Chaussé de mes rangers et portant pantalon gris sombre, tee-shirt blanc et mon habituel manteau de cuir, je remontai une ruelle qui menait là où j’avais rendez-vous, piétinant de mes lourdes semelles les flaques d’eau et les détritus. J’évoluais dans une obscurité presque totale ; les bâtiments de brique qui bordaient la ruelle étaient dépourvus de fenêtres, et aucune ampoule ne brillait ici. Je me fiais à mon instinct pour me guider, principalement, mais mon regard était braqué sur les lumières de la rue à l’autre bout de la ruelle.
Marchant aussi vite que possible, de sa démarche si particulière de prédateur, je sentais l’arme fixée dans mon holster d’épaule frotter contre mon bras à chacun de mes pas. Je me dirigeais vers un nightclub particulier, lieu du rendez-vous organisé par Chow. Une boîte dont les néons illuminaient agressivement la rue. Je dépassai tous ceux qui attendaient dans la file d’attente, m’attirant des regards noirs, des gestes hostiles et quelques insultes, mais je m’en contrefichais. Les videurs me laissèrent passer après que je leur eût dit le nom d’emprunt sous lequel son mentor avait réservé une salle ; l’accès rapide était un des privilèges accordés à ceux qui louaient ces salles VIP.
Il faisait chaud et sombre dans le club, une espèce de caverne tropicale et humide où la musique techno hurlait dans les gigantesques haut-parleurs installés tout autour de la pièce. Les humains se bousculaient sur la piste de danse, la plupart avec une boisson à la main, transpirant tout en remuant sous les pulsations de lasers multicolores. Tout autour, des corps alignés contre les murs, par paires ou groupes, se tortillaient, se touchaient. Je n’ai jamais apprécié venir dans ce genre d’endroit, mais cette nuit, je n’avais pas le choix. Pour me faire pardonner mon absence prolongée des derniers temps, je devais honorer ce rendez-vous. Chow me l’avait expressément ordonné. Il était hors de question que je refuse, bien entendu. Il le savait tout autant que moi.
Je me dirigeai vers le salon VIP et la nuée d’humains s’écarta sur mon passage. Bien que défoncés à la coke et aux ecstasys, ou saouls au point d’à peine tenir debout, ces corps surchauffés disposaient encore de suffisamment d’instinct de survie pour sentir la menace que je représente pour eux. Ils sentaient en moi la mort prête à frapper. Ou alors ils se demandaient ce que faisait ici un type ayant l’air de leur grand-père, allez savoir…
À l’arrière, un videur au crâne rasé tatoué me laissa entrer dans la meilleure partie du club, encore une fois après que je lui eus dit mon nom d’emprunt. Sammy Orlando. Quel nom de merde, oui ! Qui avait été l’idiot ayant choisi ce nom ? Je n’en savais rien et pour être franc, m’en fichait aussi. Ce n’était qu’un exutoire inutile face à la colère qui m’habitait. Là, dans un calme relatif, une vingtaine de tables et leurs banquettes étaient disposées à distance les uns des autres. Seule la surface de marbre noir était éclairée par des spots fixés au plafond. L’alcôve qui m’était réservée se trouvait, selon les instructions que m’avait remises Chow en main propre, juste à côté de la sortie de secours. La table était vide, la personne que je devais rencontrer n’étant pas encore arrivée. J’étais en avance apparemment.
Je m’assis dos au mur, afin d’avoir une vue dégagée sur toute la salle, reculant la banquette, en retrait du faisceau de lumière qui tombait sur la table. En parcourant la salle du regard, j’identifiais le regard d’inconnus sans importance. Le salon VIP était fréquenté par un noyau de clients réguliers, mais aucun de ces dépensiers n’interagissait beaucoup en dehors de son cercle fermé. En réalité, le mot d’ordre qui régnait dans ce club était « ne pose pas de questions, ne dis rien », et c’était précisément pour cette raison que Chow avait sélectionné cet endroit. Comme à Végas, ce qui se passait ici restait ici. De toute façon, la dureté de mes traits et mon regard glacé lançait un message très clair : « Déconnez pas avec moi ». Tous détournèrent le regard sous l’effet de l’énergie que je dégageais : une aura d’intelligence inébranlable et une impression de puissance qui imposaient le respect. L’association des deux était meurtrière, littéralement. Tout moi, ça.
