Sujet: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Sam 23 Juil - 1:30
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Achaea, dans la nuit du vingt-trois juillet. Les lumières de l'opéra agressent ma pupille constamment dilatée, et je plisse les yeux. L'inconvénient d'une telle malformation, en plus de ce qu'elle représente à mes yeux, à savoir un cuisant échec, et de l'effroi que j'inspire parfois au premier regard, est que les puissantes lumières au sein de la nuit ont tendance à me faire souffrir. Et ce n'est pas ce qu'il manque, ici, devant le théâtre géant devant lequel se pressent les foules d'hommes et de femmes vêtus de noir, aux ports altiers, et aux limousines resplendissantes. Pour la première fois depuis près d'une semaine, je respire l'air bourgeois dont les effluves que je n'avais plus senties depuis mon départ de Munich se trouvent décuplées sur le sol américain. Ce n'est pas par hasard. Après un premier pas hasardeux à New-York, il était devenu évident que j'avais grand besoin d'établir de nouvelles bases. L'idée s'était imposée d'elle-même : l'opéra. J'avais fait certaines recherches, et découvert que ce soir, à Achaea se déroulait une représentation d'un opéra de Wagner, Die Waküre. Mon premier opéra... La meilleure symbolique de nouveau départ que je puisse trouver en ce monde. Dans mon dos, un homme me héla.
« Barthe ! »
Je fais volte-face, et m'avance vers l'homme au volant de la limousine, qui avait baissé sa vitre pour une dernière discussion, tandis que son moteur vrombissait. Un homme rencontré à un feu rouge qui m'avait apporté l'opportunité rêvée de paraître normal dans un monde où richesse et profusion étaient autant d'attributs à exhiber que de qualités idéalisées. Je me penchais vers lui et m'accoudai à sa portière.
« Merci pour la course, Oswald, tu m'as sauvé la vie. -C'est le moins que je puisse faire, après les services que tu m'as rendu par le passé. Porte-toi bien, et appelle-moi. -Promis. Oh, et ne raconte pas à ta femme que tu m'as rencontré. Tu sais qu'elle me déteste depuis... -L'anniversaire de Lise... Je sais. Et quel anniversaire ! -Et quel anniversaire, en effet. Rentre bien, l'ami. Je te passerai un coup de fil. »
Un poignée de mains chaleureuse, et j'étais seul au milieu du parking, un sourire volatile au coin des lèvres. Ma main vola jusqu'à la poche intérieure de ma veste grise et en sortit détentrice d'une cigarette que mon Zippo vint enflammer avec le claquement caractéristique d'ouverture et de fermeture que je ne lui connaissais que trop bien. Un objet qui me suivait depuis plus longtemps que n'importe laquelle de mes autres possessions. Même mon téléphone, dont Oswald se demanderait bientôt où il avait bien pu mettre le numéro, était éphémère. Recrachant un épais nuage de fumée rendue ocre par les multiples éclairages du parking, je fis face à l'opéra, avant de jeter un coup d'oeil à ma montre. Onze heure et demi. La représentation nocturne ne commencerait qu'à minuit, j'allais prendre mon temps pour entrer sans ticket. Le milieu ne m'étant pas inconnu, c'était plus que ce qu'il fallait. Rejoignant le chemin pavé menant à l'édifice néoclassique me rappelant une version miniature du Bayerische Staatsoper, le plus grand opéra de Munich, je fis coulisser les rouages de mon esprit, fermement décidé à entrer comme si j'avais été invité. Après tout, c'était à des lieues de m'être impossible.
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« Monsieur, puis-je vous importuner un moment ? »
Entrer dans le hall n'avait pas constitué la moindre difficulté. Persuader l'un des hommes à l'entrée que je n'étais sorti que le temps de fumer une cigarette n'avait nécessité qu'un contact, et un sourire conciliant. Trouver une place, cependant, serait plus difficile. L'homme que j'avais appelé vint me voir, visiblement concerné par mon trouble. Avec mon accent parfois allemand, parfois français, qui donnait à mon anglais une forme si particulière, je lui exposai un problème factice, de manière à détourner son attention. Pointant un point du programme, je forcis légèrement mon accent pour plus de crédibilité.
« Il y a ici un mot dont je ne parviens pas à trouver le sens. Vous pouvez me traduire ? »
Il hocha la tête en souriant et tendit la main vers le programme. En tournant ce dernier dans sa direction tout en pointant le mot en question, qui était « thus », je frôlai « accidentellement » la main de l'homme. Il ne cilla pas, ne montra aucune trace de l'activité de ma mutation. Il répondit simplement à ma question, après quoi une ombre passa dans son regard.
« Êtes-vous Barthe Doll ? L'homme que j'ai eu au téléphone cette après-midi ? »
Je me retins de sourire, et répondis, la mine étonnée.
« Oui, c'est bien moi. Quel hasard, de tomber directement sur vous... Vous avez réussi à me trouver une place ? -On trouve toujours une place pour nos donateurs les plus généreux. Bien que votre intégration se soit faite en catastrophe – non, ne vous excusez pas, de quoi aurions-nous l'air, si nous ne prodiguions pas à nos sponsors ce qui leur revient de droit – nous vous avons placé dans une loge individuelle proche de la scène. Je vous reviens dans un instant. »
Il s'esquiva au pas de course, et je ne pus m'empêcher de constater que son teint virait lentement au livide. Quoi de plus normal, quand l'on oublie de parler à ses supérieurs d'un coup de fil parmi les plus importants d'une vie. A ses yeux, ne pas me trouver de place dans l'instant signerait son renvoi ferme et définitif du personnel de l'opéra. J'avais confiance. Il trouverait. Et sans en parler à quiconque. Ce serait notre petit secret. Je n'étais tiraillé par aucun remord à l'idée d'empêcher un spectateur méritant d'assister au divin spectacle d'une représentation de cet opéra de Wagner. J'avais d'ailleurs ouïe en Allemagne les plus belles critiques à l'égard de la troupe qui œuvrait ce soir.
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La loge numéro sept était aussi proche que je l'espérais de la scène. Mon généreux bienfaiteur n'avait pas fait les choses à moitié. Muni d'une par de lunettes grossissante que je tenais comme si je l'avais fait toute ma vie durant, je m'accoudai à la balustrade et observai l'édifice, attendant que le véritable spectacle commence. L'intérieur du théâtre était, à l'instar de sa devanture, la réplique miniature du Bayerische Staatsoper. L'idéal pour retrouver mes marques. Un sourire satisfait aux lèvres, je passai les minutes suivantes à observer chaque personne présente, détaillant dans sa forme la plus soignée le Rêve Américain dont j'étais venu m'emparer. Je ne désespérais pas un jour d'obtenir une telle place dans un tel opéra par des moyens plus conventionnels. La porte coulissante de ma loge bruissa, me laissant un instant perplexe, une mine étonnée sur le visage. Mon bienfaiteur n'avait visiblement pas pris la peine de laisser à cette loge son statut d'individuelle, en espérant sans doute que je ne songe pas à m'en plaindre. Lentement, je me retournai, un sourcil levé en direction de la jeune femme qui venait de faire son apparition. J'ignorai si elle s'attendait ou non à ma présence. Je me redressai, posai la paire de lunettes sur la balustrade, et souris, contrit. La situation était plutôt gênante, même pour moi. Si par malheur, cette femme décidait de se plaindre de ma présence dans ce qui était sans doute sa loge attitrée, à une autre personne que celle à qui j'avais insufflé ma volonté, les choses pouvaient rapidement dégénérer. Avant de jouer un quelconque rôle, je devais m'assurer qu'elle ait été ou non prévenue de ma présence ici.
« Je suis désolé de vous imposer ma présence. M'accorderez-vous de bonté de cœur une partie de votre loge ? Je m'appelle Barthe Doll. »
Je tendis timidement la main dans sa direction. Si elle la touchait, tous mes problèmes seraient résolus en un instant. Mon regard coula de ses yeux vers ses mains. Soudain, les lumières s'éteignirent, et la loge fut plongé dans une pénombre, qui bien que toute relative, m'empêchait de déterminer si ses mains étaient ou non gantées. Tandis que le sort semblait s'acharner contre moi dans les dernières secondes avant que les premières notes ne fusent de la fosse, et que les danseurs et chanteurs n'entrent en scène, j'attendis, fébrile, que le nœud du destin ne se dénoue.
