Liam était plutôt occupé en cette matinée de Novembre, il avait été appelé au milieu de la nuit par son supérieur pour une urgence sur un mutant de niveau 5. Aussitôt, l'agent Bastet avait sauté au bas de son lit, dans lequel il ne trouvait de toute manière pas le sommeil, puis en deux temps trois mouvements, il s'était retrouvé dans la rue en tenue d'agent Bastet. Le trentenaire avait juste croisé sa voisine, charmante et extrêmement séduisante, mais qui s'obstinait malheureusement à lui offrir des sourires intéressés à son grand agacement. La belle essaya de lier conversation, expliquant qu'elle rentrait d'une soirée bien arrosée, chose qu'elle n'aurait pas eu besoin de préciser vu l'odeur d'alcool que dégageait son haleine, et les tâches suspectes qu'elle avait sur sa robe trop courte du goût de l'ancien policier. Elle ne savait même pas boire sans s'en mettre partout, à moins que ça ne soit un homme trop intéressé par le décolleté vertigineux qu'elle offrait. Heureusement pour lui, Liam n'avait pas de temps à perdre, il était attendu d'urgence et dans ce genre de travail, une minute était importante. Il prit donc congé de manière plutôt brutale en conseillant à la belle d'aller se prendre une bonne douche froide, puis il dévala rapidement le reste des escaliers de l'étage pour se retrouver dans le hall du petit immeuble de banlieue ou il résidait, avant de déboucher dans la rue. En moins de deux, il fut devant l'asile psychiatrique qui abritait la base principale de l'opération à Achaea, puis il y entra pour prendre connaissance de tout ce qu'il y avait à savoir. Le responsable Dorian était déjà en tenue, présent aux cotés de sa co-responsable, et il salua l'agent Winchester lorsque celui-ci entra dans la petite pièce utilisée pour les briefing d'avant mission, où tous les agents Bastet disponibles étaient réunis. Le topo fut vite fait, un mutant de niveau 5 avait été capturé par une équipe spéciale plus tôt dans la soirée, et placé dans l'une des planques de la ville, située dans une petite boulangerie de quartier, mais visiblement les choses s'étaient mal déroulées, et une équipe de chasseur qui avait voulu jouer les héros avait décidé de raccompagner le mutant directement à la base.

Grosse erreur, le niveau 5 était puissant, trop puissant pour une équipe de chasseur, et ils avaient été balayés sans peine, laissant s'échapper le mutant qui vadrouillait à présent librement dans les rues d'Achaea. Le pied en résumé, d'une oreille attentive, Liam entendit que le concerné possédait un pouvoir plutôt inquiétant de régénération cellulaire liée à la douleur subie. En somme, tu lui fait mal et il se soigne mon coco ! Le type même de pouvoir qui handicapait l'agent Winchester qui attrapait généralement ses cibles en les blessant sérieusement, quitte à les blesser définitivement même. Les équipes furent donc formées, Liam se retrouva avec une gamine tout juste recrutée par Apocalypto, pas très éveillée et franchement qui ne méritait pas particulièrement de rejoindre une telle organisation, mais ce n'était pas lui qui décidait de cela malheureusement. Les deux agents furent donc lâchés dans la ville, non loin de la boulangerie d'où le mutant s'était évadé, et ils commencèrent leur petite traque, essayant de localiser des signes qui leurs permettraient de mettre la main sur l'évadé. Mais rien, le mutant avait été plus prudent que lors de sa première capture, et Liam était sérieusement agacé du zèle des chasseurs qui jalousaient presque tous les agents spéciaux. Au lieu de bosser ensemble, ils cherchaient à faire de la concurrence à l'équipe spéciale, bande d'idiots ! Mais rien ne servait de râler, l'agent se concentra donc sur la traque pour finalement dénicher un indice, même minime, qui lui permis de comprendre que l'évadé avait prit position dans un des bâtiments en phase de démolition. Super, au moins la ville n'aurait pas à payer les dégâts qu'ils provoqueraient pendant le capture du futur cobaye ! Faisant signe à la jeune recrue qu'elle devait le suivre en silence, Liam entra dans le bâtiment sans faire de bruit, et les deux agents restèrent groupés en cherchant des traces quelconques. Habituellement il était du genre à séparer l'équipe pour prendre la cible en sandwich, mais vu la stupidité dont semblait faire preuve la jeune demoiselle, il préféra ne pas aggraver la situation.

Il leur fallu une bonne demi-heure avant de localiser leur cible dans l'un des derniers étages de l'ancienne résidence, et le trentenaire demanda à la blondinette de contacter les autres équipes Bastet, puis il prit la décision d'aller de l'avant le temps qu'ils arrivent, et entra dans l'appartement ou l'évadé avait trouvé refuge. Il faisait noir, les fenêtres avaient été bloquées pour éviter que tout ne sa casse n'importe comment pendant l'implosion du bâtiment, et ce n'était pas pour faciliter la tâche du Bastet qui regardait avec attention partout autour de lui. Puis soudain, la greluche de nouvelle recrue ne trouva rien de mieux que d'entrer dans la pièce à grand renfort de bruits de pas, déclenchant immédiatement la réaction du traqué qui sortit de sa cachette pour brandir une arme à feu dans leur direction. Liam poussa brutalement la blonde qui buta contre le mur derrière elle avant de retomber sur le sol, pendant que lui-même reculait aussitôt derrière un renfort de mur, sentant juste la balle passer à coté de son visage. Quelle conne ! Ce fut la pensée qui traversa immédiatement l'esprit de l'agent qui tendait l'oreille en écoutant le moindre bruit provoqué par le traqué, son regard noir planté dans celui de la recrue qui le regardait avec de grands yeux. Puis de fut le moment, il entendit le bruit familier du chargeur qui sortait de l'arme, le mutant devait être à court de munitions, c'était le moment où jamais d'agir. Liam aurait pu lui dire de lâcher son arme et le maitriser en un rien de temps, mais ce connard avait essayé de lui tirer dessus ! Il n'allait pas s'en sortir aussi facilement ! L'agent quitta la jeune femme du regard avant de sortir de sa cacher, pointer son arme en direction du traqué, puis de tirer, une seule balle, et l'évadé tomba sur le sol, lourdement et sans aucune grâce. Il ne se relèverait pas, Liam n'allait pas vérifier, s'il y avait bien une chose dont il était sûr, c'était de ses capacités de tir, et avec une balle en pleine tête ce gus ne se relèverait pas. Alors qu'il sortait de l'appartement dénué de tout meuble, les autres équipes arrivèrent, dont celle a de l'agent Whitewood accompagné de la jeune Kerry, ils le regardèrent comme s'ils attendaient une quelconque réponse, et Liam secoua simplement la tête en lâchant une brève information.

« Il était armé. »

L'agent sortit dans la rue, accompagné des autres agents Bastet pendant que la recrue descendait en dernière, livide et pâle à faire peur, elle décrocha un regard noir à l'agent Winchester avant de s'approcher de lui comme dans un rêve. Liam ne comprit pas ce qui se passa jusqu'au moment où il sentit clairement la paume de main de la jeune femme entrer en contact avec sa joue au moment où elle le gifla en l'insultant copieusement avant de s'en aller. Cette connasse avait osé le frapper ! Elle allait le sentir passer, et le regard noir et assassin que l'agent lui lâcha alors qu'elle s'éloignait laissait clairement voir ses intentions. Sur le chemin du retour, personne ne parla de « l'incident », et lorsque Dorian annonça à Liam qu'il devait se rendre à la faculté de la ville plus tard dans la journée pour prendre des informations sur un élève suspect, le trentenaire ne fut pas particulièrement ravi de la mission. Il repensait encore à la baffe qu'il avait récolté, sentant encore sa joue l'élancer même après une bonne heure, son oreille avait sifflé un bon moment, et cette salope allait le payer cher. Liam savait pourquoi elle avait agit ainsi, il avait tué le mutant alors qu'il aurait pu simplement le neutraliser, la prochaine fois il la laisserait se faire plomber cette conne. Broyant du noir, l'agent s'occupa du matériel qu'il portait toujours en attendant l'heure donnée par son supérieur, dire que les jeunes commençaient si tard ! Inadmissible ! Lorsque le moment fut arrivé, Liam se prépara à nouveau, bannissant de sa tenue les grosses armes et ne conservant que son colt habituel, il devait passer pour un membre du SWAT avec sa tenue, et non pour un agent secret. L'agent marcha donc comme à son habitude jusqu'à la faculté du coin, et il se présenta à l'accueil pour parler au proviseur qui collabora avec grand plaisir aux efforts des autorités, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Liam fut donc dehors du bureau du proviseur de la faculté, prêt à partir lorsqu'il entendit malgré lui quelqu'un interpeller une autre personne.

« Mademoiselle Ierochenko ! »

Ierochenko ? Un nom Russe, étranger, Liam ignorait pourquoi sur le coup mais ce nom lui disait quelque chose, il s'arrêta donc avant de tourner la tête en direction de l'interpellée, et posa ses yeux noirs sur une charmante jeune femme à la chevelure blonde comme les blés. Sur le coup, il ne la reconnue pas, l'agent n'était pas du genre à se souvenir des jeunes femmes qu'il croisait, mais après quelques secondes à l'observer, l'image d'une gamine lui ressemblant beaucoup lui sauta aux yeux. La fille d'une de ses anciennes collègues, par contre son prénom, impossible de mettre le doigt dessus ! Il croisait souvent la mère de la jolie demoiselle lorsqu'il retournait au commissariat de ses débuts pour maintenir sa couverture, et il avait rencontré à la fillette et sa famille lors d'un repas organisé par la police lorsqu'il n'avait encore que 20 ans et qu'il sortait fraichement de l'académie de police. Un drôle de hasard tout de même. Elle avait grandit, heureusement d'un autre coté, et lorsque la personne qui l'avait appelée lui avait donné ce qu'elle devait avant de s'en aller, leurs regards se croisèrent au moment ou la jeune femme leva les yeux. Elle devait trouver étrange, voir louche qu'un militaire planté devant la porte d'entrée de la fac la regarde ainsi, la dévisageant presque, mais il s'en fichait un peu. Liam s'apprêta à partir, détournant les yeux avant de revenir sur elle, pourquoi, il ne savait pas, mais il avait bien envie de lui parler un peu. L'agent n'était pas du genre très bavard, mais sa mère avait été sa coéquipière pendant un moment et du peu qu'il se souvenait, elle avait toujours été très efficace et ça avait été une des seules femmes de l'unité à se montrer aimable avec lui. La demoiselle se trouvait à un ou deux mètres de lui, il aurait pu parler, mais hésitait encore, et finalement sa se décider vraiment, l'agent lui lâcha quelques mots, histoire de paraître aimable et surtout d'effacer éventuellement les idées louches qu'elle pourrait avoir à le voir la regarder comme ça.

« Ierochenko ? La fille de Jane Ierochenko ? »

Il avait retenu le prénom de la mère de la demoiselle sans vraiment savoir pourquoi, elle lui avait brièvement parlé de sa vie passée et présente lorsqu'ils attendaient des heures interminables dans une voiture postée dans un coin « à risque ». Ainsi Liam savait qu'elle était mariée à un Russe, elle-même originaire d'Amérique ou d'Angleterre il ne savait plus exactement, ça faisait longtemps tout ça. Sur le coup, l'ex policier ne savait pas vraiment pourquoi il venait de lui adresser la parole, d'un la gamine n'allait plus se souvenir de lui, même si elle avait déjà une douzaine d'années au moment de leur rencontre, ils n'avaient pas beaucoup parlé. Liam avait surtout fait acte de présence à la fête après que Jane l'ai invité à se joindre à sa famille, quelques mots échangés avec le père, quelques uns avec la fille, et surtout beaucoup de temps passé à écouter parler sa coéquipière qui semblait désireuse de lui raconter tout ce qu'il y avait à savoir sur leur famille. Elle était très aimable, mais ce n'était pas le genre du trentenaire de se lier comme elle semblait vouloir le faire, enfin, il pouvait au moins se montrer aimable avec la demoiselle en souvenir du temps que sa mère avait passé à lui parler d'elle. Non ?

Une douce musique envahit la chambre. Un corps bougea sous les couvertures et une tête émergea. Svetlana jeta un regard morne sur son radio-réveil pour voir l'heure avant de se laisser retomber sur l'oreiller. Elle profita des dernières minutes avant l'heure fatidique du lever pour somnoler un peu tout en écoutant les dernières notes de la mélodie. Le flash info de huit heures prit le relai, une fois celui-ci terminé Svetlana sortit de son lit et descendit prendre son petit déjeuner. Elle se prépara son bol de café au lait puis tout en mangeant ses tartines beurrées elle feuilleta le journal laisser par son père, ses cours ne commençaient qu'à 10h00 alors elle ne se pressait pas trop. Elle était seule à la maison et profita du calme de cette matinée, Ses parents étaient déjà partis au travail et son frère était au collège. Le repas terminé, elle remonta dans sa chambre et se prépara. Elle choisit un jean noir et un sous-pull, parfait pour se prémunir des températures « hivernales ». Ensuite la jeune étudiante enfila une paire de bottes à semelles plates, attrapa son sac de cours, descendit dans l'entrée pour récupérer sa veste et prit sa voiture pour se rendre à l'université.

Depuis la révision effectuée par Piotr au garage « Chez Dresden », la ford avait retrouvé sa prime jeunesse... Façon de parler, la voiture n'étant pas toute neuve non plus... Son compatriote avait trouvé l'origine du problème qui fut réglé efficacement, ce qui avait contenté la demoiselle. De plus, elle avait pu discuté de nouveau avec le jeune russe, conversation plaisante où ils échangèrent les nouvelles de ces dernières années en russe. C'était agréable de pouvoir parler sa langue paternelle avec une autre personne que son père. En tout cas, Svetlana savait dorénavant où travaillait Piotr si elle souhaitait le revoir. La jeune femme gara son véhicule sur le parking de la fac avant de se diriger vers les salles de classes et amphis. Sa journée commençait avec un cours de droit pénal jusqu'à la pause déjeuner puis elle reprenait avec la criminologie. Le droit pénal n'était qu'une partie de l'enseignement général de droit mais constituait l'une des matières préférées de la jeune russe. Les deux heures s'écoulèrent rapidement, le cours était dense et le cahier s'était rempli de nouvelles pages pleines d'informations. Son cours venait de finir et elle se rendait à la cafèt quand elle fut interpellée dans le couloir.

