Fillan reposa l’ouvrage qu’il avait entre les mains pour se frotter les yeux. Il en profita pour consulter sa montre et constata que la journée était presque passée. Il était venu à la bibliothèque en début de matinée afin d’avancer dans ses recherches et au vu de l’heure, il y avait presque passé toute la journée. Il fallait bien avouer qu’une fois plongé dans les livres, le temps passe extrêmement vite et c’est d’autant plus vrai quand on s’intéresse au sujet que l’on étudie. Par chance pour lui, c’était bel et bien le cas, d’autant plus que sa tâche avait une importance capitale pour les mutants, brimés par les humains de la pire des façons. En effet, depuis qu’ils étaient connus au grand jour, leur situation n’avait fait qu’empirer d’année en année. Aussi, avec la naissance de Genesys, ils avaient entrepris un projet de grande ampleur qui avait pour but de chercher les traces et les preuves de l’existence des mutants au cours de toute l’histoire de l’humanité. S’il était difficile de le certifier pour les sociétés disparues, il pouvait encore être possible d’en trouver des traces chez les populations qui vivaient toujours de nos jours. C’était sur cet axe de recherche que Fillan avait travaillé toute la journée durant et il avait touché au but, dans une certaine mesure. Mais au vu de l’heure, il allait devoir mettre un terme à cela pour le moment. En effet, d’autres priorités l’attendaient maintenant.

Rangeant ses affaires, Fillan déposa les ouvrages consultés dans les chariots prévus à cet effet et quitta la bibliothèque. En passant la porte principale, il leva machinalement les yeux vers le ciel nocturne et constata tristement qu’une fois de plus, il lui était impossible de voir les étoiles. Depuis qu’il était arrivé dans cette sombre et terrible ville, c’était là un de ses plus grands regrets. Jadis, son grand-père lui avait expliqué que les étoiles étaient leurs guides dans la vie aussi s’était-il sentit pris au dépourvu quand il avait remarqué pour la première fois que ses guides avaient disparu des cieux… Mais depuis, il avait trouvé un nouveau guide dans sa vie. L’amour. Le seul guide qui vaille réellement la peine d’être connu. Un guide qu’il devait maintenant rejoindre pour une merveilleuse soirée en perspective. Reprenant sa route, Fillan traversa le campus en saluant l’un ou l’autre étudiant au passage et rejoignit l’arrêt de bus qui allait lui permettre de rejoindre le centre ville d’Achaea. Là, il devait rejoindre son petit ami, Lawrence Cooper, un jeune photographe prometteur, avant qu’ils n’aillent manger ensemble.

Durant tout le trajet, Fillan en profita pour réfléchir à sa situation actuelle. Ca lui arrivait souvent quand il n’avait rien d’autre à faire et à chaque fois, il en arrivait à la conclusion que sa vie avait radicalement changé et que ce n’était pas pour lui déplaire. La force obscure qui l’avait poussé à quitter Birmingham pour Achaea avait vraiment bien fait les choses. En effet, en arrivant dans ce dangereux désert, il avait douté, un temps, d’avoir fait le bon choix. Puis il avait fini par rencontrer Justin, un garçon qui lui avait permis de voir les choses différemment. Quand ce dernier avait fini par partir, quittant les Etats-Unis pour un lointain pays d’Europe, Fillan s’était trouvé une autre raison d’être, celle-là même qui l’avait poussé à quitter sa vie et son foyer. Il avait trouvé Genesys et le véritable moyen d’aider les mutants. Puis, comme pour le combler et le remercier de ce choix de vie, il l’avait rencontré Lui. Son Amour. Sa Vie. Law… Il était peut-être seulement un humain, mais il était sans aucun doute possible le plus tendre et le plus affectueux d’entre eux. Jamais Fillan ne s’était mieux senti qu’à ses côtés, jamais il n’avait été plus heureux que quand il voyait son beau visage souriant au réveil. Rien que pour lui, cela valait le coup de se battre. Mais parfois, il se demandait ce qu’en dirait Law s’il savait que son ami appartenait à un groupe secret dont le but était d’affronter les sbires au service du gouvernement… Comment verrait-il Fillan dans un tel cas ? Se sentirait-il trahi de ce manque de confiance ? C’était difficile à savoir, mais il y avait plus en jeu que leur seule relation. C’était tout l’avenir des mutants qui se jouait là. Seulement, que serait sa vie s’il n’y avait pas Law ? Après tout, tout était lié et profondément imbriqué… Dur d’y voir clair… D’autant que…

