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Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le coeur... Feat Nemesis Byrne.

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Jaina D'Arcy

Jaina D'Arcy
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MessageSujet: Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le coeur... Feat Nemesis Byrne. Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le coeur... Feat Nemesis Byrne. EmptyVen 19 Nov - 21:21

Jaina était rentrée de la base comme à son habitude, ni trop tôt, ni trop tard. Rien ne changeait de ses habitudes, même démarche nonchalante, même regard distant, même clope roulée de la même façon entre ses lèvres. Elle avait mis ses mains dans les poches, avait coincé les dossiers en cours sous son bras et s'était pointée à la sortie.

Sven : - Bonsoir, agent D'Arcy.
Jaina : - Salut, Sven.

Elle avait posé son fusil d'assaut dans son casier, avait retiré son équipement méthodiquement. Mais chacun de ses gestes semblaient peser si lourd... Elle se fit violence. Personne ne devait lui poser de questions sur son état d'esprit. Il ne fallait que rien ne transparaisse. Son coeur battait vite. C'était ce soir ou jamais. Elle passa le badge sur le lecteur, prit un lourd sac de sport qu'elle hissa sur ses épaules et passa le portique sans le faire sonner. Elle descendit dans le sous-sol, ses pas résonnant dans la structure bétonnée. Elle était seule. Elle jeta le sac dans le coffre de la voiture, cette vieille Mustang qui datait des années 2000. Elle n'avait jamais su s'en séparer. Elle alluma sa cigarette d'un coup de Zippo, démarra. Elle s'enfonça dans le trafic. La nuit venait à peine de commencer.

Elle avait éteint son biper et son portable. Elle savait qu'elle était toujours traçable. Mais elle ne voulait pas qu'on la dérange. Elle avait son second portable sur les genoux. C"était celui qu'elle avait acheté pour ses conquêtes d'un soir. Mais elle explosait son forfait. Elle ne passait pourtant que quelques secondes avec ses conquêtes d'un soir, histoire de leur fixer un rendez-vous. Mais elle passait beaucoup plus de temps au téléphone avec Némesis. C'était dur pour elle de se l'avouer, surtout qu'elle connaissait les règles de leur relation : aucun attachement. C'était la politique de Jaina, au début. Enfin, ça l'était toujours... Croyait-elle. Bordel.

Elle freina brusquement, klaxonna furieusement. Il pouvait pas faire attention, cet abruti? Bon, okay, elle en était où? Ah oui, la relation qu'elle entretenait avec Némesis Byrne. Elles étaient parties sur la base du non-attachement. Et après tout, c'était une des politiques qui faisait de L'Ouragan, comme on s'obstinait encore à l'appeler dans les couloirs de la base, sa spécificité. Cela faisait des années qu'elle ne s'attachait plus. Et pourtant... Et pourtant il fallait avouer que quelque chose de spécial se passait en ce moment même dans le coeur de la jeune femme au regard pair. Elle n'osait pas vraiment dire qu'elle s'attachait... Enfin, leur relation arrivait pile poil au moment où elle trouvait une nouvelle voie. Où elle attendait un signe, quelque chose, pour la forcer à prendre du recul, se faire une raison. Mieux appréhender ce qui se passait. Nemesis était cette femme providence qui pouvait peut-être l'aider.

C'était justement à ce propos qu'elle lui avait laissé un message téléphonique. Elle n'avait rien laisser paraître dans son ton, juste un message tout banal, comme d'habitude (ce jour était celui de l'habitude), comme tout ceux qui lui permettait de fixer un rendez-vous avec elle. Quoiqu'un peu plus pressante, peut-être. Elle arriva chez elle, gara sa voiture mécaniquement, gravit l'escalier qui menait à son appartement.

Jaina : - Bonsoir, Inès.

