeux pour voir l'heure affichée par l'horloge sur son bureau. Elle put constater que la fermeture approchait. Bien que cela soit jour de fête, la bibliothèque était ouverte et la jeune étudiante assurait la fin du service. Avec son collègue Nikita, elle s'occupait d'accueillir les clients, de les renseigner, de suivre les emprunts et d'entretenir les lieux. Elle posa son stylo et s'étira avant de boire une gorgée d'eau. Elle prévoyait toujours une bouteille pour les petites soifs. Le fait que cela soit les vacances s'était ressenti au niveau du nombre de personnes fréquentant la bibliothèque, il y avait plus de monde. Cependant, les usagers respectaient la règle primordiale à savoir éviter tout bruit intempestif. Donc, Svet profitait du calme relatif pour réviser certains de ses cours et approfondir ses connaissances par des lectures complémentaires. Bien entendu, elle profitait également des ressources mises à sa disposition pour lire et découvrir de nouveaux romans. Une petite pause ne faisait pas de mal. Ce jour-là, l'établissement fermait ses portes une heure et demi plus tôt pour permettre à tous de se préparer pour le réveillon. Pour l'occasion, Svetlana avait choisi de déroger à ses habitudes et s'était vêtue d'une jupe, d'un haut coloré et un peu pailleté et elle avait sorti les bottes et les collants adéquats. Elle avait même relevé ses cheveux en un chignon structuré sans être strict, donnant une impression décontractée avec les petites mèches qui s'en échappaient savamment. De plus, il était prévu qu'elle rejoigne des amies plus tard dans la soirée pour fêter la nouvelle année en ville, où des festivités auraient lieu pour le plus grand plaisir des habitants.

Elle était en train de faire quelques ajouts sur son résumé de cours quand elle entendit son nom. Surprise, Svety se redressa pour faire face à une jeune femme tenant deux livres à la main. Un sourire apparut sur les lèvres de la jeune blonde quand elle reconnut son interlocutrice. Elle avait fait la rencontre de l'avocate par l'intermédiaire de Fillan et Curtis et elle avait appris un certain nombre de chose par ce dernier, dont l'origine et le métier de Solveig. Jusqu'à présent, Svetlana n'avait pas eu l'occasion de beaucoup discuter avec la norvégienne, cette rencontre pouvait en être l'occasion.

- Bonjour Solveig, comment allez-vous? Cela ne me dérange pas de travailler aujourd'hui dit-elle en haussant légèrement les épaules, j'en profite pour réviser ajouta-t-elle sur un ton entendu. Et vous ne m'embêtez pas, rétorqua-t-elle avec un petit rire.

Svetlana prit les volumes que lui présentait Solveig et les enregistra. Au passage, elle prit connaissance des titres et constata que tout deux étaient lié au thème juridique dont un sur les précédentes grandes affaires. Cela n'étonnait guère la bibliothécaire. Alors qu'elle rendait les livres, Svet croisa le regard clair et limpide de l'avocate et confirma son impression. La norvégienne était une femme ravissante et qui devait faire tourner la tête à de nombreux hommes, de plus elle semblait sympathique d'après les dires à son sujet et l'opinion que Svetlana entreprenait de se faire. .

- Voilà, empruntés pour deux semaines, si une prolongation est nécessaire il suffit de nous prévenir.

Même si ce n'était pas la première fois que son interlocutrice venait à la bibliothèque, la jeune étudiante préférait repréciser certaines informations.

- Sinon, je finis dans... Coup d'œil à l'horloge. Dix minutes et je n'ai rien de prévu dans l'immédiat, juste plus tard dans la soirée. Donc rien ne m'empêche de partager un verre avec vous et ce serait avec plaisir.

Et puis cela serait l'occasion de faire plus ample connaissance. Mais Solveig devrait patienter juste le temps qu'elle ferme boutique.

- Vous êtes sur une affaire? demanda-t-elle en désignant d'un mouvement de la main les emprunts.

Elle invita le trentenaire à s'asseoir sur l'un des fauteuils se trouvant près de son bureau, autant éviter qu'elle reste debout pendant tout ce temps. Les derniers clients commençaient à quitter les lieux, cependant Svetlana allait devoir faire le tour pour ranger ce que les gens avaient sorti et laissé trainer sur les tables, généralement par fainéantise. Tandis que les deux femmes discutaient, les dix minutes passèrent rapidement. L'étudiante s'excusa auprès de l'avocate avant de parcourir la bibliothèque. Avec l'habitude, cette tâche pouvait être optimisée surtout quand on savait où se trouvait les différentes sections et puis les chariots évitaient de tout porter soi-même. Une fois terminée, la jeune russe revint auprès de la norvégienne et récupéra ses affaires personnelles, prête à suivre la jeune femme.

- Vous avez un endroit précis?

Simple question qu'elle se posait, mais Svet savait que dans certaines circonstances on était amené à proposer des choses sans pour autant savoir comment les mettre en pratique. Cela lui était déjà arrivée surtout dans des lieux dont elle n'avait aucune connaissance, comme une ville qu'on ne faisait que traverser.

- Sinon il y a un petit bar sympa pas loin d'ici, informa-t-elle d'une voix calme et douce, agrémentée d'un énième sourire.

Elle s'y était déjà rendu et le cadre était accueillant, le patron gentil, quant à la population de consommateurs elle était assez diversifiée. Prenant la tête du duo, Svety ouvrit la marche. Le temps était froid pour la région mais il ne neigeait pas. Voilà un aspect du Nevada que Svetlana trouvait dommage car elle avait déjà eu la possibilité de fêter les fêtes de fin d'années en Russie où la neige apportait une dimension féerique au tableau. Néanmoins, une tempête de neige s'était déjà abattue sur Achaea trois ans auparavant, sauf que c'était l'œuvre d'un mutant et cela avait alimenté les journaux pendant plusieurs jours.

- Vous restez ici pour les fêtes? Pas de congé en perspective? Vous avez prévu quelque chose pour le réveillon?

Tout le monde ne fêtait pas la nouvelle année ou alors pas à la même date. Solveig faisait-elle partie des fêtards ou de ceux qui préférait passer un moment tranquille? Les deux femmes arrivèrent à destination. Vu l'heure il y avait peu de clients, les lieux se remplissant bien plus dans la soirée. L'agencement intérieur permettait de s'installer soit au comptoir soit à des tables dont certaines formaient des sortes de box, créant une ambiance plus intime. L'étudiante s'installa pour ainsi dire à la première table libre venue. A cet instant, le patron fit son apparition à leurs côtés.

- Bonjour mesdames, que désirez-vous?
- Bonjour. Je prendrai un cappuccino s'il vous plait.

Choix induit par une rapide réflexion. Vu l'heure, il était plus logique d'opter pour des boissons non alcoolisées telles jus de fruits ou boissons chaudes. Ceci n'était que son opinion car certains buvaient à longueur de journée. La jeune femme remarqua le regard appréciateur que le patron posa sur l'avocate mais cela faisait partie du destin des belles femmes. Le patron s'éclipsa une fois la commande notée. Svetlana reporta son attention sur Solveig qu'elle observa quelques instants.

- Dites, cela fait combien de temps que vous êtes avocate? Est-ce un métier intéressant? Je me permets de vous posez ces questions car j'étudie le droit et le métier d'avocat est un de ceux que j'ai retenu pour ma possible future orientation...

Un sourire un peu timide fit son apparition. Elle ne souhaitait pas mettre mal à l'aise son interlocutrice en la noyant sous une tonne de questions. D'ailleurs, elle en avait une autre concernant les circonstances de la rencontre entre la belle, Fillan et Curtis. La russe savait que le père de Fillan était avocat alors il y avait de fortes probabilités que Solveig soit une relation de travail, mais pour Curtis c'était moins évident.

- Cela fait longtemps que vous connaissez Fillan et Curtis? demanda-t-elle avec un nouveau sourire.

Le ton employé montrait qu'il n'y avait rien d'hostile derrière ses paroles. Svety espérait simplement ne pas indisposer Solveig en déviant la conversation sur un sujet plus léger que le boulot mais aussi plus personnel. A cet instant, le patron revint avec les commandes, les déposant proprement devant chacune des dames. Elle le remercia. Les consommations donnaient envie de les goûter et Svet savait que leurs cafés étaient très bons. Elle prit une gorgée de cappuccino, sentit une fine couche de mousse ourler sa lèvre, ce qui devait lui donner un air comique. Elle essuya le tout et reporta son attention sur Solveig.

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     Svetlana laissa un ravissant sourire se dessiner sur ses lèvres alors qu'elle semblait reconnaître son interlocutrice, ce qui provoqua une expression semblable sur le visage de la Norvégienne, c'était toujours plaisant de voir que le fait qu'une personne vous reconnaisse lui procurait soit de la joie, soit un certain plaisir. La jolie blonde lui demanda comment est-ce qu'elle allait, et répondit à sa surprise au sujet du fait qu'elle travaillait aujourd'hui, lui signifiant qu'elle en profitait pour réviser en même temps, puis elle conclut son salut en lui disant qu'elle ne venait pas les embêter. C'était évident que lorsqu'on était employé d'une bibliothèque, on devait être habitué au fait d'avoir des clients qui défilaient toute la journée devant son bureau, mais sait-on jamais, avoir l'habitude ne signifiait pas obligatoirement apprécier ce métier. Seulement lorsqu'on voyait la jeune femme, il était difficile d'imaginer qu'elle puisse ne pas aimer ce qu'elle faisait, son expression était très avenante et les sourires amènes qu'elle offrait aux lecteurs qui défilaient invitaient à la bonne humeur. Lorsque la demoiselle annonça à Solveig qu'elle pouvait en profiter pour réviser un peu, cela n'étonna franchement pas l'avocate, Curtis et Fillan lui avaient signifié plusieurs fois que la jolie étudiante était une femme très appliquée qui avait visiblement toute la tête à ses études. Les deux slaves ne s'étaient jamais beaucoup rencontrées, furtivement dans les couloirs de la faculté alors que la Norvégienne venait de rendre visite à Curtis, un salut dans la rue alors qu'elles se croisaient par hasard, en bref, même si l'opinion de Solveig au sujet de Svetlana était très positive, elle serait réellement ravie de pouvoir en apprendre un peu plus sur elle. La jeune femme semblait être le type d'étudiante appliquée et insouciante que l'avocate aurait aimé être, malheureusement sa vie avait prit un autre tournant, mais cela n'empêchait pas le fait que rien que pour cela, Solveig se sente plus près de la demoiselle que si elle avait été une sorte de bimbo superficielle.

