Réunion au sommet [PV Nines / Salazar]

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Réunion au sommet [PV Nines / Salazar] Vide
MessageSujet: Réunion au sommet [PV Nines / Salazar] Réunion au sommet [PV Nines / Salazar] EmptyMar 19 Oct - 21:57

Dix personnes se trouvaient dans la pièce où j’allais entrer. Dix mutants, ces êtres dont jasaient toutes les chaînes de télévision, tous les journaux du monde. Chacun d'eux avait une raison d'être là, un but à la fois personnel mais un autre, plus important, commun non seulement à chacun d'entre eux, mais à chaque membre de leur race, commun à chaque être possédant un pouvoir et arpentant la surface de ce monde en pleine ébullition. De ce monde au bord de l'explosion, de ce monde en guerre. Ce but : la paix pour leur race. Que cessent tous les actes à leur encontre. Définitivement. Hors, leurs méthodes à eux étaient plus ardentes, plus empressées, plus brutales aussi, que celles de leurs confrères mutants. Car chacune des neuf personnes présentes dans la pièce était un Mutant Hostile.

Il y avait là quelques personnes connues des autorités humaines habituelles, criminels de bas ou hauts étages, si vous me permettez l'expression, mais également quelques uns d'entre eux fichés par l'Apocalypto, leur principal ennemi. Fichés comme étant des meurtriers hautement dangereux, terroristes nationaux dont les actes supposés ou réels auraient causés morts et souffrances. Vérité ou mensonge ? Pour certains, c'était vrai. Pour d'autres, non. Nul, hormis eux, ne pouvait le dire.

Ils étaient donc rassemblés en cette nuit d'octobre, neuf mutants en chair et en os et un dixième en esprit seulement, dans cette salle aux murs de pierre, fabriquée spécialement pour empêcher tout son de parvenir à l'extérieur. Ce qui se dirait ici resterait entre les participants. De bonne taille, avec sur le mur du fond un large foyer où aucun feu ne brûlait - à Achaea, la chaleur était quasi éternelle - avec sur la tablette au-dessus quelques photographies dans des cadres. On y retrouvait principalement deux personnes : Isobel et Magdalena Salazar, mais parfois, Blake Salazar faisait son apparition, serrant les trésors de sa vie entre ses bras. Sur d’autres, Ramon Bichir était également présent. L'un des trésors de Blake avait disparu à jamais, avalé par les sables du temps, tandis que l'autre avait été sauvée in extrémis par un coup du destin. Le reste de la salle était occupé par une grande table capable d'accueillir une bonne quinzaine de personnes.