Inès était une jeune étudiante française que Jaina avait rencontré dans un bar glauque, pendant une soirée de chasse. Elle l'avait désirée, animale. Mais elle avait aussi vu dans le regard pâle de la jeune femme cette étincelle de peur, tandis que les mâles lubriques caressaient de leur envie ses hanches étroites. Jaina avait alors fait un truc totalement inconsidéré. Elle avait pris son flingue, avait menacé les larbins du propriétaire de la boîte, et avait racheté la liberté d'Inès. Pourquoi ce soir, pourquoi elle plutôt que quelqu'un d'autre? Elle n'en savait fichtrement rien. C'était un de ces fameux hasards objectifs, une de ces contingences décisives dans la vie d'une personne. La jeune femme, éperdue, maladroite, avait cherché à la remercier en lui offrant la seule chose qu'elle possédait. Jaina avait refusé. Elle n'avait que faire de son argent, elle n'avait pas envie d'abuser de ce jeune corps. Elle avait été dégoûtée. Le seul service que Jaina avait demandé à la jeune femme était de reprendre les études et de s'occuper de temps à autres de Keryan. Elle entretenait la jeune fille, qui montrait des talents intéressants en matière de combat. Etait-elle un mutant? Jaina n'en avait aucune idée. Au final, elle s'en fichait. Inès n'était pas sa confidente. Juste quelqu'un qu'elle aidait. Elle n'était pas cet être de cynisme et de froideur qu'on décrivait souvent dans les endroits qu'elle fréquentait.

La jeune française la salua avec un sourire. Jaina lui avait fournie une arme. Elle saurait défendre son fils. Personne ne devait savoir où ils allaient. Elles échangèrent quelques mots. Inès prévoyait de passer la soirée au cinéma, puis de ramener Keryan passer la nuit dans un appartement que Jaina avait elle-même sécurisait. Elle sombrait dans la paranoïa, mais elle lui semblait nécessaire. Elle salua la jeune femme, embrassa son fils, émue, caressa ses cheveux. Son regard était toujours aussi douloureux à supporter...

Jaina : - Amuse-toi bien, Kay. Et tu m'envoies des textos, si elle t'embête.

Elle décocha un clin d'oeil à Inès. Tout était visiblement normal. Mais le temps passait horriblement lentement pour Jaina, comme une mélasse infâme qui emprisonnerait ses membres déjà gourds de fatigue. Elle regarda l'heure. Il était 20h20, elle avait demandé à Nemesis de la voir à 21h. Elle avait largement le temps.

Elle passa dans la douche, se débarrassa des effluves de sa journée de travail. Elle s'habilla d'une chemise affreusement chère et d'un costume masculin sombre, élégante, comme à son habitude. Hum. Elle avait acheté une bouteille de champagne, restait dans le soft, ce n'était pas non plus fête romantique de la St Valentin à grand renfort de fleurs et autres déclarations enflammées. Elle n'avait pas le coeur de refaire des promesses. Et elle avait autre chose en tête. Elle s'assit sur son canapé. Patienta, mettant les news internationales en sourdine, impatiente.

[Annexe : contenu du message téléphonique :

Jaina : Salut Neme, c'est J. Bon euh... Je... J'ai envie de te voir. Peut-être pas pour les raisons habituelles, quoique... Enfin, je t'attends vers 21h, comme d'habitude. Si jamais tu ne peux pas, rappelle-moi. A ce soir.

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MessageSujet: Re: Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le coeur... Feat Nemesis Byrne. Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le coeur... Feat Nemesis Byrne. EmptyDim 21 Nov - 21:13


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Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le cœur...
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Nemesis S. Byrne
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Jaina D'Arcy

La blonde jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Histoire de vérifier l'heure. Tic, tac. Vingt heures tapantes sur la grande horloge de bois sombre. Un soupir franchit ses lèvres. Silence dans la maison. Cette solitude, Nemesis ne l'aimait pas. Les grandes pièces vides, le grincement du plancher sous ses pieds nus, l'absence de rires, la télévision éteinte, la radio en sourdine, la lente agonie des heures qui passent. Elle était seule, désespérément seule. De sa propre volonté, certes. Mais de temps à autre, ce vide lui pesait. Creusant son cœur, agitant ses pensées. Remontant ses souvenirs à la surface. Ça n'avait pas toujours été le cas. Hors justement, c'est là que le bas blessait. A force d'être trahie, la doctoresse avait décidé qu'abandonner restait la meilleure option. Finies les soirées en famille autour d'une table trop longue. A mort les rendez-vous amoureux dégoulinant de tendresse. A bas les enfants, qu'ils puissent être siens ou autre. La paix. Une idée préconçue qui ne parlait que du néant dans une existence. Alors pourquoi tourner comme un animal en cage en guettant l'heure ? Elle porta une main à ses lèvres, mordillant légèrement le bout de son index pour retenir un nouveau soupir désespéré. A ce rythme, elle ne tiendrait pas longtemps.