     Quoi qu'il en soit, alors que Svetlana prenait les livres que la trentenaire lui avait tendus, elle les enregistra rapidement comme à son habitude alors que les yeux clairs de l'avocate étaient dirigés vers les mains de la jeune femme qui s'affairaient, puis lorsque tout fut fait, elle posa son attention sur le visage avenant de la blonde qui lui rendit ses livres avec un sourire. Conformément à ses habitudes, elle lui annonça que l'emprunt était valable pour deux semaines et qu'elle pourrait les prolonger si jamais elle en avait besoin, mais qu'il fallait le signaler, ce à quoi la brune répondit d'un sourire amical et d'un acquiescement du chef. Finalement, l'étudiante répondit à la question de son interlocutrice au sujet de sa fin de journée pour savoir si elle serait disponible pour boire un verre, et lui annonça qu'elle terminait dans dix minutes et serait disponible dans l'immédiat comme ses projets étaient pour plus tard. Cela dessina un sourire sur les lèvres pleines et exemptent de maquillage de l'avocate qui entendit une dernière réponse de la part de la demoiselle alors qu'elle lui répondait d'un ton patient et toujours aussi avenant, un ton qu'elle ne réservait qu'aux discussions qui lui semblaient intéressantes.

     ▬ Ça fait plaisir de pouvoir vous parler plus amplement, les rencontres de couloir ce n'est pas l'idéal pour ça. Enfin je vais patienter dix petites minutes alors, comme ça on pourra y aller à la fin de votre service. Elle s'assit sur le fauteuil que la jeune femme lui désigna avant de répondre à son autre question. Sinon c'est pour une affaire en effet, je cherche des précédents, et comme je n'ai rien trouvé dans les anciens dossiers d'Achaea, je me suis dit que la bibliothèque pourrait peut-être avoir ce que je cherchais. »

     Il arrivait souvent à la jeune femme de venir chercher d'éventuels précédents d'affaires dans les dossiers de la bibliothèque, comme Svetlana avait certainement pu le noter, ce n'était pas obligatoirement des affaires qui concernaient l'Amérique, mais aussi celles d'autres pays. Il est vrai que la législation dépendait du pays, et que certaines affaires gagnées en France par exemple, ne seraient même pas envisageables en Amérique, mais sait-on jamais, il ne fallait jamais baisser les bras. Certains pourraient imaginer qu'elle s'investissait inutilement, il est vrai que l'affaire que la belle slave préparait était « de second ordre » comme certains collègues le lui avait si habillement glissé lors d'une réunion de la veille. Ce n'était qu'un jeune mutant qui était accusé d'avoir porté la main sur une humaine, mais de l'avis de la demoiselle c'était aussi important que si ça avait été un prince richissime. Svetlana coupa court aux pensées de la jeune femme alors qu'elle lui demanda si Solveig avait un endroit précis. Non en effet, l'idée de pouvoir boire un verre ensemble était venue comme ça, le moment s'y prêtait bien, l'occasion était là, la Norvégienne avait donc proposé ça sans y réfléchir plus, mais heureusement Svetlana connaissait un endroit sympathique qui pourrait faire l'affaire. Tant mieux, l'avocate avait confiance pour le coup, l'étudiante n'allait pas les amener dans un rade pourri comme certains de ses collègues l'avaient déjà fait, elle lui décrocha donc un nouveau sourire qui faisait écho à celui de la blonde qui lui demandait ce qu'elle ferait pour le réveillon.

     ▬ Nous irons dans ce petit bar alors, j'avoue que ça m'est venu sur un coup de tête, je n'ai pas forcément pensé à l'endroit où nous pourrions aller. Elle sourit d'un air d'excuse avant d'enchaîner. Et je n'ai pas particulièrement prévu quelque chose, un peu de travail pour ne pas changer, malheureusement la justice n'attend pas la nouvelle année, et peut-être que je sortirai un peu si j'ai envie de voir du monde. »

     Visiblement Svetlana avait quelque chose de prévu, certainement une sortir entre amis puisque Curtis avait souligné le fait que la jolie étudiante était célibataire, chose qui n'avait pas manqué de surprendre l'avocate lorsqu'elle avait constaté comme la Russe était aimable et séduisante. Décidément, les hommes était vraiment compliqués, elle ne savait pas ce qu'ils pouvaient préférer à une bimbo vulgaire alors qu'ils avaient une demoiselle comme la jolie bibliothécaire, mais il ne fallait pas chercher plus loin que ce qu'ils avaient entre les jambes malheureusement. Svetlana et Solveig continuèrent de parler un peu pendant que la demoiselle terminait son travail en rangeant les livres qui avaient été rendus ou qui n'étaient pas à leur place, et la Norvégienne en profita pour ranger ses ouvrages dans son sac histoire de ne pas les abîmer ou les perdre, et lorsqu'elle fut prête à quitter son travail, les deux demoiselles sortirent dans la rue pour se diriger vers le petit café que Svetlana avait cité juste avant. En y entrant, elles purent constater qu'il y avait pas mal de monde, et l'avocate suivit docilement la jeune bibliothécaire qui se dirigea vers une table libre, et elles s'installèrent tranquillement alors que le patron leur demanda ce qu'elles désiraient. Solveig posa son regard de saphir sur sa voisine de table qui commanda un cappuccino, et elle porta ensuite son attention sur le patron pour passer sa commande.

     ▬ Un thé earl grey s'il vous plait. »

     Solveig était une grande buveuse de thé, elle préférait ça au café qui l'empêchait souvent de trouver la quiétude dont elle avait besoin, et généralement avant une affaire sur laquelle elle devrait bosser, l'avocate évitait de trop consommer de caféine. Finalement, après avoir ignoré le regard appuyé du patron, Solveig reporta son attention sur sa voisine de table qui lui demanda depuis combien de temps elle était avocate, avant de demander si c'était un métier intéressant. C'était assez vaste comme sujet, cela dépendant avant tout des passions des gens bien évidement, un métier que Solveig trouvait passionnant pouvait sembler rasoir pour quelqu'un d'autre. Heureusement la plus jeune des deux femmes aborda le fait qu'elle poursuivait des études de droit et que le métier d'avocat était celui qu'elle avait retenu pour son orientation. La relève ? Une nouvelle fois, un sourire se dessina sur les lèvres pleines de l'avocate alors que Svetlana posait une nouvelle question au sujet de la durée de sa relation avec Curtis et Fillan, mais le patron arriva, donnant les commandes aux deux demoiselles, coupant court à la réponse que Solveig voulait formuler. Elle remercia l'homme d'un sourire aimable et alors qu'il s'éloignait, la jeune femme reporta ses yeux sur le joli visage de son interlocutrice qui avait commencé à siroter son café, et elle lui répondit d'un ton patient.

     ▬ Je dirais que ça va faire environ huit ans que je suis avocate à peu de choses près, un peu moins si l'on compte le temps que j'ai mis avant de décrocher un poste digne de ce nom. Les études sont assez rudes, et c'est un métier plutôt prenant je ne vous le cache pas, mais je le trouve sincèrement très intéressant, c'est des fois difficile de ne pas pouvoir gagner une affaire et de voir son client perdre, mais lorsqu'on parvient à sauver l'honneur de quelqu'un que l'on sait innocent, c'est très gratifiant. Elle repensa furtivement au jeune homme qu'elle avait défendu le matin même mais chassa cette pensée avec rapidité. En tous les cas, je suis ravie de savoir que vous serez peut-être de la relève, si vous avez besoin de conseils ou quoi que ce soit de ce genre, je suis là, pareillement s'il vous faudra un stage un jour, je connais pas mal de monde dans ce domaine, alors autant que ça puisse servir. Elle sourit doucement. Et il y a quelque chose de particulier qui vous intéresse, je veux dire, plutôt dans un cabinet public ou privé ? »

     C'était assez secondaire comme choix comme certains le pensaient, mais en réalité, c'était très important, après tout Solveig avait longuement bataillé avant de trouver sa bonne voie. Concernant Fillan, la justification serait simplement, mais Curtis, la Norvégienne l'avait connu avant tout par l'intermédiaire de Genesys, seulement elle ne pouvait pas dire ça à Svetlana. Malheureusement, l'avocate devait mentir légèrement à son interlocutrice, cacher leur première rencontre et utiliser l'excuse habituelle qu'elle servait lorsqu'on lui posait cette question. En temps normal, ça ne la gênait pas, mais là, l'étudiante était très gentille et ça désolait la Genesys de devoir lui mentir, mais peut-être qu'elle pourrait le savoir un jour qui sait ? Après avoir bu une gorgée de son thé qui se révéla très bon, la Norvégienne reposa la tasse avant de répondre à la seconde question de la jeune bibliothécaire.

     ▬ Concernant Fillan, je l'ai connu par son père, disons que je cherchais un travail plus dans la lutte pour les mutants, c'est quelque chose qui me porte à cœur, et le père de Fillan travaille dans un cabinet qui vient d'ouvrir une succursale à Achaea. J'ai donc postulé avant de faire la connaissance de Fillan lorsqu'il a rendu visite aux employés. Comme c'est quelqu'un de très aimable, nous nous sommes tout de suite bien entendu. En fait c'était plus l'inverse, elle avait connu Fillan par Genesys et il lui avait parlé de son père qui était aussi avocate, seulement Solveig ne pouvait pas trahir le secret de Genesys, ils avaient donc décidé d'une explication publique. Concernant Curtis, c'est par Fillan en réalité. J'étais sur une affaire concernant les mutants, et Fillan m'a parlé de son professeur qui faisait des études sur les mutants justement, je l'ai donc rencontré, nous nous sommes assez bien entendu, et finalement, c'est devenu une connaissance à qui je rends visite de temps en temps. Elle sourit légèrement. Si j'ai bien compris, vous êtes la meilleure amie de Fillan ? Il m'a beaucoup parlé de vous, tout comme Curtis, ils ne tarissent pas d'éloges à votre sujet, et Curtis ne se prive pas de dire que vous êtes une très bonne étudiante, et une très bonne bibliothécaire pour le supporter. Elle rigola doucement. C'est intéressant comme travail d'ailleurs, un job d'étudiant je présume ? C'est une bonne chose, j'en ai aussi fait durant mes études, mais travailler dans une bibliothèque comme celle d'Achaea, ça doit être grisant non ? »

     Solveig ne voulait pas avoir l'air d'interroger Svetlana, elle avait l'habitude de poser et de présenter ses questions de manière douce, pour ne pas avoir l'air d'agresser son interlocuteur. C'était une femme assez curieuse en raison de son métier, mais dans ses habitudes, elle ne posait jamais de questions intimes pour ne pas mettre les autres mal à l'aise, elle avait heureusement un savoir vivre qui l'en empêchait. Ravie de pouvoir discuter avec celle dont elle avait longuement entendu parler, l'avocate ne se privait toutefois pas de faire preuve du plus de sincérité qu'elle pouvait vis-à-vis de Svetlana, même si malheureusement elle devait encore lui mentir pour le bien de tous.

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Svetlana écouta son interlocutrice tout en sirotant son cappuccino. Les informations apportées par Solveig sur son métier étaient intéressantes car la jeune étudiante n'était qu'au début de son parcours. Alors obtenir des informations de première qualité directement d'une avocate et avoir son opinion était pour la jeune russe une occasion à ne pas manquer, sans toutefois se montrer trop enquiquinante.

