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Apocalypse et petits pois

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Apocalypse et petits pois Vide
MessageSujet: Apocalypse et petits pois Apocalypse et petits pois EmptyLun 27 Déc - 22:10

Rachel était occupée à glander passionnément dans la salle informatique de l'université. Enfin, l'une des salles informatiques, pour être précis. Pas vraiment un endroit où elle se rendait souvent, mais la demi-heure de battement qu'elle avait entre le cours passé et le suivant l'avait découragée à se chercher un endroit pour travailler. Le temps de s'y mettre, et il faudrait déjà partir pour retourner en cours. De plus, la mutante étant seule, l'option « aller boire un café avec ses compatriotes de galère » était bannie d'avance. Cette solitude plus ou moins imposée était parfois pesante, surtout dans des moments comme ceux-là où l'ennui était proche et le temps long à passer.

La jeune femme surfait donc sans conviction sur le net, bouquinant sans vraiment s'y attarder diverses informations sur l'actualité. En temps que mutante, elle jugeait qu'il était toujours bon de se tenir au courant de ce qui se passait dans les Etats-Unis, mais aujourd'hui la motivation n'était pas au rendez-vous. Il y avait des jours comme ça, peut-être le temps qui était résolument sinistre ou bien la perspective d'un cours horriblement ennuyeux de littérature américaine. Rachel était du genre tolérante aussi bien avec les professeurs qu'avec les matières et arrivait à suivre et apprendre sans rechigner là où beaucoup auraient baissé les bras, mais cet enseignant-là aurait fait sortir de ses gonds un saint. Inintéressant au possible, rasoir, doté d'une élocution douteuse et profondément soporifique, bref rassemblant toutes les qualités requises pour avoir plus envie de piquer un somme que d'essayer de s'instruire. Rien que de penser aux deux heures qui allaient venir, Rachel dut retenir un soupir. La tentation de sécher était grande, mais elle était toujours très assidue et ne comptait pas changer d'attitude, même avec une motivation avoisinante le zéro et la perspective de cent vingt minutes de souffrance.

L'écran de son téléphone portable s'illumina soudain, indiquant que sa propriétaire venait de recevoir un message. Abandonnant provisoirement son surf sans but, Rachel jeta un coup d'oeil à son envoyeur. Il s'agissait de sa mère, qui lui disait qu'elle n'avait pas eu le temps d'aller faire les courses et qu'elle avait besoin de denrées urgentes afin de préparer le repas de ce soir. Elle demandait donc à sa fille de faire un détour par une grande surface afin d'acheter ce qui lui manquait. Aux yeux de Rachel cela n'avait rien d'une corvée pénible, aussi répondit-elle aussitôt qu'elle s'en chargerait en sortant de cours. Ceci fait, sa pause était quasiment écoulée, aussi éteignit-elle l'ordinateur, se saisit de son sac et se dirigea vers son amphithéâtre en traînant les pieds.


Le cours fut d'un pénible prévisible, et malgré toute sa bonne volonté Rachel décrocha plusieurs fois. Alors qu'elle se forçait à la concentration, elle se dit qu'un pouvoir du genre « attention décuplée » serait bien pratique dans ces cas-là. L'auditorium était presque dépeuplé et les quelques personnes présentes semblaient avoir pour la plupart lâché l'affaire depuis longtemps. Le maître de conférence, quant à lui, continuait à marmonner son cours dans sa barbe tout en faisant de pénibles aller et retour devant le premier rang où était installée Rachel, qui devait lutter contre la tentation malsaine de tendre les jambes pour lui faire un croche-pied.

Enfin, le professeur consentit à les libérer, avec quelques pages de cours incompréhensibles à déchiffrer et la promesse certaine d'un mal de crâne. Rachel retira la pique qui retenait ses cheveux en chignon et rangea ses affaires, tout en songeant que s'être faite pucée pour pouvoir continuer ses études, quand on a le privilège douteux d'assister à ce genre de « cours », on était en droit de se demander si elle n'était pas légèrement masochiste sur les bords. Heureusement qu'ils n'étaient pas tous comme ça, sinon le taux de suicide parmi les étudiants en lettres aurait déjà crevé le plafond.


Rachel quitta la fac, gagnant le parking où était rangé sa voiture. Elle était autorisée à conduire, c'était déjà ça, peut-être que dans quelques années ils vivraient dans un monde où les mutants seraient interdits de posséder le permis. Ah, cela ne lui ressemblait pas d'avoir ce genre de pensées, comme quoi même l'optimisme le plus solide était entamable par les grommellements poussifs de Mr Watts. Allons Rachel, colle un peu plus à ta réputation. Voir le bon côté des choses. Il était difficile à trouver, et il lui fallut plusieurs secondes pour conclure que la meilleure consolation était que le prochain cours de litté américaine serait dans deux jours. Youpi. On s'accroche à ce qu'on peut, mais parfois cela tient plus de la brindille que de la branche de baobab. Finalement, elle n'avait guère envie d'aller s'engouffrer dans un lieu bruyant et plein de monde pour aller faire les courses. Elle secoua la tête et enclencha la marche arrière pour quitter sa place de parking. Elle n'allait pas se saper le moral avec un pitoyable cours, elle avait autre chose à penser.