J’avais une bonne impression du lieu. Qu’elle soit due à mon intuition hypersensible ou au bon vieil instinct humain, peu m’importait vraiment, le résultat était le même : une forme d’impatience chargée d’électricité statique. Un léger sourire prit naissance sur mes lèvres pour disparaître l’instant suivant. Le bruit et les odeurs me rappelaient le Powerhaus. Ce lieu me manquait cruellement. Ses habitants aussi : Rachel, Flavia, Walter, Allan… Surtout Allan.
Une serveuse vint prendre ma commande et revint peu après, avec une bouteille de rhum et un verre au fond tapissé de glace. Elle m’en servi un verre et retourna à ses commandes. La bouteille me durerait longtemps. Je me laissai aller au fond de la banquette, admirant la jeune femme à la lumière tamisée. C’était une beauté rousse d’une vingtaine d’années au visage en forme de cœur qui coiffait sa crinière en arrière. Elle portait une courte jupe bleu marine et un tee-shirt pourpre dont l’échancrure révélait bon nombre de taches de rousseur qui constellaient sa poitrine généreuse. Elle attirait tous les regards masculins. Son déhanchement me rappela Sèverine et mon humeur redevint sombre. Elle aussi me manquait terriblement. Qu’est-ce qui m’avait pris de ficher le camp ainsi, sans rien dire à personne ? Je ne le savais pas plus aujourd’hui.
J’étais revenu à Achaea le matin même et j’étais allé voir mon mentor aussitôt, comme il se doit. La ferme avait énormément changée, s’était agrandie sous terre et modernisée. Et Chow n’était plus seul ; il y avait d’autres Hostiles avec lui, d’autres qui croyaient à la cause. Je fus accueilli assez froidement par ces nouveaux, mais dès que la nouvelle de mon arrivée avait fait le tour du camp, Chow lui-même vint m’accueillir. Vêtu de vêtements anciens, son arme à la ceinture, mon mentor n’avait pas changé d’un iota. Il m’avait tout d’abord dévisagé quelques minutes de son regard noir, et j’avais senti que les nouvelles recrues s’étaient tendues, envisageant sans doute un combat. Avant que ça ne dégénère, Chow avait franchi les quelques mètres qui nous séparaient et m’avait enlacé comme un frère que l’on n’a pas vu depuis un moment – ce qui était le cas - comme si rien ne s’était passé. Comme si je ne l’avais pas planté là. Puis il m’avait présenté aux autres, qui me connaissaient de réputation, confirmant que j’étais toujours son bras droit, le Second des Hostiles. Histoire de tuer dans l’œuf toute idée de m’affronter pour prendre ma place, j’imagine. Non pas que l’un d’eux ait la moindre chance contre moi, mais c’est une autre histoire. Une jeune femme, Evey Malone, attira particulièrement mon attention, simplement par le fait qu’elle observait Chow de la même façon dont je l’avais moi-même regardé pendant longtemps. Avec reconnaissance et foi. Comme s’il était tout pour elle. Je connaissais ça, oh oui, même si ce n’était plus tout à fait pareil entre mon mentor et moi. Oh, je crois toujours en son idéal et en ses actions, mais je sais qu’il y a autre chose que la haine et la colère dans ce monde. Que ce n’est pas tous les humains qui sont nos ennemis. Mais je m’égare : Chow semblait heureux de me revoir et me dévoila qu’il avait une mission pour moi. Il avait organisé une rencontre avec un membre important de Genesys, cette organisation oeuvrant pour le bien-être des mutants, et désirait que ce soit moi qui amorce le contact. J’avais accepté.