Journée classique. De corvée consultations du matin au soir, l'empathe avait eut au programme deux piqûres, un enfant en larmes, une adorable brune qui aurait mérité de naître blonde, sans parler d'un galant qui n'avait toujours pas compris que l'hôpital ne faisait pas office de remplaçant à meetic.com. En bref, une sinécure. Inutile de perdre son calme pour ça. Pas plus de raisons lorsque son supérieur hiérarchique, le Dr. Lewis, était venu se renseigner de la façon dont elle avait traité une patiente qui, faute d'être capable de se défendre verbalement, avait au moins assez d'argent pour attaquer l'hôpital en justice. Faute professionnelle, parait-il. Bref, la presque trentenaire avait eut l'occasion de faire preuve de son tact habituel avant de prendre ses clefs pour s'enfoncer dans le trafic de ce début de soirée à Achaea. Un peu en avance, pour faire bonne mesure. Ou simplement parce qu'elle avait, pour une fois, autre chose à penser.

En l'occurrence, une femme occupait la majeure partie de son esprit. L'envahissait, même. Une odeur suave suivant ses mouvements, une dose de mystère ombrant son regard. C'était ça, avant même ses paroles, qui avait fait battre le cœur de l'Irlandaise. Avant toutes choses. Cette espèce de distance dont elle faisait preuve envers le monde, l'éloignant d'une moue boudeuse sans trop en avoir l'air. A s'y reconnaître, elle n'avait pas put s'empêcher d'arrêter son regard sur cette patiente précise pour ne plus s'en détacher. C'était une folie, pourtant. Jaina D'Arcy chassait les mutants. Le Dr. Byrne en faisait partie. La première estimait le gène comme une tragique erreur de la nature, la seconde voyait celui-ci comme quelque chose de fascinant à étudier. Alors que l'une aurait dut penser à la tuer sur le champs, qu'elle aurait put parfaitement être de ceux qui avaient torturé la seconde pendant près d'un an, l'autre aurait juste dut fuir sans demander son reste. Faire une piqûre sans laisser trainer son regard sur le visage déterminé de l'agent. Comme d'habitude. Comme avec tous les autres membres de cette organisation maudite qu'elle aidait dans le seul but de survivre. Hors justement, depuis, la blonde s'attachait. Imperceptiblement. Sans vouloir se l'avouer, parce que la tendresse que cette femme lui inspirait n'aurait pas dut exister. Oh, il n'y avait pas d'amour à proprement parler envers son amante, non. La mutante n'était pas devenue folle à ce point, pas encore. Mais elle appréciait la femme derrière le masque de froideur, et savait apprécier sa compagnie, qu'elle fusse au lit ou en dehors, bien que la seconde option se révélait de fait plus rare.

Assez pour s'inquiéter. En deux heures, elle avait eut le temps de rentrer, de se doucher, de s'habiller assez sobrement d'un classique indémodable, une robe longue noire. Pas le type robe de soirée pour autant, en témoignait le haut large resserré à la taille d'une simple ceinture fine et les bras ainsi que les épaules entièrement nus dévoilant impudiquement l'horrible brûlure qui s'étalait sur toute la surface de son dos. A quoi bon la cacher ? Depuis le temps, sa belle amante avait eut de nombreuses occasions de la voir. Rien de plus, sinon un fin collier de perles noires descendant sur sa poitrine et des talons aiguilles ouverts. Simple, efficace et élégante. Pour ne pas changer.