Une fois garée sur l'immense stationnement du supermarché, Rachel quitta sa voiture et traça jusqu'au temple de la consommation. A dix-sept heures passé, il faisait déjà quasiment nuit, les jours étant courts en cette période de l'année ; et si les dix degrés pendant la journée étaient largement supportables, la température chutait sans pitié à l'approche du soir. La jeune fille ne s'attarda donc pas, se dépêchant de gagner l'intérieur et un semblant de chaleur.

Les grandes surfaces de ce genre ne faisaient pas de différence entre mutants ou non, contrairement à certains grands magasins qui défendaient clairement aux porteurs du fameux gène d'entrer. Rachel se demandait comment ils faisaient pour vérifier, mais évidemment elle n'irait jamais essayer d'aller voir juste par curiosité. Déjà que les portails anti-vol ne lui inspiraient aucune confiance... De se savoir pucée la faisait craindre de provoquer une sonnerie en passant. Pensée complètement idiote, elle en avait parfaitement conscience. La paranoïa ambiante allait finir par la gagner.

Il y avait moins de monde qu'elle ne s'y attendait à cette heure de la journée. Cependant, vu la taille du supermarché, la population qui s'y pressait restait conséquente. En temps normal, Rachel ne se serait guère senti à l'aise au milieu d'autant de monde, elle qui détestait l'agitation et le bruit. Mais une telle foule où elle se fondait avait finalement du bon, une sorte d'anonymat réconfortant qu'elle avait du mal à trouver maintenant qu'elle était pucée. Laissant de côté ces réflexions, elle sortit son téléphone pour relire la liste envoyée par sa mère, se saisit d'un panier en entrant et commença à chercher ce qu'il lui fallait.


Trouver le bon rayon dans un tel endroit était parfois épique, surtout quand on le connaissait mal, et Rachel passa à deux doigts de tourner en rond. Les conserves étaient sadiquement planquées, allez savoir pourquoi, très éloignées dès autres rayons alimentations et voisines de celui de jeux vidéos. Elle fit un effort pour ignorer cette entorse aux lois de la logique et parcourut méthodiquement l'endroit pour chercher les petits pois, qu'elle dénicha bien évidemment sur la dernière étagère, quasiment hors de portée. Elle chercha du regard, sans trop y croire, un tabouret où hisser ses centimètres et atteindre les Fabacées perchées ; il n'y en avait évidemment pas. Se faisant une réflexion mentale contenant les mots « journée de merde », Rachel se mit sur la pointe des pieds et tâtonna pour attraper une boîte, ou deux si elle avait de la chance.

Celui qui avait empilé les conserves ne devaient pas être du genre passionné de tétris, car elles se trouvaient dans un équilibre précaire que Rachel n'avait pu remarquer, avec sa vue en contreplongée. Au moment où elle tira sur une boîte un peu plus dégagée du lot que les autres, toutes ses copines suivirent le mouvement, se lançant dans une parodie de saut à l'élastique, droit sur la malheureuse mutante qui leva un bras pour se protéger. Son pouvoir se déclencha alors, sans prévenir comme à son habitude, détournant l'attaque de petits pois de leur cible initiale. Comme si elles se heurtaient à une barrière invisible, les boîtes passèrent au dessus de Rachel sans la toucher avant de venir s'écraser dans son dos. Du moins plus précisément sur une femme qui passait par là et qui servit de pistes d'atterrissage pour les conserves.


Il fallut quelques secondes à Rachel pour se remettre de ce qui venait de se passer, et accessoirement pour comprendre ce qui s'était passé. Elle avait senti l'activation intempestive de son pouvoir qui lui avait évité de finir assommée par les boîtes de petits pois, et constata avec consternation que c'était quelqu'un d'autre qui avait été frappée à sa place. Son premier réflexe fut de vérifier qu'elle était toutes deux seules dans le rayon ; c'était heureusement le cas, cela aurait été compliqué si quelqu'un avait vu la scène de l'extérieur, car nul doute qu'elle avait dû paraître un tantinet étrange. Puis elle se mit à genoux pour être à la hauteur de la femme qui avait fini assise sous le choc. Elle la scruta avec inquiétude, paniquée à l'idée d'avoir pu la blesser accidentellement.


- Je suis vraiment, vraiment désolée ! J'espère que ça va, que vous ne vous êtes pas fait mal !

Apparemment elle n'avait rien, de visible ou de grave en tout cas. Rachel n'y pensait pas vraiment encore, toute retournée qu'elle était par la scène, mais elle risquait d'avoir des problèmes si la femme réalisait que tout n'était pas complètement naturel dans ce qui s'était passé. Ou même sans aller jusque là, elle pouvait lui chercher des crosses pour avoir manqué de la blesser avec sa maladresse. Décidément, la jeune mutante avait l'art de se mettre dans les ennuis, ce qui, quand on possède un certain gène, peut parfois être délicat.