Fillan fut brusquement tiré de ses pensées en arrivant à destination. Il descendit donc du bus qui partait continuer sa tournée tandis que lui se dirigeait d’un pas joyeux vers le lieu de rendez-vous fixé avec Law le matin même. Comme à son habitude, ce dernier était déjà là quand Fillan arriva. Ce n’était pas que le jeune amérindien était souvent en retard, mais plutôt que le photographe anglais était en général en avance. Toutefois, tout ce que put remarquer Fillan, c’était que Law était toujours aussi beau et élégant, ce qui semblait presque naturel chez lui. Il s’approcha donc de son petit ami, un immense sourire illuminant son visage, et il déposa un tendre et affectueux baiser sur ses lèvres.

« Me voilà ! J’espère que tu n’as pas trop attendu. En tous les cas, tu es toujours aussi beau. J’adore vraiment ce manteau… Il te donne un petit côté mystérieux… Tu me caches rien au moins ? »

Partant d’un éclat de rire sincère, Fillan attrapa la main de Law et l’entraîna à sa suite dans la grande rue où ils s’étaient retrouvés. C’était une lumineuse allée bordée de magasins de toutes sortes entre lesquels s’inséraient des restaurants et autres bars de nationalités diverses et variées. Cependant, leur choix personnel avait été effectué plusieurs heures plus tôt, au cours d’un intéressant petit déjeuner. En effet, dans sa grande bonté, Law avait choisi un excellent bar à sushis qu’ils fréquentaient souvent depuis qu’ils s’étaient rencontrés, ne serait-ce que parce que Fillan adorait la nourriture japonaise. Une fois de plus, le bel Anglais avait décidé de satisfaire le plaisir de son petit ami et ils marchaient donc ensemble vers ce restaurant, main dans la main.

« Alors, tu as passé une bonne journée ? Tu devais rencontrer quelqu’un pour le boulot si je me souviens bien, non ? Ca a donné quoi ? »

Dire que Fillan était un peu jaloux, c’était ne pas faire erreur. En effet, à ses yeux, Law était un garçon parfait, beau, élégant, gentil et il avait en plus un métier relativement intéressant. Il était donc impossible qu’il n’éveille pas l’intérêt des autres personnes qu’il côtoyait. Et il fallait avouer que dans le cas de ses modèles, ils pouvaient être plutôt proches… De quoi rendre Fillan un peu jaloux, même s’il n’avait jamais rien dit à Law. D’autant qu’il avait quelques doutes quant à sa capacité à garder Law près de lui si la situation changeait… mais pour l’heure, Fillan mit ces pensées de côté parce qu’il avait bien mieux à faire. Arrivant à leur destination, il pénétra dans le restaurant suivit par son petit ami. Là, un serveur qui commençait à bien les connaître les installa à leur table habituelle avant de leur apporter la carte.

Un sourire ornant toujours ses lèvres, Fillan regardait Lawrence avait un regard pétillant et brillant. A chaque fois qu’il posait ses yeux sur lui, c’était comme s’il le découvrait pour la première fois. Pourtant, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis leur première rencontre, par un beau soir, dans un petit bar sympathique… Mais c’était toujours la même passion qui animait le cœur du jeune amérindien. Une passion qu’il savait partagée.

« Ton rendez-vous, c’était pour un nouveau contrat ou pour rencontrer un mannequin ? Tu m’avais parlé d’un nom, je crois… Parker… C’était elle que tu devais voir ? »

Même s’il savait que Law ne regardait pas sur le genre de la personne, Fillan se sentait toujours davantage menacé par des garçons que par des filles. C’est pourquoi, il préférait quand son ami devait rencontrer de jeunes demoiselles plutôt que de beaux éphèbes.