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Largement le temps aussi de souligner son visage d'un peu de maquillage; Une touche de blanc pour agrandir le regard, un peu de mascara d'encre et de khôl pour lui donner une certaine profondeur, une touche de gloss framboise sur la pulpe de ses lèvres. Puis elle avait commencé à tourner. Au bout de quelques secondes seulement, son chignon n'avait plus tenu la route, défait par sa main tremblante d'anticipation, laissant retomber ses lourdes boucles dorées sur ses épaules. Quelques minutes de plus encore et elle avait déjà saisit ses clefs de moto et posé la main sur la poignée de la porte. Nouveau regard à l'horloge. Vingt heures dix. Impatiente ? Inquiète, peut-être ? Pivotant à nouveau sur elle-même, laissant l'ample tissu noir frôler ses chevilles dans un froufroutement qui lui sembla d'emblée énervant, la surdouée se dirigea vers la table du salon pour y récupérer son portable au fond de son sac.

Salut Neme, c'est J. Bon euh... Je... J'ai envie de te voir. Peut-être pas pour les raisons habituelles, quoique... Enfin, je t'attends vers 21h, comme d'habitude. Si jamais tu ne peux pas, rappelle-moi. A ce soir. »

Malgré elle, Nemesis grinça des dents en reposant le téléphone à sa place après avoir écouté le message de la trentenaire pour la sixième fois de la journée. Quelque chose ne tournait pas rond. Elle en avait la certitude, sans même avoir besoin de son pouvoir pour lui indiquer. La voix n'était pas la même, le ton différait, se pressait, s'entrechoquait sur les mots sans en avoir trop l'air. Jaina était une femme compétente qui savait se maîtriser. Résultat, ne sachant trop que dire sans montrer ni inquiétude ni curiosité, la doctoresse n'avait pas rappelé. C'était clair, au moins. Au bout de trois minutes supplémentaire, l'Irlandaise secoua la tête et attrapa une veste noire qu'elle glissa rapidement sur ses épaules avant de saisir son sac et de sortir aussi sec de sa maison trop grande. A côté, elle ressemblait à une poupée. Ou à une enfant perdue, peut-être. A une femme célibataire, en tout cas, quand bien même semblait-elle posséder la beauté et la richesse qui auraient dut lui apporter le bonheur tant espéré. Finalement, ce serait à pied qu'elle irait. Au fond, l'appartement de l'agent n'était pas si loin, partageant les mêmes quartiers riches de la ville, et ce serait une façon comme une autre de faire passer le temps sans devoir fixer désespérément son horloge jusqu'à trouver l'heure assez décente que pour se déplacer. Ne surtout pas accélérer le pas. Ce n'était pas comme si ça pressait, n'est-ce pas ?

Du coup, elle arriva à vingt-heure trente au bas des marches. Sourcils froncés, elle les observa. Une minute. Deux minutes. Prise de respiration. Trois minutes. Et puis zut. Vingt-heure trente-cinq, Blondie se tenait devant la porte, la tête penchée sur le côté, cherchant à déterminer ce que la bienséance attendait d'elle. Quand même, elle avait sa fierté. Et vingt-cinq minutes d'avance. Attendre encore un peu ne la tuerait pas, aussi le fit-elle tout en observant les alentours d'un air blasé. Tout, sauf avoir l'air d'attendre quelque chose. Dix minutes plus tard, après avoir testé le mur à côté de la porte, observé la ville de la rambarde et manqué de rentrer au moins trois fois d'affilée, la féline prit une profonde respiration et frappa a la porte avant d'actionner la poignée.

Jai' ? » Pour la forme. Comme si quelqu'un d'autre avait put se trouver dans son appartement. A cette idée, la blonde secoua doucement la tête, un fin sourire étirant ses lèvres. « Je me permet, mais je suis en avance. »