« Mademoiselle Ierochenko ! »

Légère grimace de la jeune femme quand elle entendit son nom écorché de la sorte, certes il n'était pas des plus simples mais tout de même... Svetlana se retourna pour constater que Mme Watts venait à sa rencontre avec un pli à la main. Mme Watts travaillait à l'administration de la faculté et vu que la jeune blonde se trouvait près de la zone des gestionnaires il n'était guère étonnant de croiser des membres du personnel. Svetlana attendit que son interlocutrice arrive à sa hauteur pour savoir de quoi il en retournait.

« Mademoiselle, je profite de vous croiser pour vous remettre le relevé détaillé des résultats de l'examen final de votre première année que vous nous aviez demandé dernièrement, ainsi que les frais pour votre seconde année, cela aurait pu être envoyé chez vous, mais puisque vous êtes là... Sur ce, bonne journée et bonne continuation. »

La quadragénaire lui remit l'enveloppe avant se retourner dans son bureau. Svet ouvrit pour jeter un coup d'œil au montant qui se révéla un peu moins élevé que celui de l'année précédente. Mais elle avait de la chance, ses parents finançaient ses études lui laissant gérer le reste de ses frais avec l'argent gagné en tant que bibliothécaire, qu'ils soient liés à ses études ou à ses loisirs. L'étudiante venait de basculer son sac devant elle pour ranger les papiers quand elle ressentit la désagréable impression d'être observer. Relevant la tête, elle croisa le regard d'un militaire. Il se tenait à quelques mètres d'elle au niveau de l'entrée et l'observait. La jeune femme fronça les sourcils. Souhaitait-il quelques chose en particulier?... Plutôt étrange comme situation... Que faisait cet agent des forces de l'ordre au sein de l'université? Cherchait-il quelqu'un de précis? Sur le coup, la pensée fugace qu'il venait pour elle lui traversa l'esprit, mais elle se ressaisit rapidement avant de se laisser submerger par la panique. Si c'était pour l'arrêter il ne serait certainement pas venu seul ou alors ses compagnons se cachaient pour lui couper toutes voies d'échappatoires mais le premier qui tenterait de l'arrêter aura affaire à elle ou plus exactement à ses pouvoirs. Coupant court à ses pensées qui s'emballaient, elle rangea l'enveloppe et s'apprêta à repartir quand il lui adressa la parole en mentionnant sa mère. A cet instant seulement, Svetlana prit le temps d'observer le visage de l'inconnu et les traits de ce dernier lui était familier, elle les avait revus lors de la fête d'Halloween. Un sourire apparut sur les lèvres de la jeune blonde.

- Oui et non... Oui je suis bien la fille de Jane et non ce n'est pas Ierochenko mais Iorichenko, inspecteur Winchester, conclut-elle sur un ton légèrement espiègle.

Cela devait certainement le surprendre qu'elle se souvienne de lui après tant d'années, néanmoins elle avait gardé en mémoire le collègue de sa mère qui d'ailleurs lui en avait reparlé au fil des missions que les deux policiers avaient partagés. Lors du repas organisé par la police ils avaient échangé quelques mots bien que le policier s'était montré plutôt discret. Par contre elle ne savait plus quel était le grade de monsieur Winchester. Elle s'avança vers lui pour lui serrer la main, politesse oblige mais elle le faisait volontiers vu qu'il travaillait avec sa mère et qu'elle appréciait rencontrer ses collègues même si tous n'étaient pas sympathiques au yeux de la jeune femme.

- Comment allez-vous? Cela fait un moment depuis notre dernière rencontre, bien qu'il me semble vous avoir aperçu à la fête d'Halloween... dit-elle avec un sourire.

Svetlana était certaine qu'il était présent à la fête, guère étonnant vu que les forces de police avaient été déployées pour couvrir l'évènement, mais elle préférait utiliser une supposition pour atténuer le fait qu'elle se rappelait très bien de lui. Elle ne voulait pas mettre mal à l'aise son interlocuteur.

- C'est le boulot qui vous amène par ici? Vous enquêtez sur quelqu'un de la fac?

Sa dernière question bien que directe fut posée sur le ton de la plaisanterie, car la présence de l'agent l'intriguait. Mais généralement les membres des forces de police ne discutaient pas avec la première personne venue de leurs enquêtes surtout si elles étaient en cours. Puis elle pencha légèrement la tête, il lui semblait que les policiers œuvraient d'ordinaire en binôme mais l'inspecteur était apparemment seul alors peut-être qu'il n'était pas en service... Connaissait-il un des étudiants? Une personne de sa famille? La demoiselle ne savait pas grand chose concernant la vie de Liam Winchester car c'était plutôt sa mère qui côtoyait fréquemment l'inspecteur et qui avait l'occasion de discuter avec lui.

- A moins que cela n'ai rien de professionnel... ajouta-t-elle.

La jeune étudiante ne voulait pas forcer le policier à lui dévoiler plus que nécessaire, d'ailleurs elle ne savait comment aborder son interlocuteur. Elle espérait simplement ne pas braquer l'agent ni provoquer de refus de discussion.

Liam avait remarqué le léger froncement de sourcils de la jeune femme lorsqu'elle avait croisé son regard, comme si elle avait en effet trouvé étrange le fait qu'un militaire s'amuse à l'observer de la sorte. Ce n'était pas vraiment très surprenant d'un autre coté, même quelqu'un d'habitué à côtoyer des policiers, ce qui devait être le cas de la demoiselle comme sa mère en était une, ça devait soulever des questions que de se sentir ainsi dévisagée. L'agent Winchester avait pour habitude de dire que si l'on avait la conscience tranquille, il n'y avait aucune raison de se sentir mal à l'aise sous le regard d'une autre personne, et il fut donc assez satisfait de voir que la fille de son ancienne collègue détourna rapidement le regard pour ranger l'enveloppe qu'on venait de lui donner dans son sac. S'il y avait une chose que l'on pouvait admettre c'était que le regard sombre de l'ancien policier n'était pas des plus agréable, dans le sens où il avait la fâcheuse tendance à mettre la personne qu'il regardait, dans l'embarras le plus complet, un don inné qui ne semblait pas plaire à grand monde. Après que Liam eut prononcé le nom de famille sortit de la bouche de la femme qui avait adressé la parole à la jeune femme, cette dernière le regarda plus attentivement comme si elle cherchait à le situer, et le trentenaire se surprit un instant à penser que ça serait peut-être mieux qu'elle lui sorte l'excuse de ne pas se souvenir de lui. Il lui avait adressé la parole mais sans vraiment savoir pourquoi, un homme comme lui n'avait rien à dire à une jeune femme comme elle, sans compter qu'il ne pouvait sérieusement pas lui demander des nouvelles de sa mère comme il aurait pu en avoir envie. Après tout la demoiselle devait croire qu'il était encore dans la même unité que sa mère, même si Dorian, son supérieur, lui avait signifié qu'ils allaient peut-être devoir actualisé sa couverture. Quelques agents de police de son ancien commissariat avaient laisser entendre qu'il n'était pas souvent au boulot, sans chercher à lui nuire, ou peut-être que si, mais ça foirait toute sa couverture et du coup il fallait essayer de rattraper la chose, peut-être en prétextant un changement de service, à voir.

Finalement un sourire apparut sur les lèvre de la jolie blonde qui répondit qu'elle était en effet la fille de Jane, mais qu'il avait fait une faute dans son nom de famille. Oh, fort possible, les noms étrangers lui posaient quelques problèmes et au final la mère de la jeune femme avait du avoir pitié de lui puisqu'elle lui avait accordé le droit de l'appeler par son prénom. Le ton et la voix de son interlocutrice lui rappelèrent quelque chose, il n'y avait plus de toute, c'était bien elle, surtout qu'elle venait de le lui dire, mais ça prouvait que son coté physionomiste n'était pas si nul qu'il le pensait. Ce n'était plus une adolescente et Liam en fut assez surprit, dans ses souvenirs elle était beaucoup plus jeune que lui, mais visiblement si elle était élève de la fac, c'est qu'elle devait être plus âgée que dans ses souvenirs. La demoiselle s'approcha du militaire pour lui serrer la main avant de reprendre la parole en lui demandant comment il allait, tout en disant l'avoir aperçu à la fête d'Halloween. Vraiment ? Il n'avait absolument pas fait attention, mais d'un autre coté lorsqu'on pensait qu'il ne l'aurait jamais reconnue si son nom de famille n'avait pas été prononcé, comment aurait-il pu tilter en la voyant surtout si elle était déguisée ? L'agent Winchester ne se cherchait pas d'excuses, mais c'était vrai que pour un flic, il avait plutôt foiré le coup, passer à coté d'une ancienne connaissance sans la reconnaître ce n'était pas vraiment valorisant pour un policier. Mais la demoiselle orienta la discussion sur ce qui le menait ici, lui demandant s'il enquêtait sur un étudiant de la fac, question plutôt précise mais prononcée sur un ton léger, Liam n'était pas du genre à dévoiler les choses sur son travail et il serait donc obliger de détourner la vérité, ou même carrément de mentir. De toute manière il mentait déjà en disant être policier alors qu'il ne l'était plus depuis longtemps, ce n'était plus comme s'il était à un mensonge près. L'américain essaya de se souvenir du prénom de la belle, un prénom Russe mais lequel ? Tatiana ? Non, un prénom plus long et plus léger.... Natalia ? Non plus, difficile de se souvenir de tout surtout lorsqu'on ne voyait pas les gens fréquemment, mais la blonde le tira de ses pensées en lui suggérant que ce n'était rien de professionnel, ce qui prouvait qu'elle ne connaissait vraiment que très peu de choses à son sujet. Liam se sentit un peu plus rassuré, sans vraiment trop savoir pourquoi, peut-être que ça lui donnait une meilleure conscience pour mentir à la fille de son ancienne collègue ? Quoi qu'il en soit, l'agent rattrapa la suggestion au vol en hochant la tête tout en lui répondant d'un ton presque aimable.

« Oui voilà, on peut dire ça comme ça, je ne suis pas ici en tant que policier. J'étais dans le coin pour un contrôle de routine lorsque j'ai croisé quelqu'un de ma connaissance, j'en ai profité pour faire un petit crochet par ici du coup. »

Il ne mentait pas vraiment, après tout ne venait-il pas de croiser quelqu'un qu'il connaissait ? Même le contrôle dont il parlait et le fait qu'il n'utilise pas son statut de policier était véridique. On va dire que Liam était plutôt doué dans le mensonge par omission ou dans la déformation de la vérité. La mère de la blonde avait eu l'excuse que son coéquipier avait changé de service et qu'il était encore accroché de temps en temps au commissariat du quartier où elle bossait, mais Jane était loin d'être une femme stupide et par conséquent, le trentenaire se demandait souvent si elle croyait réellement l'excuse qui lui avait été donné. Quoi qu'il en soit, jamais la mère de famille n'avait posé de plus amples questions à ce sujet et l'agent Bastet n'avait jamais approfondi la question, le silence était donc retombé sur toute l'affaire.

« Je ne vous avais pas reconnue à la fête, certainement que nous nous sommes croisés, mais vous avez bien grandi depuis notre dernière rencontre c'est le moins qu'on puisse dire. »

Quelle déduction Sherlock ! Pas la peine d'être flic pour remarquer qu'elle avait grandi et embelli, mais bon, lorsqu'on se trouvait devant une ancienne connaissance et qu'on devait se montrer aimable alors que Liam était plus du genre à envoyer bouler tout le monde, on tombait forcément dans les clichés. L'espace d'un instant, le flic fut tenté de lui souhaiter une bonne journée, elle devait certainement avoir d'autres choses à faire, mais pour tout dire, l'Américain avait sincèrement envie, pour une fois, de prendre des nouvelles de quelqu'un. La mère de la jolie blondinette avait été la seule aimable avec lui, et la seule qui semblait un minimum contente de le revoir lorsqu'il passait au commissariat, seulement les dernières fois où il s'y était rendu, Liam n'avait pas croisé Jane et ça faisait donc un moment qu'il n'avait pas de ses nouvelles. L'agent regarda rapidement autour de lui avant de reporter son attention sur son interlocutrice, il n'y avait pas foule tout à coup, comme si tout le monde s'était rendu en cours, mais comme la blonde ne semblait pas réagir, peut-être avait-elle terminé sa journée. Il l'arrivait toujours pas à remettre la main sur son prénom et ça commençait sérieusement à l'agacer. La demoiselle semblait avoir gardé plus de souvenirs de lui qu'il ne le pensait, après à voir si c'était de manière positive où non. Ça, c'était une autre histoire, combien de personnes se souvenait de lui au commissariat, mais pas dans la version 'bons souvenirs', au contraire.

« Sinon je vous remercie, ça va parfaitement. Et de votre coté, je n'ai pas croisé votre mère depuis un moment, est-ce que ça va de son coté, le boulot et tout ? Puis si je me souviens bien, vous avez un frère ou une sœur.... »

Liam en version aimable, ça faisait presque peur, il n'était véritablement pas doué pour se montrer avenant avec qui que ce soit, déjà sa tentative d'amabilité avec Pixie à la fête avait légèrement avorté, et maintenant les phrases stupides et sans fondement qu'il sortait à la blonde, ça ne faisait que confirmer tout ça. Certaines personnes étaient naturellement douées pour le dessin, la musique, bah Liam lui possédait le don inné d'être de perpétuellement mauvaise humeur, ce qui atrophiait légèrement son coté sociable. En réalité, on lui avait souvent demandé s'il ne possédait pas simplement le coté 'travail' et le coté 'protestation et mauvaise humeur' dans son cerveau, ce qui expliquerait que toutes ses relations aient été aussi désastreuses. En fait lorsqu'on y songeait, même la mère de la blonde ne pouvait pas être considérée comme une amie, il la voyait comme Jane la collègue de travail, mais ce n'était pas le type d'homme à prendre le téléphone pour avoir des nouvelles de la mère de famille et de toute sa ribambelle de gamins, ou encore de l'inviter à boire un verre, pas du tout. Quelques secondes passèrent avant qu'il ne se décide à prendre la parole une dernière fois, forçant peut-être un peu le ton aimable et essayant d'arborer une expression neutre pour ne pas vexer la blondinette en face de lui.