- Je vous comprends concernant l'issue d'un procès. Elle comparait un peu avec les compétitions, la joie de la victoire et la déception de la défaite. Je me demandais une chose, pour exercer ce métier il ne faut pas être trop sensible non? Ne pas être trop proche de ses clients?

C'était une dimension que la jeune femme ne parvenait pas à bien cerner. Elle avait une petite idée en se basant sur des séries ou documentaires vus à la télé. Un avocat devait savoir maîtriser ses émotions lors d'un procès, de son point de vue. Elle essaya de s'imaginer en situation, mais conclut qu'elle ne pourrait se faire une idée précise qu'au cours d'un stage au sein d'un cabinet d'avocat ou en assistant à une audience publique, elle nota dans une coin de son esprit de voir pour un procès ouvert au public dans le courant de l'année. Cela ne serait que profitable. D'ailleurs Solveig proposa son aide si l'étudiante venait à engager des démarches en vue de devenir avocate.

- Je vous remercie pour votre aide, déclara Svet avec un sourire enthousiaste. A vrai dire je ne me suis encore jamais poser la question concernant le type de cabinet. Y-a-t-il une grande différence entre les privés et les publics? J'ai cru comprendre qu'il y avait plus de liberté au sein d'un groupe privé que public, par exemple dans le choix des affaires...

Ces dernières suppositions étaient peut-être fausses, elles les avaient entendues au cours d'une conversation avec d'autres étudiantes, mais n'avait pas pensé à en vérifier l'exactitude. Principalement parce qu'elle n'avait pas encore fait son choix définitif de métier, il y en avait tellement d'intéressant... Déjà entre le lycée et la fac elle avait revu ses objectifs, passant de l'astronomie à la filière juridique et policière. Un changement qu'on pouvait qualifier de radical, néanmoins elle conservait le côté astronome pour ses loisirs. Elle se fit la remarque que cela faisait un certain temps qu'elle ne s'était pas rendue dans le désert pour un nocturne étoilé. Faudrait qu'elle y pense un jour et peut-être même le proposer à Fillan si ça l'intéressait, voire même à Curtis ou Solveig mais elle doutait de leur intérêt pour la chose, bien que le professeur d'archéologie avait parfois la tête dans les étoiles. Coupant court à ses pensées, Svetlana revint à l'instant présent et à la conversation en cours.

- Sans vouloir être indiscrète, sur quelle affaire travaillez-vous actuellement?

Elle s'était penchée légèrement en avant, montrant son intérêt pour la question, et avait baissé un peu la voix, leurs voisins n'avaient pas besoin de connaître la teneur de leur discussion. Cependant, elle ne s'offusquerait pas d'essuyer un refus de la part de l'avocate, sachant que sa mère refusait de parler d'affaires en cours, il y avait de forte chance pour que Solveig applique la même règle. Puis la norvégienne répondit au sujet des circonstances de sa rencontre avec Fillan et Curtis, satisfaisant par la même occasion la curiosité de la jeune russe. Pour Fillan cela ne l'étonnait pas vraiment, les avocats devaient finir par se connaître avec les diverses affaires qu'ils étaient amenés à traiter. Et comme Solveig faisait partie du même cabinet que le père de Fillan, elle avait fini par faire sa rencontre. Cela ne surprit guère Svetlana que Fillan ait décidé de rendre visite aux employés. Il était très gentil et elle l'appréciait vraiment, bien qu'elle ne se soit pas montrer aussi franche avec lui alors qu'il le méritait. Elle hésitait toujours à faire part de son statut de mutante, mais peut-être que Fillan finirait par l'apprendre. Si on ne pouvait plus faire confiance à ceux qu'on considérait comme des meilleurs amis, où allait le monde...

Puis vint le tour de Curtis. Rien que de penser à lui la fit sourire. Elle l'aimait bien ce prof un peu maladroit sur les bords, surtout en présence de jolies jeunes femmes comme Solveig, même s'il pouvait être quelque peu agaçant quand il envoyait de jeunes étudiants la draguer. Elle s'entendait bien avec lui, tout comme avec Fillan, et il se montrait correcte envers elle surtout quand il dépassait les heures de fermeture de la bibliothèque, entre autre chose. Et le lien reliant Solveig à Curtis était finalement logique. Les réseaux de relations professionnelles ou personnelles étaient les meilleurs moyens de faire de nouvelles rencontres. Elle hocha la tête, geste montrant qu'elle avait compris les dires de la jeune trentenaire.

Svetlana rougit légèrement quand Solveig mentionna les éloges faites par les deux hommes à son sujet, elle ne s'attendait pas à cela et finit par rigoler quand Solveig mentionna les paroles de Curtis sur le fait qu'elle était un très bonne bibliothécaire pour le supporter.

- Il n'est pas si dur à supporter et puis je l'aime bien...

Elle laissa sa phrase en suspens comme si ces simples mots justifiaient l'amitié entre Svetlana et le professeur et la patience dont elle faisait preuve à son égard. Une idée lui traversa l'esprit celle d'assister à un des cours de Curtis pour découvrir plus amplement le côté professeur, vu que généralement elle le côtoyait hors de la fac. Par contre elle avait entendu dire qu'il avait du succès auprès des étudiantes via les bruits de couloirs. Imaginer les jeunes femmes s'évertuer à attirer l'attention de Curtis fit presque rire Svety vu qu'elle-même n'était pas dans cette optique. Et ce fut avec un grand sourire qu'elle confirma au sujet de Fillan. Son regard se fit pensif, elle se remémora les moments agréables qu'elle avait pu passer avec les deux compères avant de boire une gorgée et de poursuivre.

- Pour la bibliothèque vous avez raison c'est un job d'étudiant, un bon moyen de découvrir petit à petit le monde du travail et d'acquérir une certaine indépendance financière. Et j'aime beaucoup y travailler. Je suis une grande adepte des livres et se retrouver au sein d'une bibliothèque aussi fournie que celle d'Achaea a de quoi griser les passionnés. Et puis cela permet de faire des rencontres, c'est là que j'ai fait la connaissance de Fillan et Curtis, de grands habitués des lieux. Je trouve qu'ils forment un sacré duo dans leurs recherches, vous ne trouvez pas?

Sourire. A force de voir les mêmes visages, de les renseigner dans leurs recherches, des liens finissaient par se créer inévitablement. Quant à sa dernière remarque concernant Fillan et Curtis, elle découlait des observations faites. Les deux hommes se montraient persévérants et curieux quand ils se penchaient sur une question précise, deux traits que l'étudiante appréciait.

- Avec votre travail, avez-vous le temps de profiter de quelques loisirs? Car si elle se référait aux livres empruntés, la plupart portait sur son travail.

Svetlana se montrait ouverte avec Solveig, discutant sans contrainte et répondait volontiers aux questions posées. De plus, l'avocate était sympathique, voilà pourquoi elle s'enquérait un peu plus à son sujet.

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     Svetlana écoutait attentivement son interlocutrice en sirotant doucement son cappuccino, et les yeux de saphir que la Norvégienne se posait souvent sur le joli minois de la blonde qui semblait intéressée par le sujet. La première impression que Solveig avait eu de l'étudiante se révélait justifiée, la demoiselle était réellement très agréable, et elle avait une discussion intéressante, des questions logiques et qui relançaient la conversation, en somme, c'était typiquement le style de personne avec laquelle l'avocate appréciait de parler autour d'un bon café. La jolie blonde lui déclara qu'elle la comprenait en ce qui concernait l'issue d'un procès, et c'était vrai qu'on pouvait ressentir ce type de sensation dans beaucoup de choses de la vie quotidienne : en obtenant une bonne note, en décrochant le premier prix à la compétition du lycée.... Sauf qu'il est vrai que lorsqu'on remportait un procès, c'était en prime la satisfaction de savoir qu'un innocent allait pouvoir retrouver sa famille et pouvoir vivre la vie qu'il méritait, sans se retrouver enfermé pendant des années pour une faute qu'il n'avait pas commise. La jeune femme lui demanda alors si pour ce genre de métier, il fallait éviter d'être trop sensible, et ne pas trop s'approcher de ses clients. Solveig sourit légèrement, hochant la tête, en effet, c'était la première chose qu'on découvrait après son premier procès, la difficulté de garder une distance avec le client pour que ça ne devienne pas une affaire personnelle, c'était malheureux, mais il fallait à tout prix éviter de trop se lier. Malheureusement, et elle était bien placée pour le savoir, c'était plus facile à dire qu'à faire. Surtout pour une femme. L'avocate avala une gorgée de son thé avant de répondre à son interlocutrice d'une voix calme.

     ▬ En effet, c'est assez malheureux à dire je l'avoue, mais il faut éviter de trop se lier à notre client, sinon ça risque de nous toucher beaucoup trop, on est beaucoup plus efficaces en restant à une certaine distance sentimentale. Il ne faut pas être trop sensible, mais avec le temps, on apprend à se durcir, moi-même j'étais beaucoup plus sensible avant. Lorsqu'il y a des affaires avec des enfants mis en cause, c'est difficile, mais c'est pour le bien de tout le monde. »

     Elle sourit légèrement, comme pour se convaincre elle-même qu'elle n'était pas un bourreau sans cœur comme certaines personnes le lui disait. Si l'on connaissait bien la demoiselle, c'était facile de l'imaginer, mais pour quelqu'un d'autre qui ignorait tout d'elle, on pouvait en effet la prendre pour une harpie lorsqu'elle n'hésitait pas à démonter certains témoins de la partie adverse. Mais si l'on était incapable d'agir de la sorte, on ne devenait pas avocat dans ce cas. Svetlana répliqua qu'elle la remerciait de son aide avec un sourire qui élargit celui de son interlocutrice, puis elle avoua ne jamais s'être posée la question en ce qui concernait le type de cabinet. Ça n'avait rien de très étonnant, la Norvégienne elle-même n'était pas vraiment du genre à se poser ce genre de question qui étaient plus des détails que d'une réelle importance d'après elle, mais une fois dans le vif du sujet, la brune avait rapidement comprit de quoi il s'agissait. Lorsque Svetlana lui demanda s'il y avait une grosse différence, puis qu'elle expliqua ce qu'elle croyait savoir à ce sujet, Solveig opina du chef, en effet, c'était surtout ce genre de détails qui entraient en compte, et d'autres d'ordre financier aussi certaines fois. Solveig ingurgita une nouvelle petite gorgée de thé, qui se révélait d'ailleurs très bon, avant de répondre à Svetlana, croisant les beaux yeux clairs de la blonde avec les siens pour lui parler sincèrement.