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Kaileen Moore

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Apocalypse et petits pois Vide
MessageSujet: Re: Apocalypse et petits pois Apocalypse et petits pois EmptyDim 23 Jan - 18:45

Mais qu’est ce que je fichais là ?! Des années et des années passées à me dissimuler, à vivre la nuit et à craindre le jour (je dois être une sorte de vampire, en fait), des années à m’enfoncer de plus en plus dans le vice et le crime… Et voilà que j’étais en plein centre ville, en plein jour. Au milieu d’une foule qui pouvait à chaque seconde qui passait me reconnaître pour ce que j’étais, un prédateur, le loup dans la bergerie… Je me souvenais encore de ma surprise, quelques temps auparavant, quand j’avais vu mon propre portrait me regarder avec toute la détermination du monde, sur l’écran de la télévision. J’en avais lâché l’assiette que je tenais à ce moment. Savoir qu’on était recherchée était une chose, savoir qu’on l’était au point d’en prévenir la population une autre. Pauvre Lukaz, il avait vraiment ramassé une idiote, pour le coup. Lukaz… un sourire amusé étira légèrement mes lèvres, m’attirant un ou deux regards intrigués de la part de passants. Le jeune français était exactement celui qu’il me fallait pour reprendre un peu confiance. Un ami, amant à l’occasion, mais pas d’engagement. Pas de promesses vaines et ridicules, seulement celle de garder nos secrets respectifs, ce que j’aurais de toute manière fait. Je connaissais suffisamment le chemin de croix que nos gènes nous imposaient, à nous mutants, pour vouloir l’éviter à d’autres. Même à Ethan, je ne le souhaitais pas, bien que paradoxalement j’ai envie de le tuer de mes mains. Oublions ça. Mon souci principal résidait dans le fait que j’étais censée être connue. Heureusement pour moi, la photo datait, et j’avais pas mal changé… Qui plus est, en un mois, à guetter attentivement la télé, je n’avais jamais revu l’annonce qui me décrivait comme « une dangereuse mutante recherchée activement par les services de police ». Même avec ma malchance, je doutais de tomber sur une personne à la fois anti-mutante, assez observatrice pour me reconnaître, ET ayant vue cette fichue annonce. Oui, remarque, en y pensant bien, ça aurait bien collé avec l’idée que je me faisais de ma chance inexistante…

Mais cessons d’être pessimiste, voyons. Tout va bien dans le meilleur des mondes… L’optimisme ne me va pas du tout, en fait. J’aime me plaindre il faut croire. Au final, ce que j’essayais de faire, c’était de détourner ma propre attention de moi-même. Parce que j’étais tendue à l’extrême, je sentais que quelque chose de passablement pas amusant du tout allait m’arriver aujourd’hui, instinctivement. Vous savez, il y a des jours comme ça, où vous êtes sûrs que ça ne sera pas une partie de plaisir de finir la journée le sourire aux lèvres. Et c’était l’état dans lequel je me trouvais. Sachant qu’en principe, les dangers que j’affrontais étaient plus costauds que ceux du commun des mortels, le plus abruti des idiots aurait compris pourquoi je me faisais du mauvais sang. Mais moi, je n’acceptais pas de me sentir presque tremblante, alors que tout allait (presque) bien, pour l’instant. Personne n’avait signalé qu’une folle bonne pour l’asile se baladait tranquillement au milieu de ses potentielles futures victimes, ni que la petite brune que j’étais avait décidément l’air étrange. Donc, je ne voyais absolument pas pourquoi je pouvais bien être aussi stressée. Je n’avais pas fait de mauvaise rencontre depuis un ou deux mois, depuis mon accrochage avec Monsieur le Psychopathe en chef en fait. Je serrais les poings, et me forçais à respirer profondément et calmement. Je n’étais pas blessée non plus… Pour la première fois depuis bien longtemps, mon cœur ne tambourinait pas dans ma poitrine à cause d’un effort permanent, et à la longue épuisant. Je savourais soudainement cette sensation, que je venais de percevoir. L’impression d’être bien, en bonne santé, vivante. Agréable, mais un peu désorientant.

Bon. Reprenons au début. Je m’égarais à vitesse grand V dans le méandre tourmenté de mes pensées. Avouez que c’est assez bordélique, là haut (comprenez dans ma tête, bien entendu). Quand j’étais dans un tel état d’agitation, il fallait que je me remette les idées en place en décrivant la situation. Donc, j’étais actuellement seule dans le centre ville d’Achaea, en plein jour. Pourquoi ? Parce que je voulais acheter de quoi faire à manger, étant donné que je comptais pour une fois rester « chez moi » (chez Luk’ serait bien entendu plus exact… je ne pouvais pas encore totalement me considérer chez moi là bas) ce soir. Et pour acheter à manger, il fallait bien que j’entre dans un magasin. Déambuler dans les rues avec un air halluciné ne servirait à rien dans cette quête qui me paraissait tellement surnaturelle. Attention, je n’avais pas l’habitude de frayer avec les supermarchés moi. Tuer un ou deux idiots me convenait mieux, et m’était beaucoup plus routinier. Cherchez l’erreur…

