Sujet: La Parole de l'Homme [PV Harmony Grace] Sam 7 Nov - 15:31
Vide. Vide était l'église et vide était mon esprit. J'avais laissé toute sensation s'estomper ; l'ankylosement de mes genoux avait disparu, tout comme la raideur entre mes épaules. Les ténèbres confortables de mes paupières closes permettaient à mes yeux de voir bien mieux que jamais... voir l'intérieur de mon âme. Sonder le fond de mon être.
Les paroles résonnaient dans ma tête, se croisaient comme des volées fugaces de feu, d'étoiles...
"Au nom de Dieu, traquez-les !"
Les cris remontaient dans ma mémoire, toujours aussi vibrants. Toujours aussi forts. Aussi détestablement désespérés. Les muscles de mes paupières frémirent.
"Au nom de Dieu... ramenez-les !"
Les ramener ? Qui avait parlé de les ramener ? Combien de fois avais-je dû abaisser le canon d'un frère, et été dans l'obligation de le sommer d'une voix dure d'utiliser son équipement paralysant ?
"Au nom de Dieu..."
Oui, au nom de Dieu. Jésus était descendu parmi nous pour nous guider vers le chemin de la prière et de la pureté. C'était à notre tour, en ce jour, d'aller vers ceux qui s'étaient égarés, le coeur fier et solide, et de leur tendre une main secourable.
"Au nom de Dieu..."
Cela m'avait fait mal, de nombreuses fois. Je n'ai plus tenu le compte de mes propres questions, ces questions qui étaient toujours les mêmes, avides, tenaces. Es-tu en droit de faire ça ? Ne Le trahis-tu pas ? Pire, ne trahis-tu pas tes semblables ?
"Au nom de Dieu..."
Lorsqu'une enfant vous regardait droit dans les yeux, de ce regard de persécuté - froid, tremblant, résigné - et que vous devez lui tirer dessus... est-ce que la prière est suffisante, pour apaiser votre esprit ? Est-ce que le fouet est assez, pour expier vos remords ?
Combien de fois, Jésus, combien de fois, t'en souviens-tu seulement, ai-je mortifié ma chair pour que mon esprit guérisse ? Et a-t-il guéri, au moins ?
LUI AS-TU PERMIS DE GUERIR, JESUS ?!
Les articulations de mes doigts blanchirent. Un frémissement agita mes mains jointes, pressées contre mon front. Le sang bourdonnait à mes oreilles.
"Au nom de Dieu..."
Qui étais-je ? Le soldat du Christ, ou l'immonde boucher ? Les Romains qui abattaient les premiers chrétiens ne se disaient-ils pas qu'ils le faisaient au nom de Jupiter, de Minerve, ou de Mars ? Ne protégeaient-ils pas leurs croyances ?
Quel est le pire, croire en Dieu, ou croire en son semblable ? Ces deux religions sont-elles opposées ? Jésus ne voudrait-il pas qu'elles soient une même et unique chose ?
"Au nom de Dieu..."
Puis-je aimer un être qui est fait de feu, ou d'ombre ? Puis-je aimer une telle aberration ? Si un agneau naissait au milieu de mes moutons... l'aimerai-je comme un autre ? Puis-je pardonner une telle dissemblance...
Mes dents se serrèrent.
"Au nom de Dieu..."
Je n'ai jamais prétendu être un saint. Je n'ai jamais affirmé que mon jugement valait plus qu'un autre. Mais Dieu a préféré que j'eusse le pouvoir de le faire prévaloir. Alors quoi ?
"Au nom de Dieu..." Quelle est la meilleure, de la justice de Dieu, ou de celle de l'Homme ?! "Au nom de Dieu..." J'ai tué. "Au nom de Dieu..." J'ai aimé. "Au nom de Dieu..." J'ai souffert et j'ai fait souffrir. J'ai obéi. J'ai servi, au-delà de tout ce que n'importe quel homme était en droit d'attendre d'un autre. Au nom de Dieu, j'ai tout damné.
Je me levais, le visage sombre, dans un grand craquement d'articulations. D'un pas raide mais rapide, je me dirigeai vers le confessionnal. J'en soulevai le rabat de tapisserie, avant de m'agenouiller de nouveau.
- Mon Père. - Mon Fils. - Que me répondez-vous si je vous demande une conversation et non une confession ? - Que c'est inattendu mais pas irrecevable. Devons-nous occuper le confessionnal pour si peu ? - Oui, mon Père. - Très bien, dans ce cas. Je suppose qu'un sujet vous préoccupe ? - En quoi consiste la foi, mon Père ? - Croire en la Trinité. - Qu'est-ce que cette dévotion demande ? - D'obéir au plus saint principe de l'Eglise : aimer. - L'amour peut-il mener au péché ? - Bien sûr, mon Fils. - Comment définir le péché ?