La nuit précédente, Lawrence n'avait pas eu la possibilité de profiter d'un sommeil réparateur, travaillant tout la soirée sur des clichés nocturnes avant de devoir enchaîner sur un rendez vous pour un nouveau contrat plus tard dans la journée qui suivait. De ce fait il profita de son après midi de libre pour somnoler sur le canapé de son appartement, mais plus que somnoler il s'était complètement endormie. Cependant, quand la fraîcheur de ce début de soirée ce fit sentir à travers la pièce, Lawrence ouvrit les yeux avant de regarder sa montre, la soirée débutait à peine, il avait encore le temps. En effet, il était prévu que ce soir il sorte avec quelqu'un, une rencontre tout à fait improbable que jamais il n'aurait pu envisager il y a plus d'un an de cela. Cette personne était sûrement la seule en ce monde à avoir de l'importance à ses yeux, cette personne qui était parvenu à atteindre une partie de son être qu'il pensait morte à partir du moment où son enfance s'était terminer, son nom étant Fillan, un jeune étudiant dont il s'était épris. Perdant encore quelques minutes à rester allongé, Lawrence décida finalement qu'il était temps de se lever. Cette petite sieste semblait avoir été bénéfique, faisant disparaître toute trace de sa nuit blanche passé, il se passa cependant un peu d'eau glacé sur le visage pour finir de se réveiller. Il arrangea ensuite ses vêtements, faisant disparaître les plies provoqués par sa petite pause avant de finalement mettre ses chaussures et son manteau pour enfin quitter le domicile.

Les deux jeunes gens avaient rendez vous dans une rue plutôt animée d'Acheae où ils avaient l'habitude de se retrouver régulièrement pour passer du temps ensemble, du moins, plus de temps que quand ils se retrouvaient au soir chez eux. L'endroit n'était pas relativement loin du lieu où ils vivaient, ce n'était pas non plus tout proche mais ça restait faisable à pied si on en avait la volonté et Lawrence décida d'ailleurs de s'y rendre ainsi, préférant cela à sa voiture ou aux transports en commun. Profitant de ce trajet, Lawrence repensa à de nombreuses choses, des choses passées, des choses futurs, des choses présentes ... Il arrêta sa pensée sur Fillan, qu'il devait rejoindre, pensant à leur relation. Ce jeune homme était empli d'une telle bonté, d'une telle volonté d'aider les autres que Lawrence ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable vis à vis de lui. Bien sûr, entre eux tout était parfait et même lui agissait avec douceur, chose qui était tout sauf artificiel quand il était avec Fillan, mais ce qu'il faisait dans son dos, ce qu'il envisageait était tellement contraire à la façon d'être de son ami qu'il redoutait sa réaction si un jour il le découvrait. Que penserait-il si un jour il venait à découvrir que celui qu'il aime chasse les mutants alors que lui fait tout pour les défendre ? Mais là n'était pas la question, jamais il ne serait au courant, il ne permettrait pas que quoi que ce soit lui fasse perdre celui avec qui il partageait sa vie, il n'arrêterait pas ses recherches pour autant. Il avait d'ailleurs une cible en vu, un jeune mutant dont Pete lui avait parlé, mais ce n'était pas le moment d'y penser, il était arrivé à destination.

Il se trouvait à leur point de rendez vous habituel, puis, regardant sa montre, il remarqua que comme à son habitude, il était encore en avance, chose qu'il pourrait régler facilement en partant légèrement plus tard, mais avec son travail, il était presque devenu mécanique pour lui d'arriver plus tôt afin de pouvoir vérifier que tout était bien en place, chose qui n'était pas utile dans cette situation, certes, mais c'était dans le principe. Quoi qu'il en soit, il n'eut pas à attendre bien longtemps, en effet, il ne fallut que quelques minutes pour que Fillan apparaisse dans son champ de vision et s'approche de lui. Les deux hommes montrèrent qu'ils étaient heureux de se voir en s'échangeant un doux et tendre baiser sur les lèvres. Le visage de Fillan affichait un large sourire qui provoqua chez Lawrence un sourire sincère, touché par son adorable amour.

