Compatriotes de Pays | Privé Svetlana |

Piotr avait entendu parler d’un asile mis en place non loin du centre administratif de la ville. Il n’avait pas spécialement envie de se faire remarquer en allant là-bas, mais c’était un point important, un point qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. Il faisait dus surplace depuis plusieurs semaines, n’arrivant même pas à avancer dans ses recherches comme si un mur lui bloquait la route, un mur invisible car il avait beau tâter partout autour de lui, il n’arrivait pas à mettre la main sur la sortie. Peut-être qu’il était obligé d’abandonner l’idée de pouvoir un jour sortir de sa vie de mutant traqué ? Certainement, dans tous les cas il n’avait pas trop le choix pour le moment, s’il voulait espérer ne pas couler là ou il était il devait avancer et voilà tout ! Ces pensées tournaient dans l’esprit du jeune Russe pendant qu’il regardait par la fenêtre de sa chambre, il devait avancer, c’était une obsession, comme s’il pensait que le jour ou il lui arriverait de ne plus savoir ou aller ce serait la fin. Peut-être tout simplement que c’était le cas non ? Certainement, il avait un tel mal à ordonner ses pensées ! Le blond inspira longuement, sentant un air chaud et plein de poussière lui entrer dans les narines, ce n’était vraiment pas agréable de vivre ici, c’était même plutôt horrible, il détestait cette ville, ce pays, tout ce qui faisait que c’était un endroit aussi chaud et aussi hostile. Il se sentait si mal dans cet endroit, la mélancolie, le mal de son pays, l’envie de rentrer en Russie, tout ça à la fois, ça le rendait complètement désarmé, il était dans une rude phase de doute et ne pourrait pas en sortir avant longtemps, du moins pas seul. Le blond passa ses mains sur son visage, puis dans ses cheveux pour essayer de se sentir un peu plus vivant, en vain, la seule chose qu’il ressentait était une immense dégoût, un dégoût de tout ce qui l’entourait, des gens, des humains, des mutants, de lui, de tout. Le jeune homme secoua la tête pour se reprendre puis il attrapa sa casquette accrochée à la chaise avant de se diriger vers la porte de sa chambre sans plus de réflexion, puis il attrapa les clés avant de sortir sur le palier pour fermer la porte à clé et se détourner de cet endroit qui le dégoûtait tant. Alors qu’il allait descendre les escaliers une musique l’interpella. Il se retourna, la porte de sa voisine était grande ouverte et une douce musique en sortait, du violon, un air si triste mais tellement sincère. C’était plein de mélancolie, il se sentit étrangement attiré par le son et resta planté devant l’escalier, la main posée sur la rampe, la tête dirigée vers la porte ouverte et pourtant où il ne voyait rien. Espéranza lui avait parlé de ce genre de musique, la musique classique, s’il se souvenait bien c’était une personne très connue qui avait écrit cela, ‘les 4 saisons’, c’était le titre dont il se souvenait, et la musique berçait le blond en lui rappelant les plaines enneigées de son pays. Encore une vague de tristesse mélancolique, et il détourna le regard pour dévaler rapidement les marches en essayant de s’éloigner le plus rapidement possible de cette musique envoûtante qui le rendait si triste.