Un long silence se fit, avant que le prêtre ne le rompe enfin, légèrement hésitant.
- C'est la transgression des lois de la chrétienté. - Paul n'a-t-il pas dit qu'il n'aurait jamais connu le péché sans la loi ? - C'est pourquoi nous sommes les seuls juges de nos péchés. - En ce cas, que dire d'un homme qui juge les autres selon leurs péchés envers Dieu ? - Je te dirai, mon Fils, que c'est un idiot et une personne qui n'a pas compris les préceptes de Jésus. - Et que dire d'un homme qui tue les autres à cause des ces péchés ? me lamentai-je. - Ce n'est rien de plus qu'un assassin, mon pauvre enfant, soupira le prêtre d'une voix triste. - Alors, pardonnez-moi, mon Père, car je suis un homme aux mains rouges. Je me relevai, puis sorti de cette pièce sombre de bois, avant de me laisser tomber sur un banc. A côté de moi, j'entendais marmonner fébrilement le prêtre.
- In nomine patris et filiis et spiritus sancti... - Amen, fis-je d'une voix rauque.
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Sujet: Re: La Parole de l'Homme [PV Harmony Grace] Sam 7 Nov - 17:57
« Les rêves qu'on entretient deviennent des prières... et les prières auxquelles on ajoute foi deviennent réalité. »
Les rêves sont des espoirs que l'on voudrait réaliser d'une part, et de l'autre jamais, pour garder la magie de l'espérance. Quelquefois, ils deviennent réalité par le hasard, et souvent, nous devons y mettre notre petit grain de sel pour leur accomplissement. Ne dit-on pas que ce sont les illusions réussies qui forment le réel, ou plutôt notre réalité ?
Harmony voulait essayer autre chose que l'alcool ; plutôt que de se souvenir, elle voulait faire quelque chose de présent, qui l'aiderait plus que ses propres vices. Elle s'était posée la question, comment ? Et c'était en marchant dans la rue, en observant la pluie de novembre, que l'inspiration lui était venue, étrange et fugace. Elle qui n'avait jamais été croyante. Pour la première fois de sa vie, l'église d'Achaea se dressa à elle comme un lieu de réponses, et peut-être de réconfort quant à son avenir. Les vitraux colorés du bâtiment et l'architecture du lieu témoignaient d'une grande foi des fidèles pour accomplir ainsi un édifice non des moins complexes. Quel était donc ce dieu qui avait poussé tant de gens à agir, souvent au péril de leur vie, pour sauver leur foi et leur religion ? Des actes que certains pensaient irréfléchis, d'autres justifiés. Quel était ce dieu en qui tellement de personnes confiaient leurs doutes, leurs rêves, leurs souhaits, dans l'espoir de les voir se réaliser ? Harmony se confiait en l'alcool, ô douce vodka qui lui faisait oublier tous ses soucis ; quelques années plus tôt - mais personne de sa connaissance ne l'avait su -, avant qu'elle n'entre dans ce centre de désintoxication, son plus précieux ami avait été l'ecstasy, ou la cocaïne où elle devenait, le temps d'un trip, l'héroïne des contes de fée de son enfance. Y avait-il donc quelqu'un d'autre qui pouvait l'aider, sans porter atteinte à son organisme ? Harmony se dit qu'elle pourrait vérifier si Dieu était si attentif que cela aux problèmes de Ses enfants ; après tout, une prière n'est pas la fin du monde, ce serait un test, un simple test.
La jeune femme entra dans l'église, décidée à essayer. Les bancs semblaient vides, il n'y avait que celui à l'avant qui était occupé par deux personnes semblant prier. Comment faisait-on, pour prier, d'ailleurs ? Réciter un Notre Père ne l'intéressait pas, puisqu'elle ne pourrait pas dire ce qui brûlait en son coeur. Que devait-on dire ? Peut-être que les deux hommes à côté du confessionnal avaient une réponse à lui donner, mais elle hésitait à les déranger dans leur prière. Tant pis, elle voulait savoir ! Elle avança à pas silencieux vers la première rangée et s'assit à côté d'Alexikhaïl. Puis, sans tourner la tête vers ce dernier, elle murmura, assez fort pour que ses mots ne soient pas perdus dans la brume des pensées assaillant le russe.
« Quel est ce Dieu que vous priez ? »
Harmony était comme curieuse, et le son de sa voix avait l'écho d'une question d'enfant. Une question à laquelle elle en ajouta encore deux autres, avide de réponses sur un sujet dont elle ne connaissait rien.