     ▬ Vous avez touché juste, c'est surtout ça qui différencie beaucoup les deux types de cabinets, on a souvent le privilège de pouvoir choisir le genre d'affaire sur lequel on veut bosser, et en refuser d'autres sans hésiter. Après c'est aussi des détails financiers, certains avocats dans le privé gagnent deux fois plus de salaire qu'un avocat du public, et évidement, les avocats du privé ne sont pas commis d'office lors d'affaires « secondaires » comme certains disent. Elle marqua une pause. Vous aurez largement le temps d'y penser, mais c'est vrai qu'on oublie souvent ce détail, je pense qu'après, ça dépend surtout du caractère de la personne. Quelqu'un avide d'argent et difficile sur ses affaires ira plus dans le privé, alors que quelqu'un qui travaille pour les autres et non son porte-monnaie, se dirigera plus vers le public. »

     Comme elle par exemple, même si elle se montrait de temps en temps difficile pour ce qui était des affaires sur les mutants, qu'elle privilégiait donc. Finalement, après une nouvelle pause, la jolie étudiante lui demanda sur quelle affaire elle travaillait en ce moment, sans vouloir se montrer indiscrète, et le fait que Svetlana lui laisse le choix de répondre ou non, lui plaisait beaucoup. Certaines personnes posaient des questions sans délicatesse ce qui ne lui plaisait pas particulièrement, avec l'étudiante c'était différent. La demoiselle s'était légèrement inclinée vers l'avant pour permettre à Solveig de répondre sans devoir le hurler sur les toits, et la Norvégienne l'imita en penchant légèrement la tête et en baissant le ton d'un niveau pour formuler son explication rapide d'une voix professionnelle et calme, comme à son habitude.

     ▬ Je sors justement d'un procès, un jeune mutant qui avait été accusé de viol par une humaine, et comme son passé était plutôt chaotique, j'ai constaté qu'il le desservait. D'ailleurs maintenant que j'y pense, il y avait une policière qui a participé à l'arrestation du jeune homme, son nom est Iorichenko, c'est le votre aussi non ? Est-ce que votre mère ou votre tante est policière ? Elle sourit légèrement, ce n'était pas du tout une adversaire, au contraire, Solveig appréciait beaucoup les policiers, après tout la policière avait simplement fait son boulot, tout comme elle. Enfin, j'ai réussi à le faire acquitter ce matin, et j'ai terminé mon dossier pour le moment, mais je vais devoir m'occuper d'un père de famille, un mutant, qui est accusé de violences sur ses enfants par son épouse. Je suis sûre qu'il est innocent. »

     Cela dit, elle avait aussi été persuadée qu'Aaron était innocent, mais c'était une autre affaire ça. La Norvégienne sentit une légère inquiétude pointer à nouveau le bout de son nez, mais elle la chassa sans ménagement, peut-être que Svetlana allait s'étonner qu'elle parle de deux affaires ayant un lien avec les mutants. Mais Curtis avait brièvement dit à l'avocate que la jolie blonde était de leur coté, donc de celui des mutants, peut-être qu'elle connaissait des mutants, ou était elle-même non recensée comme son interlocutrice ? Finalement, l'étudiante avait légèrement rougit en entendant Solveig parler de l'estime des deux hommes à son égard, puis elle déclara que Curtis n'était pas si difficile à supporter et qu'elle l'aimait bien, ce qui dessina un nouveau sourire compréhensif sur les lèvres pleines de la Genesys qui hocha la tête en regardant rapidement autour d'eux. En effet, Curtis était une bonne personne, et l'avocate aussi l'aimait beaucoup, c'était un homme léger qui ne se prenait pas la tête, une oasis dans le désert si l'on pouvait dire. Mais la Norvégienne ignorait si son interlocutrice connaissait le statut de mutant du professeur. Elle répondit d'un ton léger.

     ▬ Je l'avoue, il est légèrement maladroit et je m'inquiète pour sa santé de temps en temps, mais c'est une personne agréable, avec beaucoup de culture et avec qui il est agréable de discuter. Un peu comme vous en réalité, je comprends que vous vous entendiez aussi bien. C'est plaisant de voir qu'il y a encore des étudiants respectueux comme vous. »

     Solveig ne cherchait pas à faire de la lèche à Svetlana, loin d'elle cette idée, disons qu'elle disait simplement la vérité, la trentenaire aimait bien cette discussion avec elle, et estimait qu'on ne complimentait jamais assez les gens, ils méritaient tous de savoir qu'on les appréciait. Svetlana avala une gorgée avant de reprendre la parole, pendant que son interlocutrice buvait une nouvelle petite gorgée de son thé avant de poser ses yeux bleus sur elle. La bibliothèque était donc bien un job d'étudiant, il est vrai que ça permettait d'apprendre à connaître du monde tout en aidant au financement. Tant mieux si elle avait trouvé son bonheur, Solveig avait fait la plonge dans un restaurant, c'était moins agréable et ses mains avait dégusté pendant un bon moment, c'était donc plaisant de voir que Svetlana pouvait s'épanouir dans son job d'étudiant. Sans cela, elle n'aurait pas rencontré Fillan ou Curtis. La jolie blonde lui demanda alors si elle trouvait aussi qu'ils faisaient un bon duo dans leurs recherches, et la jeune Genesys hocha la tête avec vigueur tout en répondant.

     ▬ Je suis on ne peut plus d'accord, ils font une fine équipe, leurs avis se rejoignent et se complètes, mais j'ai aussi constaté qu'ils sont devenus de très bons amis et que Curtis a aussi trouvé quelqu'un sur qui se reposer de temps en temps, et Fillan, un ami proche sur qui compter. J'admire leur relation, ça doit être plaisant j'imagine. »

     Oh, elle connaissait aussi du monde, mais pas aussi intimement que les deux hommes semblaient se connaître et s'entendre. La brune reposa son attention sur Svetlana qui lui demanda si avec son travail elle avait le temps de profiter de quelques loisirs. Oh, heureusement oui, sans quoi ça ferait longtemps qu'elle aurait lâché l'affaire, même si ce n'était pas aussi fréquemment qu'elle l'aurait souhaité, au moins ça lui permettait de faire des break de temps en temps. Solveig sourit légèrement en hochant la tête, levant les yeux vers le plafond d'un air pensif, puis reporta son attention sur son interlocutrice pour répondre, un sourire flottant sur les lèvres.

     ▬ Heureusement oui, j'aime beaucoup le théâtre, je lis beaucoup de livres à ce sujet, mais vu que je les relis des centaine de fois j'ai préféré les acheter. Elle rigola légèrement. Sinon, j'aime bien la course à pied aussi, un petit footing de temps en temps pour tenir en forme, quelques sports comme ça, le yoga et compagnie. Mais j'apprécie aussi la danse, les choses assez classiques, c'est un bon moyen de se vider l'esprit je trouve. Malheureusement, je ne peux pas en profiter aussi souvent que je voudrais. Elle pencha légèrement la tête sur le coté avant de reprendre. Et pour vos loisirs, mis à part la lecture j'entends, est-ce que vous avez un sport, ou encore une occupation différente qui vous permet de couper les études et le job d'étudiant ? »

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Ce fut toujours avec la même attention que Svetlana accueillit les paroles de Solveig. De plus , le cadre du café se prêtait bien au contexte. Elle en oubliait presque que c'était le réveillon. Ainsi Svet ne s'était pas trompée au sujet de l'attitude qu'un avocat doit conserver face à ses clients. L'étudiante se demandait si elle réussirait à se tenir à distance car, au fil du temps, elle s'était aperçue qu'elle se laissait parfois influencer dès que les sentiments et émotions entraient en ligne de compte. Mais elle était encore jeune et le caractère continuait à se forger au travers des épreuves traversées. Elle hocha la tête quand son interlocutrice mentionna les affaires concernant des enfants. Cela devait être très difficile à mener comme dossier, à prendre avec des pincettes. Puis pour les différentes types de cabinet ses premières suppositions n'étaient pas éloignés de la vérité, mais Solveig apporta un complément en mentionnant la salaire, une donnée que la jeune russe n'avait pas pris en compte sur le coup, mais qui déterminait beaucoup de chose de nos jours. L'argent était un but que beaucoup de personnes poursuivaient, mais aussi une clef ouvrant de nombreuses portes apportant une certaine facilité dans certaines démarches. Sans argent de nombreuses choses étaient impossibles à faire, sauf que le billet vert n'apportait pas le bonheur. Ses parents étaient relativement riches, pourtant Svetlana ne se reposait pas sur ses lauriers, préférant mettre la main à la pâte et obtenir satisfaction grâce à ses compétences propres et non par la force du dollar.

- Merci pour toutes ces précisions... Cela m'aiderait certainement à arrêter mon choix de carrière car j'ai plusieurs métiers sur ma liste. Parfois j'aimerais avoir une vie trois fois plus longue pour avoir la possibilité de faire tout ce qui me plait, tant niveau métier que loisir...

Ainsi la norvégienne sortait d'un procès concernant un mutant ce qui éveilla la curiosité de la jeune femme. Un sourire fleurit sur ses lèvres quand Solveig aborda le métier de sa mère.

- Ma mère est bien policière, cela ne m'étonnerait guère qu'elle ait participé à cette enquête, mais elle ne me parle presque jamais des dossiers en cours... Et si votre client était innocent, tant mieux, les gens sont tellement rapides à juger les mutants surtout quand ils ont un passé peu glorieux. A se demander ce qu'il leur passe par la tête, les mutants sont comme les humains, aussi dangereux aussi charitables que tout un chacun. Ce n'est pas parce qu'ils possèdent un pouvoir qu'ils sont foncièrement différents.

Svetlana avait baissé la voix au cours de sa phrase, principalement pour éviter de créer une polémique avec un voisin anti-mutant s'il y en avait un dans les parages. Tandis qu'elle parlait elle avait accroché la regard de l'avocate comme pour donner plus de poids à ses dires.

- Mais je comprend également que les humains éprouvent une certaine peur à... leur égard.

Petite hésitation de la part de Svetlana qui avait failli utiliser le terme « notre » à la place de « leur ». Elle s'était rattrapée espérant que Solveig n'avait rien remarqué. Mais une légère tension fit son apparition qu'elle dissimula en buvant une gorgée. Pour l'instant elle préférait cacher son statut de mutante, elle voulait être sûre de ne pas le divulguer à la mauvaise personne, ce genre de renseignement intéresserait particulièrement les chasseurs de mutants et ceux qui les haïssaient. Elle observa quelques instants la trentenaire pour essayer de découvrir des signes alarmants, suspects avant de poursuivre.

- Vous voyez passer beaucoup de dossiers impliquant des mutants? demanda-t-elle en reprenant une attitude relativement décontractée.

Parler de Fillan et Curtis dissipa les dernières traces de tension, sujet plaisant et qui reliait également les deux femmes. Ce fut avec un grand sourire un peu timide tout de même qu'elle accueillit les compliments de Solveig. Et constatant que cette dernière semblait bien apprécier le professeur, son imagination essaya de voir ce que donnerait un couple Solveig-Curtis. La jeune blonde trouvait qu'ils iraient bien ensemble avant de chasser cette idée... Elle n'allait pas jouer les entremetteuses, elle qui n'avait pas de petit copain... Elle était plutôt du genre à décliner les tentatives de relations amoureuses poussées surtout depuis que ses pouvoirs avaient fait leur apparition, comme s'ils avaient accentué la réserve de leur propriétaire envers les garçons. Mais Svetlana voyait plutôt cela comme de la prudence ne souhaitait pas embarquer une tierce personne dans un tourbillon de problème si sa nature mutante venait à être divulguée au grand public. Des précautions qui freinaient le développement d'une partie de sa vie. Elle chassa ses tristes pensées d'un haussement d'épaules et elle sourit quand Solveig déclara pratiquer la course à pied, plutôt contente de se découvrir un point commun avec l'avocate.

