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Barthe Doll.

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Barthe Doll. Vide
MessageSujet: Barthe Doll. Barthe Doll. EmptyJeu 21 Juil - 14:56







Nom, Prénom, (Prénom)

« Nom : Doll
« Prénom(s) : Barthe
« Sexe : Masculin
« Âge : 27 ans.
« Origine Génétique : Mutant.
« Origine Géographique : Allemagne, Munich.
« Métier : Aucun métier fixe.
« Date de Naissance : 10 Janvier 1998.
« Lieu de Naissance : Munich.
« Orientation : Hétérosexuel.
Description Physique

Un mètre soixante-quinze, soixante cinq kilos, telles sont les seules données immuables qui composent l'apparence de Barthe. En effet, il lui arrive fréquemment de changer certains détails de son apparence pour s'adapter à un rôle ou passer inaperçu si le besoin s'en fait sentir. Mais en règle général, l'homme se voit paré d'une chevelure blonde qui surplombe des yeux dépareillés. L'oeil droit est encore détenteur de sa couleur bleue d'origine tandis que le second, à la suite d'un coup au visage, voit sa pupille constamment dilatée. L'on pense souvent que Barthe a les yeux vairons. Il n'en est rien. Quelque soit l'heure du jour ou de la nuit, il se pare d'une chemise blanche couverte par une veste grise, lui donnant une apparence à la fois soignée et discrète. Ses mains habilles sont perpétuellement nues, afin de pouvoir exercer sa mutation en toute circonstance.
Description Mentale

Quand il arrive en Amérique, ses objectifs sont ambitieux. Il cherche sans en avoir l'air une occasion de se projeter au sommet du monde. D'un naturel emporté et dénué de finesse, il sait cependant se faire patient et mesuré, même si sa nature a tendance à exploser parfois, le plus souvent dans l'intimité. Il considère le monde comme un spectacle de marionnettes dont son don le fait maître s'il le désire. Cependant, la solitude réelle de sa vie passée laisse en lui des traces de regrets, et il ne désespère pas de changer son mode opératoire pour satisfaire ce désir de compagnie réelle.
Particularités

N'ayant jamais eu de réel besoin de se battre avec ses propres poings, aucune cicatrice ne marque son corps à l'exception d'une légère, très légère entaille sur sa tempe gauche, là où il a reçu le coup qui a transformé son œil. Au-delà de ses ambitions, il nourrit une passion manifeste pour l'opéra et quelques autres manifestations musicales de grande envergure. Ses habitudes l'ayant amené à vivre dans des milieux aisés, il rechigne à retourner à une vie mesurée tant que la situation ne l'y oblige pas. Sa capacité à manipuler les gens l'a amené à développer un certain sens du théâtre, qui donne parfois l'impression à ceux qui le rencontrent d'être en présence de monsieur tout-le-monde.
Groupe et Pouvoir

« Groupe : Non-Recensés.
« Raisons : Son appartenance à ce groupe n'est à l'origine pas de son fait. Ses parents, mus par la peur d'être parents d'un enfant traité comme un être indésirable, ont fait tout le nécessaire pour qu'aucun test ne soit effectué sur son compte. Par la suite, il ne put que les féliciter d'avoir suivi cette voie, puisque sa mutation et ses ambitions nécessitent l'incognito. Lui-même a passé ses sept dernières années à effacer une à une ses traces pouvant lui porter préjudice en Allemagne, afin de jouir d'une liberté totale une fois en Amérique.
N'ayant pas une fois fait face à un mutant en Allemagne, les évitant pour la simple et bonne raison qu'ils étaient plus disposés à contrecarrer de manière inattendue ses plans, il n'a aucun contentieux à leur encontre. Au contraire, à présent qu'il juge son apprentissage comme achevé, il juge que leur potentiel est bien plus profitable que celui des humains. Quant aux factions qui composent l'Amérique, il jugent que toutes lui permettent une rapide ascension et qu'il devra toutes les jauger avant de décider de laquelle est la plus profitable. Quant aux humains hostiles aux mutants, il ne nourrit aucun ressentiment à leur égard. Il nourrit au contraire une certaine curiosité à l'égard de ces téméraires.

