Aujourd'hui, Barbara était sortit tôt de chez elle, elle avait pris un parapluie car elle avait senti en ouvrant ses fenêtres l'odeur de la pluie qui s'étaient abattue toute la nuit et qui n'en avait pas fini. Elle avait demandé à plusieurs amis de patrouiller la ville, en effet, la chère Vicky Lee qui en plus d'avoir le don de faire d'extraordinaires injections, sentait très bien quelques particularités d'ordinaires tacites auprès des autres. Justement la veille, elle avait prévenue Barbara.

- Je ne sais pas ce que c'est mais ça n'arrête pas, avait dit alors Vicky. Ça soupire, ça soupire, ça doit bien faire un moment. Je voulais vous en parler mais figurez-vous que le docteur m'a dit de ne pas vous importuner à ce sujet alors j'en ai parlé à ce cher Klaus, il m'a affirmé que je devais vous en parler. C'est donc ce que je fais.

Barbara avait remercié Vicky car cette information allait peut être la mener là elle le souhaitait. Elle devait se rendre au QG demain et aujourd'hui était son dernier jour d'investigation. Il fallait qu'elle en trouve, au moins un. Vicky avait de plus ajouté "Particulièrement dangereux", il aurait pu s'agir d'un simple humain après tout mais une intuition la poussait à penser le contraire. En effet les soupirs perçus par la jeune infirmière étaient plus intenses lorsqu'ils ne s'agissait pas d'humains, ce qui amenait à penser qu'elle était sur une bonne voie.

Elle avait pris sa voiture et avait conduit jusqu'au lieu-dit.

- Ça vient d'une endroit près du parc, il doit y avoir un certain docteur là-bas parce que j'en entends souvent de ce côté et en général c'est qu'il doit y avoir un hôpital.

Barbara ne souvenait pas avoir déjà vu d'hôpital près du parc mais peut-être se trompait-elle. Elle ne conaissait pas très bien Archea en dehors des abors de chez elle et du QG. Quand elle arriva, la pluie n'avait pas encore commencé mais un léger vent glacé parcourait le parc pratiquement désert. Ce n'était pas un très beau jour. Elle descendit de sa voiture. De grosses goûtes commencèrent à tomber du ciel, Barbara sortit son parapluie qu'elle déplia. Elle resta près de sa voiture, garée dans l'allée. A l'intérieur de cette dernière, il y avait une jeune infirmière souriante à l'arrière avec un jeune docteur qui regardait par la fenêtre, le coude négligemment posé sur son rebord, la tête appuyée sur cette dernière. A l'avant, sur le siège passager, demeurait un second homme qui sortit une pipe qu'il commença à fumer. Barbara regarda aux alentours s'il n'y avait personne.
Apparemment, le parc avait été déserté. Elle s'abaissa au niveau de la fenêtre arrière de son véhicule.

- Je ne vois pas d'hôpital, et je ne vois personne, es-tu sûr de ce que vous avancez? dit-elle à voix basse.
- J'en suis certaine, répondit l'infirmière à travers la vitre. C'est très distinct maintenant. C'est tout près, je le sais, je le sens. Je pourrai presque percevoir sa respiration. Ça ne doit pas être humain. A mon avis, il s'agit d'avantage d'un docteur de proximité ou d'un spécialiste.
- Bien, soyez donc prêts. J'aurai peut être besoin de vous si comme vous l'affirmez, c'est dangereux, conclut Barbara en se redressant.

Elle balaya à nouveau les environs en quête d'une quelconque trace d'activité mais la pluie battante avait fait déserté les lieux, un rapide coup d'œil à sa voiture et les trois personnages ne s'y trouvaient plus.
La jeune femme avança sur plusieurs mètres après le parc. Quelques minutes plus tard, elle trouva l'enseigne d'un médecin généraliste et s'y arrêta quelques instants.

Fermé les samedis et dimanches.

On était samedi, c'était donc impossible. Elle avança en arpentant les rues qui encerclaient le parc, le trafic humain inexistant en raison de la pluie, elle eût peine à croire qu'elle trouverait ce qu'elle cherchait aujourd'hui même mais débusquer un Mutant n'était jamais chose facile et lorsqu'elle agissait seule ça l'était davantage encore.
Au bout d'un moment elle s'aperçut qu'elle se trouvait dans une rue très dissemblable des précédentes. Devant elle, s'élevaient de beaux immeubles blancs nacrés pour certains et gris pour d'autres, tous dans le même style baroque, on devinait que d'importants personnages devaient les occuper.
Une plaque prétentieuse indiquait à gauche de l'une des grandes portes qui y menait le nom d'un psychiatre.

Le Docteur Gonzalès, hein...? Voilà qui est intéressant.

Le vent gronda davantage et si l'on lui prêtait une oreille attentive on eût juré que quelqu'un eût dire "oui" en français. Barbara s'approcha de la plaque et la toucha. Peut-être allait-elle devoir rendre visite à ce fameux docteur? Pas aujourd'hui. Trop risqué, il fallait qu'elle attende.
L'attente était primordiale à sa tâche, elle ne pouvait se résoudre à aller trop vite sinon elle pouvait tout gâcher et risquer gros. En prenant son temps, elle pouvait planifier au fur et à mesure ce qu'elle ferait et comment elle le ferait. Victime de sa paranoïa conséquente, jamais elle ne pouvait se risquer à improviser, c'était bien trop dangereux.
Aussi rebroussa-t-elle chemin dans le but de regagner sa voiture. Elle avait un sens de l'orientation et de l'observation aiguisé cependant elle nota qu'elle mit plus de temps à repartir qu'à venir jusqu'au cabinet. Une fois arrivée, elle s'assied dans son véhicule. Au moment où elle voulut enclencher le contact, un jeune homme passa dans son rétroviseur, sans parapluie, en tee-shirt et seul de surcroît. Un autre coup d'oeil dans son rétro viseur et l'infirmière était revenue.