- Oh oui, répondit-elle à la question de l'avocate en hochant plusieurs fois la tête. Heureusement comme vous dites, j'en ai plusieurs dont l'athlétisme et plus particulièrement la course à pied, il faudrait qu'on se fasse un petit footing ensemble un jour.

La proposition était venue naturellement surtout que Solveig était une personne appréciable. Dans le cas contraire la jeune russe se serait abstenue.

- Et je suis tout à fait d'accord avec vous, les loisirs libèrent l'esprit des soucis quotidiens. Quant à moi, outre la lecture, j'aime beaucoup l'astronomie, il m'arrive d'aller dans le désert, loin de la pollution lumineuse pour observer les étoiles, des moments forts agréables. Sinon, je pratique aussi la natation. Et dans tout ça il faut aussi que je m'occupe de mon petit frère, ajouta-t-elle sur un ton espiègle.

Non pas que leurs parents ne s'occupaient pas d'eux. Elle aimait son frère même s'il pouvait se montrer parfois très agaçant.

- Vous avez l'occasion d'aller au théâtre? C'est tout de même autre chose que de lire une pièce, non pas que cela soit désagréable, loin s'en faut, mais cela apporte une autre dimension n'est ce pas?

Svetlana était aller deux fois au théâtre étant plus jeune. Et elle avait bien aimé, sans pour autant développer un attachement débordant pour ce style d'art.

- Vous pratiquez quelle type de danse? Une lueur d'intérêt fit son apparition dans le regard de Svetlana. J'avoue je suis une piètre danseuse, mais j'aimerais bien savoir danser correctement, surtout les danses de salon. Je trouve cela magnifique quand deux danseurs maîtrisent parfaitement leur art et nous embarquent dans un tourbillon de sensations, nous autres spectateurs.

Son regard se fit rêveur, elle se remémorait des films qu'elle avait vu quelques temps auparavant, comme Dance with me, dont elle avait apprécié les danses ponctuant l'histoire. Par contre il fallait un cavalier, et beaucoup de pratiquants venaient en couple. Enfin, elle n'en était pas encore là. Et puis elle avait la vie devant elle pour trouver un compagnon. Elle but la dernière gorgée de sa tasse avant de la redéposer doucement sur la soucoupe et de reporter son attention sur Solveig.

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     Svetlana lui répondit qu'elle la remerciait des précisions et que ça l'aiderait très certainement à pouvoir mieux choisir sa carrière, c'était certain, sans aucun doute, Solveig aurait beaucoup apprécié avoir des conseils d'avocats lorsqu'elle était encore étudiante. Malheureusement malgré ses multiples stages, elle avait été contrainte de choisir seule, les avocates « haut de gamme » n'aimaient pas particulièrement devoir parler avec de simples stagiaires, ou alors juste pour lui demander si elle pouvait leur faire un café. Lorsque la demoiselle déclara qu'elle aimerait bien pouvoir avoir une vie trois fois plus longue pour avoir la possibilité de tout faire, Solveig se laissa aller à rigoler sincèrement, c'était vrai ! Elle-même pensait la même chose, même si le métier d'avocat lui convenait parfaitement, elle avait du mal à allier tout le reste, que ce soit loisirs, famille, ou même animaux. L'avocate rêvait de pouvoir avoir un petit chaton, qui l'attendrait le soir, lui permettrait de se sentir moins seule etc, tout comme elle se disait souvent qu'elle devrait commencer à se poser et essayer de trouver le père de ses enfants comme sa mère ne cessait de le lui répéter chaque fois qu'elle lui téléphonait. Seulement le travail prenait beaucoup de temps, et ses sentiments étaient encore trop partagés à ce niveau. Elle chassa ses pensées avant d'esquisser un sourire suite à son rire qui avait attiré l'attention du voisin de table qui semblait ne pas apprécier qu'on rigole alors qu'il lisait son journal. Solveig posa ses lèvres sur le bord de la tasse et but une nouvelle gorgée du thé exquis, il commençait tout doucement à disparaître dans son estomac, et la tasse semblait ne pas en contenir assez, après quoi, elle répondit d'un ton léger à son interlocutrice.

     ▬ C'est un plaisir, je comprends tout à fait cela dit, j'aimerais aussi avoir le don de pouvoir rallonger ma vie, ne serait-ce que pour pouvoir toucher à tout ce qui m'intéresse, mais malheureusement le temps semble ne pas le vouloir. Vous êtes encore jeune cela dit, et débordante d'énergie, ça vous laisse beaucoup de possibilités, c'est bien que vous soyez aussi intéressée par votre avenir, je me répète peut-être, mais c'est réellement rare, et d'autant plus appréciable. »

     Lorsque Solveig parla de la mère de la jeune femme, celle-ci sourit doucement, puis lui déclara qu'en effet, a mère était bien policière, et que ça ne l'étonnait pas qu'elle ait participé à une telle enquête, bien qu'elle n'en parlait jamais. Ce n'était pas très étonnant, après tout les policiers sont généralement tenus au secret professionnel, du moins ils doivent éviter de divulguer des informations sur une enquête en cour, et des fois même, sur un dossier terminé. Svetlana se montra contente de savoir qu'il était innocent, et Solveig cache son trouble avec un sourire amical, malheureusement Aaron ne l'était pas, mais ça, elle ne l'avait apprit qu'après le procès, et en Amérique on ne pouvait être jugé qu'une fois pour la même affaire, une chance pour lui, sans quoi Solveig aurait fait son possible pour changer les choses. Lorsque la jolie étudiante lui expliqua qu'elle pensait que c'était surtout le passé des mutants qui jouait en leur défaveur et qu'elle se demandait ce qui pouvait passer dans la tête des gens qui ne comprenaient pas que les mutants étaient comme les humains, la Norvégienne hocha tristement la tête, surtout lorsque Svetlana avança que le fait de posséder un pouvoir ne faisait pas d'eux des êtres différents. Les deux femmes ignoraient que celle en face d'elle était aussi mutante, non recensées, elles vivaient comme des humaines mais avec un point de vue mutant, ce qui était des fois bien difficile à supporter. Solveig répondit après un léger soupire contrit.

     ▬ Malheureusement la bêtise humaine est bien grande, si ce n'est pas les mutants, c'est les noirs ou les Asiatiques, il y aura toujours du racisme. On va dire que c'est le racisme de notre siècle, et j'espère simplement que ça va évoluer plus rapidement que pour les autres cas de ce genre, même si j'ai quelques doutes à ce sujet. »

     La jeune femme avait baissé la voix et sa voisine de table avait fait de même alors que leurs regards se croisaient, elle pouvait éventuellement passer pour une cachotière avec la demoiselle, mais au pire ils penseraient qu'elles discutaient de leurs amants ou de maquillage. Les hommes pensaient souvent que les femmes étaient des poupées sans danger, c'était d'ailleurs ce qui permettait généralement à l'avocate de gagner ses procès, le fait qu'on la sous-estime. Svetlana exprima alors le fait qu'elle comprenait les humains qui éprouvaient une certaine crainte à l'égard des mutants, et la légère hésitation de l'étudiante n'échappa pas à la Norvégienne qui était habituée à déceler ce genre de détails chez les suspects ou les témoins qu'elle interrogeait. Une vieille habitude qui avait la dent dure, que voulez-vous. Toutefois, la jeune femme resta de marbre, ne tenant pas à mettre la demoiselle mal à l'aise en lui demandant pourquoi elle hésitait, ou en lui faisant voir qu'elle avait flairé son hésitation. La jolie blonde reprit alors en lui demandant d'un air décontracté si elle avait vu passer beaucoup de dossier impliquant des mutants, c'était même son lot quotidien, mais principalement parce qu'elle le demandait. Solveig réfléchit un instant avant de reprendre la parole d'un ton calme.

     ▬ Malheureusement oui, il faut dire que je les demande souvent, donc ça aide à les repérer, mais je dois dire qu'en tant qu'avocate, je vois vraiment beaucoup de dossiers traitant d'affaires sur les mutants, défiler dans les salles du tribunal, beaucoup trop d'après moi, la moitié pourrait être évitée sans soucis. »

     Finalement, Svetlana répliqua qu'elle avait aussi des loisirs, en hochant la tête pour appuyer ses dires, puis elle cité l'athlétisme notamment, et la course à pied plus précisément, puis elle lui dit qu'elles pourraient se faire un petit footing ensemble un jour, ce à quoi Solveig répondit qu'elle en serait ravie, même si elle ne pourrait pas suivre aussi bien qu'une jeune femme de vingt ans. Puis la bibliothécaire exprima ensuite qu'elle était d'accord avec son interlocutrice concernant le fait que les loisirs libéraient généralement l'esprit, et qu'elle aimait beaucoup l'astronomie. Malheureusement dans une ville c'était plutôt difficile d'en pratiquer, et Svetlana répondit à cette pensée muette en disant qu'elle allait dans le désert pour pouvoir voir les étoiles plus précisément, c'était vraiment une bonne idée en effet, et Solveig qui aimait bien s'amuser à chercher certaines constellations de temps en temps comprenait cet entrain. Elle n'avait jamais été très calée en astronomie, mais Laërte lui faisait souvent découvrir les merveilles du ciel, grâce à lui elle connaissait plusieurs constellations et la légende qui allait de paire, mais certainement pas autant que la jolie blonde. Finalement, Svetlana lui déclara qu'elle pratiquait aussi la natation tout en s'occupant de son petit frère, et bien quel programme mes aïeux ! Solveig répondit au ton de la jeune femme par un sourire accompagné de quelques mots.

     ▬ Et bien, je constate en effet que vous n'avez pas le temps de vous ennuyer, c'est vrai que l'astronomie c'est une très belle chose, j'en avais un peu fait pendant mes études à Londres, avec un ami, c'est très apaisant et c'est un peu comme une chasse au trésor de vouloir trouver telle où telle étoile. Elle sourit légèrement. Et votre frère a quel âge ? Il doit être content que sa sœur s'occupe de lui j'imagine ? »

     Elle-même n'avait jamais eu de frère ou de sœur, bien que l'envie était là, mais ses parents préféraient un seul enfant malheureusement. Svetlana relança la conversation en lui demandant si elle avait l'occasion d'aller au théâtre en pensant que c'était certainement autre chose de voir la scène que de la lire dans un livre, c'est le moins qu'on puisse dire ! Pour être franche, Solveig ne savait pas si elle préférait lire ou voir une belle scène, mais disons que ça n'était pas vraiment comparable, elle hocha donc la tête à l'attention de son interlocutrice tout en répondant.