« Et ce n'était pas intentionnel pour la déformation de votre nom de famille, j'ai un peu de mal avec les prononciations étrangères, mais au moins je l'ai à peu près reconnu. Il fit une très légère pause avant de conclure. Vous devez retourner en cours mademoiselle Iorichenko ? »

Finalement il avait trouvé la parade pour ne pas se creuser la tête encore dix ans histoire de retrouver le prénom de la jeune femme, et ils n'étaient pas vraiment assez intimes pour s'appeler par leurs prénoms, déjà qu'il n'appelait pas Pixie par son prénom. A ce moment l'ex policier constata qu'il tombait beaucoup sur des blondes aux noms de famille Russe, comme s'il n'avait pas assez de mal à retenir les noms, il fallait en plus qu'ils soient aussi compliqués à prononcer. Soucieux de ne pas retenir la demoiselle, il s'était renseigné sur ce qu'elle devait faire, et comme à son habitude, il ne s'était pas excusé d'avoir massacré son nom, Liam les excuses, c'était comme la gentillesse, il ne connaissait tout simplement pas.

Ainsi l'inspecteur Winchester ne faisait que passer dans le coin après avoir terminé une de ses missions, puisqu'il prétendait sortir d'un contrôle. Svetlana se demandait quel type de contrôle il venait d'effectuer mais elle garda cette question pour elle car elle savait qu'il ne lui dirait rien à ce sujet. Elle sourit aux explications de Liam, comme si elle agréait sa décision. Le hasard faisait bien les choses, menant le policier sur la route de la jeune étudiante. Cette dernière observa son interlocuteur discrètement, du moins elle essaya se doutant qu'un agent des forces de l'ordre remarquerait rapidement l'examen auquel il était soumis. La jeune russe actualisa, si l'on peut dire, l'image qu'elle avait gardé de l'agent, elle lui donnait la trentaine et il était plutôt grand ce qui obligeait la jeune femme a levé la tête pour lui parler, et le point qui retint l'attention de Svet furent ses yeux, ils étaient d'un noir profond et il semblait facile de se laisser happer par leur intensité. L'impression d'être transpercée par eux fit qu'elle ne prolongea guère le contact, détournant rapidement le regard pour jeter un coup d'œil alentour. Elle ne pouvait nier que c'était un homme charmant, il devait faire chavirer les cœurs des femmes le côtoyant dans la vie courante ou professionnelle peut-être même des jeunes filles en fleurs. Pour sa part, Svetlana ne voyait en lui qu'une relation de travail de Jane, rien d'autre pour l'instant. En tout cas, la dernière fois que sa mère lui avait parlé de son collègue elle avait mentionné son célibat mais cette donnée avait certainement changé depuis le temps. Après avoir fait son tour d'horizon, Svetlana reporta son attention sur son interlocuteur.

- Oh, pour la fête, j'étais déguisée donc que vous ne m'ayez pas reconnue est tout à fait compréhensible, répondit-elle avec un petit geste de la main montrant qu'elle ne s'arrêtait pas sur ce genre de détails.

Elle lui décocha un grand sourire quand il parla taille, il était vrai que la dernière fois elle devait être haute comme trois pommes à ses yeux, enfin il lui semblait qu'elle devait avoisiner le mètre trente... Svetlana prit conscience que les cours avaient repris au calme qui s'installa dans le hall d'entrée. Les siens ne commençaient pas de suite donc elle avait le temps pour discuter encore avec l'agent. Finalement, Liam répondit à sa première question. Elle était contente d'apprendre que tout allait bien pour lui.

- Côté famille rien à déplorer... Et j'ai un petit frère comme vous le supposiez il s'appelle Alekseï. Tandis que ces mots sortaient de sa bouche un fin sourire fleurit sur les lèvres de la jeune blonde. Quant à ma mère, elle va bien et niveau boulot la routine je dirais bien qu'avec les problèmes causés par certains mutants cela ajoute une charge de travail supplémentaire. En ce moment elle ne passe pas beaucoup de temps à la maison, c'est dommage, mais elle n'aime pas laisser un dossier inachevé...

Quand l'étudiante mentionna les mutants, elle accrocha de nouveau le regard de Liam pour voir quelle serait sa réaction avant de poursuivre. Une pointe de regret se fit sentir sur la fin de sa phrase, pourtant elle était habituée aux absences de Jane qui pouvait être appelée à toute heure par le commissariat et qui se montrait consciencieuse dans son travail tant niveau légiste qu'enquêteur. Elle avait parlé sur un ton assez neutre qui laissait penser qu'à l'image des jeunes de cette époque elle ne portait que peu d'intérêt au remue-ménage crée par la polémique des mutants, ce qui était faux, mais de cette manière elle évitait de susciter d'éventuels soupçons sur son origine génétique.

- Ah oui...C'est vrai que cela fait un moment qu'elle ne vous avait pas vu. J'ai cru comprendre que vous aviez été transféré et ne dépendiez plus du même département que ma mère, est-ce exact? Elle trouve cela dommage, vous êtes un policier très compétent d'après ses dires et vos services manqueront au bureau.

Oui la mère de Svetlana appréciait l'inspecteur Winchester pour son côté professionnel et efficace et il était également vrai qu'il faisait plutôt penser à un loup solitaire. Certains de ses collègues le détestaient, d'autres l'évitaient ne voulant pas se frotter à son caractère grognon, mais Jane passait outre ses défauts même si parfois le tempérament râleur de Liam pouvait taper sur les nerfs. Et puis il ne lui courait pas après et elle lui en était reconnaissante, car bien que les relations privées soient proscrites au sein de l'établissement, certains s'étaient montrés un peu trop entreprenants à son goût. Bref, Svetlana revint à l'instant présent.

- D'ailleurs quelle est votre nouvelle unité? Est-ce que le travail est intéressant?

Sa mère lui avait certainement dit mais elle ne se rappelait plus, elle avait simplement retenu que peu d'informations étaient données à son sujet. Le mystère rodait... Devait-elle toujours continuer à l'appeler inspecteur? Question des plus existentielles sur laquelle elle ne s'appesantit guère car une fois qu'il l'aurait renseigné sur son affectation actuelle, Svetlana comprendrait mieux les tenants et aboutissants de la fonction de Liam et les contrôles qu'il pouvait être amenés à effectuer.

- Vous devriez passer un jour à la maison, cela ferait plaisir à ma mère de pouvoir à nouveau bavarder avec vous ailleurs qu'au bureau. Quant au nom... Elle fit mine de réfléchir. Vous n'avez qu'à m'appeler Svetlana ce sera plus facile, et pour les cours aucun souci je ne reprends pas avec deux heures.

La jeune femme vérifia tout de même l'heure sur sa montre et constata qu'elle avait encore largement le temps. Elle ne lui en voulait pas d'avoir déformé son nom vu que ce n'était pas entièrement sa faute puisqu'il s'était référé aux paroles de Mme Watts. Svetlana parlait naturellement à l'inspecteur Winchester, sa méfiance s'était endormie sachant qu'elle avait affaire à un policier étant de surcroit un collègue de sa mère. Par contre, la jeune étudiante ne connaissait pas assez son interlocuteur et n'était pas encore une experte en psychologie pour comprendre pourquoi elle avait l'impression qu'une distance s'était établie entre eux deux. Disons qu'elle voyait cette manifestation comme la conséquence d'une rencontre entre personnes perdues de vue depuis plusieurs années et ne trouvait pas cela trop bizarre. Gênée par son sac dont elle n'avait pas remis la seconde lanière, elle finit par le poser par terre. Au même instant, une cavalcade se fit entendre, Svetlana regarda par dessus l'épaule du militaire pour apercevoir un étudiant passant en courant dans le dos de Liam, se précipitant vers les salles de cours. Un sourire en coin apparut sur le visage de la jeune russe, elle n'aimait guère arriver en retard à quelques rendez-vous que ce soit, mais quand elle voyait un retardataire elle se demandait généralement la cause de son retard car certains élèves avaient parfois des excuses tirées par les cheveux et fort marrantes.

- Et vous inspecteur, avez-vous de la famille?

Il avait pris des nouvelles de la famille Iorichenko, elle souhaitait en avoir de la sienne, s'il en avait une bien entendu. Certaines personnes ne se fixaient jamais accordant soit trop d'intérêt à leur boulot soit appréciant trop fortement leur liberté. Peut-être que le trentenaire se rangeait dans une de ces catégories car elle ne vit aucune alliance à son doigt. Si Svetlana n'éprouvait pas un véritable intérêt pour son interlocuteur elle n'aurait certainement pas poser une question relevant de la vie privée. La balle était dans le camp de son interlocuteur. Il pouvait esquiver ou donner une réponse. Quelque soit son choix elle ne se montrerait pas insistante.

La jeune femme avait fait un tour d'horizon de son regard dont la couleur oscillait entre le vert et le gris, visiblement elle possédait la même habitude que son interlocuteur lorsqu'il n'avait pas envie de fixer la personne qui lui faisait face, à savoir la technique du balayage des environs. Liam optait souvent pour ce procédé, non qu'il n'aimait pas regarder les gens qui lui parlaient, mais simplement qu'il ne voyait pas beaucoup d'intérêt à observer fixement le regard de son interlocuteur, et préférait s'intéressant au décor et aux gens qui gravitaient autour d'eux. Certains disaient que fixer une personne dans les yeux prouvait notre sincérité, et à contrario, promener son regard sur les environs était synonyme d'une mauvaise conscience : totalement stupide. La preuve, l'agent Winchester n'avait rien à se reprocher puisqu'il estimait sa lutte totalement justifiée, il n'éprouvait donc aucune peine à soutenir le regard de qui que ce soit, c'était simplement un manque d'envie. D'autres disaient aussi qu'on pouvait lire les pensées des gens dans leur regard, mais ce n'était que des fadaises, après tout Liam avait déjà eu certaines remarques au sujet de son regard qui soi-disant n'était pas assez expressif, comment imaginer qu'on pourrait lire des pensées à partir d'un regard neutre ? En conclusion, il ne vit le regard de Svetlana que comme une simple envie de changer de décor, ce qu'il ne pouvait pas lui reprocher puisque lui-même depuis le début de leur conversation s'amusait à promener son regard sur les environs.

La jeune blonde annonça qu'elle était déguisée à la fête et que c'était compréhensible qu'il ne l'ai pas reconnu, il avait donc bien pensé, et le geste qu'elle fit prouva qu'elle n'était pas du genre des filles qui se vexaient lorsqu'on ne les reconnaissait pas. Tant mieux, l'agent Bastet aurait été navré de voir que la fille de sa collègue préférée ai été une garce qui ne lui correspondait pas du tout, mais visiblement, telle mère telle fille, car la demoiselle semblait aussi gentille et avenante que sa génitrice. Après lui avoir décroché un sourire qui ne manqua pas de rappeler Jane au jeune policier qui sommeillait encore en lui, l'Américo-Russe lui répondit que sa famille allait bien et qu'elle avait un petit frère portant lui aussi un prénom Russe, ça devait être la tradition familiale certainement, mais Liam s'abstint de tout commentaire à ce sujet. Un autre sourire naquit sur les lèvres pleines de la jolie blonde alors qu'elle déclara que sa mère se portait à merveille bien que les problèmes posés par les mutants lui donnaient beaucoup de travail. L'expression de l'agent spécial resta de marbre mais il hocha légèrement la tête pour faire comprendre qu'il voyait de quoi elle parlait alors que la demoiselle achevait en disant que sa mère ne passait pas beaucoup de temps à la maison parce qu'elle avait du mal à laisser le travail en plan.

Ça il s'en souvenait. C'était même la chose qu'il appréciait le plus chez cette femme justement, son application dans son travail, et l'investissement qu'elle mettait pour chaque dossier, aussi minime soit-il. Liam se souvenait encore des soirées passées dans la voiture de patrouille à attendre de l'action, simplement parce que Jane refusait obstinément de quitter le coin tant qu'ils n'auraient pas localisé la personne qu'ils devaient interroger. Le jeune homme, encore débutant et fraichement sortit de l'Académie à l'époque, avait souvent entendu les collègues de la mère de famille critiquer son application, et c'était surtout parce que Liam leur avait fait la remarque que s'ils étaient moitié moins aussi efficaces qu'elle, ils seraient la meilleure police du monde, que ces policiers avaient une telle aversion pour lui. Mais le brun s'en fichait de ce qu'ils pensaient de lui, et le supérieur des policiers avait du remarquer qu'il s'entendait mieux avec la jeune femme puisqu'il les avait mis ensemble dans de nombreuses missions. Le regard clair de la jeune femme accrocha celui de l'ancien policier et le sortit de ses pensées alors qu'il percevait un regret dans ses dernières paroles et dans son regard, bien qu'il mettait peut-être le léger flou de ses yeux sur le compte de la lumière des lieux. Pour la première fois depuis le début de leur conversation, elle avait parlé d'un ton neutre, inconsciemment Liam le nota bien que cela ne représenta rien sur le coup, ça pouvait être tout simplement parce que la jeune fille regrettait de ne pas voir sa mère et ne voulait pas pleurer en y pensant, il ne connaissait pas assez les relations familiales normales pour savoir si ça pouvait être lié ou non.

La voix de l'étudiante s'éleva à nouveau, brisant le silence bercé par les quelques bruits de papier qui volaient et d'élèves qui regagnaient leur salle, et elle lui dit se souvenir que sa mère ne l'avait pas croisé depuis longtemps, lui demandant s'il ne faisait plus partit du même département qu'elle comme la demoiselle avait cru l'entendre. On pouvait dire ça comme ça, et les dernières paroles de la blonde surprirent assez l'ancien policier, certes, Jane lui avait dit qu'il travaillait bien, mais jamais elle n'avait abordé le fait qu'elle parlait de lui à sa famille. Avec une certaine honte, l'agent se rendit compte qu'il n'avait jamais parlé de cette collègue si aimable avec lui, à sa mère lorsqu'elle lui demandait des nouvelles de son boulot. Ils vivaient dans deux mondes différents décidément. Le trentenaire ne répondit rien alors que son interlocutrice poursuivait, lui demandant quelle était sa nouvelle unité et si le travail était intéressant, puis après une petite pause, lui annonça qu'il devrait passer un jour à la maison car ça ferait plaisir à sa mère. Sur le coup, Liam manqua se sourire, il avait du mal à voir l'idée que sa visite puisse être perçue comme un plaisir, ce mot ne lui était pas associable, son humeur ne pouvait plaire à personne, et il n'était pas le type d'homme qui rendait visite à ses collègues chez eux. Déjà qu'il n'avait plus mit les pieds dans la maison de sa mère depuis presque dix ans, ça n'était pas demain la veille qu'il irait chez les Iorichenko, même s'il appréciait la proposition pour une fois.