Assis à l'extrémité droite de la table, il y avait là Charles Nines, disciple du célèbre Nar'Soll, jeune homme sombre au pouvoir étrange nommé Rorshach, un soldat croyant dur comme fer aux Hostiles et en leurs buts. À sa droite se trouvait Damien O'brien, colosse au visage rieur pour le moment, jouant dextrement avec un couteau de lancer, fiché par l'Opération comme étant l’homme invisible ; tel un caméléon, le mutant pouvait se fondre dans son environnement et littéralement disparaître aux yeux de tous. Venait ensuite Diego Sarina, dont l'apparence le faisait souvent passer pour plus jeune qu'il ne l'était en réalité, qui pour le moment pianotant avec ses doigts sur la table tel un batteur d'un groupe rock et tapant du pied en rythme, produisant les seuls sons audibles de la pièce. Quiconque l'aurait observé attentivement à ce moment aurait remarqué que par instants, ses doigts et son pied semblaient flous, comme s'ils vibraient trop rapidement pour l'oeil humain. Sourire au visage, yeux vifs et plissés d'amusement, observant chacun à tour de rôle, le fougueux Diego était doué du pouvoir de supervitesse. Suivaient Sabya Martinez et Jaciento Diab, épouse et mari, collés l'un contre l'autre, leurs chaises rapprochées à un point presque impossible. Tout deux regardaient les doubles portes en silence, se tenant les mains sur la table, immobiles mais sereins dans leurs croyances et leur amour. Oui, ils formaient un beau couple, la magnifique Sabya, dont le simple toucher suffisait pour briser n'importe quel os d'une créature vivante ou morte et le sportif Jaciento, magmakinésiste, véritable volcan vivant dont le corps produit des flots de magma brûlants qui l'enveloppent sans le brûler. Un siège libre séparait le couple du mutant suivant, Valdemar Alvarez, chanteur dans un groupe rock amateur, manipulateur du son capable, notamment, de vous crever les tympans s'il le désirait, ou d'exploser un mur de briques en poussant ses capacités. Affalé sur sa chaise, il avait le regard dans le vide, perdu dans ses mélodies et ses chansons, hochant distraitement la tête aux sons produits par Diego. Magaliel Reyez et Amir Khan étaient les suivants. Le premier se trouvait à être un brun ténébreux pouvant dans une large zone littéralement rendre toute créature vivante incapable d'agir, les figeant étrangement sur place, tout en étant un maniaque des armes à feu. Le second, un Noir costaud au regard particulièrement perçant, possédait un pouvoir qu'il avait nommé ''Aura'', qui lui permettait d'influencer les gens selon son bon vouloir, tel les faire accepter une de ses décisions ou les pousser à fuir de terreur. Enfin, au bout de la table, face à Charles Nines, Jiao Yan Juan était attablée. Cette jolie et petite chinoise, au pouvoir de guérison par transfert, c'est-à dire qu'elle transfert les blessures des autres sur elle-même puis se régénère ensuite. Son regard profond, doux et calme, scrutait attentivement les mutants à ses côtés. Au centre de la table trônait, ouvert, un téléphone portable clignotant comme si quelqu'un était en ligne à l'autre bout. C'était le cas : Fernando Sarina, le responsable des communications de la Vouivre, puissante organisation de l'ombre du Sud des États-Unis, doté du don de communication électronique, attendait la rencontre, bien installé dans sa propre maison.

Et debout face à cette impressionnante assemblée, devant les portes-doubles, bras croisés et regard vif, se tenait Ramon Bichir, colosse barbu doté de deux puissants pouvoirs, l'un principalement physique et l'autre ayant trait en quelque sorte à la téléportation. Mutant expérimenté, criminel fiché, mais surtout bras droit du leader de l'organisation la Vouivre, Bichir scrutait lui aussi les mutants rassemblés. Au bout d'un moment, comme en réponse à un quelconque signal insible, il se racla bruyamment la gorge puis sa voix puissante et rauque s'éleva dans le quasi silence qui régnait :

- Vous imaginez comment vous vous sentiriez si quelqu’un battait votre enfant et la laissait quasiment morte, la moitié du crâne arrachée, les cheveux collés dans une mare de sang. Imaginez que vous la regardiez mourir, lentement, dans la souffrance, à l’hôpital. Que vous la voyiez se battre pour survivre après qu’on lui ait découpé le crâne morceau par morceau parce que son cerveau a enflé. Ça vous donne la nausée rien que d’y penser, non ?

Il dévisagea l'assistance mais aucun n'émit le moindre son. Tous affichaient au contraire un regard où perçait la colère, voir la haine pour certains. Ils connaissaient l'histoire de Salazar et ce qui était arrivée à sa fille chérie, mutante elle aussi. La lumière du téléphone clignota plusieurs fois, ce qui signifiait pour qui connaissait Fernando Sarina qu'il était en colère. Ramon émit un son entre grognement de rage et rire sarcastique et continua :

- Il faut le comprendre, le Blake. Il vient d’un coin où les gens étaient des pauvres et le sont encore, et c’était pas du bidon. On n’avait rien, nous. On s’est usé le cul à bosser pour arriver là où on est. C’est la première fois que Blake nous implique avec des gens qui ne sont pas directement liés à nos affaires. Chez nous, quand y en a un qui déconne, on lui fout la pétoche à coups de taloche. On fait pire s’il comprends pas la leçon ou s’il nous trahit d’une manière quelconque. C’est la loi de la rue, c’est comme ça qu’on vit. Faut pas rigoler, même les flics ils savent bien faire chier un mec dans son froc pour lui faire avouer des trucs qu’il a pas commis…