◊ Sólveig K. Bjørn ◊
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Dim 24 Juil - 12:10
Il avait été prévu d'aller voir un opéra en compagnie de Curtis, Sólveig se réjouissait déjà et avait hâte que le soir arrive pour qu'elle puisse profiter d'un bon moment en sa compagnie. Oh, la jeune avocate n'était pas sotte, elle savait bien que son compagnon n'avait pas le même intérêt qu'elle pour cet art si particulier. Mais qu'importe, après tout l'essentiel n'était-il pas de passer un moment en compagnie de quelqu'un que l'on appréciait ? La jeune femme avait donc réservé deux places pour le soir même et était allé travailler avec l'espoir que la journée passerait plus vite, mais elle s'était fourvoyée et bien, visiblement l'optique de passer une bonne soirée en compagnie de l'homme de sa vie, ne faisait que rendre les secondes encore plus longues. Quoi qu'il en soit, après une très - trop - longue journée de boulot, elle fut soulagée de pouvoir quitter son bureau et rentrer à la maison pour se préparer à sortir en compagnie de Curtis. Il était prévu qu'ils aillent manger à l'extérieur avant de revenir se préparer pour aller à l'opéra puisqu'il était évident qu'ils n'allaient pas s'y rendre en habits de tous les jours. Mais une mauvaise nouvelle attention la jeune femme, à peine entrée elle vit le signal lumineux du répondeur clignoter, la brune enclencha donc le bouton pour écouter le message et la voix de Curtis résonna, lui demandant de l'appeler dès qu'elle rentrerait. Un soupir passa la barrière des lèvres de l'avocate qui pressentait que la soirée n'allait certainement pas se dérouler aussi bien qu'elle l'espérait, puis elle décrocha le combiné pour composer le numéro du professeur, enregistré dans la mémoire du téléphone. Il décrocha après le premier bip de sonnerie et après une brève discussion, expliqua à la jeune femme qu'il était retenu à sa conférence, un problème d'électricité qui avait fait sauter tous les plombs du secteur, y comprit des trains qui devaient rentrer à Achaea.
Il avait préféré ce système de transport soit-disant plus sûr, dommage, sans quoi il aurait déjà été ici. La trentenaire consulta sa montre avant de lui proposer de le rejoindre, il déclina l'offre en lui disant d'aller à l'opéra toute seule ou d'inviter un ami pour l'accompagner, elle protesta pour la forme, mais rien n'y fit. Sólveig raccrocha avant de décider d'y aller seule, elle se voyait mal appeler quelqu'un pour lui demander de jouer les bouche-trous. La jeune femme se pressa donc de ranger ses affaires, mangea en solitaire, nourrit rapidement les animaux, puis se glissa sous la douche histoire d'arriver toute propre à l'opéra. Après quoi, la Norvégienne se prépara rapidement, sortant sa robe « spécial opéra » puisqu'elle n'allait pas y aller dans une tenue qu'elle utilisait pour diverses occasions et enfin, attrapa ses affaires – qui se résumaient à un sac et une paire de clés – avant de sortir de l'appartement pour le fermer à clé. La brune dévala rapidement les marches avant d'arriver dans le sous-sol qui abritait les voitures de tous les résidents de l'immeuble, puis entra dedans avant de la démarrer pour prendre la direction de l'opéra. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'avocate était garée sur le parking du beau bâtiment et se dirigeait vers l'entrée avant de pénétrer dans le hall où elle fut accueillie par le responsable des lieux qui ne manquait jamais une occasion pour la saluer. Elle était un peu en retard et se contenta donc de lui offrir un sourire amical, mais il la retint en affichant un air à la fois honteux et contrit. Haussement de sourcils interloqué de la part de la jeune femme qui tendit l'oreille.
▬ Mademoiselle Bjørn, je suis navré, mais j'ai dû installer quelqu'un dans votre loge, un donateur très fidèle que j'avais malencontreusement oublié, il ne restait une place que chez vous, de plus je n'étais pas sûr que vous viendriez comme vous arrivez toujours en avance. » ▬ Il n'y a pas de mal. Elle sourit d'un air rassurant, comprenant l'homme, après tout les absents ont toujours tort non ? Cela tombe bien, mon ami n'a pas pu m'accompagner, il y a donc toujours une place de libre. Maintenant si vous le permettez je vais y aller avant de rater le début. » ▬ Mais bien sûr, passez une bonne soirée mademoiselle. »
Il hocha la tête, la remerciant d'un geste de la main avant qu'elle ne se détourne en soulevant légèrement sa robe pour ne pas marcher dessus, puis se dirigea vers sa loge en saluant les quelques autres retardataires. La trentenaire arriva finalement devant la porte avant de la faire glisser avec légèreté, puis de jeter un coup d'œil à l'intérieur pour poser ses yeux clairs sur le dos d'une personne accoudée à la balustrade. L'inconnu se retourna avant de se redresser en posant sa paire de lunettes et s'excusa de sa présence avant de lui demander l'autorisation de partager sa loge. Sólveig lui sourit, mais il ne dû pas le voir comme les lumières s'éteignirent juste à ce moment, elle s'approcha toutefois pour lui serrer la main avec sa main gantée – Curtis lui ayant aimablement offert une magnifique paire de gants pour aller avec sa robe – puis répondit d'un ton léger.
▬ Sólveig Bjørn, ne vous excusez pas, je vous en prie, monsieur Carmichael m'a fait part de son léger oubli, de plus je suis seule ce soir alors si cette place peut servir à quelqu'un, ce sera avec joie. »
Elle était de toute manière très partageuse et il y avait assez de place pour tout le monde. La jeune femme s'installa donc sur le fauteuil en faisant signe au prénommé Barthe qu'il n'avait pas à se gêner, il pouvait se considérer comme son invité. Elle retomba dans le silence comme les acteurs commençaient à arriver sur scène, son attention fut captée par autre chose et la jeune femme se contenta de poser ses mains sur ses genoux avant de planter ses yeux sur l'opéra qui débutait. Certaines personnes ne supportaient pas que l'on parle au cinéma, Sólveig était de ceux qui ne supportaient pas les bavardages à l'opéra, de toute manière elle n'était pas du genre à manquer de respect aux autres en bavassant inutilement, le premier acte se passa donc dans le silence le plus complet, simplement bercé par les voix des chanteurs qui évoluaient sur la scène. Elle fut enjôlée par la voix du chanteur vedette, ayant lu une critique plus que positive sur lui dans le journal du matin, cela ne l'étonnait guère, mais lui fit encore plus regretter la présence de Curtis. Il n'était pas tellement branché opéra, peut-être que cela l'aurait fait changer d'avis ? Finalement tout le monde évacua la scène et les lumières s'allumèrent à nouveau pour l'entracte tandis que Sólveig plissait légèrement des yeux pour ne pas être trop éblouie. Il faisait chaud, son don n'aidait pas à se sentir plus fraiche, elle retira donc les gants qu'elle portait aux mains avant de poser ses yeux clairs sur l'homme qui partageait sa loge.
▬ J'espère que ce premier acte vous a satisfait, c'est une bonne place en général, on peut dominer la scène et ne rien manquer, de plus je dois dire que la salle répercute parfaitement les sons, c'était une très bonne interprétation, ne trouvez-vous pas ? »
Peut-être avait-il envie d'aller se détendre un peu à l'extérieur ? Elle retomba dans le silence, ne général elle et Curtis restaient ici, ils ne fumaient pas, n'avaient pas besoin de prendre l'air, puis après tout, ils venaient ici pour se détendre, pour quelle raison iraient-ils vadrouiller dehors ? La trentenaire avait noté un léger accent dans la voix de son interlocuteur, un peu comme chez elle en réalité, un signe que l'Américain n'était pas sa langue maternelle, de plus son nom et son prénom n'étaient pas vraiment typiques du coin. La brune se décida donc à risquer quelques questions, s'il ne souhaite pas parler, il pourrait le lui faire comprendre et elle se tairait.
▬ Je ne crois pas vous avoir déjà croisé auparavant, est-ce que vous êtes nouveau en ville ? Il me semble que vous avez un léger accent, de plus j'imagine que votre nom marque une origine plus à l'est ? Excusez ma curiosité, si je vous importune, n'hésitez pas à me le faire remarquer. »
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Dim 24 Juil - 19:51
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Mon corps se raidit et se détendit tour à tour quand le contact satiné de son gant rencontra ma main, et quand elle accepta de bonne grâce ma présence. Elle avait eu vent de ma présence, et ne s'en offusquait pas. Ou du moins, elle n'en montrait rien. Elle s'installa, et quand la première note vibra dans l'air, je fis de même, à sa droite, le visage braqué sur la scène, les bras sur les accoudoirs, la jambe gauche passée par-dessus la droite. L'instant suivant, mon esprit était hors de mon corps, voguant entre la représentation qui se déroulait sous mes yeux, et les souvenirs de mon premier opéra, en compagnie de mon professeur particulier d'allemand. En quelques instants, je ne savais plus si mon ressenti était celui d'un enfant néophyte émerveillé, ou celui d'un adulte confirmé au sens aigu de la critique. Était-ce un premier acte parfaitement interprété, aussi bien musicalement que scéniquement ? Était-ce la valeur que cet opéra tenait à mes yeux ? Toujours était-il que mon esprit d'ordinaire aiguisé s'émoussa, que mon cœur battit à l'unisson avec la musique, que mes yeux devinent les miroirs entre la scène de mon âme, que je ne trouvais aucun défaut aux notes, aux gestes et aux couleurs. Quand le premier acte s'acheva, il me sembla qu'une dizaine de secondes s'étaient écoulées, et je fus brutalement rappelé à moi-même, remarquant que des larmes coulaient sur mes joues, que ma bouche était légèrement entrouverte et que mes mains s'entrechoquaient, applaudissant la première partie du spectacle. Le programme indiquait un entracte d'un quart d'heure. Serait-ce suffisant pour me remettre de mes émotions ?
La voix de ma compagne improvisée s'éleva, et je braquai mon regard dans le sien. J'en avais oublié sa présence. Un vent de panique souffla sur mon âme, et mes mains vinrent précipitamment sécher mes yeux. Il était rare que je sois si négligeant. Il était rare que je montre une partie réelle de mes émotions à qui que ce soit. Cette jeune femme, Sólveig, m'avait-elle dit, était une des rares personnes qui aurait pu y prétendre. Je souris, et fis abstraction de mes larmes, espérant que la semi-pénombre et l'éblouissement soudain ne lui auraient pas permis d'en être le témoin.
« Ne vous en faites pas. Je ne suis pas ceux qui considèrent la curiosité comme un défaut. En vérité, je la trouve essentielle en bien des occasions. »
Bien qu'erratiques, mes mots constituaient à mes yeux une vérité absolue. En effet, mon pouvoir ne me prévenait pas des imprévus, et un usage irréfléchi de mon pouvoir, sans m'être renseigné sur ma cible, pouvait me propulser hors de l'incognito, ce que je n'étais pas prêt à subir avant d'avoir décidé de la manière. Sans développer plus avant, et sachant qu'elle comprendrait mon point de vue sans en connaître les véritables raisons, je répondis à ses interrogations, mesurant soigneusement la portée de mes mots.
« Mon nom est pourtant plus américain que le vôtre. Mais je comprends que ma manière de le prononcer vous ait fourvoyée. Je suis en effet nouvellement arrivé en ville, et même plus largement au pays. Il y a encore deux semaines, j'étais en Allemagne, à Munich, mais de sombres affaires m'ont menées à vouloir me faire oublier. »
J'eus un léger rire. Je n'aurais pas pu trouver meilleure manière d'évoquer les circonstances de mon départ. Mes yeux se détachèrent un instant du regard de la jeune femme tandis que la clameur de la foule s'élevait progressivement. Nombreux étaient ceux qui s'étaient levés pour quitter la salle, afin de profiter de l'entracte dans le hall, pour discuter à leur aise de ce qu'il leur avait été donné de voir, ou de fumer. Pour ma part, je n'en ressentais pas le besoin immédiat. Le premier acte m'avait plongé dans un tel état que mon seul besoin notable était d'assister à la suite. Par chance, Sólveig m'offrait un parfait palliatif, une conversation. Non, mieux que ça. Ce qui s'approchait le plus d'une confidence.
« Depuis mon arrivée en Amérique, je cherche mes marques, je vais de motel en motel, de ville en ville, sans jamais trouvé le moindre point d'encrage. Achaea est la première ville dans laquelle je me suis rendu sans suivre le hasard. Pour ce soir, cette représentation, dans ce théâtre dont je suis donateur de longue date. »
J'avais failli oublier d'ajouter ce dernier détail à mon histoire. Si elle avait eu connaissance de ma présence dans sa loge, il était tout aussi probable qu'elle ait été mise au courant de ma prétendue situation.
« Die Walküre est le premier opéra qu'il m'ait été donné de voir, il y a vingt ans. Pour la première fois depuis plus d'une semaine, je me sens chez moi. Je songe à rester à Achaea, peut-être alors m'y croiserez-vous souvent. Mais si vous vivez ici, peut-être serez-vous à même de m'en dissuader ? »
Finalement, mes yeux revinrent aux siens. Pour la première fois, je remarquai à beauté de son regard, de ses yeux aussi bleus que les miens, à l'époque où ils témoignaient tous deux du même éclat. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire, de ceux faisant le constat d'une bonne surprise.
« Dites-moi, Sólveig, à part un opéra magnifique, des hommes généreux et des jeunes femmes agréables, que trouve-t-on à Achaea qui puisse me plaire ? »
Ce disant, je m'étais levé et accoudé à la balustrade, mon dos contre elle, et mon regard baissé, ancré dans celui de celle qui m'allouait une part de sa loge. Je ne lui disais pas tout. Je ne pouvais pas tout lui dire. Je n'attendais pas de cette ville qu'elle soit un simple port de plaisance. Je cherchais à savoir si je pouvais y trouver une occasion d'inscrire mon nom dans l'histoire du monde. Il y avait un point de l'histoire de cette ville que je n'avais pas évoqué. Le nombre d'incidents liés aux mutants y était anormalement élevé. Si elle venait à me le confirmer, il ne ferait aucun doute que je perdurerais en ces lieux. J'avais suffisamment joué avec les humains.
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Mar 26 Juil - 13:29
La Norvégienne fut agréablement surprise en entendant son interlocuteur déclarer qu'il ne considérait guère la curiosité comme étant un défaut, tant mieux, avec un métier comme le sien la jeune femme avait tendance à laisser cet intérêt pour le mystère, prendre le pas sur le reste. Essentielle, c'était aussi de la sorte que l'avocate voyait ce trait de caractère, mais elle espérait simplement qu'il n'allait pas changer d'avis au fil de leur conversation, du moins s'il daignait lui accorder son temps pendant l'entracte. Visiblement oui, car il enchaîna en répondant à l'un des multiples questions de la brune, expliquant que son nom était pourtant plus Américain que le sien, ce qui ne manque pas de dessiner un léger sourire sur les lèvres de la concernée. En effet, son nom de famille n'était pas vraiment des plus Américains, mais elle n'était pas originaire de ce pays c'était donc normal. Sólveig fut plutôt heureuse d'entendre que son interlocuteur était en Allemagne il y a peu de temps, un Européen, ou qui y avait séjourné du moins, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été amenée à en croiser, puis sa rencontre avec la professeure de Français en tous les cas. Attentive, la jeune femme ne détournait que rarement ses yeux clairs du visage de l'amateur d'opéra, elle trouvait bien plus intéressant de pouvoir bavarder avec un inconnu que de contempler les belles tentures que l'on voyait sur la scène. Il enchaîna alors en expliquant que les affaires qui l'avaient fait quitter ce pays le firent arriver en Amérique et que depuis ce moment, il cherchait des endroits où pouvoir se poser. Un soupir de compassion se fit entendre, Sólveig savait que ce n'était guère aisé de trouver ses marques dans un pays que l'on ne connaissait pas vraiment.
C'était toutefois surprenant qu'il ait été donateur d'un tel endroit sans jamais y être passé, mais peut-être avait-elle mal compris quelque chose et qu'il avait déjà été à Achaea ? Cette ville n'était pas inconnue du grand public après tout, c'était donc quelque chose de tout à fait envisageable. La conversation glissa alors vers l'opéra avant qu'il ne déclare qu'il envisageait éventuellement de rester en ville et qu'ils seraient peut-être amenés à se recroiser. Un sourire se dessina sur les lèvres exemptes de maquillage de la brune, dans son intérêt mieux valait que ce soit dans le civil, s'ils se croisaient alors qu'elle passait sa tenue d'avocate, ce ne serait certainement pas bon pour lui, ou pour elle. Elle rigola légèrement lorsqu'il lui demanda de plus amples détails sur ce qu'il pourrait trouver en ville, usant d'un compliment caché comme elle les aimait. Une légère moue de réflexion se dessina sur son minois avant qu'elle ne bouge légèrement pour trouver une position plus confortable, détournant brièvement ses yeux céruléens pour observer les environs, avant de répondre tout en reportant son regard sur lui.