Puis le prénom qui le turlupinait depuis le début arriva enfin, la blonde lui déclara qu'il pouvait l'appeler Svetlana pour faciliter les choses, avant de lui dire qu'elle ne reprenait pas les cours avant deux bonnes heures. Au moins il savait déjà qu'il ne la dérangeait pas, même s'il fallait dire qu'elle venait de le lui annoncer juste avant, il avait pensé qu'elle disait ça simplement pour ne pas vexer un ancien collègue à sa mère. Il n'était pas stupide, il savait qu'il y avait mieux à faire à cet âge que discuter avec un policier grognon, même s'ils n'étaient pas très éloignés au niveau de l'âge. Svetlana consulta tout de même sa montre avant de poser son sac sur le sol, puis un bruit de course se fit soudain entendre et l'agent se retourna aussitôt. Son regard noir se posa sur un étudiant qui passa en courant à coté d'eux pour se précipiter vers les salles de cours, visiblement encore un retardataires, l'agent détestait ce genre de personnes. Assuré que ce n'était rien de louche, il reporta son regard aussi noir que les pupilles de la Russe étaient clairs, sur le visage de cette dernière au moment ou elle cessait de sourire pour lui demander s'il avait de la famille. Habituellement tout le monde répondait « oui » à cette question, Liam avait encore un frère cadet et une mère, mais à ses yeux, il n'avait plus de famille, le nouvel agent Winchester était un homme seul, et il n'avait pas de 'nouvelle' famille puisqu'il ne portait aucune attention à ses vie sentimentale. Après un bref instant d'hésitation, le militaire répondit donc, un ton aimable et posé qui montrait clairement qu'il faisait des efforts pour se montrer avenant, même si les résultats n'étaient pas forcément brillants.

« Non, je n'ai pas de famille, je ne suis pas aussi doué que votre mère pour conjuguer boulot et famille, et c'est sans doute mieux comme ça. »

La fin de sa phrase pouvait avoir l'air étrange, mais lorsqu'on le connaissait plus amplement, tout prenait son sens, après tout il était réputé pour sa mauvaise humeur, et bien entendu, ses anciennes relations amoureuses étaient catastrophiques, il avait tous les tords de la Terre visiblement. Sans s'étendre sur le sujet comme il n'était pas le genre d'homme à parler de sa vie personnelle, il enchaîna sur la suite de la discussion et ce qu'il avait retenu des dernières paroles de la blonde.

« Pour répondre à votre question, je ne suis plus dans le même département en effet, ma situation est un peu compliquée, je suis à cheval entre deux services en attendant que la paperasse soit remplie, vous savez comment c'est tout ça.... Il ne mentait pas totalement, même s'il était bien membre de l'Opération, sa couverture était en plein changement et il ne faisait qu'énoncer les faits. D'ailleurs, appelez-moi Liam, je ne suis plus inspecteur et puis on peut dire que vous êtes une vieille connaissance après tout. »

Pas que ça le dérangeait d'être appelé inspecteur, habituellement il laissait les gens l'appeler de la sorte sans leur proposer d'en venir aux prénoms, mais Svetlana était la fille d'une ancienne collègue et par conséquent, elle avait en quelque sorte le droit à un traitement de faveur. Pour une fois qu'il arrivait à peu près à se montrer aimable, du moins il le croyait, l'agent décida de poursuivre dans cette bonne voie, sans compter que la demoiselle semblait être plutôt ouverte à la discussion, et très débonnaire, contrairement aux autres femmes qu'il connaissait. Ça faisait des vacances pour une fois.

« Et qu'est-ce que vous faites comme études ? Vous suivez les traces de votre mère ? Elle parlait souvent de vos capacités, visiblement elle était plutôt fière de vous. »

Il n'était pas en train de lui passer de la pommade, loin de là, ça ne ressemblait pas à sa manière d'agir de toute manière, disons simplement qu'il ne faisait que dire la vérité. Les heures interminables passées dans une voiture de police avait au moins été utiles, et à défaut de se souvenir du prénom de Svetlana, qu'il n'utilisait pas notez bien, il avait au moins retenu que la blonde avait l'air d'avoir non seulement la tête bien faite, mais bien remplie aussi.

L'inspecteur Winchester était difficile à lire, son visage et son regard exprimaient peu de choses, seule sa voix laissait transparaitre un soupçon d'émotions. Svetlana en conclut que son interlocuteur aimait rester maître de lui-même et certainement de la situation, mais était-ce exact? Elle ne le connaissait pas assez pour établir son profil comme elle l'avait appris en classe. Cependant, elle n'était pas là pour profiler alors elle laissa de côté ses réflexions. Elle remarqua qu'il baladait souvent les alentours du regard, peut-être une déformation professionnelle un policier devant avoir une connaissance de son environnement pour parer aux éventuels dangers qui surviendraient, à moins que cela n'ait aucun rapport et qu'il préférait ne pas fixer son interlocutrice dans les yeux. Elle-même utilisait cette technique pour échapper au regard parfois dérangeant des personnes avec qui elle discutait, mais aussi pour voir si rien d'étrange ne se passait dans son environnement immédiat.

En tout cas, les seuls éléments antérieurs qu'elle possédait au sujet de Liam venait de sa mère, indices professionnels et caractériels. D'ailleurs elle sentit dans le ton employé par l'agent une légère tension comme s'il se forçait et elle le mit sur le compte qu'il ne voulait pas se montrer trop grognon avec elle. Elle lui en était reconnaissante car s'il s'était révélé de méchante humeur, la jeune femme se serait mise sur la défensive et aurait probablement fini par envoyer balader la dite-personne. Mais l'inspecteur se montrait courtois ce qui incitait l'étudiante à poursuivre la conversation.

Quand elle mentionna les mutants, le policier ne fit qu'abonder dans son sens par un hochement de tête, aucune émotion ne transparut et Svet en conclut que l'opinion de Liam à ce sujet restait à confirmer bien qu'il ne se montrait pas ouvertement hostile aux mutants. Une pensée saugrenue lui traversa l'esprit, celle de révéler son statut pour faire réagir le beau brun, mais elle rejeta de suite l'idée, beaucoup trop risquée... Même avec Fillan Svet n'avait pas abordé son origine génétique. Elle ne souhaitait ni se faire traquer et enfermer, ni devenir une curiosité pour les esprits avides de scientifiques fous. Rat de laboratoire ne faisait pas partie de ses perspectives d'avenir et cette pensée assombrit son regard. Un simple sourire lui redonna son éclat habituel.

Par contre quand elle l'invita il esquissa un sourire ce qui éclaira son expression mais le sérieux refit rapidement surface reléguant au rang de souvenir l'esquisse. La jeune blonde considéra qu'il n'était pas défavorable à la proposition pourtant il n'y répondit pas de manière concrète. Apparemment le militaire esquivait les questions auxquelles il ne souhaitait pas répondre et les domaines qu'il ne souhaitait pas aborder dans une conversation. Elle put également observer la réactivité de l'inspecteur quand le retardataire passa derrière son dos, résultant très probablement de son entrainement de policier où un réflexe pouvait sauver la vie. L'étudiante se demanda si elle aurait les mêmes réactions en s'engageant dans les forces de l'ordre. Certainement car sa mère, bien qu'elle ne passait pas sa vie sur le terrain, montrait un comportement similaire.

Ainsi il n'avait pas de famille, Svetlana fronça brièvement un sourcil constatant qu'elle s'était engagée sur un sujet peut-être sensible pour son interlocuteur. Son esprit échafaudait divers scénarios pour expliquer la réponses négative de son interlocuteur, parents décédés et enfant unique, voire même tués... A cet instant elle mit un frein à son imagination débordante, l'explication pouvait être extrêmement simple, pourtant elle préféra ne pas interroger Liam à ce sujet. Cependant, Svety trouvait cela dommage de ne pas prendre le temps de composer sa propre famille qui finissait par constituer un havre dans lequel il était bon de se retrouver.

- Oh, ne dites pas ça, rien n'est jamais définitif... contra-t-elle avec un sourire.

L'optimisme teintait sa phrase d'espoir contrastant avec l'étrange affirmation de son interlocuteur. Qui pouvait prétendre savoir ce que lui réservait le destin?... Pour la jeune femme, l'avenir était infini et le chemin se dessinait à chaque pas effectué dans le présent, par chaque décision ou choix décidés. Rien n'était immuable. Certes, pour l'heure il était célibataire mais peut-être que la semaine prochaine il rencontrerait celle qui ferait battre son cœur et dont il ne pourrait se passer, cherchant sa présence dans chaque moment quotidien. Oui elle souhaitait qu'il trouve le bonheur familial, il n'était jamais trop tard. Pourtant elle ne s'appesantit pas sur la question respectant son choix de clore ce sujet et elle le suivit sur le domaine professionnel. Elle rigola légèrement face à la remarque pleine de bon sens du trentenaire.

- Je comprends et vous avez parfaitement raison concernant l'administration. Elle s'était penchée un peu en avant comme pour partager ces dires de manière plus privée avant de reprendre sa position initiale. C'est partout la même chose, veuillez remplir ses formulaires et signer, non cela ne va pas être possible il manque une signature, le chef n'étant pas là votre demande va devoir patienter jusqu'à son retour, non ce n'est pas le bon bureau veuillez vous adresser à untel...

Tandis qu'elle égrainait les exemples, un sourire en coin s'était invité sur ses lèvres et ses mains soulignaient ses dires par quelques mimes. Oui, elle se moquait un peu des rouages assez lent du système administratif, bien que pour certaines démarches ce dernier fasse preuve d'un éclair de réactivité surprenant ou suspect selon certains.

- Même dans la police il faut que les dossiers suivent le chemin administratif... En tout cas, j'espère que votre situation s'éclaircira rapidement.

Elle était sincère dans ses paroles, il n'était jamais agréable de se retrouver entre deux eaux, ballotter dans tous les sens et laisser dans l'expectative. La jeune blonde sourit quand il l'autorisa à l'appeler par son prénom, une marque de politesse mêlant une touche de confiance et d'acceptation du point de vue de Svetlana. Un signe qu'il lui permettait d'entrer dans son cercle de relation, mais elle hésitait à utiliser son prénom considérant qu'elle ne le connaissait pas encore assez pour se permettre.
Quand il aborda sa scolarité, elle ne put s'empêcher de rougir aux paroles de l'agent Winchester quand il lui rapporta l'opinion de Jane. Pourtant elle devrait être habituée au fait que sa mère avait tendance à raconter sa vie aux personnes qu'elle jugeait digne de confiance. Enfin, cela faisait toujours plaisir même si c'était une personne qu'elle connaissait à peine qui lui disait.

- Je suis en deuxième année de droit et j'ai opté aussi pour la psychologie et la criminologie. Je trouve tout cela fort intéressant. Quant à suivre les traces de ma mère, on peut dire ça comme ça bien qu'elle était plutôt spécialisée dans la médecine avant d'entrer à l'académie de police. Avocat et profiler sont deux métiers qui me tenteraient bien, je verrai si j'ai les aptitudes pour postuler d'ici deux ans une fois mon diplôme obtenu... D'ailleurs quel fut votre parcours pour entrer dans la police?

Se montrait-elle trop directe? La jeune russe souhaitait simplement s'informer sur les chemins menant aux bancs de l'académie de police puisque c'était une optique d'avenir alors autant profiter d'avoir un policier sous la main pour obtenir des renseignements de premier ordre même si sa mère pouvait aussi la renseigner. Mais Svetlana aimait avoir plusieurs opinions sur un sujet donné.

- Au fait j'espère que je ne vous retient pas... Vous avez peut-être des choses de prévues si vous n'êtes plus vraiment en service?

L'étudiante préférait demander car il était toujours facile de se laisser porter par une conversation et de perdre la notion du temps, cela lui était déjà arrivée. Et non, ce n'était pas un stratagème pour mettre fin à leur discussion dans ce cas là elle aurait simplement trouver une excuse pour partir. Elle n'eut guère le temps d'entendre la réponse de Liam, sursautant quand son téléphone vibra dans sa poche. Rapidement elle le sortit pour voir qui l'appelait et fit une moue en constatant que c'était Alekseï, c'était rarement bon signe quand il n'utilisait pas les sms.

- Excusez-moi, dit-elle avec un sourire contrit, je dois répondre.

Elle s'éloigna un peu de l'inspecteur. La discussion se déroula en américain et fut brève, Svetlana répondit par monosyllabe, soucieuse et furieuse d'apprendre que son frère s'était battu et avait récolté deux heures de colle. Elle raccrocha avec un léger soupir, cela modifiait un peu ses plans car elle devrait aller récupérer Alek à la sortie de la colle qui se terminait à 18h. Habituellement il quittait à 16h comme elle ce qui arrangeait bien les choses, elle allait le chercher à la sortie puis le déposait à son cours de sport avant de filer pour la bibliothèque. Là elle serait obligée de demander l'autorisation de s'absenter du boulot pour ramener son frère à la maison vu qu'il raterait le sport et que leurs parents n'étaient pas disponibles. Elle rangea son téléphone et retourna auprès de Liam.

La jeune femme sembla avoir détecté qu'elle s'avançait sur une pente glissante, car le léger froncement de sourcils que Liam nota chez elle lui rappela assez bien celui des autres personnes qui avaient posé la même question. Généralement ils ne s'attardaient pas trop sur la question après coup, craignant de faire une nouvelle boulette ou détectant simplement le manque d'envie de parler du sujet de leur interlocuteur. Pour le coup, la jeune femme répliqua avec un léger sourire qu'il ne fallait pas dire cela car rien n'était jamais définitif, preuve qu'elle ne connaissait vraiment pas son interlocuteur, ou qu'elle était aussi débordante de positivité que sa mère, ce qui était fort possible. Toute personne sensée remarquerait rapidement que ce n'était pas le type d'homme qu'on voyait en père de famille, pas plus qu'on ne le voyait en époux ou en simple compagnon, Liam en fait on ne le voyait pas entouré de qui que ce soit, mis à part des compagnons d'équipe. Une brève expression d'amusement passa sur le visage de l'agent Bastet bien qu'il ne manifesta pas de sourire ou quelque chose d'approchant, preuve que même pour afficher une expression d'amusement franc, il devait repasser par la case « apprentissage », puis il répondit brièvement, empruntant toujours un ton courtois qui montrait clairement qu'il n'avait pas l'habitude de discuter.