Pourquoi ! Pourquoi est-ce qu’il n’arrivait plus à contrôler ses émotions et à se sortir cette musique infernale de la tête , il se sentait comme un enfant perdu, depuis sa rencontre avec le mutant hostile qui avait chamboulé toute sa vie et remonté à la surface des souvenirs douloureux, il était perdu. Comme si on avait à nouveau ouvert sa plaie et versé du sel dessus, douloureux mais comme jamais, là c’était un mal intérieur qui le rongeait sans qu’il ne puisse rien faire, rien faire d’autre que de se sentir malheureux du moins. Le jeune homme était à présent dans la rue, il marcha rapidement en direction des rues perdues de la ville, là ou il se sentait chez lui tout simplement. Enfin chez lui, tout était relatif bien entendu, il savait qu’il ne serait jamais aussi bien dans cet endroit qu’il ne pourrait l’être dans son pays, dans sa famille, dans son environnement. Cet air chaud et sec le rendait malheureux, s’il avait autant de mal à se faire à la vie ici c’était surtout le climat, la population, la langue, il aurait donné n’importe quoi pour entendre du Russe, parler sa langue natale, échanger des avis sur les contrées les plus belles du magnifique pays de glace, bref, faire des choses normales, mais ce n’était pas pour lui. Le jeune homme erra un bon moment dans les rues de la ville, il ne savait plus exactement ou il était dans son esprit, il mélangeait ses pensées et ses pas, comme si tout était flou. Le mutant finit par déboucher sur une espèce de petite cour, et en avançant encore il constate avec une assez forte surprise qu’il était en face des bâtiments administratifs, l’asile se dressait au loin, et pas mal de personnes marchaient dans la rue sans faire attention à ce qui se passait autour d’eux. L’air étouffant était pire ici, et en voyant le bâtiment glacial ou sa photo était affichée sans qu’il ne le sache, l’air lui manqua. C’était vraiment la dernière chose à faire ici, avoir une crise de chaleur, il était trop couvert il le savait, sa veste et sa casquette destinées à cacher son apparence n’étaient pas seulement des aides, mais aussi des boulets à porter et à traîner derrière lui. Le jeune homme s’appuya contre le mur derrière lui, à l’angle du bâtiment qui donnait sur la rue de l’asile, on ne devait pas le voir de là-bas, mais ce n’était pas non plus une rue déserte et plusieurs personnes passèrent en le regardant d’un air contrarié. Piotr se pencha en avant, posant ses mains sur ses genoux il cherchait de l’air frai en vain, il avait tellement chaud, la température de son corps devait avoir augmenté, et il savait à quel point c’était dangereux pour lui, mortellement dangereux. Le blond inspirait avec difficulté comme lors d’une crise d’asthme, et il se sentait mal au point de ne pas pouvoir comprendre qu’il se mettait en danger en restant ici dans cet état. Après tout, les chercheurs étaient dans le bâtiment en face, et même s’il ignorait ce point, c’était assez dangereux pour lui de traîner dans els rues fréquentées par la police. La chaleur rendait la réflexion impossible, et le jeune homme ne put retenir une exclamation agacée dans sa langue natale qui lui valut plusieurs regards agacés et surprit, voir même soupçonneux sans raison valable.

« Черт пиджак ! Черт тепла ! »

Traduction littérale de ‘sale veste, saleté de chaleur’, mais bien entendu cela restait une protestation pour la bonne forme, après tout personne ne comprenait la langue du blond, du moins pas à sa connaissance dans ce coin. Après un longue pause de plusieurs minutes, il finit par sentir la chaleur augmenter, c’était horrible, ça n’allait pas en s’arrangeant, il mourait d’envie d’ôter sa casquette pour s’aérer un peu mais il devrait d’abord s’éloigner avant de cet endroit, et marcher dans son état c’était exclu. Soudain il sentit un pique de crainte, comme lorsqu’il attirait trop l’attention, et il essaya de se reprendre avant de redresser la tête en essayant de prendre une expression neutre, mais ce n’était pas trop ça. Il espérait simplement ne pas s’attirer d’ennuis comme toujours, qu’est-ce qu’il avait été stupide en venant ici sans savoir pourquoi, il allait finir la journée en prison si ça continuait comme ça ! Mais c’était hors de question, il ne voulait pas retourner là-bas, et le blond promena son regard vairon autour de lui avant de le poser sur une jeune femme blonde qui lui disait vaguement quelque chose. Sa note d’accent dans la voix, essayant de prendre un ton neutre, il s’adressa rapidement à elle, en américain cette fois-ci.

« Pardon, je peux vous aider ? »

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Svetlana poussa un soupir, avant de remettre en place la petite pile de livres qui lui encombrait les bras. La jeune lycéenne était passée à la bibliothèque municipale pour emprunter quelques bouquins et vu que c'était les vacances, il était possible d'en prendre un peu plus que d'habitude. Alors elle ne s'était pas fait prier, remplissant son sac à dos et en prenant le surplus à la main.

En sortant du bâtiment, elle fut accueillie par la vague de chaleur estivale. Heureusement, elle s'était vêtue en circonstance, un débardeur sur un short faisait parfaitement l'affaire par cette saison. Svetlana commença à remonter la rue en direction des arrêts de bus pour rentrer chez elle, chemin qui la faisait passer à proximité de l'asile. Mais, elle ralentit pour réajuster la position de son sac ainsi que celle des livres qu'elle portait. Ce faisant elle entendit une personne lui adresser la parole.

« Pardon, je peux vous aider ? »

Regardant autour d'elle pour trouver qui lui parlait, les yeux de Svetlana se posèrent sur un jeune homme portant une casquette. De plus, l'accent prononcé du jeune blond ne lui était pas inconnu... Elle en déduisit qu'il était russe. Un peu encombrée, la jeune adolescente se redressa pour répondre avec un sourire aimable.