- C'est lui.

A peine, ses mots prononcés qu'elle disparut en un battement de cils. Barbara sortit de sa voiture et ouvrit son parapluie, elle se cacha sans grand mal pour observer le jeune homme. Il s'était assis sous l'abri situé au milieu du petit parc et semblait passif.
La jeune femme réfléchit.

* Donc, d'abord un psychiatre. Ajoutons à cela, la "vue" de Vicky, ensuite le lieu. Un parc, ce n'est pas un SDF à première vue. Il devait être en consultation chez ce psychiatre, il est assez jeune, la vingtaine, peut-être moins. Le parc est petit, difficile à trouver si on ne connaît pas trop le coin. A mon avis, il a dû se perdre après sa consultation, il a dû essayer de réfléchir à ce qu'il a dû entendre ou pas. Peut-être est-il parti? Il doit probablement encore vivre chez ses parents ou un tuteur, c'est impossible à savoir ça...La seule solution..."

...Restait de l'aborder, l'aborder simplement comme une personne normale. Barbara entra dans le parc et se dirigea vers l'abri en jetant à gauche et à droite quelques regards inquiets. Arrivée sous l'abri, elle savait qu'elle ne s'était pas faite remarquée aussi prit-elle la parole:

- Quelle journée! Le temps est affreux et c'est un mauvais jour. Je ne comprend pas que l'on puisse rester dehors par un temps pareille.

Elle resserra contre elle son impair en coton, le froid avait teinté ses joues de rose, ses mains gantées avaient fermé le parapluie, ses cheveux impeccables bougeaient au gré de la brise qui les parcourait.
Elle regarda le jeune homme et émit un faible sourire.

- Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger mais vous êtes...

Elle montra du doigt son tee-shirt mouillé.

Barbara observait la pluie. Que c'était étrange. On lui assimilait quelque chose de mauvais à chaque fois, parce que si on sortait sans parapluie, on avait froid, on était trempé, et on écopait d'un rhume une fois sur deux. Barbara se demandait si on avait une vraie raison de détester la pluie. Elle, elle en avait une. Elle avait pratiquement seize ans lorsqu'un petite bande de trois filles s'en étaient prises à elle sans raison, il pleuvait se jour-là et son visage était criblé de bleus et ecchymoses, sa bouche saignant abondamment, personne n'était intervenu pour l'aider, elle avait été seule. Elle ne pouvait pas se montrer ainsi et retourner en cours, aussi marcha-t-elle sous la pluie seule, le visage ankylosé, consolée par ses seuls amis une fois à la maison. Vicky Lee lui avait fait ses injections spéciales qui permettaient au bleus de disparaître en un cours laps de temps sans laisser de trace, Mr. Klaus cherchait à la venger, et le docteur lui la consolait. "Il y a des choses qui restent" se disait-elle alors en regardant cette pluie. Elle n'avait jamais vraiment réussi à la détester. Mais elle l'avait un peu horrifiée après cela, une fois entrée dans l'armée, elle n'avait plus eût d'importance. Et aujourd'hui, aujourd'hui elle espérait une bonne nouvelle sous un ciel de pluie sans doute.
Elle se tourna vers le jeune homme.

« Totalement trempé, oui je sais. Il faut croire que ce promener par un temps pareil était une très mauvaise idée. »

Elle lui sourit à nouveau en baissant la tête. Jamais elle ne se verrai faire une chose pareille se serait complètement irresponsable même pour une personne aussi jeune que lui... Son sourire glissa, elle comprit quelque chose. Il n'avait pas cherché à être là, donc. Donc, il a fui, il a fugué mais il n'a pas de sac, c'est quelque chose d'improviser. En conséquence, ce jeune homme était un Mutant, il avait fugué et demeurait dehors.
Elle leva les yeux croisant le regard inquisiteur de la jeune personne. "Il devait s'en poser des questions" songeait Barbara. L'instant d'après il formula une question :

« Mais, je m'excuse si je vous paraît trop curieux ou impoli, j'aimerais vous demandez si ce n'est pas un temps à sortir, qu'est ce qui vous amène à être ici, dans ce parc ? »

- Je ne sais pas trop, j'avais besoin de sortir, je dois réfléchir à pas mal de chose et c'est pas forcément évident, dit sans mentir Barbara dans un froncement de sourcils. On a tous nos raisons vous savez. Personne n'aime vraiment la pluie mais quelques fois... je sais si vous voyez ce que je veux dire, demanda-t-elle en levant innocemment les yeux vers lui avec un sourire timide. J'ai besoin de fuir un peu la réalité, en ce moment, ce qui se passe est à peine croyable et j'aimerai faire une pause et prendre le temps.

Elle baissa la tête et eut un petit rire.

- Je m'appelle Barbara, dit-elle en relevant les yeux vers le jeune homme. Vous êtes trempé et j'ai un parapluie, nous pourrions aller dans ce bar à deux rues d'ici pour que vous séchiez avant de rentrer, non?

