Sujet: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Sam 16 Avr - 11:18
« Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. »
ou
Le rendez-vous de 10h00
Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. La sobre mécanique affichait sept heures et hurlait son tocsin pitoyable, attirant la main d'un Jace à moitié endormi. L'horrible fanfare s'éteignit sans rien dire, comme honteuse et confuse, mais le silence ne dura qu'un instant, car l'autre main du polonais avait saisi une toute autre machine et, en effet, dès lors que son index pressa le bouton à l'effigie triangulaire de la télécommande, un vieil air italien très populaire en son temps se fraya un chemin dans la pièce, caressant l'échine du jeune homme avec douceur et convoitise. Musicien passionné depuis l'enfance, Jace ne pouvait honorer ce nouveau jour sans noyer son oreille de musique, et Vivaldi était assurément tout indiqué pour agréer un début de matinée sur le sol américain. Quittant le refuge de son lit et bravant la fraîcheur de l'appartement où il logeait depuis son arrivée dans la bonne ville d'Achaea, il gagna la salle de bain. Il y trouva le nécessaire pour accomplir ce rituel indispensable aux gens propres sur eux et soucieux de leur hygiène. Il existait et existerait toujours, à travers le vaste monde, des personnes d'un goût douteux qui dresserait toujours un mur impénétrable entre eux et du savon, mais en existait-il encore qui déniaient l'utilité et les bienfaits de l'hygiène, hors les fous et les menteurs ? Jace saisit sa brosse à dent comme d'autres saisissent l'archet d'un violon, et balaya ses dents en rythme, avec toute l'adresse et la précision que nécessitait la musique. Il se demandait souvent s'il était seul à colorer ses petites habitudes de teintes aussi diverses que ridicules, mais il n'obtenait jamais de réponse de la part de ceux qu'il questionnait, car trop peu sont les âmes assez braves pour avouer leurs jeux secrets.
Quand Jace quitta la baignoire, il ne perdit pas une seconde et retourna dans la chambre où il décida de s'habiller avec soin, comme toujours, mais plus encore ce jour-là, car il était attendu par un avocat. Il s'agissait d'une rencontre professionnelle, et il était hors de question d'offrir à un tel partenaire une mauvaise image de l'entreprise dont Jace était l'image publique depuis que son patron se reposait sur lui pour mener à bien les affaires courantes. Trois coups frappèrent au plafond, auxquels Jace répondit que la porte était sur le pallier du quatrième étage. Jace appréciait ce voisin au moins autant que celui-ci appréciait la musique, ce qui en disait très naturellement long sur la froideur des relations que les deux voisins entretenaient. Le vieillard xénophobe ne supportait pas le train de vie trop propre en surface du jeune polonais et ce dernier ne tolérait pas qu'on pût comparer sa musique aux miaulements d'un chat geignard et boursouflé. C'était d'autant plus intolérable que ce jugement péremptoire venait d'un inculte grossier. Eh quoi, n'appréciait-il pas Vivaldi ? Sa musique reconnaissable entre toutes, sont goût des contrastes jubilatoires, ses structures en ritournelles mathématiques, son dynamisme irrésistible, ses harmoniques d'une richesse incomparable, son inspiration libre et majestueuse ? Y était-il insensible, sourd, imperméable ? Tant pis pour lui s'il n'appréciait pas les douceurs de la vie à leur juste valeur, et s'il préférait se murer dans le funèbre silence d'un caveau.
Une fois habillé, le dernier né des Valeskine s'intéressa de plus près à son estomac et comprit qu'il était temps de manger quelque chose. Jace était un jeune homme classique, bien loin des fantaisies diététiques et nutritionnelles de son temps, si bien que le petit-déjeuner fut préparé en une petite dizaine de minutes. Un bol de chocolat au lait chaud, un grand verre de jus d'orange, quelques tartines de beurre et de confiture, un œuf au plat et, par gourmandise bien plus que par nécessité, quelques viennoiseries. Content de lui et du festin qui s'annonçait, Jace saisit une tartine qu'il trempa avec vigueur dans le bol qui fumait, éprouvant au fond de lui la délicieuse honte de n'avoir personne avec qui partageait ce premier repas de la journée. Hasard malin, sort facétieux ! A la porte, quelqu'un frappait comme la cinquième de Beethoven. Quelque peu surpris, car Jace n'attendait personne, il songea au voisin du dessus, quoiqu'alors il eût en quelques jours acquis un orgueil et un honneur, car jamais le vieillard n'avait osé aller plus loin que des coups de balai au plafond. On frappa à nouveau, et Jace élimina la possibilité du vieillard, car si les coups étaient mollassons, ils n'en demeuraient pas moins pressés. Jace s'empressa, sans plaisir, d'ouvrir, et sans même poser un regard sur son invité, il le gratifia d'un bonjour dédaigneux et retournant à sa place.
« Bonjour, Andrew. Que puis-je faire pour toi ? »
Si les yeux de Jace avaient eu l'étonnante faculté de projeter des éclairs, la pomme qu'il dévorait eût été frappé par la foudre par trois fois.
« Je regrette d'être venu chez vous vous déranger mais … il fallait que je vous donne ces documents que j'ai oublié de laisser sur votre bureau hier, au magasin ... »
L'intrus s'interrompit, les yeux de Jace le foudroyait littéralement.
« Je vois. Que sont ces documents, exactement ?
Les devis concernant le patrimoine Barnay. »
Un voile de soulagement assombrit le regard de Jace. Fort heureusement, les documents en question ne concernait pas l'affaire dont il aurait à traiter avec l'avocat un peu plus tard dans la matinée, puisqu'ils intéressaient une autre affaire dont il n'aurait à s'occuper que le mois prochain. Tout en croquant dans sa tartine, Jace songea que le népotisme était le fléau du monde des affaires, car les requins n'enfantent que trop souvent des truites. Andrew était le neveu de son actuel patron, et Jace n'avait que peu d'estime pour lui, car en dehors de sa relation familial avec un membre de la profession, rien ne le prédestinait à devenir un bon antiquaire : il n'avait aucune prédisposition pour les affaires et le commerce, et sa connaissance de l'art et de l'histoire de l'art était aussi limitée que peu l'être la taille d'un bonsaï. Tout juste était-il bon comme commis, à accomplir les petites tâches administratives, les basses besognes qu'il était de bon ton de déléguer à plus petit que soi, comme les photocopies ou le café, le courrier ou la corbeille. Ce jeune homme, dont les succès sentimentaux étaient l'objet des pires rumeurs dans son entourage et source de grand tracas pour son oncle, avait plus sa place dans une salle de sport que chez un antiquaire.
« Range-les dans le tiroir du buffet. L'autre tiroir … l'autre tiroir. »
Ce pauvre sot était sans doute aussi incapable qu'ambitieux, et s'il débordait de bonne volonté, l'intelligence lui faisait cruellement défaut. Le paradoxe était frappant d'ailleurs, car Jace avait eu l'occasion de le voir en dehors du milieu, notamment un soir, au restaurant, qu'il dînait seul. Quelques tables plus loin, le jeune Andrew et une tribu d'amis à lui étaient attablés pour fêter … eh bien, sans doute fêtaient-ils la réunion de leur bêtise. A cette tribune, le jeune commis n'était plus jeune commis, mais véritable lion parmi les zèbres et les antilopes. Le contraste était si déchirant que Jace essuya bien des fous rires qui l'obligèrent à écouter sa soirée, de peur de perdre sa bonne réputation dans le restaurant où il lui plaisait d'aller parfois.
« Autre chose ? »
Le jeune homme, que le ton sec de son supérieur avait surpris, ne sut que répondre.
« Alors va, et de grâce, repose-toi. On croirait que tu as avalé une cigogne. »
Andrew ne comprit sans doute pas l'allusion, mais à sa décharge, il ne connaissait pas l'aversion de Jace pour les oiseaux.
« Merci. J'ai rendez-vous avec une fille, Giulia, et aujourd'hui ... »
Jace l'observait d'un air aussi pointu que la pique d'un garde suisse. Andrew comprit alors qu'il était temps d'oublier les marivaudages et de partir, ce qu'il fit avec empressement. Jace posa alors un regard scrutateur sur son verre de jus d'orange, mais ne parvint pas à chasser l'image qui gambadait dans son esprit. D'avoir imaginé sous toutes les coutures, et plus encore, le jeune niais aux bras d'une démone flasque et baveuse, lui avait fait perdre inexorablement l'appétit.
« Je hais ce gamin. »lâcha-t-il, alors qu'il croyait entendre Vivaldi s'esclaffer dans son oreille.
Sur le trajet qui le séparait du lieu de l'entrevue, Jace se demanda s'il était de bon ton d'engager une discussion avec la salamandre qui lui servait de chauffeur. Il l'observait avec attention depuis quelques minutes mais la brave semblait n'avoir d'yeux que pour la route, ce qui était bien sûr tout à son honneur, en tant que conductrice. Ses cheveux étaient longs et formaient sur sa tête une étrange couronne de barbelés. Son visage, creusé par des années passées à fumer sans savoir fumer, croulait sous le fard qui ne dissimulait rien d'un peau rongée par ce qui ressemblait à la vérole. Quelques poils s'égaraient sur son nez, arborant ce qui s'apparentait à des taches de naissance – ou bien étaient-ce des écailles ?
« Qu'est-ce que vous regardez? »
Jace, qui s'était perdu dans la contemplation de cette figure arcimboldienne vivante, crut entendre un tuba qu'on sonnait, mais il eut la présence d'esprit de répondre aussitôt.
« C'est un très joli collier que vous avez. Je présume qu'il vous vient de votre grand-mère, et que celle-ci était une « fille du sud » ? »
La conductrice parut s'étonner, mais il était difficile de distinguer l'expression d'une émotion sur visage en chantier.
« Comment savez-vous ?
Le motif est typique de l'art joaillier de Caroline du Sud du début du XIXe siècle. Cette précision, cette sobriété, ce goût des motifs simples est caractéristique de l'esprit terrien et traditionnel qui animait alors les contrées qui formeraient plus tard les États confédérés. Vous avez certainement lu Gone with the Wind, le célèbre roman, dont l'adaptation au cinéma n'est pas moins célèbre. Votre collier vous fait ressembler de très près à son héroïne, vous ne croyez pas ? »
La conductrice réprima un gloussement et répondit avec enthousiasme, mais Jace n'écoutait guère ce que la sotte pouvait raconter. Après une bonne dizaine minutes d'un monologue interminable, où Jace peinait à intercaler les réponses courtoises et monosyllabiques, ils arrivèrent. Jace s'apprêta à payer mais la conductrice l'interrompit de sa voix gutturale.
« C'est gratuit pour vous.
Vous êtes bien aimable. Une vraie fille du sud. »
En quittant le taxi, Jace ne put s'empêcher d'éprouver une satisfaction bienheureuse. Était-ce de n'avoir point payé le trajet, ou d'avoir embelli la journée d'une laissée pour compte de l'humanité ? Il l'ignorait, et il passa très vite à autre chose. Le véhicule l'avait déposé à quelques pas de l'endroit convenu pour le rendez-vous. Un café, dans une rue marchande, un lieu neutre et sûr, selon toute vraisemblance. Tenant fermement une serviette de cuir noir à la main, Jace entra dans le café des Trois cousines et se présenta à une serveuse, qui le conduisit à une table pour deux, en terrasse, mais au chaud et à l'abri, car le ciel, sans être menaçant, demeurait couvert. Il commanda un chocolat chaud avec son accompagnement de viennoiserie. Sa montre sonna dix heures du matin, relayée au loin par le carillon d'une église.
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Sam 16 Avr - 16:28
Solveig s'était couchée tôt la veille, comme à son habitude, son patron lui avait donné un dossier plutôt ardu il y a quelques temps, un dossier de meurtre pour être précis et elle avait récemment contacté un jeune homme qui travaillait chez un antiquaire. Celui-ci semblait avoir été en contact avec une pièce à conviction qui avait été volée le soir même du meurtre, il était donc primordial qu'elle ait une conversation sérieuse avec lui pour savoir ce qu'il était advenu de cet objet. Bien évidemment, la belle s'était renseignée au préalable sur l'identité de son « contact ». Un jeune homme tout ce qu'il y a de plus respectable, aucun gène mutant de recensé, pas de problèmes avec les autorités, pas de compagne connue qui puisse avoir des liens avec des personnes peu recommandables, un jeune homme comme il faut en somme ! La consonance de son nom de famille avait toutefois interpellé la Norvégienne qui s'était renseignée de ce côté, avant de constater qu'il était Polonais. L'avocate avait été plutôt contente de rencontrer une autre personne originaire de l'est, il fallait avouer qu'en Amérique, ce n'était pas ce qui manquait, mais malheureusement le peu de concernés qu'elle avait rencontré étaient généralement discrets sur leurs origines. Solveig ne prenait pas cette partie de sa personne comme une honte, pour tout dire, elle en était même très fière, sans compter que c'était sa petite touche d'originalité dans le monde monotone de la justice. Qui plus est, même si la trentenaire avait tenté de faire passer son origine sous silence, elle aurait eu du mal à se défaire de son accent traînant qui persistait, même après des années passées en Amérique et en Angleterre, sans compter que son physique rappelait souvent les pays de l'est. Les stéréotypes, ils habitaient les esprits des gens et l'on s'étonnait toujours qu'elle n'ait pas les cheveux blonds comme les blés, alors qu'elle était Norvégienne et non Suédoise.
C'était de manière à pouvoir se lever à temps que la jeune femme avait décidé de ne pas trop veiller et lorsque son réveil sonna six heures, l'avocate se redressa aussitôt pour appuyer sur le bouton qui coupa net la sonnerie stridente. Un grognement étouffé à côté d'elle la fit se retourner, les yeux de saphir de la demoiselle se posèrent sur la silhouette de Curtis qui dormait encore. Même le cri du réveil ne parvenait pas à le tirer de ses rêves. Un sourire attendrit se dessina sur les lèvres pleines de la Norvégienne alors qu'elle se leva avec douceur pour ne pas faire bouger le matelas, puis elle recouvrit son compagnon avant de se diriger vers la salle d'eau, suivie de près par son chaton qui semblait tout particulièrement affectionner de jouer les petits chiens. Après être entrée dans la pièce en se cognant au passage le pied au coin de la porte de sa chambre, Solveig pesta tout en se dévêtissent pour entrer dans la douche après avoir testé que l'eau était assez chaude, mine de rien lorsqu'on possédait sa température corporelle, c'était presque vital ! L'avocate n'avait aucune envie de se payer une hydrocution dans sa douce, nue comme un vers, il ne manquerait plus que cet incident fasse la une du journal et elle perdrait toute crédibilité. Elle se doucha avec rapidité, veillant du coin de l'œil à ce que sa boule de poil assise sur le bord de la baignoire ne glisse pas pour la rejoindre, puis elle se sécha avec rapidité avant de s'occuper de mettre ses cheveux en état, s'habilla rapidement d'un tailleur très convenable et de rigueur, tout en finalisant le tout avec une touche de maquillage, juste ce qu'il faut sans paraître grossière et vulgaire pour autant. Solveig ouvrit la fenêtre histoire d'aérer la pièce et se rendit dans sa cuisine Américaine (et non parce qu'elle avait été fabriquée en Amérique), puis elle entreprit de se préparer un petit café avant de se diriger vers la chambre pour constater que Curtis dormait encore.
