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Chasse, Chair et Sang [PV Abby]

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Chasse, Chair et Sang [PV Abby]  Vide
MessageSujet: Chasse, Chair et Sang [PV Abby] Chasse, Chair et Sang [PV Abby]  EmptySam 23 Oct - 22:46

La Plein Lune. C’était pour cette nuit, je le sentais clairement. Mon Loup bougeait en moi, avide de sang, de chair et de liberté. Il voulait sortir et je savais qu’une fois la nuit tombée, je ne pourrais rien faire pour l’en empêcher. Je serais là bien sûr, avec lui, comme toujours, mais il serait en contrôle. Je ne pouvais rien y faire, c’était ainsi. Mais je savais qu’il y avait une solution. Éphémère, certes, mais qui me permettait de garder assez de contrôle pour le forcer à m’obéir si nécessaire. Pour cela, il me fallait simplement le nourrir à satiété. Manger jusqu’à ne plus pouvoir rien avaler, le rendre amorphe sous l’afflux de chair et de sang. Cela fonctionnait assez bien en général et je ne voyais pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas cette fois-ci également.

Aussi, lorsque Piotr eut quitté le garage, fier d’avoir passé le test que j’avais préparé pour lui, j’ai fermé et barré les trois grandes portes de garage ainsi que les portes de service, éteint les lumières et suis sorti par mon appartement. Ma voiture, une Impala 67 entièrement blanche, était toujours là, garée dans l’arrière cours de mon garage, entre plusieurs voitures bonnes pour la casse, que je gardais pour les pièces. Juste à côté se trouvait une vieille moto, un modèle de course dont je ne me servais que peu, mais qui était en état de marche satisfaisant.

Certes, la moto n’était pas aussi rapide que ma voiture ou que la course à pied, mais elle était beaucoup plus discrète et me permettrait de me fondre dans la masse. Je démarrai l’engin et quittai le stationnement arrière du garage, me dirigeant vers l’autoroute. La forêt était ma destination, avec les montagnes derrière, qui me permettraient de laisser libre cours à la sauvagerie qui était mienne. Mon Loup s’agitait de plus en plus et j’avais un peu de mal à me concentrer sur ma conduite. Je zigzaguai entre les voitures sur l’autoroute, m’attirant des coups de klaxons et des doigts d’honneur en grande quantité. À cent dix kilomètres à l’heure, sans jeter ne serait-ce qu’un seul regard ans le rétroviseur, je mettais le pied au plancher car je ne tenais pas à courir le risque de me transformer en public. Je faillis passer sous les roues d’un semi-remorque qui roulais aussi dangereusement que moi et je dus rouler sur la bande d’arrêt d’urgence pour l’éviter. Ça ne m’aurait pas tué, ça non, mais ça m’aurait ralenti, voir pire. Les os brisés, je le savais d’expérience, mettaient des jours, voir plus longtemps, à se ressouder et à guérir complètement. Et je ne tenais absolument pas à finir à l’hôpital. Pas aujourd’hui, surtout. L’odeur de mort et de sang de ces endroits avait tendance à me faire perdre tout contrôle et c’est de cela que j’avais besoin présentement. La lune n’était pas encore apparente dans le ciel, mais ça ne saurait tarder.

Peu à peu la circulation s’éclaicit et je poussai la moto jusqu’à cent quarante, ne freinant qu’en prenant l’une des sorties qui s’approchaient de la forêt non loin d’Achaea. Je pris un étroit sentier que seuls quelques chasseurs et travailleurs forestiers connaissaient et m’enfonçais dans les bois. Je ralentis, enfilant les lacets de la petite route de terre avec plus de prudence que nécessaire. Quelques centaines de mètres plus loin, m’estimant assez loin, je coupai le moteur, enlevai mon casque que je posai sur le siège de la moto et tendis l’oreille et humai l’air. Outre les bruits habituels de la forêt et le son des voitures au loin – mon ouïe portait loin – il n’y avait aucun son étranger ni présence humaine dans la région. Tant mieux pour eux.

Une fois encore, je dus me battre contre la rage de mon Loup. Laisser la chaleur me transformer en une créature mieux à même de gérer les bois était la solution. Une créature dont les instincts étaient tellement plus forts que
les émotions humaines. Un animal qui ne ressentait pas la douleur de la même façon. Mais pas tout de suite. Je m’estimais encore trop près des routes humaines pour cela. Mon Loup hurla en moi, désirant être libéré de mon corps humain, et je poussai un juron sous la pression qu’il exerçait sur moi. La lune ne tarderait pas à apparaître et je devais me dépêcher.


J’enlevai mes vêtements que je laissais dans une des sacoches de ma moto puis me mis à courir. Des branches d’arbustes cinglèrent ma peau nue mais je les ignorai. Les éraflures cicatriseraient avant même que j’ai fait dix pas. J’accélérai graduellement, atteignant une vitesse folle. Si j’avais galopé ainsi au vu et au su de tous, les gens auraient su que je n’étais pas normal. Aucun humain normal ne courrait à cette vitesse. Il aurait été amusant de participer à des épreuves de course ou de rallye, j’aurais semé les participants sans efforts, mais le risque était beaucoup trop grand et les tests sanguins qu’ils pratiquaient régulièrement sur les coureurs auraient sans aucun doute révélés des anomalies dans mon sang. Le gêne mutant, oui.

Dès que je fus au cœur de la forêt, assez loin selon moi, je laissais mon Loup transformer mon corps, à défaut de lui laisser tout contrôle sur mon être. Il m’était facile de transmuter maintenant ; je n’avais même plus à y réfléchir. Mon corps devinait mes intentions et y répondait automatiquement. La brûlure habituelle envahit ma colonne vertébrale et mes membres furent pris de spasmes incontrôlés. La chaleur m’envahit et je devint un loup. Pas tout à fait un loup, non. Les loups ne mesuraient pas trois mètres de haut et n’étaient pas capables de se déplacer sur deux pattes. Mais j’avais néanmoins assez de ressemblance avec un loup pour qu’on ne s’y trompe pas. Et comme eux, je pouvais courir à quatre pattes.

J’abattis mes grosses pattes griffues sur le sol et m’étirai longuement. Oui, la modification était facile quand j’étais aussi concentré. J’avais quatre pattes et j’étais libre. Les troncs défilèrent comme une mer noire autour de moi, mes muscles adoptèrent un rythme régulier. Mon Loup trouvait que c'était tellement mieux ainsi et je n’étais pas loin d’approuver. Maintenant, je percevais les frémissements des feuilles sous mes griffes, le chuchotis provoqué par les ailes d'une chouette, le roulement de l'océan sur la grève, loin, très loin à l'ouest.

Je goûtai à chaque respiration ce qui m’entourait : les particules flottant dans l’air, l’atmosphère si particulière à la forêt ; l’odeur de la terre, des feuilles ; un faible effluve d’une créature tiède et désirable, vulnérable. Cette odeur déclencha la faim en moi et une brûlure presque insoutenable dans ma gorge. Mon Loup tentait une fois de plus de prendre le contrôle. Je le lui laissai en partie. Je perçus le bruit d’autres respirations autour de moi, et la faim grandit. Mes sensations étaient tellement plus violentes que celles auxquelles j’étais habitué en humain qu’il m’était difficile de me concentrer sur mes réflexions. Chaque ressenti me noyait, faisait peu à peu disparaître Dresden Clemens pour laisser la place au Loup.

Une partie de mon cerveau gardait le contrôle sur mon corps tandis que ma partie lupine se concentrait sur la faim et le désir de la chasse. C’était presque une obsession ; plus j’y pensais, plus elle s’intensifiait. Un ruisseau large d’une dizaine de mètres me barra le chemin mais un bond suffit pour le traverser. Mes griffes s’enfoncèrent dans la berge opposée et mon loup bondit dans les airs. La densité de la végétation ne fut pas un problème. Je retombai en attrapant une branche large entre mes pattes et mes griffes tracèrent de larges sillons dans l’écorce tandis que je me projetai vers une autre, dans un arbre voisin. À une dizaine de mètres du sol, je comprenais pourquoi j’aimais tant mon pouvoir malgré la crainte que je ressentais de lui. L’équilibre entre ma vélocité et mes sens était telle que même en fonçant au milieu de l’enchevêtrement végétal à une vitesse qui aurait dû brouiller chaque détail environnement, je discernais au contraire chaque feuille de la moindre branchette du moindre arbuste que je dépassais.