Ramon fit quelques pas autour de la table, tous les regards le suivant, guettant ses paroles. Bien que n’étant pas aussi brillant que son boss, il était respecté par ceux de la Vouivre qui savaient qui dirigeait le sommet de l'échelon, car il était juste et ses paroles souvent sages, même s’il n’en avait bien souvent pas conscience. Seuls O'brian et Nines ne le connaissaient pas énormément. Bichir reprit :

- Vous savez bien ce que je veux dire. Nines, O'brian, vous vivez dans un monde semblable au nôtre et nos mondes s’imbriquent l’un dans l’autre maintenant, que vous le vouliez ou non, que nous le voulions ou non. Tout ce qui a trait à nos discussions, à nos rencontres, à ce qu’on fait et à ce qu’on va faire, c’est secret. Quiconque en glisse un mot à quelqu'un en dehors des quatorze personnes qui discuteront dans cette pièce mourra de façon désagréable des mains de l'un d'entre nous. Me suis-je bien fait comprendre ?

Il regarda chacune des personnes présentes autour de la table droit dans les yeux, sondant leurs âmes sans lire leurs pensées comme Blake. Aucun ne baissa le regard et personne ne parla. Ils comprenaient, oh oui, tous. Enfin, Ramon Bichir ajouta :

- Je l’adore, cet homme. Je sais ce qu’il vaut, et vous aussi, je suppose, sinon aucun de vous ne serait ici à l’heure actuelle. La même chose peut être dites de Jared Nar'Soll et de Chow Watanabe, j'en suis certain. Maintenant, mesdames et messieurs, accueillons-les, ces hommes qui nous ont réunis.

Ramon alla s'asseoir entre Jaciento et Valdemar tandis que s'ouvraient les doubles portes. Il n'y eut pas d'applaudissements, ni de cri de joie, de hourra. Non. Le silence seul accueillit les personnes qui pénétrèrent dans la salle. Trois êtres, oui, trois hommes, trois mutants qui se trouvaient à coup sûr parmi les mutants les plus puissants du monde mais également les plus redoutés. Deux étant recherchés internationalement et le troisième étant le chef de l'organisation la plus discrète et la plus puissante du sud des États-Unis. Trois hommes que le destin avait réunis et qui allaient changer le monde et la destinée de leur race.

À gauche se trouvait Blake Salazar, l'hôte de tous ces mutants. Portant des vêtements de bonne facture mais simples, de taille moyenne et de carrure moyenne, ce mexicain au port altier, aux longs cheveux d'ébène parcourus de quelques fils blancs, était l’un des hommes les plus puissants du marché noir. Séduisant, oui, tel un ange, mais diablement rusé. Ses prunelles intenses, ses iris sombres et inquisiteurs se rivèrent sur chaque mutant présent tandis qu'il balayait la salle du regard. Comme toujours, son pouvoir s'activa de lui-même et les pensées de chacun lui furent offertes comme sur un plateau. Le chef charismatique de la Vouivre avait fière allure près des deux mutants de légende.

Au centre du trio venait Chow Watanabe, le Chef incontesté des Mutants Hostiles. Grand, musclé, au crâne couturé de cicatrices et aux yeux glaciaux, enfoncés dans ses orbites, vêtu de très anciens vêtements traditionnels chinois.'' Venu d'un autre temps '', tel est la première impression que Chow donne à tous. Ses vêtements, la profondeur de son regard, son teint de peau particulier, ses cicatrices... Oui, impressionnant conviendrait parfaitement aussi, je suppose, avec le mot dangereux venant non loin derrière. Quiconque de censé ressentait l'aura de danger qui entourait cet homme. À sa taille, il portait une ceinture en tissu simple, à laquelle pendait un katana ouvragé dans son fourreau, une de ses larges mains calleuses reposant sur la garde. Son regard puissant et ancien balaya l'assistance rapidement et un fin sourire étira ses lèvres craquelées, étirant ses cicatrices, chose qui n'arrivait que très rarement. Fallait-il y voir un signe d'assentiment, voir de joie ? Ou un signe de moquerie ? Du sarcasme ?