La demoiselle revint dans la cuisine pour prendre sa tasse de café et s'installer à la petite table du salon pour manger un morceau de gâteau qu'elle avait cuisiné la veille, sachant très bien à quel point Curtis était gourmand. Elle avait le temps de déguster son déjeuner et de se remplir l'estomac pour ne pas avoir faim d'ici une heure, puis elle débarrassa le tout dans la cuisine, après quoi elle retourna dans sa chambre pour enfiler une paire de chaussure avec de légers talons, à peine deux ou trois centimètres c'était bien suffisant. Faisant tous les efforts possibles pour ne pas réveiller celui qui dormait encore, la demoiselle contourna le lit, déposa un baiser sur le coin des lèvres du dormeur charmant, puis se rendit une dernière fois dans la cuisine. Elle rangea rapidement toute la vaisselle après l'avoir lavée, donna à manger aux deux animaux pour éviter qu'ils n'aillent réveiller lorsque leur ventre les feraient crier famine. Après avoir enfilé une veste légère, après tout elle était originaire d'un pays beaucoup plus froid qu'ici, la demoiselle attrapa son sac, ses clés de voiture et ses quelques papiers glissés dans un dossier puis elle sortit de son appartement qu'elle ferma à clé avec application, ne tenant pas particulièrement à être volée pendant son absence ou que Curtis se fasse assassiner par un fou quelconque. Solveig salua sa voisine de palier, une vieille femme avec qui la demoiselle s'entendait bien, puis elle descendit rapidement les quelques étages à pied avant de se diriger vers le parking qu'elle louait pour garer sa voiture. Ce n'était pas une voiture de compétition, la jeune femme préférait largement la sureté à la vitesse et elle avait donc opté pour un modèle assez petit, deux places pour être exact, avec un coffre assez grand et qui lui permettait de se garer assez facilement.
Contrairement à la rumeur, même si elle était une femme, la mutante conduisait bien et elle se rendit donc à son bureau sans encombres puis gara sa voiture assez loin de l'entrée, ne tenant pas à voir un crétin lui rayer la peinture alors que c'était une voiture pratiquement neuve. La Norvégienne récupéra son sac avant de fermer la porte de sa voiture et de verrouiller cette dernière, puis elle se dirigea vers son bureau situé au second étage. Elle avait encore pas mal de temps devant elle et la demoiselle comptait en profiter pour régler les derniers détails de ce qu'elle devait poser comme questions à son « contact ». Solveig resta un petit moment assise sur sa chaise de bureau à potasser quelques documents, puis lorsque son regard s'orienta sur le cadran de sa montre ornée de chiffres romains, elle constata que son délai était légèrement dépassé. Anxieuse à l'idée d'arriver en retard, la Norvégienne ramassa rapidement ses affaires et rangea le tout dans sa sacoche avant d'attraper ses clés de voiture et de se diriger rapidement vers les escaliers. L'avocate détestait les ascenseurs et elle privilégiait donc la marche, ce qui lui permis d'arriver au rez-de-chaussée avant que l'ascenseur ne daigne ouvrir ses portes, une économie de temps non négligeable lorsqu'on était toujours aussi pressé par le temps qu'elle l'était. La trentenaire prit place dans son véhicule et quitta rapidement sa place de parking avant de prendre la direction du petit café où elle avait fixé rendez-vous au jeune homme. Elle se remémora une nouvelle fois son nom, son prénom, ses origines et toutes les choses utiles dont elle pourrait être amenée à parler, évitant en même temps les quelques queues de poissons que des conducteurs peu aimables lui firent.
Dix heures moins le quart sonnait lorsqu'elle se gara sur une place libre, avant de glisser quelques dollars dans la fente du parcmètre qui se trouvait juste à côté, puis l'avocate se dirigea d'un pas rapide mais ferme, vers la rue piétonne sur laquelle la façade du café devait donner. Au moment où elle arrivait au coin de la rue, se trouvant à quelques mètres de la terrasse de son lieu de rendez-vous, la cloche de l'église voisine sonna, déclenchant un pincement de lèvres chez l'avocate qui détestait arriver en retard. Et juste à l'heure, pour elle, c'était l'équivalent d'en retard. Son regard de saphir parcourut les environs, elle cherchait le visage du jeune homme qui figurait sur son rapport joint au dossier, il lui fallut quelques secondes pour le repérer. Solveig ne put retenir un sourire satisfait et elle emboîta le pas à une serveuse qui passait devant elle à ce moment, avant de se rendre aux côtés de celui qui allait être son partenaire de discussion pour les quelques temps à venir. Arrivée à côté de la table où « Jace » de son prénom, était attablé, la demoiselle posa ses yeux sur lui avant de prendre la parole, accompagnant son salut d'une main tendue à son attention.
▬ Bonjour, monsieur Valeskine je présume ? Je suis Sólveig Bjørn, l'avocate qui vous a contacté. Je vous présente mes excuses pour le retard, ce n'est pas dans mes habitudes. »
Elle ne tenait pas particulièrement à ce qu'il pense qu'elle était hautaine ou qu'elle considérait qu'un antiquaire pouvait attendre une avocate de renom, ce n'était pas du tout son style, mais avec les quiproquo et les interprétations, on ne savait jamais. Après s'être présentée et avoir vérifié que c'était bien son contact, la jeune femme prit place sur la chaise face à lui en posant son sac à côté d'elle, en sécurité et glissa sa main vers sa mallette pour l'ouvrir et en tirer les quelques dossiers qui concernaient leur entrevue. En même temps, la jeune femme reprit la parole pour s'adresser à son interlocuteur et entrer dans le vif de la conversation.
▬ Comme vous le savez, je vous ai expliqué par téléphone qu'une horloge à eau de très belle facture, une clepsydre donc, a été volée sur une scène de crime et nous avons tout lieu de penser que cette antiquité a trouvé acheteur chez vous. Lors du passage de la police, la clepsydre avait déjà été cédée, nous avons besoin du maximum de renseignements dont vous disposez à ce sujet. »
Elle termina en posant ses papiers sur la table juste au moment où la serveuse se dirigea vers eux pour prendre leur commande. Solveig opta pour un thé earl gray comme à son habitude puis la demoiselle se tourna vers Jace en attendant sa commande pour les laisser en paix.
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Lun 18 Avr - 12:31
Maître Bjørn se présenta à lui d'une manière tout à fait charmante, ce qui suffit à éveiller l'intérêt de Jace. Sa tenue était sobre et distinguée sans être déplacée, et les couleurs choisies s'accordaient aux teintes discrètes d'un maquillage léger. Elle était belle assurément, figure de la grâce avec ses cheveux auburns et ses yeux fleuris comme des myosotis.
« Bonjour, monsieur Valeskine je présume ? Je suis Sólveig Bjørn, l'avocate qui vous a contacté. Je vous présente mes excuses pour le retard, ce n'est pas dans mes habitudes. »
« Soyez sans crainte, j'ai moi-même manqué d'être en retard. ? »
Les présentations, indispensables, furent courtoises et simples. La demoiselle précisa être l'avocate qui l'avait contacté par téléphone quelques jours plus tôt et Jace confirma qu'il avait été son interlocuteur, et qu'il serait heureux de lui apporter toute l'aide qu'il était en mesure d'offrir. Elle éparpilla devant eux quelques dossiers avant d'attaquer sans détour le gros du sujet et de l'affaire.
« Comme vous le savez, je vous ai expliqué par téléphone qu'une horloge à eau de très belle facture, une clepsydre donc, a été volée sur une scène de crime et nous avons tout lieu de penser que cette antiquité a trouvé acheteur chez vous. Lors du passage de la police, la clepsydre avait déjà été cédée, nous avons besoin du maximum de renseignements dont vous disposez à ce sujet. »
L'arrivée de la même serveuse qui avait accueilli Jace quelques minutes plus tôt interrompit le discours de maître Bjørn. Celle-ci prit les commandes, et le jeune homme déclina son offre, car il n'avait pas même encore touché à son chocolat chaud. Celui-ci d'ailleurs répandait son fumet comme un parfum de tentation.
« Je ne ferais pas obstacle à la recherche de la vérité. Je n'ai pas été impliqué en personne auprès de ce petit bijou d'horlogerie, mais j'ai suivi de près son chemin chez nous. Laissez-moi vous raconter ... »
Jace entreprit donc d'exposer une tranche de vie de l'objet, du temps où il transita chez l'antiquaire où il travaillait. Il raconta comme suit : un beau matin de février, le 9 pour être exact, un homme d'âge mûr se présenta au magasin sous le nom de Markov. Jace était ce jour-là en charge et il eût normalement dû s'occuper personnellement de lui, mais l'associé du patron, Peter Falstaff, qui était donc son supérieur, insista pour traiter avec le visiteur. Jace ne put refuser, mais resta à proximité car en définitive, c'était toujours lui qui s'occupait de la paperasse administrative et juridique relative aux petites affaires du magasin. Les sieurs Markov et Falstaff se retirèrent dans le bureau de ce dernier et s'entretinrent en secret pendant un peu plus d'une heure. Jace ne sut jamais ce qu'il s'y dit ou ce qu'il s'y prépara, mais quand les deux compères en sortirent, ils paraissaient l'un comme l'autre content et soulagés, comme deux vieux amis qui tirent au clair une sombre histoire. Peter Falstaff ordonna ensuite à Jace de prendre soin du sieur Markov et du bien qu'il apportait à la vente dans le magasin. Tous les détails étaient réglés, Jace n'avait plus qu'à suivre la procédure habituelle pour mettre l'objet en vente.
« La demande était originale, toutefois, car on m'ordonna de ne pas mettre l'objet en vitrine, ni même à l'exposition dans la boutique. L'objet demeura donc dans la réserve du magasin durant tout son séjour chez nous. C'est aisément vérifiable, car pour exposer un objet d'une certaine valeur en vitrine ou en magasin, il faut consigner un formulaire dans nos registres. C'est pour les assurances, et vous l'aurez deviné, la clepsydre avait une certaine valeur. »
En effet, le travail de Jace fut téléguidé du début à la fin. Le prix de l'horloge à eau lui fut imposé alors que d'ordinaire, le prix d'un bien n'était déterminé qu'après une expertise minutieuse qui ne fut pas réalisée officiellement. L'objet n'apparut donc jamais à la vue des clients, et son prix s'élevait à vingt cinq mille dollars hors taxes.
« De quoi dissuader jusqu'aux plus riches collectionneurs farfelus des États-Unis ! Je n'ai jamais eu beaucoup d'admiration pour le travail de Peter Falstaff, mais je dois vous avouer que s'il avait voulu prouver à l'ensemble de la profession son incompétence, il ne s'y serait pas pris autrement. Et pourtant, le 18 février, la clepsydre était vendue. Je n'y croyais pas, et pourtant ... »
Pourtant un client se manifesta. Ce fut Peter Falstaff et non Jace qui réalisa la transaction. Ce dernier ne vit donc jamais l'argent dans le magasin, pas plus qu'il ne vit des traces de cette vente dans la comptabilité de l'entreprise. Jace alla jusqu'à en parler à son véritable patron, l'associé majoritaire, mais celui-ci semblait déjà au courant et avait prétendu « suivre l'affaire de près ». Couvrait-il son associé, ou accumulait-il une énième preuve de ses magouilles infâmes ?
« Je ne saurais le dire. J'ai pris la liberté de réunir dans un dossier tous les documents relatifs à cette transaction. J'ai reçu l'autorisation de Lucas Norrington, l'associé majoritaire, de vous les transmettre et d'y adjoindre mes observations. Tout est dactylographié, mais j'espère que mon style ne sera pas trop inintelligible. »
Près d'eux, dans les hauteurs des immeubles avoisinants, quelques pigeons roucoulaient bruyamment. Jace frémit, jetant un oeil furtif dans les airs dans l'espoir de repérer ces maudits volatiles.
« Si vous me le permettez, j'aimerais vous confier quelques unes de mes observations en particulier ... »ajouta-t-il en diminuant volontairement le volume de sa voix de sorte à n'être entendu que de la demoiselle et, parce qu'il devait tout de même parler assez fort pour être entendu d'elle, d'un éventuel espion bien caché dans les parterres de fleurs ou les égouts voisins..
Jace hésita un instant. Devait-il lui confier qu'envers et malgré l'interdiction qu'il avait reçu de Falstaff de réaliser l'expertise minitieuse nécessaire à la détermination du prix de la clepsydre, il avait bravé cette interdiction et réalisé ladite expertise ? Ce faisant, il avait mis en péril sa relation de travail avec ses employeurs, et risquait le renvoi pur et simple. Toutefois, ce renvoi exposait ses employeurs à une tâche indélébile dans leur réputation, car alors ils perdraient toute crédibilité auprès de la communauté des clients et de la profession. En effet, qui accepteraient désormais de traiter avec un antiquaire assez peu scrupuleux pour vendre une croute hypoflamande comme un tableau de maître de l'école de Nicolas Poussin ?
« Vous intéressez-vous à l'horlogerie ? La clepsydre dont nous parlons était un petit bijou d'horlogerie, une pièce très probablement flamande ou espagnol datant de la fin du XVIe siècle, mais étant elle-même une reproduction ouvragée de ce qu'aurait pu être la clepsydre offerte par le calife de Bagdad Harun al-Rashid en 801 à l'empereur Charlemagne lui-même. Point d'original, c'eût été trop beau, mais une copie magnifique. La finesse de ses contours et la subtilité de ses finitions ont toutefois attiré mon attention sur un point : cette horloge ne devait servir qu'à l'ornementation et ne devait avoir aucune utilité pratique. Il était hors de question pour moi de la tester en éprouvant son mécanisme, mais je suis presque sûr qu'il eût été aussi utile d'y verser de l'eau que d'apprendre le chant à un caillou. »
Jace s'interrompit un instant. Il fouilla dans sa serviette sans parler davantage, et en tira un morceau de papier qu'il avait protégé de célophane.
«Avec prudence, en poursuivant mes recherches sur l'horloge, j'ai découvert une cavité accessible par l'arrière, en actionnant un mécanisme simple mais bien célèbre. Est-ce à dire qu'il s'agit d'une cavité secrète ? Cela en a tout l'air, mais il faut relativiser l'importance de cette découverte, car en effet l'objet datant d'une période où le faste servait de vitrine à bien des intrigues, nul doute que le propriétaire de l'objet l'aura faire ainsi par coquetterie plus que par réelle utilité. Prenez le papier, c'est une copie que j'ai réalisée de l'original que j'ai laissé dans la cavité de l'horloge. »
Il tira délicatement le papier hors du célophane, et le plaça devant l'avocate.
« C'est la procédure habituelle, nous ne touchons au contenu des objets qu'avec des gants, au sens propre comme au figuré. Tant que ce contenu n'est pas illégal, notre devoir de réserve l'emporte. Toutefois, j'ai pris la liberté d'intéresser Lucas Norrington à l'expertise, et il a convenu qu'il serait plus sage de vous transmettre une copie de ce contenu. Vous trouverez dans le dossier, par ailleurs, des photographies réalisées lors de l'expertise, de sorte à comprendre comment fonctionne le mécanisme qui permet d'ouvrir la cavité secrète. Ce sera un peu comme un roman photo. »
Jace s'interrompit, laissant à la demoiselle le temps de digérer la somme considérable d'information qu'elle venait de recevoir. Sur le morceau de papier qu'elle avait devant elle se trouvait inscrite une liste de nom que Jace ne connaissait pas personnellement, mais pour certains d'entre eux, il en avait entendu parler, ici ou là, puisqu'il s'agissait de grands noms dans la région.