Je bondis au sol, me réceptionnai comme un chef et repris ma course effrénée. Mes poils sombres étaient ébouriffés par ma vitesse, le sol inégal me donnait l’impression de fouler un épais tapis confortable. Je ne ressentais même pas les branches qui fouettaient mon épaisse couenne.

Autour de moi, la forêt bouillonnait de vie. De petites créatures que je n’aurais peut-être pas remarquées en humain se taisaient sur mon passage, leurs respirations s’accélérant au passage d’un prédateur nouveau. Je guettais, comme souvent, le moment où je sentirais la fatigue dans mes muscles ou le moment où mon souffle se ferait court, mais mes forces avaient l’air d’augmenter à mesure que je m’habituais à mon allure. Je voyais et ressentais tout ; le murmure du vent dans les hautes branches, le chuchotement des oiseaux et leur pouls infime, le cliquetis des fourmis sur l’arbre que je venais de dépasser, les riches odeurs de la terre, des racines et de la mousse, la résine des pins et l’arôme de petits rongeurs se cachant en hauteur. Puis là-bas, non loin, le clapotis de l’eau. Un clapotis et des éclaboussures produits par des langues en train de laper. Le bruit de gros cœurs pompant le sang me parvint l’instant suivant et l’excitation de mon Loup enfla démesurément. Proie !

Remontant la piste de l’eau, le vent en face, je dénichai le fumet qui accompagnait les lapements et les cœurs qui battaient. Flagrances tièdes, puissantes, plus fortes que les autres. Odeurs qui me mirent la bave aux lèvres. Mon corps énorme accéléra le mouvement, les sens aiguisés par la faim. Le terrain devint raide et je courus à demi accroupie, près du sol, en chasseur silencieux mais mortel, m’agrippant aux troncs quand cela m’aidait. L’arôme devint plus puissant et je me tapis dans les fougères, à l’orée des arbres. Sur la rive d’un petit lac, j’aperçus un gros mâle dont la tête s’ornait de deux douzaines d’andouillers. Non loin, six autres animaux broutaient tranquillement, d’un pas lent. Mon regard se focalisa sur le fumet du mâle et sur son cou, là où une pulsation plus forte m’attirait. Une vingtaine de mètres – quelques bons seulement – me séparait d’eux. Je me tendis, prêt à m’élancer.

Au contraire des loups qui chassent en meute pour ne pas dépenser leurs forces inutilement, je pouvais courir aussi rapidement que les cerfs et n’avais donc pas à tester les animaux que je chassais. Même si la bête était rapide, je pouvais la suivre et l’atteindre. Je me mis en chasse, jaillissant des fourrés comme un diable de sa boîte. Mes grosses pattes martelaient le sol comme des tambours. Le gros cerf poussa un cri d’avertissement pour avertir ses femelles, qui déguerpirent. Je ne leur jetai même pas un regard ; seul le mâle m’intéressait. Il déguerpit, lui aussi, et je me lançai à sa poursuite, excité par la poursuite. Au bout d’un moment, les yeux fous et la bave aux lèvres, le cerf fit un faux pas et manqua s’écraser contre un arbre. À coup sûr, mon odeur de super prédateur lui flanquait la pétoche, ce que je pouvais comprendre. J’étais unique, comme l’était mon odeur, mélange de loup, d’homme et d’autre chose aussi.

Je m’élançai dans l’air avec légèreté et atterri sur son dos, mes griffes lacérant ses flancs et s’y plantant férocement. Ma gueule hérissée de crocs tranchants se planta dans son cou, là où se trouvait la pulsation la plus forte, et ses pattes cédèrent sous lui. La résistance qu’il m’opposa fut d’une faiblesse pitoyable tandis que mes crocs se refermaient autour de l’endroit exact où le flux se concentrait. Mes dents d’acier transpercèrent le poil, la graisse et les tendons comme s’ils étaient du beure.

Le sang était chaud, la chair tendre et juteuse. Mon Loup était content. Les soubresauts de la bête devinrent de plus en plus faibles et ses cris s’étranglèrent dans un bouillonnement. Je laissai mon Loup se repaître à son aise. Avec un peu de chance, cette proie suffirait à le rassasier. Dans le cas contraire, la chasse reprendrait…

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MessageSujet: Re: Chasse, Chair et Sang [PV Abby] Chasse, Chair et Sang [PV Abby]  EmptyMar 26 Oct - 1:27

    Abby était une mutante, son pouvoir était la métamorphose. Sa forme de prédilection : le Loup. C'était une mutante recherchée de surcroit. Alors autant dire qu'elle n'était pas du genre à se balader en ville en plein jour ! Elle aimait adopter un rythme nocturne. Dormir le jour, sortir la nuit. Ce qui convenait souvent très bien aux loups ! La gothique ne vivait pas seule en forêt. Elle était souvent accompagnée d'une meute de loups. Leur territoire s'étendait sur toute la forêt bordée d'un côté par la ville, de l'autre par la montagne. Il n'y avait pas d'autres loups, quelques autres canidés, comme des renards ou des chiens retournés à la vie sauvage. C'était les seuls grands prédateurs de la forêt, avec un ou deux ours bruns qu'ils croisaient à l'occasion. Mais ils étaient globalement tranquilles ici. Les loups protégeaient Abby des ours, Abby protégeaient les loups des chasseurs et autres humains, un peu trop envahissant dans ce coin.

    Aujourd'hui était un jour comme les autres. Enfin, pour Abby ils se ressemblaient tous, gris et morne. Le soleil avait beau percé, ça ne rendait pas le sourire à la mutante. Après la mort de son frère Shawn, qu'elle mit trois ans à plus ou moins digérer, elle venait d'apprendre qu'elle ne reverrait peut-être plus jamais l'homme qu'elle aimait, Sven, qui était rentré en Allemagne. Un océan les séparaient, et elle n'était qu'une mutante recherchée qui ne pourrait jamais prendre l'avion ou le chercher. Elle devait se faire à l'idée que les deux hommes qui partageaient son cœur n'était plus, et c'était dur pour elle de s'accrocher à la vie dans ces conditions. Elle espérait juste que Shawn l'attendait quelque part la-haut, et que Sven referait sa vie avec une fille bien, loin de cette guerre et de ces problèmes contre les mutants. Mais penser à eux deux lui transperçait le cœur, deux fois. Elle restait ici pour la meute et Leader, le chef de meute qu'elle appréciait particulièrement.

    C'était un grand loup blanc, puissant et imposant. Son pelage était immaculé, et ses yeux d'un bleu profond, dans lesquels la louve noire aux yeux jaunes aimait se perdre. Il avait prit Abby sous son aile à son arriver aux États-Unis, et l'avait intégrée dans la meute spécialement. La hiérarchie d'une meute et quelque chose de très structuré et organisé. La jeune femme appartenait à la meute sans appartenir à la hiérarchie. Cette hiérarchie est constituée de deux loups alpha, une femelle dominante et un mâle dominant. Ils sont les chefs, les seuls autorisés à se reproduire, et à éventuellement autorisé d'autre de le faire si les ressources en nourriture le permettent. Leader était donc le mâle alpha, il était accompagné d'une femelle alpha, Sobilla, une magnifique louve au fort caractère d'un gris argenté. Ils avaient permit à Abby d'être à la fois une louve solitaire, et une louve dominante dans la meute. En gros elle était alpha dans la meute, mais seule, et était libre d'aller et venir.

    Les loups étaient des chasseurs expérimentés. Dans la meute, tous les adultes hauts dans la hiérarchie chassaient. Le ou les omégas n'avaient pas ce droit. C'étaient les souffres douleur de la meute, et pendant la chasse ils étaient chargés de s'occuper des louveteaux de l'année. Ils étaient généralement soit de jeunes loups, ou faibles et dominés, soit des loups trop âgés. Dans cette meute, il y avait douze adultes, sans compter Abby. Les deux alphas, deux omégas, et huit autres répartis dans la hiérarchie entre alpha et oméga. Il y avait donc dix chasseurs, plus Abby. Les deux omégas gardaient les quatre louveteaux nés cette année, et qui rentreraient dans la hiérarchie à l'âge adulte, ou quitterait la meute pour en fonder une sur un autre territoire.