« Pouvoir(s) : Implantation de souvenirs.
« Description : Barthe a mis une dizaine d'années à percevoir les limites exactes de sa mutation. Les souvenirs qu'il peut insuffler à autrui ne doivent concerner que lui, et l'implantation nécessite un toucher direct d'épiderme à épiderme. De cette manière, Barthe peut devenir pour n'importe qui n'importe quelle personne. Cependant, les limites de ce pouvoir sont abruptes et ne laissent pas de place à la négligence : à la moindre erreur, la moindre incohérence, n'importe qui peut se rendre compte du subterfuge et prendre l'homme de court.
Barthe implante des idées imprécises qui ne prennent une forme précise que grâce à l'inconscient de sa cible. Au cours de son périple, il a appris à en percevoir la forme finale à condition que le souvenir soit terriblement simple, ce qui est un avantage indiscutable. Cependant, il arrive que l'implantation d'un souvenir soit tellement incohérent que la cible se rend compte du subterfuge. Il est alors nécessaire de remplacer ce souvenir par un autre par une seconde utilisation de la mutation. L'on en arrive donc à la deuxième défaillance du pouvoir.
Plus Barthe fait usage de son don sur une personne, plus celle-ci est à même de se rendre compte de la supercherie. En effet, plus les souvenirs factices s'additionnent, plus ils représentent une grande quantité de temps vécu. L'inconscient se réveille rapidement pour informer la cible de l'impossibilité d'avoir vécu autant de choses, et élimine les faux souvenirs.
Barthe fait généralement le nécessaire pour éviter ces ennuis, en se renseignant par avance sur les occurrences possibles de souvenirs passés.
A l'inverse de beaucoup de pouvoirs, celui de Barthe est aisé à dissimuler au sein d'une foule. Cela aidant, il en fait usage quotidiennement et fréquemment, ce qui lui permet de le maîtriser de manière bien plus avancée que certains autres mutants aux pouvoirs voyants.
Histoire

Ma vie est une telle succession de vies que je peine parfois à m'en faire à moi-même le récit. Mais il m'est parfois essentiel, comme en cette occasion, de ce faire. Aussi vais-je faire de mon mieux pour retracer le chemin exact de mon existence, à quelques incertitudes près.
Les sept premières années de ma vie sont les plus claires, car aucun faux souvenir n'y fait obstacle. Je suis né d'une mère Française, et d'un père Américain. A cette époque, les rumeurs sur les mutants allaient bon train, et comme toute personne censée, mes géniteurs furent hantés par la peur de donner naissance à un enfant aux dons particuliers. Sur les conseils de leurs amis, eux même conseillés par leurs amis, qui avaient choisi de contourner l'examen de naissance, ils quittèrent Manhattan, et s'installèrent à Munich, plusieurs mois avant ma naissance. C'est donc en Allemagne que je vis le jour le 10 Janvier 1998. Je ne fus soumis à aucun contrôle, dans une clinique spécialisée qui allouaient une immunité aux parents craintifs. Ils ne surent jamais qu'ils avaient gagné le gros lot en suivant les conseils d'une population apeurée. Quoi qu'il en soit, ils tombèrent fous amoureux de l'Allemagne, et s'y installèrent définitivement, déterminés à me procurer l'éducation si célèbre de ce pays, malgré leurs faibles ressources.
En effet, mon père étant marionnettiste (un métier dont il avait contracté la passion grâce ou à cause de son nom), et ma mère professeur de français, l'aisance nous était interdite. Nous vécûmes néanmoins heureux. Durant sept longues années qui passèrent aussi vite et dénuées d'obstacle que les premières heures d'un fleuve dévalant une montagne après la chute des neiges. C'est ensuite que mon histoire se corse. La vie serait un long fleuve tranquille ? Mon cul. Les fleuves rencontrent leurs affluents, et ces affluents perturbent l'essence même du courant.