▬ Je dirais qu'Achaea recèle de tout un tas de petits trésors, il faut simplement savoir les trouver. J'ignore quels sont vos goûts, mais nous avons d'excellents restaurants de toutes les origines, un bel opéra comme vous l'avez constaté par vous-même, ainsi que beaucoup d'expositions artistiques. En vérité, même si je suis là depuis plusieurs années, je ne saurais vous dire tout ce qu'il y a de plaisant à voir. »
Il était vrai que l'endroit était très vivant, les expositions s'enchaînaient, mais n'étaient pas forcément du goût de tout le monde. Après, proche de Las Vegas il y avait bien évidemment des casinos et des lieux de loisirs qui allaient de paire, mais Sólveig n'y avait jamais fait un tour comme son intérêt pour les jeux d'argent était des plus moindre. L'on disait souvent que le riche le devenait en étant pingre, la Norvégienne pouvait se considérer comme plus qu'aisée, mais devait tout son argent à beaucoup de travail, par conséquent elle imaginait très mal dépenser des milles et des cents en claquant des doigts, sur une simple roulette ou une carte. Peut-être que son interlocuteur s'y intéressait ? Elle s'en assura en bonne conseillère.
▬ Peut-être que les jeux d'argent ont de l'intérêt à vos yeux ? Nous avons un casino plutôt réputé en ville, ainsi qu'une chaîne de loisirs tenue par le même gérant. Il y a aussi l'hôtel Nevada, un bel hôtel, mais plutôt cher pour les bourses les moins pleines. »
Dans son esprit, le prénommé Barthe était réellement un donateur et par conséquent il devait être riche pour pouvoir se permettre de telles dépenses, un hôtel comme celui de Salvatore Gambino ne serait donc rien de bien difficile à aborder en toute logique. Sa curiosité fit une nouvelle fois surface, elle osa glisser une petite question, d'apparence innocente, mais qui la taraudait depuis tout à l'heure. En bonne avocate, elle se devait de mettre ses doutes à plat et de trouver une réponse digne de ce nom. Loin d'elle l'idée de mettre en doute la sincérité et la véracité des dires de l'Européen.
▬ C'est donc la première fois que vous venez à Achaea ? Comment avez-vous trouvé l'opéra ? J'imagine que quelqu'un vous en a certainement parlé pour que vous deveniez un donateur aussi assidu, peut-être un de nos habitués ? »
Il n'y avait aucune question piège, il s'agissait simplement d'une question comme une autre, son ton indiquait bien qu'elle ne soupçonnait par le jeune homme de chercher à l'embobiner, même en étant avocate la belle avait encore la capacité d'accorder sa confiance aux gens qui lui semblaient respectables. Sólveig croisa ses jambes avant de saisir ses gants pour les caresser légèrement histoire d'occuper ses mains alors qu'elle répondait une fois de plus à l'Allemand.
▬ Comme vous venez d'Allemagne, j'ignore si vous connaissez la réputation de cette ville, on parle beaucoup de mutants et de combat qui les opposeraient aux autorités humaines. Les rumeurs vont bon train, il faut avouer que cette ville est considérée comme la pionnière du recensement des mutants et que par conséquent, elle attire tous les jeunes étudiants en biologie et filières qui y sont liées. »
Un léger soupira passa la barrière de ses lèvres, Sólveig était elle-même venue en ville parce qu'elle savait que pour commencer la lutte contre le racisme, ce serait certainement la meilleure des idées. Chaque fois qu'elle discutait avec quelqu'un, qui que ce soit, la discussion tournait sur ce sujet plutôt épineux. Ses yeux expressifs se posèrent sur le visage de Barthe, cherchant à voir une quelconque réaction, certaines personnes n'aimaient pas discuter de sujets comme celui-ci et si tel était le cas du jeune homme, elle changerait de sujet. Un léger sourire naquit alors sur ses lèvres tandis qu'elle ajoutait quelques mots d'un air vaguement amusé.
▬ Monsieur Doll, seriez-vous un criminel recherché pour fuir ainsi l'Europe ? »
Ce n'était qu'une simple plaisanterie, elle s'amusait de bien peur de choses, mais il n'était pas sûr que ce soit du goût de l'intéressé pour autant.
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Mar 26 Juil - 16:01
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Tandis qu'elle parlait, mon visage se faisait pensif, pesant chaque argument qu'elle me donnait selon leur juste valeur. L'opéra était certes le point le plus évident. Il était celui qui m'avait mené à cette ville dans un premier lieu, et en plus d'une représentation de goût, s'était fait le théâtre de ma rencontre avec elle. Pour l'heure, et bien que ne connaissant rien d'autre d'elle que son amour pour l'opéra, je devais lui accorder bien des qualités en faisant une femme aimable. Non contente d'être une exquise créature, ses mots, son port, et ses yeux brillaient d'une intelligence rare. J'avais par le passé été amené à rencontrer tellement de personnes qu'il m'était devenu difficile de me tromper sur leur compte dès le premier regard. Et rien de ce qu'elle faisait, de ce qu'elle disait, n'allait à l'inverse de ce jugement.
Quand elle cita les casinos, ma bouche se tordit d'un sourire à la fois empreint et dénué d'humour. Pour le monde entier, le casino était un moyen permettant de gagner une petite fortune facilement, pour peu que la chance soit avec eux. Je comprenais ce point de vue, mais mes aptitudes m'amenaient facilement à dénigrer cette approche. A mes yeux, le hasard était tout sauf une bénédiction. Agir au hasard n'apportait rien de bon, tandis que l'exactitude, un plan bien ficelé, une connaissance parfaite de ce que je convoitais, m'en faisait cadeau sans la moindre marge d'erreur. Bien sûr, je n'étais pas exempt de quelques actions hasardeuses, mais rien que je ne pouvais rattraper par la suite. Néanmoins, quelque soit ma répugnance pour le hasard comme il apparaissait dans les casinos, le jeu m'attirait, et je n'excluais pas d'y prendre part, un jour ou un autre.
Je fus ramené à moi par un nouvel assaut de questions. Un sourire plana sur mon visage alors que je me faisais la remarque que sa curiosité n'était pas innocente. J'ignorais tout du pourquoi, mais j'avais l'intime intuition qu'elle fonctionnait comme moi sur ce point, bien que j'avais appris à dissimuler ma curiosité derrière une certaine retenue. Je sentais néanmoins que plus la discussion avancerait, moins je réussirai à rester de marbre : Elle me fascinait. De légers mouvements attirèrent mon regard en deça de ses yeux, sur ses mains qui caressaient machinalement ses gants. Le fait qu'elle les ait retirés ne m'avait pas échappé, mais je n'avais nul besoin de faire usage de mon pouvoir sur elle : elle avait accepté ma présence, et s'en accommodait visiblement fort bien. Le mot de « mutant » surgit alors d'entre ses lèvres, et mon regard revint sur le sien. Mon visage restait de marbre, mais je buvais ses paroles. C'était là l'information que je désirais. C'était donc vrai. Les mutants semblaient se réunir ici, et même si personne ne semblait vouloir le dire à voix haute, tout le monde pensait que quelque chose de gros se préparait. Dans mon dos, mon poing droit se serra pour étouffer d'infimes tremblements d'excitation. Il n'y avait plus d'hésitation à avoir. Achaea était pour moi the place to be.
Soudain, avec un sourire, elle me posa une dernière question... Une question qui me laissa coi quelques instants. Mes sourcils se haussèrent. Un grand sourire s'étira sur mon visage tandis que je délaissai la balustrade pour m'approcher d'elle et me pencher jusqu'à ce que mes mains atteignent les accoudoirs. Nos regards se défiant l'un l'autre, je lui susurrais, sur le ton de la confidence.
« Vous êtes de la police, mademoiselle Bjørn ? Je vous en prie, avant de m'embarquer, laissez-moi assister à la suite de ce plaisant opéra en votre compagnie. »
La plaisanterie que j'avais décelé sur son visage et dans son ton était aussi bien décelable de mon côté. Mais il y avait quelque chose en elle qui me poussait à poser la question de telle manière. Je voulais en avoir le cœur net. Sa question m'avait désarçonné un instant, et cela aurait pu me coûter cher. Au bout de quelques instants, je me redressai. Il était impossible qu'elle ait posé la question autrement qu'innocemment. Après tout, j'avais passé les sept dernières années à m'assurer que rien ni personne ne m'inculperait. Et je n'aurais pas quitté l'Allemagne sans savoir que le travail avait été bien fait, que mon passé ne me poursuivrait pas jusqu'en Amérique. Il faut parfois totalement se délester de ce que l'on traîne pour pouvoir avancer. Je l'avais fait. Sur un ton enjoué, un sourire aux lèvres, et la main droite posée sur le cœur, je lui fis part de mes certitudes.
« Cependant, vous ne découvrirez jamais aucune preuve de ce que vous avancez. Je suis né en Allemagne d'un père américain et d'une mère française. C'est mon professeur d'allemand qui m'a initié à l'opéra. Ses moyens ne lui permettaient pas de faire le moindre don. Par la suite, les colères de mon père m'ont vu quitter le domicile familial. Un homme fortuné sans héritier m'a recueilli comme son fils adoptif, et c'est à son contact que je suis devenu donateur. »
Ma main se détacha de ma poitrine et désigna d'un large geste l'ensemble de la salle d'opéra.