-Ne t'en fais pas, je n'ai pas attendu bien longtemps et même, c'est moi qui arrive trop tôt, pas toi trop tard, dit il amusé. Et je suis content qu'il te plaise, ce manteau a beaucoup de valeur pour moi. Je suis certains que si tu essayais ce genre de manteau tu serais magnifique. Et moi, te cacher quelque chose ? Bien sûr que non mon amour, dit il avec un sourire gêné.

Lawrence se laissa entraîner par sa moitié dans la rue. Les deux garçons marchaient main dans la mains, passant à coté de boutiques diverses et variées toute plus différentes les une que les autres ainsi que devant des restaurants de toute sortes. La destination du petit couple était un petit restaurant japonais dans lequel ils se rendaient souvent. Lawrence aimait beaucoup la nourriture japonaise mais surtout il savait à quel point Fillan en était friand, c'était donc pour le satisfaire qu'il avait choisit ce restaurant une fois encore. Fillan lui demanda comment c'était passé sa journée, mais avant même qu'il n'ait eu le temps de répondre, déjà étaient-ils arrivés au restaurant où un serveur qui commençait à les connaître les installa machinalement à leur table habituelle. Lawrence s'installa, convenablement, faisant en sorte de ne pas froisser ses vêtements, puis releva la tête vers celui qui partageait sa vie, lui souriant tendrement quand il vit son sourire et son regard.

-Donc oui, aujourd'hui j'avais rendez vous pour obtenir un contrat concernant une Mlle Parker. Cependant je ne l'ai pas encore rencontré, elle n'a pas prit part au rendez vous, ce qui est normal enfaîte, mais cela devrait se faire d'ici peu. Tout cela pour dire que je n'ai fait que remplir tout un tas de paperasse pour préparer un shooting encore lointain. Et toi de ton coté, tu as fais quoi ? Si je me souviens bien, tu cherchais une preuve de la présence des mutants d'avant le premier contact officiel, non ? Alors, tu as trouvé quelque chose ?

HP : Arg ! Mais quel abruti je fais >< Ca c'est quand on poste trop tard sans faire attention....... Au lieu de faire citer, pour récupérer ma couleur, j'ai fait... éditer.... Et du coup, j'ai effacé mon message précédent >< En plus, je ne garde pas mes documents word.... C'est vraiment trop con ça ><

La mutation génétique… Ce sujet n’était pas le plus évident à aborder avec les autres. En effet, lors des débats qui le concernaient, il déchaînait bien souvent les foules, allant parfois jusqu’à provoquer des prises de bec particulièrement violentes. Sans oublier que les journaux télévisés montraient fréquemment, en évitant pas de prendre parti de manière évidente, les affrontements entre les pro-mutants et ceux qui ne souhaitaient que leur disparition pure et simple… Ainsi, lorsque l’on abordait le sujet des mutants avec un interlocuteur quelconque, il valait mieux être certain de ses opinions plutôt que de risquer une guerre ouverte. Mais même si l’on était sûr que ces réactions allaient être positives, il fallait aussi faire très attention à l’environnement dans lequel on se trouvait au moment d’une telle discussion. En effet, dans la rue, des bribes de phrases peuvent être entendues par des inconnus et selon ce que ces derniers saisissent de la conversation, on peut se retrouver face à de nouveaux et sérieux problèmes. Et comme Fillan essayait au mieux d’éviter tous les ennuis possibles, il préférait encore ne pas évoquer le sujet des mutants en public… Par chance, le restaurant japonais dans lequel ils dinaient régulièrement leur permettait une certaine intimité et dans ce contexte là, il n’hésitait pas à parler avec son petit-ami d’un sujet qui le concernait au premier plan.