Barbara regarda le jeune homme pensif. "Perdu" aurait été le terme exact de l'état dans lequel il paraissait après qu'elle eût prononcé le mot "rentrer". Elle avait apparemment vu juste dans son précédent raisonnement. Il ne semblait pas dangereux, mais assez fragile tout de même. Elle le regarda assez touchée par cette jeune personne qui dans ses gestes, lui rappelait elle-même plus jeune.
Elle détourna son regard et se perdit en pensée. Elle avait été quelqu'un d'incertain dans sa jeunesse. Oh bien sûr, elle était encore jeune. Mais là on parlait d'un autre temps. Il y a plus de dix ans. Elle se cherchait encore ne sachant pas quelle personne elle voulait être. Elle avait essayé d'être "une personne normale" par deux fois et deux méthodes différentes, et ça s'était soldé par un échec. Elle était naïve aussi, mais quelque part elle se convainquait qu'elle était une fille qui ne se laissait pas dupé aussi facilement. Or, tacitement, c'était le cas. Le jeune garçon à côté d'elle, tenait quelque chose qui lui ressemblait.
Elle le regarda mettre sa main dans sa poche. Il n'était pas très à l'aise sans doute. Et sans grande conviction, il lui répondit:

« Pourquoi pas, il fera toujours plus chaud qu'ici. »

Elle le rassura avec l'ombre d'un sourire sur son visage. La pluie continuait de tomber mais il se leva et toujours avec ces gestes dans lesquelles Barbara lisait un mal aise touchant, il passa sa main dans ses cheveux mouillés. Elle se leva à son tour avec son parapluie. Elle le couva également de son parapluie et signe qu'il se détendait quelque peu, il ajouta:

« Et j'ai oublié de me présenter, moi c'est Zach, Zach Jones. »

Elle s'approcha de son visage juvénile et saisi son menton avant d'arranger ses cheveux:

- Et bien, Zach, allons-y, lui dit-elle malicieuse.

Barbara avançait avec Zach, toujours sous une pluie battante. Elle sentait l'atmosphère du coin de cette ville assez lugubre et pesante, elle percevait ses amis assez fébriles et alertes. C'était un coin isolé de la ville, peu fréquenté de toute évidence et sûrement mal famé. La jeune femme se demanda comment elle avait pu passer d'un superbe immeuble qui abritait un spécialiste de la psychiatrie à de sombres ruelles bordés d'immeubles délabrés. Elle accéléra le pas, le bar qu'elle connaissait était tout proche.
Dans son esprit aussi les choses s'accélérèrent, apparemment, Zach avait fait une fugue qu'il n'avait pas prémédité, il avait dû se rendre chez ce spécialiste puis avait dû saisir l'occasion pour fausser compagnie à son tuteur ou son parent. Des raisons? Comme le disait souvent Barbara : "Des raisons? On a tous des raisons." Les connaître n'était pas important. La française se disait que dans la vie, nous ne faisions que nous croiser et qu'il n'était jamais important de ressasser ce qui a fait que nous nous trouvions à tel endroit, à tel heure, il n'était pas important de comprendre ce qui nous avait amener ici mais ce que l'on comptait faire par la suite.

«Je ne connais pas ces rues. Nous sommes loin du centre-ville d'Achaea ? »
- Plutôt oui, je n'ai pas pour habitude de venir ici, sauf quand ça ne va pas fort, répondit Barbara.

Elle jeta un œil à Zach qui avait sorti un billet.

- Ça ne sert à rien, c'est moi qui paie aujourd'hui.

Peut être que plus jeune, elle l'aurait trouvé attirant, ce dit Barbara piquée d'une curiosité qui ne lui était pas familière. Les hommes et elle ça n'avait jamais duré de toute façon et elle s'en moquait bien puisqu'ils ne représentaient pas un but dans sa vie. Plus petite, elle aurait bien aimé et elle cultivait secrètement l'espoir d'être sincèrement aimée d'un amour réciproque et éternel mais aujourd'hui la réalité était tout autre. Le monde est plus dur qu'auparavant, fonder une famille était quelque chose de risquer aussi bien pour soi que pour la famille en question. Barbara avait donné dix ans de sa vie à travailler pour l'Opération Apocalypto et savait que de nombreuses familles étaient décimées à tort ou raison par les tests imposés aux Mutants, nul ni échappait, pas même un nourrisson. C'était une des raisons qui avait également poussé la française à se joindre à l'organisation tout en travaillant à son compte en parallèle, elle ne partageait pas le même avis que les dirigeants politiques actuels concernant le problème des Mutants. Pour elle, chaque cas devait être traité individuellement bien que la recrue d'essence de mutants ayant une prise d'opinion hostile envers les êtres humains ait doublée, il ne s'agissait que d'une minorité de Mutants donnant le ton sur les autres. Pour Barbara, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Plus encore, sur la théorie du gène Mutant, elle avait là encore, sa propre définition du sujet. Les Mutants n'existaient pas à proprement parlé, en réalité il s'agirait de l'évolution de l'espèce qui dans quelques temps, se propagerait à toute la population. Les Mutants n'existent pas, il n'y a que la race humaine et son évolution. Repensant à ses ferveurs convictions, Barbara en oubliait qu'ils étaient arrivés à destination, le petit bar des Cordes.

- C'est ici, dit-elle.

C'était un petit établissement miteux tranquille et apprécier des Mutants comme des Humains, ici, on ne vous demandait rien à part l'addition. En général, le bar avait ses habitués. Barbara n'y venait pas souvent, mais elle appréciait l'ambiance bistro du Sud de la France qui y régnait. Un barman poli qui plaisantait et commentait l'actualité avec les petits vieux habitués qui avaient leur vieilles petites habitudes, les joueurs de cartes dans leur coin, la femme du patron qui faisait des mots-croisés en caquetant avec sa copine. Barbara en connaissait quelques uns des vieux, et elle était un peu familière avec les patrons. Elle ferma son parapluie et entra dans l'établissement talonnée par Zach.