_______

J'avais donc sept ans quand mes talents se sont révélés à moi. Ma mère avait pour habitude de dire, du fait de sa profession, que quiconque maîtrisait la langue maîtrisait le monde. Ce n'était pas tout à fait mon avis, à plus forte raison quand trois langues étaient à maîtriser, entraînant deux professeurs particuliers, ma mère faisant office de troisième. L'anglais et le français ne constituaient pas de réelle difficulté, puisque je les entendais sans cesse chez moi. Mais l'allemand était une autre paire de manches. J'avais beau être né en Allemagne, je suivais des cours dans une école anglaise, où mes petits camarades parlaient couramment une langue avec laquelle je n'avais aucune difficulté. La troisième se révélait si différente que j'en fis de moi-même un obstacle presque insurmontable, et ce malgré les fréquentes visites au domicile de mon professeur particulier. En à peine quelques semaines, je montrais si peu d'intérêt pour ses tentatives de m'ouvrir à sa discipline qu'il décida de changer d'angle d'attaque. J'assistai alors à mon premier opéra : Die Walküre, de Wagner. Cette approche de l'allemand, des plus ludiques pour un gosse de sept ans, m'enchanta dès les premières notes. Elle avait cependant le défaut d'être coûteuse. Si le professeur Zanfried m'offrit les premières représentations, il m'informa que ses moyens ne lui permettaient pas de réitérer indéfiniment ses invitations. Il proposa que j'en informe mes parents afin qu'ils m'y aident.

Mais il ne connaissait pas ma famille autant que moi. Nous vivions de peu de choses, et évitions tout type d'excès. L'opéra était un excès. Le soir-même, je ne réussis pas à parler de ces cours particuliers, et de la raison pour laquelle je les suivais avec engouement. Je ne voulais pas me voir refuser de pouvoir continuer à assister à des opéras. Mais plus encore, je ne voulais pas cesser de m'y rendre. Après trois heures de silence songeur, je pris la décision la plus dure de ma vie. Mon premier obstacle... L'argent, j'allais le voler. La première fois me fit battre le cœur comme jamais. C'était la première fois que je m'éloignais du chemin de la pureté. L'argent en poche, j'attendis, aussi tendu que possible, mon prochain cours d'allemand avec le professeur. Quelques jours plus tard, des hurlements retentirent dans l'appartement des Doll. Dans une rage sourde, mon père renversa l'appartement, injuria ma mère et partit en claquant la porte. Des larmes de culpabilité coulèrent, ce soir-là, qui ne se tarirent pas quand ma mère vint me consoler, pensant que la colère de mon père m'avait impressionné. Le lendemain, l'éponge était passée, on pensa avoir perdu l'argent, et il ne revint plus sur le tapis. Pour ma part, je me rendis avec un goût amer à un autre opéra de Wagner. L'amertume disparut dès les premières notes, et je fus déterminé à oublier la culpabilité pour poursuivre ma passion.

J'avais cru que l'on ne me soupçonnait pas. Que prendre à nouveau ce qui ne m'appartenait pas serait aussi facile que la dernière fois. Je me trompais. Le lendemain de mon méfait, ce ne fut pas l'appartement et ma mère qui souffrirent l'emportement de mon père. Ce fut moi. L'argent fut rapidement découvert. Les yeux de Glenn Doll lançaient des éclairs, et sa poigne s'abattit sur moi. Ses larges mains de marionnettiste m'empoignèrent et me plaquèrent avec violence contre le mur. Hurlant des injures, levant l'autre main, prêt à l'abattre après sa diatribe assassine, il était effrayant. Et c'est à cet instant que tout a commencé. Le premier affluent. Mes mains volèrent jusqu'à la sienne, qui me plaquait contre le mur, et s’agrippèrent sur son bras, tétanisées. Dans un ultime sursaut de conscience défensive, je criai :

« Papa, c'est toi qui m'a donné cet argent hier ! Tu me l'as donné ! Comme la semaine dernière ! »

Un mensonge éhonté et tellement faux qu'il me fit moi-même grincer des dents. Mes yeux se fermèrent. La sentence allait tomber, et la branlée avec. Pourtant, au bout de quelques secondes, rien. Quand j'ouvris les yeux, la surprise la plus parfaite se lisait dans les yeux de mon père. Il secoua la tête, spasmodiquement, une fois, et me lâcha soudainement. J'en restais le souffle court.