« Saviez-vous que l'architecture de cet édifice est scrupuleusement identique à celle du Bayersiche Staatsoper, le plus grand opéra de Munich, lui-même inspiré du Théâtre de l'Odéon à Paris ? Vous comprendrez ainsi ce qui m'a amené à vouloir l'aider à prospérer. »
Mon bras se baissa et revint pendre à mon flanc. La joie manifeste de cette rétrospection s'envola, comme un oiseau sentant approcher une tempête. En plus de mentir comme un arracheur de dents, je jouais la comédie comme si j'étais moi-même sur la scène de cet opéra, devant un public averti. Un silence s'installa, que je rompis après avoir repris ma place sur le siège à la droite de Sólveig, les yeux vissés sur mes mains qui se promenaient sur leurs accoudoirs.
« Je n'ai pas fui l'Europe. C'est elle qui m'a fuit. Il y a deux mois, mon père adoptif cessa de se considérer comme tel. J'imagine qu'il pensait que j'en avais après son héritage. La fortune est bien souvent accompagnée de paranoïa. Je ne suis pas sûr d'être encore son héritier sur le papier, et à vrai dire, je n'en ai cure. Notre altercation l'a amené à me frapper durement. Mon œil en portera éternellement les séquelles, de même que mon âme. J'ai quitté l'Allemagne, n'y avant plus ma place, vers une Amérique et son American Dream. »
Bien qu'ayant été affecté du souvenir de m'avoir pris sous son aile, mon père adoptif s'était toujours demandé, sans vraiment me le dire, pourquoi il m'avait choisi moi. Il m'avait paru logique de l'investir de ce nouveau souvenir avant de quitter l'Allemagne. Mes yeux revinrent croiser ceux de ma compagne improvisée. Un sourire sans teint sur le visage, j'achevai mon mensonge.
« Mais vous n'êtes sans doute pas venue ce soir en espérant assister à deux drames. Je suis navré, Sólveig, n'en parlons plus. Dites-moi plutôt pourquoi une femme comme vous est venue vivre à Achaea, alors que les mutants s'y rassemblent et que les événements s'y multiplient ? D'après vos dires, j'ai l'impression que quelque chose d'énorme se prépare, peut-être vaudrait-il mieux que vous quittiez la ville avant qu'elle n'explose... »
Plus aucune tristesse dans ma voix ou sur mon visage. J'étais devenu sérieux... Mortellement sérieux. S'il n'était pas encore certain que l'activité des mutants ces derniers temps à Achaea signifie quelque chose, j'étais pour ma part déterminé à ce qu'il en soit ainsi. Or, cette femme me plaisait, et je ne voulais pas la savoir au milieu de tout cela quand quelqu'un, peut-être moi, ferait tout éclater. Un instant, je songeai à user de ma mutation pour l'éloigner... Mais je me ravisais. Ma main vola néanmoins vers la sienne et la serra, pressante.
« Je sais reconnaître un ground zero en devenir quand j'en vois un. Et Achaea en est manifestement un. Je ne peux que trop vous conseiller de partir avant que les choses ne dégénèrent. »
Je savais que la discussion prenait un tournant à la fois regretté et regrettable. Je me doutais aussi qu'avant le deuxième acte de l'opéra, l'un de nous quitterait la loge pour ne pas y revenir. Je savais qu'elle désirerait probablement se soustraire définitivement à ma présence. Peut-être même qu'elle me prendrait pour un fou annonciateur de la fin du monde... Mais avais-je le droit de le regretter ? Sans doute pas. Mes yeux profondément ancrés dans les siens y cherchaient une lueur, quoi que ce soit m'indiquant sa réaction.
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Mer 27 Juil - 15:41
Sólveig ne se départissait pas de son calme, observant l'homme avec un calme apparent et un intérêt qui ne cessait d'augmenter. Elle se laissait facilement captiver par les personnes qui possédaient les mêmes centres d'intérêts qu'elle, mais lorsque c'était dans un cadre aussi particulier que cet opéra qu'elle affectionnait beaucoup, l'attrait était plus présent. Il s'approcha sans qu'elle ne bouge, se contentant de le suivre de ses yeux clairs en tendant l'oreille aux paroles qu'il prononçait. Lorsque Barthe lui demanda si elle était de la police, un sourire à la fois amusé et mystérieux se plaqua sur ses lèvres pleines, peut-être était-ce simplement de l'amusement, peut-être encore le cadre de la discussion lui donnait envie de jouer les intrigantes, elle ne savait pas vraiment. Le fait était qu'elle resta silencieuse, ne se donnait ni le luxe de le rassurer ou de l'inquiéter davantage. Sólveig était bien placée pour savoir que bien souvent, le simple énoncé du nom de sa profession suffisait à inquiéter des personnes à l'esprit peu tranquille, au même titre que la profession de policier. La suite ne tarda pas à arriver, après lui avoir demandé de lui épargner la douleur de manquer la fin de cet opéra, l'Européen enchaîna en déclarant qu'elle ne découvrirait aucune preuve de ce qu'elle présumait. Sa main sur son cœur, il donnait presque l'impression d'être dans un tribunal et de chercher à convaincre un jury invisible, sauf que pour le coup, il n'avait qu'une seule femme à se mettre dans la poche. Les explications très plausibles qu'il avança pour expliquer le fait qu'il était donateur eurent pour effet de satisfaire la curiosité de la brune. Même si elle avait joué les mystérieuses en avançant l'idée qu'il soit un criminel traqué, la jeune Norvégienne n'en avait pas réellement l'idée, il n'y avait donc aucune raison qu'elle remette sa parole en doute après tout. Qui disait « avocat » ne disait pas pour autant « personne incapable de faire confiance ». Heureusement.
Si elle en était arrivée au point de ne plus pouvoir accorder sa confiance à qui que ce soit, elle n'aurait pas sa place en tant que Seconde de Genesys. La demoiselle ne le quitta pas du regard alors qu'il désignait les environs en lui demandant si elle savait que l'architecture des lieux était liée à un autre opéra et elle secoua la tête avec négation. L'architecture avait beau la captiver chaque fois qu'elle venait ici, ce n'était pas vraiment son rayon et Curtis aurait été plus à même de voir une telle particularité. La jeune femme était trop captivée par les spectacles qui s'y passaient pour pouvoir envisager de se laisser occuper l'esprit par autre chose. Un petit silence s'installa, un ange passa, puis la voix légèrement teintée d'un accent de l'est s'éleva une fois de plus pour expliquer qu'il n'avait pas fui l'Europe, mais qu'il y avait été obligé en raison d'un comportement quelque peu paranoïaque de son père adoptif. Le regarde de la brune se troubla un instant, les sujets comme celui-ci la touchait toujours, elle était en froid avec son père depuis son départ de la Norvège alors que c'était l'homme qu'elle admirait le plus sur Terre, entendre d'autres personnes touchées par des histoires à peu près semblables la chagrinait. Lorsqu'il parla de son œil, elle ne parvint pas à s'empêcher de glisser son regard sur celui-ci, ce n'était pas effrayant, juste... Original, étonnant était le mot, mais ça ne le rendait pas affreux pour autant, loin de là. Il s'excusa alors en détournant la conversation sur un autre sujet, lui demandant à juste titre ce qu'elle était venue faire dans un tel environnement avant de lui conseiller de quitter la ville avant qu'elle n'explose. Un sourire se serait installé sur ses lèvres s'il ne lui avait pas attrapé la main au même moment pour lui déclarer qu'il ne pouvait que lui conseiller de s'en-aller avant qu'il ne soit trop tard.
Leurs regards s'échangèrent un bref instant avant qu'elle ne secoue doucement la tête puis retire sa main de celle de l'homme, le tout avec une douceur mêlée à une certaine fermeté, même si son apparence laisser peut-être envisager le fait qu'elle soit une faible femme, c'était très loin d'être le cas. Sólveig n'avait jamais accepté de s'éloigner du danger lorsqu'il y en avait en vue, au contraire elle avait même pour habitude d'aller en première ligne, le discours du sénateur qui avait viré à la guerre entre les hostiles et l'Opération Apocalypto en était la preuve. Elle avait frôlé le pire en manquant de se faire recenser ce jour-là, ce n'était pas pour autant qu'elle allait fuir. Mais comment expliquer cela à un homme qui ne voyait d'elle qu'une humaine et non une mutante membre d'un organisme secret cherchant à aider les mutants ? La trentenaire sourit légèrement avant de répondre d'un ton toujours aussi doux qu'auparavant, mais beaucoup plus sûre d'elle.