« Pour certaines personnes si, vous l'apprendrez toute seule. »

Il parlait comme un vieux, Liam en était conscient, c'est vrai qu'il n'était pas beaucoup plus âge qu'elle, mais le militaire était en plein dans la période de la vie d'un homme, ou d'une femme, où il fallait faire des choix, et il était bien placé pour savoir que lui ne pourrait pas allier famille et travail. Ça ne lui ressemblait tout simplement pas dira-t-on. Certains étaient faits pour vivre avec les gens qu'ils aimaient, d'autres pour aider les pauvres ou les gens dans le besoin, certains encore simplement pour travailler sans jamais se lier, et l'agent Winchester faisait partit de cette classe là. Il avait été incapable d'éprouver un autre sentiment à l'égard de sa mère que de la pitié, et pourtant c'était le membre de sa famille le plus proche de lui, seulement Liam n'avait jamais ressentit d'amour pour elle, plutôt une perpétuelle sensation de pression. L'optimisme dégagé par la réponse de la jolie blonde était toutefois assez surprenant, et son vis-à-vis se dit qu'elle devait certainement être comme sa mère, ce qui promettait logiquement de bonnes choses pour elle. La demoiselle avait rigolé en entendant se réponse au sujet des paperasses, et elle ne fit qu'abonder dans son sens, expliquant qu'elle comprenait ses raisons puisqu'ils demandaient partout la même chose. Un sourire s'était installé sur les lèvres de l'étudiante alors qu'elle énumérait toutes les éventuelles réponses qu'un employé de l'administration pourrait donner à un client, si jamais Svetlana ne trouvait pas de boulot dans sa branche, elle pourrait toujours se recycler dans ce domaine visiblement. Malheureusement l'administration était un véritable fléau, il l'avait de trop nombreuses fois testé, ordre de mission égaré, rapport perdu, à croire que les mutants en personne se glissaient dans les bureaux administratifs pour y semer la zizanie, ce qui était tout bonnement impossible bien sûr, ils ne seraient pas assez nombreux et organisés pour y parvenir à ce point. Quoi qu'il en soit, la belle conclut en disant qu'elle espérait que la situation de l'agent allait s'éclaircir, et il hocha légèrement la tête en lâchant quelques mots pour confirmer qu'il était du même avis qu'elle.

« Pas autant que moi. »

Un nouveau sourire naquit sur les lèvres de la belle lorsqu'elle entendit l'agent l'autoriser à l'appeler par son prénom, ce qui était presque un exploit lorsqu'on y songeait au final. Liam n'était pas le genre de personne qui s'amusait à se montrer aimable avec les autres, pas plus qu'il n'était le type de d'individu qui donnait son prénom au premier venu, bon nombre de ses collègues l'ignoraient même et savaient simplement qu'il était « l'agent Winchester ». Ce n'est pas pour autant qu'il allait s'amuser à souligner à l'étudiante qu'elle était privilégiée et qu'elle avait là une faveur qu'elle devait à la gentillesse de sa mère, de toute manière il n'y avait aucun doute qu'ils n'auraient jamais été menés à se parler s'ils ne se connaissaient pas le biais d'une relations commune. Svetlana était trop jeune pour que Liam ne la remarque, et c'était une femme, ce qui réduisait encore ses chances d'être aimable, quant à la belle, elle devait avoir autre chose à faire que regarder les trentenaire en tenue de militaire qui se pointaient dans son école. Perdu dans ses pensées comme de nombreuses fois depuis le début de la conversation, l'agent Winchester remarqua soudain un léger rougissement sur les joues de son interlocutrice lorsqu'il aborda le fait que sa mère lui disait souvent qu'elle était très douée à l'école, et la réponse ne tarda pas non plus. La jeune femme lui expliqua qu'elle était en seconde année de droit et qu'elle optait pour la psychologie et la criminologie, comme quoi la pomme ne tombait jamais loin de l'arbre, on retrouvait la même envie de travailler dans ce domaine chez la mère et chez la fille. Svetlana continua en exprimait tout haut les pensées de son interlocuteur, avant de glisser l'idée que avocat et profiler seraient des métiers qui lui plairaient aussi, mais qu'elle préférait attendre la fin de son cursus ce était tout à fait logique lorsqu'on y pensait. Elle posa ensuite une question légitime, savoir quel avait été son parcours pour intégrer la police, et sur le coup Liam se rendit compte qu'il n'en parlait presque jamais, principalement parce que ça touchait « l'incident ».

Après quelques secondes, la jeune Russe lui demanda si elle ne retenait pas trop, se renseignant pour être sûre de ne pas le retenir s'il avait quelque chose de prévu s'il avait terminé son service, ce qui n'aurait pas manqué de faire sourire l'agent si cela avait été dans ses habitudes. On ne pouvait pas dire que les projets d'occupation étouffaient la vie privée de Liam tout simplement parce qu'il n'avait pas de vie sociale. Ses moments de libre il les passait à s'entraîner au tir lorsque ce n'était pas tout simplement pour ranger encore une fois le peu d'affaires qu'il possédait dans son appartement, en somme rien de très palpitant. Généralement il y avait plus de chances de voir le pape en train de fumer que l'agent Winchester avoir des projets pour occuper son après-midi, du moins des projets qui n'étaient pas en lien avec son travail, sinon ça ne comptait pas. Malgré tout, il n'eut pas le temps de répondre puisqu'une sonnerie se fit entendre au grand agacement de l'Américain qui exécrait autant les téléphones portables que les voitures et tout objet un tant soit peu nouveau. En fait dans ses habitudes, il ressemblait à un petit vieux, et lorsque la blonde lui déclara qu'elle devait répondre après s'être excusée, il hocha la tête puis détourna son attention pour observer les alentours. Ce n'était pas dans ses habitudes d'écouter les conversations des autres, et encore moins celles de personnes qu'il connaissait à peine, il en profita donc pour observer les alentours et confirmer ce qu'il savait déjà : rien ni personne à l'horizon. Après quelques secondes, Svetlana revint finalement vers lui, elle avait raccroché et il s'abstint de lui dire l'habituel « tout va bien j'espère », non parce qu'il se fichait de sa vie, mais parce qu'il n'était pas du genre à faire dans le stéréotype, pas plus qu'il ne s'amusait à se renseigner indiscrètement sur les autres. Faisant mine que rien ne s'était passé, il lui répondit alors avec un temps de retard, et toujours du même ton.

« Ne vous en faites pas, je ne suis plus en service en effet mais c'est tellement aléatoire que je ne décide jamais à l'avance de la manière de m'occuper. »

Belle manière d'expliquer qu'il n'avait pas plus de vie sociale que de loisir, et que son loisir se bornait à améliorer ses compétences au tir qui étaient pourtant déjà bien réputées. Liam n'oubliait pas qu'il n'avait pas répondu à sa question au sujet de son processus pour entrer dans la police, mais il n'avait rien de très intéressant et il doutait que cela intéresse vraiment la jolie blonde. Malgré tout, après une brève pause pendant laquelle il n'avait pas quitté le regard de la jeune femme des yeux, il reprit la parole pour lui donner enfin sa réponse.

« Sinon pour vous répondre, mon entrée dans la police n'a rien d'aussi glorieux que la votre, j'ai simplement fait l'Académie de police comme tout le monde dans cette branche, et je me suis retrouvé comme policier à Achaea, rien de plus rien de moins. »

Pas franchement glorieux avancé comme ça c'est vrai, mais le fait qu'il doive conjuguer travail, études au lycée et l'éducation de son frère cadet n'avait pas aidé. En fait à l'époque l'Académie de police était arrivée comme une oasis dans le désert, elle lui permettait de quitter le domicile familiale qui ressemblait plus à une prison à l'époque, et le jeune homme avait sauté sur l'occasion pour ne plus jamais remettre les pieds dans la maison où il avait passé toute son enfance. Cela personne ne le savait et il s'abstenait toujours de le dire au premier venu, même Jane n'avait entendu qu'une très petite bribe de cette histoire, la partie émergée de l'iceberg en résumé. L'agent Bastet ne voulait pas provoquer la pitié en expliquant qu'il avait du sacrifier sa jeunesse pour sa famille, ce qui expliquait qu'il n'en veuille plus d'ailleurs. Après un bref regard vers l'espèce de pièce à leurs cotés, il reporta son attention sur Svetlana pour constater que ce n'était peut-être pas top de parler debout au milieu d'une faculté pas très agréable. Cela dit, étant donné qu'elle avait des cours il pouvait lui proposer de prendre place dans la pièce à leur coté où l'on trouvait une machine à café et des sièges, du moins si elle voulait poursuivre la conversation. Après un bref instant de silence, il proposa donc son idée.

« Svetlana, est-ce que vous voulez vous assoir, si vous avez le temps assez long pour parler avec une connaissance de votre mère bien sûr. »

En résumé, si tu te fais assez chier pour parler avec quelqu'un que tu connais à peine de vie. Version plus soutenue, et en prime il avait agrémenté le tout de son prénom, un gros effort de sa part, la cerise sur le gâteau si l'on peut dire. Mais Liam n'aimait que les framboises.

La proposition d'aller s'installer dans le coin café surprit Svetlana pour la simple et bonne raison qu'elle ne s'y attendait pas. Pourtant elle aurait pu y penser, habituellement les étudiants ne rataient jamais l'occasion de s'asseoir au lieu de rester debout. Alors ce fut avec un sourire qu'elle accepta la proposition. Sourire qui s'accentua légèrement quand il utilisa son prénom mais elle n'osait toujours pas l'appeler Liam .

- Volontiers, cela sera toujours plus agréable que de rester debout au milieu du hall.

Il lui restait assez de temps. Le coin café était agencé de manière à permettre une certaine convivialité mais il y avait également des tables un peu à l'écart au calme. La présence de distributeurs de boisson, de sandwichs et de confiseries en faisait un lieu très apprécié des étudiants. Pour l'instant, il était désert, la plupart des élèves étant en cours. Récupérant son sac elle suivit l'agent dans la petite salle et déposa ses affaires au pied d'une table comportant trois chaises. Mais avant de s'asseoir elle décida de demander au policier s'il souhaitait boire quelque chose.

- Voulez-vous prendre un café ou quelques chose d'autre? Puis elle ajouta rapidement pour contrer toute supposition d'invitation intéressée. Vu que j'ai la carte étudiant c'est plus pratique et moins cher...

Mais là elle se mordit la lèvre, se demandant s'il n'allait pas mal prendre ses paroles, déjà, qu'une femme offre quelque chose à un homme pouvait être mal perçu, voilà qu'elle sous-entendait qu'il ne pouvait pas se payer un café, ce qui n'était pas du tout son intention. Elle attendit avec un soupçon d'appréhension la réponse de son interlocuteur. Vu qu'il n'était pas une personne qu'elle pouvait qualifiée de proche elle ne savait comment il allait réagir. Elle croisait mentalement les doigts pour qu'il ne s'offusque pas. Manquerait plus qu'elle le fasse fuir... Et s'il prétextait ne pas vouloir se retrouver seul à boire qu'il se rassure l'étudiante l'accompagnerait en sirotant également quelque chose.

Une fois la réponse de Liam obtenue et le nécessaire fait, Svet s'assit avec un cappuccino tout en revenant mentalement sur les réponses du trentenaire. La vie privée de ce dernier était un sujet plus que privé apparemment, de plus, il faisait preuve de défaitisme concernant sa vie et la vie en général d'ailleurs mais comme elle n'avait pas assez d'éléments sur Liam elle ne fit aucun commentaire nouveau et donc ne revint pas sur le sujet.

Tandis qu'elle tournait sa boisson pour faire fondre le sucre elle posa un regard pensif sur le policier l'observant pendant quelques instants en silence. Les pensées de la jeune blonde tourbillonnaient dans sa tête. De l'observation pouvait découler bon nombre de découvertes et de connaissances, le corps humain laissait transparaitre des signes révélateurs de l'état d'esprit de leur propriétaire... Depuis le début de la conversation Svetlana avait appris un certain nombre de chose sur Liam. Solitaire et sans attache, d'après les dires de l'intéressé, il ne semblait pas avoir beaucoup d'amis. Professionnel, cela se voyait sur lui, en conservant son uniforme on avait l'impression qu'il emportait son travail avec lui. Pessimiste, comme le montrait certains de ses commentaires, ou alors affreusement réaliste... En tout cas, la remarque de l'étudiante concernant l'avenir l'avait amusé et il était vrai qu'elle ne voyait pas le trentenaire entouré d'une ribambelle d'enfants, une compagne passait encore... Peu expressif, il conservait tous ses sentiments en lui, peut-être une forme de défense, de mise à distance d'autrui. Svetlana se laissait porter par son analyse, or il y avait un point qui lui paraissait étrange. Le comportement et l'humeur du militaire. Avec ce que les collègues de Jane racontaient à son sujet, elle s'était fait l'image d'un grizzli, d'un vieil ours solitaire et mal léché... Pourtant, elle pouvait constater de visu qu'il n'était pas un asociable, ni même un râleur de premier ordre, sauf s'il ne faisait preuve d'amabilité en sa présence qu'au vu de certains critères inhérent à sa personne. Mais elle n'était pas dans la tête de Liam pour comprendre son système de pensée.

Son attitude observatrice rappelait un peu sa mère. Jane pouvait adopter ce type de posture quand elle cherchait à obtenir des réponses d'un suspect ou d'un cadavre ou de tout autres personnes. Car même si elle se montrait gentille, la policière se révélait parfois dure dans certains interrogatoires. Et se sentir observer en silence mettait grand nombre de personne mal à l'aise. Svety but une gorgée, mettant fin au tête à tête silencieux et à ses constatations. Une mèche en profita pour s'égarer sur son front voilant légèrement son œil droit. Le sérieux affiché quelques instants plus tôt fit place à une expression plus légère.

Elle était d'accord avec lui au sujet du service, les policiers n'avaient pas des horaires de fonctionnaires administratifs, le huit heures dix-sept heures n'était pas de mise, et souvent ils faisait des heures supplémentaires.

- Les aléas du service... Je connais assez bien... Pas facile de prévoir dans ces cas là... Mais vous n'avez pas un ou des loisirs que vous appréciez de pratiquer?