À l'extrême droite, enfin, il y avait moi, Jared Nar'Soll, Second des Hostiles et disciple de Chow Watanabe. Je laissai percer un sourire amusé en remarquant celui qui étirait les lèvres de mon mentor. Moi, je savais à quoi m'en tenir, oh oui. Chow était tout sourire parce que nous avions enfin les moyens de parvenir à faire quelque chose. Oui, nous allions agir bientôt. Frapper vite et fort, très fort. Changer ce monde radicalement. Je laissai Blake et Chow passer devant et s'asseoir sur deux des trois chaises libres de notre côté de la table. Blake se posta à ma gauche, près de la jolie chinoise nommée Jiao Yan Juan, qui se trouvait être sa compagne, et sa main gauche glissa jusqu'aux mains de la femme. Chow se posta sur la chaise du centre, bien entendu. Nous trois étions tous égaux dans l'union que nous avions conclues, mais moi et Blake savions pertinemment que Chow Watanabe occupait une place toute spéciale dans notre groupe. Spéciale comment ? Dur à expliquer vraiment. C'était un fait établi, voilà tout, un fait que Blake avait de lui-même amené à mon esprit qui en était déjà conscient. Pourquoi croyez-vous que je partageais la vie de cet homme depuis aussi longtemps ? Par respect car il m'a sauvé et élevé, oui, mais pas uniquement. Cet homme est spécial et les gens qui le côtoient en ont vite conscience. Le chef de la Vouivre était également un homme spécial, j'en convenais, tout comme je suis aussi un être d'exception, mais Chow Watanabe était une classe à lui seul. Bref. Je refermai les lourdes portes avec deux de mes mains-champs de force en bougeant d'un geste distrait mes mains. La gauche tenait une magnifique canne en bois sculptée contenant une lame effilée, canne qui ne me quittait jamais dorénavant. Ma quasi capture, trois ans plus tôt, m'a appris l'humilité. Des observateurs attentifs peuvent remarquer que mon petit doigt et mon annulaire sont absents, résultats d'un accident de jeunesse. Ma main droite, elle, tenait une cigarette allumée que je portai à mes lèvres. Ensuite seulement je m'approchai de la chaise qui m'était destinée, mais je ne m'y laissai pas tomber, non. Je restai debout et mes yeux vert clairs balayèrent l'assistance avec la puissance d'un buldozer (façon de parler), s'arrêtant un peu plus longtemps que nécessaire sur mon propre disciple, mon ami, ma fierté pourrais-je dire si j'étais plus vaniteux. Charles Nines avait fait bien du chemin depuis que je l'avais repêché dans ce bar miteux des bas fonds. Un fin sourire étira mes lèvres. Oui, le jeune homme était véritablement devenu quelqu'un de fiable et de compétent. Quelqu'un digne de siéger avec nous, parmi nous. Tous ceux dans cette pièce en étaient dignes, Blake l'avait certifié. Et j'avais confiance en cet homme au passé remarquable, tout comme Chow. En trois ans, les choses avaient évoluées pour les Hostiles et notre retour serait marquant. Oui, nous allions faire de grandes choses ensembles !