« Je ne connais pas tous les noms. Certains, en revanche, désignent quelques notables des environs. Des notables qui ont pour la plupart mouillé dans des affaires impliquants des personnes que tout un chacun déclarerait … infréquentables. Je ne suis qu'un modeste antiquaire, mais je pense que vous savez ce que cela signifie ... »
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Mar 19 Avr - 12:24
Le jeune homme déclina l'offre de la serveuse qui s'en alla sur ces entre-faits, laissant les deux étrangers en tête-à-tête. Solveig écouta docilement la réponse de son interlocuteur qui lui raconta en détails le petit chemin que l'objet avait fait chez eux. La demoiselle qui avait tiré ses affaires, entreprit de prendre quelques notes qui pourraient lui servir plus tard : un homme d'âge mûr répondant au nom de Markov, certainement une fausse identité, mais elle pourrait toujours en parler à sa cliente pour en apprendre plus à ce sujet. Un autre point intéressa la belle, le fait que l'associé de son patron, dont elle nota le nom, avait insisté pour s'occuper de ce client en particulier, peut-être n'était-ce pas inhabituel, mais la Norvégienne ne laissait jamais un détail intriguant de ce genre, lui filer entre les doigts. Les deux hommes s'étaient isolés pendant un peu plus d'une heure, ce qui empêcha son interlocuteur de lui dire ce qu'il s'était passé entre eux, mais en conclusion, les deux hommes semblaient plutôt rassurés de tout ce qu'ils s'étaient dit en sortant du cabinet privé. Léger froncement de sourcils de la part de la demoiselle qui connaissait trop bien ce genre de comportements pour qu'il ne lui semble pas étrange, toutefois elle ne s'emballait pas en poserait des questions plus précises à ce sujet pour éviter de laisser son esprit échafauder des hypothèses erronées. Un autre détail intéressant lui fut confié alors que le jeune homme lui expliqua qu'on lui avait soumis la requête de ne pas mettre l'objet en valeur dans une quelconque vitrine, mais qu'il fallait le ranger dans la réserve. Solveig cessa de gratter le papier de la plume de son stylo à encre, levant ses yeux bleus sur le visage du séduisant jeune homme comme si elle cherchait à capter ses pensées à ce sujet.
Mais rien ne s'inscrivait clairement sur le visage calme du jeune homme et l'avocate resta donc silencieux le temps qu'il poursuive son explication en disant que l'objet avait une certaine valeur, ajoutant qu'il avait consigné tout cela dans un formulaire pour ne pas avoir de problèmes avec les assurances. La demoiselle hocha la tête en silence, oh oui, elle connaissait les méandres et les abysses des formulaires des assurances, à son grand désespoir. Un bref moment de silence seulement entrecoupé par le bruit du grattement de la plume du style de la jeune femme sur le papier où elle retranscrivait leur entrevue, puis Jace reprit la parole en expliquant qu'il n'avait jamais beaucoup admiré l'associé de son employeur mais qu'il avait visiblement réussi à vendre la clepsydre. La demoiselle le regarda une nouvelle fois, comme si elle quêtait un quelconque signe qui ne vint pas. Imperturbable, le jeune antiquaire reprit la parole en expliquant qu'il avait pris la liberté de regrouper tous les documents en lien avec la transaction dans un dossier, révélation qui éveilla l'intérêt de la demoiselle qui ne put s'empêcher de couler sur lui un regard intéressé, agrémenté d'un léger sourire flottant sur ses lèvres bien dessinées. Il lui expliqua que c'était dactylographié, mais cela ne devait pas poser de soucis à la jeune femme qui utilisait aussi ce mode de fonctionnement. Un bruissement d'ailes d'oiseaux se fit entendre, sans attirer l'attention de la demoiselle qui continuait d'écrire sans remarquer la surprise de son interlocuteur. Alors que le beau jeune antiquaire reprenait la parole en lui demandant si elle permettait qu'il lui donne son avis, la belle leva les yeux en hochant légèrement la tête, même s'il n'avait pas vraiment besoin de son accord pour ce faire.
Jace embraya sur une explication concernant la qualité de l'objet dérobé, une pièce visiblement très ancienne bien que ce n'était pas une pièce originale. Cela n'avait rien de très surprenant, la véritable devait coûter une fortune et bien que la victime du meurtre était issue d'une famille très riche, elle avait certainement été désargentée à un moment où l'autre. Dans ces cas, les anciens riches avaient pour habitude de remplacer les objets originaux par des copies très ressemblantes, le temps de se remettre à flot en mettant leurs bijoux et autres richesses en gage. Celle-ci ne devait certainement jamais avoir été récupérée, il ne subsistait qu'une copie qui restait de très bonne qualité à n'en pas douter. L'avocate avait vu des photos de l'objet concerné et bien qu'elle affectionnait beaucoup les pièces d'art, Solveig avait été totalement incapable de différencier la vraie d'une copie. Peut-être que le voleur ne s'y connaissait pas non plus ? Au final, il conclut en disant que tenter de verser de l'eau sur la clepsydre aurait été totalement inutile, plutôt surprenant par conséquent de vouloir la dérober. Il ne faisait pas état d'un quelconque défaut ou de quelque chose qui pouvait pousser à s'imaginer que cet objet avait été utilisé pour tuer son propriétaire. Solveig s'interrompit quelques instants lorsque son interlocuteur glissa sa main dans sa serviette pour en tirer un bout de papier, expliquant qu'il avait découvert une cavité dans l'horloge qui pouvait être secrète, ce qui fit faire une pique à l'intérêt de la belle pour cet objet.
Alors qu'il tira le papier de sa protection pour le glisser devant la jeune femme qui se pencha pour l'analyser sans le toucher, elle tendit en même temps l'oreille pour écouter ce qu'il lui expliquait. C'était une procédure tout à fait normale lorsqu'ils touchaient à des objets de la sorte, une chance que le jeune homme soit aussi appliqué dans son métier ! Si elle était tombée sur quelqu'un qui se contrefichait totalement de ce que pouvait bien recéler comme secret, cette horloge, elle aurait pu s'asseoir sur des informations aussi intéressantes. Le jeune antiquaire ajouta que le dossier contenait d'autres informations pouvant lui être utiles et un sourire reconnaissant naquit sur les lèvres pleines de trentenaire qui accorda un regard amène à ce représentant du sexe fort qui semblait aussi passionné qu'elle par son métier. Elle restait toujours silencieuse, les informations qu'il venait de lui dire étaient très importantes, mais son cerveau était habitué à traiter des masses telles de détails, elle observa les lignes tracées d'une écriture appliquée qui devait refléter son excellence au travail, puis reporta son attention sur Jace au moment où il expliqua qu'il ne connaissait pas tous les noms. Lorsqu'il déclara que ce n'était pas des personnes des fréquentables, Solveig comprit aussitôt ce qu'il voulait dire, certains noms ne lui étaient pas inconnus de toute manière, elle savait à quoi s'en tenir. L'avocate hocha la tête avant de répondre à tout ce qu'il venait de lui fournir comme explications.
▬ Je vois ce que vous voulez dire. En tous les cas je dois vous féliciter de tout ce que vous venez de me fournir comme informations, j'avoue que je n'en espérais pas tant en vous demandant ce rendez-vous. Il est plaisant de constater que les antiquaires sont encore du nombre des personnes passionnées par leur métier. Elle sourit légèrement. À moins que ce ne soit votre particularité. »
Ce n'était pas parce qu'ils étaient ici pour le travail qu'elle ne pouvait pas se permettre de se montrer aimable avec le jeune antiquaire ! D'autant plus que Solveig le pensait réellement et qu'elle n'avait pas pour habitude de ne pas remercier ou féliciter les gens qui le méritaient. La demoiselle reporta son regard azur sur les feuilles devant elle avant de reprendre la parole d'un ton à la fois appliqué, mais avec une touche d'amabilité, elle ne se bornait pas à discuter pour avoir ses informations, mais cherchait aussi à le mettre à l'aise. Après tout, l'avocate ignorait s'il était coutumier de ce genre de rencontres !
▬ J'aimerais toutefois vous demander quelques précisions concernant certaines zones d'ombre. J'ignore si la police a déjà été amenée à vous interroger à ce sujet, si c'est le cas, je m'en excuse. »
Solveig n'aimait pas trop poser des questions qu'on avait déjà demandé à la même personne, c'était toujours pénible de devoir répéter cinquante fois les mêmes choses. Malheureusement dans son métier elle était souvent amenée à le faire. Alors qu'elle ouvrait la bouche pour parler, la serveuse revint à ce moment, posa la commande de l'avocate sur la table, gratifia les deux personnes d'un sourire bien qu'elle appuya Jace du regard, signe évident qu'il ne la répugnait pas, puis s'en alla. La demoiselle en profita donc pour enchaîner.
▬ De ce que vous m'avez dit, il est visiblement plutôt inattendu qu'un tel objet ne soit pas mis en vente directement ? Se pourrait-il que votre employeur possédait déjà un client avant que l'objet ne soit entre ses mains ? Je voudrais savoir, quel est votre opinion vis-à-vis de votre employeur et de son associé ? Me diriez-vous qu'ils sont dignes de confiance ? »
Ça pouvait sembler étrange comme question, mais Solveig tenait aussi à connaître les pensées de son interlocuteur. Après tout il était employé par les personnes en possession de l'objet dérobé, il devait avoir un avis quant à ces deux personnes, ce n'était pas négligeable, certaines personnes étaient amenées à avoir des dons pour sentir lorsque quelqu'un n'était pas très clair. Même sans être doué d'empathie évidemment. Quelques secondes de silence passèrent alors que des promeneurs passaient à côté de leur table sans leur accorder un regard, puis l'avocate reprit la parole.
▬ Est-ce que vous avez été amené à constater que la pièce en question était abîmée, avait été nettoyée ou quoi que ce soit d'approchant ? Vous ne devez pas ignorer qu'elle a été dérobée sur le lieu d'un crime, avez-vous lieu d'imaginer qu'elle puisse avoir été utilisée comme une arme ? J'imagine que ça doit se voir. »
Encore une question pour le moins surprenante. Puis, comme à son habitude lorsqu'elle voyait quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, Solveig décida de tenter une question qui pouvait être mal prise, mais en tant que membre active de Genesys, elle était toujours en quête de nouvelles recrues. Une manière de présenter les choses sous un bon angle, en espérant qu'il n'allait pas monter sur ses grands chevaux en entendant cela.
▬ Peut-être que vous ne désirez pas vous faire remarquer ? Je pourrais le comprendre, mais il faut simplement me prévenir de ce détail, que je sache à quoi m'en tenir. »
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Mer 20 Avr - 17:39
Les compliments glissèrent sur le visage impassible du jeune homme, qui en recueillit toutefois la saveur délicieuse. Il n'était pas homme à se laisser attendrir par le parfum sucré des convenances, mais il était toujours agréable de s'entendre dire une gentillesse. Malheureusement, tous les antiquaires n'avaient pas, comme lui, la passion de leur profession. Bien au contraire, trop nombreux étaient ceux qui privilégiaient les questions financières et commerciales aux questions esthétiques et techniques, perdant de vue l'essentiel de leur métier, à savoir la recherche et la découverte d'objets aussi divers que variés à mettre à la vente. N'importe quel commerçant peut vendre une imitation de Fragonard et prétendre broder une histoire autour de l'œuvre qu'il cédera à un prix exorbitant à un béotien mal informé, et mal conseillé. Le véritable antiquaire est celui qui partage, communique et transmet sa passion des objets dont l'histoire personnelle traverse parfois la Grande histoire. Jace était certainement de ceux là, et ils désespéraient de ne pas en connaître assez pour les compter au-delà de ses dix doigts. Écoutant attentivement les paroles de l'avocate, Jace plongea une cuillère de métal dans la grande tasse de chocolat chaud qui fumait devant lui, et fit des ronds dans la boisson brune.
Jamais le jeune homme n'avait été abordé, officiellement comme officieusement, par la police au sujet de la clepsydre, et à sa connaissance, il en allait de même pour l'ensemble du personnel de la boutique et de ses propriétaires. Maître Bjørn était la première personne à s'y intéresser en dehors des principaux acteurs de la transaction. Toutefois, et parce que Jace connaissait bien les habitudes de Lucas Norrington, il y avait tout lieu de croire que celui-ci avait transmis aux autorités les éléments qu'il transmettait en ce moment-même à la demoiselle, dans l'espoir de verser assez de pièces au dossier pour coincer son associé assez peu scrupuleux pour vendre sous la table une marchandise à l'origine douteuse. Sans un mot pour elle, Jace toisa la serveuse avec un sourire qui en disait long sur le peu qu'elle lui inspirait. Oubliant bien vite cette sotte aux cheveux d'une couleur douteuse, il préféra se concentrer sur les questions de maître Bjørn. Il était indiscutable, en effet, qu'il fût étrange, même de la part d'un antiquaire aussi minable que Falstaff, que la clepsydre suivît un tel chemin dans la boutique, de son arrivée jusqu'à la vente, sans passer par la vitrine ou la salle d'exposition. Du reste, si cette cession n'intéressait pas de si près une affaire criminelle, il y aurait fort à parier qu'elle deviendrait une sorte de cas d'école, une anecdote que les étudiants en manque de sensations fortes se raconteraient sur les bancs de la fac. L'idée même qu'il pût y être associé répugnait Jace.
Pouvait-il, sans crainte de représailles, exprimer à qui souhaitait l'entendre l'opinion réelle qu'il avait de son employeur ? Une réponse négative s'imposait, dans la position qu'il occupait alors, il y avait bien trop à perdre, dans ce cercle d'affaires où la réputation détermine la valeur. Toutefois, l'occasion était trop bonne pour être rejetée tout en bloc.
«J'ai beaucoup d'estime pour Lucas Norrington. C'est un marchand honnête et fiable, soucieux de la bonne marche de ses affaires, et très scrupuleux. Il ne vendra jamais une vieille console texane en la maquillant d'un faux nom, chose que de trop nombreux prétendus professionnels font pour accroître leur profit. »
L'opportunité était trop belle, et Jace déploya tout l'art qu'il avait de la conversation pour exprimer tout le mépris qu'il avait de Peter Falstaff sans toutefois formuler une seule pensée déplaisante.
«Il est à la fois un maître et un ami, et je le sais gré de la position que j'occupe actuellement dans la profession. Le seul défaut de ce brave homme, c'est la trop grande confiance qu'il plaça un jour dans son associé, Peter Falstaff. Cet homme est au moins aussi honnête qu'une tortue sait voler. »
Jace s'interrompit, conscient des risques auquel il s'exposait en parlant de la sorte de son supérieur. Mais le jeu en valait bien la chandelle.
« J'ai chez moi un placard entièrement consacré à toutes ces transactions qu'il a réalisé et qui aurait pu entraîner la ruine de l'entreprise si je n'avais pas été là pour en rectifier les imperfections et les erreurs douteuses. Il y a donc fort à parier, en effet, qu'il avait déjà sous le coude un client pour cette clepsydre, et si la transaction s'est réalisée dans un tel secret, c'est qu'elle dissimule une intrigue byzantine de plus. »
Quelques promeneurs marchèrent à proximité, et Jace se tut, par discrétion, mais également parce qu'il n'avait rien à ajouter à l'opinion qu'il avait de ses employeurs et du transit de l'horloge à eau dans la boutique.
« Est-ce que vous avez été amené à constater que la pièce en question était abîmée, avait été nettoyée ou quoi que ce soit d'approchant ? Vous ne devez pas ignorer qu'elle a été dérobée sur le lieu d'un crime, avez-vous lieu d'imaginer qu'elle puisse avoir été utilisée comme une arme ? J'imagine que ça doit se voir. »
L'idée qu'un tel acte de vandalisme fut possible effraya Jace au point de le faire frémir. Quel fou furieux, quel ennemi public numéro un, quel infâme suppôt de Satan oserait porter atteinte à l'intégrité d'un si bel objet ? Reprenant ses esprits, Jace tâcha de se souvenir, mais rien ne lui vint. La clepsydre, et fort heureusement, n'avait jamais servi d'arme à qui que ce soit, les seuls altérations de sa surface étaient dues à l'usure normale contre laquelle seul un entretien rigoureux, méticuleux et minutieux pouvait lutter. Il allait formuler sa réponse, mais l'avocate le devança avec une nouvelle question, pour le moins surprenante. Jace était-il du genre à se faire remarquer ? Non. Était-il du genre à se faire le plus petit possible ? Non plus. Comment se positionnait-il, en vérité ? Il l'ignorait, sans doute. Dans l'absolu, rien n'est compliqué. En revanche, à s'attarder sur les détails … On ne trébuche pas sur une montagne, mais sur une pierre. La montagne est haute, élevé, verticale, elle se rapproche du ciel, de l'immensité. Elle est la rencontre du ciel et de la terre, elle est le terme de l'ascension humaine, elle est ce toit sacré du monde à l'ombre duquel les idéaux reposent. L'homme est pierre, et comme la pierre se taille, l'homme se façonne au gré des idées, des pensées, des désirs et des métamorphoses de l'âme. Dans ce cycle en éveil, Jace avait choisi d'agir en parfait égoïste.