Oui, elle le constatait avec sa mère qui pouvait décommander à la dernière minutes, d'où la difficulté de jongler entre vie privée et vie professionnelle. Bien entendu, Jane faisait en sorte de se rattraper à un autre moment. Si Svet avait mieux connu Liam, elle n'aurait pas hésité à creuser un peu pour découvrir ses goûts et aussi son passé, mais là, elle préférait rester sage et patiente.

- C'est vrai que la grande majorité des policiers passe par l'académie. Y-a-t-il une matière du programme d'instruction que vous préfériez par rapport aux autres? Quel type d'enquête affectionnez vous le plus? Si on peut prétendre apprécier un type plus qu'un autre...

De nouveau elle faisait sa curieuse, posant des questions précises à son interlocuteur. D'ailleurs, elle en avait une qu'elle souhaitait poser à Liam, mais elle doutait qu'il lui réponde, néanmoins tant qu'elle ne l'aurait pas dite elle ne saurait la réaction du policier. Elle prit appui sur la table avec ses coudes.

- Au cours de vos enquêtes, est-il déjà arrivé que vous ayez affaire à un mutant ou qu'un mutant soit le coupable?

La curiosité teintait ses paroles mais son regard était resté sérieux. Sa mère lui parlait peu des affaires policières, prétextant qu'elle ne rentrait pas à la maison pour parler boulot et qu'il n'était pas utile pour Sveta d'avoir connaissance de ce genre de chose. Les informations télévisées étaient déjà une source de renseignements suffisantes, bien qu'elles n'avaient pas tous les éléments en main. Sa mère lui avait déjà parlé du fonctionnement d'une enquête sans pour autant s'étaler sur un exemple concret à part de vieux dossiers classés. Allait-il en dire plus que sa coéquipière?

La jeune femme avait affiché un sourire lorsqu'il lui avait proposé d'aller s'installer à cité pour bavarder, ce n'était pas vraiment dans les habitudes de l'agent Bastet d'inviter les jeunes filles à se mettre plus confortablement pur discuter, c'était même tout le contraire, mais encore une fois, le fait que la jolie blonde soit la fille de Jane aidait pour beaucoup. Il n'y avait aucun doute que sans cela, Liam n'aurait même pas accordé une quelconque attention à la demoiselle, peut-être aurait-il pesté intérieurement parce qu'il y avait de plus en plus d'étranges dans ce monde alors que Svetlana devait être aussi Américaine que sa mère s'il se souvenait bien, en somme, heureusement que l'agent avait une bonne mémoire. En tant que policier mieux valait être capable de reconnaître un nom ou un prénom, et bien qu'il n'excellait pas dans ce domaine, loin de là, reconnaître le nom d'une collègue avec qui il avait passé un bon moment à patrouiller dans des voitures ou à remplir des rapports avec elle, c'était la moindre des choses. Quoi qu'il en soit, la belle blonde avait accepté la suggestion de l'agent qui ne se serait pas offusqué si elle avait décliné l'offre, après tout il n'était pas le type de personne à se soucier de menus détails comme celui-ci, mais tant mieux si elle optait pour ce choix, peut-être arriverait-il à se montrer aimable sans devoir se pousser à force ? Liam ignorait si Svetlana cernait le fait qu'il était légèrement différent de son attitude normale, après tout elle ne l'avait pas revu depuis longtemps et il doutait tout simplement que la demoiselle se souvienne de leur petite conversation lors de leur seule et unique rencontre il y a de cela dix ans. En somme, il se forçait pour ne pas avoir l'air d'un butor, ça l'embêterait tout de même que Svetlana rapporte à sa mère qu'elle avait croisé son ancien collègue et que c'était un véritable crétin, rien que pour le respect qu'il avait pour Jane.

La jeune femme récupéra son sac alors que l'agent Winchester se détournait pour pousser la porte de la salle, y entrer et retenir la porte pour éviter qu'elle ne se la prenne en plein visage, il n'était peut-être pas du genre à ouvrir la porte aux demoiselles, mais il n'était pas non plus du genre à leur claquer en pleine poire, une juste limite entre la galanterie et l'infinie politesse, sa manière d'être en résumé. Alors qu'ils s'installèrent sur une table à trois places, la blonde resta debout avant de proposer quelques chose à boire à Liam, le prenant de court, et elle avança le fait qu'elle avait une carte d'étudiant et que ça couterait moins cher. Un regard légèrement étonné de la part de l'agent Bastet qui ne savait comment prendre cette déclaration, même si elle devait savoir que flic ne rapportait pas des mille et des cent, il pouvait encore offrir un café à la fille d'une ancienne collègue. Mais la blonde se mordit soudain la lèvre comme si elle venait de se rendre compte de ce qu'il pouvait comprendre devant une telle proposition, l'agent décida donc de passer outre le fait que généralement c'était les hommes et en plus le plus âgé qui offrait le café à la personne qu'il invitait, et il hocha légèrement la tête en fait comme s'il n'avait rien remarqué de ce léger malaise, et répondit brièvement.

« Oui c'est vrai, autant faire le plus pratique. Un café pour moi alors, je vous remercie. »

Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes de remercier les gens comme ça, mais il n'était pas no plus ouvertement horrible, et le militaire avait bien remarqué que la blondinette s'était sentie gênée pendant un moment, il n'y avait donc rien de plus logique que d'opter pour une réplique aimable. Preuve que Liam n'était pas complètement atrophié du coté des relations sociales, lorsqu'il en avait besoin, le trentenaire savait se montrer très aimable s'il le voulait. La russe s'éloigna le temps de prendre le nécessaire avant de revenir avec un cappuccino pour elle et le café de son interlocuteur, puis elle s'assit avant de tourner sa cuillère pendant que l'agent Winchester avait orienté son attention sur les environs pour se faire une idée plus précise de la pièce dans laquelle ils étaient. Le silence s'était installé tout seul, et pour tout dire Liam ne l'avait pas tout de suite remarqué, c'est uniquement lorsqu'il eut terminé son tour d'horizon habituel qu'il reporta son regard sombre sur le visage avenant de la demoiselle qui remettait une de ses mèches en place, puis elle reprit une expression plus apaisée avant de lui adresser une nouvelle fois la parole. La blonde exprima le fait qu'elle connaissait bien le fait de ne pas avoir trop de temps pour soi, puis elle lui demanda s'il n'avait pas de loisir qu'il appréciait particulièrement, ce n'était pas vraiment un « loisir » mais plutôt un complément de formation puisque l'Américain passait son temps libre à s'entraîner au tir, mais il voyait mal comment annoncer ça sans passer pour un accro du travail, ce qu'il était, ou un psychopathe, ce qu'il n'était pas. Le temps d'y repenser, Svetlana avait reprit la parole pour lui demander s'il y avait quelque chose dans son ancien programme à l'Académie qui lui avait plus, et poser encore une question au sujet du type d'enquête qu'il affectionnait le plus. La blondinette avait un débit de question assez impressionnant, Liam n'était pas du tout habitué à ce qu'on lui en pose autant pour tout dire, et lorsqu'elle s'appuya sur la table pour lui demander s'il avait déjà eu affaire à un mutant, son expression resta neutre, mais son intérêt s'éveilla aussitôt. Posant un regard calme sur le joli minois de la jeune étudiante, le trentenaire resta un moment silencieux en constatant qu'elle était très sérieuse dans son expression, et il répondit donc d'un ton tout aussi paisible, dans l'ordre des questions comme toujours.

« On va dire que mon loisir se borne à améliorer mes compétences au tir, et éventuellement des promenades de temps en temps, mais la ville n'est pas le meilleur moyen pour changer d'air, donc non, je n'ai pas de loisir que j'affectionne particulièrement. Mais j'imagine que ça doit vous paraître étrange, les jeunes aiment bien passer leur temps à vadrouiller partout non ? Même si je doute que vous ayez beaucoup de temps avec vos études il est vrai. »

'Les jeunes' comme s'il était dix fois plus vieux que la blondinette, et il mentait un peu disant qu'il n'en avait pas qu'il affectionnait plus que les autres, en fait il n'aimait pas les loisirs parce qu'ils perturbaient les esprits concentrés comme le sien. En somme, le trentenaire était plutôt du genre à s'imposer des limites et l'interdiction de faire quoi que ce soit d'amusant ou pour se détendre par crainte de se voir déconcentré. Malgré tout cela, l'Américain comprenait que d'autres veuillent s'amuser, même s'il désapprouvait complètement les comportements de la plupart des jeunes qu'il avait l'occasion de croiser. Enchaînant les réponses aux multiples questions de la jeune femme curieuse comme un chat, Liam ne laissa que quelques secondes de battement avant de répondre à nouveau.

« J'aimais tout ce qui se passait sur le terrain en réalité, ce n'était rien de particulièrement palpitant pour le reste,d es cours écrits qui ne me servent pas aujourd'hui, mais bon, on fait avec. En fait il était plutôt brillant dans les cours écrits parce qu'il se concentrait toujours autant, quel que soit le sujet, mais ce n'était pas de gaieté de cœur. Et concernant les enquêtes, je dirais que chaque enquête est unique et intéressant à sa manière, mais je préfère largement celles où l'on ne doit pas rester en planque dans sa voiture en attendant que les suspects se présentent, c'est un travail de patience, mais ça devient lassant à force, je préfère l'action. »

Il répondait beaucoup sans pour autant dire de nombreuses informations sur sa personne, son moyen d'esquive habituel, la jeune étudiante ne pourrait pas se plaindre qu'il ne répondait pas sincèrement à ses questions, puisqu'au contraire il répondait très précisément, mais disons simplement que c'était tellement vague que ça laissait l'autre sur sa faim. Une manière d'agir qui portait généralement ses fruits puisque l'agent Winchester était toujours laissé en paix après ce genre de questions, restait simplement à voir si Svetlana tenait de sa mère au niveau curiosité ou non. Liam n'aimait pas parler de lui, tout simplement parce qu'il n'aimait pas ce sujet et estimait que ça lui permettrait de garder une certaine distance avec l'autre. Après tout, parler de sa vie privée était le meilleur moyen de se lier à l'autre puisqu'on partageait des choses privées, et ce n'était pas dans son habitude de se lier, même ses supérieurs et sa mère n'en savaient pas beaucoup sur lui, pour dire.

« Les mutants, vous savez, on en rencontre tous les jours, dans la rue, au boulot, donc forcément certaines enquêtes amenaient à trouver des mutants en tant que coupable. Bien sûr, comme les mutants sont au centre de l'attention, le meilleur moyen reste de ne pas parler de son origine génétique, on ne veut pas provoquer des crises de toutes les associations pour les mutants en faisant notre boulot. »

Une excuse comme une autre, il parlait comme quelqu'un qui s'en fichait de l'origine génétique de ses suspects, alors que c'était sa vie entière qui était basée là-dessus, mais avec le temps l'agent avait appris qu'il était plus prudent de masquer ses idées sur le sujet, surtout pour une personne comme Svetlana. Il ignorait sa position à l'égard des mutants, mais Jane n'avait jamais manifesté une hostilité particulière vis-à-vis de ces créatures et il préférait donc ne pas se trahir sur ce point. Innocemment, il reprit la parole.

« Et vous, j'imagine aussi que vous devez être menée à en croiser souvent non ? »

Et un café noir pour monsieur. Cela n'étonnait guère Svetlana elle le voyait mal boire du thé, cela ne collait pas au personnage. En tout cas, bien qu'il fusse étonné de la proposition de l'étudiante il accepta, elle lui fut reconnaissante de ne pas avoir relever sa faute de savoir-vivre. Une fois installés, tandis qu'elle s'était plongée dans ses analyses il fit un tour d'horizon de leur nouvel environnement. Puis après le déluge de questions, il commença à répondre à la jeune femme.

Finalement, il n'était pas un accro total au boulot, même si le loisir qu'il cita n'en était pas vraiment un. Améliorer ses capacités de tir... Était-il si mauvais qu'il devait prendre des cours particuliers? Elle chassa cette pensée stupide d'un battement de cil, il ne pouvait être nul en tir puisqu'il était devenu policier. Et il serait étonnant que le gouvernement recrute des agents incompétents en tir, une discipline indispensable à leur métier.

- Vous vous entrainez sur plusieurs types d'armes ou seulement avec votre arme de service? Avec tous vos entraînements, vous devez être bon tireur...

Une lueur d'intérêt s'éveilla dans le regard clair de Svet, grâce aux réponses du jeune homme, car il était encore jeune pour son âge, elle allait pouvoir cerner un peu mieux le personnage. Apprendre qu'il appréciait les promenades fit sourciller la russe, elle n'arrivait pas à l'imaginer en train de profiter d'une gentille petite promenade, encore que vu qu'elle ne détenait que le souvenir de leur rencontre au repas de la police et les diverses opinions venant du commissariat, il était fort possible qu'il soit adepte des ballades bucoliques.

- Vous vous promenez toujours seul?

Que sous-entendait-elle? Qu'il n'était pas capable de partager un promenade? Elle présumait bon nombre de choses...

- C'est vrai, enchaîna-t-elle, la ville n'est pas le lieu idéal pour ce genre d'activité, mais il y a quelques parcs sympathiques à Achaea. Sinon, il faut sortir de la ville, le Nevada regorge d'endroits où profiter de la nature. Vous êtes originaire d'Achaea ou d'ailleurs?

Elle pensait à la Vallée de la mort entre autre ainsi qu'aux Lake Mead et Tahoe. L'évocation de ces noms lui rappela sa rencontre avec Sven et la proposition de camper qu'elle lui avait soumise. D'ailleurs, ils n'avaient pas eu l'occasion de camper ensemble, la vie n'était pas toujours prévue comme on le souhaitait, et certaines prévisions n'avaient pas le temps d'être mises en pratique. Quand il parla des passes-temps des jeunes, un petit rire lui échappa, il avait bien cerner le comportement des congénères de Svetlana.

- Hum... Ça peut sembler étrange oui, dit-elle en souriant, mais les goûts et les couleurs en se discutent pas. Quant à vadrouiller, il faut bien profiter de notre jeunesse, non? On n'en a qu'une et le temps file si vite... Oh j'arrive à m'accorder des moments de détente entre mes cours et mon travail, mais c'est sûr que ce n'est pas en passant mon temps à vadrouiller à droite à gauche que je vais construire mon avenir.