Bien sûr, la mutation faisait partie de leur vie quotidienne, parce que même si le pouvoir de Fillan n’avait rien d’exceptionnellement démonstratif, ils ne pouvaient pas non plus l’ignorer. D’autant plus qu’il ne fallait pas oublier la télévision qui ne cessait de répéter ces idioties sur les terroristes mutants tout comme il fallait prendre en compte le bénévolat de Fillan pour la fondation Afflictis Lentae, ou son travail de recherche pour la fac. Ce dernier point intéressait particulièrement Law – mais qu’est-ce qui ne l’intéressait pas ? – et Fillan prenait beaucoup de plaisir à débattre avec lui de toutes les questions qu’il amenait. C’est pourquoi il attendait avec une certaine impatience son avis sur l’avancée de ses recherches. Les théories concernant les mutants avaient toujours intéressé Law parce qu’il voyait en eux l’avenir de la race humaine, comme un stade supérieur de l’évolution. En effet, à ses yeux, les mutants avaient su s’adapter à un nouvel environnement et c’était là un point qu’il admirait particulièrement. De son côté, Fillan avait encore du mal à imaginer les règles qui régissaient cette adaptation, étant donné la multiplicité des pouvoirs, mais ce n’était qu’un détail. Le fait que son petit ami approuve dans une certaine mesure ses hypothèses alors qu’il était un fervent partisan de celles qui s’y opposaient montrait clairement au jeune Amérindien que son travail n’était pas si mauvais que ça. Toutefois, Lawrence leva aussi l’un ou l’autre problème, bien que Fillan n’aurait pu dire quelle pertinence ils avaient. Après tout, il avait une formation d’archéologue, pas de généticien.

« C’est une bonne question que tu me poses là, Law. Je dois bien avouer que je n’ai pas de réponse à t’apporter. Je ne suis pas encore suffisamment calé en génétique pour le savoir avec précision. Mais j’ai prévu d’aller voir un généticien dans les prochaines semaines, histoire d’en parler avec lui. Si je veux partir sur de bonnes bases, il faut déjà que ces dernières soient solides. Mais tu as raison de le souligner, la présence de mutants à ces époques peut soutenir les deux théories. D’un autre côté, le simple fait de savoir qu’il y avait déjà des mutants à ces périodes peut grandement m’aider. »

La suite de la discussion permit à Fillan d’aborder une autre étape de son raisonnement, à savoir l’assimilation des mutants aux grands héros des temps passés. Bien sûr, sa théorie pouvait sembler particulièrement surprenante, voire passer pour une tentative de glorifier les mutants, mais il n’en était rien. S’il s’avérait bien que les mutants avaient été des dieux et des héros, ça ne voulait pas dire qu’il prônait leur retour à ce statut. Les temps avaient changé et il fallait faire avec. Cependant, cela pouvait permettre de donner une autre lecture de l’Histoire. Après tout, les Dieux agissaient sur le monde réel et se promenaient même parmi les Hommes. Il en était de même des Héros. Le meilleur exemple de tout cela demeurait la Guerre de Troie. L’ingérence des mutants dans l’Histoire pourrait amener de nouvelles interprétations de cette dernière. Mais que dirait Law de tout cela ? Visiblement, il semblait assez séduit par cette idée et encourageait même son petit ami à poursuivre. Fillan était plus que ravi de voir une telle réaction chez son Amour et il se sentait prêt à s’atteler à cette tâche dantesque.

« Voilà, c’est à ce genre d’exemple que je pensais. Un mutant qui verrait ses capacités physiques augmentées pourrait fortement ressembler à un Hercule. D’un autre côté, si un mutant s’avérait capable de créer la foudre, on pourrait y voir une forme de Zeus. Et que dire de mutants métamorphes ? Les pouvoirs que développent les mutants semblant de toutes sortes, on peut imaginer toutes les hypothèses possibles. Mais là encore, il faut que j’essaye de me renseigner sur la nature des pouvoirs. Il va falloir que je trouve un généticien capable de me répondre… D’ailleurs, ça te dirait de venir avec moi si je décroche un rendez-vous ? J’aurais moins de mal à comprendre si tu es là. Pis comme ça t’intéresse aussi. Ca me ferait plaisir. »