Je fis craquer mon cou et portai à nouveau la cigarette à mes lèvres, tirant une longue bouffée que j'ai soufflée vers le plafond. Les autres mutants m'observaient, attentifs, excepté Chow qui fixait un point droit devant lui. Du haut de son mètre soixante-quinze, je savais ressembler à n'importe quel bon père de famille venu des milieux modestes, à un homme tout à fait ordinaire, et non à celui que je suis réellement. Mon regard, cependant, en disait plus long que le reste. Magnétique, profond, flamboyant. Je me redressai presque imperceptiblement et l'étrange charisme qui fait de moi ce que je suis entra en action. Non, aucun pouvoir en action ici, simplement moi qui change de comportement comme on change de chemise. Mes mouvements se firent plus vifs, presque félins, féroces, tandis que je déposai ma canne à plat sur la table et que je posai ensuite mes mains sur le dossier de la chaise. Je me pourléchai rapidement les lèvres, sachant être toujours attentivement observé. Je portai toujours mon pinch habituel autour de la bouche, mes cheveux étaient présentement courts et ébouriffés et je portais un smoking qui semblait avoir été précisément taillé pour moi. Moi aussi, j'avais fière allure. Et ma réputation faisait le reste. Aucun mutant digne de ce terme ne pouvait ignorer l'existence et les actes de Jared Nar'Soll ou de Chow Watanabe. Enfin, j'ouvris la bouche et ma voix profonde, à la fois rauque et claire, brisa le silence.

- Nous voici enfin tous réunis, mes amis, et j'en suis heureux. Je tiens tout d'abord à remercier Blake de bien vouloir nous accueillir dans le sous-sol de sa maison pour cette nuit. Ensuite, Ramon pour nous avoir presque tous amenés ici rapidement et sans encombre. Merci à vous deux. Sachez ensuite que je parle au nom de mon chef, mentor et ami, Chow Watanabe. Considérez mes paroles comme venant de lui.

Je me suis tu, laissant l'information être digérée par tous. Chow se contenta d'hocher la tête positivement pour donner son assentiment, mais son regard resta toujours aussi fixe. Les gens avaient tendance à trouver cela bizarre, mais il y avait belle lurette que je m'étais habitué aux petites manies et excentricités de mon vieux mentor. Cette étrange transe signifiait simplement que Chow était calme et qu’il écoutait tout ce qui se disait. Je repris la parole :

- Nous sommes ici ce soir pour plusieurs raisons, chacune, selon moi, aussi importantes les unes que les autres. Tout d'abord, la connaissance de ses alliés est aussi importante, sinon plus, que celle de ses ennemis. Je veux que chacun d'entre nous puisse savoir précisément de quoi sont capables les autres, quels sont leurs domaines de prédilection, quels sont les effets de leurs pouvoirs. Bref, dites-nous uniquement ce qui vous semble nécessaire. Oui, je sais, certains d'entre vous n'aiment déjà pas ce que je dis. Je n'ai pas besoin d'être Blake pour savoir ça, je le lis simplement sur votre visage. Vous croyez que cela est risqué, que mettre sa vie entre celles des autres, de nous surtout, nouveaux parmi vous, à la réputation si... sombre, pourrais-je dire, risque de vous entraîner à votre perte. Faux. Cela nous renforcera car l'ennemi est impitoyable, puissant et bien armé, croyez-moi sur parole, et ils ne vous laisseront pas de deuxième chance. À la moindre faille, au moindre faux pas, ils vous écraseront comme les insectes qu'ils croient que vous êtes. Entre nous, comment croyez-vous que moi et Chow avons survécus toutes ces années, pourchassés comme nous l'étions et le sommes encore ? Les anti-mutants, le gouvernement et l'Apocalypto, pour ne nommer que quelques uns de nos ennemis, nous recherchent depuis des décennies - plus encore pour Chow. Ils nous ont tendus des pièges, attaqués au lance-missile et de façons dont vous n'avez même pas idée, ont mis nos têtes à prix sur le marché noir et ailleurs, nous ont fichés comme meutriers et terroristes multinationnaux...

Je me tus un moment, laissant mes paroles pénétrer l'esprit de nos nouveaux alliés, un sourire mauvais planant sur le visage. J'écartais lentement les mains et continuai en haussant le ton :

- Et pourtant, nous encore toujours là ! Nous sommes toujours actifs, nous dressant contre l'injustice à l'encontre de notre race, toujours libres également. Nos ennemis sont légion, mais nous sommes pouvoir ! Blake, tu vois où je veux en venir, je le vois sur ton visage. Nous devons agir ensemble, combler les lacunes de chacun par les forces des autres...