Ou comment économiser efficacement ses mots pour énoncer quelque chose d'évident. Ce qui l'était moins, par contre, c'est qu'il faisait froid dehors, mais elle n'allait tout de même pas lâcher au petit bonheur la chance qu'elle campait là depuis dix minutes dans le seul but de ne pas avoir l'air d'être pressée. Une moue boudeuse vint remplacer son sourire tandis que le Dr. Byrne posait négligemment son sac sur le meuble de l'entrée, comme à chacune de ses visites, puis prenait le temps de se débarrasser de sa veste avant d'atteindre l'entrée du salon de sa démarche nonchalante. Là, elle s'appuya au chambranle de la porte, penchant la tête contre ce dernier pour poser son regard félin sur son amante. Plissé. Attentif. A cet instant, la belle en était encore à jongler entre l'amante et le médecin, à analyser la situation pour cerner ce dont sa compagne avait besoin ce soir. Quelque chose qui ne tarderait pas à être plus clair, compte tenu du fait que le pouvoir de l'empathe était déjà en train de frôler Jaina pour s'approprier ses sentiments. Un avantage certain avec ses relations, qu'elles fussent d'un soir ou non, que de savoir ce qu'elles attendaient exactement. Bien sûr, elle aurait put attaquer tout de suite avec un « Quelque chose ne va pas. », mais ça aurait été faire preuve d'un manque de tact encore plus profond qu'à son habitude qui n'aurait absolument pas convenu à l'ambiance; De fait, son regard glissa imperceptiblement sur l'écran de la télévision allumée mais muette. A l'écran, une journaliste bougeait les lèvres un peu trop rapidement pour posséder un débit lui accordant plus d'une respiration par minute. Puis l'image changeant, montrant une descente dans une école primaire dans le but de faire subir un nouveau test de dépistage du gène mutant aux enfants. Le regard pervenche de l'Irlandaise se fit plus perçant encore avant qu'elle ne se décide à reporter son attention sur Jaina, qui avait amplement eut le temps de bouger durant son analyse de la situation.

Bonsoir... » Nouvelle descente des yeux de chat de la blonde pour observer l'agent. « Vu que je venais, j'ai jugé inutile de rappeler. » Après tout, parler n'était pas souvent dans ses cordes, alors le téléphone restait optionnel. « Alors... Quel est le programme ? Canapé, apéritif, repas, lit ? »

Un nouveau sourire vint à nouveau éclairer le visage de la mutante. Sincère, pas même un peu moqueur. A qui la connaissait, la tendresse qu'il exprimait était évidente, comme si ça avait sa façon à elle d'offrir un instant de détente à la brune qui lui faisait face. De lui dire que ce n'était rien, que tout allait bien, qu'elle était là maintenant. Parce que c'était ça qui comptait.


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MessageSujet: Re: Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le coeur... Feat Nemesis Byrne. Quand le poids des maux pèse comme un couvercle sur le coeur... Feat Nemesis Byrne. EmptyDim 5 Déc - 21:34

Etait-elle stupide? Les diplômes qui sont fièrement accrochés à un des murs de son bureau semblaient témoigner du contraire. Pour autant, elle connaissait Nemesis. Elle savait qu'elle avait tendance à être en avance, en tout cas n'était jamais en retard. Pour être même un peu fétichiste sur les bords, Jaina connaissait son emploi du temps et pouvait prédire à quelques minutes près la fin de son service, quand bien même quelques consultations en plus s'accumulaient. Alors pourquoi avoir choisi un horaire aussi tardif? Cela confinait un peu à l'absurde. Quelque chose ne tournait pas rond chez elle.

Son regard impair se posait sur les news, sans les voir. Pour autant, elle devinait le contenu des images. Des descentes dans les écoles, dans des endroits insalubres, pour le... "bien de tous". La jeune femme avait de plus en plus de mal à soutenir ces images. Pourquoi? Ces dernières années, elle n'avait été qu'un bon chien de garde, un soldat qui ne se posait aucune question, qui se soumettait à la hiérarchie et qui obéissait aux ordres. C'était ainsi qu'elle avait été dressée, dans sa jeunesse, et c'est ainsi qu'elle oubliait ses déboires : en se noyant dans le travail, corps et âme. Il y avait bien eu un moment où elle avait le plaisir de se noyer dans le regard fier d'Elizabeth. Parce qu'elle n'était pas un soldat comme les autres. Parce qu'elle se battait pour des valeurs, pour la liberté, pour la justice. C'était l'époque où elle n'emprisonnait pas des mutants. Mais maintenant, tout était terminé. Avec la mort de ses parents et la disparition de l'amour de sa vie, elle s'était violemment rendue compte que les valeurs n’étaient que des illusions, que même si elle se battait chaque jour que Dieu faisait pour que ces valeurs se pérennisent, elle devait être l’une des dernières folles à croire en elles. Avec la disparition de ces êtres chers, la jeune femme avait perdu son âme. Il lui arrivait, de temps à autres, de se remémorer l’ancien temps et ses cas de conscience. Elle réfléchissait, assise sur son canapé, tournant et retournant dans ses mains son Sig Sauer, cette arme qui était devenue l’extension de son bras. Mais à quoi bon réfléchir ? Elle n’avait plus rien. Elle devait continuer à vivre, pour tous ceux qui reposaient désormais six pieds sous terre. Et interpeller, éliminer, se battre… C’était désormais la seule chose qu’elle savait faire. Exit, le profiling. Elle n’était plus qu’une machine. Une machine dont l’éclat humain, l’intelligence artificielle, se débattait de temps à autres pour cruellement lui rappeler sa vraie nature, et sa malédiction.