Barbara salua par un "Bonjour" sonore les clients et le patron du bar qui répondirent par un vague hochement de tête pour certains et un vague bonjour pour les autres.
Installés, Barbara s'apprêtait à interpeller le barman, Jim, pour passer commande lorsque.

« Merci de m'avoir aidé, au fait. C'est gentil, ce n'est pas tout le monde qu'il l'aurait fait... »

Barbara fronça les sourcils. Se rendait-il compte qu'il n'était pas très malin en prononçant cette phrase. Il aurait pu simplement la remercie de l'avoir invité à se mettre à l'abri en sa compagnie, mais au lieu de cela...
"C'est un danger pour lui-même ou quoi?", Barbara se dit qu'elle était un peu dure mais s'il était repéré comme Mutant par ses collègues, n'importe lequel d'entre eux y aurait vu là une opportunité d'agir et aurait immédiatement remarqué dans ses propos cet élément révélateur.

- Aidé? répondit Barbara en interpellant de la main Jim. Mais enfin, je vous ai juste invité à vous mettre à l'abri et à payer vos consommations. Jim arriva. Tu nous met deux cafés, Jim. Un au lait pour moi, si tu as de la chicoré tu m'en met dedans aussi.
- Bien, dit Jim avant de repartir.
- Je ne vois pas trop où vous voulez en venir, poursuivit Barbara en souriant, l'air un peu déconcertée. Ce n'est pas comme vous n'aviez nulle part où aller, où comme si vous aviez été obligé de...

Elle s'interrompt. Son sourire glissa et son visage parut plus grave. Jim arriva avec un petit plateau chargé de deux tasses et d'un sucrier. Il posa le tout sur la table et mit devant chacun des deux jeunes gens une tasse et milieu, le sucrier.

- Voilà, dit-il en ramassant le plateau. Je vous ai mit de la Ricoré, Barbie et pour le jeune homme, un café.
- Merci, dit Barbara en ne quittant pas Zach des yeux.

Le barman reparti et elle avala une gorgée de Ricoré. Qu'allait-il dire? Apparemment, il avait de la chance d'être tombé sur elle. Elle se répétait inlassablement que si ça aurait été quelqu'un d'autre, ça en aurait été complétement différent et en ce sens elle n'avait pas tort, maintenant adviendra ce qu'il adviendra une fois qu'il aurait répondu.

Barbara s'attarda sur sa tasse. Il lui fallait réfléchir. Zach Jones. A sa connaissance, ce nom ne figurait pas sur les listes officielles c'est donc que ses parents, ou son tuteur n'étaient pas Mutant, elle devait vérifier tout de même afin d'en être sûre avant de pouvoir s'attarder sur son cas. Elle partait pour l'instant du principe qu'il n'y était pas. Elle pouvait l'accueillir chez elle quelques temps, ne serait-ce que pour sa sécurité mais après il aurait fallu qu'elle joigne ses contacts qui pourraient l'aider, sauf que ces temps-ci ils étaient très indisponibles en raison du renforcement des mesures restrictives à l'encontre des Mutants et de tout leurs partisans. Elle pouvait l'aider, encore fallait-il le convaincre. Savait-il qu'il était un Mutant? Ça, elle n'en savait rien. Pire encore, elle ignorait s'il avait déjà pris contact avec quelqu'un de son "espèce" comme il était coutume de dire.
Trop de paramètres étaient incertains. Barbara ne pouvait pas prendre une décision dès maintenant. Elle devrait d'abord discuter avec lui. Elle-même risquait gros s'il était découvert qu'elle aidait quelques jeunes Mutants à échapper à l'Opération Apocalypto. C'était un fait plus tôt rare qu'elle s'investisse réellement pour aider un jeune Mutant. Mais elle le faisait de bon cœur. Néanmoins, elle faisait partie du groupe Bastet, elle en traquait trois fois plus qu'elle n'aidait et sauvait. En général, c'était à ceux qui se montraient les plus dangereux et les plus hostiles auxquels elle avait affaire. Ainsi, elle n'était à proprement dit dans aucun des deux camps. C'était comme qu'elle avait décider de mener sa vie, préférant avoir vécu au début du siècle dernier, elle s'était résolue à prendre part à la guerre du millénaire.

« Hum, ce que je veux dire c'est merci pour m'avoir mis à l'abri et emmené jusque ici, comme vous l'avez dit, car je dois dire que j'étais totalement perdu, j'avais mal prévu mon coup. Donc, je ne sais pas comment vous considérez cela, mais moi j'appelle ça "aider". »

La jeune femme soupira et le regarda dans les yeux. Il avait le teint violacé, il devait avoir froid. Si elle le laissait, il ne retournerait pas chez lui. En concordant ce qu'elle semblait savoir de Zach, Barbara comprit qu'il était profondément fragile en ce moment et que c'était la principal raison pour laquelle il avait faussé compagnie aux personnes qui s'occupaient de lui. Le psychiatre, c'était sans doute ça aussi. Il devait être perdu. Vraiment perdu. Non, elle ne le laisserait pas.
Il marmonna vaguement quelques mots dont elle saisi le sens sans même en comprendre les mots. La solitude, même parmi les autres existe, et là c'était une misère commune. Celle de l'esprit, la misère de son propre esprit triste, seul et endolori. Quelque chose que personne ne méritait comme toute misère.