Je frappai la table de la paume de ma main pour amplifier mes paroles. Aucune douleur, bien sûr, mon Armure souple encaissa le choc, et je continuai :

- Nous connaître mutuellement ne fera que nous renforcer, croyez-moi. Nous allons débuter par cela, cette nuit. Donnez également un exemple de visu de votre pouvoir. Je demanderais à Blake de bien vouloir vérifier ce que chacun dira, excepté pour ce cher Fernando qui a préféré rester chez lui. Blake s'en porte garant et je le crois. Lorsque cette étape cruciale sera franchie, nous allons discuter du message que moi et Charles Nines avons transmis à nos ennemis, soit l'explosion de la station de police. Et enfin, nous verrons ensemble les options qui s'offrent à nous pour la suite. Voilà pour le programme de la nuit. Quelqu’un à quelque chose à dire ?

Je me tu et dévisageai à nouveau chaque personne présente, cherchant un doute, une crainte ou une volonté de tout laisser tomber et de filer à toute vitesse. Je croisai du coin de l'oeil le regard de Blake, qui hocha la tête en souriant et me fit signe de continuer. Bien. J'hochai la tête et continuai, puisque personne ne semblait vouloir fuir notre groupe.

- Laissez-moi auparavant vous rappeler pourquoi nous combattons… Colère, peur, répression, haine, violence ; tants de mots représentant si bien ce que nous vivons. L’étau se resserre autour de nous, mes frères et sœurs mutants. Les injustices à notre égard sont légions, les réformes contre nous pleuvent, des enfants porteurs du gène sont rejetés, capturés, ou disparaissant purement et simplement, comme s’ils n’avaient jamais existés. La guerre est actuelle, présente partout autour de nous. Ceux qui ne le voient pas sont aveugles ou stupides. Les mutants capturés par l’Apocalypto et les anti-mutants se font torturer, sont souvent tués, subissent des tests et des expérimentations horribles qui marquent à jamais… Entre nous, s’ils nous laissaient vivre en paix, il n’y aurait plus de problèmes. Mais non ! Ils nous traitent comme, excusez le terme, des merdes, des insectes nuisibles tout justes bons à être exterminés. Et ce n’est pas tout : ils nous fichent, nous recensent et nous dépistent comme des clandestins, nous enlèvent nos droits fondamentaux et rédigent des lois toujours plus cruelles contre nous. Ils veulent qu’on disparaisse et l’Apocalypto est leur fer de lance. Oui, la fin des mutants est leur but, n’en doutez pas une seconde !

Je laissai mes paroles faire leur effet sur mes nouveaux alliés comme sur les anciens et comme toujours, le résultat était à la hauteur de mes attentes. Les lieutenants de Blake n’aimaient pas ce que je venais d’énumérer, tout comme Damien et Charles. Blake souriait toujours, sa compagne Jia aussi, et Chow était toujours aussi immobile, telle une ancienne statue. Mon chef avait plus de deux millénaires d’expérience, après tout. Moi aussi, je souriais, heureux d’avoir atteint mon premier but. La suite :

- Maintenant que je vous ai réveillé, que j'ai insufflé la colère, la rage en vous, laissez-moi vous dire pourquoi je suis devenu celui que je suis. Je suis né en 1972 à New York aux États-Unis et à l'âge de dix-sept ans, j'ai tué mes parents avec le premier champ de force que j'ai créé. Chow a croisé mon chemin, m'a emmené avec lui en Chine et m'a appris une bonne partie de ce que je sais aujourd'hui. Je suis dangereux au corps à corps, maîtrisant de façon fort satisfaisante plusieurs techniques du wushu, le shoubo, style de combat à mains nues spécialisé dans les percussions, les saisies et les projections, tout comme j'ai le niveau de maître en kenjutsu, l'art de manier le katana. Et comme si cela ne suffisait pas, j'ai été formé en tactiques militaires et en maniement d’armes multiples ; armes blanches, armes improvisées et armes à feu. Sans oublier mon pouvoir, mesdames et messieurs, la création et la manipulation de champs de force. Invisibles, sacrément solides et manipulables selon ma volonté, je maîtrise mon don à la perfection, tout en sachant très bien que j'ai encore des choses à découvrir à son sujet. Je suis virtuellement invulnérable tant que j'en maintiens au moins un autour de moi, comme c'est le cas présentement...