    C'était donc une journée fraiche mais ensoleillée. Typique de l'automne. Un jour plus, un jour soleil, et ça alternait comme ça tout l'automne. Il n'y avait que quelques gros cumulus dans le ciel, qui pouvait former des formes rigolotes. Mais Abby n'avait pas le temps de s'attarder sur ce genre d'idiotie qu'elle aimait pourtant particulièrement quand elle était jeune et encore au Canada avec son frère. Abby était sortie traquer de l'humain toute la nuit dernière. Elle avait réussit à tuer un pécheur qui n'avait rien demandé à personne, rentré un peu trop tard de sa journée de pêche, et qui s'était retrouvé avec un loup de 50 kg accroché au cou. Elle aimait le port comme terrain de chasse, c'était à la fois désert et calme, mais il y avait toujours quelqu'un, mais pas de témoin. Et elle pouvait à sa guise laissé le cadavre sur place comme signature, ou s'en débarrasser dans l'eau. Et puis ça changeait de la forêt, où elle trouvait de moins en moins d'inconscient qui venait s'aventurer dans ce lieux maudit.

    La mutante pouvait prendre la forme d'une grande louve, mince mais musclée, imposante et plutôt effrayante avec son pelage noir d'ébène, et ses yeux d'un jaune brillant et perçant. Mais elle restait belle et gracieuse, avec des allures légères qui donnait l'impression qu'elle ne touchait pas le sol quand elle se déplaçait. C'était un animal taillé pour la chasse et la prédation. Les proies n'avaient généralement aucune chance contre ces bêtes aux sens très développés et à la mâchoire puissante. Après le meurtre de cette nuit là, la louve, ayant assez apaisé sa haine et sa colère contre les humains, rentra en forêt faire un tour de surveillance. Rien ne s'y passait, le silence régnait, surtout à son passage, son odorat ne remarquait rien d'anormal, seulement quelques odeurs de proie, et la délimitation du territoire des loups. L'air était froid et de la buée s'échappait à chaque respiration. Rien à signaler. Elle passa voir la meute au petit matin, la plupart dormait, en relais. Ils n'avaient rien à signaler non plus.

    Le soleil perçait à peine à l'horizon, que la louve rentra à l'aube dans son terrier, en lisière de forêt. Après une brève toilette, c'est une humaine qui se couchait dans son lit pour somnoler quelques heures, bien à l'abri sous terre. Elle se releva vers midi pour prendre une douche à la cascade, puis s'habiller. Elle enfila un classique pantalon noir, avec ceinture de cuir, et ses bottes New Rock cloutées où était caché sa dague. Au dessus elle mit un petit pull en laine noir col roulé, avec une veste en cuir pour affronter le froid de l'extérieur. Avec ceci, elle rajouta ses bijoux gothique, son maquillage noir, et coiffa ses cheveux noirs et lisses de deux couettes hautes avec une frange sur le front. Son visage blanc, ses cheveux noirs et son maquillage faisait bien ressortir les yeux verts clairs, froids et vides de la jeune femme, aussi perçant et transperçant que les yeux jaunes de la louve.

    La jeune mutante gothique passa le reste de son après-midi dans sa tanière, à potasser des livres de biologie, surtout de génétique en ce moment, sur l'ADN et les gènes responsable des mutations, ou à dessiner, un de ses passions. C'était généralement des dessins en noir et blanc, au crayon, son style, plutôt sombres et réalistes, qu'elle enchainait dans un carnet de dessins. A cette période le soleil se couchait de plus en plus tôt. C'était un soir de pleine lune, ce qui stressait Abby. Elle était scientifique, et pourtant aucune étude n'expliquait le changement de comportement de certains être à ce moment là. Elle reprit rapidement sa forme animale et sortit de sa tanière, ayant une entrée bien trop petite pour un humain, même aussi maigre que la jeune femme.

    Une fois sortit, elle jeta un œil au soleil qui se couchait, à la lune qui commençait à monter dans le ciel teinté de rose, violet et bleu. Elle regarda la ville qui s'étendait à ses pieds, et les lumières qui s'allumaient une à une, dans les maisons, les appartements ou les rues. Elle soupira, elle sentait le froid qui perçait à travers sa fourrure épaisse, qui ne cessait de se fournir à mesure que l'hiver approchait. La louve se mit en route vers la meute. Elle avait envie de chasse dans cette nuit qui se promettait spéciale et lumineuse. Elle ne tarda pas à trouver les loups qui commençait à s'agiter, et fila droit sur Leader pour lui proposer la chasse. Il acquiesça joyeusement et donna la consigne de la chasse au reste de la meute. Les deux loups oméga emmenèrent les louveteaux dans un coin, et les onze chasseurs commencèrent à s'organiser. Leader envoya le meilleur éclaireur en avant, et les dix autres le suivirent de loin en économisant leur énergie.

    L'éclaireur ne tarda pas à trouver des proies. Il revenu quelques minutes plus tard sur ses pas pour faire un bilan de sa trouvaille. Un troupeau de biches, avec faon et un cerf qui s'abreuvait à la rivière. Tout se mit en place. Les trois loups les plus rapide partirent très vite pour contourner le troupeau et attaquer par derrière. Trois filèrent pour prendre le troupeau par la droite, trois autres vers la gauche. Et enfin les trois alpha marchèrent droit devant, accompagnés par l'éclaireur, qui parcourait le moins de chemin pour compenser avec l'effort qu'il venait de fournir. En général les alpha menaient la chasse. C'est eux qui donnaient les instructions, eux qui attaquaient en premier, et souvent eux qui donnaient la mort à l'animal, et surtout mangeaient en premier.

    Abby commençait à s'exciter, enfin surtout sa louve en elle. Les chasses resserraient les liens entre les membres de la meute, et elle était heureuse d'avoir le privilège d'y participer, ce qui n'était pas toujours la cas. Elle n'aimait pas rater une chasse, mais elle avait souvent des responsabilités d'humain. Et même si les loups peuvent tenir une semaine sans manger, ils ne l'attendaient pas toujours. Les chasses étaient excitantes, tous les loups s'agitaient, c'était une bonne montée d'adrénaline. Les allures étaient méthodiques afin que les 4 groupes arrivent en même temps sur les proies. Et ils y arrivèrent effectivement tous en même temps, mais trop tard.

    Sous les yeux de la louve noire de jais se déroula une scène des plus surprenante. Tout commença par une odeur. Une étrange odeur inconnue dans cette forêt qui se rapprochait à vive allure, un mélange de loup et d'homme, comme un loup domestiqué relâché dans la nature. Mais le bruit qui accompagnait cette odeur n'avait rien à voir avec un loup. L'impact des pattes de l'animal, deux ? Quatre ? Elle n'aurait su dire, un coup l'un, un coup l'autre, bref, l'impact sur le sol était d'une telle violence que la chose devait peser trois fois le poids d'Abby, humaine comme animal. Un sumo déguisé en loup ? Non improbable. Les pas étaient accompagné d'une forte respiration et d'un cœur qui paraissait énorme. Le bruit s'arrêta brusquement de courir si vite, et c'est sa vue qui prit le relais.

    Abby repéra rapidement ce que les cerfs, sous son nez, ne virent même pas, trop occupés à manger ou à boire. L'animal était face au vent, ce qui cachait son odeur aux cervidés, qui avait eut la bêtise d'être eux dos au vent. La chose était sur la gauche d'Abby, et les trois loups chargés d'attaquer par ce côté se tapir bien assez vite. C'était une énorme masse noire, poilue, ses yeux noirs brillaient à la lueur du clair de lune, ses oreilles pointus étaient tournés vers les biches, ses yeux fixaient le grand cerf majestueux qui semblait avoir signé son arrêt de mort. Le monstre devait mesurer trois mètres pour cent cinquante kilogrammes. Qu'était-il ? D'où venait-il ? C'était un grand mystère. Mais il semblait tellement obnubilé par sa proie que les loups passèrent inaperçus. Même cachés dans les fourrés, la bête semblait pouvoir les voir, les entendre et les sentir sans difficulté, et heureusement pour eux qu'il n'avait d'yeux que pour sa proie.