C’était la raison pour laquelle j’étais dans ce nightclub. Près à discuter d’une éventuelle alliance, armé et paré jusqu’aux dents. On n’est jamais trop prudent, pas vrai ? Je croisais les bras, vérifiant discrètement que le cran de sûreté de mon arme était toujours mis. C’était le cas. Je créais en même temps une nouvelle armure souple autour de moi, juste au cas où le besoin s’en ferait sentir, puis pris une gorgée de rhum, savourant ma boisson favorite. Je reposai le verre sur le table, le remplit à nouveau, puis pris mon zippo et mes cigarettes. La serveuse m’emmena aussitôt un cendrier. Il faudrait que je pense à lui donner un bon pourboire, notai-je mentalement en soufflant la fumée vers le plafond. Durant tout l’après-midi, Chow m’a parlé de l’Opération Genesys et de l’Afflictis Lentae. En résumé, ils veulent voir les humains et les mutants vivre en paix. Ça paraît simple, dit comme ça, mais ça ne l’est pas. Ils sont organisés et certains des membres occupent apparemment des positions importantes dans la société. J’ai essayé de m’imaginer en policier, mais… Non, impossible. Genesys veut l’égalité, en fait. C’est louable, je l’admets volontiers, mais ça n’arrivera jamais. Je n’étais pas tout à fait sûr de ce que Chow désirait faire avec eux, mais j’avais dans l’idée que ce n’était pas pour les rejoindre. Mon mentor a ses idées sur la guerre entre mutants et humains, et je sais que rien ne le fera changer d’avis. Selon moi, il veut juste des contacts parmi cette organisation. M’enfin, c’est lui le chef après tout.
J’aspirai une autre bouffée en observant les clients du coin VIP du club. Cet endroit convenait à ce type de rencontre. La musique permettait de parler sans se faire entendre de tout le monde – et était juste assez forte pour éviter d’avoir à se crier dans les oreilles, contrairement à la partie non VIP du lieu – et les tables étaient assez éloignées les unes des autres pour que chacun s’intéresse à leurs affaires et non à celles de leurs voisins. L’alcool était de qualité, aussi. Et les serveuses canon. Oui, c’était un endroit idéal pour mener sa barque. J’écrasai mon mégot dans le cendrier, sortit une nouvelle cigarette et l’allumai. Bon sang, je fumais comme un pompier depuis vraiment trop longtemps. J’allais finir par crever de ce truc. Bah, tout le monde meurt un jour, alors de ça ou d’autre chose…
Mon regard parcourut une nouvelle fois la salle, cherchant un quelconque signe que quelqu’un aurait un peu trop d’intérêt envers ma personne. Rien pour le moment, ce qui me convenait très bien. Restait plus qu’à attendre l’envoyé de Genesys.
◊ JiaLi Hills ◊
۞ Membre de l'Opération Genesys ۞
◊ Nombre de Messages : 509 ◊ Nombre de Messages RP : 3 ◊ Age : 35◊ Informations :
▬ Fiche
▬ Sujets & Relations◊ Age du Personnage : 24ans ◊ Pouvoirs / Armes : Téléportation
Le mélange -quasiment au sens littéral- de tous ces gens devant moi me laissait dans l’expectative. Je venais tout juste de franchir les portes d’entrée du club ; la piste était noire de monde, alimentant la chaleur lourde et étouffante du lieu clos, même le bar à droite était tout aussi prit d’assaut par une clientèle à peine capable de compter leurs billets et le nombre de verres douteux déjà ingurgités. Et tout ça sous les vibrations provoquées par le son répétitif des basses de la musique hurlante… je me demandais ce qui était le pire : avoir ce spectacle sous les yeux ou avoir à nouveau ce spectacle sous les yeux ? J’étais déjà venue ici, comme j’avais déjà mis les pieds dans des boites similaires ou des bars encore pires. A vrai dire je me disais parfois que j’avais le don de fréquenter des endroits vraiment glauques., pas étonnant que je me prenne des sermons. Ce nightclub n’était pas fait pour être des plus select, il n’y avait pas une once de classe dans les parages ; tout ce qui comptait c’était la tranquillité relative qu’il pouvait apporter à la fois dans son ambiance mais aussi quand on y mettait le prix… et c’était bien pour ça que j’étais là, m’apprêtant à traverser la marée humaine désinhibée.
