Dans le centre-ville d'Achaea, existait un quartier résidentiel courtisé par la classe la plus aisée de la ville. D'agréables petites maisons s'alignait dans un style britannique très coquet et très douillet. Chaque maison comportant son propre jardin et chacun disposant d'un perron identique, on aurait pu croire cette zone de la ville hors-propos des événements qui sévissaient dans le pays et plus précisément dans la ville même de Achaea.
C'est dans l'une de ces jolies bâtisses que réside Barbara Madelaine Bouquet, 26 ans. Pour les voisins, c'est une femme affairée, qui occupe important dans au ministère de la défense nationale, en effet diplômée et cordiale bien que brève, Barbara répondait de temps à autre aux questions des quelques femmes au foyer qui ne trouvaient rien à faire de leur temps à part dénicher à gauche, à droite quelques informations au sujet des habitants du quartier afin de pouvoir les réutiliser parmi ses semblables et en tirer des conclusions et des jugements. Barbara Bouquet n'y échappa pas, mais elle s'en tirait à très bon compte. Son image était très bonne, elle était respectée et on ne parlait d'elle qu'en de bons termes mais elle avait quelque chose de "bizarre" et "d'effrayant" à la fois qui taisait tous les voisins du quartier justement sur cette particularité. Même la plus piailleuse des femmes du quartier n'osait aller dire aux autres combien Barbara Bouquet était une femme inquiétante et effrayante. Tout le monde avait cet espèce de présentement selon lequel la jeune femme entendrait le moindre de leur conversation et les observait. Un Mutant ? Le sujet était tabou mais tout le monde s'était personnellement posé la question et quand ils leur a été confirmé qu'elle travaillait bel et bien au ministère, plus personne, même dans leur for intérieur, n'osa se poser la question. Rien que par son allure, sa prestance, Barbara imposait le respect. Pas un jour sans que l'on lui dit bonjour et qu'elle ne répondit. De temps à autres, elle faisait même des gâteaux pour les enfants qu'elle apportait directement à leurs mères. Elle était généreuse et gentille. Personne ne soupçonna ouvertement qu'elle fusse une hors-la-loi et plus encore une criminelle. Pourtant...
Barbara Bouquet avait un secret aussi gros qu'un anneau de Saturne. Barbara Bouquet, membre de l'Opération Apocalypto au sein de l'équipe Bastet, chargée de retrouvé les Mutants échappés et de les capturer ou d'en trouver de nouveaux, était ce que l'on appelle une Mutante. Et il fallait ajouter à cela qu'elle n'avait pas choisi son camp et qu'elle abritait une petite Mutante et son frère, tous deux activement recherché et échappés des bases de l'Opération Apocalypto. Alors qu'ils étaient sur le point d'être repérés par les collègues de Barbara et membre de l'équipe spéciale, elle réussit à les doubler et trouva en premier lieu la jeune Hannah Svenberg et son frère, Adam. Sans abri, ni famille, ils étaient seuls au monde. Elle se décida à les cacher dans sa propre demeure pour leur laisser une chance de vivre. Barbara travaillait beaucoup. Déjà au sein de l'équipe, des investigations étaient menés et des pistes découvertes de jour en jour mais en parallèle, la jeune femme menait ses propres enquêtes de son côtés qui à force d'acharnement se trouvaient d'autant plus fructueuses que celle menées par l'équipe Bastet. Ainsi elle put aider autant qu'elle put coincer bon nombre de Mutant. Mais ce n'était pas sans risque. Le nombre de ses collègues l'ayant découverte se comptaient sur les doigts d'une main et furent tour à tour réduits au silence de la façon la plus efficace qui soit grâce à d'ingénieux procédés utilisé par Barbara. Elle menait sa propre guerre, de son côté, sans parti pris. Mais en contre-partie, c'était quelqu'un de méfiant, qui avec les années n'étaient que de son côté à elle et privilégiait sa survie, c'était un paranoïaque et une femme angoissée depuis toujours. Si elle vivait aujourd'hui, c'était aussi pour ces raisons-ci. Elle n'était jamais seule et avait depuis de longues années déjà, trois excellents amis fidèles, la jolie infirmière Vicky Lee, le charmant Dr. Carmichael et le bon Mr. Klaus. Des "Non-Vivants". Car c'était bien le secret de Barbara Bouquet. Des morts. Ses seuls vrais amis étaient morts, elle les avait animés grâce à leurs âmes et leurs corps qu'elle a pu reconstituer au prix de longues heures d'entraînement.
Aujourd'hui, c'était dimanche. Il était assez tôt. Barbara, bien qu'excellente dormeuse, se réveillait très ponctuellement à une heure plutôt matinale et suivait sa routine. Elle se levait, se rafraîchissait dans la salle d'eau, s'attachait les cheveux, ensuite elle se dirigeait vers la cuisine américaine pour faire le petit-déjeuner, elle aimait les viennoiseries française avec sa Ricoré. Après quoi, elle prenait une douche et puis faisait le petit déjeuner de Adam et Hannah. Des pancakes, des blinis, des oeufs, du bacon, des céréales et du café, quelques fois même des pâtisseries. C'était une excellente cuisinière et une femme d'intérieur accomplie. Sa maison était très propre et parfaitement entretenue tout comme le jardin. Aujourd'hui, elle faisait des pancakes aux pépites de chocolats et quelques biscuits au four. Vicky était à table, la regardant travailler.