« Tu... Tu as raison... Je te l'ai donné... Je m'en souviens... »

Interloqué, je le vis se répandre en excuses et quitter la pièce. L'incident était clos, même pour ma mère. On pensa un instant que les troubles de mémoire de mon père pouvaient être dû à une maladie, mais l'on attendit de voir si l’événement se reproduisait... Ce ne fut plus le cas. Mais je n'étais pas dupe. A l'instant où je l'avais touché, quelque chose s'était produit. Je pouvais le dire avec certitude. Par ailleurs, j'avais l'étrange sensation que quelque part, il m'avait réellement donné cet argent. Pourtant, je savais qu'il n'en était rien. Un premier affluent venait de se joindre au fleuve de ma vie.

Les années qui suivirent passèrent à une vitesse affolante. En quelques temps, je compris que j'étais doté d'une capacité particulière, dont chaque personne dans mon entourage fit les frais, à titre expérimental. D'un enfant craintif à la simple idée de briser les règles, je devins un adolescent qui les modelait à sa convenance. Tout devenait si simple, quand je pouvais d'un geste implanter dans l'esprit d'autrui des souvenirs me concernant. Bien sûr, la compréhension de ce pouvoir ne se fit pas sans heurt. Je mis du temps à en comprendre les limites, et percevoir l'éventail de possibilités qui s'ouvraient à moi. Mais quand ce fut fait, je n'eus qu'à utiliser mes pouvoirs à outrance pour obtenir tout ce que je désirais. Vous est-il déjà arrivé de rendre à un ami l'argent qu'il vous a prêté sans vous souvenir de ce que vous en avez fait ? De vendre un objet sans retrouver le chèque que vous l'avez vu vous donner ? De vous rendre compte soudainement que vous êtes en couple avec un homme depuis des mois sans avoir la moindre photo de vous deux réunis ? Alors, vous m'avez rencontré. Il n'y avait que deux personnes avec lesquelles j'avais des réticences à user de mes pouvoirs. Et auxquelles je ne voulais pas montrer ce que j'étais devenu. Mes parents n'eurent du jour au lendemain, plus aucune nouvelle de moi. Pour ma part, je vécus en nomade un temps, allant d'appartement en appartement, d'une fausse colocation à une autre, jusqu'au jour où je devins le fils adoptif d'un homme seul qui n'avait aucun héritier potentiel à sa fortune. Son nom avait eu le malheur d'apparaître dans les journaux que je lisais quotidiennement. Une semaine plus tard, son problème était résolu. Ma vie et les affluents indénombrables qui la rejoignaient était devenu l'exacte représentation de ce que mon père avait coutume de dire au sujet de son métier. « Animer des marionnettes n'est pas quelque chose que je fais pour les autres. Je le fais avant tout pour moi. »

_______

Vingt ans. Je suis alors chef de la sécurité de la Bayerische Landesbank, l'une des banques les plus réputées de Munich. Certes, le statut n'est pas le plus admirable qui soit, mais ce n'est pas le but recherché. Pour certains, cela fait trois ans que je dirige les équipes de sécurité. Pour moi, cela ne fait que deux jours. C'est le temps qu'il m'a fallu pour persuader l'intégralité du personnel. Un pistolet est fermement sanglé à ma ceinture. Ce n'est pas le premier que je porte. Ma main vole jusqu'à mon talkie-walkie et je le porte à hauteur de mon visage.

« Messieurs, pause déjeuner, réunion dans la salle de conférence pour le débriefing quotidien. »

Je m'autorise un sourire. Ce débriefing n'est devenu quotidien que la veille, quel service de sécurité réunirait tous ses agents dans une salle isolée pour un débriefing et une pause déjeuner ? Mais pour eux, cela fait trois ans que ça arrive, trois ans que ça fonctionne. Aucune raison de s'y opposer. C'est à pas lent que je prends la direction de la Salle de conférence. Abritant quelques discussions à la teneur secrète, la salle est constituée pour prévenir toute intrusion pour qui en a les clefs. Et à ma ceinture, je détiens toutes les clefs de la banque. Une fois certain d'arriver le dernier, je parviens devant les lourdes portes de fer forgé. Je ne rentre pas. Une clef est extraite du trousseau qui tinte sur mon flanc gauche, et insérée dans la serrure prévue à cet effet, à côté de la porte, sous la forme d'un bouton rouge. Une pression sur ledit bouton une fois la clef tournée, et je suis assuré que personne ne peut entrer, ou sortir. Je range soigneusement la clef à sa place, et sors de ma poche un téléphone portable, que je porte machinalement à mon oreille tout en appelant le dernier numéro composé. Une voix répond sur un ton neutre, auquel je réplique, avec la même neutralité.