Ce matin, j’étais tout juste entrain de me sécher les cheveux à la sortie de ma douche quand la feuille de papier blanche pliée en deux avait glissé sous ma porte, un peu comme si j’avais mon Hermès personnel. Le geste silencieux m’avait fait sourire en reconnaissant là les méthodes de mon si discrètement agréable colocataire. Fidèle à lui-même, il avait seulement toqué un coup à ma porte en guise de réponse au remerciement que je lui avais adressé assez fort. Alors voilà, tout avait finalement été organisé et j’avais parcouru d’un œil rapide les instructions de la rencontre prévue pour le soir même. Un club, pourquoi pas, c’était à ce moment-là que j’avais reconnu l’adresse, ce qui ne ferait que me faciliter les choses. La question n’était pas « pourquoi moi ? » mais plutôt « pourquoi pas moi ? ». Ce n’était qu’une prise de contact. Evidemment les deux groupes étaient très différents, l’alliance en tant que telle n’était pas envisageable. Mais ça pouvait toujours servir, nous avions des ennemis communs, du moins un dont j’avais la marque à l’intérieur de la cheville droite. Alors en réalité je m’étais plus que portée volontaire pour y aller, ce qui avait été désapprouvé par Gregory dès qu’il l’avait apprit. J’avais eu droit à un contre argumentaire dans les règles de l’art en tête-à-tête avec la figure publique de l’Afflictis Lentae. Il était mon plus grand bienfaiteur, me permettant entre autres de vivre dans ses locaux avec Dakota mais il m’avait aussi consacré de son temps et de ses moyens, pour m’aider. Normal qu’il soit devenu pour moi un point de référence et surtout la personne à convaincre. J’avais une affection particulière pour cet homme, il en avait aussi pour moi ce qui donnait toujours cette explosive tendance : il me trouvait irraisonnée et je le qualifiais volontiers d’irrationnel. « Solveig est plus qualifiée » avait-il avancé, elle avait le grade équivalent dans notre opération, elle avait déjà des contacts avec les hostiles et bien sûr la sortie d’une non recensée était toujours moins risquée que celle d’une recherchée. Comme si le contact ne l’étais pas.. un mutant de niveau 5, et pour bien d’autres faits que les miens. D’accord, la liste des raisons qui ne me plaçait pas en tête était longue, mais moi.. eh bien j’étais têtue. Déjà, je m’étais faite discrète ces derniers temps, j’avais bien voulu rester un peu à l’écart et je ne partageais mon temps qu’entre mon père et quelques recherches plus privée. Ce n’était pas de tout repos, certes, mais je trouvais ça insuffisant. Ça ne laissait beaucoup trop de temps libre et je n’avais pas besoin de temps libre.. Un peu triste mais véridique. Et puis sincèrement, au cas où les choses tournaient mal et que nous étions remarqués, mieux valait que ce soit moi. A part créer une seconde équipe spéciale de larbins suréquipés pour me cavaler après, l’organisation qui avait volé ma vie ne pouvait pas vraiment surenchérir, si ? Au pire j’avais toujours ce don pour m’enfuir avec une facilité enfantine. Et bien sûr il s’agissait du bras droit, de l’homme de confiance de Chow Watanabe. Ce n’avait pas été une condition à proprement parlé, disons plutôt une demande exceptionnelle, et je voulais le rencontrer. Raison personnelle.
Etant donné que j’étais actuellement entrain de me mêler à la foule endiablée, toute chevelure en cascade dans mon combo classique mais efficace de la robe trop courte bordeaux et des bottes noires montantes, il était facile de conclure que j’avais eu le dernier mot -avec la confiance d’Aileen et de Solveig à n’en pas douter-. Après tout c’était mon terrain : traîner dans des lieux discutables pour glaner, prendre des contacts avec des gens louches… ma spécialité. Ces dernières années de fugitive m’avaient apprit à me fondre dans les masses comme si c’était ma nature. J’évoluai à travers la piste d’un pas en rythme légèrement déhanché, ignorant quelques commentaires pas toujours très glamour sur mon passage, je croisais les regards sans me démarquer de façon tranchante de la multitude de filles sous acide d’à peu près mon âge qui se trouvaient là. A priori, j’aurais tout de même sûrement dû forcer plus sur le maquillage pour être bien conforme mais bon ça ne restait qu’un détail puisqu’il n’empêcha pas un homme de glisser son bras autour de ma taille. Je fis demi tour pour faire face à un étudiant d’environ la vingtaine probablement, le sourire charmeur mais le regard trop lascif et trop rougi pour qu’il soit net. Ma main vint rapidement saisir le verre à moitié plein qu’il tenait dans le sienne, sans même qu’il ne s’aperçoive que je m’étais déjà soustraite à sa prise -la drogue fait des ravages mes amis-. Puis je me détachai de lui doucement, pas à pas je continuais à reculer sans le quitter des yeux une seconde. Dans ma prise de distance je finis par lever son verre en lui adressant un sourire équivoque et je me détournais. Santé… pour ce gars-là, un mètre plus loin, à qui je m’empressais de refiler avec malice ce qui ressemblait à une vodka citron -mais je ne pouvais être sûre de rien et je n’avais carrément pas envie de ne serait-ce que tremper les lèvres là-dedans-. Je voulais bien rire un peu mais j’avais bien l’intention d’arriver rapidement jusqu’au carré VIP où une table m’attendait. L’accès aux salles était là, à quelques mètres en face de moi maintenant que je quittais la piste de danse.