     ▬ En effet, ce n'est pas la même chose, et pour tout dire, ça dépend des comédiens, une bonne troupe qui joue une bonne pièce, c'est un véritable régal, mais certaines fois, il est préférable d'imaginer soi-même une scène qui nous a particulièrement touché que de la voir jouée. Cela dit, j'y vais aussi souvent que possible oui. Vous y avez déjà été ? »

     Finalement, Svetlana lui demanda quel type de danse elle faisait, alors qu'une lueur que l'avocate connaissait bien naissait dans son regard en même temps qu'un sourire amusé sur les lèvres de son interlocutrice. Svetlana exprima le fait d'être une piètre danseuse mais qu'elle apprécierait de savoir danser correctement, principalement les danses de salon et qu'elle trouvait ça magnifique à voir. Ça tombait bien, c'était justement le domaine de la Norvégienne, et comme elle aimait bien Svetlana, l'avocate en profiterait pour l'aider un peu sur ce point. Elle le faisait vraiment de gaieté de cœur, la demoiselle était le type de jeune fille qu'elle avait toujours voulu être, calme, sage, posée, avenante et agréable, et en prime, elle était typiquement le type de jeune femme avec qui Solveig appréciait de passer du temps.

     ▬ Et bien justement, je fais des danses de salon, la valse et les choses de ce genre. J'avais un ami qui était très doué pour ça, il m'a tout apprit, je pourrais toujours vous apprendre si vous voulez ? C'est tellement rare de trouver des jeunes filles qui veulent apprendre à danser ce type de danses, que je ne peux pas vous laisser sans me proposer ! Elle rigola légèrement. C'est vrai que c'est très agréable à regarder, ça a quelque chose de poétique et de charmant je trouve, ça fait peut-être fleur bleue, mais j'aime beaucoup ce genre de choses. »

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La discussion était plaisante et Svetlana était contente qu'en dépit de leur différence d'âge les deux femmes puissent bavarder aussi librement. Il était plus courant pour des étudiants d'avoir des amis de leur âge, mais elle le voyait bien avec Curtis une forte amitié s'était développée et la jeune femme en oubliait presque l'âge du professeur. Peut-être en sera-t-il de même avec Solveig... Déjà, un certain nombre de points communs faisait leur apparition au fil de la conversation ce qui enthousiasmait la jeune russe. Tout d'abord concernant la vie trop courte aux yeux des deux jeunes femmes. Svety hocha la tête quand l'avocate souligna son jeune âge, d'un côté son interlocutrice avait raison, d'un autre le temps filait trop vite du point de vue de Svetlana. Plutôt ironique quand elle y pensait étant une chronokinésiste, elle pouvait manipuler le temps à sa guise... Enfin presque... Ensuite leurs opinions semblaient se rejoindre sur la discrimination dont étaient victimes les mutants.

- Je doute que cela évolue plus rapidement que les autres racismes ayant jalonné l'histoire humaine. Les mutants font peur, bien plus que les autres ethnies. Et l'homme est doué pour répéter les mêmes erreurs. Nous sommes de grands xénophobes et que font ces derniers quand ils ont peur et ne peuvent plus se cacher de l'objet de leur peur? Ils cherchent à le détruire...

Elle avait conservé le ton bas adopté depuis le début de cette partie de la conversation. Derrière ses paroles se faisaient sentir une certaine amertume et un jugement assez sévère de l'espèce humaine. L'étudiante suivait de près l'actualité et les sujets touchant les mutants et elle constatait avec une tristesse tout le mal que ce racisme faisait surgir. Il faudrait plusieurs années pour que cet état de fait commence à changer. Pourtant de part son non-recensement, elle aurait pu mettre de côté tout ceci, prétexter que cela ne la concernait pas vraiment et se voiler la face. Mais ce n'était pas dans la nature de la jeune femme. D'ailleurs, depuis l'apparition de la fondation Afflictis Lentae, elle suivait avec intérêt leurs actions.

- Qu'entendez-vous par éviter? Y-aurait-il une tendance à faire appel à la justice bien plus forte quand il s'agit de mutants, même pour des cas mineurs?

Car bien que suivant les actualités, toutes les affaires judiciaires ne faisaient pas leur place dans les journaux papiers et télévisés. D'après les dires de l'avocate, Svetlana pouvait presque la considérer comme une spécialiste des dossiers mutants. Apprendre qu'il y en avait autant surpris légèrement la jeune blonde, bien qu'à y réfléchir plus précisément cela découlait de la situation actuelle. La cause mutante soulevait bien des débats, même dans une simple discussion de café.

La proposition du footing fut accueillie favorablement par Solveig, ce qui contenta sa jeune invitée. Et savoir que la norvégienne avait également gouté à l'astronomie fit sourire Svetlana. C'était un loisir qu'elle appréciait grandement pour le plaisir d'observer les étoiles, de découvrir l'histoire des constellations la plupart liée à la mythologie et puis à voir l'immensité de l'espace se demander s'il n'existerait pas une autre planète habitée dans l'univers.

- Si ça vous tente de refaire un peu d'astronomie, n'hésitez pas à opter pour une petite virée dans le désert, seule ou accompagnée. C'est toujours plaisant.

Svet se permit de lui donner ce conseil, elle aurait pu aussi lui proposer de se joindre à sa prochaine expédition mais elle ne voulait pas incommoder Solveig en lui faisait trop de proposition, déjà qu'elle avait accepté pour le footing, de plus 'elle ne savait pas quand aurait lieu sa prochaine sortie dans le désert. Néanmoins elle restait ouverte à toutes demandes, si la trentenaire souhaitait l'accompagner. Quand son interlocutrice aborda le cas Alekseï, la jeune bibliothécaire ne put retenir un petit rire.

- Je dirais que ça dépend de son humeur. Il s'appelle Alekseï et a quatorze ans, donc en pleine adolescence ou crise d'adolescence devrai-je dire. Un peu rebelle sur les bords, souhaitant se démarquer du reste de la famille, avoir son indépendance comme tout ado de son âge. Cependant, il ne se montre pas trop perturbateur et même s'il ne l'avouera pas, il aime bien qu'on s'occupe un minimum de lui.

Elle aimait bien son frère et cela se voyait au ton employé, certes il pouvait se montrer agaçant mais la patience de sa sœur aidait à faire face.

- Avez-vous de frères ou sœurs?

Nouvelle quête d'informations lancée par sa curiosité insatiable. Cependant, Svetlana savait se retenir et conserver un savoir-vivre devant autrui. Elle ne se permettrait pas, du moins volontairement, de questionner une personne sur un sujet relevant de la sphère intime. Car l'étudiante n'aimerait certainement pas qu'on lui retourne la question.

- Je suis allée deux fois au théâtre étant plus jeune avec mes parents, cela fait quatre ou cinq ans maintenant. Nous sommes allez voir L'avare et Le songe d'une nuit d'été, en tout cas j'ai bien aimé. Et je suis d'accord avec vous quant à l'adaptation, parfois il vaut mieux laisser l'imagination faire vivre une scène. Il en va de même pour les romans adaptés au cinéma. Certains sont fidèles au livre d'autres s'en éloignent ce qui est dommage surtout si vous avez apprécié l'histoire.

Elle pensait à Tolkien et son célèbre Seigneur des anneaux, dont son frère était grand fan, elle aimait bien les films mais préférait les livres même si par certains côtés ils étaient un peu trop détaillés, détails qu'on ne retenait pas forcément au fil de la lecture. Elle avait remarqué que souvent les grandes sagas faisaient l'objet d'une adaptation cinématographique ou télévisuelle, plus ou moins réussie. La conversation se poursuivit sur le thème de la danse et apprendre que Solveig avait étudié et pratiqué les danses de salon éveilla tout l'intérêt de l'étudiante.

- C'est avec plaisir que j'accepte votre proposition, dit-elle avec un sourire lumineux. C'est sûr que ce n'est pas le style privilégié par les jeunes de mon âge, ils trouvent cela un peu ringard et guindé aux antipodes de leur conception de la danse, ajouta-elle avec un petit geste de la mains comme pour souligner ses propos. Mais je ne critique en rien leur style, chacun a sa forme d'expression favorite. Et un peu de poésie et de romantisme dans notre monde ne fait pas de mal...

Cela apportait une touche de couleur dans un monde parfois trop gris pour certains. L'utilisation de l'imparfait par Solveig quand elle mentionna son ami intrigua Svetlana qui se demandait ce qu'il était advenu de cette personne que l'avocate semblait porter en grande estime. Sauf que la russe ne s'autorisa qu'un simple commentaire.

- Plutôt rare de compter parmi ses amis un danseur, votre ami devait être quelqu'un de bien...

Comme à son habitude, elle laissait la porte ouverte à la poursuite ou non de la conversation, ne souhaitant pas s'immiscer dans la vie de Solveig surtout si la séparation des deux amis s'était déroulée dans des circonstances douloureuses. Vu qu'elle n'en savait rien, Svetlana revint sur un sujet moins glissant.

- Sinon pour les cours de danse et le footing, je suis disponible quand vous voulez, enfin après les cours et la bibliothèque. D'ailleurs, si je vous donnais mon numéro cela serait plus pratique pour arrêter des dates, même si on a de grandes chances de se croiser à la bibliothèque.

Elle préférait le donner maintenant tant qu'elle y pensait. Sortant un petit calepin de son sac, elle inscrivit son numéro de portable et tendit la feuille à Solveig. En cas de perte, la norvégienne pourrait toujours s'adresser à Fillan ou Curtis qui le détenait aussi. A savoir que Svety ne donnait pas son numéro à n'importe qui, de même pour son adresse. Bien qu'elle soit de nature sympathique, ouverte et avenante, elle conservait une certaine méfiance sur des domaines précis. Mais l'avocate n'avait pas éveillé d'impression négatives ni de suspicion chez Svetlana. Au contraire.

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     La jeune femme hocha la tête lorsque Solveig parla de son âge, puis elle répondit que ça évoluait rapidement et que les mutants faisaient simplement plus peur que les autres ethnies, malheureusement c'était exactement ça, mais allez savoir pour quelle raison, c'était autre chose à ce niveau, plus de la stupidité qu'une raison valable ! Elle expliqua aussi que l'homme était doué pour répéter les mêmes erreurs et que l'humanité était peuplée de grands xénophobes qui cherchaient toujours à détruire ce dont ils avaient peur. C'était plus vrai que n'importe quoi, il suffisait de prendre la peine de revenir sur l'histoire, voir Hitler et compagnie, leur peur des Juifs qui n'était en réalité qu'une forme de jalousie. Les Juifs étaient réputés (et le sont toujours d'ailleurs), pour pouvoir gagner leur vie de manière simple et efficace, certaines personnes ne supportaient pas cela, et elles se sont vengées d'une manière horrible qui faisait frissonner la jeune avocate rien que d'y penser. Et si un extrémiste se mettait à faire pareil ? Après tout à sa manière l'Opération Apocalypto agissait de la sorte non ? Ils capturaient les mutants, les enfermaient, et faisaient d'eux des sortes de cobayes humains, Aileen était la preuve vivante de l'horreur que les humains peuvent provoquer chez les autres, qu'ils peuvent faire à leurs semblables, car même s'ils refusaient de l'admettre, les humains étaient comme les mutants. Ils avaient deux bras, deux jambes, un corps, et un cœur, seulement celui de certains humains était rongé par la haine, tout comme certains mutants d'ailleurs. Elle pensa à Jared et soupira légèrement, hochant à la tête à l'attention de la jeune femme face à elle.

