● Quelle vision votre personnage a-t-il des autres ? Yaakov est représentatif de toute la rigueur mentale que suggère son parcours religieux et militaire. Extrêmement croyant, il est très proche de la mouvance juive orthodoxe, et se destinait dès son plus jeune âge à une carrière ecclésiastique avant que la vie ne l'entraîne vers des horizons plus guerriers. A ce titre, il a une morale très rigide et intolérante, notamment envers les juifs moins radicaux que lui, qu'il considère comme des couilles molles, et les homosexuels. Il a une tendance certaine à classifier les gens en deux catégories, les « purs » et les « impurs », et bien qu'il puisse parfois faire varier légèrement son jugement, il n'est certainement pas homme de nuance.
Sa conception des mutants est très imprégnée par sa morale religieuse : les mutants sont des pécheurs et, tout en reconnaissant qu'ils ne sont pas responsables de leur état, il considère qu'ils doivent payer afin de pouvoir changer et atteindre la normalité. Par conséquent, il met tous les mutants, qu'ils soient pacifiques ou hostiles, sur le même plan.
● Quel est son comportement avec les mutants ou les humains ? Homme complexe aux multiples facettes dans ses relations avec ses semblables, il n'a qu'une face monochrome en face des mutants : la haine et le dégoût entremêlés. Il devient complètement irrationnel lorsqu'il s'agit de les traquer, et perd tout sens moral, jugeant que tous les moyens sont bons pour les capturer. Il ne les classe même pas dans la catégorie des humains : ils sont une sous-race nuisible à éliminer.
Face aux humains, tout varie. Il peut être tendre, attentionné et aimant, particulièrement avec les membres de sa famille, user de son charisme naturel pour soutirer des infos aux gens qu'il doit interroger, et entretenir un vrai rapport de camaraderie, presque familial, avec les membres de ses unités. Mais il est également cassant voire destructeur envers les subordonnés qui le déçoivent, complètement intolérant envers ceux qu'ils appellent les « dégénérés » (gays, travestis, utilisateurs de drogues ou d'alcool, hommes et femmes adultères, amateurs de boites de nuit, partisans de l'entente entre mutants et humains, pacifistes, féministes, humanistes...), et franchement maladroit avec les femmes, qui le terrorisent bien plus qu'il ne veut le reconnaître dès qu'il se retrouve dans un cadre de proximité ou d'intimité (aucun problème avec une collègue femme, mais ça se corse avec une inconnue qui l'aborde dans un restaurant...).
● Usera-t-il de violence pour se sortir d'une situation de crise ? La violence est officiellement pour lui un mal nécessaire, et il s'applique à dissimuler la grande jouissance qu'il éprouve à faire gicler du sang. Frapper des mutants ne le gêne aucunement, et un meurtre en bonne et due forme ne l'empêchera pas de dormir. En ce qui concerne les humains, sa position est plus nuancée : frapper un homme ou envoyer une bonne mandale à un gamin en crise ne le dérange pas plus que cela, mais la violence envers les femmes l'a toujours mis mal à l'aise, et même s'il la pratique occasionnellement dans le cadre de son travail, il s'efforcera toujours de l'éviter lorsque c'est possible.
● Est-il appliqué dans sa vie et dans son travail ? Toute sa vie est marquée sous le sceau du devoir et des « il faut ». Sa carrière militaire l'a rendu exigeant envers ses subordonnés et extrêmement respectueux envers ses supérieurs ; pour lui, un ordre est un ordre et il est impératif d'y obéir. Cependant, foirer une mission est totalement inenvisageable, et il préfère de loin outrepasser les pouvoirs qui lui ont été conférés plutôt que de rentrer bredouille. Sa vie privée est elle aussi régie par les obligations qu'il se fixe pour « bien faire » : il appelle ses parents toutes les semaines, prend des nouvelles de son frère et de sa soeur à intervalles fixes, envoie toujours une carte pour les anniversaires et les célébrations religieuses qui jalonnent la vie de son entourage, de la famille éloignée aux anciens camarades de l'armée. Mais ce modèle de savoir-vivre est à double tranchant : la médiocrité, la paresse et surtout l'imprévu dans les relations humaines le mettent extrêmement mal à l'aise, tout autant que les personnes fantaisistes ou extraverties, qu'il préfère rejeter pour éviter d'être confronté aux choses qui le dépassent. A ce titre, la vie de couple lui est quasiment impossible, puisqu'il en rejette la part d'aléatoire qui compose pourtant majoritairement ses missions professionnelles.

● Histoire :
Extrait du dossier d'application de Yaakov Netzer, candidat à l'intégration de l'unité spéciale BASTET – Opération Apocalypto. Entretien psychologique de vérification de données mené par Donald SPAGHLIERI, psychologue assermenté pour la CIA.