- Écoutez, dit-elle en baissant la voix. Ma voiture est garée tout près d'ici. Il ne serait pas bon de rester ici, quelqu'un de mal intentionné pourrait vous trouver. Si vous venez avec moi j'aurai une chance de pouvoir vous aider et faire quelque chose pour vous. Je sais ce qui vous arrive et ce qui va vous arriver si vous ne vous cachez pas. Les temps ne sont pas sûrs.

Zach jeta un coup d'œil intrigué à Barbara. Il ne comprenait pas tout. Des personnes mal intentionnées ? Il était plutôt vrais que les rues étaient remplies de gens tous sauf nets, voleurs, drogués et autres, qui pouvait le prendre pour la cible de leurs prochaines violences. Elle indiqua qu'elle savait ce qu'il lui arrivait, et ce qu'il allait lui arriver si il ne se cachait pas. De quoi parlait-elle ? Ce qu'elle savait, c'était sa fugue ? Ce qu'il allait lui arriver ? Ce n'était pas si grave que ça après tout, il allait juste se prendre un savon... Mais se cacher ? A l'entendre, on aurait eu l'impression que Zach était traqué... « Les temps ne sont pas sûrs. » Cette phrase perturba encore plus l'adolescent. Il l'avait déjà entendue, dite par son père, un soir. Mais pas exactement de la même manière. Non, son père avait dit « Les temps de sont pas sûr pour les mutants. » A sa connaissance, il n'était pas de ceux-ci. Enfin, c'est ce qu'il pensait. Il ne manquerait plus que ça, ajouter « Mutant » entre schizophrène et bourré de medoc sur la liste des choses qui faisaient de lui quelqu'un de différent.

Son mal de tête était de plus en plus oppressent, à présent. Il sentait sa tête lui tourner. Ses mains se crispèrent autours de son café. Il sentait son cœur battre dans son crâne, et chaque battement étaient plus douloureux que celui qui l'avait précédé. Horrible rythme qui ne se décidait pas de s'arrêter, et qui le torturait intérieurement. Il ferma les yeux, tenta d'oublier l'espace d'un instant la douleur omniprésente, en vain. Alors, il rouvrit les yeux, en comprenant que cela ne servirait à rien de continuer. Il se mordit la lèvre, pour essayer de se concentrer de nouveau sur son interlocutrice, non sans difficultés. Il se décida à demander timidement, en regardant droit dans les yeux la jeune femme :

« Je ne comprend pas. Pourquoi devrais-je me cacher ? De qui ? De mes parents ? Ce n'est pas bien grave si il me retrouve vous savez, j'aurais juste quelques ennuis avec eux... Et que voulez-vous dire par « Les temps ne sont pas sûrs » ?  »

Sa voix avait flanchée sur les deux derniers mots. Il inspira profondément, et prit une seconde gorgée de son café. Cette douleur n'était pas normal, et insupportable. Il prit une seconde fois dans sa poche sa précieuse boite, et fit glisser les trois dernières pastilles bleus dans sa main, et les avala avec un peu de café. Il reposa sa tasse peut-être un peu trop violemment, sans trop contrôler son geste. Il n'avait pas le droit d'en prendre plus de trois pastilles en un espace temps aussi court par rapport à sa dernière prise, mais il s'en fichait bien de cela. Ces calmants allait l'apaiser un minimum au moins, quitte à être un peu dans les vapes. Ce qui le gênait le plus, c'était que la boite était à présent vide. Si il avait un problème, il ne pourrait pas le contrer avec l'aide des médicaments. Alors, un sentiment de panique l'envahit. Et si comme tout à l'heure, il avait à faire à une début de crise ? Comment allait-il faire ? Il serait sûrement dangereux. A présent, il n'était plus le petit garçon facile a arrêter physiquement lors d'un excès de violence. Non, à présent, il était un adolescent en pleine forme, avec des forces non négligeables. Et il pouvait sûrement faire vraiment mal à quelqu'un, bien contre son gré...


Doucement, il sentit les effets des calmants sur lui. La douleur était toujours présente dans sa tête, mais moins intense. Il se sentait léger, apaisé. Il était calme. Toutes les craintes et les questions s'envolèrent, comme par magie. Ou pas. C'était juste l'effet des calmants, et hélas, il était seulement éphémère, et cela Zach le savait bien. Mais pour l'heure il profitait de cet instant où le battement dans sa tête c'était arrêté, où ses muscles c'étaient finalement décontractés. Ses mains avaient lâchés sa tasse. A présent, son attention était portée sur Barbara, de laquelle il attendait quelques réponses.

Barbara regarda négligemment sur sa droit en jouant avec ses cheveux comme si ce qu'elle venait de lui dire était aussi anodin qu'un bonjour. Ils étaient dans un lieu public et risquaient d'être entendu, sans compter, que Janine, la femme du patron était une cassette enregistreuse qui répétait tout ce qu'elle entendait. Avait-il saisi ce qu'elle voulait lui dire? Elle essaya de se mettre à sa place, ce devait être quelque chose de difficile à entendre et peu crédible si on avait une existence normal hors-propos aux évènements extérieurs comme les Mutants. Elle voulait le laisser y penser d'abord, il était certain qu'après cela elle saurait s'il su un jour ou non qu'il était Mutant. Si c'était négatif, elle avait quelque part de la chance, un Mutant qui n'est pas sur les listes et qui ne sait pas lui-même qu'il est Mutant à de forte chance d'utiliser son pouvoir à son propre insu en public et donc risque facilement de se faire repérer.
Elle se tourna vers Zach et fronça les sourcils. Il ne semblait pas très... stable serait le mot, mais Barbara voulait y ajouter "bien" comme si il avait une migraine ou quelque chose d'assez gênant. Quelque peu étrange, le garçon répondit:

« Je ne comprend pas. Pourquoi devrais-je me cacher ? De qui ? De mes parents ? Ce n'est pas bien grave si il me retrouve vous savez, j'aurais juste quelques ennuis avec eux... Et que voulez-vous dire par « Les temps ne sont pas sûrs » ? »

"Ça, ça serait la manifestation d'un quelconque pouvoirs?" s'interrogea Barbara en le fixant. Elle aurait voulu le faire examiner par le docteur avant de prononcer un avis sur son cas, car il était vrai qu'elle ne savait rien sur sa vie et qu'elle s'était proposée de l'aider sans lui avoir vraiment expliqué ce qu'il risquait. Mais une réponse évidente s'offrit à une de ses questions. Il ne savait pas qu'il était un Mutant. Sinon il aurait saisi toute la gravité de la situation.

- Vous ne savez pas tout, dit-elle calmement. Vos parents non plus et c'est ça qui est gênant. Vous devez savoir de quoi je vous parle, non?

Elle jeta un regard en biais à Janine qui sortit de sa conversation avec son acolyte pour lui adresser un grand sourire et un geste de la main auquel Barbara répondit par un signe de la tête. Elle se retourna à nouveau vers Zach qui porta quelque chose à sa bouche, la main tremblante.

- Qu'est ce que...

Elle le fixa gravement. Qu'est ce qu'il venait de prendre? Anti-staminique? Anti-dépressif? Elle pensa au psychiatre. Il lui faisait probablement prendre quelque chose.

- Zach, qu'est ce que vous prenez? demanda-t-elle enfin.

Des études comparatives du centre de recherche de la base de Apocalypto avaient conclues que plusieurs médicaments avaient des effets "indésirables" sur certains Mutants, Barbara avait eu accès à ce papier alors que les études étaient en cous. Si elle allait les consulter, elle saurait de quoi il en retournerait vraiment et obtiendrait des détails.

"Décidément ..." se dit Barbara. Le jeune fit rouler un boîte visiblement vide dans laquelle il mettait ses comprimés. C'était une boîte anodine sans la moindre inscription. Le remède contre la migraine, à cet âge-là, est le paracétamol. Barbara le fixa. Le paracétamol à dose de 1 g par comprimé pouvait lui être prescrite sans soucis. Quand dépasse une dose donnée avec le Paracétamol, il vous détruit l'organisme. Barbara savait tout ces renseignements sur le sujet et en règle général l'auto-médication n'était jamais quelque chose à prendre à la légère. Elle saisi la boîte dans sa main.

- Et avec ça vous n'êtes pas très intelligent pour cacher quoi que ce soit, dit-elle. En cas de migraine, à vôtre âge, on vous prescrira du paracétamol à 1 g. Les recommandations d'utilisations sont de 1 g toutes les six heures. Or, vous avez pris plusieurs comprimés, déjà là à l'instant et tout à l'heure quand vous pensiez que je ne vous regardait pas. Ce qui était vrai. Je ne vous regardait pas mais je vous entendais. Vous n'êtes pas très malin, ajouta-t-elle dans un soupir. Dites-moi ce que c'est, je ne suis pas vôtre mère mais j'ai des acquis en médecine, je connais quelqu'un qui pourrait vous avoir un traitement plus efficace, mais pour cela je dois aussi savoir ce que vous soignez., quelque chose me dit que ce n'est pas la migraine.

Le jeune homme était hésitant. Elle comprenait tout à fait ce sentiment. Celui de perdre le contrôle sur sa vie parce que tout va trop vite. Trop vite, Barbara détestait cette appellation. Dans la vie, elle essayer de prendre le temps de tout faire, même la cuisine. Pas à pas, étape par étape lentement mais sûrement. Sinon elle le savait, être prompt à agir nous fait commettre d'irréparables erreurs en général, avec ça on perdait complètement le fil des évènements, dépassé.

Barbara n'en voulait pas à Zach de lui cacher ce qu'il prenait. Il se protégeait. Et c'était normal, le contraire l'aurait été moins peut être. Déjà qu'il n'était pas très futé à première vue, la jeune femme gardait quand même la sensation que c'était quelqu'un d'intelligent même si elle lui affirmait le contraire. Il était comme elle. Il avait besoin de temps, pour réfléchir, pour comprendre, pour agir et répondre. Elle l'aiderait car sans cela, la vie serait cauchemardesque pour lui. Si elle ne l'était pas déjà. Elle sentait qu'il était déjà dépassé. Les choses avaient dû aller à une vitesse, qu'il ne soupçonnait pas, il n'avait pas dû réfléchir à ce qu'il allait faire à ce moment là. La jeunesse. Celle de l'esprit plus encore que celle de l'être était fatale, Barbara avait déjà rencontré des personnes qui à 33 ans se retrouvaient avec l'expérience et le vécu d'une personne de 60. "Le Vieux assis voit mieux que le Jeune debout". C'était vrai.

« Savoir quoi ? Je ne comprend pas de quoi vous parlez. »
- Je t'expliquerai bien assez tôt. Tu sais que le pays, même le monde rencontre un problème de taille, non? Tu as entendu parler de cette pandémie?

Barbara regarda la transformation progressive dans les traits du jeune homme. Son visage n'avait pas changé, et pourtant il était si différent. Elle-même ne semblait pas très surprise de voir Zach devenir quelqu'un d'autre, car c'était bien le cas. "Il n'est pas malade, il a quelqu'un avec lui et c'est lui que Vicky avait vu." se dit Barbara. Bien, à présent, il fallait connaître cet autre, ce n'était pas Zach car Zach n'était pas comme ça. Barbara ne le connaissait pas pourtant, mais elle le sentait. Elle sentait qu'il était quelqu'un de bon qui avait beaucoup à apprendre.