    Proie qu'il ne tarda pas à attaquer. D'un bon impressionnant il sauta dessus, la griffa de partout, et finalement planta ses immense canines acérées dans la cou du cerf. Celui-ci mourut rapidement dans un râle, et le monstre se délecta de sa chair, sous les yeux ahuris d'Abby. Le diner des loups était mangé, ou enfuit. Le monstre relava la tête. C'était mauvais pour la meute. Dieu sait ce que le monstre avait l'intention de faire. S'attaquer aux loups ? Fuir s'attaquer à d'autres ruminants ? Les loups se regroupèrent rapidement, et la mutante s'avança, elle n'avait pas besoin de se cacher, c'était un puissant prédateur qui les avait repéré à peine sa proie dévorée. Quitte à en mourir, elle devait assumer son rôle de protectrice, même si elle ne savait pas trop si elle avait affaire à quelque chose d'humanoïde ou d'animal.

    La mutante détailla le monstre. Était-ce un test qui avait mal tourné ? Un nouveau produit de ces humains incapables ? Ou alors un mutant ? Ou... Cette dernière idée déclencha un frisson le long de la colonne d'Abby, elle regardait peut-être trop de film d'horreur, mais l'idée d'un loup-garou l'effleura. Surtout avec cette pleine lune argentée au dessus de leur tête. Elle n'était pas assez avancée dans ses études génétiques pour savoir s'il était possible qu'un mutant se transforme en un monstre pareil, ou si un mutant pouvait devenir un loup-garou, ou si les loups-garous existait sans l'aide d'une mutation... Après tout elle avait déjà croisé un mutant qui se transformait en géant vert, et elle-même se métamorphosait en louve aussi ! Une chose était sûre, ou du moins elle l'espérait, que ce soit sa théorie du mutant ou du loup-garou, il y avait un homme derrière ça. Mais contrôlait-il ou non son pouvoir, ou sa transformation ?

    La jeune femme hésita un long moment, puis finit par se décider. Elle reprit forme humaine, afin de montrer que ce n'était pas un basique animal, et qu'elle était aussi mutante, ou différente. Elle espéra très fort qu'il contrôle la bête, et au pire, elle avait la meute avec elle, et pouvait reprendre forme animal à une vitesse hallucinante avec l'entrainement. Et puis elle n'était pas seule. Elle savait que c'était extrêmement dangereux, elle n'était qu'à deux ou trois bonds du monstre avant sa mort. Elle montra la paume de ses mains en signe de paix. Puis prit la parole, d'une voix très calme et posée.


    « Qui êtes-vous ? Un mutant ? Un loup-garou ? Vous êtes sur le territoire des loups, d'où venez-vous ? Je ne veux en aucun cas vous faire du mal, et je ne voudrais pas qu'un des loups soit blessé ou tué. »

    La jeune mutante attendit un mouvement, retenant sa respiration, prête à réagir, que ce soit se transformer en vitesse pour fuir, ou pour attaquer. Même si elle doutais pouvoir faire le poids face à cet animal, que ce soit pour la course, ou pour le combat. Elle ne se laissera pas faire, même si elle doit se faire massacré, elle aura au moins le mérite d'avoir lutté jusqu'à sa mort. Elle se surprit à réfléchir à la matière de sa dague. Il y avait des chance pour qu'elle soit en argent. Et si la légende sur les loups-garous disaient vrai ? Et d'ailleurs, d'où vient cette légende ? Mutant, ou loup-garou réel ? Dans la deuxième hypothèse, elle se demanda ce qu'elle pourrait bien devenir après une morsure de ce monstre...

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Chasse, Chair et Sang [PV Abby]  Vide
MessageSujet: Re: Chasse, Chair et Sang [PV Abby] Chasse, Chair et Sang [PV Abby]  EmptyVen 29 Oct - 1:12

Mon Loup se délecta du cerf presque en entier et j’espérai que cette proie lui suffirait pour la nuit, même si j’en doutais. Je sentais encore sa soif de sang dans ma gorge, sa faim dans mon estomac et son désir de chasser dans mes muscles puissants. Soudain, d’autres effluves animales me parvinrent puissamment et je fus étonné de ne pas les avoir remarqués auparavant. Une meute de loups se trouvait tout près. Mon Loup avait tellement été concentré sur sa proie qu’il ne les avait pas vu et encore moins sentis. Même chose pour moi, par la même occasion. Mais je les voyais et les sentait, maintenant, qui se rassemblaient pour me faire face. Onze odeurs différentes, onze loups au total, menés par trois bêtes un peu plus imposantes, les alphas de la meute à coup sûr. Et l’odeur de femme et de loup venait du loup, ou plutôt de la louve, qui venait en premier. La peur, l’inquiétude et un brin de curiosité aussi, enveloppait les loups. Ils ne comprenaient pas ce que j’étais. Normal, me direz-vous ? Oui, j’en conviens. On ne croise pas tous les jours une créature telle que moi, fort heureusement pour toutes les créatures vivantes de la Terre. Je compris aussi que je venais de leur voler leur repas, sans même m’en rendre compte.

La louve, mince mais musclée, effrayante dans son genre, mais pas à mes yeux de super prédateur, s’avança courageusement. Son pelage noir se camouflait parmi les ombres, comme le mien le faisait aussi, et ses yeux jaunes brillaient dans la nuit. Mon regard, lui, sombre lorsque j’étais humain, devenait d’un vert frappant lorsque j’étais transformé. Mon Loup et moi scrutâmes attentivement chaque mouvement des loups. Le chef de meute était sans conteste, à mes yeux de loup et d’humain, le grand loup blanc juste derrière la mince louve noire. Plus gros, plus puissant, me scrutant de ses yeux bleus, aux aguets. La femelle d’un gris argenté qui se trouvait à ses côtés était la femelle alpha du groupe. Dans ce cas, qui était celle qui se dressait en protectrice, devant tous les autres ? Et pourquoi sentait-elle l’humaine ? Des questions dont la réponse, au vu de l’époque dans laquelle nous vivons, est évidente. C’était une mutante. Et une métamorphe. Avais-je raison ? Probablement.

Mon Loup reprit un peu le dessus et me força à me ramena à la situation présente. Je me ramassai au-dessus de ma proie contre ma volonté propre, et un grondement sourd et menaçant monta de ma gorge. Ma proie ! Mon repas ! Je me forçai à secouer ma grosse tête de loup et grognai une nouvelle fois, d’énervement à l’égard de mon alter ego cette fois. Il ne manquerait plus que je fasse un massacre dans la population locale ! Ce sale petit enfoiré avec qui je partageais ma vie aurait dû, et cela depuis longtemps, comprendre que je ne le laisserais jamais faire un autre massacre comme celui qui m’avait sauvé la vie longtemps auparavant. Cette fois-là avait été une question de vie ou de mort. Depuis, je le laissais se sustenter sur des animaux à chaque pleine lune, mais jamais plus de quelques uns. Vorace, mon Loup désirait toujours plus et chaque fois, je devais le forcer à m’écouter et à accepter mes décisions. Une fois n’est pas coutume, il voulait manger, tuer et se nourrir encore. Et encore. Et encore…

En plein combat mental contre moi-même, je vis la louve noire me détailler de la pointe des oreilles à mes pattes griffues et je pouvais deviner les questions qui se bousculaient dans sa tête. Expérience ? Loup-garou tout droit sorti des mythes ? Mutant ? Oui, non, peut-être un peu des trois. Du loup-garou, j’avais toutes les forces, mais aussi la faiblesse via la lune et l’horreur de l’argent, mais je n’étais pas qu’une bête dénuée d’esprit. La majorité du temps, en tout cas. Mon regard dériva au-dessus des arbres jusqu’à la lune, pleine et belle, qui forçait mon corps à se transformer contre mon gré une fois par mois. Si j’avais un moyen de la détruire, je le ferais, croyez-moi. Ça m’enlèverais nombres de problèmes, à commencer par ma faiblesse lors de la pleine lune – enfin, ce que moi je considérais comme une faiblesse – et peut-être même ma peur et ma haine de l’argent, métal lunaire. Vraiment ?