Je vis plusieurs des lieutenants de Blake plisser les sourcils, l'air de se dire : ''il se fout de nous, ou quoi ?'', aussi décidai-je de faire un exemple. Oh, ils connaissaient ma réputation par ouïe dire et avaient vus mon entrée fracassante au Siège du Gouvernement, mais je savais d'expérience qu'avec ce genre de personne, seul un exemple visuel permettrait de clarifier mon statut. De plus, je connaissais l'effet du pouvoir de chacun d'eux, un minimum certes, mais assez pour savoir qui choisir pour bien faire mon effet et prouver ce que j'avançais. Aussi pointais-je le couple en face de moi, Sabya et Jaciento. Je fis le tour de la table tandis que les autres murmuraient entre eux. Charles, O’brian et Blake se contentèrent de sourire doucement. J'ai enlevé mon costard que je gardai sur mon autre avant-bras et remontai rapidement la manche de la chemise sur mon bras gauche, dénudant mon avant-bras. Ma main se posa à plat sur la table, juste devant Sabya et Jaciento.

- Allez, les enfants, utilisez votre pouvoir sur moi, vous allez comprendre.

Tout deux levèrent les yeux vers Blake, leur chef, qui donna son assentiment en hochant la tête. Ils croisèrent mon regard et comme je les encourageai en hochant la tête, ils agirent sans tergiverser des heures, chose que j’appréciai grandement. Sabya fut la première à agir et elle toucha mon avant-bras d'un long doigt fin. Rien, pas même un frisson de ma part. Elle écarquilla les yeux et fit un rond avec ses jolies lèvres pleines, surprise que son pouvoir n'ait pas l'effet habituel. Mes os auraient normalement dû se briser, m'infligeant une douleur atroce, mais mon Armure Souple me protégeait comme toujours.

- Raté, chérie, que je lui réponds en lui décochant mon regard de séducteur, précisément fait pour mettre son mari en rogne.

Jaciento, sourire mauvais aux lèvres, qui leva une main au-dessus de la mienne et dont la main devint soudain lave ardente. Main qui s'abattit vers la mienne. Bah oui, vous vous en doutez : rien encore, mais c'était sacrément chaud ! Je grimaçai sous la chaleur et Jaciento sourit, se croyant victorieux. Il grimaça à son tour lorsqu'il retira sa main, qui redevint de chair, et qu'il vit la mienne indemne, sans traces de brûlures, juste rouge homard à cause de la chaleur. Grave coup de soleil à coup sûr, mais j'avais démontré mon point et j'avais survécu à bien pire par le passé. Je rabaissai ma manche et remis mon costard, que je lissai d'une main distraite.