«Vous savez, je ne suis pas personnellement impliqué. Je suis d'une part couvert par le devoir de réserve de la profession, mais également par les signatures conjointes de mes patrons. Ainsi je n'ai pas grand chose à craindre des révélations que je peux vous faire. »
Le ton de Jace trahissait sans détour son amusement. De toute évidence, sa participation à ce qui semblait être une « investigation policière » le divertissait beaucoup, et il espérait bien garder un œil sur cette histoire jusqu'à son dénouement, où l'on découvrirait peut-être un cadavre dans les congélateurs de quelque grand magnat de la finance internationale, ou dans la chambre d'ami d'un tueur en série psychopathe. Pris dans ses pensées, Jace feignit de prendre le temps de la réflexion pour répondre. Tout un tas de questions aussi farfelues qu'inutiles se pressaient contre lui, l'embrassant de toute leur force, l'obligeant à considérer les dernières interrogations de maître Bjørn comme à travers un prisme déformant. L'associé crapuleux était-il mêlé à un meurtre ? L'horloge était-elle la clef de l'énigme d'un excentrique ? Les noms sur la liste étaient-ils ceux des futurs victimes du tueur ? Pourquoi maître Bjørn tenait-elle à en savoir tant sur lui ? Était-elle vraiment scandinave ? Que pensait-elle du fromage de chèvre caramélisé ? Portait-elle de la fourrure ? Les animaux souffraient-ils des injustices de la mode ? Pourquoi les drôles d'oiseaux étaient-ils tous fonctionnaires ? Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?
« L'horloge n'a pu servir d'arme, en aucune façon. Sa facture est bien trop délicate, et l'idée qu'un sinistre individu puisse se servir d'une telle beauté comme d'un instrument de mort m'est insupportable et pénible. Heureusement, il n'en est rien, je peux vous l'assurer. Je ne doute pas cependant qu'elle soit mêlée à une sombre affaire. Je viens d'Europe, voyez-vous, et si certains noms de la liste que vous tenez entre les mains désignent à Achaea des bandits d'importance mineure... »
Jace tira de sa serviette une autre chemise qu'il remit à l'avocate sans s'interrompre.
« ... elle désigne en revanche en Europe des truands à la réputation nauséabonde. Vous trouverez dans cette chemise plusieurs articles de journaux faisant état de leurs prouesses. Ceci devrait vous intéresser, en tant que praticienne du droit. Tous trois sont des grands bandits. Tous trois sont arrêtés. Tous trois sont sûrs d'être condamnés car les preuves affluent. Mais non, tous trois sont relaxés ou acquittés sur des points douteux de procédure. Coïncidence ? Par d'après certains journalistes, qui dévoilent l'implication de ces trois bandits dans la compromission et la capture par les autorités des pays concernés de plusieurs grands noms de la cause mutante. Je n'aime pas me mêler de politique, mais il y a vraiment des méthodes qui dégradent l'institution judiciaire. »
Un rire léger ponctua de cynisme sa dernière assertion.
« Il faut espérer que ces méthodes soient circonscrites aux frontières européennes … mais je me doute qu'il s'agit d'une pensée naïve. »
◊ Sólveig K. Bjørn ◊
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Ven 22 Avr - 14:30
Les réponses du jeune homme ne se firent pas attendre longtemps, il expliqua avoir beaucoup d'estime pour son employeur, ce qui plût tout de suite à l'avocate. Elle ne portait pas particulièrement son patron dans son cœur, mais jamais la Norvégienne n'aurait réussi à envisager de travailler sous les ordres d'une personne pour qui elle n'avait ni respect, ni admiration. Le respect restait après tout, la chose principale dans une relation, tout comme la politesse et bien que Jace était apparut comme un jeune homme très « comme il faut », il n'empêchait que c'était toujours bon de se le voir confirmer. L'antiquaire responsable de la boutique où était employé le jeune homme, était donc digne de confiance, un bon point, cela signifierait qu'elle n'aurait aucune peine à se renseigner plus en avant à ce niveau. Oh bien entendu, Jace aurait aussi pu s'amuser à lui mentir pour le simple plaisir de lui faire croire quelque chose histoire qu'elle n'aille pas fouiner dans des endroits qui n'étaient pas très nets, mais il n'avait pas l'air d'être « comme ça » et Sólveig considérait qu'elle pouvait lui accorder sa confiance. Malgré tout, pour pouvoir permettre à ses informations d'être valides lorsqu'elle se présenterait au procès, la jeune femme devrait tout de même confirmer cela avec d'autres témoignages, mais ce n'était que de légers détails. Un hochement de tête approbateur de la part de l'avocate exprima le fait qu'elle voyait ce qu'il voulait dire, sans compter que ça lui facilitait la tâche : un homme comme ça ne prendrait pas inutilement le risque de s'empêtrer dans des affaires peu recommandables. Après tout, lorsqu'on avait beaucoup à risquer, en général il était préférable de ne rien faire de stupide, si cet homme avait quelque chose à voir avec le meurtre, il ne ferait pas long feu après un petit moment passé avec les policiers, même si Sólveig n'approuvait pas particulièrement leurs procédés.
Le séduisant antiquaire enchaîna alors sur l'associé de son patron et bien qu'il parlait de manière très polie, la jeune femme comprenait tout de même qu'il ne le portait pas dans son cœur. Quoi qu'il en soit, Jace ne cherchait pas à s'en cacher, ce qui n'avait rien de très surprenant, lorsqu'on vous interrogeait sur une affaire de meurtre en général, il était préférable que vous disiez la vérité. Il était tellement aisé de soulever les mensonges des gens à cette époque, que bien souvent la sincérité était le plus simple chemin vers la tranquillité. Hochement de la tête à peine perceptible de la part de l'avocate qui nota cela rapidement, en dactylo doublé d'un code de son invention qui mêlait les quelques langues qu'elle connaissait, de manière à ce que personne ne puisse comprendre ce que ses papiers comportaient comme information. Patron : bon ami et honnête commerçant, Associé : crapule visiblement aussi malhonnête que peu douée dans son métier. Un moment de silence s'installa alors que Jace reprenait le fil de ses pensées pour lui expliquer qu'il avait un placard entièrement dédié à tout ce qu'il avait réalisé comme ventes et achats, des actions qui auraient certainement menées à la perte pure et simple de la boutique s'il n'avait pas été là pour rattraper le coup. Elle connaissait ça, les bonnes fées et les petits lutins qui passaient derrière des gens aux deux mains gauches pour résoudre tous les problèmes avant qu'ils ne découlent sur une catastrophe de grande ampleur. En somme, il y avait de fortes chances pour que le client soit déjà là bien avant que la clepsydre ne soit en possession des antiquaires. Sólveig pinça légèrement ses lèvres comme pour confirmer qu'elle pensait en effet la même chose avant d'enchaîner sur sa question au sujet de l'arme du crime.
Après les quelques questions de la jeune femme qui tentait en même temps de tâter le terrain au sujet de l'implication de son interlocuteur dans ce qui pouvait le lier aux autorités, le jeune homme lui répondit d'un ton qui laissait filtrer l'amusement qu'il ressentait. La demoiselle laissa naître un très léger sourire au coin de ses lèvres, mais il fallait bien la connaître pour comprendre que c'était celui qu'elle réservait aux personnes qui avaient visiblement cerné qu'elle voulait en savoir plus que ce qu'elle ne disait. Oui, Sólveig avait tâté le terrain en jouant la carte de la question « simpliste » alors qu'il y avait une profonde réflexion et une grande attente derrière tout cela. Restait encore à voir si Jace allait lui donner ce qu'elle attendait, ou s'il se contenterait de lui lâcher quelques bribes d'informations sans grand intérêt. Quoi qu'il en soit, le jeune homme n'avait visiblement pas grand-chose à craindre de ce qu'il pourrait lui dire et par conséquent, la jeune avocate comptait lui demander quelque chose d'autre à ce sujet, en espérant qu'il accepte. Un petit moment de silence s'installa, seulement brisé par les discussions étouffées des clients alentours et le bruissement d'ailes des oiseaux qui volaient non loin de là, puis le jeune antiquait reprit la parole pour lui expliquer que l'horloge n'avait pas pu être utilisée comme arme. C'était déjà un bon point, Sólveig aurait trouvé désolant qu'on use d'un tel objet pour une chose aussi odieuse, bien que c'était stupide de penser qu'un couteau valait mieux qu'une pièce finement ouvragée, tout meurtre était odieux. Mais c'était son affection pour les vieilles pièces qui parlait simplement dirons-nous, bien qu'elle imaginait aisément qu'au moment du crime en question, on prenait ce qui tombait sous la main, que ce soit un simple vase du marché aux puces d'à côté, ou un vase Ming de style wucai, décor aux poissons rouges.
Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme lorsque son interlocuteur exprima son aversion pour l'idée d'imaginer cet objet en arme, avant de confirmer une nouvelle fois le fait que ce n'était pas possible. Le jeune antiquaire poursuivit en sortant un papier de sa serviette pour le lui tendre alors qu'il expliquait être Européen et connaître certains des noms de cette liste comme étant des connaissances des personnes peu recommandables de ces environs. Elle hocha la tête en silence alors qu'il expliquait qu'elle devait certainement s'intéresser à tout ce qui touchait aux truands. Un mot éveilla alors son intérêt, lorsqu'il parlait des grands noms de la cause mutante, elle le regarda en silence pendant quelques instants alors qu'il terminait en disant qu'il avait certainement la pensée naïve d'imaginer que ça puisse s'arrêter aux frontières européennes. L'avocate esquissa un sourire à la fois contrit et qui filtrait le fait qu'elle avait perdu cette espérance depuis pas mal d'années, puis elle reposa le papier sur la table avant de prendre la parole de son ton calme à l'accent traînant.
▬ Je suis moi-même européenne d'origine et j'ai exercé un peu là-bas avant de venir en Amérique, croyez-moi, même si je suis navrée de devoir le dire, c'est bien loin de s'arrêter aux frontières de l'Europe. En réalité, je pourrais même dire que c'est encore plus actif ici que dans d'autres pays. »
Elle le sonda de ses pupilles couleur azur pendant quelques secondes avant de reporter son attention sur les papiers qui se tenaient devant elle, il venait – inconsciemment certainement – de lui ouvrir un chemin sur une route qu'elle prévoyait d'emprunter depuis quelques instants. Sa question à double sens au sujet des mutants, revenait avec plus d'intérêt, mais une langue habituée à tourner les questions à son avantage, comme c'était le cas de la sienne, ne sautait jamais les deux pieds dans le plat. Elle comptait amener ça avec douceur et délicatesse pour tenter de l'amener à répondre, bien qu'elle s'imaginait qu'il allait flairer quelque chose. Qui ne tentait rien n'avait rien après tout, non ? Elle inspira légèrement profitant de ce bref silence pour tremper ses lèvres dans le liquide chaud de sa tasse avant de reposer cette-dernière pour prendre la parole d'un ton toujours aussi calme et professionnel.
▬ Voyez-vous, je suis normalement spécialisée dans la défense des droits des mutants malgré moi et étant Européenne, je peux vous assurer que je connais une bonne partie des noms que vous me transmettez. Malheureusement le plus difficile reste toujours de pouvoir prouver les actions qu'ils font et je suis toujours forcée d'admettre qu'ils savent parfaitement comment s'y prendre pour ne pas se faire remarquer. »
Elle soupira légèrement, il était vrai que tout cela la laissait frustrée, bien souvent Curtis avait constaté qu'elle pouvait s'emporter lorsque ça touchait les mutants. Sólveig ne mentait pas en disant qu'elle était spécialisée dans ce domaine « malgré elle », après tout, ce n'était pas elle qui avait demandé le fait de posséder ce gène supplémentaire, on le lui avait donné et la Norvégienne avait simplement assuré derrière. Ça pouvait être perçu de plusieurs manières et si Jace le comprenait autrement que dans le sens premier, c'était peut-être lié au fait qu'il était lui aussi concerné.... Elle baissa un moment son regard, ne tenant pas trop à appuyer sur ce point pour le moment et elle décida donc de pointer autre chose du doigt avant de faire un petit retour à ce sujet. Il n'était pas question de trop l'interroger sur ce domaine.
▬ Monsieur Valeskine, si je suis amenée à avoir besoin de votre témoignage au cour du procès, est-ce que je pourrais compter sur vous ? Comme je vous l'ai dit, je travaille actuellement pour l'homme accusé du crime qui m'amène à vous parler aujourd'hui, mais l'association que je représente pense que c'est plutôt lié à son origine génétique. Elle posa ses yeux clairs sur le visage du jeune homme. Il est mutant, bien évidemment. Dites-moi, connaissez-vous l'Afflictis Lentae ? »
Sólveig parlait de l'association d'aide aux mutants pour laquelle elle faisait de nombreuses heures supplémentaires, membre très active et surtout partisane de Genesys, ce n'était pas rien. Mais qu'en était-il de son interlocuteur ?
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Mar 26 Avr - 17:22
Maître Bjørn confirma ses origines européennes, et Jace fut ravi de constater qu'une fois de plus, sa connaissance des physionomies ne le trompaient guère. Il n'y avait aucun parti pris racial à considérer la théorie des états, d'après laquelle non seulement le contexte politique mais également le contexte socioculturel subissait l'influence combinée de multiples facteurs dont la géographie, l'histoire et le climat. Ainsi, il n'était pas étonnant de trouver en Afrique, berceau du genre humain, la plus grande diversité des visages, des tailles, des formes et des couleurs. Il n'était pas plus étonnant de constater combien l'insularité des îles britanniques influence grandement le caractère de nos chers amis anglais. Plus subtil, la très grande singularité de la Chine venait de ce qu'elle s'est construit sur une civilisation plurimillénaire, fait unique. S'il n'avait qu'une vague impression de déjà vu, la première fois qu'il vit la norvégienne aux premiers temps de leur discussion, Jace voyait désormais confirmé son idée, et tirait beaucoup d'orgueil d'avoir vu juste, une fois encore.
C'est un peu comme étudier de près ce fauteuil qu'une vieille dame seule au monde désire vendre pour payer les dettes que laissent derrière lui son mari. Le fauteuil est conçu comme un voltaire, mais le médaillon présente ces motifs floraux typiques de la période baroque française. Ses pieds sont taillés et polis selon les méthodes hollandaises de la fin du XVIIe siècle, mais le siège est rembourré à l'excès, ce qui le rapproche des canons du genre de la fin du XIXe siècle. Le fauteuil devient alors un puzzle d'histoire que l'antiquaire doit déchiffrer et décrypter pour révéler l'anecdote que le précieux objet garde secrète. Ce n'est qu'au bout de ce long mais délicieux parcours initiatique que l'artisan – car il s'agit d'un art, assurément, qui nécessite application, rigueur, et zèle – peut déterminer toutes les informations nécessaires à la connaissance de la pièce qu'il tient entre ses mains. N'était-ce pas, à plus ou moins quelques exceptions près, la même chose, avec les gens ?