Je me faufilais sans la moindre trace d’hostilité entre les gens, les groupes d’amis ou les couples très démonstratifs formés le temps de cette soirée. Ce fut suite à un dernier regard en arrière vers la foule compacte que je me présentais, impassible, devant l’espèce de molosse dépourvu de cheveux qui gardait le passage. A vue de nez, je dirais qu’il faisait bien trois têtes de plus que moi et au moins le double de mon poids, je dû lever les yeux pour voir son regard lourd et supérieur me détailler tandis que je crachais le nom auquel la table devait avoir été réservée selon les instructions griffonnées sur la feuille de papier. Je crus furtivement voir une ombre d’étonnement sur son visage avant qu’il ne me fasse un signe de tête vers le coin arrière. C’est là que je vis mon contact.. eh oui, le petit chaperon rouge venait rendre visite à « Père-grand » en boite de nuit, comme les temps changent. Je contournais le videur en lui adressant un bref clin d’œil plein d’insolence et tout en approchant, j’arrêtais une jeune serveuse pour lui passer commande, lui désignant la table où je m’apprêtais à m’asseoir. Je survolais les autres personnes présentes alentours, parsemées sur les banquettes. Quand je revins sur lui, je dû retenir l’esquisse d’un sourire. Il avait l’air à l’aise dans ce décor et pourtant décalé, mais que personne n’y fasse spécialement attention était encore la preuve qu’ici on ne se mêlait pas de ce qui ne nous regardait pas.. ou bien c’était parce qu’ils avaient peur de lui ce qui n’avait en soi rien de très surprenant. La mine dure et fermée envoyait des signaux clairs, c’est vrai qu’il était impressionnant. Moi qui avait un rapport singulier avec la spiritualité, j’aurais sans doute pu dessiner les contours de son aura ; et c’est vous dire si elle était étendue, elle avait comme infiltré les pores de ma peau dès que j’y étais entrée.. à moins que ce ne soit autre chose. On ne pouvait pas dire que je pourrais rivaliser sur ces points-là, si toute fois je cherchais à rivaliser. Il y a quelques années, j’aurais peut-être même sangloté de me retrouver à ma place. Heureusement que j’avais réalisé que je ne pouvais pas rester une petite fille craintive et fuir toute ma vie, heureusement qu’il y avait eu Genesys aussi. Enfin, mes doigts frôlèrent le dossier de la banquette libre mais j’inclinais d’abord la tête avant de m’installer. Le respect des anciens faisait parti de ma culture, de tout ce que ma mère aurait sans doute voulu continuer à m’enseigner il y a longtemps, puis je m’enfonçais contre la banquette en posant une main sur la table, laissant l’autre sur ma jambe croisée. Physiquement, j’étais loin d’être imposante -c’était tout à fait le truc que je ne pouvais pas nier- mais ça ne m’empêchait pas de conserver ma tranquillité, élégante dans sa nonchalance. Si je soutenais son regard, je ne pu m’empêcher très longtemps de finir par hausser les sourcils.
« Sammy Orlando. Sérieusement ? » Croiser le grand dadet stupide et trouillard de Scooby-Doo avec la ville des parc d’attractions de l’Etat de Floride était d’un très franc mauvais goût. Sans vouloir offenser personne, ça aurait été fait exprès qu’on n’aurait pas pu trouver pire. « Ça ne vous va pas du tout. »
La serveuse, la même jolie rousse que tout à l’heure, trouva le moment opportun pour apporter ma commande. Cocktail de tequila aux agrumes sur glace, uniquement un verre qu’elle posa sur un dessous cartonné circulaire imprimé du logo d’une marque de bière. Je la remerciais en souriant et tout en ôtant le mini parasol de papier du verre, puis je la regardais s’éloigner avec la tête légèrement penchée.
« Ça vous va encore moins quand on connaît votre réputation. »
Meeting (Jia)
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