Je rechignais à prendre le bus pour me rendre dans une grande surface. Parce que j’avais trop peur de la foule. Déjà, affronter le temple de la consommation me paraissait insurmontable… Une chose à la fois. D’un autre côté, je n’avais pas de voiture, donc, je n’avais pas vraiment le choix. A pied, j’y serais dans une à deux heures, et moins longtemps je restais dehors, mieux c’était. Je regardais donc dans mon portefeuille, fouillais entre mes papiers (tous faux, bien sûr) et trouvais un des tickets de bus que j’avais subtilisé à mon bienfaiteur (je lui avais demandé, pas volé, c’est une façon de parler). J’avais vraiment l’impression d’être une mendiante, en ce moment. Enfin… Au moins avais-je de quoi payer les quelques courses que j’aillais faire. Je me rendais à l’arrêt de bus dans un état de semi conscience, en me répétant à intervalles réguliers que j’étais une parfaite idiote, que j’allais finir ma vie derrière les barreaux à cause de ma stupidité incommensurable et autres sympathiques petites remarques de ce genre. Le trajet que je fis me parut être une véritable éternité, et je me retenais de tressaillir à chaque fois qu’un de mes voisins dans le véhicule bougeait. Enfin, j’arrivais à destination, et contemplais le magasin comme si j’étais devant l’enfer lui-même.

Attention, que ce jour reste dans vos mémoires comme celui où Kaileen allait aller faire les courses. Faire les courses,bon sang… La normalité me paraissait tellement décalée, tant et si bien que ça en devenait ridicule. Tous ces gestes du quotidien, je les avais oubliés. Depuis plus ou moins un an, je m’étais laissé allée. D’abord véritable loque humaine, j’avais fini par redresser un peu la tête, mais je ne m’étais pas réintégré pour autant, au contraire. Le sang qui tachait mes mains avait augmenté de façon exponentielle… Et j’avais cessé de cultiver une certaine routine. Depuis quelques mois, je reprenais contact avec la réalité. Il était temps que quelqu’un me tende la main. Sinon, j’aurais fini par atteindre le véritable point de non retour… Je cessais enfin de m’énerver toute seule, et m’engouffrais dans le supermarché. Retrouver ce dont j’avais besoin était un vrai calvaire. De toute manière, il me manquait toujours quelque chose, et je devais faire chaque rayon pour voir si ce que je cherchais ne s’y trouvait pas. Ma mauvaise impression se confirma quand je m’avançais un peu dans le rayon des conserves. Une jeune femme s’y trouvait déjà, sûrement à peu près du même âge que moi, peut être un peu plus jeune, mais je n’y faisais pas attention, puisque j’étais déjà sur le départ. Je n’avais besoin de rien ici, c’est pourquoi je lui passais devant sans m’arrêter. Elle avait des difficultés à attraper une boite de je ne sais quoi, mais étant moi-même une naine, il ne me servait à rien de lui proposer de l’aide. Et de toute manière, je n’étais pas vraiment du genre à aider mon prochain, sauf cas d’exception. Je me retournais en entendant un vacarme annonçant la chute des conserves, juste à temps pour m’en prendre une en pleine tête, et une autre sur le pied, mais surtout, pour voir d’autres de ces petites choses évitées de manière tout sauf naturelle la jeune femme.

Sous le choc, je tombais par terre. Bien sûr, je n’avais pas mal, mais la soudaineté du coup, et surtout, le fait que je ne m’y attendais pas le moins du monde m’avait coupé le souffle. En fait, c’est la mise en route de mon don qui m’avait causé cette étrange réaction. Aussitôt, je me reprenais, puisque la douleur était trop minime pour causer une réelle dépense d’énergie pour la contenir. Néanmoins, j’avais une très légère envie de m’énerver. Parce que, quand on avait un pouvoir, on était censé y faire un minimum attention. Et aussi parce que je n’aimais pas particulièrement rencontrer une boîte lancée à grande vitesse. Il y a en peut être qui aime, et bien, moi pas. Cependant, je me contenais, difficilement, mais je me contenais. Je savais que maîtriser ses dons n’étaient pas faciles, et aucun mutant sur terre n’appréciait d’en faire étalage dans une grande surface, où les caméras de surveillance étaient sûrement légions. Je ne voulais pas divulguer ma propre nature, simulait donc une légère douleur devant la jeune femme qui s’était précipitée pour m’aider. J’avais presque envie que j’avais connu bien pire qu’une malheureuse boîte, m’étant brûler la main assez sérieusement il n’y pas si longtemps, que je m’étais déjà pris une balle, un coup de couteau, une fois, aussi, enfin bref, ce genre de choses…. Mais je ne pouvais tout simplement pas. Avec mon bon caractère habituelle, et c’est ironique, je me contentais donc de lui signaler d’une voix peu aimable :

    « Ce n’est rien. Mais faire usage de ses dons ici n’est pas la meilleure idée qu’un mutant peut avoir, si vous voulez mon avis. C’est la porte ouverte aux ennuis. »


Et tant pis si ça paraissait menaçant, moi, ce que j’en disais, c’était dans son intérêt. Je n’allais pas lui dire que j’étais une mutante aussi, que je comprenais, et bla et bla et bla, parce que c’était faux. Dans mon identité actuelle, j’étais humaine. Et puis, je n’étais jamais très complaisante de toute manière. Quand on vit à crans en permanence, on a tendance à être assez désagréable au bout d’un temps. En tout cas, c’était mon cas.