Lorsque mon regard retourna aux loups, je mis un moment à comprendre ce que je voyais, même après mes réflexions précédentes, et mon Loup grogna par ma bouche de surprise. La louve noire et effilée avait disparue pour laisser place à une jeune femme à l’allure… particulière, oui. Pâle et maigre, bien que jolie, elle portait un pantalon noir, une ceinture de cuir et des bottes. Je sentis aussitôt l’odeur de métal qui venait d’une de ses bottes et sut qu’elle cachait une dague là, en bas. Pas d’odeur d’argent, par contre, ce qui faisait mon affaire. L’argent est l’une des rares choses que je hais par-dessus tout ; cela s’explique parce que c’est l’unique chose qui empêche ma régénération et que sa morsure fait un mal de chien ! Excusez le mauvais jeu de mots. Sa tenue était complétée par un pull en laine, noir lui aussi, et des bijoux gothiques. Elle avait une peau pâle, des cheveux aussi sombres que son pelage l’état, coiffés en deux couettes qui lui allaient bien. Elle avait des yeux verts, froids et où brûlait une flamme protectrice. Oh, ainsi elle se voyait en protectrice des loups. Sa nouvelle apparence était une surprise, mais elle n’effrayait toujours pas mon Loup, ni moi. Entre nous, comment effrayer un truc qui n’a peur que d’une chose ? Surtout une créature taillée comme un joueur de football dopé aux stéroïdes et armée de griffes et de dents capables de trancher à peu près n’importe quoi. Elle était tellement faible, vulnérable… De la chair et du sang… Mon Loup grogna et se ramassa sur lui-même, prêt à lui sauter dessus et en faire son repas, tandis que je rentrai les griffes de mes quatre pattes dans le sol, effort en vérité peu utile pour empêcher mon corps de bouger, mais qui me ramena moi, Dresden, à la surface. Oui, vraiment, les émotions de mon Loup lors de la pleine lune étaient dangereusement envahissantes. Trop à mon goût.

La jeune femme, parce que c’en était une, à peine un peu plus de vingt ans, leva les mains en l’air en signe de paix. Ce simple geste, d’une simplicité enfantine, calma mon Loup, sans que je sache vraiment pourquoi. Un instant il était prêt à lui arracher la gorge et à la manger – bien qu’il n’y ait pas énormément de viande sur son corps mince – et l’instant suivant, il était calme et m’abandonnait totalement le contrôle. La jeune femme parla calmement.

« Qui êtes-vous ? Un mutant ? Un loup-garou ? Vous êtes sur le territoire des loups, d'où venez-vous ? Je ne veux en aucun cas vous faire du mal, et je ne voudrais pas qu'un des loups soit blessé ou tué. »

Elle se figea et j’entendis sa respiration s’accélérer. Son cœur battait la chamade, comme celui de tous les loups présents, excepté celui du loup blanc, qui semblait plus calme. Ils me jaugeaient tous comme s’ils mesuraient leurs chances de me vaincre. Nulles, mais ils ne pouvaient savoir que je me régénérais à vitesse grand V, ni qu’il me suffirait d’un geste pour les couper en deux d’un coup de griffe. Même avec l’appui de la meute, la fille n’aurait aucune chance et sa dague ne me causerait aucun dommage irréparable. Bref, j’étais en situation de pouvoir et mon Loup s’en délectait. À preuve, je me passai la langue sur les babines sans pouvoir rien y faire et montrai ensuite les crocs en une parodie de sourire. Réflexes instinctifs, il faut croire.

Mon Loup et moi nous dressâmes de toute notre hauteur, soit près de trois mètres de haut. Un loup sur deux pattes, avez-vous déjà vu cela ? Dans des films d’horreur ou d’action concernant des loups-garous, certainement, mais en vrai ? Non, bien sûr : je suis unique. Disons juste que ce que je projette flanquerait la trouille à quiconque. L’espèce de sourire plein de dents que j’arborais disparu et mon visage de loup reprit une expression neutre. Aussi neutre que je pouvais l’être, mais néanmoins menaçante, mais je ne pouvais rien y faire. Le sang de cerf sur mon museau et ma poitrine avait collé mes poils et je m’ébrouais tel un chien gigantesque, projetant des gouttelettes de sang à la ronde. Puis j’enjambai ce qui restait de ma proie et fit quelques pas vers la fille, debout sur mes deux pattes. Boum-boum-boum. Elle semblait minuscule près de moi. Je laissai filtrer une odeur de sang, de calme et de force. Elle écarquilla les yeux en me voyant si énorme face à elle, mais elle ne recula pas. Elle avait du courage à revendre, c’était certain. Mon Loup approuva en moi en poussant un jappement grave et sonore qui se voulait amical, même je n’étais pas certain que ce serait décodé comme tel. Il faut dire que mes crocs étaient longs et acérés ; cela se voyait même à l’œil nu.

Toujours est-il que la jeune femme ne recula pas et que je fus bientôt près d’elle, la surplombant de toute ma hauteur. Elle était crispée, prête à agir, à m’attaquer ou à fuir, peut-être les deux. Je plongeai mes yeux luisants dans les siens. Vert clair dans vert luisant. Duel de regards ? Oui, nous nous jaugions mutuellement, d’une certaine façon. Mon Loup sembla approuver ce qu’il voyait, puisqu’il me força à baisser la tête rapidement et à mettre un coup de langue sur la joue de la fille, y laissant une coulée de bave. Elle n’eut même pas le temps de bouger. Bon, mon Loup était content de la rencontrer, ce qui était bon signe. Je savais, contrairement à eux, qu’il suffisait que moi ou mon Loup nous fâchions pour que la situation dégénère radicalement. Pour être franc, je n’avais pas porté attention aux loups jusqu’à présent et notai qu’ils grognaient. Oui, ils ne devaient pas apprécier qu’une créature comme moi, si énorme et dangereuse, soit si prêt de leur amie, de leur protectrice. Je les comprenais, mais ils n’avaient pas intérêt à m’attaquer, sans quoi je perdrais tout contrôle. Contrôle qui était déjà assez précaire comme ça !

Je forçai la métamorphose à s’inverser et parvint à redevenir en partie humain. Ma forme glabro était ce que je pouvais faire de mieux en cette nuit de pleine lune. J’avais apparence humaine, mais j’étais plus petit – peut-être deux mètres de haut maintenant, ou un peu plus – que ma forme de crinos, mais j’avais toujours des muscles saillants et puissants. Mon corps était encore recouvert de poils assez longs, qui cachait mon entrejambe. Mes dents et mes ongles étaient toujours pointus, mais beaucoup moins impressionnants que sous ma forme de crinos. J’avais pourtant toujours l’air d’une redoutable créature, d’un prédateur mortel. Sous cette forme, mon Loup aurait moins d’influence – même si je savais qu’il se vengerait à sa façon plus tard – mais mon comportement resterait bestial, je le savais mieux que quiconque. Je savais aussi que mes dents m’empêcheraient de parler parfaitement, mais au moins parviendrais-je à me faire comprendre. Je l’espérais, en tout cas. Mes yeux, eux, restaient d’un vert surnaturel même sous cette forme.

- Moi mutant, parvins-je à formuler. Pas votre ennemi, vient loin…

Je grognais, irrité de ma difficulté à m’exprimer. Mon Loup hurlait dans ma tête, encore plus avide de sortir alors que je l’avais en partie seulement limité. Les nuits de pleine lune, il était plus puissant à mesure que la nuit avançait et je finissais toujours par perdre le combat. J’espérais juste être capable de le maîtriser assez longtemps ou, à défaut, qu’il voit les loups et la fille comme ses semblables. Comme des alliés et non comme des proies. Cela était déjà arrivé par le passé, lorsque j’avais passé de nombreuses années sous forme de loup. Dans ce cas là, il les considérerait comme sa meute et les protégerait et chasserait pour eux, avec eux.

- Toi pas pouvoir faire mal à moi, marmonnai-je encore entre mes crocs. Moi pas vouloir blesser loups non plus. Moi voler proie. Manger, faim. Loups vouloir chasser ?

Je ne savais pas ce qu’elle répondrait à cela, ni ce que les loups choisiraient, mais parler sous cette forme me faisait mal à la gueule. Quant aux loups, s’ils faisaient l’erreur de m’attaquer, je savais qu’il en résulterait un nouveau massacre. Si au contraire ils acceptaient de chasser avec moi, je leur débusquerais rapidement de nouvelles proies. Et je savais que mon Loup se calmerait avec une nouvelle chasse. Loup et mutant, qui aurait cru cela ? Moi, je le croyais maintenant.