« Que la fête commence. »

Un instant plus tard, des cris se font entendre. Puis un coup de feu. Puis des cris à nouveaux, mais plus craintifs. Autoritaires, aboyés d'un ton sec et ne laissant nulle place à la contestation. Mes pas m'amenèrent au hall de la banque, où une vingtaine d'hommes armés braquaient les réceptionnistes. Un homme cagoulé regarda dans ma direction. Même sans voir son visage, je savais exactement qui il était. Le chef d'un gang extrémiste allemand que j'avais rencontré la semaine dernière, et qui pensait depuis que j'étais son bras droit. Il ne m'avait pas fallu moins de cinq jours pour en convaincre le reste de ses subordonnés, et pour élaborer mon plan. Grâce à mon intervention, ils pourraient braquer sans difficulté la Bayerische Landesbank. Après un coup pareil, leur renommée grimperait en flèche, et leurs moyens les propulserait au sommet de la pègre. J'avais des ambitions plus minimalistes. Une fois sorti de sa banque, mettre la main sur l'argent ne serait pas difficile. Je pourrais alors profiter d'une vie plus qu'aisée sans attendre l'héritage qui m'était promis. Mais pour l'heure, le plan impliquait une chose.

Je sortis mon pistolet et le brandis en direction des braqueurs. Leur nombre, leur armement, tout était contre moi, mais je me devais d'agir comme un agent de sécurité exemplaire, pour que mon visage ne soit pas lié au braquage. Par chance, les caméras qui me liaient à l'enfermement des autres membres de la sécurité avaient été désactivés la veille, suite à l'installation de nouvelles caméras. Comme convenu, le chef du gang s'approcha de moi par derrière, et arma son bras. Je le vis du coin de l'oeil ramener la crosse de son fusil derrière sa tête, et l'abattre d'un mouvement circulaire vers mon visage. Un choc violent, puis le noir. Il n'y était pas allé de main morte.

Mon réveil ne fut pas aussi rapide que je l'aurais espéré. Pas dans le lieu que je préférais non plus. Une chambre d'hôpital. Avais-je été inconscient si longtemps ? Je pensais reprendre connaissance sur le sol de la banque, à temps pour constater la réussite du gang, pour prendre un air atterré, refuser de répondre aux questions des journalistes, et tirer ma révérence... Mais le sort en avait voulu autrement. Alors que j'émergeai des dernières vapes de l'inconscience, une douleur sourde me transperça l'oeil gauche. La main que j'y portai rencontra un bandage serré qui couvrait la moitié de mon visage, et fermait mon œil. Des complications...

Le choc avait gravement touché mon œil. Quand je retirai le bandage, je constatai que la pupille de ce dernier était tellement dilaté qu'on eût cru qu'il était entièrement noir. Le docteur qui m'auscultait ne me laissa pas d'illusion à son sujet : cet œil ne redeviendrait jamais aussi bleu qu'il l'avait été. Après ma sortie de l'hôpital, je ne revis jamais le gang. Ce premier échec me laissa un certain sentiment d'amertume, qui revenait me hanter chaque fois que je me regardais dans un miroir. Je ne savais pas où ça avait foiré, mais mes plans montés à la va-vite avaient bel et bien foiré quelque part. Dès à présent, je prendrais mon temps. La fougue de la jeunesse s'envola.