//désolée pour l'attente, et aussi désolée de m'égarer un peu par moment dans le RP XD//

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MessageSujet: Re: Apocalypse et petits pois Apocalypse et petits pois EmptyLun 7 Fév - 20:40

La jeune femme avait l'air un peu sous le choc, mais Rachel ne pouvait décemment pas lui en vouloir. Se recevoir des conserves sur la tête quand on ne s'y attend pas pouvait être un tantinet troublant. Cependant, la mutante était plus que paniquée à l'idée qu'elle ait pu blesser la passante par sa négligence. Elle qui détestait faire du mal à quelqu'un, aurait préféré mille fois se recevoir le contenu du rayon légume sur le coin du crâne à sa place. Toute à son inquiétude, elle continua donc de fixer la fille avec des yeux flippés, attendant avec angoisse qu'elle confirme qu'elle n'avait rien de casser.

Curieuse allure qu'elle avait, cette demoiselle, soit dit en passant. Rachel évalua son âge équivalent au sien, mais elle paraissait tellement plus sûre d'elle qu'on aurait dit qu'une décennie les séparait. Il était simple de voir, rien qu'en les regardant, qu'elles étaient de parfaits opposés. Cette certitude saisit Rachel avec une netteté qui l'étonna, étant d'ordinaire moyennement perspicace à propos de la nature humaine. Elle remarqua le regard de la fille, fascinant et poignant, un regard qui semblait avoir vécu bien des choses que la mutante ne pouvait même pas imaginer. Troublée, elle baissa ses propres yeux, et au final ne fut guère surprise de s'entendre répondre avec froideur, voir d'un ton cassant. Cela collait au personnage, elle la voyait mal se répandre en politesse. Intimidée, Rachel se remit immédiatement debout et se recula un peu. Elle lui faisait un peu peur, quand même.

L'inconnue la rassura sur son état, d'une manière assez synthétique quand même, qui ne pouvait guère rasséner complètement une Rachel sous l'emprise de la culpabilité. Et seul le ton peu aimable, qui n'incitait guère à la sollicitude, la coupa net dans son élan. Le reproche qui suivit lui, la laissa rouge de confusion et muette pendant quelques secondes. Elle ne s'était guère attendue à autre chose que des remontrances, mais celles-ci, assénées froidement et sous le couvert d'une menace à peine voilée, lui faisait l'effet d'un seau d'eau glacée lancée sur l'épine dorsale.


- Je... suis vraiment désolée, ne parvint-elle qu'à balbutier dans un premier temps.

Elle fit un effort pour retrouver son sang-froid et ses facultés de réflexion. Malgré sa remarque acide, la jeune femme n'avait pas l'air d'avoir des vues ouvertement hostiles sur la nature de mutante de Rachel. Celle-ci avait déjà assisté à des réactions d'horreur et de rejets de la part d'humains, et elles n'avaient rien à voir. En fait, ce qui était bizarre, c'est qu'elle avait l'air à peine surprise par le phénomène, alors que n'importe qui aurait été ahuri devant ce qui s'était passé. Soit elle était extraordinairement blasée, soit elle avait l'habitude de ce genre de manifestations propres aux mutants. Rachel la soupçonnait d'en être une ou de connaître quelqu'un de proche qui était muté, et donc qu'elle soit souvent témoin de ce genre de choses, suffisamment pour ne pas être étonnée outre au mesure en assistant à la pitoyable démonstration de l'étudiante. Sa remontrance elle-même avait des airs de pitié envers quelqu'un d'assez faible pour ne pas maîtriser complètement son don (ce qui, Rachel avait eu également à le constater, était une des choses qui énervaient le plus un mutant chez un autre). Ces réflexions n'aboutissaient à rien de particulier, elle n'avait évidemment pas envie de lui balancer ces conclusions à la tête, mais au moins cela la rassurait quelque part. Elle se sentait sur un pied d'égalité, même si elle partait sur des conclusions fausses, ce qui lui permit de se ressaisir suffisamment pour parler distinctement. Une réaction violente l'aurait tétanisée mais contre la froideur, elle pouvait se défendre.


- Je suis soulagée que vous n'ayez rien, fit-elle très sincèrement, avant de s'interrompre et de fixer un coin du front de la jeune femme qui commençait à devenir enflé et violacé.

Rachel préféra éviter de le faire remarquer et reporta le sujet à plus tard. Il fallait essayer de se recentrer sur ses intérêts personnels, pour une fois.


- Je ne maîtrise pas encore très bien mes pouvoirs, je vous assure que c'était un accident, je n'ai jamais voulu qu'il se déclenche ici.

Manquerait plus qu'elle croit qu'elle avait sciemment détourné les conserves pour l'assommer par inadvertance. Rachel ne savait pas ce qui était vraiment le pire en fait. Elle s'efforça de continuer sur un ton affable et ferme, chose qui réussit moyennement :

- Si vous pouviez éviter d'en parler... je vous en serais extrêmement reconnaissante.