- Bonjour, monsieur Netzer.
- Bonjour.
- Je suis le docteur Spaghlieri. Cet entretien est strictement confidentiel et sera enregistré. Vous devez savoir que derrière cette vitre se trouvent monsieur Campbell, directeur de nos services de renseignements, madame Blanchard, votre supérieure hiérarchique, et le directeur de la mission Apocalypto, où vous avez demandé votre mutation, et dont je ne suis pas habilité à vous révéler l'identité. Notre discussion – car il s'agit d'une discussion, que j'espère rendre la plus informelle et rassurante possible – servira avant tout à évaluer votre parcours et vos capacités de restitution.
- Bien.
- Les agents de monsieur Campbell ont recueilli à votre sujet de nombreuses informations, dont je vais vous demander de conformer la validité en répondant à des questions simples, ouvertes, et précises, sur votre passé. Je vous demanderais d'apporter à vos réponses et descriptions le plus de rigueur possible.
- Bien.
- La procédure m'oblige à vous laisser le choix de quitter cette salle librement, et sans aucunes conséquences sur votre emploi actuel. Désirez-vous partir ou continuer l'entretien ?
- Je désire continuer l'entretien.
- Bien. À partir de maintenant, vous ne pourrez plus quitter cette pièce avant que l'entretien ne soit fini. Nous pouvons commencer ?
- Tout à fait.
- Bien. Quelles informations pouvez-vous me donner sur votre famille proche ?
- Mon père s'appelle Shlomo Netzer, il a 63 ans. Ma mère s'appelle Esther Netzer, née Mandelstam, elle a 63 ans également. Ils sont tous deux issus de la diaspora juive russe, ils se sont connus non loin d'Ekaterinbourg avant de profiter de la libéralisation du régime soviétique pour partir en Israël en 1988, s'installer à Jérusalem. Mon père était auparavant ouvrier sur les chantiers, malgré son diplôme de comptabilité, et ma mère est toujours restée à la maison jusqu'à ce qu'ils ouvrent une épicerie en...j'avais 12 ans donc en 2002. Ils la tiennent toujours. Je suis leur premier fils, mais ils ont eu deux autres enfants : mon frère Ménahèm, qui a 30 ans et qui est désormais rabbin près de Tel-Aviv, et ma soeur Shirel, qui a 25 ans et qui étudie les neurosciences en Californie depuis deux ans grâce à une bourse d'études.
- Au risque de parodier les psychanalystes de série télé, parlez-moi de votre enfance, les écoles que vous avez fréquentées, votre milieu...
- Je suis né le 14 mars 1990 à Jérusalem, et je suis resté à la maison avec ma mère jusqu'à ce que je rentre à l'école à 5 ans. Tout comme mon frère et ma soeur, j'ai fréquenté une école indépendante religieuse, et payante, ce qui a obligé ma famille à faire de nombreux sacrifices. J'ai commencé à pratiquer le handball vers 7 ans, et à mon entrée au collège à 12 ans j'ai suivi un module de krav-maga comme la plupart des garçons de mon âge. J'ai également étudié le Talmud de façon intensive jusqu'au bac, premièrement dans le but d'embrasser une carrière rabbinique. Je viens d'un milieu pauvre qui s'est progressivement élevé dans la hiérarchie sociale. En arrivant en Israël, mes parents ne parlaient pas un mot d'hébreu, si ce n'est pour les prières, et j'ai été baigné dans un univers culturel et linguistique profondément russe.
- Oui, j'ai vu que vos premières missions avec le Mossad s'étaient déroulées en Europe de l'Est. Et après le bac ?
- J'ai effectué mon service militaire obligatoire de trois ans, en intégrant immédiatement la formation de l'unité d'élite des paras, « Serpent Volant ». A la fin de mon service, j'y ai travaillé deux ans, basé principalement en Cisjordanie. C'est là que j'ai été recruté par l'unité Duvdevan.
- Soit une autre unité d'élite dans l'antiterrorisme...Vous aviez quel âge ?
- 23 ans.
- Impressionnant...Hum, bien, quels sont les types de missions que vous avez menées par la suite ?
- Comme cette unité n'est pas subordonnée territorialement à l'intérieur du pays, nous avons voyagé un peu partout. J'ai effectué une dizaine de missions d'infiltration à Gaza, une autre dizaine à Jérusalem-Est, et une demi-douzaine en Cisjordanie. Navré de ne pouvoir donner les chiffres exacts, c'est tellement loin...
- Je comprends. Vous avez donc été membre de cette unité pendant 4 ans et demi, jusqu'à ce que vous donniez votre démission le 14 janvier 2017. Les circonstances de votre démission ?
- …
- Monsieur Netzer ?
- Est-ce vraiment nécessaire ?
- Oui, ça l'est.