- Moi être Dresden, ajoutai-je après un moment de silence.

La politesse était de mise, même sous cette forme. Je sentis mon Loup revenir en force et je redevins énorme et poilu sans pouvoir rien y faire. Je m’ébrouais – nous nous ébrouâmes – en poussant un grognement de joie, heureux d’être en forêt. Mon regard retomba sur la fille et les loups, scrutateurs. Je savais, contrairement à elle, que de ses réponses dépendaient sa vie et celle des membres de sa meute. Mon Loup n’accepterait jamais un refus et je ne savais pas si je serais capable de le retenir encore bien longtemps…


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MessageSujet: Re: Chasse, Chair et Sang [PV Abby] Chasse, Chair et Sang [PV Abby]  EmptyMar 2 Nov - 21:25

    Une fois que l'énorme animal mi-loup mi-humain eut repéré la meute à l'affut, un long silence s'ensuivit. Les deux parties se dévisageaient, se détaillaient, se jugeaient. Le monstre observait chaque loup, insistant sur les deux alpha et la mutante, comme s'il avait déjà repéré les plus importants de cette organisation. Abby s'était avancée pour bien lui montrer qu'il aurait affaire à elle d'abord. Il était immense, il faisait bien quatre fois la taille de la grande louve, et deux fois celle de la mutante sous forme humaine. Et elle ne voulait même pas imaginer son poids tout en muscle. Ses yeux d'un vert épatant la fixait, mais elle ne saurait dire si c'était pour mieux la bouffer, ou juste pour l'observer en tout objectivité. Il avait lui aussi un long pelage sombre, de grandes oreilles pointues, et de longs crocs acérés tachés de sang. Elle sentait les loups se poser des questions, et attendre une réaction de la créature, pas rassurés du tout qu'Abby soit aux premières loges.

    La louve d'un noir de jais sursauta lorsque la créature grogna, un bruit sourd et grave qui venait du fond de sa gorge. Elle se figea et attendit. La louve avait baissé légèrement la tête pour lui montrer qu'elle ne comptait pas lui piquer son repas. Elle sentait bien que le monstre réagissait comme un loup, ce qui facilitait les choses pour la jeune femme qui comprenait parfaitement leur langage et savait comment réagir. Le deuxième grognement avait changé, le premier était un avertissement, le second d'agacement. La louve toujours immobile ne cessait de le dévisager. Les questions fusaient, sans réponse. La jeune femme attendait le moindre signe de calme pour prendre sa forme initiale. Le regard jaune et transperçant suivit celui de la créature noire, puis se posa sur la lune. Grand cercle lumineux au dessus des arbres, parmi le millier d'étoiles brillantes. C'était bien la pleine lune ce soir là. Il lui indiquait d'un regard que mutant ou non, c'était bien une sorte de loup-garou. Peut-être pas le même genre que ceux des mythes, mais il se contrôlait surement moins à la pleine lune.

    La jeune louve avait profité de ce moment d'inattention pour laisser sa place à la jeune et belle femme gothique, surement bien plus mince et fragile que la louve, vulnérable même. Mais elle prenait le risque. Tous ses muscles se bandèrent quand un nouveau grognement retenti, de surprise cette fois, ce qui permit à la jeune femme de se contrôler et de rester sur place. Elle n'était pas rassurée, mais n'avait pas peur pour autant. Elle essayait de garder son calme, dans le silence profond et en attente de la forêt dans la nuit fraiche. C'était un silence de plomb qui régnait sous le couvert des arbres, pendant que la créature détaillait la nouvelle apparence de la louve qui était face à lui quelques instants plus tôt. Ses deux faibles poings se serrèrent quand elle vit le grand loup se tenir prêt à bondir et à attaquer. Ce n'était qu'une question de secondes. Elle aurait à peine le temps de réagir pour changer de forme s'il décidait de bondir. Ses yeux verts habituellement avaient même reprit la teinte jaune de la louve. Mais quelque chose l'interpela.

    Le grand loup semblait en combat intérieur, contre lui-même. Ce qui poussa la jeune femme à attendre avant de réagir. D'un clignement de paupières, ses pupilles reprirent leur couleur habituelle. La jeune femme leva les mains en signe de paix, pour tenter d'apaiser la créature et son habitant. Et c'est à sa plus grande surprise qu'elle sentit que l'effet escompté se produisit. Le grand loup se calma, et un soupir s'échappa des lèvre fines d'Abby. Elle se détendit elle aussi, bien qu'encore sur les nerfs, toujours prête à agir en cas de revirement de situation brutal. Elle profita de cet instant pour prendre la parole, d'un voix la plus calme, posée et détendue possible. Abby attendait une réponse, une réaction. Le temps semblait passer bien plus lentement, dans la tension entre les deux 'clans'. Elle sentait les loups s'agiter derrière elle. Ils n'avaient pas apprécié les grognements et l'envie d'attaquer du prédateur. Et n'étaient vraiment pas à l'aise face à ce loup qui se sentait en position de pouvoir, avec cet ai supérieur, et encore moins cette manie de se passer la langue su les babines pour mieux montrer ses longs crocs impressionnants.

    Quand il se redressa de toute sa hauteur, la jeune femme recula d'un mini pas pour mieux lever la tête et continuer de le fixer. Il faisait quasiment le double de la taille de la jeune femme pourtant déjà grande. Elle avait l'impression de se retrouver dans un de ces films d'horreur avec vampires et loup-garous que son frère l'obligeait à regarder quand elle était petite. Elle avait beau y avoir prit goût, ça n'avait pas le même charme en réel et sans trucage. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, mal à l'aise, mais beaucoup moins effrayée que quand il avait voulu lui sauter à la gorge. Enfin, façon de parler, car pour que ses dents mordent sa gorge, il devait croquer la tête et les épaules avec... Il s'ébroua et quelques gouttes de sangs vinrent tâcher son top, les loups derrière elle claquèrent des dents et grognèrent, sans cesser de gigoter. Abby ne pu s'empêcher de se crisper quand la créature s'avança sur ses deux pattes arrière, et une fois devant elle, elle dut se tordre le cou pour continuer de le regarder droit dans les yeux, sans ciller, sans bouger. Un jappement retentit, et les loups ne savaient plus où se mettre et comment réagir. Il ne semblait pas menaçant, mais il y avait de quoi se méfier tout de même.

    La mutante ne détournait pas le regard, attendant silencieusement ce qui allait se passer. Une chose était sûre, elle avait attiré l'attention du loup sur elle. Les yeux verts pétant de la créature était surprenants. A la fois animal et d'une intelligence humaine. Une couleur qu'elle ne verrait jamais chez un humain, ni chez un animal. Sans pour autant se détendre, elle restait sur ses garde et aux aguets, comme elle en avait l'habitude après tout. Elle savait pertinemment qu'elle n'avait aucune chance contre lui. Mais elle n'abandonnerait pas si facilement. Mais ce qui se passa ensuite la surprit autant que la prit au dépourvu. Le loup baissa la tête sans lui laisser le temps de voir venir. Mais au lui de lui arracher la tête, il lui donna un gros coup de langue sur la joue. Sa langue était si grande qu'elle fut vite débarbouillée et trempée de bave. Elle ne pu retenir un bref sourire, et s'essuya rapidement sur sa manche, sans pour autant se détendre. Ça se passait bien jusqu'à présent, mais ca restait un animal imprévisible, du moins c'était ce qu'elle craignait. Un rien pouvait tout changer et aggraver la situation en si bonne voie.

    Le loup regarda un instant derrière moi. Elle n'eut pas besoin de suivre son regard pour comprendre ce qui le dérangeait. La jeune femme fit quelque chose qui ne lui ressemblait pas, quelque chose qu'elle avait apprit à éviter dans ce genre de situation. Elle détourna son regard du loup pour tourner la tête et quitta ainsi la créature des yeux. D'un simple geste et regard, elle demanda aux loups de se taire et de se calmer, leur indiquant que la situation était entre ses mains, enfin du moins elle leur faisait croire. Ils réagiraient bien assez vite en cas de dérapage sans avoir besoin de grogner et bouger sans cesse. Ils s'exécutèrent à contre cœur, ce qui ramena le silence assourdissant dans la forêt.