Elle n'ignorait pas que l'utilisation de pouvoirs mutants dans un lieu publique était un crime, et que si d'aventure la blessée allait se plaindre, Rachel se retrouverait dans de sales draps. Tous ses efforts et sacrifices, passant par la puce et compagnie, pour se faire la plus discrète et inoffensive possible, seraient alors réduits à néant.

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Kaileen Moore

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MessageSujet: Re: Apocalypse et petits pois Apocalypse et petits pois EmptyJeu 24 Fév - 16:13

Visiblement, la jeune femme était plutôt mal à l’aise. Apparemment, elle était gênée du tour qu’avaient pris les évènements, ce qui était en soi normal. Il n’y avait bien que moi pour réagir avec un aplomb déconcertant en permanence. En même temps, ça, ce genre de manifestations, c’était la normalité pour moi. Pas que je côtoie grand monde, mais étant moi-même mutant, je n’allais pas ouvrir de grands yeux de merlan frit et rester bouche bée vingt minutes parce que la réalité avait été altérée deux micro secondes. Je l’écoutais s’excuser, un brin agacée par ça aussi. J’avais horreur des excuses. Qu’est ce que vous voulez répondre ? C’est pas grave ? Pour moi ça ne l’était pas, pour elle, déjà plus. Les autorités n’appréciaient pas que les mutants fassent étalage de leur don. Bande de coincés. Ou alors c’est de la jalousie. Ou alors de l’idiotie, mais bon. Faites-moi penser à aller balancer mes quatre vérités à cette bande d’abrutis au cerveau atrophié. Ça me fera passer mes nerfs sur autre chose que des citoyens qui ne m’ont rien demandé. Quel caractère de cochon elle a, cette Kaileen quand même. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, j’étais de plus en plus énervée.

Bref. Je m’enjoignais à respirer calmement, et à écouter poliment ce que mademoiselle avait à me dire. La bonne blague. Apparemment, elle se souciait véritablement de ce que je pouvais bien avoir. Je remarquais qu’elle fixait un instant un point précis de mon front, en concluais que j’allais encore me traîner un bleu, une bosse, ou autre débilité du jour dans les temps à venir. Merveilleux. Enfin, elle finit par arrêter de faire une fixation là-dessus (et de toute façon, disons le clairement, ce n’était rien du tout, on s’en fichait quoi), et continua en me signalant qu’elle ne maîtrisait pas très bien ses pouvoirs. Sans pouvoir le retenir, je marmonnais entre mes dents :

« Sans blague, j’avais pas remarqué… »

Je levais (encore ?) les yeux au ciel, en l’entendant se justifier et enchaînais, clairement cette fois :

« Arrêtez de vous justifier, d’accord ? On s’en fiche, c’est un accident, puis zut. Fin de l’histoire, on ne va pas parler de ça jusqu’à la fin des temps… Si ? La prochaine fois, faites plus attention à ce que vous faites, c’est tout ce que je vous demande. Je suis pas fan des petits pois. »

Je secouais la tête en parlant, réellement agacée cette fois ci. Qu’elle m’ait envoyé des boîtes de conserve à la figure, passe encore, qu’elle se répande en excuses comme ça me tapait carrément sur le système. C’était le type même de mutant près à s’aplatir devant les humains pour avoir sa petite vie tranquille. En gros, les mutants qui se soumettaient à l’ordre établi, au gouvernement des Etats-Unis profondément raciste, et qui acceptaient d’être un rien du tout vis-à-vis des hommes soit disant normaux. Selon moi, l’espèce mutante n’était rien de plus ni de moins qu’une évolution de l’espèce. Ce genre de choses ça existait depuis toujours, et je n’avais jamais entendu parler d’une persécution de l’Homo Sapiens par l’espèce précédente. Cette attitude était profondément ridicule, nous étions humains, nous avions le même génome à quelques exceptions près, bon sang. Mais non, il avait fallu que certains montent sur leurs grands chevaux pour trois fois rien. Et le pire, c’est qu’ils avaient trouvé des gens assez faibles pour accepter ces idioties là. Déprimant, si vous voulez mon avis. Ça ne m’aurait pas étonné le moins du monde d’apprendre que mon interlocutrice portait sur elle la puce réglementaire. Rien que d’y penser, j’en avais la nausée. Et je ne voulais pas vérifier, sinon, je risquais de m’emporter et d’en venir aux mains. Pas très féminin, je sais.

Pendant que la colère montait, la jeune femme ajouta la cerise sur le gâteau. Si je pouvais me taire… Non, j’allais aller le crier sur tous les toits. Regardez, regardez, il y a une mutante qui se sert de son pouvoir au supermarché du coin. Mais là, ce qui m’énervait, ce n’était plus l’empotée en face de moi (je sais, je suis méchante), c’était qu’il y avait effectivement une flopée d’êtres humains qui dénonceraient le premier mutant venu. Ce genre de pensées avait toujours eu le don de me mettre en colère. Vraiment. Je tentais de m’apaiser moi-même, mais ce ne fut pas très concluant :

« Donnez-moi une bonne raison d’aller vous dénoncer, franchement ? Ça me servirait à quoi ? Je me fous pas mal de ce que vous êtes, parce qu’avant tout, vous êtes un être humain. Je ne crois pas avoir entendu quelque part qu’être différent était un crime. Alors arrêtez de prendre ce ton complaisant et détendez vous pour l’amour du ciel. »

Après coup, je me demandais si je n’y allais pas un peu fort cette fois ci, mais quand j’étais lancée dans ma rancœur et mon amertume, on ne m’arrêtait plus. Peut être parce que l’une et l’autre auraient pu remplir un puits sans fond. Ou peut être simplement parce que j’avais toujours été de ce genre là. Quand je commence à dire quelque chose qui m’agace, je n’ai pas fini de causer.