Svety but une gorgée de son cappuccino et elle se demanda si Liam appréciait son café ou non, car il venait d'un distributeur et n'était certainement pas à la hauteur d'un café fait maison. Chez elle, son père le préparait à base de grains de café soigneusement sélectionnés par une marque renommée. Si l'inspecteur venait à passer un jour peut-être pourra-t-il le goûter. En tout cas, ce dernier se révéla être un homme de terrain préférant l'action au théorique.

- Ça doit être légèrement barbant les planques, non? Ma mère trouve cette partie du travail un peu longue, néanmoins tant que cela permet d'appréhender les suspects elle ne va pas se plaindre. Enfin heureusement qu'elles se font en duo ces planques...

La collecte d'informations et d'indices par l'observation des hypothétiques coupables était une étape parfois indispensable à la constitution du dossier, alors il fallait en passer par là. Tout boulot avait sa part de tâches plus ou moins agréables. Svetlana ne manquait pas de patience mais elle ne savait si elle apprécierait de passer des heures voire des jours à observer quelqu'un. Cependant, elle n'en était pas encore là. La conversation glissa vers les mutants, thème qu'avait lancé la jeune blonde pour tâter le terrain. L'étudiante se laissa aller contre le dossier en écoutant les paroles de Liam, celles-ci laissaient entendre qu'il n'avait pas d'opinion négative à leur encontre mais les gens pouvaient jouer double jeu, elle savait que certaines personnes détestaient les porteurs du gêne et cherchaient à les débusquer pour leur régler leur compte ou autre désir peu enviable pour leur victime. Cela révoltait la jeune femme. Elle reprit une gorgée avant de répondre. Elle allait devoir faire attention à ses dires pour éviter tout dérapages. Un fin sourire fit son apparition sur son visage.

- Je comprends qu'il faille agir avec des pincettes avec les mutants, les associations réagissent au quart de tour ce qui n'est pas plus mal, je ne vois pas pourquoi ils ne peuvent pas jouir des mêmes droits que tout le monde, ce sont également des humains, bon avec un petit truc en plus mais des humains tout de même.

Elle avait donné son opinion sur la question mais elle souhaitait connaître celle de son interlocuteur. Mais avant elle termina de répondre.

- Sinon, je dois croiser des mutants tous les jours, comme n'importe quel habitant de cette ville. Son sourire s'élargit. Peut-être bien que le directeur de la fac en est un, sait-on jamais, dit-elle sur le ton de la plaisanterie. En même temps l'origine génétique n'est pas la première chose qu'on demande à quelqu'un ni même qu'il consentira à nous dire. Vu les désagréments qu'engendre la condition de ces gens ils ne vont pas se dévoiler à la face du monde.

Pour sûr, il valait mieux qu'ils restent anonymes c'était ce que lui avait vivement conseillé sa mère.

- Liam, quelle est votre opinion sur les mutants?

Question précise posée avec curiosité et sérieux sans pour autant afficher un intérêt trop prononcé. Ce genre d'informations apportait plusieurs précisions sur leur émetteur et permettait de réfléchir à une ligne de conduite. Mais elle ne voyait pas pour quelle raison elle devrait se méfier de l'agent Winchester. Or elle avait tendance à ne pas trop se méfier de gens faisant partie de son entourage, en tout cas moins que face à des étrangers.

Elle remarqua qu'il ne se montrait pas aussi curieux qu'elle, n'abordant pas de domaines relevant de la vie privée. Par contre la question qui allait suivre allait certainement surprendre le policier car elle sortait du contexte précédent.

- Quelle est votre couleur préférée?

Pourtant cette interrogation n'était pas si innocente que cela, elle lui permettrait d'en savoir encore plus sur Liam, les goûts révélant bien des choses insoupçonées. Enfin, s'il répond bien entendu, car elle ne le forçait aucunement. Elle avait agrémenté ses paroles d'un charmant sourire.

Svetlana avait l'air d'être le genre de femme à être plutôt curieuse, mais lorsqu'on connaissait Jane, ce n'était pas très étonnant. Bien sûr, ce n'était pas de la curiosité malsaine, l'expression empruntée par la jolie étudiante laissait penser que ce n'était simplement qu'une curiosité de jeune femme, et Liam était bien placé pour savoir que les femmes pouvaient se montrer curieuses. Étonnamment, chaque fois qu'il conversait avec l'une d'elles, il était immanquablement soumis à un interrogatoire digne d'un agent de police, est-ce que c'était le fait qu'il soit sous couverture de policier, ou simplement le fait qu'il refuse de répondre à la moitié de questions qu'on lui posait ? L'Américain avait remarqué qu'à force de se montrer silencieux et discret, ça ne faisait que provoquer davantage d'intérêt de la part des interrogateurs, à croire que la nature humaine, ou mutante poussait les gens à approfondir leur questionnement. L'agent Bastet se montrait toujours aussi silencieux et répondait calmement aux questions de la jolie blonde, bien qu'il était volontairement discret dans ses réponses, et ne survolait que le sujet. Sa technique habituelle d'esquive de questions qui le poussait à donner pas mal d'informations que les autres connaissaient déjà pour donner l'impression à son interlocuteur qu'il parlait beaucoup de lui, alors que rien n'était plus faux bien entendu. Pour le coup, il est vrai que vis-à-vis de Svetlana, l'agent se montrait un peu plus ouvert, déjà parce que pour sa technique il devait des fois être grossier, et ensuite parce qu'il devait bien un peu de gentillesse à la jeune femme pour ne plus se sentir redevable de la mère de cette dernier. Lorsque la jeune femme lui demanda s'il s'entraînait sur plusieurs types d'armes, ou uniquement avec son arme de service, Liam constata que c'était presque une question de policière, habituellement ils demandaient souvent à leurs collègues quel type d'armes ils maitrisaient. Svetlana suggéra ensuite qu'il devait être bon tireur avec tous les entraînement, et Liam ne répondit que par un léger haussement d'épaules avant de formuler sa réponse de manière plus audible et compréhensible.

« On va dire que je maitrise plusieurs type d'armes, mais généralement c'est plus mon arme de service en effet, même s'il arrive de devoir en utiliser d'autres dans certaines missions, ce qui explique qu'on doit s'entraîner sur plusieurs modèles. En fait, ça n'arrivait pas spécialement souvent, mais Liam était appliqué et préférait être paré à toute éventualité. Bon tireur, j'atteins ma cible lorsque je vise dirons-nous, il existe meilleur et pire que moi, je vois simplement ça comme ça. »

Il était vrai que c'était l'un des meilleurs tireurs de son équipe, mais bien entendu, ce n'était pas le seul, ce qui expliquait que l'agent s'entraîne autant pour toujours plus s'améliorer. Alors que l'enchaînement de questions de la jeune femme reprenait, Liam constata qu'elle ne semblait jamais à court d'idées, preuve qu'elle avait une imagination très prolifique. Svetlana lui demanda s'il se promenait toujours tout seul, et enchaîna en disant que c'était en effet véridique que la ville n'était pas réellement le lieu idéal pour pouvoir se promener en paix. La jeune femme parle des parcs de la ville, il était vrai que certains étaient plutôt beaux, mais Liam n'était pas trop partisan des parcs, il préférait largement une balade dans un coin tranquille sans personne pour venir l'agacer, ce qui répondait donc à la question précédente de la belle. Puis elle arriva à glisser une nouvelle question en lui demandant s'il était originaire de la ville ou d'ailleurs, ce qui dessina un léger sourire sur les lèvres du brun alors qu'il se disait qu'elle ne semblait pas se lasser de le questionner, et il lui répondit alors d'un ton toujours aussi neutre, sans trop se mouiller pour ne pas changer, même si ça ne semblait pas lasser son interlocutrice.

« Je préfère être seul, je n'aime pas trop parler lorsque je me promène, sans compter que l'heure à laquelle je le fais, les autres dorment encore. Sinon, je ne suis pas d'ici, je suis originaire de Reno. »

C'était la ville à coté de Las Vegas, elle était assez réputée pour ses divorces rapides même si ça n'avait aucun lien avec la personnalité de l'agent, et bien entendu, le début de sa réponse avait laissé une part de doute possible, il avait volontairement esquivé la question sous-entendu de savoir s'il se baladait avec d'autres personnes. Liam n'avait pas parlé de sa famille avant, elle devait donc se douter qu'il était solitaire, mais mieux valait trop de prudence que pas assez. Svetlana rigola ensuite à sa déclaration sur les jeunes, et elle répondit que ça pouvait sembler étrange mais que les goûts et les couleurs ne de discutaient pas, sans compter qu'il fallait profiter de sa jeunesse. Ça, il n'en avait aucune idée étant donné que sa jeunesse s'était résumée à s'occuper de son cadet et de sa mère qui n'était pas capable de gérer une maison convenablement, après tout c'était peut-être ça qui l'avait poussé à devenir comme ça non ? Le demoiselle acheva en expliquant qu'elle ne passait pas son temps à vadrouiller et préparait aussi son avenir, ce que Liam approuvait, et de toute manière, il imaginait que la mère de la jeune femme ne la laisserait pas s'en aller aussi facilement du bon chemin. L'agent imita l'étudiante en buvant une gorgée de café qui se trouvait être meilleure que celle des cafés de l'Opération, mais toujours inférieur à un bon café maison. Enfin au moi celui-ci se laissait boire. Svetlana enchaîna sur les planques en imaginant que ça devait être barbant, puis elle expliquant que sa mère elle-même trouvait ça long, même si ça permettait d'appréhender les suspects. L'Américain opina du chef avant de répondre de vive voix en reposant son gobelet sur la table.

« C'est le passage obligatoire pour pouvoir réussir à attraper les suspects en effet, donc on fait avec, je ne doute pas que de votre coté c'est pareil, vous devez aussi avoir des choses désagréables à faire pour pouvoir sortir, par exemple travailler pour gagner l'argent qui finance vos sorties. Il marqua une pose. Et après, ça dépend avec qui on fait équipe, certaines fois j'aurais préféré être seul. »

Il est vrai que tous les collègues de boulot n'étaient pas forcément des anges de bonté ou de patience, avec la mère de la jeune femme, s'était toujours une véritable partie de plaisir, sauf lorsqu'elle commençait à poser des questions trop personnelles bien sûr, mais en général, ce n'était pas une difficulté de faire une planque avec la policière. La jeune femme offrit un sourire à son interlocuteur en lui répondant qu'elle comprenait le fait d'agir avec des pincettes puisque les associations de montraient plutôt vives à répondre, mais elle annonça aussi son avis. Visiblement l'étudiante était une femme qui semblait défendre les mutants, ce qui n'avait rien de très étonnant lorsqu'on savait que sa mère elle-même ne devait rien avoir contre eux, même si les deux anciens collègues n'avaient pas trop approfondit le sujet. Liam hocha légèrement la tête sans se mouiller alors que Svetlana marqua une pause avant de continuer en expliquant qu'elle croisait souvent des mutants comme tous les habitants de cette ville. C'était certain, le contraire était difficile, et lorsqu'elle suggéra que le directeur de la fac pouvait en être un, un bref sourire éclaira les lèvres de l'agent, mais pas pour les mêmes raisons que son interlocutrice sans aucun doute. Puis elle avança quelque chose de véridique, que l'on ne demandait pas forcément l'origine génétique des gens avec qui l'on parlait, et que les autres n'allaient pas forcément s'en vanter, quoi de plus logique d'un coté, il faudrait être fou pour se montrer fier de ce que la nature nous avait donné comme malédiction. Liam ne se mouilla pas sur le coup, ne répondant pas à la jeune femme, mais lorsqu'elle lui demanda son opinion de but en blanc, il posa simplement son regard sombre, emprunt d'un calme olympien, sur son visage, avant de répondre d'un ton bref.

« C'est plutôt direct comme question. Je dirais que je n'ai pas spécialement d'estime pour les gens autour de moi en général, vous l'aurez peut-être remarqué, je ne suis pas franchement sociable, et je doute que je puisse me montrer plus désagréable avec une partie de la population et non l'autre. Après tout, je ne suis pas raciste, je ne vois pas pour quelle raison j'aurais tendance à faire une différence avec des personnes qui seraient différentes d'une autre manière. »

Il avait esquivé la question sans vraiment mentir au début, mais sur la fin, si, totalement. Liam n'était pas raciste en effet, mais malgré cela, il détestait les mutants, simplement à cause de son frère et de l'éducation qu'il avait reçu dira-t-on, sans compter qu'il avait été poussé à les détester encore plus avec son rôle dans l'Opération. Malgré tout, l'intérêt poussé de la jeune femme vis-à-vis des mutants interloquait assez le Bastet qui n'eut pas le temps d'y réfléchir plus amplement comme elle lui demanda encore autre chose, une question des plus bizarre au sujet de sa couleur préférée. L'agent lui décrocha un regard étonné qui montrait clairement qu'il ne s'attendait pas à ce genre de question, puis il lâcha finalement la réponse à sa question, avant de lui en retourner une.

« Je n'aime pas les couleurs, je préfère amplement le noir, c'est beaucoup plus sobre et passe-partout. Pourquoi donc une telle question ? Vous comptez dresser mon portrait chinois ? »

Il était vrai que ce genre de questions n'était pas de coutume dans une telle conversation, mais de son coté, l'agent en avait une autre bien plus précise qui l'intéressait beaucoup, restait à voir si elle allait esquiver ce qui lui demanderait, ou au contraire, si elle sauterait dedans les pieds en avant. Observant son attitude, l'air de rien, le trentenaire reprit la parole d'un ton passif.

« Vous semblez vous intéresser de très près aux mutants, une raison particulière ? »

Svetlana hocha la tête quand Liam parla de ses facultés de tireur, elle comprenait qu'un policier doive savoir utiliser plusieurs armes, certaines interventions requéraient parfois un armement spécifique, ils n'allaient pas interpeller un suspect avec un bazooka alors qu'un simple pistolet suffisait. La comparaison était peut-être énorme et légèrement décalée mais elle permettait de bien cerner la situation. Elle approuva le côté modeste de son interlocuteur qui ne se vantait pas d'être le meilleur de sa catégorie, cela permettait de ne pas sombrer dans l'excès ou l'illusion, et puis l'entrainement était nécessaire quelques soit le niveau selon la jeune étudiante. La remise en question était une étape obligatoire pour ne pas se faire tuer...

- Je vois, il vaux mieux être un peu polyvalent pour éviter de se retrouver dans une situation critique...