- Comment vont nos charmants invités? demanda-t-elle en souriant.
- Ils dorment encore, répondit Barbara en détachant ses yeux de la poêle pour le orienter vers l'infirmière.
- Où en sont-ils pour eux?
- Perdus leur trace.
- Vraiment?
- J'ai réussi à les amener à croire à ça, ils devraient être tranquille au moins jusqu'à Noël. Ça m'a demandé beaucoup de travail.
- Je vois. Comment allez-vous?
- Je vais bien, je suis un peu fatiguée mais je survivrais

Elle retourna le pancake dans la poêle. C'était une journée qui s'annonçait correcte et la jeune femme ne voulait pas se risquer, même intérieurement, à un pronostic faussé. Elle aurait milles et une chose à faire aujourd'hui mais elle démarrait d'un bon pied, ce qui n'était pas mauvais.

"La petite descendait enfin..." se dit Barbara. Elle avait un petit air sauvage mais semblait inoffensive. Barbara avait une sainte horreur des adolescents mais cette petite Mutante avait davantage l'aura d'un enfant que celui d'une personne en pleine puberté. Sans cela, il aurait été fort probable que Hannah Svenberg n'aurait jamais été sauvée. Oui, Barbara était comme ça. Les caprices, les intuitions et les envies. Après tout, être égoïste ne lui porterait jamais préjudice.

- Privet, finit-elle par dire en voyant passer la jeune fille devant elle pour s'assoir. Kek dela?

Elle savait pertinemment, par le biais de son cher trio d'amis proches, que Hannah comme son frère comprenaient un petit peu d'anglais mais elle s'était dite qu'il aura fallu tout de même la mettre un minimum à l'aise surtout après avoir abusé de l'hospitalité d'une inconnue.
C'est dans ce genre de risques que ne se serait pas lancée Barbara, d'ordinaire prudente, elle se méfiait de ce qui disaient lui vouloir du bien encore plus de ce qui lui voulait du mal. Que pensait-elle de ceux qui se laisser bien mener par le bout du nez? Qu'ils étaient plus à craindre que ceux qui déclaraient fermement leurs opinions. C'était d'ailleurs pourquoi elle se méfiait de ces Mutants qui décidaient ni de combattre les autorités ni de se ranger avec les partisans de la Paix. Elle posa devant Hannah une assiette pleine de pancakes et une bouteille de sauce chocolat à côté.

- Que veux-tu boire? demanda-t-elle.

Elle posa le café, le jus d'orange, le chocolat, le lait chaud et les thés. Elle alla ajouter la Ricoré qui était rangée, est-ce qu'ils connaissaient la Ricoré en Russie? Peu importe. Elle savait pas mal d'information sur ces deux évadés d'après Vicky. "Son frère dort encore..." pensa-t-elle. Le sommeil était quelque chose de très important chez Barbara, elle dormait énormément et quand la nuit n'était pas assez reposant ou ne la revigorait pas, elle s'accordait des siestes. Quand ça n'allait pas non plus, elle dormait des heures durant pour oublier, et quand elle allait bien elle dormait aussi pour savourer. Le sommeil, c'était le pilier de sa vie. En réalité, mutants et humains n'étaient pas si différents, en fin de compte.