Vint ensuite une révélation aussi attendue qu'indélicate, car si Jace avait pressenti l'implication d'une ou de plusieurs personnes affectées par la mutation, il eût préféré que l'avocate fît honneur à la discrétion de sa profession et ne se présente pas si crument comme spécialisée dans la protection des droits des mutants. Ce n'est pas que Jace fut fâché d'une telle chose, bien au contraire, il rendait grâce à la demoiselle de sa force de conviction et lui reconnaissait un grand sens du dévouement. Mais il n'était pas plus à l'aise avec le sujet qu'une poule avec un couteau, et même s'il devinait que l'avocate préférait jouer cartes sur tables, il ne sut pas, tout d'abord, s'il lui était préférable d'avoir, à son égard, la même attitude franche et loyale.
«Je me doutais bien que cette histoire n'était pas simple, et de savoir que des mutants y sont mêlés de si près ne me semble pas être une si grande surprise. Je connais l'Afflictis Lentae. Plus exactement, je sais ce que toute personne relativement bien informée peut savoir. »
Jace se concentra alors et songea à ce qu'il lui fallait dire ou faire. La raison toujours nous montre les chemins qu'il convient d'éviter, mais c'est l'intuition seule qui nous montre le chemin à suivre. L'instinct de Jace lui dictait la prudence, car ses réponses lui feraient ou de nouveaux amis, ou de nouveaux ennemis. En temps normal, un avocat est un cavalier, sur l'échiquier de la vie. Sa nature particulière le rend indispensable aux grandes actions, sans compter qu'il apparaît bien souvent là où nul ne l'attend. Que dire alors d'un avocat qui, manifestement, fraie avec les mutants ? Jace n'avait que peu à craindre de quiconque, car dans l'absolu, son pouvoir le protégeait d'à peu près tous les dangers qu'un cerveau simple pouvait imaginer. Toutefois, sa situation sociale, auquel il tenait plus que de raison, ne pouvait décemment souffrir l'émergence d'ennemis trop puissants. Toutefois, il était également risqué de s'afficher comme le collaborateur ou l'ami d'une personne proche de l'intérieur du phénomène mutant, que dire alors d'un avocat dont la spécialité semble être la défense des mutants ? Certes, la loi est la même pour tous, mais l'œil de chacun est seul juge de la réputation de tous. Mais si la logique est le refuge des gens sans imagination, Jace ne manquait pas de ressources.
«Je ne désire pas entraver la justice. Si vous avez besoin de mon témoignage, je considérerai votre proposition. »
Pas plus qu'il n'était homme à se laisser conduire par la perfidie maligne, Jace n'était pas homme à se laisser conduire par les bons sentiments. Il n'était pas non plus homme à prendre les décisions à la légère. Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, oui et non, sont ceux qui exigent le plus de réflexion. L'histoire en donnait tant d'exemples ! Les deux mariages d'Aliénor d'Aquitaine avaient façonné l'Europe, en son temps. L'Union d'Isabelle et de Ferdinand, de la Castille et de l'Aragon, avait permis la renaissance de l'Espagne catholique. Trois mariages, trois oui décisifs. Que serait-il advenu de l'Europe, si ces oui avaient été des non ?
«Vous devez toutefois comprendre qu'un témoignage engage bien plus que la parole donnée. »
Sa prudence pouvait apparaître suspecte à la jeune avocate, mais Jace avait trop appris des erreurs d'autrui pour savoir que prendre parti, c'est s'exposer. Tant d'hommes et de femmes virent leur vie basculer dans l'horreur du fait d'intrigues partisanes de plus ou moins grande échelle. En ces temps de trouble généralisé, le seul fait d'exposer un avis est un acte dangereux que la raison doit mesurer et l'intuition guider. Louvoyer demeurait inutile, il lui fallait prendre une décision, s'afficher, se colorer, mais il ne pouvait le faire sans nuance, car là encore, Jace n'était pas homme à se donner tout entier. Un sourire que d'aucun diraient railleur apparut sur le visage du jeune antiquaire.
«La parole a été donné à l'homme afin de déguiser ce qu'il ressent, et le regard afin de déguiser ce qu'il dit. »
Le ton était appuyé. Elle ne devait pas s'attendre, de la part de Jace, a de l'enthousiasme, à cette euphorie de la bonne action, à cet engouement stérile pour un progrès quelconque, une chose bien faite, une promesse nouvelle. Il témoignerait, bien sûr, parce qu'il le fallait, et que le refuser l'exposait à la médisance, à la suspicion, à la calomnie, autant d'ennemis qu'il préférait disperser. De plus, une occasion lui était offerte de compromettre davantage l'associé véreux de son patron, et d'ainsi gagner plus d'influence auprès de lui. Nul doute que ce dernier, si la présente affaire était menée à terme convenablement, remarquerait l'implication humble et respectueuse de Jace pour une entreprise qui, pourtant, n'était pas la sienne. Peut-être me le récompenserait-il ? A quel point Lucas Norrington serait-il généreux et reconnaissant ? Nul ne saurait le dire pour l'heure, mais c'était une question qui méritait d'être posée, et une réponse plus digne encore d'être recherchée.
«Qu'attendriez-vous exactement de moi ? »
La serveuse à la chevelure piquante revint, la commande chargée sur un plateau, qu'elle disposa sur la table de bois ciré, près de la demoiselle, s'ingéniant à ne rien déranger ou toucher des nombreux documents éparpillés devant elle. Après avoir supplié Jace du regard, sans que celui-ci ne daignât même lever les yeux vers elle, qui les avait pourtant fort coquet, elle s'en alla, le cœur peut-être brisé, vers l'intérieur de l'établissement.
Jace plongeait un regard perçant dans les yeux de maître Bjørn. Il voulait tout scruter de la jeune femme quand elle reprendrait la parole, car très certainement, son choix définitif dépendrait de la réponse qu'elle lui ferait dans les prochaines secondes.
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Mer 27 Avr - 18:36
Sólveig s'amusait assez de la situation, c'était du moins le mode de fonctionnement pour lequel elle avait opté en constatant que la conversation glissait sur un terrain qui pouvait se révéler dangereux. La jeune Norvégienne n'était pas sotte, elle se doutait pertinemment que si son interlocuteur était un mutant non recensé, tout comme elle, il n'allait pas le lui avouer juste pour ses beaux yeux, tout comme elle se doutait qu'il le tairait s'il était recensé, mais d'un groupe peu actif dans la défense de leurs droits. C'était bien pour cela qu'il existait des gens comme les membres de l'Opération et de l'Afflictis, pour faire le travail que certains mutants ne pouvaient pas effectuer. Tout le monde avait le droit de vivre en liberté, de pouvoir croiser une jolie fille et l'inviter à boire sans craindre qu'elle nous envoie balader parce qu'on portait l'étiquette de « mutant ». En réalité, la planche de salut de bon nombre de mutants, était justement l'anonymat, le fait qu'ils pouvaient se faire passer pour des humains, histoire d'avoir une vie normale. C'était pour ce genre de comportement que la belle se battait, elle trouvait absolument horrifiant de constater que pour être considéré comme « normal », il fallait avoir été épargné par le gène mutant. La normalité était une question de point de vue, les fous, les gens avec des difformités, les mutants, ils étaient mis dans le même sac par la société. Sólveig avait eu la chance de naître plutôt gâtée par la nature, elle était loin d'être repoussante, tout comme son voisin de table, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'ils pouvaient prétendre à une vie normale en raison de leur gène. Était-ce normal ? Non, l'avocate avait beaucoup de fierté pour ses origines mutantes, mais elle ne considérait pas les humains comme leur étant inférieurs. La belle n'avait pas la chance de pouvoir avouer son origine mutante, parce qu'elle était la face publique de l'Opération Genesys, mais elle montrait son amour ces personnes en agissant dans leur intérêt.
Par conséquent, la Genesys pouvait comprendre tous les points de vue, elle n'allait pas blâmer une personne qui considérait le sujet « mutant » comme tabou, même si ça la désolait tout de même. Concernant le jeune antiquaire, la demoiselle avait du mal à le cibler, il parlait juste ce qu'il fallait, expliquant qu'il se doutait que l'histoire ne pouvait pas rester simple tout comme il n'était guère surprit de constater que des mutants y étaient mêlés. De toute manière, désormais toutes les affaires traitaient de près ou de loin au gène « déficient », ils s'amusaient tous à se servir de ce prétexte comme défense. Comme si posséder le gène mutant pouvait pousser à vouloir plus tuer d'humains qu'un humain normal ! Sólveig était révoltée lorsqu'elle entendait de telles insanités, mais elle ne pouvait rien faire de plus que lâcher un « objection » bien trop souvent refusé. Jace expliqua qu'il connaissait l'Afflictis, avant de préciser ses dires en disant qu'il en savait autant qu'une personne relativement bien informée puisse savoir. Un léger sourire amusé de dessina sur les lèvres bien ourlées de la belle alors qu'elle constatait que son interlocuteur semblait faire partie de ces personnes qui avaient besoin de tout préciser ou justifier pour que leurs paroles ne soient pas mal interprétées. Elle resta silencieuse, hochant la tête avec délicatesse alors qu'il enchaîna ses paroles en disant qu'il n'avait nullement le désir d'entraver la justice et que s'il avait besoin de fournir son témoignage, il y réfléchirait. La jeune femme hocha la tête d'un air léger, sans se départir de son sourire, lâchant un simple mot qui en disait pourtant bien long.
▬ Je comprends. »
Il n'avait pas dit oui, mais pas dit non non plus, c'était déjà ça. Sa réputation lui avait souvent joué des tours, on craignait de se voir associé à quelqu'un qui aimait les mutants et quelques témoins importants avaient déjà refusé de parler lors d'un procès parce que c'était elle. Sólveig assumait ce côté, même si elle se désolait de voir que les retombées avaient des impacts sur ses clients. Elle inspira doucement alors qu'il lui déclara qu'elle devait comprendre qu'un témoignage engageait plus que la parole donnée. Ce n'était pas faux, visiblement il avait mûrement songé à ce qu'elle venait de lui dire durant ces quelques instants de silence, le sourire qui naquit sur ses lèvres en dit d'ailleurs long à ce sujet. Il s'exprima ensuite en usant d'une très belle citation qui élargit encore le sourire de la jeune femme avant qu'il ne lui demande ce qu'elle attendrait exactement de lui. L'avocate s'apprêta à lui répondre lorsque la serveuse revint une nouvelle fois, essayant de prendre mille précautions pour ne pas chambouler les papiers épars sur la table. Sólveig lui facilita la tâche en dégageant quelques feuilles alors que la demoiselle décrochait un nouveau regard lourd de sens au jeune homme qui ne réagit absolument pas. Compatissante, peut-être la solidarité féminine allez savoir, le regard clair de la Norvégienne suivit la demoiselle qui retournait dans le bâtiment, un léger sourire amusé sur les lèvres. Dommage, elle était jolie comme un cœur, les hommes aimaient souvent plus leurs antiquités ou leurs voitures que leurs femmes. Reportant son attention sur Jace, elle ne cilla pas en constatant qu'il la dévisageait et répondit d'un ton calme comme à son habitude.
▬ Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, n'est-ce pas ? Elle faisait référence à la citation que le jeune homme avait utilisé juste avant, légèrement modifiée, mais c'était la base toutefois. Elle sourit doucement avant d'enchaîner. Je peux comprendre votre réticence à témoigner, mais il faut que vous sachiez une chose monsieur Valeskine, je n'impose nullement mes choix à mes témoins. En venant au tribunal, vous ne serez pas classifié comme « le témoin du mutant », mais comme un homme expérimenté dans son métier qui vient nous rendre compte de ce qu'il a vu et fait. Elle repoussa une mèche qui venait de glisser de derrière son oreille avant d'enchaîner. Au même titre, il y aura des policiers, d'autres employés de divers magasins. Je vous demanderai simplement de répéter sous serment ce que vous venez de me dire. Rien de bien compliqué, si ce n'est que vous ne serez pas importuné par une jolie serveuse. Cela devrait vous satisfaire j'imagine. »
Un sourire calme et apaisé passa sur ses lèvres, elle ne se moquait nullement de lui, après tout quel homme ne serait pas flatté qu'une jolie serveuse le dévore du regard ? Peut-être bien qu'il n'était pas à l'aise avec ce sujet, concernant Sólveig, c'était différent, elle était instinctive, peut-être était-ce en lien avec son don, allez savoir. Lorsqu'un homme lui plaisait, elle le disait, lorsqu'elle remarquait un regard appuyé de quelqu'un sur une autre personne, la demoiselle ne se privait pas de parler de cet intérêt. Les gens prenaient trop des pincettes, la Norvégienne était un peu « rentre-dedans », ce qui surprenait souvent ses interlocuteurs. Plein de surprise, disaient certains, trop curieuse, disaient d'autres, encore une fois, ça dépendait des points de vue. La jeune femme reprit la parole.
▬ Vous n'aurez aucune difficulté à vous faire apprécier du jury, vous êtes un jeune homme bien comme il faut, propre sur lui, le genre de témoin idéal en somme. Je ne vous cache pas que mon affaire est plutôt mal engagée, mais si je peux prouver que l'associé de votre employeur est mêlé à tout cela et que mon client ne le connait ni d'Ève, ni d'Adam, cela pourrait me sauver la mise. »
Elle était sincère, ne tenant pas à jouer les filles qui se moquaient de son témoignage, sans pour autant faire de lui LE témoin clé de son procès. Sólveig ne mentait pas, voilà tout, elle disait la vérité, ni plus, ni moins. Après quelques secondes, la Norvégienne conclut sa réponse.
▬ Je pourrais comprendre que vous refusiez parce que vous avez peur d'être associé aux mutants, j'ai été sincère avec vous en vous parlant de mes convictions, je ne tiens pas à me jouer de vous en dissimulant des choses qui peuvent vous faire du tort. Vous n'aurez pas à descendre votre patron si ça vous inquiète, mais si vous refusez par peur d'être considéré comme un ami des mutants, j'aimerais au moins que vous me le disiez clairement. Je saurais que ce n'est pas pas crainte des représailles de votre employeur, mais simplement à cause de la mentalité de notre ère. »
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Jeu 28 Avr - 16:45
A l'évocation du nom du diplomate boiteux qui n'était, pour un certain empereur, que de la merde dans un bas de soie, le visage de Jace s'illumina, car il était ravi de constater que son interlocutrice, en plus d'être des plus charmantes, semblait être également des plus cultivées. Ce que d'aucun auraient appelé un détail comptait beaucoup pour Jace, et ajoutait très certainement au capital sympathie de maître Bjørn. Le véritable enjeu n'était toutefois plus dans les bons sentiments que lui inspirait la demoiselle. Était-il ou non l'ami des mutants ? La question n'était ni directement posée, ni directement le sujet, mais Jace ne put s'empêcher d'y songer. N'était-il pas un mutant, lui-même ? N'avait-il pas souffert de sa condition, assez souffert pour éprouver de la compassion à l'égard de ses congénères affectés par ce gêne encore si mystérieux ? N'avait-il pas de la peine pour ses pairs que les plus forts font taire, que les plus forts détruisent, que les plus forts martyrisent ? Le loup entend l'appel douloureux de ses frères, l'oiseau offre un rempart de son corps pour la protection du nid, le dauphin charge sans peur pour la sûreté de sa famille … La nature et le genre humain pullulaient d'exemples d'individus voués à la cause de leurs semblables. Tout cela était très admirable, certainement, mais point au goût de Jace, qui n'avait d'autres causes que la sienne.