▬ Sachez que je ne fuis jamais devant le danger. Je suis venue à Achaea pour être au cœur de cette « guerre » en réalité. Elle avait volontairement appuyé sur le mot guerre. Je suis avocate et je défends principalement les droits des mutants, vous pouvez me comparer aux avocats qui défendaient les noirs pendant la répression si vous le souhaitez. Excepté le fait qu'elle était elle-même mutante. Je suis venue ici pour remplir une objectif que j'avais commencé avec un ami, qui n'a malheureusement pas réussi à vivre assez longtemps pour y parvenir. Mais tout cela doit vous sembler bien obscure et comme vous l'avez dit, nous ne sommes pas ici pour assister à un second drame. »
Elle sourit légèrement, retourner les échappatoires des gens contre eux-mêmes, c'était sa spécialité, s'il trouvait un moyen de le contourner elle en profiterait pour faire de même de son côté, c'était généralement ça qui empêchait ses interlocuteurs de fouiller plus longtemps. La jeune femme ne tenait pas à parler de son ami avec un inconnu, déjà que son compagnon ignorait pratiquement tout à son sujet, la Genesys restait très mystérieuse à ce sujet et seul un télépathe aurait la possibilité d'en apprendre plus long en violant ses souvenirs. Sólveig était volontairement restée polie tout en lui faisant bien comprendre qu'elle ne quitterait jamais cette ville. Prenant un ton plus léger, la demoiselle enchaîna après un bref moment de silence.
▬ Et d'ailleurs, qu'entendiez-vous par « une femme comme vous » ? Une bigote prêchi-prêcha ? Une amatrice d'opéra ? Est-ce que vous avez toujours pour habitude de mettre en garde des inconnues ? Je dois avouer que votre altruisme vous fait honneur, un vrai gentleman. »
Elle ne se moquait nullement de lui, c'était simplement sa manière de montrer que c'était plutôt inhabituel comme comportement. Ce n'était pas tous les jours qu'un inconnu lui prenait la main en lui suggérant de quitter cette ville. Au fond, la demoiselle avait autant retiré sa main pour montrer son refus que pour éviter qu'il ne sente la chaleur qui s'en dégage, cela surprenait toujours les gens de sentir la chaleur qui émanait d'elle et elle devait déployer des trésors de patience et de ruse pour expliquer ce phénomène sans mentir effrontément. La trentenaire détestait mentir. Son attention se porta provisoirement sur les environs, observant l'opéra sous un nouvel angle après ce que son mystérieux compagnon du moment venait de lui déclarer à son sujet, puis elle décroisa ses jambes pour les croiser dans l'autre sens avant de conclure sa petite intervention d'un ton patient et avenant.
▬ Je vous remercie de votre attention toutefois, mais je me demande du coup.... Elle tourna la tête et posa ses yeux bleus sur lui. Si vous connaissez la réputation de cette ville, c'est assez surprenant de voir que vous vous jetez dans la gueule du loup, je devrais vous retourner votre avertissement, mais étrangement j'ai le sentiment que vous êtes venu ici pour ça. Elle haussa les épaules. Mais peut-être suis-je trop habituée à voir des sens cachés sous chaque comportement allez savoir. »
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Ven 29 Juil - 6:05
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[justify]Mon visage trésaille quand sa main quitte la mienne. Inutile d'attendre ses paroles pour connaître sa réponse. Quel que soit le danger, Sólveig resterait en Achaea. D'abord affligé d'une incompréhension paniquée, mon visage se tend, mes dents se serrent et mon front se plisse quand elle m'en explique les raisons. Ainsi donc, cette femme est déterminée à défendre jusqu'au bout les mutants contre les humains, mettant en avant ses habilités d'avocate. Qu'elle me retourne mes paroles m'empêche de lui en parler plus avant, de chercher des arguments pour la contraindre à ma volonté. Malgré tout, rien ne peut cesser de m'y faire songer. Ses intentions sont louables. La ségrégation des mutants avait déjà commencé longtemps avant ma naissance, et qu'elle y soit aussi fermement opposée, étant donné ma propre condition, ne pouvait que m'affecter. En d'autres circonstances, je savais que j'aurais pu compter sur elle. Si j'étais né en Amérique, et que j'avais eu besoin d'un avocat, pour une quelconque raison, j'étais persuadé qu'elle aurait passé la porte de ma cellule pour m'aider au mieux. A cette simple idée, mes traits se détendirent, et mon visage se fit serein. Néanmoins, mon regard resta triste, torturé. Elle n'en devenait que plus sympathique encore, et pas une seconde son statut ne m'évoqua un quelconque danger quant à mes années frauduleuses passées. Non, mon esprit était tout entier tourné vers mon futur, et vers le sien. Mes actions pourraient la mettre en danger, et j'étais déterminé à passer un point de non-retour, qui malgré ma mutation, ne lui donnerait sans doute aucune envie de me défendre en cour martiale, si tel devait être mon destin. Mais pire encore, faire éclater une guerre à Achaea la mettrait en danger. Je savais qu'il était inutile de chercher à la faire changer d'avis, que lui révéler ma condition ou mes buts ne mènerait qu'à me mettre des bâtons dans les roues. Je cédai. Qu'il en soit ainsi. Cette simple discussion avait déjà dépassé le rôle de plaisance. Mais pour moi, plus que pour elle, qui ignorait toute la vérité, il s'y infiltrait progressivement un goût de tragique. Nous aurions pu être alliés. Mais nos destins respectifs semblaient en avoir décidé autrement.
Elle parla à nouveau, et mes sourcils se haussèrent, tandis que ses mots chassaient toute la tension de mon esprit pour y inscrire une nouvelle légèreté gênée qui ne me quitta pas jusqu'à ce qu'elle achève son discours sur quelques inquisitions. Un sourire contrit pris possession de mon visage, et mes mains se levèrent, paumes vers elle, dans une forme de négation.
« Non, ce n'était pas ce que je voulais dire par là. Je ne me permettrais pas de... Enfin... »
Mes épaules retombèrent, de même que mes bras, alors que je reprenais mon souffle, ordonnant mes esprits pour mettre des mots justes sur des idées à peines effleurées. Quand je pensais avoir trouvé, mon regard repris une énième fois possession du sien. Il ne restait alors qu'un spectre de sourire sur mes lèvres, et une franchise sans limite. J'avais beau être un habile menteur, il m'arrivait, parfois de me sentir le devoir de dire vrai. La jeune femme était une des rares personnes avec qui j'échangeais si longtemps sans l'avoir manipulée grâce à mon don au préalable. Il était somme toute normal que certains éclats de vérités se fassent derrière mes faux-semblants.
« J'entendais que vous étiez une femme gentille, et droite, franche... Que vous étiez le type de personne à faire face à un tsunami et à tenter de le stopper de front. L'image doit vous paraître bien dépréciatrice, mais c'est ce que je vois en vous. Un courage à l'épreuve du feu, qui – croyez-moi bien, j'espère me tromper – vous consumera un jour. »
Je baissai les yeux sur mes mains qui s'agitaient maintenant autour d'un petit objet métallique qui tintait alors que je l'ouvrais, le refermais, le faisais tourner, le rouvrais, le refermais, tout cela avec une dextérité apprise pas l'expérience. Mon briquet à essence était ma manie la plus représentative d'un sentiment de malaise. Car je me sentais mal à l'aise, de lui exposer ceci en métaphores. Le capuchon tinta une dernière fois, se refermant, alors que mes yeux revenaient sur elle, teintés d'un sérieux mortel.
« C'est la raison pour laquelle vous ne fuyez pas la guerre qui se prépare. Et la raison pour laquelle vous devez la fuir. Je crains pour votre vie comme je crains pour celles de tous les téméraires qui se lèveront pour les mêmes raisons que vous. Et bien que ce ne soit pas mon rôle, je voudrais vous éviter une pareille fin. Je suis pourtant sensiblement différent de vous. »
Elle l'avait bien exprimé. Je n'étais pas venu pour les mêmes raisons. A elle, et plus particulièrement parce qu'elle était avocate, et qu'elle était promise à m'être confrontée, le plus indirectement possible, espérais-je, je ne pouvais lui révéler mes intentions quant à cette ville, et à ce qui s'y tramait. Le mensonge ne mit pas longtemps à prendre racine dans mon esprit.
« Vous n'avez pas tout à fait tort. Je suis venu en Achaea en connaissant les rumeurs. Maintenant que vous me les confirmez, je suis convaincu de vouloir y perdurer. Cette explosion à venir est une opportunité. C'est le Rêve Américain, que je pourchasse. Au cœur de ce conflit, je suis déterminé à trouver l'aventure, à vivre comme un forcené et à tirer mon épingle du jeu. Tandis que vous ferez face au tsunami, j'irai dans le même sens que lui, en tentant de le gravir pour me retrouver au sommet... Ou je mourrai en essayant. »
Ma voix se brisa, et je dus me racler la gorge pour continuer.
« Cela doit vous paraître fou. Mais je suis un homme sans attache, qui n'a plus rien à attendre du monde qui l'entoure. Alors quand je vois une opportunité de vivre pleinement, je ne peux que la saisir. Je suis... A l'image de Siegmund avant qu'il ne retrouve l'épée de son père. Une épée nommée Achaea. »
Mon bras s'était légèrement tendu vers la scène pour illustrer ce à quoi je faisais référence. Die Walkure. Je n'avais pas été cherché bien loin l'inspiration de mon voile de mensonges. Comme pour répondre à mon geste, les lumières se voilèrent brusquement une seconde fois, et après quelques secondes de silence durant lesquelles mes yeux aveuglés par la pénombre cherchaient encore le regard de Sólveig, la première note du deuxième acte s'éleva, coupant court à notre discussion.
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L'acte dans lequel l'homme auquel je m'assimilais mourait, de par l'orgueil et la confiance démesurée qu'il portait en son épée. La situation aurait pu m'arracher un sourire, mais un détail dérangeant m'en empêche. L'acte deuxième ne me transcende pas comme l'avait fait le premier. La qualité de la musique comme du jeu des acteurs n'a pourtant pas chuté. Cela venait de moi. Mon esprit avait sensiblement changé, depuis lors, était devenu préoccupé. Mon regard se détourna un instant de la scène pour se porter sur Sólveig. Je faisais le nécessaire pour rejeter au plus profond de moi-même la tragédie qui se jouait à mon sens entre elle et moi. Pourtant, cela me préoccupait. A tel point que j'en étais bouleversé. Une demi-douzaine de fois, je ne pus empêcher mon regard d'aller chercher le sien, et sans le trouver pour autant, retourner à la scène. Finalement, mes yeux se fixèrent aux comédiens, et n'en bougèrent plus. Néanmoins, mon esprit vogua ailleurs, passant et repassant les mots qui s'étaient prononcés ici, comme un kaléidoscope. Je ne savais plus quel point du drame se déroulait en contrebas, et je n'en avais cure. Mon esprit était occupé. Mon premier jour à Achaea se teintait de gris. Quand le moment serait venu de quitter ma compagne, quel serait le compte rendu de la soirée ? Je l'ignorais.
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Ven 29 Juil - 12:13
Sólveig ne parvenait pas à quitter son interlocuteur du regard, il parlait autant dans ses gestes et dans ses regards, que dans ses paroles, la demoiselle tentait de ne rien rater de cette double discussion. C'était étrange, il agissait comme s'il avait réellement craint pour sa vie, c'était plutôt inhabituel, autant parce qu'ils avaient simplement échangé quelques mots que parce qu'il dégageait l'impression de connaître des choses qui ne seraient pas les mêmes que celles de la Norvégienne. Est-ce qu'il possédait des sources plus fiables que celles de l'avocate ? Elle en doutait sincèrement, après tout la brune était directement en contact avec bon nombre d'évadés de l'Opération et énormément de mutants venaient leur donner diverses informations que ce qu'ils avaient entendu ou appris. Une fois de plus, l'esprit cartésien de la trentenaire prit le dessus, lui murmurant au creux de l'oreille que le comportement étrange de cet homme ne devait être que le signe d'une certaine originalité et d'un mode de vie différent du sien. Mais elle ne parvenait pas à se convaincre elle-même, pas entièrement tout du moins, quelque chose en elle refusait d'accepter une explication aussi simple. Sólveig laissa un léger sourire lui gagner les lèvres alors que Barthe manifestait une certaine gêne, elle avait volontaire laissé glisser la conversation dans ce sens, la gêne évite souvent bien des questions, lorsqu'on craignait de se retrouver considéré comme un butor, l'on prenait beaucoup plus de pincettes. Au moment où les épaules de l'Européen s'affaissèrent, elle tenta d'en comprendre la raison, mais il ne lui en laissa pas le temps, réorientant aussitôt ses yeux vers les siens pour esquisser un très léger sourire avant de reprendre la parole d'un ton plus franc.
Une avalanche de compliments qui ne dessinèrent rien de plus qu'un sourire léger sur ses lèvres pleines, elle avait appris à ne pas se sentir charmée par de telles paroles, combien de fois lui avait-on offert de telles éloges simplement pour obtenir quelque chose d'elle ? Oh, elle n'envisageait pas que ce puisse être le cas de l'Allemand, mais disons simplement qu'elle le voyait comme un homme très bien élevé qui savait parler aux femmes, un peu à la manière de Theo Paradise, mais en occultant le côté séducteur en série. Le genre d'hommes que les femmes aimaient côtoyer et Sólveig ne faisait pas exception. Lorsqu'il parla d'un feu qui puisse la consumer, elle rigola très légèrement, pour elle-même, s'il parlait au sens littéral du terme elle ne craignait absolument rien, ce n'était pas donné à tout le monde d'avoir une peau ignifugée ! Mais l'avocate n'était pas sotte, elle comprenait ce qu'il voulait lui dire par cette image bien trouvée, cela faisait belle lurette qu'elle le savait, on ne sortait pas indemne d'une telle œuvre, elle finirait certainement pas se brûler les ailes à force de vouloir trop aider, mais c'était un risque qu'elle connaissait et qu'elle acceptait. Curtis était arrivé et avait beaucoup chamboulé ses plans, il était plus facile de pouvoir tout perdre lorsqu'on était seul, mais le destin en avait décidé autrement. Quoi qu'il en soit, la brune ne se faisait pas d'inquiétudes, ce moment arriverait lorsqu'il arriverait et aller se cacher au fin fond de la Norvège ne servait à rien. Pour vivre heureux vivons cachés ? Elle n'était pas adepte de cette idée, au contraire même, si la trentenaire gardait son secret concernant son origine, c'était uniquement pour conserver sa crédibilité devant les tribunaux, sans quoi elle aurait depuis très longtemps dévoilé son appartenance. L'anonymat était un luxe qu'elle pouvait encore se permettre, elle n'avait aucunement le droit de le bafouer alors que tant de personnes dépendaient d'elle.
Il était agité, le briquet ne cessait de cliqueter dans sa main alors que son interlocutrice restait aussi calme qu'elle pouvait se le permettre vu la situation, puis la voix de l'homme se fit à nouveau entendre alors qu'il la regardait d'un air différent. Des paroles mystérieuses qui éveillaient de nouvelles questions dans l'esprit de la jeune femme, il avait l'air de savoir plus de choses sur cette guerre qu'elle, peut-être avait-il des contacts particuliers avec les hostiles ? Difficile de savoir, pourtant Sólveig était souvent amenée à être en relation avec le chef des hostiles, ou du moins ses hommes. D'un autre côté, elle n'avait pas été au courant de tout ce qui c'était déroulé pendant l'allocution du sénateur il y a de cela quelques mois. Un léger soupir de la part de la jeune femme alors que Barthe reprit la parole, il confirma son idée au sujet du fait qu'il était venu ici à cause de la réputation de cette ville. Elle ne s'était pas fourvoyée, il essayait bien de profiter de la vague produite par les hostiles, cela la désolait, mais elle n'allait pas tenter de le convaincre du contraire. Visiblement il faisait partie de ces personnes qui n'envisageaient pas que la race mutante puisse perdre face aux humains, Sólveig refusait tout bonnement d'entendre parler de « races ». Elle hocha doucement la tête tandis que le cheminement de ses pensées se faisait avec plus de difficultés, quelle étrange situation que voilà, la vague sensation que quelque chose se jouait là, l'étreignit plus fort sans qu'elle ne puisse intervenir pour autant. Il parla d'un homme sans attaches, elle en avait plus que lui sans aucun doute, mais des attaches qui allaient dans le même sens qu'elle et lui permettraient de tenir bon face au tsunami.
C'est à ce moment que la musique recommença, les lumières s'éteignirent soudain, un léger brouhaha se fit encore entendre puis ce fut le silence le plus complet, seulement brisé par les voix des chanteurs qui continuaient leur petite vie sur scène sans se douter de ce qui c'était joué dans cette loge. Sólveig n'arrivait plus à se concentrer, elle fut tentée de se lever pour quitter la loge et laisser son compagnon du moment seul, mais cela aurait été lâche et elle n'avait pas pour habitude d'agir de la sorte. L'acte lui sembla beaucoup plus loin, elle capta du coin de l'œil que son interlocuteur lui jetait quelques regards, mais resta obstinément concentrée sur le spectacle qu'elle ne voyait plus vraiment. Le temps passait plus lentement et lorsqu'enfin la fin du second acte qui signait aussi la fin de l'opéra, arriva, la jeune femme ressentit un certain soulagement. Finalement, même si elle n'était jamais contre de nouvelles rencontres, la Norvégienne aurait préféré que Curtis se trouva avec elle, aucun doute que Barthe n'aurait pas autant parlé de ses idéaux. Son côté Genesys la poussait à l'avertir, mais elle ne pouvait le faire sans se mouiller. Les chanteurs saluèrent, tout le monde applaudit et la demoiselle glissa à nouveau ses mains dans ses gants avant de se redresser, esquisser un mouvement vers la sortie, puis finalement se raviser et regarder Barthe.
▬ Il faut que nous sachiez quelque chose monsieur Doll, cette ville n'est pas sans défense, la haine contre les mutants ne date pas d'hier et pourtant vous constaterez que l'épée dont vous parlez n'a pas été assez dangereuse pour déclencher cette guerre. Elle utilisait un ton calme et patient comme si elle parlait à un enfant. Je me dresse contre les tsunamis, je sais ce que j'ai à perdre et mes proches en sont conscients, sachez que ne pas avoir de personnes sur qui s'appuyer peut être aussi dangereux que d'en avoir, se retrouver seul dans un tel combat peut être plus dangereux que vous ne le pensez. Elle inspira légèrement. J'espère que vous savez bien nager monsieur Doll, à force de vouloir surfer sur les tsunamis, vous finirez par chuter à l'eau et jusqu'à ce jour, je n'ai jamais vu un tsunami s'arrêter pour épargner une personne. Elle repoussa une mèche de cheveux avant de conclure. La différence entre eux et nous, c'est que nous sauvons chaque personne qui se place sur notre route, nous ne sacrifions pas nos semblables pour terrasser notre ennemi. Je suis navrée de constater que nos avis divergent à ce niveau, j'ai pris beaucoup de plaisir à parler avec vous. »
En somme, elle lui signifiait bien qu'ils seraient effectivement opposés dans cette bataille et que malheureusement, il y avait peu de chances pour qu'ils puissent à nouveau profiter d'un opéra ensemble. Difficile de le dire sans vraiment se mouiller, surtout qu'elle avait parlé de « eux » en pensant aux hostiles et de « nous » en visant Genesys. Mais elle ne s'était pas réellement vendue, le simple fait de sous-entendre suffisait à se protéger des oreilles indiscrètes. Elle le regarda en silence, quêtant une quelconque réaction. Un adieu ? Pas réellement, plutôt un au revoir.
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn] Dim 31 Juil - 16:38
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Elle se leva, extrêmement vite, ne montrant pas une once d'hésitation, et se dirigea sans un mot vers la sortie. J'attendis tout bonnement qu'elle le fasse. Ce dernier acte nous avait sans doute respectivement plongé dans un besoin irréductible de solitude. J'avais eu le temps et le loisir, l'opéra n'excitant plus ma curiosité, de me figurer pourquoi. Malgré les points communs qui étaient ressortis de notre discussion, nous étions différents. Comme des aimants qui ne supportent pas la présence de l'autre, et s'en éloignent autant que possible. Pour peu que l'un d'entre nous ait été inversé, j'étais persuadé que l'inverse se serait produit. Mais nos évolutions respectives nous avaient amené à cette confrontation de natures. J'ignorais de quoi avait été pavée la route de sa vie. Mais je ne connaissais que trop bien la mienne. J'avais foulé aux pieds tant de mensonges, de tromperies, de choses laides et contre-nature que je m'en étais imprégné. Mais contrairement à beaucoup, je n'y avais pas été forcé par un quelconque événement malheureux survenu dans mon enfance. Personne ne m'avait battu, violé, ou même influencé. J'avais toujours tenu les rênes. J'avais toujours tout décidé. J'étais naturellement mauvais. Elle était naturellement bonne.
Cependant, elle ne passa pas immédiatement la porte coulissante, et se retourna pour m'adresser ses derniers mots. Dos à elle, je ne me retins plus de sourire, bien qu'avec une tristesse manifeste. Bien qu'elle n'ait pas saisi à la perfection ma nature ou mes buts, bien qu'elle ne me connaisse à le fois que trop bien et trop mal, une donnée restait immuable : nous n'étions pas faits pour collaborer. Bien sûr, je pouvais changer ce détail. Je pouvais tout changer. Mais je ne le ferais pas. Pour l'heure, elle n'en savait pas assez à mon sujet pour représenter un danger. Juste une douleur dans ma poitrine. La règle numéro un : ne pas « influencer » quelqu'un sans y être obligé. Soudain, mes sourcils se haussèrent, à la mention de deux mots. « Eux » et « nous » ? Mutants et humains ? Avait-elle là une si faible considération pour ceux qu'elle disait vouloir protéger ? Non, c'était autre chose. Je rejetai cette énigme aux frontières de ma perception, me promettant d'y revenir rapidement. Pour l'heure, je me redressai, et lui fis face.
Mon visage n'exprimait rien, alors. D'un mouvement calme et forgé par l'habitude, je réajustai ma veste, et fouillai dans l'un de ses pans pour en extraire une cigarette. Dans mon autre main, mon briquet. Lentement, je marchai sur elle, les yeux une fois encore plongés dans les siens, tentant de dessiner une image limpide de ce regard si particulier, ainsi que du visage qui y était associé. Ce que je faisais toujours quand je quittais quelqu'un que j'étais amené à revoir en ignorant les conditions de cette rencontre. Si son esprit avait changé d'ici-là, ses yeux me le diraient avant sa bouche. Au moment de passer à côté d'elle, mes lèvres se descellèrent :
« L'épée doit être maniée. La guerre aura lieu. Mais détrompez-vous : quand cela arrivera, j'espère de tout cœur ne pas être seul. Je marche seul depuis trop longtemps. Mon plus grand désir est que quelqu'un me rejoigne dans ma marche avant que je ne sois contraint de m'arrêter. Nos routes sont différentes, mademoiselle Bjørn. Mais elles se recroiseront un jour. Jusqu'à ce jour, portez-vous bien, et continuez de ne suivre que la route que vous désirez suivre. »
La porte coulissa, et je la franchis sans un regard en arrière. Je savais que nos routes étaient indéfectiblement amenées à se recroiser, et je me doutais qu'elles empiéteraient l'une sur l'autre. Avec un sourire amusé, je me laissais aller à penser que peut-être, c'était dans un tribunal que je pourrais recroiser ce regard. Mais je préférais songer à l'infime possibilité que nos chemins ne se rejoigne que pour coexister. Le destin était si obscur, paré de tant de conjectures, que je n'en démordais pas avant d'avoir quitté l'opéra. Une fois dehors, le vent de l'air libre fit s'envoler les pans de ma veste, et mes sombres pensées. Mon pas cessa sur le seuil, et après quelques instants, je haussai simplement les épaules, et repris mon chemin vers le parking. Ma montre indiquait trois heures du matin.
Mon regard passa sur les limousines étincelantes et vrombissantes qui hurlaient dans le parking en attente de leur propriétaire. Chacune avait son chauffeur et son maître. M'en emparer serait une grossière erreur. Au centre du parking, mon regard se tourna vers l'est, où les lumières de la ville brillaient, plus encore que ce que j'en avais aperçu en venant. Achaea, l'endroit où tout commencerait. La cigarette que j'avais sortie dans la loge rallia le coin de mes lèvres, et le tintement métallique de mon briquet se fit entendre. Tant pis pour la vitesse, j'avais tout mon temps. Mon pas m'amena à quitter le parking et à suivre la route en direction du centre-ville, où j'espérais trouver une jeune femme suffisamment saoule ou en détresse pour ramener n'importe qui chez elle. Et si mes espoirs étaient vains, qu'à cela ne tienne, je forcerai le destin. J'en avais le pouvoir.
Un sourire amusé fit son apparition sur mon visage, tandis que d'un soupire, j'expirai un épais nuage de fumée rendue ocre par la lueur des lampadaires. Déjà mes plans s'ébauchaient. L'information était la première denrée qu'il me faudrait en abondance, et j'en ferais l'acquisition dès demain. Par la suite, j'aurais besoin de contacts. Enfin, je me parerai d'alliés. Sóveig avait fait mention de la nécessité d'avoir quelqu'un à ses côtés pour survivre au tsunami. Elle ignorait que je disposais d'une certaine... facilité pour ranger quiconque sous mon drapeau. Néanmoins, comme je le lui avais dit, je ne désespérais pas de trouver quelqu'un dont la route rejoindrait sans mon concours la mienne. C'était déjà arrivé. Cela arriverait à nouveau. Comme Odin, j'avais besoin de Valkyries pour ne pas succomber au Ragnarök.
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Sujet: Re: N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn]
N'est pas Valkyrie qui veut. [Sólveig K. Bjørn]
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