« Est-ce vrai que la prière peut aider ? Et... comment prie-t-on ? »
Ces questions étaient plutôt destinées à être posées à un prêtre, mais Harmony n'avait pas remarqué la présence de ce dernier à la gauche de l'homme. Et puis, prêtre ou non, elle ne doutait pas que son voisin pourrait tout aussi bien l'éclairer quant à ses interrogations.
« Excusez-moi si mes questions vous dérangent, mais... j'ai besoin de réponses. Peut-être que vous aussi. »
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Sujet: Re: La Parole de l'Homme [PV Harmony Grace] Sam 7 Nov - 18:17
Rien. Je n'entendais rien, si l'on exceptait le murmure assourdissant qui règne en toute église. Cette rumeur bruyante, cette clameur inaudible qui fourmillait dans votre peau. Jusqu'à ce qu'enfin les mots pénètrent mon esprit.
« Excusez-moi si mes questions vous dérangent, mais... j'ai besoin de réponses. Peut-être que vous aussi. »
Elle ne m'avait pas regardé. Mais c'était bien à moi que ces paroles, vides d'assurance, s'adressaient. Je me penchais en avant, les coudes sur les genoux et le menton au creux de mes mains. Mes index vinrent se coller à ma bouche, sans empêcher celle-ci de s'ouvrir pour que je réponde à la jeune femme.
- Il est souvent moins douloureux d'avoir des questions que des réponses.
Je lui jetais un long coup d'oeil, en biais. Il me semblait avoir déjà vu ce visage. Ce visage qui portait ses cicatrices, ravageuses. Une chasseuse. Mon front se plissa comme je faisais un effort pour me rappeler ses questions. « Est-ce vrai que la prière peut aider ? Et... comment prie-t-on ? »
- Je ne sais rien de vous. Je dois bien l'avouer, je n'ai même pas retenu votre nom. Ce n'était pas une manière très agréable de parler à quelqu'un, mais je n'avais jamais fait dans la dentelle. Je ne sais donc pas ce que vous recherchez dans la prière. Généralement, les gens viennent ici subitement lorsqu'ils se retrouvent seuls. Avant, il y avait quelqu'un, un pilier pour soutenir leur existence. Et une fois que celui-ci s'écroule, c'est tout leur monde qui se brise avec fracas.
Je fermais les yeux, goûtant un instant le silence.
- Une illusion est dangereuse à vivre. On pense lui donner corps, et quand on s'aperçoit qu'elle n'est rien de plus qu'une mince verrière, ses morceaux jonchent déjà le sol. Et non content d'être aveuglé, on marche dessus en s'y blessant les pieds... c'est pourquoi la foi est si mortelle. Si vous ne la créez pas, si vous ne la martelez pas de toute votre conviction, alors elle n'existera jamais et finira par vous blesser. Êtes-vous prête à prendre le risque ?
Je n'avais pas besoin de la regarder pour savoir sa réponse ; je l'avais déjà vue auparavant. Elle n'était pas ici pour se lancer à corps perdu dans une entreprise de religion, non... elle était là pour s'y essayer. Cela ne suffirait sans doute pas, mais au moins, peut-être ne s'y couperait-elle pas.
- La prière peut effectivement aider. A défaut d'appeler à vous les ordres de Dieu, elle vous permet de discuter efficacement avec vous-même, en donnant une image à un interlocuteur invisible. Ainsi, il vous est plus aisé de structurer vos raisonnements et donc de prendre une décision claire et réfléchie. C'est souvent face au doute, que l'on prie.
Une nouvelle fois, je m'interrompis. Mes yeux se portèrent sur l'autel bordé de rouge.
- Beaucoup de gens prient de différentes manières. La plus sensée, à mon avis, est tout simplement de le faire seul. Parlez à Dieu. Confiez-Lui vos doutes, vos peurs, vos angoisses. Sa réponse vous deviendra rapidement évidente ; croyez que c'est Sa parole ou vous-même, cela ne m'importe pas. Ce qui compte, c'est que vous vous libèrerez.
Libérer... moi, je m'étais enchaîné dans la foi.
- Ce Dieu que je prie, murmurai-je, est un monstre.
Je ne sais pas si elle m'entendît. C'était toutefois si vrai.