« Vous n’en avez pas un peu marre de vous aplatir à chaque fois que votre nature est en cause, non ? C’est pas parce que c’est le gouvernement qui a décrété qu’être mutant c’était mal, que c’est forcément la vérité. Un peu de fierté, ça ne tue pas. Ça m’a toujours énervé les gens qui n’osent pas s’affirmer comme ça… »

Je devais avoir l’air glacial. Je me maîtrisais tellement en permanence, que à part des rictus ironiques, peu d’expressions parvenaient à atteindre mon visage. J’étais profondément énervée, et pourtant j’avais l’air plus stoïque que jamais. Oui, parce que, en prime, je n’avais pas élevé la voix. Je ne comptais pas attirer tous les curieux du coin ici. Je profitais seulement de l’absence de clients du magasin dans le rayon pour dire ce que je pensais à la jeune mutante en face de moi. Pour reprendre le contrôle de mes émotions, je me retournais, ramassais une à une les boîtes tombées tout autour, et les reposais sur une des étagères. Pas celle d’origine, certes, j’étais un peu trop petite pour l’atteindre, mais je n’avais pas envie de tomber dessus en m’en allant. J’en fourrais une non abîmée dans les mains de l’autre idiote, et me replantais en face d’elle.

« Quand à ce que je vous dis sur le fait de faire attention à vos pouvoirs, c’est dans votre intérêt. Personnellement, je n’en ai rien à faire, vous pourriez faire voler toutes les boîtes que vous voulez dans tous les sens, ça ne changerait pas ma vie du tout. Seulement, la bande d’imbéciles qui est au pouvoir, elle, en a quelque chose à cirer. »

Bon. Encore une fois, j’en avais trop dit. Idiote, idiote, idiote. Et là, ça s’adressait à moi-même. Des fois, je me demandais sérieusement pourquoi je ne savais pas maîtriser ma langue de manière permanente. Parce qu’en principe j’y arrivais plutôt pas mal. J’avais réussi à cacher pas mal de choses à pas mal de monde. Mais quand il s’agissait d’une situation comme celle-ci, c’était plus fort que moi, il fallait que je la ramène. Il faut croire que j’aime faire la leçon aux autres. Je concluais d’un ton un peu amer :

« Bref, oubliez ça, et retournez vivre votre jolie petite vie de chienchien de l’être humain. »


Et vlan, histoire d’enfoncer le clou. Je ne savais vraiment pas me tenir. Malpolie, avec ça. J’étais vraiment une andouille aussi, finalement. D’un autre côté, ça faisait longtemps que je n’avais pas pu parler autant. Bon, si l’on fait abstraction de Lukaz, avec qui je causais pas mal, mais je vivais chez lui, alors, c’était difficile de faire autrement de toute façon. Puis, le français était ce qui se rapprochait le plus d’un ami pour moi alors… Alors que Miss Mutante était simplement une sinistre inconnue. Et en général, les gens de cette catégorie, je ne leur parlais pas. Je les assassinais à la limite. Oui, pas la meilleure façon de connaître de nouvelles personnes, mais que voulez vous ? J’avais grandi dans cette attitude là, et mieux encore, je n’avais pas la moindre envie d’en changer. J’avais les mains tâchées de sang, une langue de vipère, un caractère de cochon, mais je vivais très bien avec. Merci de vous en soucier.

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Apocalypse et petits pois Vide
MessageSujet: Re: Apocalypse et petits pois Apocalypse et petits pois EmptyMar 8 Mar - 18:09

Cette fois-ci, Rachel était vraiment effrayée. La colère qui émanait de son interlocutrice, la façon sèche et brutale dont elle s'adressait à elle, cela suffisait à lui donner envie de mettre les voiles le plus rapidement possible. Elle encaissa sans rien dire ses paroles dénuées d'aménité où couvait un reproche à peine déguisé. Rien ne servait de se justifier, de s'expliquer, d'essayer d'être comprise. La jeune fille en face d'elle avait sans doute le même âge, mais une attitude radicalement opposée à la sienne. Rachel sentait qu'elle ne serait même pas écoutée. La meilleure chose à faire était de prendre poliment congés et de fuir ; certes pas très brave, mais essayer de parler à l'accidentée revenait à se cogner la tête contre un mur. Apparemment, elle n'avait pas l'intention d'aller en parler ou quoi que ce soit, tant mieux. C'était tout ce que Rachel voulait savoir, et après cette certitude, son esprit fut entièrement occupé à « comment se tailler le plus tôt possible ». Elle avait très envie de partir en courant, mais elle se résolut à faire les choses correctement, ne serait-ce que par dignité personnelle.