     ▬ Je ne peux qu'affirmer malheureusement, c'est difficile à imaginer, qu'on puisse haïr quelqu'un simplement pour son origine génétique, mais il faut bien peu de chose à un humain pour haïr, même nous je le crains malheureusement. Je suis sûre que nous avons déjà détesté quelqu'un parce qu'il avait volé notre idée, ou tout simplement par jalousie. Je crois que beaucoup de personnes opposées aux mutants sont aussi fermées parce qu'elles sont jalouses des mutants, et ne les craignent pas vraiment. »

     La jalousie, c'était ça ce qui provoquait tellement de choses dans la vie, le fait qu'une femme assassine son époux en croyant qu'il la trompait, le meurtre d'un homme sur son frère parce qu'il le jugeait plus aimé par ses parents. La jalousie, encore et toujours, ce sentiment révulsait tout simplement la demoiselle, elle avait déjà été jalouse et éprouver une telle haine l'avait tétanisée. Elle se souvenait encore de la haine qui avait submergée son cœur lorsqu'elle avait vu une femme frôler le bras de Laërte de manière sensuelle, mais heureusement il l'avait rapidement remarqué et lui avait expliqué que les mots et les sentiments étaient plus forts que les simples gestes. Leur relation était indéfinissable, et elle l'avait comprit. La jalousie avilissait l'esprit. Elle avait été à la bonne école, et malheureusement ce n'était pas le cas de tout le monde. Bien entendu, la demoiselle avait emprunté un ton semblable à celui de Svetlana pour que personne ne les entende. Finalement la jeune femme lui demanda ce qu'elle entendait par éviter, s'il y avait une tendance plus forte à faire appel à la justice lorsque des mutants y étaient mêlés que dans d'autres cas. Solveig hocha la tête d'un air désolé, malheureusement c'était exactement le cas, l'avocate avait constaté que c'était beaucoup plus fréquent, mais étant la première concernée elle le remarquait logiquement plus que les autres, c'était un point important.

     ▬ Malheureusement oui, enfin je trouve du moins, une simple affaire de vol à l'étalage devient extrêmement grave lorsqu'un mutant est coupable, et même si je ne pardonne pas le vol, je suis contre le fait qu'on sanctionne plus sévèrement les mutants pour leur origine génétique. On ne choisit pas de naitre blond, brun, beau ou laid, pas plus qu'on ne choisit de naitre mutant ou humain, on ne devrait pas avoir à subir des sanctions supplémentaires à cause de quelque chose qu'on ne contrôle pas, mais encore une fois, la justice n'est pas infaillible, à mon grand désarrois. »

     Finalement la demoiselle reprit la parole en lui disant que si elle était un jour tentée de refaire un peu d'astronomie elle pourrait toujours se rendre dans le désert, seule ou accompagnée. L'avocate hocha légèrement la tête en souriant, ça lui disait bien oui, ça lui rappellerait aussi de bons souvenirs. Solveig n'était pas le type de femme à pleurer les bons souvenirs, elle serait heureuse de revivre un bon moment avec une autre personne, de pouvoir le lier à un moment passé avec Laërte. Elle but une gorgée de sa tasse qui approchait de la fin avant de la reposer pour proposer quelque chose à son interlocutrice.

     ▬ Si jamais ça vous dira, on pourra en parler à Curtis, je sais qu'il est assez doué en la matière, et il sera surement ravi de pouvoir nous accompagner dans le désert si l'envie vous dirait pendant un moment de libre. Cela ne vous engage à rien évidement. »

     Elle ne voulait pas que la jeune femme se sente obligée de devoir accepter la proposition si jamais l'envie ne lui en disait pas, Solveig n'allait pas se vexer si Svetlana lui disait qu'elle n'était pas intéressée. Finalement la Russe reprit la parole en disant que ça dépendait de l'humeur de son frère puis donna son nom avait de dire qu'il était en pleine crise d'adolescence. Cela arracha un léger rire à la Norvégienne alors qu'elle entendait son interlocutrice lui dire qu'il souhaitait se démarquer de la famille, c'était les aléas de l'âge, même si elle-même n'avait pas eu besoin de supporter ce genre de chose. Svetlana devait avoir raison lorsqu'elle disait que c'était certainement le besoin de se faire remarquer pour qu'on s'occupe de lui, après tout elle voyait ça avec les gens qu'elle défendait, ils avaient souvent besoin d'être écoutés et ne voyaient malheureusement que ce moyen pour y parvenir, ce qui n'était pas très reluisant, mais compréhensif d'un coté. Finalement, la jolie blonde lui demanda si elle avait de frère et sœurs, Solveig secoua légèrement la tête avant de répondre.

     ▬ Malheureusement non, j'aurais toujours apprécié avoir une petite sœur, ou un frère, mais je n'ai pas eu ce plaisir ! Ça doit être très agréable d'avoir quelqu'un sur qui veille j'imagine, et en prime, ça vous entraîne pour votre rôle de mère plus tard. »

     C'était une vision comme une autre après tout, mais Solveig n'en pensait pas moins, elle pensait que Svetlana ferait une bonne mère, douce et aimante comme elle avait l'air d'être. Finalement la jeune femme expliqua qu'elle était allée au théâtre seulement deux fois lorsqu'elle était plus jeune, puis elle nomma deux pièces intéressantes, des classiques que la Norvégienne avait vu plusieurs fois dans différentes villes. C'était un bon début pour aller au théâtre, et Svetlana approuva le fait que certaines représentations ne valaient pas la lecture, c'était d'autant plus véridique si jamais on avait beaucoup apprécié l'histoire comme elle le disait. Solveig approuva du chef en silence, un sourire sur les lèvres. La jeune femme enchaîna ensuite en disant qu'elle acceptait sa proposition avec plaisir et que même si certains trouvaient ça ringard, elle ne critiquait pas leur style et ne voyait donc pas de raisons qu'on critique le sien. Lorsqu'elle dit qu'un peu de romantisme dans ce monde ne ferait pas de mal, la demoiselle hocha la tête avant que Svetlana ne dise que c'était rare de connaître des personnes qui dansaient, et que ça devait être quelqu'un de bien. Solveig sourit légèrement avant de répondre.

     ▬ C'était quelqu'un de très cultivé et de très bien en effet, je suis sûre qu'il vous aurait plut. Et je suis ravie de constater que vous appréciez aussi le romantisme, on peut l'être sans pour autant ne pas désirer son indépendance comme les féministes le clament, je suis agréable surprise je dois dire, mais je pense comme vous. »

     Finalement la jeune femme lui expliqua que pour les cours de danse et le footing elle était disponible dès que Solveig le désirerait après les cours et le travail, puis elle dit qu'elle allait lui donner son numéro pour simplifier la discussion avant de sortir un calepin de son sac pour noter le numéro et le tendre à l'avocate. Cette dernière l'attrapa pour le ranger dans son calepin tout juste tiré du sac, puis elle fouilla rapidement dans son sac pour en sortir un petit portefeuille qu'elle ouvrit et sortit une carte qu'elle tendit à la jeune femme avant de reprendre la parole d'un ton posé.

     ▬ Voici mon numéro, professionnel et personnel, comme ça on pourra se contacter plus facilement en effet. Au pire si jamais il y a un souci quelconque pour me joindre, vous pouvez demander Curtis ou Fillan. Elle fit une légère pause le temps de ranger son sac à coté d'elle puis elle reporta son attention sur la jeune femme. Et quelle danse vous intéresse le plus, pour apprendre au début la valse est très pratique, les temps et compagnie, c'est plus simple, mais si vous avez d'autres envies, c'est possible. Et vous connaissez les bases, ou vous êtes une véritable novice ? »

     Solveig se renseignait, elle adorait apprendre des choses aux autres, et surtout à des personnes aussi aimables que Svetlana. De plus, les jeunes femmes qui aimaient les danses de ce genre c'était très rare, raison de plus pour la motiver. En plus l'avocate avait assez peu d'occasion de danser ce genre de danse, pouvoir l'apprendre à quelqu'un lui permettrait au moins de pouvoir en refaire un peu, comme quoi, à aider les autres, on s'aidait aussi soi-même !

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Elle ne pouvait qu'approuver les dires de l'avocate. Colère, peur, jalousie pouvaient conduire à la haine et à des issues peu engageantes. Fléaux de tous les temps... Solveig n'avait pas tord en prétendant que toutes personnes pouvaient être victimes de ces maux, cela était déjà arrivée à Svetlana d'en vouloir à quelqu'un d'avoir repris quasiment l'intégralité de son exposé à son profit... Ce jour-là, la colère s'était exprimée pour réparer cette injustice.

- C'est vrai que la jalousie conduit à bien des extrémités... Vouloir obtenir ce qui ne nous appartient pas encore... La chasse au trésor si l'on peut dire... Si seulement ils avaient conscience du poids que pouvait représenter la possession d'un pouvoir...

La jeune femme avait employé un ton quelque peu fataliste tandis que la fin de sa phrase se perdit dans un murmure. Elle se rendit compte que ses paroles pouvaient être interprétées de différentes manières, soit elle parlait de vécu et donc possédait un pouvoir, soit elle faisait montre d'empathie envers les mutants tel Fillan. Encore une fois, elle flirtait à la frontière de son secret. Mais rien dans son attitude ne trahit ses pensées. Elle hocha la tête quand son interlocutrice apporta des précisions concernant les dossiers mutants. En théorie la justice se montrait impartiale, mais les officiants étaient humains et donc faillibles, influençables... Personne ne choisissait de naitre mutant... Seule Dame Nature, ou des apprentis sorciers, décidait de l'évolution d'une population. Vouloir se prendre pour Dieu ne faisait qu'aggraver les choses la plupart du temps. L'Homme ne changera jamais. Le regard de la russe s'était un peu assombri en écho à ses pensées, il retrouva son éclat habituel quand la conversation dévia sur des sujets plus légers.

- Eh bien, pourquoi pas Solveig, l'idée d'une soirée astronomie en votre compagnie et celle de Curtis me tente bien, déclara Svety avec un sourire ravi. Il suffit simplement de trouver un moment de libre même si coordonner trois emplois du temps n'est pas toujours facile, rien n'est impossible...

Ce genre de difficulté ne ralentissait guère l'étudiante. Même si cette proposition n'était pas honorée dans les jours à venir, elle restait ouverte sur toute l'année. La voûte céleste n'allait pas disparaître du jour au lendemain. D'autant plus que Svetlana n'avait pas profité d'une virée dans le désert depuis un certain temps déjà. Cette histoire lui remémora une proposition qu'elle avait faite à Sven quand il s'était rencontré trois ans auparavant, elle n'avait guère eu l'occasion de la mettre en pratique, ce qui était dommage. Revenant à l'instant présent, la bibliothécaire reporta son regard, qui s'était perdu dans sa tasse, sur la norvégienne. Ainsi cette dernière était fille unique.