Quand il en avait parlé à Curtis, le professeur lui avait dit qu’il regarderait de son côté. Puis, après quelques jours, il lui avait fait parvenir une liste de nom à contacter. Il s’agissait visiblement de chercheurs renommés, même s’ils restaient d’illustres inconnus pour le commun des mortels. Le même jour, Fillan était passé à la bibliothèque pour se renseigner un minimum sur leurs publications et Svetlana l’avait beaucoup aidé à ne pas trop s’y perdre. Mais comme tout ça restait assez obscur, il avait fini par le mettre de côté, attendant le moment opportun pour s’y intéresser à nouveau. Il n’avait fait que garder la liste sur lui et maintenant qu’il y pensait, il ne l’avait pas encore montrée à Law. C’était peut-être le moment. Il glissa donc sa main dans la poche de sa veste pour en retirer le document, quand ses doigts heurtèrent une petite boite… D’un seul coup, il se souvint d’un détail très important… Mais comment est-ce qu’il avait pu faire pour l’oublier ? La réponse était évidente : le stress. Cela faisait plusieurs jours maintenant qu’il attendait, mais il n’avait pas trouvé comme faire. Bien sûr, Fillan savait que les sentiments de Law à son égard étaient sincères et particulièrement forts. Mais est-ce que ça voudrait dire pour autant qu’il souhaitait plus ? Ils n’en avaient pas vraiment parlé ensemble et Fillan avait peur de le prendre par surprise. Comment est-ce que Law réagirait à une demande de fiançailles ? Il ne le savait vraiment pas… Le retour du serveur le ramena à la réalité et Fillan retira la main de sa poche.

« Messieurs… »

Le serveur déposa les plats sur leur table et repartit après leur avoir souhaité un bon appétit. Fillan répondit d’un air un peu distrait, préoccupé par d’autres pensées. Il avait repoussé sa demande plusieurs fois, de peur de la réaction de Law. Non pas qu’il ait des raisons de craindre sa réaction, mais plutôt, qu’il ait peur de le perdre. A l’heure actuelle, il n’imaginait plus sa vie sans lui. Il l’aimait, plus que tout et il savait que c’était avec lui qu’il voulait vivre le reste de ses jours. Lui et personne d’autre. Ils pouvaient bien sûr continuer à vivre ainsi, comme deux amants, sans rien d’autre, mais Fillan espérait quand même plus. Le mariage pouvait tant leur apporter. Il les lierait encore plus qu’ils ne l’étaient jusqu’à ce jour, légitimant leur liaison, faisant d’eux un couple immortel, pour peu que les choses se passent bien. Et comme il n’y avait aucune raison d’en douter… Revenant à la réalité, Fillan offrit un magnifique sourire à Law avant de commencer à manger. Son Amour était tellement beau qu’il sut avec certitude que ce soir allait enfin être LE soir. Il lui ferait sa demande, mais pas tout de suite. Il fallait attendre le bon moment, dans le bon lieu. Et c’était tout sauf ce restaurant.

« Mais assez parlé travail pour ce soir mon Cœur, profitons plutôt du moment qu’on passe ensemble. On pourra discuter de génétique et de mutant une autre fois. Mais, j’y pense ! La dernière fois que je suis passé dans le coin, j’ai trouvé un petit parc vraiment superbe ! J’aimerais pouvoir t’y emmener tout à l’heure, je suis sûr que ça te plairait ! Mais on a le temps, pas besoin de se presser. »

Tout en mangeant, Fillan essayait de ne pas trop se stresser pour la suite. Le mieux restait encore de vivre l’instant présent et de profiter du fait d’être seul avec l’élu de son cœur, tout en discutant de tout et de rien.

« J’ai croisé Svetlana hier. Elle allait plutôt bien et elle m’a demandé de te passer le bonjour. J’aimerais bien l’inviter à manger à la maison, un de ces soirs, si ça te dérange pas, bien sûr. Je m’étais dit que comme tu aimes la cuisine française, je pourrai vous préparer une poularde aux morilles et vous faire mon fameux gâteau aux trois chocolats. Qu’est-ce que tu en dis ? »