_______

Vingt-cinq ans. La patience est devenue l'une de mes vertus les plus usités. La patience et l'information. J'ai cessé d'insuffler à tâtons des souvenirs bancals. Aujourd'hui, j'attends celui qui se prépare sans le savoir, à parfaire mon œuvre. Le chaînon manquant. L'homme qui en savait trop. Seul dans la gigantesque maison de mon père adoptif, je suis immobile, enfoncé dans un fauteuil Victorien, un whisky dans la main gauche, une cigarette fumante dans la main droite. Sur la table basse, une bouteille de Suntory tout juste ouverte, et un paquet de Gitanes à moitié entamé. Et j'attends, les yeux vitreux, le teint cireux, le cœur battant. Minuit. Mon homme ne va plus tarder, maintenant. Quand le cliquetis d'une arme chargée se fait entendre derrière moi, je sais qu'il est arrivé. Le cœur battant, le souffle court, essayant d'atténuer le tremblement de ma voix, je souffle des mots témoignant d'une assurance inhumaine que je ne possède pas.

« Détective Schrödein, je vous en prie, prenez un verre, et cessez de pointer cette chose sur moi. Nous avons beaucoup à discuter.
-Ce serait un honneur, monsieur Doll. Pensez donc. Être le premier à discuter avec l'homme invisible. »


Un rire discret dans lequel retentit une profonde lassitude.

« Je suis peut-être l'homme invisible, mais je me présente à vous désarmé, et aussi franc que je puisse l'être. Accordez-moi cette dernière volonté. Après, je prendrais ma retraite, grâce à vous. »

Le détective hésite. L'arme à son poing tinte alors, tandis qu'il la range dans son holster, sous son aisselle gauche. Il sait que je ne mens pas. Il sait absolument tout ce qu'il y a à savoir sur mon compte, y compris que jamais je n'ai pressé de détente. Ce n'est pas mon style. Je n'ai pas besoin de ça. Il fait le tour de la table et s'assoit sur le bord du fauteuil qui me fait face, prêt à bondir si je fais un geste malheureux. Son visage est dur et glacé. Il est empreint d'une détermination qui a fait sa réputation. Je sais moi-même tout ce qu'il y a à savoir sur lui. Même qu'il a laissé derrière lui tout son glorieux passé de flic pour pourchasser un fantôme. Un homme gênant s'il en est. Les coudes sur les jambes, il pose ses mains sur la table, et brise le silence qui s'est installé, uniquement perturbé par l'horloge au coin de la pièce, qui indique minuit trois.

« Alors ? On peut dire que vous m'avez donné du fil à retordre, je ne m'attendais pas à vous attraper si facilement. A vrai dire, je suis plutôt mécontent de vous entendre me dire que je ne suis ici que parce que vous êtes prêt à prendre votre retraite.
-Mon heure était venue, j'imagine. Mais vous savez de quoi je parle, n'est-ce pas ? »


Un léger sourire. Le détective était au bord de la retraite. Il me rendit mon sourire.

« Avec cette affaire, je pourrais moi aussi partir en paix.
-Vous voyez ? Tout le monde est content. Maintenant dites-moi. Pourquoi m'avoir pourchassé quand même vos supérieurs vous ordonnaient de m'oublier ? Votre acharnement vous fait honneur, et j'en ai été flatté dès le moment où j'en ai entendu parler, mais je ne l'ai jamais compris.
-Il y a donc quelque chose que je sais et que vous ignorez. Mais je préfère conserver le mythe intact, et vous en informer.
-Attendez. Prenez une cigarette. Je sais que vous ne prendrez pas un verre en plein service, ne serait-ce que par peur que je vous drogue, mais faites-moi l'honneur de partager une cigarette. »


Un regard circonspect. Ma franchise est entière, et je lui tends le paquet d'un air engageant. Il refuse. Il est prudent. Je hausse les épaules et lui fais signe de poursuivre.

