Sujet: On pourra travailler en paix ! [ Fillan ] Dim 10 Oct - 14:00
Plus de cinq ans, bientôt six que Nathan avait disparu, et pourtant Lou avait l'impression que ça faisait une vie entière. L'humaine ressentait toujours autant la vide laissé avec le départ de son unique frère. Nathan et elle avaient trois ans d'écart, mais il n'empêchait qu'elle le considérait comme son jumeau, sa moitié, son âme sœur ? Certains trouvaient cette comparaison stupide, mais aux yeux de la jeune femme, une âme sœur ne devait pas forcément représenter la personne que l'on aimerait, mais devait représenter la personne avec qui l'on voudrait passer le reste de sa vie, et en l'occurrence, c'était Nathan, son aîné. Lou rêvait souvent de recevoir enfin une nouvelle de lui, qu'il débarquerait un jour à la maison, sonnerait et ferait la surprise à sa famille de son retour, et peut-être même avec sa petite amie, celle pour qui il avait tout quitté, y compris ceux qui l'aimaient. Difficile de comprendre ça lorsqu'on n'avait jamais aimé comme Nathan aimait sa petite amie, et pendant longtemps Lou avait égoïstement haït la jolie blonde qui sortait avec son frère, la jugeant coupable de sa disparition, mais en réalité, ça n'avait qu'été le choix de l'humain, et nullement la faute de son amoureuse qui aurait certainement préféré aussi le voir en sécurité avec sa famille. Darik, le père de la jeune femme, devenait de plus en plus amer, voyant l'espoir de retrouver son fils s'amenuiser de plus en plus au fil du temps, et il craignait de voir sa fille unique suivre le même chemin et subir le même sort en raison des études qu'elle poursuivait. Des chimères ! Voilà comment il avait qualifié le travail de Lou, Darik voyait plus ses paroles dictées par la peur que par une haine des mutants, mais il commençait à douter de tout cela, du bienfondé de les aider si l'on devait perdre les êtres que l'on aimait pour ce faire. Lou essayait bien de le rassurer et de lui promettre vainement qu'elle ne partirait jamais, Darik n'en souriait pas pour autant, difficile de porter foi à des paroles qui ne s'appuyaient sur aucun justificatif potable.
Levée de bonne heure comme à son habitude, ce début de weekend, la demoiselle s'habilla comme à son habitude, de manière colorée et détendue, bien que nettement moins voyant que dans sa jeunesse. Son esprit avait évolué, et sa manière de se vêtir aussi bien entendu. La beauté calme descendit doucement les escaliers de la maison, essayant de ne pas faire craquer les marches fatiguées pour ne pas réveiller ses parents qui faisaient certainement la grasse matinée, et elle déboucha dans la cuisine en manquant de pousser une hurlement de frayeur. Finalement Darik était debout, encore vêtu de son haut de pyjama et de son bas de jogging qu'il mettait toujours lorsqu'il dormait, mais ce qui choqua la jeune femme fut l'expression désespérée qui figurait sur son visage fatigué par les années. A ce moment, Lou se rendit compte à quel point son père avait vieillit. Une expression douce et légèrement triste glissa sur le visage de l'humaine qui s'avança vers son père qui avait à peine levé les yeux en entendant sa fille arriver. Alors qu'elle posait sa main avec une infinie douceur, sur l'épaule de son père, elle accompagna son geste de quelques paroles, prononcées sur un ton toujours aussi doux qui la qualifiait.
« Papa ? Ça ne va pas ? Qu'est-ce qui c'est passé ? Tu as appris quelque chose de grave ? »
Les yeux ambrés de son père, dont elle avait hérité, tout comme Nathan, se redressèrent en hésitant, avant de se poser sur le visage de sa fille qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à celui de sa mère à son âge. Un faible sourire éclaira les lèvres entourées d'une barbe de trois jours du père de famille qui secoua doucement la tête sans pour autant répondre. Ses yeux tristes retombèrent sur la table qui lui faisait face alors qu'il soupira doucement en passant se main sur son visage comme pour se donner une certaine contenance, avant de répondre finalement d'une voix profonde et légèrement rauque qui avait tant séduit son épouse, tout en évitant soigneusement le regard scrutateur et inquiet de sa fille.
« Tu sais, aujourd'hui, très tôt ce matin, des humains ont été interpelés par les autorités pour avoir aidé des mutants à prendre la fuite lors d'une action de la police de la ville. Ils seront certainement emprisonnés un bon moment, et je doute qu'ils s'en sortent aussi facilement. Il orienta son regard vers sa fille pour dire enfin ce qui le taraudait depuis le début de la conversation. Lou, ma chérie, tu ne ferais pas ça, n'est-ce-pas ? Tu.... Tu ne te mettrais pas en danger pour aider des gens qui ne te connaissent pas... Non ? »
Il semblait attendre une répondre négative de sa fille, mais elle ne pouvait pas, ce serait lui mentir, car elle avait des convictions, et il était absolument hors de question à ses yeux qu'elle sacrifie ce pour quoi son frère se battait. Même si elle devait le payer de sa liberté, elle en prendrait le risque. Mais comment avouer cela à un père aimant ? Il aurait le cœur brisé si sa fille lui disait la vérité, mais tout son être se révoltait à l'idée de lui mentir sur un point aussi important de leur vie. Lou baissa les yeux avant de sourire doucement, puis elle posa son regard doux et aimant sur le visage de son père avant de répondre toujours aussi tendrement.