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Sujet: Re: La Parole de l'Homme [PV Harmony Grace] Sam 7 Nov - 20:29
« Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la. »
Chacun des mots qu'Alexikhaïl prononça résonna ainsi qu'une vérité dans le coeur de la soldate. Elle avait perdu son pilier, avait cru pouvoir s'en construire un autre, qui n'avait cependant été qu'une illusion et ne l'avait pas plus aidée à vivre normalement. La définition de ce mot par l'homme troubla Harmony. Comment se pouvait-il qu'il ait tellement raison ? Du verre cassé, un coeur brisé et un esprit perdu dans un labyrinthe dans lequel il croyait pouvoir trouver son chemin.
- ... c'est pourquoi la foi est si mortelle. Si vous ne la créez pas, si vous ne la martelez pas de toute votre conviction, alors elle n'existera jamais et finira par vous blesser. Êtes-vous prête à prendre le risque ?
« Qu'est-ce qu'un risque ? Une des conséquences de se jeter dans l'inconnu, se plonger dans une partie de l'univers que nous ne connaissons pas. Il faut pourtant essayer, quelquefois, pour découvrir et apprendre. Rester entre des limites imposées, souvent par peur d'aller au-delà du connu, cela ne m'intéresse pas, je veux aller plus loin que les bornes du quotidien. »
Harmony écouta la suite du discours de son interlocuteur. Selon lui, la prière était un moyen de remettre ses idées clairement, une sorte d'analyse personnelle qui se déroulait pendant que l'on parlait à cet être invisible, Dieu. Mais elle recherchait des réponses sur l'avenir, et se confier à elle-même ou à Dieu ne lui suffirait pas. Ce qui différenciait ce dernier d'une voyante à la noix quelconque, c'est qu'elle voulait savoir s'Il lui répondrait et la rassurerait. Mais par quel moyen le Tout-Puissant le ferait ? Le tout était d'essayer, elle verrait alors comment le prétendu Créateur de l'univers s'occuperait d'elle - s'il le faisait.
« Pensez-vous donc que c'est notre conscience qui répondrait à nos prières, et non Dieu ? »
Elle l'entendit murmurer, comme à lui-même, de ce qu'il pensait de Dieu. Un monstre. Ce que pensaient la plupart des non-croyants, comme elle à certains moments. Mais s'il était vraiment ainsi, comment aurait-il pu instaurer si facilement son culte au fil des années, sous forme de centaines de religions, sans que ses fidèles ne le rejettent ? Et si Dieu était réellement un monstre, qu'est-ce qu'était cet être que l'on nommait le Diable ? Le Rusé, le Malin, le Tentateur...
« Si Dieu est un être parfait, Ses créatures ne le sont pas - c'est ce qu'on enseigne dans les religions. Donc, si Dieu était un monstre, Ses créatures devraient être destinées à être pires que lui. Qu'en pensez-vous ? »
Harmony ne lui demanda pas ce que ce Dieu avait pu lui infliger pour qu'il pense de cette manière, de même qu'elle n'aurait pas répondu si Alexikhaïl lui avait posé la question - ou du moins, vaguement. Elle ne cherchait pas à se confier en l'Homme, et peut-être que lui non plus. Mais si elle s'était vue de l'extérieur, elle se serait sûrement moquée de cette jeune femme qui préférait se confier en l'invisible, l'inexistant que à quelque chose de concret ou quelqu'un de réel. Peut-être parce qu'ainsi, elle ne craignait pas de réponse dérangeante. Cependant, savoir l'avenir pourrait sûrement, tout autant, la troubler, et peut-être la faire plonger dans une nouvelle dépression encore pire que la précédente. Si elle ne revoyait jamais, malgré l'attente, cet homme à qui son coeur s'était attaché furieusement. Evan... Soudain, elle se rendit compte qu'elle ne voulait pas connaître son futur, mais voulait entendre ce qu'elle souhaitait pour ce dernier, qu'en se confiant dans la prière elle avait plus de chance d'entendre sa propre volonté que celle de Dieu, vu qu'elle n'y serait pas attentive dans le cas d'une réponse négative. Une couverture, la prière n'aurait été qu'une simple couverture. Avait-elle donc si peur de prendre ce risque d'entendre ce qu'elle souhaitait pas ? Comme pour son père, elle aurait tant voulu qu'il ne lui dise jamais qu'il l'était biologiquement, en plus d'être adoptif. Mais cela faisait longtemps... en voudrait-elle à Dieu autant que son voisin et autant qu'à son père, s'Il lui apprenait qu'elle ne reverrait jamais son premier amour ? Sûrement, la rancune étant un don inné chez la jeune femme.
Que voulait-elle, en définitive ? Sûrement se confier, plus que savoir. Se confier en une autre entité que l'alcool, pour essayer, pour voir la différence. Dieu l'écouterait-il plus qu'un mortel, là était la question. La conseillerait-il ou lui répondrait-il ? D'autres personnes auraient dit à Harmony que pour cela, les psychologues existaient. Mais elle ne voulait pas thérapie, ni de médicaments, ni un être de marbre devant elle, elle voulait du vivant. Il y avait aussi les prêtres, mais elle ne se voyait pas confesser ses deux principaux vices à un inconnu. Harmony tourna la tête vers son voisin, et se souvint de son visage, appartenant à un des vagues souvenirs qu'elle emportait en sortant de la Base de l'Opération. Elle avait dû déjà discuter avec lui, même si elle ne se souvenait plus du sujet de conversation. Vague souvenir qui ne lui semblait pas mauvais.
« Je ne vous connais pas non plus, du moins ne me souviens-je pas parfaitement de vous. On dit qu'il est plus simple de se confier à un étranger... je me demande si Dieu ne m'est plus étranger que l'homme. Et si se confier en un monstre, ainsi que vous l'appelez, ne pourrait finalement rien changer à mon état d'âme actuel. Pareil en Ses serviteurs - les prêtres. Ils sont finalement une sorte de psychologue pour les gens ressentant trop profondément en eux le poids de la culpabilité. Et ils pensent qu'en parlant, le poids de leur péchés disparaît. Je pense qu'on s'en souvient toujours, malgré tout les efforts que l'on peut faire pour les oublier. On peut juste en supporter le souvenir... je ne sais pas pourquoi je vous dis cela, j'ai dû penser à voix haute. Sorry. »
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Sujet: Re: La Parole de l'Homme [PV Harmony Grace] Dim 8 Nov - 13:01
Je l'écoutais. Je ne l'écoutais pas à la manière d'un curé, en hochant la tête, tout en prenant du recul avec elle. Non, au contraire... mon regard était comme mort ; il dérivait sur les pierres lisses de l'édifice, se coulait dans les zones d'ombres, puis glissait à nouveau sur l'un des piliers massifs qui bordaient la nef. Discrètement, doucement, sans avoir l'air d'être ailleurs. Chacune de ses questions s'intégrait à l'église, s'encastrait dans un interstice. Chacune de ses questions avait une réponse, ici. Si c'était ce qu'elle était venue chercher, alors elle serait servie.
« Si Dieu est un être parfait, Ses créatures ne le sont pas - c'est ce qu'on enseigne dans les religions. Donc, si Dieu était un monstre, Ses créatures devraient être destinées à être pires que lui. Qu'en pensez-vous ? »
Je baissais les yeux sur ma main, que je venais d'ouvrir. Cette main qui avait souvent tué. Mes morts au nom de Dieu lui étaient-elles destinées ? Etait-ce le Seigneur qui les avaient abattues, toutes ces personnes ? Le divin monstre, ou l'humain ?
- Les créatures de Dieu sont toujours pires que Lui, il ne pourrait en être autrement, répondis-je lentement. Car alors, il ne serait plus Dieu. Votre question remet donc en cause la définition même du Tout-Puissant. Je vous dirai alors que je suis d'accord avec vous ; nous ne pouvons imaginer le Père comme un être absolu.
Comment cela serait-il possible, évidemment ? Il y avait trop d'exemples de la faillibilité de Dieu.
- Mais ce n'est pas une raison pour douter de Lui. Nous faisons ce que nous pouvons pour amener l'humanité sur le chemin qu'Il aurait aimé lui faire prendre.
Mais vînt un moment où elle parla. Longuement. Non, cette femme n'était pas venue ici pour parler à Dieu ou à ses plus proches serviteurs. Elle était là pour voir ce que l'église lui apporterait... pour voir ce que ceux qui venait y chercher quelque chose pouvaient lui donner. Et pour l'instant, cette personne, c'était moi.
- Vous savez, dis-je d'une voix adoucie, les hommes sont admirables par autant de côtés qu'on peut les détester. Certains viennent ici pour effectivement, confier le poids de leurs fautes à d'autres. Mais j'ai vu des personnes venir uniquement pour voir s'il y avait une raison valable à cette faute... s'ils avaient eu le choix.
Mes doigts se refermèrent sur un accoudoir.
- Pensez-vous que Dieu en veut au lion de tuer pour se nourrir ? Pensez-vous qu'Il nous observe, chaque seconde de notre vie, prêt à nous mordre à la moindre infraction ? Peut-être considérez-vous comme un péché ce qui n'en est pas un.
Finalement, je m'adossais avec satisfaction contre le dossier du banc.
- Et quand bien même ce serait une faute grave... pouviez-vous réellement faire autrement ?
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Sujet: Re: La Parole de l'Homme [PV Harmony Grace]
La Parole de l'Homme [PV Harmony Grace]
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