    Abby observa silencieusement la créature changer de forme. Sans pour autant redevenir humaine, c'était une forme qui semblait intermédiaire. Les poils se faisaient plus rares, d'une taille plus petite sans pour autant être normale, un visage plus humanoïde sans pour autant se débarrasser de ses crocs et griffes. Il était tout de même ainsi moins menaçant, pas moins dangereux, certes, mais moins impressionnant. Les loups s'étaient tous figés, abasourdis devant ce changement. La mutante gardait le silence, attendant que la créature parle. Ses yeux verts toujours aussi surprenants la fixait. Puis sa voix grave et rauque retentit dans le calme de la nuit. Il parlait difficilement, mais au moins, il parlait.


    « Moi mutant. Pas votre ennemi,vient loin... »

    C'était basique, mis au moins on comprenait, et s'était le principal. Elle avait donc raison sur un point, c'était un mutant. Et pour expliquer le fait qu'ils ne l'avaient jamais vu dans le coin, ni sentit, il ajouta qu'il venait de loin. Mais elle ne savait pas qu'il comptait rester là longtemps. Le monstre semblait de plus en plus agité, comme si garder son calme était un combat acharné contre lui-même. Un grognement irrité approuva ses pensées. Elle attendait qu'il finisse de parler, pour ne pas trop le brusquer ou perdre du temps et de risquer une perte de contrôle fatale. Il assurait ne pas être leur ennemi, mais il y avait de quoi s'inquiéter. Sauf s'ils se considéraient bien tous comme des loups entre eux. Il continua de parler, et elle l'écouta patiemment.

    « Toi pas pouvoir faire mal à moi. Moi pas vouloir blesser loups non plus. Moi voler proie. Manger, faim. Loups vouloir chasser ? »

    Il assura qu'on ne pouvait pas le blesser, ce qui confirmait aussi ses pensées. Il était bien trop imposant et puissant, même sous cette forme, et elle craignait qu'il soit comme les loup-garous des films, impossible de le blesser sans argent... Elle chassa ces pensées et espéra qu'il disait vrai quand il assura ne pas vouloir les blesser. Il s'était même rendu compte qu'ils avaient chassés la même proie, et il s'en excusait si elle comprenait bien. Abby ne fut pas bien sûre de comprendre la suite. Il leur proposer de chasser avec lui ?! Abby écarquilla les yeux. Elle avait peur qu'une chasse avec une créature pareille se finisse mal... Mais comment refuser ? Elle n'eut pas le temps de répondre que l'animal reprit une nouvelle fois la parole.

    « Moi être Dresden. »

    A peine s'était-il présenté qu'il ne pu retenir sa forme la plus impressionnante de revenir en force. Abby tourna sept fois sa langue dans sa bouche, puis prit la parole à son tour. Elle avait un peu peur de la réaction du monstre et ne pouvait en aucun cas décliné l'invitation. Elle ne savait pas non plus comment allait réagir la meute. Elle pria pour qu'il était conscient de ce qu'il proposait et que ce n'était pas la première fois.

    « Enchantée Dresden. Je suis Abby, et je partage ma vie avec cette meute. Tu l'as compris je suis moi aussi mutante. Nous serions enchantée de partager une chasse avec toi, mais souviens-toi que nous sommes surement moins rapide que toi et plus vite épuisés à mon avis. »

    Après avoir répondu, sans même consulter les loups, question de vie ou de mort, elle l'avait bien comprit, elle reprit sa forme fétiche de grande louve au pelage noir d'ébène. Elle se retourna et expliqua brièvement la situation aux loups. Certains réagir avec joie et excitation, d'autres avec méfiance et peur. Leader et sa compagne approuvèrent et remercièrent Abby. Puis ils se préparèrent à chasser, jappement et grognement montèrent dans les rangs, signe de l'avidité et de la faim de chacun. La mutante claqua des mâchoires, puis retourna auprès de Dresden, pour lui indiquer d'un regard qu'ils étaient tous partants et prêts à partir. Les loups derrière elle se rapprochèrent. Abby restait à côté de la créature, les deux autres alpha les suivirent de près, et les huit autres chasseurs prirent leur distance derrière, prêts à partir sur les côtés pour encercler la proie comme ils le faisaient habituellement, même si Abby ne savait pas ce qu'avait prévu Dresden dans la manière de mener la chasse. Il n'avait en aucun cas besoin d'eux pour tuer, il l'avait bien prouvé. Ce sera surement la chasse la plus excitante et dangereuse qu'elle aura jamais partagé.

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MessageSujet: Re: Chasse, Chair et Sang [PV Abby] Chasse, Chair et Sang [PV Abby]  EmptyLun 15 Nov - 2:19

La jeune femme sembla réellement surprise par ma demande, ce que je pouvais comprendre. Chasser avec un monstre de plus de deux mètres de haut ? Pas commun. Pas commun du tout. Une occasion unique qui ne se représenterait probablement jamais. Les yeux verts de la jeune femme s’écarquillèrent de surprise – si j’avais été humain, que la drague ait été mon genre et si elle nétait pas si jeune, je lui aurais probablement lancé une réplique du genre [ MISSION ] « T'as d'beaux yeux tu sais » [ MISSION ], mais c’était juste pas mon genre. Elle était jolie, par contre. Une odeur de crainte s’éleva d’elle, ce que je pouvais comprendre aussi. Elle craignait pour elle et pour sa meute, dont elle semblait être la protectrice attitrée. Intéressant comme alliance, mais absolument pas nouveau pour moi. Durant les nombreuses années que j’ai passées sous forme animale, il m’était arrivé à plusieurs reprises de m’allier avec des meutes de loups, où j’avais joué un rôle similaire à celui qu’elle jouait. Cela m’en apprenait sur la métamorphe également, à savoir qu’elle devait avoir un gros problème sur les bras pour vivre ainsi avec des loups, même si une partie d’elle était louve. Était-elle une mutante recherchée par les autorités ? Possible, oui, mais ça ne changeait rien pour moi. Après tout, j’étais moi-même un reclus.

« Enchantée Dresden. Je suis Abby, et je partage ma vie avec cette meute. Tu l'as compris je suis moi aussi mutante. Nous serions enchantée de partager une chasse avec toi, mais souviens-toi que nous sommes surement moins rapide que toi et plus vite épuisés à mon avis. »

Elle acceptait donc mon offre, ce qui était aussi bien. Elle devait avoir compris que je n’étais pas totalement en contrôle sur ma transformation et qu’un refus aurait eu des conséquences désastreuses pour tout le monde. Principalement pour sa meute et elle, en fait, car même en m’attaquant tous ensemble, j’étais plus puissant qu’eux et je n’aurais aucun mal à faire un massacre. Oui, les massacres, ça me connaissait. Un grognement approbateur monta de ma gorge et je ne savais pas si cela venait de moi ou de mon Loup. Dans un cas comme dans l’autre, ça signifiait que la meute avait gagné un répit, ce qui me convenait et leur conviendrait également. La jeune femme reprit alors sa forme de louve, au pelage aussi sombre que le mien et à force de jappements et de grognements, elle expliqua la situation aux loups. C’était là un point que je trouvais décevant concernant mon pouvoir ; j’avais beau avoir tout d’un loup, si on mettait de côté ma taille phénoménale, je ne comprenais que dalle à leur langage. La meute réagit différemment, certains des loups montrant presque aussitôt des signes d’excitation, tandis que d’autres exhalaient la méfiance et la peur. Le grand loup blanc et sa compagne, les alphas, sentaient le soulagement. Ils avaient craints que tout cela ne finisse mal.

L’excitation de la chasse finit par gagner toute la meute et tous montrèrent des signes évidents d’avidité. La faim de chacun était perceptible. Mon Loup et moi avons souris d’unisson, heureux d’être entourés de nos semblables, façon de parler. Cela ramenait à notre esprit des souvenirs anciens, agréables pour la plupart. La métamorphe claqua des mâchoires pour signifier qu’ils étaient prêts et nous échangeâmes un regard lourd de sens comme elle se rapprochait de moi. Elle se plaça prêt de moi et les alphas juste derrière, le reste de la meute un peu en retrait, derrière. La tactique habituelle des loups, je le savais parfaitement, consistait à encercler la proie pour la mettre aux abois, ce qui la rendait vulnérable. Je percevais l’inquiétude de la mutante à mes côtés et je pouvais facilement en deviner la source. Elle se demandait ce que j’avais prévu, car elle savait que j’étais beaucoup plus rapide que les loups et qu’elle. Ne l’avait-elle pas dit peu de temps auparavant ? Si nous faisions la course, ils seraient morts de fatigue que j’aurais encore de l’énergie à revendre. C’était ainsi et lorsque j’avais fait partie d’une meute, je m’étais adapté. Mais avant la chasse, il y avait quelque chose que je devais faire.