- Bien. Le 1er janvier 2017, nous avons lancé l'Opération « Lande solaire » contre une bande de mutants alliée au Nouveau Front de Libération Palestinienne, dirigée par un certain Farid Al-Hazad. Plusieurs de mes camarades et moi-même avions exprimé nos...doutes sur le bien-fondé de cette mission.
- Quel genre de doutes ?
- Nous étions insuffisamment préparés, nous disposions de trop peu d'informations sur cette bande. De plus, Al-Hazad était un mutant de niveau 5+, et l'unité était principalement composée de soldats n'ayant jamais combattu ces monstres, nous...nous n'étions pas suffisamment prêts. Et les informations sur leurs déplacements m'avaient semblé douteuses. L'Etat-major ne nous a pas écoutés et nous a tout de même ordonné d'aller combattre.
- ...et ensuite ?
- Nos pressentiments étaient fondés. Nous sommes tombés dans un guet-appens. Al-Hazad, qui avait un pouvoir de persuasion à son plus haut niveau, avait utilisé nos informateurs pour nous tendre un piège. Sur vingt-six soldats de notre unité, dix ont été tués, cinq blessés grièvement jusqu'à en devenir handicapés moteurs, quatre, dont moi, ont été enlevés et séquestrés durant neuf jours, et sept sont parvenus à s'enfuir. Ces salopards ont tenté de nous extorquer des informations capitales, que certains d'entre nous ont malheureusement données sous la torture.
- Quelles ont été les circonstances de votre libération ?
- L'opération « Montagne noire », menée par des forces conjointes de l'infanterie et de l'aviation le 10 janvier, et qui a conduit à encore plus de morts inutiles. Tout le reste est classé, vous comprendrez que je ne peux pas en dire plus.
- Cela se conçoit. Qu'avez-vous fait après votre démission ?
- Je suis retourné chez mes parents, à Jérusalem.
- Et qu'y avez-vous fait ?
- J'ai aidé mes parents à l'épicerie, j'ai tenté de me reconstruire une vie normale. Jusqu'à ce que le Mossad me contacte, fin novembre 2017, pour me proposer un poste d'agent, que j'ai au départ refusé.
- Pour quel motif ?
- Les décisions hâtives de bureaucrates incompétents m'avaient déjà coûté beaucoup. Je ne voulais plus revenir, de près ou de loin, dans leur giron.
- Vous avez cependant intégré les forces du Mossad en mars 2018.
- En effet, en tant que consultant à l'origine, puis en tant qu'agent de terrain à la frontière.
- Les raisons de ce revirement ?
- Je ne suis...pas homme à rester désœuvré. Et puis...une discussion avec l'ancien chef de mon escadron de paras m'a fait changer d'avis. J'ai compris que l'Oeuvre dépassait les hommes, et que mon ressentiment envers les hommes ne devait pas influer sur mon dévouement à l'Oeuvre.
- Et en tant qu'agent de terrain, quelles genre de missions avez-vous effectué durant vos deux ans de service ?
- Renseignement. Infiltration. Élimination. Vous vous doutez bien que toutes les missions auxquelles j'ai participé sont entièrement placées sous le sceau du secret national, et que je ne peux par conséquent vous faire part d'aucun détail.
- Bien entendu. Cependant, au titre des accords entre les États-Unis et Israël, vous avez participé au programme d'échange entre la CIA et le Mossad.
- En effet. Il y a presque un an, je suis arrivé à Washington DC et j'ai par la suite effectué plusieurs missions en Russie et en Europe de l'Est. Mais j'ai, dès mon arrivée, pris connaissance de l'existence de l'Opération Apocalypto, à laquelle j'ai demandé d'être affecté. Et me voilà.
- Bien. Vous n'avez rien d'autre à ajouter ?
- Il me semble que non.
- Parfait. Cet entretien est donc terminé. Vous recevrez une réponse sous huitaine. Merci de votre collaboration.
- Merci à vous, monsieur Spaghlieri.

Lettre datée du 15 septembre 2024, adressée à Yaakov Netzer, en provenance du Bureau de la Sécurité Intérieure.

Monsieur Netzer,

votre candidature en tant qu'agent spécial au sein de l'unité BASTET de notre Opération Apocalypto a été jugée recevable par le Bureau. Nous vous annonçons donc par la présente votre affectation à la base d'Achaea.

Votre transfert administratif aura lieu dans trois mois à compter de ce jour. Vous vous devez donc d'être en poste le 15 décembre 2024 à 9h.

Pour toute information complémentaire, veuillez contacter votre supérieur hiérarchique. Une brochure d'information lui a été transmise.

Cordialement,

Joseph Nye, directeur du Bureau de la Sécurité Intérieure.

● Avatar : Viggo Mortensen
● Recyclage du Personnage : Oui