Mais, il n'était pas nécessairement préférable de choisir l'immobilisme conservateur et l'isolement obstiné plutôt que la participation prudent et la confiance mesurée. Il accepterait de témoigner, et s'arrangerait pour produire une prestation suffisamment claire pour être utile, et suffisamment ombragée pour ne pas le compromettre. N'était-ce pas ce qu'il faisait chaque jour, parfois en abusant de la naïve sottise de personnes vulnérables ?
«Je témoignerai. Pardonnez ma présomption flatteuse, mais je vous crois assez capable pour faire ce qu'il faut des informations que je vous apporte. Je vous sais gré d'avoir compris mes quelques craintes, et je vous remercie d'avoir eu les mots qui convenaient pour les apaiser. »
Ses paroles étaient peut-être d'une courtoisie trop appuyée pour être tout à fait spontanée, mais elles étaient sincères, et la voix de Jace trahissait volontairement son émotion à dénuder ses paroles du voile de brume qui les accompagnait d'ordinaire.
«Sous serment, je m'engagerai à tout dire et à répondre à toutes les questions qui me seront posées. J'espère que ce témoignage vous sera utile en plus de toutes les pièces que j'ai apportées pour vous. »
Le texte d'un air qu'il connaissait bien revint à sa mémoire, et les trémolos languissants d'un violon s'éveillèrent dans son oreille, glissant sur ses tympans avec l'aisance d'un jeune chat. Maître Bjørn ne pouvait le savoir, mais elle lui rappelait une personne en particulier, que le jeune homme avait perdu de vue depuis son arrivée aux États-Unis. Pourtant, le souvenir d'Anna Svariosnia était toujours brûlant à sa mémoire, car la délicieuse soprano de Mannheim avait laissé dans le coeur de Jace une trace que le temps n'effacerait jamais. Il l'avait rencontré dans le cadre d'un voyage en tant que musicien soliste du conservatoire de Cracovie. Avec elle, il avait donné des concerts, des récitalsbet des représentations dans de nombreuses villes d'Allemagne, et de leur duo était née, le temps d'une saison, une amitié qui devait durer trois ans sans fléchir ni faiblir. Hélas, le départ de Jace avait jeté un froid entre eux, qu'aucune des lettres de Jace n'avaient su réchauffer. Sans doute était-ce une figure de cette amitié tendre et profonde qui était entrée en résonnante avec la ressemblance physique de l'avocate, créant une sorte de flou gaussien diffusant en lui la chaleur d'un souvenir vivifié par l'écho d'une perception physique, écho aussi imperceptible que la manifestation est brutale. Jace n'était pour autant pas dupe. Des milliers de kilomètres et des milliers d'injustes reproches le séparaient d'Anna, mais il était agréable de croiser une demoiselle à la physionomie si évocatrice.
«Je ne vous cache que c'est également une opportunité pour moi. Les procès criminels impliquant des mutants attirent l'œil du public aussi sûrement que le miel attire l'ours des histoires. Bien que l'essentiel de ma clientèle ne soit pas issu du grand public, cette publicité ne peut que me faire du bien. »
Jace ne put retenir les prémices d'un fou rire, qui s'étrangla dans sa gorge tant il prit conscience de ce qu'il pouvait être mal interprété.
«J'espère ne pas vous paraître trop vénal, d'espérer tirer profit du désarroi de la personne que vous représentez en justice. Mais j'aime mieux exposer mes motivations pour que mon accord ne vous paraisse pas trop évident et suspect. »
Il s'interrompit un instant pour finir de boire son chocolat chaud avant de repousser devant lui la grande tasse avec dédain. Glissant les yeux vers l'extérieur de la terrasse, Jace eut la nette et pénible impression que leur entrevue était observée. Cette sensation désagréable venait peut-être de ce qu'un brouillard léger se levait, et se prêtait fort bien à l'apparition des comploteurs et des intrigants. C'est que le brouillard évoque l'indéterminé, l'évolution, les formes nouvelles ne se distinguent pas encore, et les anciennes n'ont pas totalement disparue. Tout restait à faire, et tout demeurait comme en sommeil. Le brouillard se lève et dévoile le macabre résultat d'une bataille, l'espérée abondance d'une récolte, la très angoissante issue d'un incendie. Jace aimait le brouillard, mais de savoir qu'il tombait sur eux comme une couverture sur un enfant qui ne veut pas dormir l'amusait dédaigneusement plus qu'il l'enchantait.
«Quoi qu'il en soit, la seule perspective de vous revoir, fût-ce dans le cadre professionnel, suffit à me libérer de toutes les réticences que je pouvais avoir. Je gage que votre client sera très heureux du résultat de son procès, car il ne fait aucun doute que vous saurez exprimer et défendre l'intégrité de ses droits. »
Les flatteries de Jace étaient à peine voilées du masque de la courtoisie, mais il demeurait malgré tout honnête. Chose assez significative pour le remarquer, il avait dit cela sans sourire.
«J'irai même jusqu'à dire que le grand soin que vous apportez à vos affaires, s'il vous honore, excite une curiosité toute latine en moi. Pouvez-vous me parler davantage de votre relation à l'Afflictis Lentae, que nous évoquions à l'instant ? »
Jace n'était certes qu'un marchand, et s'il lui plaisait d'imaginer mille et un scenarii concernant la belle avocate, il aimait mieux connaître la vérité de son implication dans cette œuvre charitable dont l'objet était d'apporter aide et soutien de toutes les sortes aux mutants, où qu'ils fussent, quoi qu'ils fussent. Il n'avait jamais jeté qu'un œil ennuyé ou gêné sur les quelques nouvelles et informations qu'il avait recueilli sur cette institution dont le nom sonnait comme une mystérieuse formule magique, et ne désespérait pas de profiter d'un de ses sympathisants ou de ses proches ou de ses membres pour étancher sa grande curiosité.
◊ Sólveig K. Bjørn ◊
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Ven 29 Avr - 12:23
Sólveig fut agréablement satisfaite d'entendre la réponse du jeune homme qui lui annonçait qu'il comptait bien témoigner. C'était une bonne nouvelle, certes la demoiselle aurait sans aucune peine, réussi à se passer de son témoignage, mais avoir la personne en face du jury, ça renforçait toujours l'impact auprès des personnes qui assistaient au procès. Lorsque ce témoin était un jeune homme comme il faut et indéniablement séduisant, nul besoin de préciser que ça donnait encore plus de vigueur et de présence à ces paroles. Oui, l'avocate profitait sans aucune honte de ce qu'elle avait à porté de main, lorsqu'un procès était aussi mal engagé que le sien l'était, elle n'allait pas cracher sur des détails aussi « insignifiants » de l'avis de certains. Jace n'apprécierait peut-être pas ce procédé, mais la Norvégienne ne comptait nullement s'en cacher. Contrairement à bon nombre de ses collègues, la demoiselle ne passait pas sous silence certaines de ses tactiques, après tout c'était beaucoup moins risqué si le témoin était au courant de tout que s'il découvrait la vérité par hasard en raison d'une parole habillement glissée qui dévoilerait la stratégie de l'opposant. Un léger sourire naquit sur ses lèvres à peine maquillées de la trentenaire alors qu'il continuait en disant qu'il la pensait capable de faire ce qu'il fallait avec les informations qu'il venait de lui fournir, avant de déclarer qu'il espérait qu'elle comprenne ce qui le poussait à réagir de la sorte. Elle ne comprenait que trop bien, combien de fois avait-elle vu ce genre de réaction ? Trop de fois pour ne pas se douter que c'était ce qui pouvait pousser le jeune antiquaire à agir de la sorte.
Quoi qu'il en soit, la non recensée était plutôt charmée par les paroles de son interlocuteur, ce n'était pas tous les jours qu'elle avait l'occasion d'entendre des explications présentées sous un écrin aussi reluisant, c'était très agréable de pouvoir rencontrer quelqu'un avec autant de culture et de savoir vivre. Son passé, sa rencontre avec Laërte avait poussé la jeune femme à se prendre d'affection pour toutes les personnes capables de lui parler de la sorte, elles lui rappelaient cet amour défunt. L'avocate chassa toutes ces pensées de son esprit alors qu'elle ne quittait pas du regard le jeune homme assit face à elle, tandis qu'il reprenait la parole pour lui annoncer qu'il s'engageait à répondre à toutes les questions qu'elle comptait lui poser et qu'il espérait que ce témoignage lui serait utile. Elle inclina légèrement la tête pour lui indiquer qu'elle n'en doutait pas une seule seconde alors qu'il expliquait qu'il voyait aussi les choses comme une opportunité pour lui. Nul besoin des explications, Sólveig était bien placée pour savoir que ce genre d'affaire attirait les foules et que le nom et le visage d'un jeune antiquaire qui saurait faire son effet par son charisme, ne manquerait pas d'intéresser les médias. Le jeune homme étouffa finalement un rire avant de lui déclarer qu'il espérait ne pas lui paraître trop intéressé par l'argent tout en concluant pour expliquer qu'il ne désirait pas lui cacher de détail. Elle-même comptait bien profiter du physique de son témoin, elle n'allait pas le lui cacher, sans compter que les avocats tiraient aussi profit des clients qu'ils défendaient, Sólveig ne se serait jamais fait connaître si elle n'avait pas eu les effets de cette publicité involontaire. Alors qu'il commença à boire à sa tasse, la jeune femme répliqua brièvement de son accent traînant.
« Ne vous inquiétez pas monsieur Valeskine, c'est tout à fait normal, moi-même je compte sur l'effet indirect que votre présence pourra avoir sur les membres féminins du jury. Tout le monde tire partie de la chose comme il peut et ce ne sera que justice en échange de votre participation. »
Au moins les choses étaient claires. Alors que Jace repoussait sa tasse pour se dégager un peu de place, la jeune femme avait entrepris de ranger ses dossiers en classant le tout avec sa maniaquerie habituelle qui sévissait jusqu'à dans le tiroir à chaussettes de Curtis. Sólveig était une femme ordonnée, elle aimait tout contrôler à ce niveau et savoir où le moindre objet se trouvait. Tandis que le jeune homme reprenait la parole, la demoiselle terminait de glisser ses dossiers dans sa mallette de travail avant de poser celle-ci de sorte à ce que personne ne puisse la lui dérober, puis elle reporta ses yeux céruléens sur le visage de son interlocuteur. Celui-ci lui déclara que l'idée de la revoir dans le cadre professionnel suffisait à faire fuir les quelques doutes qu'il pourrait avoir, déclenchant un sourire aimable sur le minois de la demoiselle face à lui. Ça faisait toujours plaisir de s'entendre dire que sa compagnie était agréable après tout et la jeune femme ne l'entendait pas très souvent, bien qu'on puisse imaginer le contraire Elle aussi trouvait la présence du jeune homme de bonnes auspices, ils semblaient sur la même longueur d'ondes et elle appréciait son côté professionnel. Quoi qu'il en soit, elle espérait en tous les cas qu'il disait vrai au sujet du procès, encore une chose qui qualifiait Sólveig : elle doutait toujours du résultat jusqu'à la délibération, les gens étaient tellement imprévisibles, le jury pouvait se retirer convaincu à quatre-vingt-dix pour-cent sûr de l'innocence et revenir avec un verdict de culpabilité ! Elle avait déjà vu cela. Alors qu'elle avait avalé la dernière gorgée de son thé, la jeune femme entendit avec surprise Jace lui demander de plus amples détails au sujet de sa relation avec l'association de défense contre les mutants. La belle ne se fit pas prier, elle reposa sa tasse vide sur sa sous-tasse avant de répondre calmement.
« Je suis tout simplement l'avocate en charge des éventuels conflits qu'ils peuvent avoir. Vous ne devez pas ignorer qu'une association d'une telle importance est traînée en justice pour un oui ou pour un non, les gens sont souvent jaloux de ce que monsieur Taylor, le fondateur de l'association, possède comme moyens. Ils cherchent à nous nuire et je suis là pour éviter que ça ne s'aggrave. La jeune femme marqua une pause, regardant un couple qui passait à côté d'eux en bavardant bruyamment, puis elle reprit, posant ses yeux cobalt sur lui. Je dois aussi m'occuper de défendre les mutants qui viennent à l'Afflictis dans le but d'être aidés. Ils sont souvent à court de ressources et par conséquent, l'association s'occupe de leur fournir gratuitement un avocat pour défendre leurs intérêts. Ceux commis d'office ne sont pas toujours très zélés.... »
Shawn Sciuto en avait été la preuve directe, le temps que le père de Fillan soit nommé pour défendre le jeune mutant accusé de terrorisme, celui-ci avait déjà été expédié ailleurs ! S'il s'était adressé à l'Afflictis, peut-être bien qu'il aurait réussi à vivre en liberté après coup, qui sait. Enfin, avec de si on mettait Paris en bouteille, Sólveig ne s'attardait pas sur le passé. Elle ne quitta pas le visage de son interlocuteur du regard, sincèrement intéressé par le revirement de situation, au début il n'avait pas sembla intéressé par cela plus que de mesure, mais peut-être avait-il finalement changé d'avis ? La demoiselle glissa sa main jusqu'à son sac, fouilla rapidement dedans et trouva ce qu'elle cherchait en quelques secondes. Une carte à son nom, tous les numéros qu'elle avait présents dessus ainsi que son adresse postale en cas de besoin. Elle posa la carte sur la table et la fit glisser jusqu'à Jace avant de reprendre la parole toujours aussi calmement.
« J'ignore si vous avez une raison particulière de vous intéresser à cela, ou simplement un intérêt normal, mais ma carte pourrait vous être utile si jamais. Il y a de nombreuses choses que je ne peux pas divulguer en extérieur, question d'éthique, mais si nous étions amenés à en discuter ailleurs et à un autre moment, ce serait possible. Elle observa une petite pause. Est-ce que vous aviez une question précise en tête en me demandant cela monsieur Valeskine ? Je n'ai pas peur des gens qui sont directs, vous avez gagné mon estime avec votre personnalité et vous n'avez pas à craindre que je me renferme si vous veniez à me demander quelque chose de ciblé. »
Compliments camouflés ? Peut-être bien, sauf que Sólveig le disait très clairement, lorsqu'elle avait de l'estime pour quelqu'un, la jeune femme ne le cachait pas.
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Sam 30 Avr - 18:15
Ainsi, la demoiselle s'attendait à ce qu'il charme le jury ? Le trouvait-elle assez agréable à regarder pour emporter l'adhésion éperdue et baveuse des jurés femelles ? Jace n'avait jamais prêté une attention réellement pertinente à son apparence, et n'avait jamais considéré son visage qu'en tant qu'argument de vente en filigrane, rien de plus. Était-il beau, d'ailleurs ? Qu'était-ce que le beau ? L'harmonie, la proportion, l'ordre des formes et des contours ? Est-on beau dès lors que l'on capte le regard, dès lors qu'on attire à soi la curiosité ? Ceci expliquerait pourquoi tant de jeunes filles s'intéressaient à ces jeunes gens aux apparences criardes, étonnantes, choquantes même ! Ceci expliquerait également la profusion grotesque des couleurs outrées, des maquillages exacerbées, des marques exotiques, des symboles marqueurs. Et ceci expliquerait certainement de la même façon le succès de ces nouveaux groupes tribaux, les ethniques, les punks, les gothiques, les primitifs, et tant d'autres... La beauté semblait devenue synonyme de la recherche des surprises et des originalités, en même temps qu'elle semblait avoir revêtu une signification biologique, et vitale : exprimait-elle aujourd'hui plus qu'hier le refus de la mort, de la maladie, du vieillissement, du temps qui passe ? Rien de très surprenant, l'industrie cosmétique et la chirurgie esthétique reposent toutes deux sur la négation de la mort, le corps devenant l'ultime parure et le rempart paradoxal contre sa propre déchéance. Sans oublier bien sûr la dimension de la séduction, orientée inexorablement vers l'acte de consommation, car il s'agit d'éblouir, de captiver autant que de suggérer le désir.