« Zach ne comprendra pas. Il est trop naïf de toutes façons. Moi par contre je sais. Je sais tout. Je sais ce que nous sommes tous les deux. Mais lui ne doit pas savoir. Si vous vous avisez de lui dire, c’est à moi que vous aurez affaire, et sachez que je ne suis pas le gentil adolescent naïf et perdu comme Zach. Je ne suis pas comme lui. Non. Moi je sais contrôler le don qui nous est donné. Je sais tout ce que lui ignore. »

Elle ferma les yeux et avala un peu du contenu de sa tasse.

- Bonjour, dit-elle gravement. Nous n'avons pas été présenté, je crois. Je suis Barbara Madeleine Bouquet. Pourrais-je savoir à qui ai-je affaire avant de traité avec vous?

Elle n'avait pas peur. Quelqu'un qui côtoie les cadavres depuis son enfance et qui avait vu des horreurs sur cette Terre un peu trop tôt ne pouvait pas être intimidée par les menaces d'un alter-ego installé dans le corps d'un adolescent qui était, à première vue, son contraire. Elle aurait voulu appeler Vicky Lee mais devant tout le monde, elle aurait été découverte. Elle était tout comme la chose qui habitait Zach, un Mutant et cette dernière ne le savait donc ne soupçonnait pas la moindre de ses capacités. Elle jaugea du regard la personne qui se trouvait devant elle. Un homme sans aucun doute, plus vieux que Zach, peut-être une entité millénaire ou bien une réincarnation ratée. N'importe quoi. Ça devait être probablement une entité perdue plutôt et une entité dangereuse et puissante.
Barbara fouilla. Elle cherchait dans son esprit les morts, et elle en voyait une quantité impressionnante, elle fronça les sourcils. Ce n'étaient pas les morts de Zach, mais ceux de cette chose qui souriait devant elle. Elle fouillait. Comme une feuille de papier sous une autre plus ample, elle perçut Zach, comme léthargique. Elle avait beaucoup de mal à opéré car ses oreilles étaient couvertes par des cris d'outre-tombes. "Toutes des victimes" se disait-elle en commençant à remuer sa cuillère dans sa tasse. Les lamentations déchirantes ne voulaient pas arrêter mais malgré tout Barbara continua. C'était un meurtrier? Comment s'y prenait-il? Les victimes, comme les cris étaient innombrables. Barbara coupa le lien, elle allait les réveiller en plein de jour devant tout le monde ce qui était la dernière chose à faire.

Barbara réfléchit bien en se calant contre son dossier. Ainsi, elle visait juste. Quelqu'un ou quelque chose de plus âgée, de plus mûre et de bien différente de Zach logeait dans ce corps. Joueuse, elle aimait cette situation. Elle eut un sourire gourmand sur les lèvres. Elle aimait déjà ce "Zane".
Quelque chose de "dangereux", c'est ce qu'avait dit Vicky. De toute évidence, elle n'avait pas affaire à n'importe qui. Il était puissant, plus que Zach. Intelligent, plus que Zach. Rusé, bien plus que le pauvre Zach. Elle l'adorerait. Elle n'avait pas besoin de "fouillé" pour le comprendre. Il était ce qu'elle cherchait. Et ce, depuis toujours, il allait la combler. Presque sadique et cruel, il fallait un peu de ça tout de même et à la fois intelligent et réfléchit.
Elle ramena sa tête sur ses mains croisés, les coudes sur la table.

- Je suis tout comme vous, dit-elle avec l'approche d'un chaton qui cherchait à jouer avec requin. Ni Plus, ni Moins. Je vous ai senti dès que j'ai vu ce garçon, plus faible, plus puéril, plus jeune, plus naïf je me suis interrogée et j'ai compris. Vous étiez à l'intérieur. Je dois dire que je le trouvait un peu attachant mais, il n'en demeurait que faible, pauvre petit. Je vous ai senti et j'ai tout de suite su, c'est ça mon secret à moi, dit-elle en lui effleurant de ses doigts le menton.

Elle se tourna vers sa tasse et vida son contenu. Elle croisa les jambes effleurant les siennes au passage puis reprit en regardant par la fenêtre.

- Il est triste de voir que nous sommes réduits à nous cacher alors que tant de possibilités s'offrent à des gens de notre espèce, d'un revers de la main nous pourrions tous les balayer si nous le souhaitions, mais dans notre magnanimité nous nous sommes repliés, par pitié nous les avons laissé et nous avons continué, nous l'évolution de l'espèce. Je suis désolée de voir combien les plus jeunes, au contact de ses primitifs s'amenuisent et perdent leur capacités se fondant dans leur infâme masse. Pour notre grâce, nous n'avons pas été remerciés mais blâmés, chassés, condamnés. Toute cette cruauté n'a fait que confirmer ce que je supposais déjà, reprit la jeune femme en ce tournant vers Zane à nouveau. Ils veulent empêcher le changement, freiner l'évolution.

Ceci dit, Barbara regarda sa tasse vide. Comment allait-il prendre la chose? Elle avait réussi à dire ce qu'elle voulait dire dans le sens où, elle le voulait, avec l'art et la manière. Autrefois, dans son "autre vie" comme elle disait, elle savait qu'elle en aurait difficilement capable. Maintenant ça se jouait chez Zane.