- Avoir un petit frère ou une petite sœur a de bons côtés mais aussi des inconvénients, bien qu'avec Alek je n'ai pas trop à me plaindre. Sinon ça peut aider pour s'occuper de petits bouts de choux, enfin je n'en suis pas encore là, conclut-elle au sujet de la maternité.

Venant d'entrer dans la vingtaine, elle avait encore le temps de penser à la maternité. De toute manière elle ne se voyait pas mère avant au moins ses 25 ans, en fait pas avant que son désir d'enfants ne s'éveille. Ce fut un sourire approbateur qu'elle adressa à Solveig quand celle-ci parla de son ami et du romantisme. Cependant, son impression se confirma, cet homme, semblant avoir une grande importance aux yeux de la trentenaire, avait disparu de la vie de cette dernière. En quelles circonstances? Svetlana ne posa pas la question. Elle récupéra la carte de l'avocate et la rangea dans son portefeuille pour éviter de la perdre. Dans le cas contraire elle n'hésitera pas à s'adresser à Fillan ou Curtis comme le suggère Solveig.

- Mon choix de danse? J'aime bien le tango mais je pense que c'est un peu trop élevé pour mon niveau de débutante. Je n'ai aucune base à part les films que j'ai déjà vu donc je m'en tiendrais à votre décision. La valse semble être un bon point de départ.

N'étant pas experte elle ne pouvait juger de la pertinence du choix, néanmoins la valse paraissait moins compliquée que les autres styles de danse bien plus rythmiques pour la plupart. Mais vu qu'elle aimait beaucoup la musique, le sens du rythme ne devrait pas lui faire grand défaut. Elle avait bon espoir.

A cet instant son attention fut attirée par deux personnes gesticulant devant la fenêtre du café. Tournant la tête, Svetlana reconnut ses amies Amber et Shannon. Elle fronça les sourcils, surprise de constater leur présence alors que leur rendez-vous n'était prévu que vers vingt heures et qu'il n'était pas encore l'heure. Les deux nouvelles venues pénétrèrent dans l'établissement et rejoignirent leur amie. Saluant poliment l'avocate, elles expliquèrent brièvement à Svetlana que leur plan de la soirée avait un peu changé, qu'elles avaient cherché à la joindre mais que son téléphone était coupé. Svet vérifia, en fait il était déchargé. Elle signifia à ses camarades qu'elle les rejoindrait dehors dans peu de temps. Autant prendre congé dans les règles.

- Désolée Solveig je vais devoir y aller, dit -elle sur un ton contrit. Apparemment il y a eu quelques changements dans le programme. En tout cas ce fut un plaisir de discuter avec vous. N'hésitez pas à passer à la bibliothèque, ajouta Svet avec un grand sourire. Passez de bonnes fêtes.

Par habitude elle mit la main à la poche pour payer mais un geste de Solveig l'en dissuada, rappelant à l'étudiante qu'elle était invitée. Donc Svetlana se leva avec un sourire de remerciement avant de rejoindre ses amies pour poursuivre sa soirée.

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     Svetlana répliqua qu'en effet, la jalousie conduisait à bien des extrémités, comme si elle avait déjà subit cela. Mais d'un coté, la jeune femme était une belle jeune fille en fleur, et Solveig imaginait aisément qu'elle devait avoir été menée à rencontrer des personnes plus ou moins bienveillantes à son égard, et très certainement des autres filles jalouses d'elle. A aucun moment, les doutes ne s'insinuèrent dans l'esprit de la jeune femme, à ses yeux l'étudiante ne pouvait pas être une mutante, oh, elle ne la considérait pas mal pour penser une telle chose, au contraire, mais disons simplement qu'elle n'avait jamais envisagé le fait que la demoiselle puisse cacher un tel secret. Svetlana avait l'air d'une femme très simple, elle ne devait pas demander qu'on lui décroche la lune, sans compter qu'elle était aimable à l'égard de tout le monde. Solveig savait que la plupart des mutants étaient oppressés et avaient une vie très difficile, elle aurait donc beaucoup de mal à envisager que la jeune Russe puisse avoir vécu une telle vie et qu'elle soit aussi gentille qu'elle l'était présentement. On sortait forcément différent, affaiblit ou renforcé, par une telle enfance. De plus, ni Curtis ni Fillan n'avait dit à l'avocate que la blonde était mutante, mais elle pouvait être non recensée comme elle, seulement Solveig ne s'était pas vraiment posé la question. La jeune femme hocha la tête en entendant son interlocutrice dire que c'était une sorte de chasse au trésor et qu'ils devraient avoir conscience du poids que ça représentait, de posséder un tel pouvoir. Encore une fois, Svetlana parlait comme si elle était concernée, mais la Norvégienne ne désirait pas faire une enquête sur sa voisine de table, et elle ne voyait donc aucune raison de chercher à relever de telles paroles, ou de tels signes. Elle esquissa un faible sourire en répondant du même ton fataliste que la jolie blonde, elles étaient sur la même longueur d'onde à ce niveau.

     ▬ Une chasse aux sorcières surtout je dirais, cela n'apporterait rien à personne de pouvoir capturer un mutant, lui serait enfermé, et les kidnappeurs ne pourraient pas s'approprier son don, où serait l'intérêt ? »

     C'était une question sans vraiment en être une, la jeune femme ne tenait pas particulièrement à avoir une réponse, c'était plus pour faire écho aux paroles fatalistes de l'étudiante. Finalement, après un hochement de tête, Svetlana déclara qu'une soirée d'astronomie en sa compagnie et cette du professeur d'archéologie lui plairait bien, puis elle annonça qu'il faudrait simplement trouver un moment de libre pour coordonner leurs trois emplois du temps. Comme elle le disait si bien, ça serait compliqué, mais en aucun cas impossible, Solveig avait l'habitude de dire que lorsqu'on voulait véritablement quelque chose, on faisait tout pour l'obtenir, et ce n'était donc pas dans l'idée de la belle d'envisager faire passer son travail avant une sortie. Le plus difficile serait donc de faire coïncider l'emploi du temps charge de Curtis et les deux emplois du temps de Svetlana, et croiser les doigts pour qu'Aileen ne demande pas une aide de dernière minute à sa seconde. La belle blonde enchaîna en disant qu'avec un frère ou une sœur avait autant de bons cotés que de mauvais, mais qu'heureusement avec son frère elle n'avait pas trop à s'en faire. Puis elle conclut en disant que ça aidait peut-être pour les enfants, mais qu'elle n'en était pas encore là. Solveig afficha un sourire compréhensif, en effet, Svetlana était encore très jeune et elle avait largement le temps de rencontrer l'âme sœur et de pouvoir se poser avant de donner naissance à la génération future. Rien que la Norvégienne qui avait pourtant la trentaine n'envisageait pas dans l'immédiat de pouvoir avoir un enfant, elle comprenait donc bien assez la position de la jeune fille. Après un sourire approbateur au sujet de Laërte qu'elle n'avait pas nommé, la demoiselle rangea la carte de l'avocate dans son portefeuille avant de répondre. Elle annonça bien aimer le tango mais que c'était peut-être trop élevé pour son niveau et que la valse serait donc un bon point de départ. Solveig hocha la tête encore une fois avant de répondre brièvement.

     ▬ Nous ferons donc comme ça, mais je note pour le tango, ce n'est pas si difficile à apprendre, une fois que vous aurez compris comment fonctionnent les temps et tout ce qui va avec. »

     Puis soudain, l'attention de la jeune blonde sembla attirée par la vitre du café, et Sólveig qui tourna le dos à cette dernière ne remarqua pas les deux jeunes femmes qui s'approchèrent. Elle se demanda simplement ce qui pouvait autant accrocher l'attention de la demoiselle, sans pour autant se retourner, ce n'était pas vraiment le style de l'avocate de jouer les commères en se retournant pour voir qui arrivait. Elle vit simplement sa voisine de table froncer les sourcils et espéra que ce n'était rien de fâcheux, puis deux jeunes femmes qui devaient avoir l'âge de l'étudiante arrivèrent. La Norvégienne posa ses yeux bleus sur les deux arrivantes, tour à tour sans vraiment les jauger, par habitude plutôt. Elles saluèrent Solveig qui leur rendit la pareille avec un grand sourire, puis les jeunes femmes expliquèrent à la Russe que leur préparation pour la soirée avait été modifiée et qu'elles avaient besoin d'elle. Svetlana vérifia son téléphone et constata qu'elle n'avait plus de batterie, puis elle demanda à ses amies de l'attendre dehors avant de déclarer à l'avocate qu'elle allait devoir y aller. Visiblement leur petite discussion était arrivée à la fin, et c'était peut-être mieux étant donné que l'avocate devait encore travailler ce soir, pas de fête pour elle malheureusement. La jeune femme prit une expression amicale pour signifier à la blonde que c'était normal, puis celle-ci lui déclara que ça avait été un plaisir de discuter avec elle avant de lui souhaiter de bonnes fêtes, toujours polie et vraiment très agréable, la Genesys comprenait de mieux en mieux l'amitié de Curtis et Fillan pour la belle blonde. Lorsque la jeune fille mit la main vers sa poche comme si elle désirait payer la consommation, Solveig reprit la parole.

     ▬ Oh non, je vous invite, c'est donc moi qui paye les consommations ! Passez de bonnes fêtes et amusez-vous bien, ça a été un véritable plaisir de pouvoir discuter un peu avec vous. A une prochaine fois. »

     La jeune femme s'éloigna donc pour aller poursuivre la soirée en compagnie de ses amies, et Solveig resta seule quelques instants, le temps de finir le petit fond qui restait à sa tasse, elle était plutôt économe même si son salaire pourrait lui permettre de dépenser plus largement, une vieille habitude. Et tout le monde sait que les habitudes ont la dent dure. Après avoir terminé sa tasse, la jeune avocate se leva, rangea sa chaise comme toujours, elle accorda un sourire au voisin de table qui manqua de lui rentrer dedans en se levant, puis elle alla jusqu'au comptoir pour régler la note. Ce n'était pas très cher en plus, la demoiselle se dit qu'elle pourrait bien revenir ici avec quelques collègues vu que le cadre était on ne peut plus agréable, puis elle régla souhaita de bonnes fêtes à la caissière avant de sortir dans la rue, puis de se diriger jusqu'à sa voiture qui était restée sur le parking de la bibliothèque. Elle rentra rapidement à son appartement et appela ses parents pour leur souhaiter une bonne soirée, prendre rapidement de leurs nouvelles, et elle entreprit de débuter les recherches qu'elle faisait sur un jeune homme qui possédait le gène mutant et qui avait été accusé de terrorisme puis avait disparu de la surface de la Terre. Malheureusement les affaires de ce genre n'attendaient pas, et en tant que seconde de Genesys elle ne pourrait pas se permettre de prendre une soirée de congé !

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