Alors Jace était beau par accident, car cette beauté nouvelle, bien lointaine de la beauté des anciens et des classiques, voire même des modernes, individualise celui qui la possède, le signale comme vivant et, éventuellement augmente ses chances de reproduction. Était-ce alors le fruit de la dynamique exposée par Darwin, de la sélection naturelle, la beauté visible étant devenue la marque manifeste de la « vie vivante » ? Ce ne pouvait être que peu de choses, rien de très substantiel, rien qu'une accroche conventionnelle pour matérialiser à l'œil des différences, et dont la projection sur tel ou tel objet ou corps paraît foncièrement arbitraire. Une beauté libre, sans attache, sans bannière telle que celle de Jace apparaissait alors peut-être comme suffisamment curieuse, comme suffisamment étrange. Sobre et simple, elle se pose partout sans adhérer nulle part. Mais était-il pour autant beau aux yeux du monde ? La jeune avocate semblait bel et bien le penser, ce qui n'était pas pour déplaire au jeune homme, qui avait toujours secrètement espérer que son profil pût inspirer des générations de peintre.
Jace égara une main distraite dans ses cheveux, tout concentré qu'il était sur l'exposé que l'avocate faisait de ses relations avec la fondation Afflictis Lentae. Les heures passent lentement pour qui souffre … une autre de ces locutions latines aux consonances mystiques. Son enseigne l'était tout autant puisqu'elle représentait un oiseau de feu que la coutume nomme phénix. Un oiseau fascinant que celui-ci, d'une splendeur sans égale, doué d'une extraordinaire longévité et qui a le pouvoir, après s'être consumé sur un bûcher, de renaître de ses cendres. Quand l'heure sa mort approche, il se construit un nid de brindilles où, de sa propre chaleur, il s'embrase. Résurrection, résurgence, immortalité, ou volonté irréfragable de survie ? Autant de messages symboliques portés par l'oiseau sacré sur la fondation qu'il représentait. Tout à sa réflexion, Jace focalisa son esprit sur une remarque de la jeune femme, qu'il s'inquiéta de bien comprendre. En évoquant les ennemis et les détracteurs de la fondation, elle avait fait l'usage d'un « nous » qui devient très suspect aux yeux de Jace. Était-elle simplement l'avocate en charge des éventuels conflits impliquant la fondation, comme demanderesse, requérante, assignée, appelée, prévenue, accusée ou encore partie civile constituée, ou bien n'était-elle pas elle-même un membre plus impliquée de cette fondation ? Jace saisit la carte qu'il observa sans trop d'attention avant de la glisser dans l'une des poches intérieures de sa veste. Les dernières phrases de la demoiselle achevèrent de convaincre Jace que ses soupçons étaient fondés.
« Je comprends votre prudence, et je ne vois nulle raison de cacher mes intentions. Votre dévouement professionnel est admirable, mais j'ai la nette impression que votre implication va au-delà de la simple aide juridique et juridictionnelle... »
S'interrompant un instant, Jace poursuivit sans attendre après avoir joint ses mains comme en signe de prière.
« Mes intuitions sont rarement excellentes, aussi je vous prie de m'excuser si j'ai pris la liberté de vous exposer ce qui n'est peut-être qu'une impression stupide... »
Jace n'en dit pas plus, préférant attendre la réaction de Sólveig à ses insinuations, qu'il avait volontairement dénué de toute dissimulation dans l'espoir optimiste qu'elle comprendrait ce qu'il veut dire. Jace avait déjà songé à de nombreuses possibilités. Elle avait pu par exemple être de ceux qui reçurent de l'aide de cette fondation, auquel cas il y avait de forte chance pour qu'elle fût un mutant. Elle pouvait être également parmi les membres les plus éminents de la fondation, ce qui la rapprochait encore des grandes probabilités qu'elle fût un mutant. Peut-être était-elle de ces avocates assez riches pour s'investir dans une cause humanitaire aux fins de s'excuser de sa trop grande réussite ? Il n'allait certainement pas lui poser la question directement comme elle s'y attendait, c'eût été par trop inconvenant. Mais peut-être pouvait-il risquer une question moins détournée que les précédentes ? S'assurant que personne dans les alentours n'entendrait sa question, il parla comme à voix basse, sans précipitation.
« Pourquoi avoir choisi de défendre les mutants ? Serait-ce que vous en êtes une vous-même ? »
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Dim 1 Mai - 19:17
Sólveig avait bien compris que quelque chose intriguait le jeune homme, il avait manifesté une certaine retenue jusqu'à présent, se contentant de répondre aux questions de la demoiselle sans pour autant s'amuser à lui en retourner, ou si peu que c'était négligeable. En lui offrant la possibilité de pouvoir dire clairement ce qu'il pouvait envisager, la Norvégienne s'attendait à des questions franches, Jace n'avait pas l'air d'être le type d'homme à tourner des heures autour du pot et c'était une bonne chose. Rien n'horripilait plus l'avocate que les personnes incapables de dire les choses en face. Cela lui donnait la très désagréable impression qu'ils agissaient de la sorte parce qu'ils n'avaient pas la conscience tranquille. L'antiquaire lui avait parlé franchement depuis le début de la conversation et par conséquent, elle espérait ne pas avoir à essuyer de tentative de fuite ou de regard fuyant. L'interlocuteur de l'avocate remit ses cheveux en place avant de saisir la carte qu'elle venait de lui tendre pour l'observer quelques instants puis de la ranger dans sa veste. La demoiselle se demandait si elle allait passer au lavage la prochaine fois qu'il ferait sa lessive parce qu'il aurait oublié qu'elle lui avait donné cette carte de visite, mais elle ne dit rien et se contenta de retomber dans son silence après avoir répondu correctement, du moins d'après ce qu'elle pensait, à ses questions. Le jeune homme resta un bref instant silencieux avant que sa voix ne s'élève à nouveau pour qu'il exprime le fait qu'il comprenait sa prudence, ce qui était une bonne chose. Alors qu'il disait ne pas vouloir cacher ses intentions, la trentenaire flaira le nouveau tournant de la conversation, elle allait certainement avoir droit à des questions plus précises, c'était une bonne chose, autant jouer cartes sur table.
Alors qu'elle restait silencieuse, sans quitter le jeune homme du regard, la Norvégienne entendit à nouveau une dose de compliments, bien que cette fois-ci elle s'imaginait aisément que ce n'était pas vraiment pour la féliciter de son comportement. Comme il exprimait le fait qu'il ressentait l'impression que son dévouement et son sérieux allaient au-delà de la personne passionnée par son travail, Sólveig ne le quitta pas des yeux, cherchant la moindre indication sur son visage qui lui ferait savoir qu'il nourrissait des doutes quant à sa nature d'humaine. Il se contentait pourtant de joindre ses mains avant de reprendre la parole en déclarant qu'il s'excusait d'avance si ses impressions se révélaient stupides, mais elle se contenta de hocher la tête d'un air léger, lui faisant comprendre qu'elle n'avait rien contre le fait qu'on se fasse des idées à son égard. Il y en avait déjà eu plusieurs et le fait que Jace croit, à juste titre, qu'elle était mutante, ne la ferait pas avoir une crise d'hystérie ou de panique. Sólveig avait appris à se maîtriser avec le temps et elle ne faisait voir que ce qu'elle désirait montrer, du moins dans la mesure du possible. Il observa rapidement les alentours, regardant certainement si quelqu'un suivait leur discussion de loin, puis le jeune antiquaire lui demanda pourquoi est-ce qu'elle avait décidé d'aider les mutants avant de lui demander clairement si elle l'était elle-même. Bien loin de paniquer, la demoiselle se contenta de rigoler, un rire léger sans toutefois ressembler à celui des idiotes qu'elle ne supportait pas, un rire franc qui pouvait contraster avec son physique. Elle avait hérité du rire sincère de son père. Après quoi, ses yeux cobalt se posèrent dans ceux de son interlocuteur, un léger clignement des paupières avant de répondre d'un ton calme.
▬ Dites-mois monsieur Valeskine, est-ce que vous demandez aussi aux défenseurs des animaux, s'ils les défendent parce qu'ils en sont eux-mêmes ? Je crois que défendre une cause ne signifie pas forcément avoir besoin d'en faire partie. »
L'un de ses collaborateurs était spécialisé dans les crimes raciaux et les choses approchantes, il était pourtant parfaitement Américain, Sólveig était même persuadée que les ancêtres de cet homme devaient être les premiers indiens qui vivaient en Amérique tellement ce pays lui ressemblait. Pourquoi est-ce qu'il les défendait ? Parce qu'il en avait envie tout simplement. La différence était là toutefois, Sólveig était bel et bien mutante, mais même pour les beaux yeux de son interlocuteur, elle ne pouvait l'avouer. Son anonymat était bien trop important et jamais au grand jamais, elle ne ferait de révélation aussi importance en place publique. Surtout à un homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes, même s'il lui avait fait très bonne impression il fallait le lui laisser. Un sourire orna sa bouche alors qu'elle repoussait une mèche rebelle du plat de la main tout en reprenant la parole du même ton apaisé.
▬ Pourquoi est-ce que je les aide ? Je n'ai pas de raison valable à vous donner, j'ai vu le racisme sous toutes les formes, en raison de la couleur de peau ou de l'origine génétique des personnes, la haine me révulse tout simplement, je veux faire mon possible pour faire cesser cela, voilà tout. Elle marqua une légère pause, repensant à quelque chose, puis elle croisa ses bras sous sa poitrine, décroisant ses jambes en même temps, avant de reprendre. Je ne vais pas vous raconter ma vie, la passion que vous avez pour les objets antiques ne doit pas être la même pour les humains, mais il se trouve simplement que j'ai aimé une personne possédant ce gène. C'est ce qui m'a poussé à m'orienter dans cette voie que je suis depuis lors. »
C'était bref, concis et ça réunissait tout ce que les gens aimaient généralement, une jolie histoire d'amour et l'envie de défendre les autres. Certes, cette personne avait existé, mais elle avait surtout œuvré pour la défense des mutants, de manière très radicale, c'était uniquement pour cette raison que la Norvégienne avait continué dans cette voie, peut-être aurait-elle opté pour autre chose sinon, elle ne le savait pas elle-même. Après un petit moment de silence, elle sourit doucement tout en continuant.
▬ Le fait que vous ayez ignorer les regards intéressés que cette jeune serveuse vous a fait pourrait me laisser penser que vous n'êtes pas intéressé par elle, donc soit vous avez déjà une compagne, soit vous êtes intéressé par autre chose. Peut-être que c'est encore une raison à laquelle je n'ai pas pensé. Tout cela pour vous dire que les choses auxquelles on pense de prime abord ne sont pas toujours les vraies. Je ne suis pas mutante monsieur Valeskine, à mon grande regret si je puis me permettre. »
Oh, elle n'était pas vraiment très fière de lui mentir de la sorte mais bon, c'était pour la bonne cause, il n'y avait pas seulement son identité qui dépendait de cette réponse, mais aussi d'autres facteurs trop importants pour être mis en jeu. Après un bref moment, elle inspira doucement, décroisant ses bras, mais croisant ses jambes, puis elle conclut son intervention.
▬ Et vous donc ? J'imagine que l'intérêt soudain que vous éprouvez pour mon origine mutante n'est pas sans raison n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas obligé de me répondre, même si je vous ai clairement dit que j'avais beaucoup d'intérêt pour ces personnes, je comprendrais votre timidité si tel est le cas. »
Elle ne s'amusait pas à lui faire de la drague ou quelque chose d'approchant, il le comprendrait bien assez rapidement, c'était simplement que la jeune femme envisageait la possibilité que l'antiquaire face à elle décide de garder le silence parce qu'il s'imaginerait qu'elle avait peut-être menti. De toute manière, ils ne se connaissaient pas vraiment, Sólveig imaginait que, malheureusement, après le témoignage qu'il ferait pour elle au tribunal, ils ne se reverraient plus, ou très peu. Ils n'allaient pas se confier à un inconnu, aussi aimable soit-il. C'était la dure loi de l'anonymat, si l'on désirait pouvoir vivre tranquillement, il fallait vivre caché.
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Lun 2 Mai - 19:08
Bien que de prime abord, la réponse, dont le tranchant n'était pas dans le ton, put paraître décevante, elle ne suffit pas à éteindre le feu brûlant de la curiosité de Jace. Tout au contraire, si sa curiosité avait été des braises, la demoiselle, innocemment ou non, venait de faire souffler sur elles un vent sec qui en fit un brasier toujours plus consistant, dévorant la moindre miette d'informations qu'elle daignait lui donner. Jace, qui ne souffrait pas de cette maladie infâme, avait toujours eu une fascination secrètement assumée pour ces personnes suffisamment courageuses pour s'offrir en sacrifice sur l'autel de leurs convictions. La comparaison qu'elle fit de la défenseur des mutants qu'elle était avec les défenseurs des droits des animaux aurait pu être habile, si elle n'avait été grossière et comme sortie du chapeau : défendre les mutants est une activité autrement plus risquée que la défense des animaux. Par ailleurs, comment un animal aurait pu se défendre, ni doué du langage, ni doué de la raison si chère à l'être humain et aux prétoires ? Cet argument était trop facile, et trop léger pour se vouloir convaincant. Tout au plus était-ce une parade destinée à détourner l'attention de Jace ? Ou bien avait-elle quelque chose à cacher ? La curiosité de Jace allait très vite être satisfaite d'une façon qu'il n'aurait jamais espérer.
Bien sûr, elle n'avait pas de comptes à lui rendre, pas plus qu'elle n'avait d'explication à lui donner, il le comprenait sans problème, et ne lui tenait pas rigueur de ce qui serait peut-être un mensonge éhonté. Jace lui laissait très volontiers le bénéfice du doute, mais qu'y pouvait-il si, par son dévouement et son implication, la demoiselle avait éveillé son intérêt ? C'est là un acte dangereux que d'intéresser Jace à une chose, aussi délicate soit-elle, car alors il ne recule devant rien pour satisfaire son intérêt. C'est primaire et parfois inconsidéré, mais n'est-il pas qu'un homme, comme tant d'autres sujet aux passions les plus nobles comme les plus viles ? Et puis, toute information est bonne à prendre, toute information est une marchandise, et une marchandise qu'on tient secrète prend immédiatement de la valeur aux yeux de tout commerçant avisé. Et comme Jace vendrait père et mère pour n'importe quel objet frappé du sceau de l'ancienneté … Mais alors qu'il avait presque abandonné l'idée, pourtant séduisante, de taquiner davantage la demoiselle, voilà qu'elle piquait à nouveau sa curiosité ! Jace ne put s'empêcher de sourire, car après tout, on aurait pu croire qu'elle jouait son jeu avec autant de malice que lui.
Plusieurs informations dignes d'intérêt se devaient d'être appréhendés dans les propos quelque peu désarmants de la belle avocate. S'il comprenait bien, avant même de lui dire la réalité de sa nature, de lui confirmer qu'elle était une mutante ou, au contraire, de lui confirmer qu'elle n'en était pas une, elle exposait le cœur profond de ses motivations, précédant ainsi l'inévitable révélation – que celle-ci fût négative ou positive d'ailleurs importait très peu. L'amour avait poussé la demoiselle à prendre les armes contre l'injustice, la haine et la forfaiture. L'amour l'avait poussé à prêter serment, à s'engager corps et âme dans la lutte contre l'embargo juridique fait aux mutants. Quelle noblesse d'âme ! Quelle force de conviction ! Quelle sottise informe ! Comment pouvait-on céder à un sentiment si fugace, si volatile, si … pénible à décrire ? Pourtant la demoiselle l'avouait sans honte. Elle en semblait même plutôt fière. D'aucun choisissent la fiscalité, très lucrative, d'autres les affaires criminelles plus exaltantes. La demoiselle était le premier avocat qu'elle rencontrait qui avait préféré succomber aux impératifs de son cœur plutôt qu'à ceux de son estomac.