La porte de l'établissement s'ouvrit dans un claquement rauque et tout le petit comité s'y trouvant s'en retourna. L'ai glacé s'introduisit à l'intérieur. Tim s'en leva pour la refermer mais à peine eut-il bougé qu'elle était déjà close.
Barbara fronça les sourcils et murmura un juron à voix basse et en français. Un homme s'assied à la table derrière Zach. Ils devaient se faire discrets. Zane était un personnage très imbu de sa personne, cela dit, la méthode utilisée par Barbara ne semblait pas porter ses fruits.
Si elle le tuait, il deviendrait sa poupée pour l'éternité, comme les autres, mais en cela il aurait fallu tuer Zach aussi et c'était impensable. Il devait être fort mais jamais autant qu'elle-même. Sans tarder, elle se mit à réfléchir.

« Oui, si nous le voulions, nous pourrions très bien reprendre le dessus, en s'alliant. Inverser les rôles. Les faire descendre de leur piédestal, leur montrer leur faiblesse. Après tout, c'est ce qu'ils sont. Peut-être nombreux, mais faibles. Trop faibles. Contrairement à nous. »

Il répondait exactement ce qu'elle voulait qu'il réponde. Cette chose était un danger qu'il fallait éradiquer mais Zach Jones devait-il en payer le prix? Barbara a toujours pensé que la vie évoluait selon un principe d'échange équivalent, à une vie ôtée, une autre sauvée mais dans ce cas-ci, si elle voulait la capture de Zane, elle devait conduire à celle de Zach également. Était-ce un bon prix? Raisonnablement, la jeune femme pensa à son pouvoir. Peu importe quel était-il s'il était convenablement utilisé quels dégâts pourraient-ils faire? C'était la question. Il fallait jauger de tout cela avant de s'engager dans une démarche. Il fallait le maintenir sous contrôle avant tout.

Elle soupira. Pas évident mais pas impossible, il fallait, si elle voulait tirer Zach de cet chose, appeler une autre chose encore qui viendrait d'en dessous. Si elle ne doutait pas de la servilité de la chose à son égard qu'elle maîtrisait totalement, elle craignait plus pour les dégâts qu'elle causerait à Zach lui-même. Elle hésite. En valait-il la peine?

« Il vaudrait mieux que Zach rentre chez lui. Vaut mieux limiter les dégâts de cette fugue. »

Elle sortit de sa réflexion après la remarque de Zach. Ça, ça détruirait ses efforts, elle ne pouvait pas le laisser partir avec cette chose. Et elle émettait une opposition la chose utiliserait probablement son pouvoir contre elle, tout ce qui lui restait à faire...
La porte s'ouvrit de nouveau dans un grondement sonore. Barbara sourit et murmura quelque chose encore en français.

Le tonnerre gronda, le patron alla fermer la porte et Zane ne remarqua tout comme les autres, que plusieurs mains fétides sortaient du sol en craquelant puis en le brisant tel du papier pour s'emparer de ses chevilles.
Le courant d'air avait averti Barbara. La femme assise derrière le garçon se retourna, et Vicky Lee injecta le contenue d'une seringue dans le cou de ce dernier alors que tous étaient occupés par l'orage.

Elle croisa le regard de Zane rempli de colère et de frustration. Dès lors, elle sentit une pression s'exercer sur elle de façon étrange. Elle n'en connaissait pas l'origine mais une lueur vint éclairer sa lumière. C'était l'oeuvre du jeune homme. Elle ne prit conscience de la consistance de ce pouvoir que lorsqu'un bruit sourd la tira de cet état subconscient.
Elle se tourna avec l'ensemble de l'assemblée. Zane était étendu par terre, face contre terre, devant la porte. Barbara trouva que ce petit bout s'en était bien tiré. En règle générale, la substance de Vicky prenait effet immédiatement, or le jeune homme avait combattu pendant quelques précieuses secondes son effet. Mais en fin de compte, ses maigres efforts ne purent avoir raison du produit et il en fut victime. D'après ce que leur avait dit le Dr. Carmichael et Vicky, ce liquide qu'elle avait injecté viderait de leur énergie ses victimes, il les plongerait dans une léthargie, il paralyserait leur muscles et anesthésiait les nerfs du corps.
Barbara regarda autour d'elle avec un regard malicieux. Elle avait gagné, mais pas complétement. Une bataille mais pas la guerre. Elle tourna la tête de nouveau et trouva Mr. Klaus en face d'elle, la pipe à la bouche et vêtu d'un grand impair ainsi que d'un chapeau. Elle répondit à son sourire.

- Excuse-moi Jim, c'est mon frère Zach, dit-elle en s'approchant du corps. Monsieur voulez-vous m'aider? C'est-à-dire qu'il est un peu diabétique et qu'il a paniqué en apprenant que notre mère était devenue lesbienne.

Mr. Klaus se leva et tout deux trainèrent dehors le corps. Ils gagnèrent la rue déserte dans laquelle les attendait sous un parapluie le docteur et Vicky devant la Lexus de Barbara. Le docteur et Mr. Klaus s'occupèrent du corps qu'ils placèrent à l'arrière.

- J'ai combien de temps? demanda-t-elle à Vicky.
- Huit heures avec la dose que je lui ai injecté, répondit l'infirmière.

Elles entrèrent chacune son tour dans la voiture qui démarra. Barbara avait dans l'idée de livrer ce petit con à l'opération Bastet en repensant à Zane et au danger qu'il représentait. Mais se ressaisissant, elle décida de le conduire chez elle, dans la cave aménagée.

(on continue chez moi?)