Elle baissa la tête, la secoua légèrement. Parfois, elle cherchait à les déclencher, ces crises de lucidité. C’était dans ces étreintes absurdes, dans les bras de ces compagnes éphémères, qu’elle les retrouvait. Elle retrouvait un semblant de la chaleur qu’elle avait partagée avec Elizabeth, des années plus tôt. Elle bannissait les sentiments, parce qu’elle pensait, en partie, que si jamais elle s’attachait de nouveau avec une femme, la magie de ces étreintes disparaîtrait pour faire place au fantôme errant d’Elizabeth. Elle le savait d’expérience. Et sentir le regard de sa femme sur elle tandis qu’elle dormait, un bras passé autour de la taille de celle qui avait partagé sa nuit, était l’une des sensations la plus désagréable qu’elle avait expérimenté. C’était différent avec Nemesis Byrne.

La porte s’ouvrit et elle fit irruption dans son monde. Elle savait que c’était elle – car elle n’attendait personne d’autre. Elle… Le docteur Nemesis Byrne. Tout aurait dû les séparer. Elles auraient dû se haïr, parce que fondamentalement opposées. Jaina, avec sa figure grave, son regard bicolore glacial, sa rigidité dans son uniforme, incarnait toute la sécheresse et l’arrogante assurance de l’Opération Apocalypto, la soi-disant dernière barrière contre la perversité mutante. Elle chassait des mutants, les interpellait, les emprisonnait, et parfois, mais ça, peu de gens était au courant, les liquidait dans un coin. Et Nemesis était une mutante qui était dans la base pour sauver sa peau, ce qui était tout à son honneur, la plupart des mutants n’avait pas eu cette présence d’esprit. Jaina aurait dû la mépriser, Nemesis aurait dû la détester pour ce qu’elle faisait subir à ses pairs. Mais ça ne s’était pas passé comme ça. Elle allait même jusqu’à penser que la jeune femme avait bouleversé son semblant d’existence et réveillé des instincts qui étaient égarés au fond d’elle.

Tandis que le regard vairon de la jeune femme parcourait le corps fin et agile de son amante, elle esquissa un sourire et se souvint de la raison pour laquelle elle était… non, elle n’était pas à proprement parler tombée amoureuse de Nemesis. Elle était tombée sous le charme, le reste… Le reste n’appartenait qu’à leur contrat de ne pas s’attacher. Pourtant, et c’était la première fois depuis Elizabeth, elle se sentait prête à beaucoup de choses pour la jeune femme. Et le fait qu’elle soit une mutante ne la gênait aucunement. Au contraire, Nemesis avait réussi à mettre à jour Jaina. D’ordinaire, se sentir mise à nue était une impression plus que désagréable, d’autant plus que la jeune femme s’était donnée beaucoup de peine pour se créer une barrière de froideur qui empêchait toute empathie, tout scannage de son état d’âme. C’était évidemment son pouvoir. Mais elle s’était rendue compte que, pour la première fois depuis des années, elle pouvait se reposer sur quelqu’un, lui confier quelques secrets, quelques peines de son cœur meurtri. Elle s’était ouverte, sans pour autant épancher sa tristesse sur l’épaule de la jeune femme à grands torrents de larmes, mais, pour quiconque connaissait un peu la jeune femme – et ce quiconque se dénombrait sur les doigts d’une main, c’était un grand pas. Et évidemment, en jetant un œil avisé sur la robe sobre et sombre de la jeune femme, en admirant ses lignes soulignées par le contre-jour de la lumière du couloir, elle se souvint aussi qu’elle aimait posséder de belles jeunes femmes. Elle grimaça intérieurement. Posséder… Ce mot était à bannir avec Nemesis. Elle ne la possédait pas. C’était autre chose. Elle rechignait à mettre un mot sur ses sentiments.