Elle se demandait simplement quel était le véritable niveau de l'agent, car la plupart des humains avait tendance à minimiser leurs capacités. De plus, il lui semblait que sa mère avait précisé au cours d'une conversation qu'il était plutôt adroit avec un arme entre les mains. Enfin, elle laissait cette question de côté, elle n'allait pas submerger Liam de question alors qu'ils venaient de se rencontrer de nouveau après une longue période. Elle sourit légèrement en constatant que le policier se déridait un peu au fil de la conversation. Elle plissa brièvement les yeux quand il lui expliqua être un promeneur solitaire matinal, elle ne fit aucune remarque à ce sujet mais nota qu'il venait de Reno. La jeune femme ne connaissait pas vraiment la ville natale du policier, n'y étant passé qu'une seule fois en compagnie de son père quand elle était petite, elle allait plus souvent à Las Vegas, surtout si elle faisait une virée entre copines.

- Reno... Elle ressemble un peu à Las Vegas... C'est une fois l'académie terminée que vous avez été affecté à Achaea?

Une manière détournée de voir depuis combien de temps le trentenaire résidait à Achaea. Il est vrai qu'elle se montrait curieuse, elle aurait pu avoir la plupart de ces renseignements en demandant à sa mère mais elle aimait les obtenir de vive voix et directement de la personne concernée. Beaucoup dans sa famille affirmait qu'elle tenait cette curiosité de sa mère, bien que pour cette dernière s'était nécessaire dans son travail. Un indice ne se découvrait pas sans un minimum de recherche et d'enquête.

Elle hocha la tête après avoir bu une gorgée pour confirmer la supposition de Liam concernant le travail et les sorties.

- Dans la vie, il y peu de choses gratuites voire pas du tout, dit-elle avec un léger sourire. Dans notre société, beaucoup de personnes pensent que tout acte est induit par un objectif à atteindre, difficile à contredire comme argument. Ce sont les bases des relations humaines. Pour ma part, j'ai volontairement postulé pour un emploi à la bibliothèque comme ça je suis moins dépendante de mes parents, même s'ils continuent de me payer certaines choses comme mes études. Elle fit une pause avant de poursuivre. Et comme vous dites pour les planques, cela dépend des personnes, nous ne pouvons apprécier tout le monde, incompatibilité d'humeur oblige...

Elle essayait de s'imaginer les deux collègues planqués dans une voiture en train d'espionner une maison, sa vision de la scène était en partie faussée par des images de film. La conversation se poursuivit. Son interlocuteur sourit quand elle lança sa plaisanterie au sujet du directeur. Quand elle lui demanda son avis sur les mutants, Liam resta d'un calme olympien. Parfois ce genre de question pouvait provoquer un réaction excessive chez certaines personnes. La réponse qu'il fournit laissait entendre qu'il ne reprochait rien aux mutant, opinion neutre en soit. Mais il n'approfondit guère vu que Svetlana enchaîna avec une question complètement hors contexte et qui surpris visiblement l'agent.

- Désolée, je ne voulais pas me montrer malpolie ou intrusive, déclara-t-elle avec un sourire contrit. Je me laisse parfois emporter... Et non je ne compte pas dresser votre profil, c'est juste que dernièrement nous étudions l'impact des couleurs sur la psychologie humaine...

Si sa mère avait été là, elle n'aurait pas manquer d'adresser un regard désapprobateur à sa fille. Ce n'était pas franchement une réponse du point de vue de la jeune femme qui avait occulté les raisons d'une telle question, en plus elle avait un peu déformé la vérité car depuis qu'elle avait entrepris ses études de psycho, elle aimait pouvoir analyser des personnes qu'elle jugeait digne d'intérêt, mais voilà elle s'était montrée tout de même incorrecte vis-à vis du collègue de sa mère, ce n'était pas le genre de questions qu'elle pouvait se permettre de poser dans ce genre de conversation, son interlocuteur risquait fort de se braquer ou de croire être soumis à un interrogatoire en bonne et du forme... L'étudiante croisa les doigts autour de son gobelet, décidant de revenir vers une forme de discussion plus traditionnelle. Du moins le croyait-elle car Liam posa lui aussi une question directe sur son intérêt concernant les mutants.

Avait-elle éveillé des soupçons? Pourquoi s'intéressait-il autant à ses raisons? Attitude policière ou tout autre? En tout cas elle accrocha les yeux sombres de Liam, posant un regard interrogatif et prudent sur le brun. Elle espérait ne pas paraître sur la défensive, même si ses défenses s'étaient mises en alerte. Ses méninges travaillaient à toute allure pour donner une réponse qui ne l'engagerait à rien.

- S'intéresser aux mutants? Faut-il un raison particulière pour s'y intéresser? Elle s'était légèrement redressée. En même temps, il n'est pas vraiment possible d'échapper aux polémiques qui courent à leur sujet... Ils font régulièrement parler d'eux... Ce serait se voiler la face de prétendre ne pas suivre les développements, de ne pas se sentir concerné ne serait-ce qu'un chouïa. Et je ne m'y intéresse pas plus que tout le monde... Simplement j'aime connaître l'opinion des gens à leur sujet, je n'ai pas envie de me retrouver face à une personne haïssant profondément les mutants, ils peuvent parfois se montrer extrêmement hostiles envers les humains qui ne partagent pas leur opinion, pour eux les mutants sont des monstres... Le regard de la russe montrait qu'elle désapprouvait totalement ce genre de comportement. Je ne vois pas pourquoi on les considère ainsi...

Svet n'avait aucune envie de se retrouver aux prises avec des extrémistes. Elle espérait que ses paroles conviendrait à Liam et surtout qu'elles n'éveilleraient aucun soupçon à son égard, devenir une suspecte potentielle n'était pas dans ses projets immédiats, ni même dans ses projets tout court. Elle termina son cappuccino. Les mutants étaient un sujet tellement vaste qu'on pouvait passer plusieurs heures à polémiquer.

Des étudiants pénétrèrent dans la salle café indiquant qu'un cours venait de se terminer. Svetlana regarda sa montre constatant que les minutes avaient filé rapidement, il lui restait encore un peu de temps avant sa reprise mais elle allait devoir prendre congé. Son estomac en profita pour émettre un gargouillement rappelant à sa propriétaire qu'elle n'avait pas encore mangé, de toute façon celle-ci n'avait pas l'intention de retourner en cours le ventre vide et la faim commençait seulement à se faire sentir.

- Liam, je vais devoir y aller... Ce fut un plaisir de vous revoir et de discuter avec vous. Peut-être nous recroiserons-nous un de ces jours.

Le visage de la jeune femme avait perdu le sérieux affiché quelques instants plus tôt, reprenant l'attitude standard d'une étudiante. Elle se leva, remettant son sac sur le dos et serrant la main du policier, offrant une poignée de mains bien plus ferme que pouvait laissait entendre sa constitution physique. Et sur un dernier sourire elle quitta les lieux se dirigeant vers le restaurant universitaire.

Liam ne portait pas réellement attention aux réactions des gens habituellement, où alors il s'en contrefichait tout simplement, parce que même si certains disaient qu'on exprimait beaucoup avec le langage corporel, l'Américain n'y croyait pas vraiment. L'ex policier était du genre à ne pas croire les scientifiques, les comportementalistes et toutes les personnes qui s'imaginaient pouvoir lire dans l'esprit des autres simplement par des expressions où des gestes qu'ils affectionnaient. Après tout l'agent Winchester passait le plus clair de son temps à faire la gueule ou à se montrer sombre et renfermé, alors qu'en réalité, il n'était pas naturellement aussi grognon, c'était simplement une façade destinée à lui faciliter la vie pour éviter toute question trop personnelle. Pour le coup, il s'était montré plus avenant avec Svetlana, un peu comme il était en temps normal, poli sans pour autant tomber dans le cliché du mec sympa. Certains semblaient croire que gentillesse allait de paire avec crétinerie, mais ce n'était pas de l'avis de l'agent Bastet qui préférait largement se montrer trop rustre que trop idiot. A croire que l'on ne pouvait pas se comporter un peu trop rudement avec les autres, sans quoi on était immédiatement accusé de mauvaise humeur, ou de caractère de cochon. Avec la jeune femme en face de lui, c'était différent, Liam avait fait l'effort d'être plus gentil qu'à l'accoutumé tout de même, après tout à force de se montrer hostile avec les autres, on finissait par garder cette habitude, et au final, on se retrouvait à faire la gueule même lorsqu'on voulait être aimable.

L'étudiante sourit légèrement avant de plisser les yeux en demandant à son interlocuteur s'il était venu à Achaea après avoir terminé l'Académie, juste après avoir déclaré que la ville ressemblait à Las Vegas. C'est le moins qu'on puisse dire, la ville était assez proche de la capitale des jeux, mais elle lui ressemblait beaucoup, bien que clairement moins populaire que sa jumelle. En réalité, Liam n'avait jamais aimé cette ville, elle ne lui ressemblait pas du tout, c'était un lieu de vice et de luxure que de toute manière l'agent Winchester aurait quitté si ses parents n'avaient pas déménagés ici avant qu'il ne soit assez grand pour le faire lui-même. C'était ironique, des fois l'ancien policier se disait que s'ils étaient restés à Reno, son père ne serait jamais mort dans cet accident de voiture, et peut-être même que Liam ne serait jamais devenu policier, ce qui lui aurait permis de mieux surveiller son cadet. Cette simple question avait réveillé quelque chose en lui, et le trentenaire chassa rapidement et avec agacement ses pensées avant de répondre à la jeune femme d'un ton plus que bref.

« Non, j'y habite depuis plus longtemps. »

En fait, il n'avait aucune envie d'abord le sujet,il imita son interlocutrice en buvant une gorgée de son café alors qu'elle reprenait la parole pour expliquer qu'elle avait postulé pour un emploi à la bibliothèque, et que dans la société il y avait très peu de choses gratuites, et que par conséquent, la jeune femme essayait de faciliter la vie à ses parents. Liam hocha la tête en silence, c'était vrai que malheureusement la vie était un peu trop chère, même pour quelqu'un avec un salaire fixe comme l'agent Bastet, il fallait avouer que le métier de flic ne payait déjà pas des masses, mais en tant qu'agent spécial, il n'avait pas beaucoup plus, malgré la prise de risque et l'absence de la moindre possibilité de fonder une famille, non que ça le dérange pour ce point. Svetlana avait été bien élevée, ce qui expliquait qu'elle était aussi éveillée, et lorsqu'on connaissait sa mère, ça n'avait rien de très surprenant. La demoiselle acheva en disant que pour les planques ça devait dépendre des personnes, et une nouvelle fois, le trentenaire hocha la tête d'un air entendu, le problème c'était que pour lui, il y avait souvent des incompatibilités d'humeur.

« C'est parce que vous avez été bien élevée ça, vous comprenez que vos parents ne sont pas que des portefeuille sur pattes, si vos semblables étaient plus comme vous, la vie serait plus facile. »

C'était surtout les sales gosses dans ce genre qui ne donnaient pas envie à l'agent spécial d'envisager de faire des gosses, entre-autre parce que si l'on devait recenser tout ce qui le repoussait, ce n'était pas près d'être finit. La jeune femme reprit la parole en se déclarant désolée et qu'elle ne voulait pas avoir l'air malpolie ou trop curieuse, qu'elle se laissait souvent emporter. Le sourire qu'elle afficha montra clairement à l'agent qu'elle avait en effet l'air désolée, et pour tout dire, Liam se fichait un peu de sa curiosité, c'était surtout une manière de mettre un terme aux questions de la belle sans pour autant avoir l'air grossier. La jeune femme termina en disant qu'elle ne voulait pas dresser son profil mais que c'était ses études qui prenaient le dessus, et il hocha une nouvelle fois la tête en haussant légèrement les épaules pour exprimer le fait que ce n'était pas grave.

« Ce n'est rien, ne vous excusez pas, je comprends, je pose aussi souvent des questions qui donnent à mon interlocuteur l'impression de subir un interrogatoire. »

En fait 'souvent', s'était toujours, mais inutile de le préciser. La demoiselle croisa ses doigts sur son gobelet alors que Liam buvait une gorgée de son café, pendant que la jeune femme accrocha son regard en lui répondant d'un ton toujours aussi posé. Elle demanda s'il fallait avoir une raison particulière pour s'y intéresser et que c'était difficile de ne pas se sentir concerné lorsque ça passait sur toutes les ondes. Exactement, l'agent Winchester était dans le même cas que la belle, il pensait comme son interlocutrice, et elle répondait comme il l'avait espéré. Svetlana déclara ne pas s'y intéresser plus que les autres mais simplement apprécier de connaître l'avis des autres, parce qu'elle n'avait pas envie de se retrouver face à quelqu'un qui détestait les mutants étant donné qu'ils pouvaient se montrer hostiles avec les humains qui appréciaient les mutants. Liam garda le silence, une expression neutre collée sur le visage, en effet, lui-même détestait les gens qui appréciaient les mutants, mais comme il s'y attendait, Svetlana était de leur coté, ce n'était pas très surprenant, elle ne devait certainement pas avoir eut de mauvaise expérience avec eux. Liam non plus, pas personnellement du moins si l'on exceptait le fait que son frère soit mutant bien entendu. Le trentenaire approuva du chef avant de répondre brièvement comme la jeune femme semblait dans le doute de sa position.

« En effet, je suis tout à fait d'accord avec vous. »

Il ne mentait pas, il était totalement d'accord avec elle, restait juste le fait que l'agent Winchester avait été un peu étonné parce qu'il avait, l'espace d'un instant, imaginé qu'elle puisse être mutante, mais le coté policier avait hurlé que jamais Jane ne pourrait cacher quelque chose comme ça, et la réponse de la belle étudiante le confortait dans cette idée. Finalement, alors que l'heure avait avancé, la jeune femme se déclara désolée de devoir y aller avant de dire que ça avait été un « plaisir » de discuter avec lui, bien que ce soit la première fois qu'on le lui disait, et elle afficha une expression plus détendue alors que l'agent lui répondait rapidement.

« Moi de même, et encore merci pour la café Svetlana, vous saluerez votre mère de ma part. »

L'ancien militaire salua la jeune femme d'un signe de la main avant de jeter son gobelet à la poubelle, et alors que la demoiselle s'éloignait vers le restaurant universitaire, il partit vers la sortie de la faculté histoire de retourner à la base pour voir s'il y avait éventuellement autre chose pour combler sa journée bien entamée.