« Avant de me consacrer à vous, j'étais sur une affaire que mes supérieurs approuvaient. Je surveillais les agissements d'un petit gang extrémiste dont l'influence grandissait petit à petit parmi la plèbe de Munich. A cette époque, je n'étais pas contraint de bosser en solo. J'avais des hommes pour m'assister. Et l'un d'entre eux avait réussi à s'infiltrer dans le gang. Il m'envoyait des rapports quotidiens m'informant des activités de ces hommes. Et un beau jour, un nom figura qui n'avait jamais été cité. Barthe Doll. Le bras droit du leader. Je connaissais le boulot de mon agent. Il était impossible qu'il oublie de parler d'un homme si important en deux mois d'infiltration, à moins que quelque chose de louche se trame. Et voilà qu'une semaine plus tard, le gang cambriolait sans difficulté une grande banque de Munich, et que l'homme disparaissait. Ce ne sont pas des capacités humaines. J'ai parcouru tous les registres de mutants fichés, mais le nom de Doll n'apparaissait nulle part. L'homme invisible. Impossible de retrouver une trace antécédente. Mais bien qu'ayant un ou deux coups de retard, je vous ai suivi jusqu'à aujourd'hui. Un chef de la sécurité assommé durant le casse... Un œil déformé par le coup. Plus tard, un enquêteur à la pupille gauche dilatée soucieux de reprendre l'enquête du braquage, sans doute un moyen d'effacer vos traces... Un témoin permettant de condamner à la perpétuité des hommes de ce gang, pour ne pas qu'ils parlent... Ces cinq dernières années, vous n'avez fait qu'effacer vos traces... »

L'exposé arrivait à son terme. Le verre fut porté à mes lèvres, et j'en vidai le contenu. Un homme admirable, sans doute plus que moi. Mais un homme quand même. Je souris, et après avoir posé le verre vide et écrasé la cigarette, tendis les mains, poignets joints.

« C'est l'heure, détective. Mettons fin à cette poursuite. »

Il hocha la tête et se leva alors que je faisais de même. Silencieusement, et sans me lâcher du regard, il me passa les menottes, et me guida jusqu'à la sortie de la grande maison.

« Oh, attendez. Je vais vraisemblablement m'absenter un long moment, je voudrais que les lieux soient propres. Une sorte d'obsession. »

J'avais ajouté ma dernière parole avec un sourire d'excuse quand il me regarda d'un air suspicieux. Il ne me lâcha pas d'une semelle, et ne me retira pas les fers tandis que je prenais le cendrier et le vidais dans la poubelle, rangeai les verres et le whisky, fourrai les cigarettes dans ma poche. D'un mouvement de tête, je lui indiquai que nous pouvions partir. La grande porte de chêne s'ouvrit, et je restai un instant sur le seuil, contemplant l'intérieur de la maison.

« Il faut y aller, Barthe.
-Oui. Je vous admire, détective. Vous avez été le seul obstacle à mon incognito que je ne pouvais faire taire. Le dernier, en vérité. Mais vous avez commis une erreur. Non, deux erreurs. »


D'un geste rapide, je lui saisis la main.

« Me faire directement face sur mon invitation, et venir sans avoir une connaissance totale de ma mutation. »

Je m'étais bien renseigné sur l'homme. Aucun mutant n'avait constitué un obstacle dans l'exercice de ses fonctions. Et pourtant, beaucoup de délinquants qui lui devaient leur séjour en taule en étaient. Cet état de fait l'avait rendu arrogant et borné. C'était le principal trait de caractère que m'avaient décrit ses collègues. Mais il n'avait pu leur échapper qu'en tirant le premier. Cette méthode aurait été efficace cinq ans plus tôt. Cela faisait maintenant cinq longues années que j'avais tout mis en œuvre pour le fasciner. De petites apparitions par-ci par-là pour lui laisser voir que j'agissais, pour qu'il s'intéresse à moi, pour qu'il m'idéalise comme son enquête la plus sérieuse malgré les aspects de chasse au fantôme qui dilapideraient auprès de ses collègues sa réputation. Pour qu'au final, il passe ma porte en rejetant toute prudence et décide de me parler comme à un vieil ami plutôt que comme un flic à un suspect. Pour qu'il s'approche suffisamment de moi pour que j'use de mon pouvoir sur lui. Pour que je puisse éliminer la dernière mauvaise herbe de mon jardin, l'irréductible, la dernière qu'il restait à éliminer avant de songer à planter.

Au contact de sa peau, et avant qu'il ne puisse réagir, mon pouvoir parcourut nos deux corps. En un instant, je ne fus plus le suspect qu'il pourchassait. J'étais l'homme qu'il avait infiltré au sein du gang, et qui avait par tous les moyens cherché à attirer son attention pour quitter cette infiltration. En disant poursuivre un fantôme, il était assuré que personne ne ferait attention à ce qu'il ferait. La meilleure manière de me préserver de toute éventuelle destruction de ma couverture. Finalement, après cinq ans à me rechercher, il m'avait retrouvé, menotté, et fait mine de m'arrêter. Et après s'être assuré que personne ne le suivait, il m'avait déposé ici, à mon domicile inconnu des membres du gang ou de la police. Quand il revint à lui, nous nous serrions la main.