Elle se prit une nouvelle engueulade pour avoir osé suggérer que la jeune femme puisse la dénoncer. La concernée avait l'air de trouver cela excessivement vexant. Rachel ne voyait pas en quoi. Sa réaction virulente l'étonna encore une fois, et cette fois elle se recula instinctivement d'un pas. Quand l'autre parlait, c'était avec tant d'agressivité qu'on avait peur qu'elle finisse par en venir aux mains.


- Beaucoup de gens ne se gêneraient pas pour aller le rapporter ou simplement me couvrir d'insultes, ne put-elle s'empêcher de répondre doucement. Votre attitude mérite la gratitude et le respect, sur ce point-là.

Elle allait sans doute se faire vilipendée une nouvelle fois sur « arrêtez de vous aplatir ». Peu importe, il fallait que ça soit dit. L'attitude discourtoise et agressive de la jeune femme n'empêchait pas Rachel d'être reconnaissante de ne pas la crucifier sur son écart de conduite (même si elle en profitait pour lui refaire moralement le portrait sur tous les autres points de son caractère, manifestement). La demoiselle se fichait bien des excuses et des remerciements, si pour elle c'était une marque de soumission, tant pis, Rachel n'y pouvait pas grand-chose. Elle continuait de les considérer comme la politesse et le respect d'autrui et n'avait pas l'intention de s'en garder, même si c'était pour se les voir renvoyer avec élan en pleine tête. Pour être aussi virulente sur le sujet, la jeune fille devait être personnellement impliquée ou bien d'un caractère vraiment difficile. Ou sans doute les deux, à première vue.

D'ailleurs, elle n'en avait pas fini. Rachel se prit une autre remontrance, sur le fait qu'elle ne devait pas céder devant le gouvernement etc. Un discours qu'elle avait entendu des centaines de fois, mais qui touchait un point sensible. Elle tressaillit. C'était frapper dans des convictions profondes et des choix difficiles à justifier. Il n'y avait rien de particulier à répondre sur le sujet, alors elle biaisa.


- J'aurais pu vous blesser sérieusement. Ma culpabilité ne vient pas de ma nature de mutante mais d'un pouvoir dangereux mal maîtrisé.

Rachel se sentit rougir sous le mensonge. Bien sûr, qu'elle culpabilisait d'être une mutante. Mais il était vrai que si elle avait eu un pouvoir plus inoffensif, cela aurait été moins pire. Vivre dans la peur perpétuelle d'un écart qui aurait risqué de blesser quelqu'un voir pire, cela n'avait rien d'agréable. Il n'était jamais plaisant d'être mise en face de ses propres faiblesses et elle commençait à accumuler depuis tout à l'heure. Elle n'avait aucune envie de partir en débat sur le sujet de la politique et des mutants, car de toute façon l'autre ne semblait pas disposer à l'écouter, plus à l'engueuler, et que cela ne servirait à rien sinon à faire pleurer Rachel et à rendre plus pitoyable au regard de sa congénère. Elle ne pouvait pas comprendre ses raisons et ne semblait même pas disposer à y accorder la moindre attention. Tant pis, à chacun de vivre avec ses principes. Rachel recommença à penser à l'urgence de fuir le plus rapidement possible. L'autre lui colla alors une boîte de conserve dans les mains, lui rappelant pourquoi elle était là. Machinalement, elle la mit dans son panier, pendant qu'elle encaissait une nouvelle vague de reproches. Bon, ça suffisait là, toute Rachel qu'elle était, elle avait un seuil de tolérance comme tout le monde.

- Merci de votre sollicitude, fut tout ce qu'elle put répondre, et se rendit compte avec affolement que ça sonnait vraiment cynique.

Comme l'autre lui conseillait en gros, d'aller voir ailleurs si elle y était, Rachel la prit au mot. Elle lui adressa un mécanique
« Bonne soirée » sans rien d'autre puisque ni excuses, ni remerciements, ni explications ne semblaient convenir à l'accidentée. Puis elle fit demi-tour et s'en alla à pas rapide. Elle laissait derrière elle un champ de bataille de boîtes, mais elle n'en avait cure. Elle n'avait plus qu'une envie, c'était de s'en aller, et elle n'avait pas l'impression que l'autre serait désolée d'être privée de sa présence.


L'attente à la caisse fut assez insupportable. Rachel se sentait au bord de la crise de nerf et elle dut faire des efforts conséquents pour sourire poliment, régler sans renverser le contenu de son porte-monnaie et entasser les courses dans son sac sans les broyer. Le visage figé, la démarche raide, elle se dirigea d'un pas rapide vers sa voiture, indifférente à la pluie fine qui s'était mise à tomber. Elle lança son sac de course dans le coffre et se laissa tomber devant le volant sur lequel elle crispa les mains. Et elle éclata brusquement en sanglots.

Il lui fallut quelques minutes pour arriver à se reprendre, se raisonner et dédramatiser l'évènement. Elle avait simplement eu les nerfs qui lâchaient après une journée difficile, et l'altercation l'avait touchée plus que de raison. Elle s'essuya les yeux, se moucha, mit le contact et guida la voiture hors du parking. Une fois chez elle, elle se confierait à Allan et tout irait mieux.



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