« Papa, je t'assure que je ferais tout pour éviter que ça arrive, mais tu ne peux pas me demander de renier mes convictions, ce pour quoi je me bats depuis tellement longtemps... Mais je vous aime, toi, maman et Nathan. »
Darik hocha doucement la tête, puis sourit finalement un peu plus naturellement avant de poser sa main sur celle de sa fille qui se trouvait toujours sur son épaule. Lou déposa un baiser plein d'amour sur la joue mal rasée de son père avant de lui sourire et de se détourner pour attraper son sac, lui adresser un signe de la main, et sortir par la porte principale de la demeure. L'humaine avait donné rendez-vous à Fillan au bar du coin, un jeune homme de sa fac avec qui elle s'entendait bien, et qui avait les mêmes idées qu'elle. Mais avant, elle prévoyait de passer rapidement à la bibliothèque pour réunir un certain nombre de documents qui pourraient les aider pour avancer leurs travaux. La jeune femme s'y rendit à pied, le tram étant légèrement plus cher que les derniers mois, et comme elle finançait elle-même ses études suite à sa décision, elle faisait attention à tout ! La demoiselle mit une bonne dizaine de minutes avant d'y arriver, et elle entra dans le grand bâtiment avant de se rendre directement à la zone qui l'intéressait, à savoir celle des écrits sur les origines des hommes, puis elle feuilleta certains ouvrages pendant deux bonnes heures, avant de constater qu'elle risquait d'être en retard. Lou se pressa de tout fermer, d'emprunter les livres qui l'intéressait, heureusement que la bibliothécaire la connaissait bien, sans quoi elle aurait perdu encore plus de temps ! Après quoi, elle glissa ses livres sous ses bras, essayant de jongler avec son sac contenant toutes ses affaires personnelles et ses affaires de cours, et ses nouvelles acquisitions ! La demoiselle fut assez ralentie par tout ce chargement, et elle essaya de presser le pas pour se rendre au bar, se disant simplement qu'elle avait bien fait de mettre des chaussures plates aujourd'hui ! Il lui fallu un bon quart d'heure avant d'arriver au bar, un aimable jeune homme qu'elle ne connaissait pas lui ouvrit les portes, heureusement sans quoi elle ne sait pas comment elle serait entrée, puis, constatant que Fillan n'était pas encore là, elle s'installa à une table libre dans un coin ou ils seraient tranquilles pour bavarder et travailler. La demoiselle étala un peu toutes ses affaires, tout en s'appliquant à laisser de la place à son camarade d'étude, puis elle s'assit derrière la table, essoufflée d'avoir à moitié couru pour arriver à l'heure. Alors qu'elle consultait l'horloge au-dessus de la porte, son regard se posa sur un jeune homme qui venait juste d'entrer, Fillan. Lou se redresse avant de l'appeler et de lui faire un signe pour qu'il la voie, ce qui déclencha les regards réprobateurs de plusieurs personnes qui se trouvaient autour d'eux, mais elle s'en fichait complètement. Le jeune homme la rejoignit finalement, elle et lui décrocha un sourire amicale et avenant en le saluant oralement.
« Salut ! J'espère que je ne t'ai pas fait te réveiller trop tôt quand même ? Enfin, je suis contente de te voir au-dehors de la fac, au moins on pourra discuter et travailler tranquillement pour une fois ! »
Parler, bavarder, elle produisait un tas de mots qui semblaient sortir de manière anarchique, Lou n'aimait pas le silence, il l'inquiétait et la rendait mal à l'aise. Certains trouvaient cela adorable, d'autres agaçant, en général Lou provoquait des sentiments très clairs et ne laissait aucune place à l'hésitation. Elle poussa un peu ses affaires pour libérer encore de la place histoire que le jeune homme puisse s'installer sans avoir besoin de sa battre avec un cahier ou un gros livre sur l'ethnologie. Elle reprit la parole, toujours aussi enjouée.
« Je te libère un peu de place, navrée j'ai la mauvaise habitude de m'étaler, je ne travaille pas souvent avec quelqu'un. Sinon, je t'ai attendu pour commander, tu veux boire ou manger quelque chose ? Je précise que je t'invite, pour t'avoir tiré du lit aussi tôt, c'est la moindre des choses. »
On pourra travailler en paix ! [ Fillan ]
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum