Une journée normale... Ou pas. ~ P. Autumn.

Zach soupira. Il n'était pas dix heures, ce samedi, et il était déjà dans la rue. C'était sa mère qui l'avait tiré du lit, il y avait pas vingt minutes, pour qu'il aille faire des courses. Il avait bien ronchonné, en tant que bon grognon, mais rien n'y avait fait. Pas très réveillé, il avait donc enfilé les premiers vêtements qu'il lui était passé par la main, et était sortit en obéissant à sa chère maman. Les rues étaient déjà bien remplie pour l'heure qu'il était. En traînant des pieds, il prenait la direction de la supérette, un sac à la main, le porte monnaie que lui avait confié sa mère et la liste de ce qu'il devait acheter dans l'autre. Son regard encore tout endormis était rivé sur le sol, pensif. Il avançait, sans vraiment se soucier de ce qu'il l'entourait. Il était dans son petit monde, tout simplement. Les soupirs se succédaient, tandis qu'il passait sans s'en rendre compte devant le magasin où il devait se rendre. Comme très souvent en ce moment il était ailleurs. Pensif. Il pensait à sa vie, laquelle il avait l'impression qu'au fur et à mesure le temps passait, était de plus en plus étrange. Sa schizophrénie était ressortie, et les calmants que le psychiatre lui prescrivait étaient de plus en plus fort. Les débuts de crises se succédaient, et les maîtriser se faisait de plus en plus ardu. La voix ans sa tête venait le taquiner, trop souvent. Elle l'agaçait, et rendait sa vie insupportable. Il la haïssait de tout son cœur, car elle lui pourrissait l'existence, l'empêchant de suivre le court de sa vie normalement, comme n'importe quel adolescents normal. Normal. Ce mot résonnait constamment dans son esprit. Il sonnait tellement faux, sur lui, qui justement, n'était pas « normal »

Soudain, un choc le percuta dans son dos, le sortant contre son gré de ses pensées. Un choc violent, tellement qu'il en perdit l'équilibre. Son corps chuta lourdement au sol. Il se rattrapa de justesse avec ces mains pour ne pas tomber sur la tête. Le contenu de ses mains c'était éparpillé autours de lui. Ces poignets étaient douloureux, ayant pris tout le choc de la chute. Son regard se leva, vers une personne qui se pointait devant lui, le regardant d'un air furieux. L'adolescent se releva tant bien que mal, massant ses poignets endoloris. La personne, un homme bien bâti d'une cinquantaine d'années,le fixait toujours, tapant du pied. Zach le regarda d'un air intrigué, et l'inconnu montra du doigts des feuilles étalées sur le sol.

« Vous n'auriez pas put faire attention ? Regardez ce que j'ai fait par votre faute ! Si vous vous étiez poussé, ça ne serait pas arrivé ! »

« Excusez-moi, je ne pouvais pas voir que vous arriviez... » Répondit timidement l'adolescent, en ramassant son sac.

« Ramassez vos dégâts, à présent. Si mes papiers sont au sol, c'est de votre faute. »

Le jeune homme regarda d'un œil étonné, et légèrement énervé. Pardon ? Cet homme voulait qu'il ramasse quelque chose alors qu'il n'y était pour rien ? Il se moquait de lui ? « Laisse moi faire. »
Zach n'eut pas le temps de répondre à cette voix intérieur qu'il connaissait bien à présent, que ces mains se mirent à trembler. Non ! Pas maintenant, pas là ! Il tenta de porter la main à sa poche. Ces calmants, vite ! Il parvint à tenir la boite entre ces doigts, mais c'était trop tard. Sa main lâcha la boite, qui roula au sol, à ses pieds. Une vive douleur à la tête lui fit arracher un grimace, qui se transforma ensuite en un petit sourire moqueur. Zach n'était plus là. C'était « L'autre » à présent. L'autre qui affichait un petit sourire sadique.

« Rêves toujours mon gros, c'est toi qui a fait ça alors tu te débrouille. »

L'inconnu devint rouge. Non pas d'embarras bien sûr, mais de colère. D'un geste violent, il saisit le col du Sweat du garçon, et l'éleva du sol.

« Tu me parle autrement, et tu m'obéis. Sinan... »

« Sinan quoi ? Vous n'oserez pas me frapper quand même ? »

L'homme leva le point, prêt à frapper le garçon. Ce qu'il n'avait pas vu, c'était la main de l'adolescent qui s'était levée. Alors que son poing s'apprêtait à retomber sur le visage du garçon, l'homme s'immobilisa. Sa main lâcha le corps de Zach, qui atterrit habilement sur le sol, avant de pousser violemment l'homme encore incapable de bouger, qui retomba en un bruit sourd parterre. Les personnes ayant assistés à la scène s'empressèrent d'aider à se relever l'homme au sol, qui balbutiait :

« Le gosse ! Je... Je sais pas ce qu'il m'as fait... Je ne pouvais plus bouger... Le gosse, il fait parti de ces sales mutants qui pourrissent la ville ! Que... Que quelqu'un le choppe ! »

Les regards se tournèrent immédiatement sur le jeune homme, qui affichait toujours son sourire moqueur. Qui malheureusement s'effaça vite, pour laisser place à un visage mêlant la colère et l'inquiétude. Qu'allait-il faire à présent ? Son pouvoir ne lui permettait que de figer une seule personne à la fois, or, il avait à faire face à plusieurs personnes actuellement... Il se sentait faible, soudainement. Et si il y avait quelque chose qu'il détestait par dessus tout, c'était bien la faiblesse.

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Assise sur une marche, Phoenix réfléchissait. Elle ne savait plus où elle en était. Tout ça à cause de Yéti ! Elle ne cessait d'y repenser : pourquoi elle s'était montrée gentille avec lui ? Elle n'avait aucun intérêt ! Elle n'avait rien trouvé de mieux ... Elle grimaça et soupira, se redressa et fit les cent pas. Elle repensait à ce qu'il lui avait dit. Elle n'était qu'un instrument d'Apocalypto. Elle ne servait même pas ses propres désirs, elle n'était qu'un esclave de ces gens. Tout n'était qu'illusion ... Elle passa sa main dans ses cheveux blancs et grogna sans grâce. Habillée de pied en cap, d'un jean troué et d'une chemise trop grand pour elle, elle portait une paire de bottes de cuir. Ses mains étaient gantées - elle ne souhaitait pas tuer quelqu'un en l'effleurant. Elle était différente. A cause de Piotr ? Il lui devait la vie, ou du moins il lui était redevable.

Phé grogna de nouveau, tira sur ses cheveux d'un air effondré et s'accroupit soudain, passa ses doigts dans la terre meuble. Elle aimait les endroits déserts. Elle n'avait pas de mission - elle avait été punie car elle n'avait pas réussi à ramener numéro 9. Piotr. Ce blond qui utilisait la glace ... Ils n'étaient pas amis, et elle ne voulait pas qu'ils le deviennent. Elle ne devait avoir aucun ami ; elle devait continuer à servir Apocalypto. Et pourtant, elle réfléchissait. Les gens autour d'elle étaient faux ; ils souriaient alors qu'ils avaient peur d'elle. Ils l'avaient faite, ils l'avaient transformée, ils l'avaient faites telle qu'elle était, et ils avaient peur à présent. Ils voulaient la contrôler pour se servir d'elle. Mais même en sachant cela, elle n'arrivait pas à se faire à'l 'idée de les quitter. Ils étaient la seule famille qu'elle connaissait, ou du moins la chose qui s'en rapprochait le plus. Elle retira le gant de sa main droite et traça sur le sol une marque à l'acide, son prénom. Cyrrus. L'herbe fondit littéralement, et le sol fuma quelques secondes. Puis, elle l'effaça d'un revers de main. Elle n'était plus Cyrrus, elle n'était plus humaine. Mais elle n'était plus la Phoenix qu'elle avait été durant toutes ces années, machine à tuer naïve et serviable. Qui était-elle alors, à présent ? Elle soupira : elle n'avait pas l'habitude de se poser des questions, elle n'appéciait pas les hypothèses et l'avenir qui se profilaient devant elle ; elle aurait du tuer Piotr. Mais elle ne regrettait pas de ne pas l'avoir fait. Elle avait été folle de douleur, elle avait eu si mal, et pourtant le sentiment de liberté légère qui papillonnait dans son coeur était là, preuve du méfait de Piotr. Le méfait de lui avoir donné la vérité et l'espoir. Une voitue passa près de là, grondant de la musique à vous rendre sourd. Phé grogna encore, et se redressa, bien décidée à bouger de là. Ses pas la conduisirent dans quelques ruelles. Des cris, du bruit. Elle soupira, et bougea de là, voulant éviter de rencontrer quelqu'un. Alors qu'elle était enfin dans un coin, elle vit un chat errant, la patte coincée dans un piège à rat ; elle le délivra et il voulut se frotter à elle, mais elle lui mit une tapette sur le museau, et il feula, pour s'en aller. Elle refusait même les avances d'un chat, maintenant ? Mais elle aurait pu le tuer sans le vouloir, vu qu'elle ne contrôlait pas toujours son pouvoir - même si ses crises devenaient de moins en moins fréquentes. Peut-être grâce aux entraînements. Ou pas. Elle s'assit lourdement dans la poussière de la ruelle, quand soudain les cris revinrent vers elle. Elle posa son regard violet sur les alentours, sans trop prendre garde à ce qui se passait.

Elle n'aimait pas intervenir avec les autres. Elle savait que les scientifiques d'Apo avaient raison sur un point : elle ne pouvait pas s'intégrer aux autres. Elle était trop différente ; si on la mettait en colère elle risquait de commettre un massacre sans même s'en rendre compte. Les sentiments de la mutante interféraient dans son pouvoir ; aussi elle avait subi un entraînement pour garder son sang-froid, mais elle était impétueuse, et un peu folle sur les bords. Elle avait une personnalité non pas double, mais elle agissait différemment selon les personnes qui l'entouraient : serviable et douce avec Apocalypto, elle était méfiante, voire hargneuse avec les gens du dehors, et meurtrière avec ses proies. Enfin, maintenant ça avait changé. Elle était juste ... confuse. C'était le mot. Oh bien sûr elle avait caché cela, et personne ne se doutait du dilemne qu'elle entretenait en elle, qu'elle voulait chassait et pourtant qu'elle adorait. Elle avait le choix d'être libre ou non, et Piotr lui avait dit qu'il l'aiderait si elle voulait. Mais si elle le tuait lui aussi, sans faire exprès ? Les amis, c'était pas pour elle ... Non vraiment pas. Phoenix revint à elle, et finit par se redresser et s'approcher de la ruelle. Il y avait quelques personnes, l'air pas spécialement contentes. Elle tendit l'homme accuser le garçon face à lui de l'avoir ... Oh, un mutant ? Phoenix soupira, et s'approcha, et quand les yeux se posèrent sur elle, elle sentit une onde glacée parcourir les humains. Son physique avait ce genre d'effet : ses yeux violets, ses cheveux blancs et son air antipathique n'étaient pas très appréciés.

<<- Si j'étais vous, je cesserais d'importuner ce garçon.
- T'es sa complice, espèce de petite garce, vous êtes des mutants et vous ...
- Je réitère mon ordre. Laissez le, ou vous payerez le prix. Je ne suis pas une mutante du genre à mettre des pincettes. Je hais les humains. >>

Le regard qu'elle lança montrait bien qu'elle ne mentait pas : elle n'hésiterait pas à les tuer tous. Tout en elle était calme, serein, mais avec une force pire que si elle s'était mise à hurler et à tempête. Malgré sa petite taille et son air de poupée brisée, elle faisait peur. Son regard surtout, creux, vide ; mais la lueur que Piotr avait allumée y vivait à présent, lui donnant un air plus vivant. Elle s'abaissa, cueillit une fleur, et la fit s'enflammer doucement. Personne ne pouvait deviner de quel pouvoir il s'agissait : elle lança un regard menaçant vers les humains, qui hésitaient entre lyncher les deux bêtes qu'ils avaient face à eux ou déguerpir. Phoenix offrit un sourire sans joie, carnassier, et s'avança d'un pas, pour se mettre devant le garçon, dos à lui - si il essayait de la toucher, il n'aurait plus de main. Son corps sécrétait à présent de légère vapeurs, et Pheonix les rendait visibles aux yeux extérieurs. Le gros bonhomme fronça le nez, et éternua.

<< - T'es quoi au juste, sale petite conne ? Bête immonde ! On aura votre peau ! >>

Et ils s'enfuirent sans demander leur reste. Phoenix les regarda s'éloigner, tendue, dispersant son poison pour ne pas blesser le mutant derrière lui. Etait-ce vraiment un mutant, d'ailleurs ? Il n'avait pas l'air dangereux. Et elle avait confiance en son pouvoir - même si elle ne le contrôlait pas. Elle le toisa doucement sans joie ni peine, juste avec l'air de quelqu'un qui vient de se prendre un genou dans le ventre - sa peau lui semblait brûler doucement, et même si elle avait l'habitude, c'était toujours aussi douloureux. Elle soupira, s'éloigna, avec l'impression d'avoir fait une belle connerie. Après tout, elle devait tuer les mutants, pas les sauver ! Elle soupira une nouvelle fois, et se cacha dans l'ombre dès qu'elle en trouva. Elle passa sa main sur sa joue glacée. Et pourtant, elle sentait ses veines brûler du poison qu'elles charriaient.

<< - T'es un mutant, toi ? >>

Son ton n'était pas agressif ou méchant, juste curieux, et un peu dubitatif. Elle n'y croyait pas trop. Elle ne savait plus exactement ce qu'elle faisait - mais est-ce que ça avait encore son importance, ce qu'elle faisait ou non ? Elle pensait que oui, qu'elle pouvait changer des choses ; mais ce n'était que du Blabla, tout ça. Elle sentit dans son corps l'effet du poison. Elle était humaine, avant. Elle mourrait jeune, en utilisant son pouvoir. Elle le savait et l'acceptait. Elle baissa la tête, laissant ses mèches de cheveux blancs cacher son visage aux yeux fous de douleur.

Phoenix n'osa pas se présenter : elle laissait au garçon le choix de s'en aller ou non ; si il voulait il pouvait aussi venir à sa rencontre. Elle l'aurait repoussé, fût un temps, mais elle était assez confuse et indécise pour accepter de lui parler ; mais elle doutait qu'il appréciât la compagnie d'une folle à lier, qui exterminait les humains et les mutants, qui n'était au fond qu'une gamine piégée. Mais sait-on jamais ? Elle eut un nouveau sourire sans joie, un sourire moqueur envers elle même ; croyait-elle vraiment qu'elle pouvait avoir des amis ? L'illusion continuait, mais sous une autre forme ... Elle devait faire cesser ses illusions, mais elle avait peur de se couper en ramassant le verre brisé. Etait-elle moins courageuse que Piotr, au fond ? Elle sentit cette idée flotter en elle, écoeurante.

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Alors que les humains s'apprêtaient à se jeter sur l'adolescent qui ne pouvait certainement rien faire pour leur échapper, une jeune fille vint s'interposer entre eux. Une jeune fille au physique peu commun. En effet, de longs cheveux blancs retombaient dans son dos, et ses yeux brillait d'une couleur violette qu'il n'avait jamais vu auparavant. Elle indiqua à l'homme d'arrêter d'importuner Zach, puis enchaîna ensuite qu'elle n'était pas une mutante qui aimait les humains. Le garçon resta silencieux, observant la scène D'où sortait cette jeune fille qui le protégeait ? Il n'en n'avait aucune idée. Il savait juste que sans elle, et c'était bien dur de l'avouer, il serait certainement dans une situation délicate, en ce moment même. Son égo en prenait un bon coup. Il était faible, tout ce qu'il y avait de plus faible. Il ne pouvait pas se défendre tout seul. L'inconnue fit brûler simplement en la tenant entre ces doigts fins une fleur, sous les yeux terrifiés des humains, et le regard exprimant un mélange de surprise et une once de jalousie de l'adolescent. Des vapeurs s'échappèrent ensuite de sa peau pâle, et non sans avoir lâché des injures aux deux mutants, l'homme et les autres passants étant resté assister à la scène s'éloignèrent finalement, énervés de ne pas avoir « choppé » les mutants. Zach laissa échappé un petit soupir de soulagement, bien que profondément vexé de n'avoir rien put faire pour se défendre lui même.

La jeune inconnue s'éloigna, se cachant à l'ombre d'une rue. L'adolescent la suivit, en restant cependant relativement loin de la fille, sur ces gardes. Elle avait l'air puissante. Beaucoup plus que lui. Et même si elle venait de le sauver, il ne pouvait s'empêcher d'être méfiant. Celle-ci s'adressa pour la première fois à lui, en lui demandant :

« T'es un mutant, toi ? »

Cette question amusa le jeune homme. Zach, ou plutôt « l'autre » car ce n'était pas vraiment la même personne, bien que dans le même corps, retrouva son agaçant sourire moqueur. Et il répondit, sur un ton taquin :

« Il faut croire que oui. »

Un petit rire moqueur accompagna sa phrase. Puis son regard se porta à ses pieds, ou quelque chose attira son attention. Un petit tube transparent, avec un bouchon blanc au bouchon au bout, laissé au sol. Il s'abaissa pour le récupérer, et la fit tourner entre ces doigts, pour l'examiner. C'était une petite boite. Il lâcha un petit rire en se rendant compte de ce que contenait celle-ci. Des calmants. Tiens donc, comme si l'on pouvait l'empêcher de prendre le contrôle de se corps avec ces petits médicaments. Il en vida le contenu au sol. Pauvre petit Zach, qu'allait-il bien devenir sans cela ? Un deuxième rire. Il replaça la boite à présent vide dans la poche de son baggy. Tout en fixant les pastilles au sol, comme si il s'adressait à elle, il murmura d'un ton mauvais :

« Il ne te servent plus à rien de toutes façons mon petit. Quand est-ce que tu comprendras que ces cachets ne servent qu'à t'abrutir ? »

Puis, tout en jouant du bout du pied avec les pastilles de couleurs qui étaient éparpillées sur le sol, il prononça à voix haute, à l'intention de sa « sauveuse » :

« Pourquoi tu as fait ça ? Enfin, je veux dire, qu'est ce qui t'as poussé à m'aider à me débarrasser de ces humains ? »

Pour lui qui le mot « aider » n'était pas dans son vocabulaire, il ne comprenait pas ce geste. Pour lui, qui était trop égoïste, c'était stupide de venir en aide aux autres. Jamais il ne ferait une chose pareille. Zach, peut-être, mais pas lui. De toutes façon, Zach était trop faible pour faire une chose pareille. Il n'était rien de plus qu'un pauvre petit mutant mal dans sa peau, et qui n'avait même pas connaissance de ses pouvoirs. Si c'était pas malheureux tout ça. Il en pleurerait presque. Si il avait une once de sensibilité, bien sûr. Or, ce détail ne faisait pas partie de son caractère. Dommage.
Alors que lui, contrairement à Zach, il savait se servir de son pouvoir. Il pourrait même apprendre à le faire évoluer, le rendre plus puissant. Puissant... Ce mot fit arracher à l'adolescent un sourire glacé, tout sauf rassurant. Plutôt...Effrayant. Qui ne présageait rien de bon.

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Phoenix observait le gamin. Il était un peu plus jeune qu'elle, de quelques années peut-être. Elle resta immobile, en observant en coin son sourire. Il avait l'air aussi fou qu'elle - et paradoxalement, ça la rassurait un peu. Enfin bon, il pouvait pas être aussi schtarbé qu'elle, mais il avait pas l'air net. Néanmoins, elle sentait, elle savait qu'entre eux deux, si un combat s'engageait, elle serait la plus apte à le tuer. Mais elle n'avait pas l'intention de le tuer. Les paroles qu'elle avait prononcé avec Piotr lui revinrent : << Phoenix a du sang sur les mains ... >>. Elle avait les mains rouges du sang de ses victimes, n'était-ce pas suffisant ? Elle l'observa sans rien dire écraser les cachets à la manière de ceux qui écrasent les insectes avec agacement et amusement. Elle fronça un peu les sourcils, tentant de comprendre pourquoi ce gosse avait des cachets aussi forts sur lui. Mais il ne pouvait savoir que ses poisons pourraient le calmer, le paralyser, l'endormir même. Le tuer, voire, si elle y était obligée. Phoenix était un médicament sur pattes. Cette idée la fit sourire, amèrement. Elle continua de l'observer, et fut surprise quand il lui parla, mais ne sursauta pas. Son corps était détendu - et elle ne produisait plus de poison. Ou plutôt, elle se contrôlait, pour l'instant. Alors pourquoi ne pas lui répondre ?

« -Pourquoi tu as fait ça ? Enfin, je veux dire, qu'est ce qui t'as poussé à m'aider à me débarrasser de ces humains ? »

Elle leva le visage, l'observa comme si il était fou, puis éclata d'un rire sans joie. Elle se redressa soudain, vive et alerte, comme un animal prit au piège, les bras dans une position pareille à une marionnette, on aurait dit une poupe brisée. Elle eut de nouveau ce même rire, lugubre et comme un croassement, un bruit de gorge déplaisant. Elle observa le gosse face à elle ; il avait un sourire mauvais.

« - Parceque tu crois que je t'ai sauvé ? Que je t'ai aidé ? Sort toi ça de la tête. Je ne t'ai pas aidé. Ni sauvé. J'ai juste retardé le moment fatidique. Les humains haïssent les mutants, parce que nous sommes différents, dans le sens où nous sommes supérieurs à eux. Ils ont peur de l'inconnude nous. Je ne 'ai ni sauvé ni aidé. Ne me parle pas de justice ou de gentillesse ; su tu savais de quoi je suis capable, tu saurais que je suis incapable d'être gentille envers les autres. Je voulais juste qu'ils sachent qu'ils ne peuvent pas briser les mutants. Qu'ils n'ont pas le pouvoir de s'attaquer à nous. Ne me fais pas rire ... »

Phoenix éclata de nouveau de rire, puis tourna le dos au mutant. Elle le sentait prêt à exploser ; les calmants étaient-ils si utiles que cela ? Elle pourrait l'assommer d'un simple geste de la main, en lui faisant respirer - par le nez ou les pores de sa peau - son gaz toxique. Un de ses gaz toxiques. L'idée flotta un instant, puis elle réalisa qu'elle ne pouvait pas. Elle était infectée par les bonnes paroles de Piotr. Elle n'était pas devenue gentille ou douce, juste tolérante. Ce mot l'écoeura. Elle était une Apocalypto ! Elle avait envie de savoir qui était ce gosse, pour apporter les infos au QG, et en même temps, elle avait envie tout simplement de le laisser là et de partir. C'était en faisant cela qu'elle l'aiderait vraiment - mais en avait-elle envie ? Elle était si confuse, si désolée, elle porta la main à son front, retint un grognement par politesse. Elle repoussa ses cheveux d'un geste agacé, et planta son regard dans celui du garçon - personne ne pouvait maintenir son regard très longtemps car, comme son poison, il semblait vous faire fondre de l'intérieur, comme un faisceau d'acide. Ses prunelles violettes papillotèrent un instant, et elle soupira.

« - Je suis .. Phoenix. Je ne te serres pas la main, je penses que tu aimerais la garder. »

Ironie. Elle eut un rictus. Elle aimait ce ton cinglant ; elle redevenait elle-même, avec son humour noir et typiquement masculin. Elle avait faillit donner son vrai prénom, mais elle se botta les fesses mentalement : comme elle l'avait dit au Yéti, elle n'était plus humaine ; Cyrrus, la petite fille, était morte. Elle était Phoenix, l'assassine d'Apocalypto, Poison Avy ! Et alors que ces idées infiltraient ses veines, rassurantes, elle réalisa qu'elles étaient fausses. Elle ne pourrait plus jamais voir l'illusion du bonheur. Apocalypto n'était plus son chez elle. Elle ferait face. Plus tard. Elle n'y était pas encore prête. Elle eut un vacillement, mais se rattrapa au mur derrière elle, avec un bruit entre le gémissement douloureux et le grognement brutal et bestial. Elle avait utilisé son pouvoir à peine deux secondes ! Mais elle en ressentait déjà les effets mauvais dans son corps. Il était infesté de ce poison qu'elle sécrétait. Elle eut peur pendant un instant, mais reprit ses esprits. Elle n'allait pas mourir, pas maintenant du moins. Elle avait encore beaucoup de choses à faire. Elle lança un regard dur au garçon, le mettant en garde : ne pas poser de questions. Elle détestait être faible, et regrettait d'avoir ainsi vacillé devant lui. Elle réussit à éviter de porter sa main à son front encore une fois. Sa gorge était sèche, et elle sentait un fourmillement sur sa peau, désagréable.

« - Tu as quoi comme pouvoir ? Si t'es un mutant, tu aurais pu te débarrasser d'eux. »

A moins qu'il ne soit pas si puissant. Sa phrase le sous entendait, mais elle ne l'avait pas dit. Elle faisait quoi là ? Elle était franche habituellement ; elle ne l'aurait pas protégé en ne faisant que sous entendre ! Elle grogna à voix basse contre le Yéti ; elle ne pouvait pas être devenue gentille ; non pas elle ! Elle détourna le regard. Elle sentait que quelque chose n'allait pas chez ce gosse. Les calmants n'étaient pas là par hasard. Il semblait plus sûr face à elle que devant les humains. Parce qu'elle était seule ? Elle manqua de rire, cruellement ; à elle seule elle était plus dangereuse que tous les humains de cette pitoyable ville ! Elle pouvait le tuer rien qu'en bougeant le petit doigt ; mais le fait était là : elle le gardait en vie et n'avait pas l'intention de le tuer. Mais elle n'hésiterait pas à le faire si il l'attaquait. La pureté naïve de Piotr n'avait pas atteint à ce point son cerveau ; elle ne serait pas folle ou martyr. Elle s'avança doucement vers lui, d'un pas qui se voulait assuré ; et en sentant ses jambes vaciller encore, elle s'immobilisa, le visage neutre ; et rien ne montrait au dehors à quel point son corps était faible et désordonné à cet instant. Elle était faible ... Ces mots tournaient en elle. Elle n'était qu'une gamine seule et faible , elle n'aurait jamais d'amis ou une famille. Elle avait l'habitude de la solitude, mais les paroles de Piotr lui avaient fait réaliser l'immensité du vide en elle. Elle sentit une vague de tristesse poindre, et avec elle la frustration et la colère, et durant un bref instant, ses yeux brillèrent d'une lueur humaine, pour ensuite reprendre l'étincelle de folie prendre le dessus. Elle était l'instrument des Dieux, l'instrument d'Apocalypto, et elle hésita un instant à obliger le garçon à la suivre au QG : maman serait-elle heureuse de voir qu'elle lui ramenait un spécimen aussi étrange qu'elle ?

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Le garçon sursauta lorsque la jeune femme se leva. Elle lui offrit une expression menaçante, qui fit frémir Zach. Peut-être allait-elle attaquer ? Cette pensée traversa son esprit. Sur le moment, il hésita à rendre son corps au vrai Zach. Au moins, ce serait-lui qui souffrirait en cas de problème… Lâche. Oui, il était lâche, mais il s’en fichait. Finalement, son interlocutrice se contenta de répondre à sa question. C’est avec soulagement que Zach planta son regard sur la demoiselle, rassuré.

Sa réponse fit revenir le sourire froid de l’adolescent, qui avait été remplacé quelques instants pas une moue inquiète. Finalement, il comprenait peut-être un peu plus le geste de la mutante. « Ne me parle pas de justice ou de gentillesse » Cette phrase était sûrement celle que l’esprit dément du garçon appréciait le plus. Ainsi ils avaient l’air du même avis là dessus. Cependant il n’était pas vraiment d’accord sur la fin de sa tirade. « Je voulais juste qu'ils sachent qu'ils ne peuvent pas briser les mutants. »
Lui, il se fichait bien des catégories « Humains » ou « Mutants ». Il n’avait de compassion pour personne. Non, ils pouvaient bien briser les mutants, lui, il ne le briseront pas. Orgueilleux ? Oui parfaitement. « Le méchant » était d’un horrible orgueil. Se croire capable d’être puissant. De contrôler les autres. Se croire invincible, supérieur. Alors qu’au fond, il n’était rien de tout cela. Ces pouvoirs lui permettaient seulement de paralyser une personne l’espace de quelques secondes, et tout au plus, quelques minutes. Cela s’arrêtait là. Il n’avait rien de plus que ça. Il avait un pouvoir de lâche, et était faible. Mais il ne voulait pas croire tout cela, coincé dans son idéal, à l’intérieur de son esprit. Il relatait ces quelques pensées, tandis que son interlocutrice plantait ces yeux violets perçant dans les siens. Après quelques instants, il quitta finalement son regard, baissant les yeux sur les cadavres de médicaments qui gisaient à ces pieds.

L’inconnue se présenta. Pheonix. Etrange prénom. Elle ajouta qu’elle ne lui serrait pas la main, si il voulait la garder. Il lâcha un petit rire amusé à cette remarque. Cette fille lui avait l’air vraiment puissante, et qui plus est aussi froide que lui. Valais mieux qu’il ne se la mette pas totalement à dos. Elle pouvait le tuer quand elle le voulait, il le savait parfaitement. Il n’était rien face à elle, il fallait bien l’avouer. Son ego en prenait un bon coup.

Cependant, la jeune fille sembla avoir un moment de faiblesse. Le tout premier depuis les quelques minutes qu’il avait fait sa rencontre. Il retint un sourire satisfait en voyant la demoiselle gémir, heureux de se rendre compte qu’elle semblait avoir tout de même quelques faiblesses. Il se ressaisit cependant lorsque celle-ci lui lança un mauvais regard, comme une mise en garde. Puis, lorsqu’elle sembla aller mieux, elle lança une phrase qui fit aussitôt énerver Zach. « - Tu as quoi comme pouvoir ? Si t'es un mutant, tu aurais pu te débarrasser d'eux. »
Il sentait bien les insinuation dans cette phrase. Ce ton supérieur. Très désagréable. Il sera la mâchoire, retenant difficilement sa colère. Puis se ressaisissant, il retrouva son sourire. Il répondit pas tout de suite, se contentant de lever la main en direction de son interlocutrice.

« Enchanté Pheonix, moi c’est Zach, enfin, en partie. » Répondit-il en ajoutant un petit ton mystérieux sur ces derniers mots. Oui, en partie. Car il n’était pas vraiment Zach. Voir pas du tout. Non, il n’était pas ce crétin de Zach. Il était quelqu’un d’autre. Lui et ce Zach ne partageait que leur enveloppe corporelle, rien de plus.

« Et pour mon pouvoir, si tu essaie de bouger tu le comprendras. »

Sur cette fin de phrase il lâcha un petit rire. Son pouvoir n’était certainement pas le plus puissant, mais il l’appréciait et était satisfait de l’avoir, quoi que puisse dire cette demoiselle ou quelqu’un d’autre d’ailleurs.

Une vive douleur à la tête arrêta son sourire. Non. Zach ne pouvait pas revenir maintenant. Il ferma les yeux, et tenta de contrer la douleur. Dans quelques temps, il n’arriverait plus à tenir, et le crétin ressortirait. Il ne comprendrait certainement rien à la situation, le derniers souvenirs qu’il aurait en mémoire se serait cet homme lui ordonnant de ramasser des feuilles au sol. Or, il c’était passé beaucoup de chose depuis ce moment. Des choses qu’il ne devait pas savoir. Non, il ne devrait pas savoir qu’il était un mutant. Peut-être qu’il allait comprendre comment marchait son pouvoir ? Non ! Il ne devait pas. Lui, il voulait être le seul des deux à savoir. Il ne voulait pas partager cela. Non. Il ne voulait pas. Qu’allait-il faire à présent ? Rester avec cette fille et prendre le risque que Zach se réveille en sa présence ? Elle allait sûrement lui en parler… Mais si il s’échappait, peut-être qu’elle allait mal interpréter son geste et vouloir le suivre ? C’était dangereux dans ce cas là. La douleur se faisait de plus en plus vive, mais il n’en tint pas compte, et rouvrit les yeux, essayant d’arrêter ce désordre mental. Tant pis, il aviserait en temps et en heure. Si Zach pointait le bout de son esprit, il le contrôlerait. Il n’était pas si faible que ça finalement. Enfin, il espérait…

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Elle n'avait pas voulu être désagréable ; mais le ton de sa voix avait été hautain et suffisant, sans qu'elle le veuille vraiment. Hors de question qu'elle s'excuse, bien évidemment, mais elle regrettait un peu d'avoir été aussi dure et arrogante. Il n'avait pas l'air d'apprécier - ce qui s'expliquait amplement. Si il lui avait dit cela, il se serait prit une baffe vite fait bien fait - voire un coup de poing ou deux, et même un tabassage de tête au carré. Elle n'aimait pas qu'on se moque d'elle - en dessous de sa carapace, elle était plus fragile. Elle détestait le fait qu'il eut vu qu'elle avait vacillé. Elle avait eu un étourdissement passager - il l'avait vu, et en avait été spécialement satisfait. Assez pour qu'elle reste très très méfiante à son égard.

« Enchanté Pheonix, moi c’est Zach, enfin, en partie. »

" En partie " ? Il avait laissé un bout à la maison ? Elle fronça les sourcils, cherchant une explication à tout cela. Les calmants avaient-ils un rapport avec tout cela, ou était-ce une simple coïncidence ? Ce garçon était bizarre. Mais elle ne pouvait pas encore deviner qu'il avait deux personnalités. Même si elle envisageait sérieusement qu'il avait des problèmes psychologiques, voire psychotiques.

« Et pour mon pouvoir, si tu essaie de bouger tu le comprendras. »

Alors là, il ne fallait pas défier Phoenix !Elle fronça les sourcils, puis eut un sourire carnassier, mais quand elle vit le garçon, les traits tirés de douleur, elle arrêta son geste : qu'allait-elle commette au juste ? Elle avait bien failli lui montrer de quel bois elle se chauffait ; mais une petite voix, la voix de la prudence, lui chuchotait de faire attention, il n'était pas normal.

- Je ne répondrais pas à ta provocation, je ne suis pas si idiote que cela. Sache juste que, quel que soit ton pouvoir, il ne te sauvera pas face à moi.

Bon, là elle supposait, mais c'était vrai : il y avait très peu de mutants capables de s'en sortir face à son pouvoir, c'était bien grâce à cela qu'elle était utile pour l'opération. Champ de force, illusion, création de la glace ... Tant qu'n organisme était vivant, elle pouvait l'atteindre. Elle projetait du poison, ou même de loin, elle pouvait empoisonner. Alors, qui qu'il soit, il n'était pas en mesure de la défier ainsi. Puis une pointe d'humanité surgit d'on ne savait où, et elle s'approcha d'un pas, gardant tout de même une distance respectable. Elle l'observait, et voyait la douleur sur son visage - et elle y vit un peu le sien, quant elle ne contrôlait pas autant ses pouvoirs. Quand elle était dans la chambre blanche, où son poison n'avait aucun effet sur la pièce , et ne rongeait qu'elle-même. Elle repoussa ses cheveux, et son regard troublé se posa sur Zach.

- Hey, ca va ?

Et comme un courant glacé sur sa nuque, elle sentit que ça n'allait pas du tout. Elle enfila les bouts du puzzle : le garçon prenait des calmants, il avait parlé d'une "partie de zach" ... Loin d'être idiote, Phoenix comprit enfin qu'elle avait en face d'elle un garçon au visage double, ou du moins à l'esprit aux multiples facettes. Elle tendit la main et lui fit inspirer un poison servant de calmant. Son corps sécrétait diverses substances. Elle les lui fit inspirer par la peau - qu'il essaye donc de ne pas respirer par la peau ! Elle le regardait, pas effrayée, sans trop vraiment quoi penser. Sans sentiments particuliers. Elle était un peu effrayée mais ne montra rien, et sentit dans la poche de sa chemise trop grand pour elle, à carreaux rouges, ses petits poignards volants, prêts à l'emploi. Elle était prête à s'en servir, mais y renâclait. Elle ne voulait plus tuer. Elle voulait faire ses propres choix ! Elle le regarda et finit par se reculer. Avait-elle fait une erreur en le laissant en liberté ? Aurait-elle du le tuer alors qu'elle en avait l'occasion ? Elle refusait de croire qu'il était dangereux, mais elle était prête à l'admettre, il fallait croire, car elle sentit le reflux d'adrénaline, le même sentiment d'excitation et de contrôle qu'elle ressentait avant de tuer les gens pour le compte d'Apocalypto. Elle ne pouvait pas recommencer à sombrer comme ça dans le meurtre sanglant et la folie ! Que dirait Piotr ? Et qu'est-ce qu'il venait faire là ,encore, celui-là ?! Elle en avait marre de penser à lui, et en même temps, c'était ces pensées qui gardaient le mutant face à elle en vie. Il l'avait changée, du plus profond d'elle-même, et elle repoussait ce changement tout en l'accueillant à bras ouverts. Elle ne savait pas comment réagir, et recula d'un pas, manqua de tomber mais retrouva son équilibre, dans un grondement purement animal ; elle finit par tirer un de ses poignard, long comme sa main, avec le manche en os. La lame brilla un instant, et elle se mit en position de défense, la lame parallèle au sol, tenue devant elle. Elle était vraiment prête à attaquer ou à se défendre, mais se refusait à le faire la première, et elle continuait d'observer le garçon : était-il vraiment double, comme elle l'avait pensé ? Si sa seconde personnalité se révélait pire que la précédente ? Elle avait lu dans ses yeux qu'il était prêt à utiliser son pouvoir, quel qu'il soit sur elle, et même si il n'était pas plus puissant qu'elle et qu'elle pouvait le tuer, elle n'avait aucune envie de se voir la victime d'un quelconque pouvoir ! Elle posa son regard violet autour d'elle, et sursauta en voyant un homme s'approcher , il tenait un journal dans sa main. Elle rangea rapidement son poignard, et sortit à la place une cigarette, et se mit dos à l'inconnu, et prêt de Zach, comme pour le protéger de l'extérieur. L'homme passa sans faire attention, et elle écrasa sa cigarette dans sa main, sans qu'aucune brûlure n'y apparaisse, au contraire, la cigarette brûla sur elle-même, au contact de l'acide. Phoenix se tourna vers le garçon, tendue, sachant que si il voulait, il pouvait à présent la toucher - et il pourrait se brûler à son contact. Elle espéra qu'il ne fasse aucun geste, car ses réflexes risquaient également de le blesser - elle se savait vive comme un serpent et si il tentait de fuir, elle sut qu'elle ne pourrait s'empêcher de l'attraper par le poignet ou par les cheveux. Des gens passèrent dans une rue parallèle à la leur, et firent un peu de bruits en passant, mais comme l'homme, ils les ignorèrent. Le regard violet était toujours rivé aux yeux gris du garçon. Elle était tendue, extrêmement, et il y avait dans l'air quelque chose d'électrique - presque métallique. Un goût de sang flottait dans la bouche de Phoenix, et elle avala sa salive écoeurée. Puis, d'un bond, elle fut à quelques mètres du garçon, prête à fuir. Elle ne voulait pas le blesser, et elle posa son regard farouche, fier et féroce sur lui. Elle n'était pas n'importe qui ! Elle ne se laisserait pas faire ! Elle commençait à imaginer beaucoup de choses, et elle vit devant ses yeux le visage de sa "mère" et des autres, puis celui de Piotr. Que ferait Yéti ? Il essayerait de l'aider. Il aiderait quiconque en avait besoin. Il était du genre à ramasser les chats à moitié crevés pour essayer d les soigner. Elle soupira, et rangea une nouvelle fois son couteau, mais resta immobile, à quelques mètres du garçon.

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Finalement, il devait être faible. Très faible. Peut-être avait-il sous-estimer Zach ? Ou c’était surestimé lui-même ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. Sa tête le faisait souffrir, encore et encore. Il ne pouvait pas réfléchir comme il fallait. C’était donc ça la douleur qu’il infligeait à Zach ? Cette douleur horrible qui résonnait dans sa tête ? Comment faisait-il pour la supporter ? Se question trottait dans sa tête.

Il essaya de se concentrer sur ce que lui disait Pheonix. Qu’elle ne répondrait pas à sa provocation, qu’elle n’était pas idiote, et que quelque soit son pouvoir, il ne le sauverait pas face à elle. Il le savait cela. Non, son pouvoir ne faisait vraiment pas le poids face au sien. Oui, il le savait parfaitement. Il l’avait compris dès qu’elle avait fait brûler cette petite fleur, sous les yeux des humains. Mais le pouvoir de la demoiselle était bien le cadet de ses soucis à présent. Là, son problème c’était ce Zach qui voulait reprendre son corps. Alors que la jeune mutante lui demanda si il allait bien, il glissa contre le mur, se retrouvant ainsi assis au sol. Elle devait sûrement comprendre que cela représentait plutôt une réponse négative. Il laissa sa tête tomber en arrière, tandis que la main de jeune fille se tendit vers lui. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait, mais se sentit soudain ailleurs. Ses bras retombèrent lourdement au sol, et il sentit son corps le quitter. Les rôles s’inversaient, à présent. En un marmonnement, l’adolescent laissa ses yeux se fermer d’eux même, et parut comme endormie, l’espace de quelques instant.

~

Zach ouvrit soudainement les yeux, et inspira comme si l’air lui manquait. Puis il regarda autours de lui. Que faisait-il parterre ? Il ne c’était donc pas relevé après s’être fait bousculer ? Il lui semblait pourtant. Il releva le regard. Ce n’était plus l’homme agressif qui se trouvait en face de lui. Il n’était plus dans la même rue. Au sol, il n’y avait plus les papiers. Il se frotta les yeux, comme un enfant qui viendrait de se réveiller. Il ne savait pas ce qu’il se passait, mais cela n’était pas normal, la situation avait changée.
En face de lui se dressait une fille qu’il n’avait jamais vu auparavant. Il s’en serait souvenu sinon, au vu de son physique si particulier. En effet, les longs cheveux blancs qu’elle possédait, ainsi que ces yeux d’une couleur si particulière, d’un violet à la fois doux et profond, n’était pas commun et donc plutôt marquant. Et puis, il sentit sous sa main quelque chose. C’est avec horreur qu’il découvrit ces précieux calmants écrasés au sol. Alors, il comprit. Il se frappa le front, comme pour se punir d’avoir été si bête. D’avoir laissé l’autre prendre le dessus. Il releva le regard vers l’étrange jeune fille, qu’il regarda d’un air interrogateur. Qui était-elle ? Lui avait-il parlé ? Peut-être avait-il fait quelque chose de mal ? Une grimace se dessina sur son visage lorsqu’il tenta de se lever. Ces membres étaient tout engourdi, et il dut s’appuyer contre le mur pour pouvoir tenir debout. Alors il demanda d’une voix inquiète et encore étourdie à l’inconnue :

« Excusez moi si je suis impoli, mais qui êtes vous ? »

Ces phrases étaient confuses, son esprit n’était pas encore bien éveillé. Alors il prit une profonde inspiration, et réfléchit calmement. Bon. « Le méchant » avait pris le contrôle de son corps. Mais pendant combien de temps, et qu’avait-il fait pendant ce temps là justemenr, là étaient les questions. Il pria intérieurement pour qu’il n’est pas causé de catastrophe, mais il savait qu’il y avait de fortes chances que sa prière n’arrive trop tard. Il soupira, et reporta son attention sur la demoiselle. Elle avait l’air sur ces gardes et rester prostrée à quelques mètres de lui. L’adolescent passa sa main dans ces cheveux, pensif. Cette attitude ne révélait rien de bon. Cela indiquait peut-être qu’il avait été agressif. Cette situation l’exaspérait. Il ne supportait pas de ne rien savoir comme cela. Le dernier souvenir qu’il avait était celui de cet homme lui demandant de ramasser ces feuille, et la voix qui avait annoncé « Laisse moi faire ». Et c’était tout. Il poussa un faible soupir. Avant de regarder l’heure sur son portable. Il était presque onze heures. Pendant un bon moment donc, il n’avait plus eut le contrôle de son corps.