Lentement, pour ne pas créer la crainte ou inciter les loups à m’attaquer, ce qui mènerait à leur ruine pure et simple, je contournais la jeune femme louve et me postai face à l’alpha blanc et sa compagne et me couchai au sol, la tête haute, ce qui me mettait presque à leur hauteur, et tournai la tête, leur offrant ma gorge en offrande. C’était, chez les loups, une marque de respect pour le chef de meute et en m’exposant ainsi – non pas qu’il m’aurait tué en m’arrachant une portion de la gorge, je guérissais beaucoup trop vite pour me vider de mon sang – je montrai que je ne briguais tout simplement pas sa position. Il sembla comprendre car il avança de quelques pas et ses mâchoires se refermèrent sur moi, même s’il ne pouvait pas entièrement entourer mon cou massif. Il me mordilla la peau puis laissa sa compagne faire de même. Mon Loup grommela en moi, ce qui se traduisit par une sorte de grondement profond venant de ma gorge, et je me relevai ensuite et mordillai à mon tour les cous de l’alpha et de sa compagne, l’un après l’autre. Je sentais la tension qui habitait la meute qui m’entourait et la crainte de la jeune mutante derrière moi, qui craignait pour sa famille, pendant cette cérémonie étrange. Après tout, le cou entier de l’alpha et de sa compagne disparurent dans ma gueule lorsque ce fut mon tour et je n’aurai eu qu’à fermer les mâchoires pour les tuer net. Mais je ne fis rien de tel, bien entendu, et tout se déroula pour le mieux. Je leur avais simplement démontré que je respectais leur statut dans la meute en m’exposant ainsi et que j’étais un être à part d’eux, un peu comme Abby l’était. Non pas supérieur ni inférieur, mais un égal. Un jappement puissant de ma part et toute la meute s’élança, Abby et moi en tête.

Évidemment, je devais réfréner ma vitesse énormément, car ils ne pourraient jamais soutenir mon rythme. Je galopai donc à leurs côtés, de mon trot si particulier, dû au fait que je pouvais autant courir à quatre pattes que courir sur deux comme lorsque je suis sous ma forme intermédiaire ou humain. Malgré ma taille, j’étais aussi silencieux que les loups qui m’entouraient, même si pour eux, je devais faire un bruit digne d’un éléphant. Je comptais courir avec eux un moment avant d’utiliser ma technique habituelle de chasse en meute, alors j’en profitai pour observer à la dérobée la mutante qui m’accompagnait. C’était une surprise pour moi de découvrir une mutante avec un pouvoir si semblable au mien, surtout vivant non loin de la ville. Elle était très courageuse, en tout cas, c’était certain. Pour soutenir mon regard comme elle l’avait fait et surtout maintenir sa position sans reculer lorsque je m’étais avancé sur elle dressé sur mes pattes arrières. Elle savait ne pas avoir la moindre chance contre moi si je décidais de l’attaquer mais elle avait tenu bon quand même. Ça forçait mon respect et mon Loup était d’accord, raison pour laquelle il lui avait mis un coup de langue joueur. Par contre, je me questionnai sur elle, me demandant qui elle était vraiment, d’où elle venait et pourquoi elle vivait avec les loups. Comment je savais cela ? Aucune odeur humaine, autre que la sienne, ne s’accrochait à elle, ce qui signifiait qu’elle ne vivait pas près des humains. J’allais probablement revenir en forêt un autre jour, lorsque mon Loup serait moins capricieux et la lune moins pleine, pour parler avec elle. J’avais envie de mieux la connaître et mon Loup aussi.

Pas en cet instant cependant, oh non. Mon Loup me rappela un peu brutalement le désir simple qui était le sien en ce moment. La chasse, le désir de planter ses crocs dans la chair tendre d’une proie, de goûter sa viande et son sang, de sentir son affolement. Un nouveau grondement sourd s’échappa de ma gorge et mes babines se retroussèrent, dévoilant deux rangées de crocs tranchants et affûtés comme des rasoirs. Mon corps passa en mode chasseur et mes foulées s’allongèrent un peu, si bien que je distançai la meute en quelques bonds puissants. Mes sens hyper développés se mirent à la recherche d’une proie, scrutant la forêt en face de moi sur des kilomètres sans que j’en ai réellement conscience.

Une panoplie d’odeurs m’assailli ; des lapins sur ma droite, de petits rongeurs dans les arbres droit devant, l’odeur puissante d’un ours contre un arbre, datant de quelques jours, et la piste de cervidés. Les instincts de mon Loup prirent le dessus sur ma raison humaine et le prédateur reprit ses droits. Je laissai mon Loup mener la danse, sans pour autant lui laisser le total contrôle de mon corps. Mes foulées se firent plus longues et les loups disparurent derrière moi. J’entendis un bref jappement derrière moi, mais je n’y répondis pas, tout à la traque de mon gibier. Le museau presque collé au sol, je suivis la piste avec avidité.

Quelques minutes plus tard, ou peut-être moins, je n’en savais rien, l’odeur se fit plus puissante et je sus que je touchai au but. Des cerfs à nouveau, et une odeur que je reconnus aussitôt. Mon museau s’étira sur ce qui se voulait un sourire. Le hasard m’avait conduit droit sur le groupe du cerf dont je m’étais nourri plus tôt. Ma vitesse se réduisit rapidement et j’adoptai un pas lent, prudent, le corps quasiment collé au sol, la discrétion incarnée. J’avais le vent en face, heureusement pour moi, car mon odeur aurait fait fuir les bêtes depuis longtemps sans cela. Les rescapés de mon attaque précédente broutaient dans une petite clairière éclairée par la lune. Je les scrutai un moment, immobile à l’orée du bois, puis rampai pour faire le tour de la clairière. Lorsque le vent emmena mon odeur jusqu’aux cervidés, ils paniquèrent, s’égaillant dans tous les sens. [ MISSION ] « Nous sommes vos amis ! Ne fuyez pas ! » [ MISSION ] que j’avais envie de leur crier. On veut juste vous bouffer, ça fera même pas mal ! Bien entendu, c’est un hurlement terrifiant qui sortit de ma gueule et les bêtes devinrent encore plus folles de terreur. Et quelque part au loin, quelqu’un devait se dire [ MISSION ] « c'est... c'est un dinosaure… » [ MISSION ] ou un truc du genre vu le hurlement que je venais de beugler. Bah non, ducon, juste Dresden Clemens, un mutant pas comme les autres.

La femelle la plus dodue attira mon œil et c’est sur elle que je me suis dirigé, griffes et crocs à découvert. Elle resta figée l’espace d’un battement de cœur puis détala comme un lièvre. Les loups ne pouvaient suivre un tel rythme longtemps, mais j’étais loin d’être un loup comme les autres. Mon Loup s’excita à l’idée de la traque et je dû réfréner ses ardeurs, lui rappelant que cette proie-ci était pour la meute. En quelques foulées, je l’avais rattrapée et tout en la dirigeant vers la meute, je claquais régulièrement des mâchoires derrière ma proie, frôlant ses pattes arrière, ce qui l’effrayait encore plus. Son cœur battait la chamade dans mes oreilles, une bave mousseuse apparaissait à ses babines. J’espérai juste que la meute se tenait prête pour l’abattage et que les loups ne croyaient pas que je les avais laissés en plan.

J’avais le vent dans le dos et les loups capteraient très certainement l’odeur de la proie et la mienne bien avant de nous voir. Dans le cas contraire, mon Loup aurait droit à un second repas, ce qui, avec un peu de chance – et de sang – le calmerait définitivement. [ MISSION ] Jour faste pour les corbeaux. [ MISSION ] En effet, ces volatiles charognards auraient droit à deux carcasses cette nuit...


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