« Merci encore, je n'en pouvais plus. La peur d'être découvert m'a...
-Je sais. Ne t'en fais pas, ce soir, je m'occupe personnellement de brûler ton dossier afin que ni le gang ni la police ne puissent mettre la main dessus. Tu redeviendras immédiatement un civil sans aucun rapport avec moi, et je ne t'importunerai plus.
-Merci, merci beaucoup, détective. »


Il s'attelle à me retirer les menottes, et nous entrons tandis que je lui dis penser avoir quelque part un whisky dont il me dira des nouvelles. Une dernière discussion, pour m'assurer que rien ne viendra le faire douter à nouveau dans le futur. La mauvaise herbe ne devait pas laisser la moindre graine.

_______

Vingt-sept ans. L'Allemagne est loin derrière moi, et ma vie passée aussi. Je me la représente comme un long apprentissage enfin achevé. Un nouveau départ s'offre à moi pour lequel de nouveaux objectifs se présentent. Mes priorités ont changé. A présent, Barthe Doll n'a plus lieu d'être un nom erratique qui malgré sa malédiction n'évoquera rien à personne. Peu importe le temps que cela prendra, ce nom sera respecté et craint de tous. La gloire, le pouvoir, la richesse, ma mutation met tout cela à porté de ma main. Pourquoi ne pas en profiter ? L'agent du JFK International Airport tend la main en quête de mon passeport et me pose la question que l'on entend dans tous les films américains.

« What brings you in the United States ?
-The American Dream, of course. »
Informations sur le Personnage

« Système de Puçage : None.

« Avatar : David Bowie.
« Recyclage du Personnage : Allowed.
Informations Personnelles

« Comment avez-vous connu le forum ? J'ai suivi Boris.
« Parrainage ? Nope.
« Un commentaire à faire passer aux administrateurs ? On devrait aller boire un verre ensemble, un de ces quatre.
« Quelque chose à dire sur le forum ? Fervent utilisateur de Chrome, j'ai eu quelques difficultés au début, mais c'est tout. Du reste, le forum est beau et bien habité.
« Quelles sont vos disponibilités ? A priori, je suis à donf. Mais si vous me voyez faire une dizaine de RP simultanés, arrêtez-moi.
« Parlez-nous un peu de vous : J'suis un ouf, et j'ai la pêche.






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Liam Winchester

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Barthe Doll. Vide
MessageSujet: Re: Barthe Doll. Barthe Doll. EmptyJeu 21 Juil - 18:04

     Bienvenue sur le forum (même si je te l'ai déjà dit =p)

     Je dois te dire que ça a été un véritable plaisir de lire ta fiche ! Un personnage vraiment très original, en plus va savoir pourquoi, je trouve que le fait de le faire originaire d'Allemagne ça lui donne une classe en plus :P J'adhère totalement au choix de la célébrité pour le représenter, ça sort des standards habituels et puis ça lui sied parfaitement ! Tu as une très belle plume en tous les cas, je n'ai vu aucune faute ce qui ne fait qu'améliorer la qualité de la fiche, bref, tu l'auras compris, coup de cœur pour le personnage ♥ Je ne vais pas me répéter à ce niveau, quoi qu'il en soit le pouvoir et l'appartenance au groupe sont bien expliqués et bien bridés, il n'y a rien à modifier ! J'aime bien l'originalité trouvée avec son œil blessé d'ailleurs *-*

     Je te valide donc avec grand plaisir ! Il te faudra simplement remplir ton profil et ton profil personnalisé et créer les sujets pour gérer ton personnage par ici. Ensuite je m'occupe de tout te recenser, toi tu peux te chercher des partenaires de RP, il y a des recherches de sujets donc si ça t'intéresse, tu peux y jeter un œil ;)

     Histoire de ne pas être paumé avec les doubles comptes, je t'invite à lire ce sujet.

     Bon jeu sur Apocalypto !

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Barthe Doll.

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