Alors il releva le regard une seconde fois sur la jeune fille, avant de l’informer, le plus calmement possible, malgré son état de confusion plus que palpable :

« Écoutez, vous allez me prendre pour un fou, si ce n’est pas déjà fait, mais j’ai besoin de savoir ce que j’ai fait jusqu’à maintenant s’il vous plait… »

Il se sentait idiot à demander cela. Mais il n’y avait pas vraiment d’autre solution. Il lui était impossible de se souvenir de par lui-même ce qu’il c’était passé. Il maudit intérieurement son autre lui. Mais remarqua aussitôt que sa voix c’était tue dans sa tête. C’était une des rares fois en ce moment. Il fallait croire qu’il était débarrassé de lui pour un petit moment peut-être, alors il fallait qu’il en profite pour penser de lui-même. Pour la première fois depuis des jours, il était vraiment seul, mais pour combien de temps encore ?

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Phoenix l'observait avec une méfiance teintée de curiosité. Il semblait totalement différent ! Elle ne cessait de l'observer de ses yeux violets, qui s'agrandirent de surprise et de stupéfaction quand, d'une voix aux tons inquiets, il posa sa question.

« Excusez moi si je suis impoli, mais qui êtes vous ? »

La mutante pencha la tête sur le côté, abasourdie, mais pas tant que ça au final. Elle avait deviné juste donc ? Les cachets avaient un rapport avec ses changements d'attitude. Elle resta à quelques mètres de lui, immobile, dans une posture indifférente - il ne semblait plus pouvoir lui faire du mal; et puis si il osait la toucher, il risquait de se brûler. Littéralement. Elle le sentait perdu, totalement, comme si il traversait un couloir lumineux et que soudain, le noir complet. Elle n'avait pas répondu à sa question, car elle s'était douté qu'il n'en avait pas fini. Effectivement, son instinct marchait toujours autant.

« Écoutez, vous allez me prendre pour un fou, si ce n’est pas déjà fait, mais j’ai besoin de savoir ce que j’ai fait jusqu’à maintenant s’il vous plait… »

Phoenix le regarda d'un air méfiant, puis poussa un soupir, souffla et se mordilla la lèvre, haussa les épaules imperceptiblement. Cela ne l'avançait à rien, certes, mais elle ne perdait rien non plus. Elle ne s'avança pas, mit ses mains dans les poches de son pantalon, et le regarda avec un mélange de dureté, et de confusion aussi.

- Je suis ... Poison Avy. Tu étais poursuivi par un groupe d'humains qui en avaient après toi, et disons que je t'ai sauvé la mise. Mais je ne sais pas ce qui c'est passé avant. Il semblerait que tu ai écrasé tes médicaments. Tu es différent. Je suppose que tu es un mutant, toi aussi. Les humains semblaient le croire.

Le toi aussi disait parfaitement qu'elle en était une. Elle avait voulu passer l'information, au cas où il lui serait venu l'idée de ne pas la croire, et de devenir violent, même si il semblait tout ce qu'il y avait de plus pacifique. Il ressemblait juste à un gosse perdu. Il n'avait plus rien de la personne dangereuse, presque animale, qu'elle avait été il y avait quelques minutes. Etait-ce une coïncidences ? Ou etait-ce du aux effets du calmant qu'elle lui avait injecté ? Elle se mordilla la lèvre, et décida d'être franche. Elle n'avait même pas encore songé à l'idée de manipuler ce garçon et de le ramener à Apocalypto. Elle avait perdu ce côté machine idiote depuis ... Depuis le Yéti. Piotr ...

- Je t'ai injecté les médicaments que tu semblait tant ne pas vouloir prendre. Mon surnom, Poison Avy, n'est pas un simple surnom. Je suis une mutante, capable de générer toutes sortes de substance. Dont les calmants que tu as écrabouillé. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Par curiosité, pour voir ce qui allait se passer.

C'était en partie vrai, mais elle n'avait pas dit non plus qu'elle avait voulu le voir se calmer, qu'elle avait fait ça presque par gentillesse. Elle repoussait cette pensée - elle n'était pas gentille. Elle refusait de l'être ; elle ne voulait pas être faible, ni pathétique. Elle l'observa froidement, et recula d'un pas, comme si la proximité avec lui la gênait. C'était un peu le cas.

- Au fait ... Je suis Cyrrus.

Elle avait donné son vrai nom ! Que lui était-il passé par la tête ?! Elle se morigéna mentalement, mais le mal était fait. Essayer de rattraper cela ne ferait que mettre la puce à l'oreille du garçon, alors elle se contenta de baisser la tête calmement, presque de façon soumise et docile. Elle ne regrettais pas son geste, non ; pas encore. Et enfin, s'insinua en elle la façon dont elle avait été élevée : si il était un mutant, ne devait-elle pas au moins essayer de le ramener à la base ? N'était-ce pas ce pourquoi elle avait été .. Disons changée ? Apocalypto lui avait donné ce don - qui la rendait si forte, si puissante, et en même temps la tuait à petit feu. Elle ne savait plus quoi penser, et elle restait silencieuse, d'un silence presque douloureux. Elle ne savait pas si elle devait le ramener, elle essayait de se trouver des excuses : son pouvoir semblait ne pas être contrôlable, mais elle savait que les scientifiques trouveraient comment le contrôler. Le manipuler. Comme elle avait été manipulée. Et sans qu'il le sache, la décision qu'elle prit sauva sûrement la liberté de ce garçon. Elle releva son regard violet, passant ses doigts lentement dans ses cheveux blancs. Elle n'avait rien contre lui, elle n'était pas censée le rencontrer. Aussi Apocalypto ne devait pas être au courant de son pouvoir. Elle ne dirait rien. Le doute était insufflé en elle. Et elle commençait doucement à se rebeller contre la supériorité de la base Apocalypto. Elle venait, par là, de signer son arrêt de mort si on découvrait qu'elle les avait trahis. Elle venait de changer de camp, ou du moins de prendre la voie pour en changer.

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