Jaina se leva, esquissa quelques pas vers sa compagne pour la saluer. Elle était déjà parvenue jusqu’à l’entrée du salon, avec une démarche nonchalante. Comme à l’accoutumée, elle avait posé son sac à l’entrée. Jaina sourit. Elle n’avait jamais vraiment souligné ce fait, jusqu’à présent, mais si elles adoptaient toutes les deux des habitudes… C’est qu’il y avait quelque chose, quoiqu’elles puissent dire. Enfin, c’était son interprétation. A mesure qu’elle se rapprochait, l’odeur familière lui parvint, et pendant une seconde, elle s’en enivra. Elle se noya, avec un soulagement qui lui était presque étonnant, dans son regard envoûtant. Elle remarqua alors que le docteur Byrne ne la regardait pas, mais fixait un point par-dessus son épaule. Jaina se retourna. Elle regardait son écran, bien sûr, et son regard avait brièvement changé. Pas besoin de sons, juste des images. Une descente d’Apo sur une école. Sans trop savoir pourquoi, Jaina fit quelques pas en arrière, secs et rapides, saisit la télécommande et éteignit sauvagement la télévision, sans un mot non plus. Elle jeta la télécommande dans le canapé, comme si, en repoussant l’objet, elle exorcisait ce qui les séparait essentiellement. C’était la première fois qu’elle réagissait aussi violemment.

Jaina : - Bonsoir, Neme.

Elle lui sourit spontanément, répondant à ce sourire si particulier, qui lui donnait confiance, l’envie de se lover dans ses bras et de tout oublier. Elle s’approcha encore, glissa ses mains sur sa taille et l’embrassa simplement, naturellement, sans aucune prétention ni audace. Elle lui adressa un clin d’œil, essayant de paraître naturelle au possible.

Jaina : - Le programme me plaît énormément.

Elle effleure doucement sa main, la porte à ses lèvres, ferme les yeux, dépose un baiser sur son plat. Ce contact lui plaisait. La chaleur de la peau de la jeune mutante contre sa joue… Il y avait comme une douce odeur de souvenirs… Elle débarrassa Nemesis de son manteau, le déposa soigneusement. Elle déboucha la bouteille de champagne, servit deux flûtes. Elle regarda un moment sa compagne, fit tinter son verre contre le sien avec un sourire, sans un mot. Puis, elle planta son regard vairon dans le sien.

Jaina : - Nemesis, je…

Elle reposa son verre, après avoir à peine pris une gorgée.

Jaina : - J’ai… Quelque chose… Enfin je voudrais parler de quelque chose avec toi en particulier. Il ne s’agit pas de nous. Enfin… Si…

Zut. Evidemment, son beau discours venait de s’envoler. Elle perdait ses mots et se mettait à bégayer, chose qui n’était pas censée lui arriver. Elle s’éclaircit de nouveau la gorge, tenta de se reprendre.

Jaina : - Il s’agit d’Apocalypto et de ce qu’on me demande de faire. Tu es évidemment au courant pour les puces. C’est… Assez écoeurant.

Il était très étonnant qu’un agent d’Apocalypto exprime sa désapprobation sur ce sujet. Les professionnels qui composaient l’équipe Bastet n’avaient théoriquement aucun état d’âme à ce sujet-là. Mais beaucoup de choses avaient changé pour Jaina. Elle regardait Nemesis, sans défi dans son regard, juste des… Des regrets. Un peu de douleur. Peut-être un semblant d’excuse. Elle s’approcha de sa compagne, effleura doucement la peau de son bras, se penche vers son oreille et baisse la voix.

Jaina : - Mais sais-tu ce qu’on me demande de faire, en ce moment ?

Son cœur battait douloureusement à sa tempe, sa respiration légèrement plus rapide trahissait son anxiété.

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Liam Winchester

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