L'amour n'était pas digne de confiance. On devient sot, par amour. On fait des choix inconsidérés, on prend des décisions hâtivement, on se presse à l'échec comme la mouche au pot de confiture. C'est la cohue, tout par à vau-l'eau … Mais que venait faire dans la conversation la petite pintade à l'œil boursouflé d'espérance et crevé de médiocrité ? Certes, il n'avait ni compagne et n'était pas insensible aux charmes d'une belle demoiselle, mais il n'était pas chiche et méprisable au point de laisser de côté la princesse de Watteau pour lui préférer la gueuse de Picasso ! Quelle idée saugrenue. Et voilà que la demoiselle annonçait qu'elle n'était pas mutante, et qu'elle le regrettait... Avait-il bien entendu ? Il y avait donc des choses dont elle refusait de parler en public, mais elle n'avait pas peur de révéler à celui qui n'était toute compte fait qu'un étranger et dans un lieu plutôt fréquenté que désert, qu'elle regrettait de n'être qu'une humaine.
Puis la question se retourna sur lui, et Jace s'étonna qu'elle ne la posât pas plus abruptement. Peut-être était-il temps de jouer le jeu de la franchise et de se découvrir ?
« Je suis persuadé que vous connaissez la réponse. En effet, je suis de ces justiciables qui ont votre faveur … Cela ne veut pas dire que je suis pressé d'être confronté à la bonne vieille justice américaine, cela dit. »
Certes, il y avait plus direct, mais c'était tout ce que l'anguille incorrigible qu'était Jace pouvait produire en un seul essai. Peut-être devait-il insister, cependant, de sorte à s'assurer que la demoiselle comprenait ?
« Je suis désolé si mes questions vous ont importunée. Il faut cependant me comprendre, je ne connais pas beaucoup de mutants comme moi, et quand vous avez parlé de la fondation, cela a éveillé les espoirs naïfs que j'avais à mon arrivée aux États-Unis. »
Pour un sou, il aurait pleuré, ajoutant au touchant de la scène, car sa voix tremblait presque. Il fallait être convaincant, car pour le coup, il y avait une part de vrai dans les propos de Jace. Il n'avait jamais eu l'intention de se rapprocher d'autres mutants pour le seul plaisir de la compagnie de congénères, mais à son arrivée à Achaea, quand il lui arrivait de se retrouver seul le soir face au gouffre béant qui le séparait de sa Pologne natale, de ses amis, des gens qu'il y fréquentait avec plaisir, il avait songé à joindre ces réseaux d'entraide entre mutants, pour en bénéficier d'abord et pourquoi pas payer sa dette ensuite. Tout cela était bien loin, son intérêt était désormais tout autre. Il devait prendre place sur le grand échiquier, et connaître mieux les parties en présence. Mais qu'est-ce qu'un petit mensonge, s'il met en lumière une plus grande vérité ?
« Oui, je suis un mutant, et je suppose que c'est la paresse qui m'a fait sauter sur l'occasion que vous représentiez alors qu'il m'aurait suffi, depuis le temps, de faire quelques démarches pour rencontrer des gens intéressants. »
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Mar 3 Mai - 15:50
Spoiler:
HP : Désolée de la qualité du message, j'avoue que je commence à tomber en rade d'idées de relance XD
Jace avait visiblement été amusé à l'énoncé de ses raisons, elle ne disait rien de plus que ce qu'il devait savoir, ignorant totalement ce qui passait dans son esprit, chose qui était certainement mieux étant donné qu'il semblait penser l'exact contraire qu'elle à ce sujet. Sólveig n'était pas une femme naïve, elle était bien placée pour savoir que les sentiments étaient bien souvent douloureux et qu'ils nous mettaient en péril, après tout elle n'avait toujours possédé que cela et malgré le fait qu'elle avait aussi beaucoup perdu à cause de cet amour, elle ne changerait pas de comportement si elle était amenée à pouvoir recommencer. À n'en pas douter, si le jeune antiquaire avait été amené à lui parler de ce qu'il pensait à ce niveau, la conversation aurait certainement tourné dans un chemin beaucoup moins agréable, bien que l'avocate n'aurait jamais eu de comportement hostile ou irrespectueux. Elle ne comprenait simplement pas les personnes qui ne pouvaient pas aimer, à quoi servait de vivre si l'on ne connaissait pas ce sentiment ? C'était comme de manger un plat sans épice, on avait une vie morose et triste. Depuis qu'elle était avec Curtis, la belle se sentait beaucoup mieux et encore davantage lorsqu'il avait décidé de venir habiter avec elle, c'était une nouvelle vie qui commençait, un nouveau souffle de vie, ni plus ni moins. La jeune femme l'observa en silence alors qu'il reprenait la parole pour lui répondre, déclarant qu'elle devait certainement connaître la réponse à sa question et qu'il était bel et bien l'un des mutants qui avait ses faveurs. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la brune alors qu'elle entendait ces paroles, c'était plutôt amusant de le voir sous cet angle, il répondait comme si cet aveux était une honte.
C'était pour éviter ce genre de choses qu'elle se battait, parce qu'elle ne voulait plus voir des mutants avoir honte de leur position, de leur origine, de leur passé, ou tout simplement de leur condition. C'était impensable et très franchement, ça avait le don de l'horripiler au plus haut point. Le jeune homme continua, disant que cela ne signifiait pas qu'il ne désirait pas se présenter au tribunal pour témoigner, fait qui rassura la jeune femme, bien qu'elle craignait de voir son témoignage quelque peu altéré par son origine génétique. Si Sólveig n'en faisait pas état, elle ne doutait pas une seule seconde que l'avocat de la partie adverse irait en informer le jury. Même avec son beau minois, le jeune homme n'aurait pas autant de crédibilité que s'il avait été humain, une chose qui la faisait sans cesse grincer des dents. À moins qu'il ne soit non recensé ? Certainement pas, jamais le jeune homme ne prendrait le risque de l'en informer alors qu'ils étaient entourés d'inconnus, même si elle pouvait imaginer que son statut d'avocate y avait été pour beaucoup. Restant silencieuse, la demoiselle l'écouta lui présenter ses excuses en déclarant qu'il espérait ne pas l'avoir importunée avec ses questions, ce qui n'était pas du tout le cas étant donné qu'elle s'y attendait depuis le début, mais c'était tout de même appréciable de constater qu'il s'en posait la question. Puis il fit vibrer la corde sensible de l'avocate, expliquant qu'il ne connaissait pas beaucoup de monde dans sa condition et que son arrivée en Amérique n'avait pas été très utile. Elle le regardait, affichant une expression neutre, ne sachant pas vraiment comment interpréter ce comportement. Est-ce qu'il était sincère ? Est-ce qu'il se jouait d'elle parce qu'elle venait de lui dire qu'elle croyait en l'amour ? Peut-être les deux, Sólveig ne savait pas vraiment.
Jace ne lui laissa pas l'occasion de trop soliloquer à ce sujet, reprenant une nouvelle fois la parole pour confirmer qu'il était bel et bien mutant et que c'était la paresse et le manque d'envie de bouger qui avait fait qu'il lui avait demandé cela au lieu de chercher à se renseigner plus en avant afin de rencontrer des gens intéressants. Un sourire se dessina alors sur les lèvres de la jeune Norvégienne qui se demandait si elle devait comprendre qu'il lui disait, de manière détournée, qu'elle était quelqu'un d'intéressant. Les idées faisaient rapidement leur chemin dans l'esprit de la jeune femme alors qu'elle regarda rapidement autour d'eux, posant ses yeux céruléens sur quelques personnes qui passaient non loin de là, une petite famille avec les parents et les enfants, un vieil homme solitaire... Tout un tas de personnes qui pouvaient être mutantes. Après un bref soupir, la voix de la trentenaire s'éleva à nouveau de son léger accent traînant, alors qu'elle reportait son attention sur le jeune homme à la voix chevrotante.
▬ Je ne vais pas vous en vouloir monsieur Valeskine, la curiosité est une chose tout à fait naturelle, je ne vous tiendrais donc pas rigueur du fait que vous désiriez savoir à qui vous avez affaire. Sans compter que moi aussi je comptais vous le demande, vous m'avez prise de court simplement. Un sourire orna encore une fois ses lèvres pleines alors qu'elle se disait qu'il attendait peut-être ces paroles. Une brève pause, puis elle reprit. Je dois toutefois vous demander quelque chose, est-ce que les autorités sont au courant ? Êtes-vous recensé ou non ? Je ne vous cache pas que l'avocat de la partie adverse sera certainement amené à préciser cela pour essayer de vous rendre moins agréable aux yeux du public. S'il peut être mis au courant, ce sera donc mieux que je m'occupe de cet... Aveu si je puis dire. »
Il était vrai que si c'était Sólveig elle-même qui expliquait au public et au jury que Jace était un jeune antiquaire d'origine mutante, elle obtiendrait un certain avantage. Il fallait profiter de chaque chose, tourner à son avantage les moindre « problèmes » et malheureusement l'origine du jeune homme pouvait en être une. Elle pourrait glisser cette précision pile au bon moment, mais par contre s'il n'était pas recensé, elle passerait ce détail sous silence. Après quelques instants de silence, la belle repensa à la détresse qu'elle avait eu l'impression de voir dans le regard du séduisant antiquaire, puis elle se lança à l'eau.
▬ Si la solitude vous pèse, je peux vous mettre en contact avec certaines connaissances. J'ai un ami, humain par contre, qui pourrait certainement vous intéresser, il est professeur en archéologie et est passionné par les antiquités. En réalité, je dirais qu'il a un véritable don pour ça. »
Elle sourit légèrement, pensant à Curtis, il était non recensé comme elle, mutant de l'ombre si l'on pouvait dire et son don qui lui permettait de voir le passé d'un objet pourrait impressionner Jace, bien que le séduisant trentenaire ne l'utilisait jamais de manière « visible ». Jace avait touché une corde sensible chez elle, et Sólveig se maudissait d'être si faible. Mais c'était ce qui faisait d'elle l'avocate qu'elle était non ?
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Sujet: Re: « Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn] Dim 12 Juin - 21:51
« J'imagine qu'elles le sont. Que savent-elles, en revanche, est une question qui mérite aussi l'attention. »
Jace était sans doute un mutant connu des autorités, mais il n'était probablement pas de ceux qui les intéressent. La nature de son pouvoir était si discrète qu'il y avait fort à parier que très rares étaient ceux qui en savaient quelque chose de concret. Il aurait même mis sa main à couper que les scientifiques spécialistes de la mutation seraient eux-mêmes indécis à son sujet, s'ils venaient à s'intéresser à lui. Jace n'avait rien d'un rat de laboratoire, et jamais il n'accepterait d'abdiquer sa liberté en faveur de sa sécurité, même si on lui promettait la tranquillité au prix de quelques expériences pratiquées sur lui. De plus, son pouvoir n'avait rien de très dangereux, dans le fond, il était même utile aux laboratoires dont la spécialité était la commercialisation des psychotropes, des anxiolytiques, des antidépresseurs et autres médicaments homéopathiques. La demoiselle lui demanderait-elle de faire une démonstration publique ? Ou se contenterait-elle d'une démonstration privée ? Ou bien respecterait-elle son choix d'une discrétion ordonnée et méthodique ? La troisième solution était très certainement celle que la réalité confirmerait.
L'espace d'un instant, Jace repensa à sa Pologne natale, où il n'avait jamais révélé à quiconque sa nature mutante. Ce n'était qu'à son arrivée aux États-Unis qu'il avait opté pour une certaine, et très mesurée, transparence à l'égard des autorités du pays où il comptait s'installer. Il avait spontanément, dès ses premiers pas sur le sol américain, pris l'initiative d'aller s'identifier auprès des autorités de police, espérant ainsi s'attirer les bonnes grâces des autochtones, qui purent constater quel honnête et fiable futur citoyen il était alors. L’Amérique est la terre de toutes les libertés, pour qui sait se montrer coopératif.
« Je suis un homme discret, et je sais qu'en dépit de l'apparente bienveillance dont tout le monde se targue à l'égard des communautés mutantes, celles-ci sont d'autant plus fragiles que leurs ennemis sont nombreux et dissimulés. »
Quoique certains ennemis ne se cachassent plus, à l'image de ce politicien particulièrement zélé et antipathique qui devait, dans un avenir proche, faire une allocution publique concernant ce qu'il appelait éhontément le problème mutant. Mais là n'était pas la question. Si la très sympathique avocate souhaitait utiliser cette donnée lors du procès où Jace serait peut-être amené à témoigner, il n'y voyait pas d'inconvénient. La plupart de ses clients s'intéressaient peu à lui, et son principal employeur connaissait sa nature. Il ne craignait donc pas d'être tracassé par de trop éclatantes révélations. Et de toutes façons, si ces brusques révélations venaient à nuire à sa carrière, il avait suffisamment d'argent de côté pour se retourner, et se relancer dans les affaires, dans une toute autre zone, sous un tout autre nom. N'était-ce pas formidable, de toujours penser à tout, de toujours tout prévoir, de toujours se savoir à l'abri de l'imprévu ? Il y avait matière à se sentir sur scène, un vion dans les mains, face au public avide et inquisiteur, qui fera de toutes les erreurs du musicien sa collation et son bonheur. C'est une lutte sans merci que seule la préparation, la prévision et la prévoyance permet d'emporter sans faillir.
« S'il se passionne, comme moi, pour les antiquités, il y a fort à parier que nous deviendrons d'excellents amis. »
Peut-être même Jace le connaissait-il déjà ? En tant que marchand d'art, il avait ses entrées partout où l'art a ses amis. Mais certains des passionnés de la région avait peut-être échappé à son œil vigilant, aussi était-il toujours utile d'aérer souvent le vivier de ses relations. Qui sait, l'avocate était peut-être l'hameçon que Jace utiliserait pour ferrer quelque nouveau gros client ! Jetant un coup d’œil rapide à sa montre, Jace remarqua qu'il avait pris du retard sur son programme de la journée, mais cela ne l'inquiéta guère, car il s'était attardé auprès d'une personne des plus charmantes, et des plus cultivées. Il avait toutefois la nette impression que tout ne lui avait pas été dit, mais si l'avocate lui avait caché quoi que ce fût, il le comprenait, et s'imaginait bien qu'elle avait d'excellentes raisons d'être discrète et retenue. Il aurait bien sûr aimer en apprendre davantage ; qui refuse sa part de ragots ? Mais il savait également qu'en fils de bonne famille, il lui fallait respecter le silence et la réserve de son interlocutrice.
« Chère amie, je vais devoir prendre congé, et croyez-le, c'est tout à fait contraint et forcé. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir, autour de circonstances moins formelles. Prenez soin de vous. »
Jace rassembla ses documents, jeta négligemment sur la table de quoi régler leur consommation, gratifia la serveuse d'un généreux pourboire, avant d'accompagner la demoiselle jusque sur le trottoir où ils se séparèrent. Il interpella un taxi qui le conduisit jusqu'à sa boutique, où l'attendait bien du travail. Il y resta quelques heures, avant de prendre la route des quartiers pauvres de la ville, où l'avait appelé une de ses plus anciennes collaboratrices, qui prétendaient avoir déniché dans le coin quelque trésor oublié des huissiers et des mendiants. Hélas, tout ce que le petit peuple de la ville cachait là, c'était sa misère. Point de trésor, un coup dans l'eau, en quelque sorte.
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« Son réveil sonnait fort, et déjà l'agaçait. » [Sólveig K. Bjørn]
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