- Virtuellement invulnérable, comme je l'ai dit, mais je sens encore la chaleur, dis-je en levant mon bras pour bien montrer à tous la rougeur de ma peau. Jaciento laissa percer un léger rire, mais mon regard le fit taire aussitôt. Je continue : l'Armure Souple qui me recouvre comme une seconde peau est ma spécialité et mon champ de force le plus solide. En en combinant deux ou plus, ils deviennent plus solides, oui, mais je m'épuise plus rapidement. J'ai développé plusieurs autres utilisations différentes, que vous découvrirez en temps et lieu. Ces informations sont plus que suffisantes pour que vous sachiez à quoi vous attendre de ma part. Je suis également un maître du déguisement : si je le décidais et si je prenais le temps de modifier mon apparence, vous ne seriez pas capables de me reconnaître même en ayant ma photographie sous les yeux. Mes faiblesses, maintenant... Je suis très rancunier, solitaire, j'ai une grande gueule, je suis brutal... mais ma plus grande faiblesse, je tente depuis prêt de trois ans d'y remédier : ma confiance en moi excessive. Sans Nines, je ne serais pas ici aujourd'hui. Je croupirais dans une geôle quelconque d'Apocalypto, soumis à des tests et des expériences affreuses, ou je serais tout simplement mort. Plus probablement mort et crucifié en place publique pour faire un exemple, vu ce que je représente à leurs yeux. Cela m'a rappelé deux choses que Chow m'a apprises il y a longtemps : '' aussi puissant que soit ton pouvoir, il ne faut jamais te fier uniquement à lui '' et ‘’ Craint ton ennemi. ’’ Rappelez-vous de ces paroles, mes amis. Toujours.

Je me tus à nouveau et remarquai que je m'étais un peu éloigné d'eux, que je m'étais en fait adossé au foyer et que je regardais le plafond, au-delà du plafond, un point au loin, comme Chow le faisait si souvent, comme il le faisait encore en ce moment même. Les mutants étaient suspendus à mes paroles, un ou deux la bouche légèrement entrouverte, bref sous le charme. Mon charisme faisait des merveilles, même quand je n'en avais aucunement conscience. Ma main m'élançait un peu, mais ce n'était pas une blessure grave. Si je n'avais pas eu mon Armure Souple, par contre... Oui, ce Jaciento avait un pouvoir terrifiant mais ô combien précieux ! Blake hocha la tête, approuvant mes paroles comme mes pensées et m'envoya un message mental me félicitant pour mon talent oratoire. Je lui renvoyai son sourire et fit le tour de la table, chacun me suivant du regard ou tournant la tête pour me suivre. Je me suis finalement assis à la place qui m’était attribuée.

- Bon. Je sais que certains n'aiment pas cela et je les comprends. Vous avez l'impression que je vous fait perdre votre temps, qu'on devrait parler et préparer des plans pour détruire nos ennemis au lieu d'exhiber nos pouvoirs comme des animaux de foire.

Je jetai un regard vers Charles, sachant trop bien que mon ami et disciple était du genre à s'emporter rapidement et qu'il ne devait que moyennement apprécier ma façon d'agir, mais il avait encore tant à apprendre ! S'il nous connaissait désormais assez bien, Chow et moi, il était bien loin de connaître les méandres tortueux de notre esprit. Après tout, mon mentor et moi travaillions de consert depuis près de quatre décennies et planifions notre revanche contre l'humanité depuis presque aussi longtemps.

- Si vous voulez quitter ce groupe, vous êtes au point de non retour. Ici et maintenant. (La menace qu'impliquait mes paroles n'aurait pas échappée à un sourd. Ils le savaient tous : quiconque choisirait de partir serait mis à mort aussitôt. Tous m'observaient mais, comme je m'y attendais, aucun ne bougea.) Après que chacun se soit rapidement présenté, Blake et moi vous mettrons au courant du premier acte de notre plan, dans lequel vous avez tous votre rôle à jouer. Maintenant... Charles, tu commences ?

J'observai mon disciple, décryptant son visage et ses sentiments. Charles brûlait d'agir, de faire comme lors de l'assaut contre le poste de police, mais abattre Apocalypto de la même manière serait du suicide pur et simple. Comme d'essayer de couper un arbre centenaire avec un canif rouillé. Le plan que nous avions concoctés, Chow, Blake et moi, permettrait de mettre à feu et à sang la puissante organisation anti-mutants, petit à petit certes, mais sûrement. Il faut commencer au bas de l'échelle pour en atteindre le sommet...

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Liam Winchester

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Réunion au sommet [PV Nines / Salazar] Vide
MessageSujet: Re: Réunion au sommet [PV Nines / Salazar] Réunion au sommet [PV Nines / Salazar] EmptyLun 3 Jan - 13:18

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