« Merci, mais je pense que je vais pouvoir m'en sortir seule.... »
C'était très gentil de la part de ce jeune homme de proposer son aide, cependant, même si la culture avait un certain poids, la jeune femme avait l'habitude de transporter beaucoup de livres. Elle s'était un peu rapprochée de son interlocuteur, et il lui semblait qu'elle avait déjà vu ce visage... Fronçant un peu les sourcils, Svet essaya de se rappeler où et quand.

« Dites, on ne se serait pas déjà rencontré quelque part ? ... »
Elle ne voulait pas paraître indiscrète, mais elle ne voulait pas non plus rester dans le doute. Une petite pause au cours de laquelle son visage changea d'expression, elle venait de se souvenir...
« Eh mais vous ne seriez pas l'un des jeunes russes que j'ai croisé à la bibliothèque lors des manifestations ? .... »

Ce n'était pas tous les jours qu'elle croisait des ressortissants de sa patrie paternelle, alors oui, elle n'allait pas l'oublier...

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Le jeune homme fut coupé dans ses pensées, juste après s’être adressé à la jeune inconnue, et maintenant qu’il regardait plus clairement, il voyait qu’elle portait une bonne quantité de livres, à croire certainement qu’elle sortait de la bibliothèque, encore une jeune femme qui savait lire, en même temps tout le monde savait lire logiquement. La jeune inconnue demanda alors s'ils ne s’étaient pas déjà rencontrés avant, et Piotr resta un petit moment bloqué, regardant le visage de la jeune femme d’un air incertain. Rencontrés ? Possible, il rencontrait beaucoup de monde, il avait dû rencontrer plus de gens en une année à vivre dans cette ville que toute sa vie avant de s’évader, alors s’il devait retenir tous les visages qu’il voyait…. Un silence, un ange qui passe, et finalement la jeune femme reprit la parole, demandant s’il n’était pas un des deux Russes rencontrés lors des manifestations, à la bibliothèque. Rapide retour en arrière, le blondinet se souvint soudain que c’était ce jour où il avait rencontré Nikita pour la première fois, son grand frère, et bien sûr le souvenir du visage de la jeune femme vint en même temps. En effet, ils s’étaient déjà rencontrés, lors de ses manifestations, elle était Russe d’après ses souvenirs, oui, un prénom typiquement Russe, mais il ne se souvenait plus exactement lequel, difficile de garder de telles choses en mémoire lorsqu’on pensait ne plus jamais revoir cette personne ! Le blondinet réfléchit un petit moment, en vain, impossible de se souvenir du prénom de la jeune fille, mais au moins il savait que la jeune blonde ne lui était pas inconnue, et en plus une Russe ici, c’était quelque chose d’improbable ! Lui qui avait le mal du pays, tomber sur une personne originaire du même endroit que lui c’était comme une lueur à travers le brouillard ! Néanmoins il se voyait mal lui taper la discuter, et encore moins en Russe. Le jeune homme esquissa un sourire force comme pour montrer qu’il se souvenait bien, puis il répondit aux questions de la jeune fille.

« En effet, comme vous dites, je crois bien que nous nous sommes brièvement rencontrés là-bas, je suis vraiment désolé, je ne vous avais pas reconnue, je n’ai pas une très bonne mémoire des visages et des prénoms. D’ailleurs, vous m’aviez dit comment vous vous appeliez, mais j’ai complètement oublié depuis le temps… Vous êtes Russe aussi n’est-ce pas ? »

Il savait qu’elle était Russe, inutile de poser la question mais c’était surtout pour ne pas avoir l’air trop indiscret, un peu difficile avec certaines personnes de poser des questions, certains inconnus refusaient de donner des informations, de répondre à la moindre question qui leur était posée. Bien sûr il pouvait les comprendre, lui-même avait un peu de mal lorsqu’on commençait à poser des questions trop précises et trop personnelles, même donner simplement son prénom de temps en temps, ça devenait dur. Bon en l’occurrence avec la jeune fille il avait déjà échangé ces informations, par conséquent en toute logique il n’avait pas à se sentir mal de lui redonner, mais il avait pourtant un léger malaise à parler de ça ici. Le Russe orienta un regard vers le coin de la rue, il voyait qu’un morceau de l’asile mais, n’arrivait pourtant pas à se calmer, il ne voulait pas montrer sa panique et baissa donc la tête lorsqu’il reporta son attention sur la jeune fille, glissant ses mains tremblantes dans ses poches, et finalement il reprit la parole d’un ton toujours aussi traînant.

« Je m’appelle Piotr. Piotr Zakharine, je ne sais plus si je vous l’avais donné lorsque nous nous étions rencontré l’autre fois. »

Le jeune homme resta un peu plus silencieux, puis il regarda plus attentivement la jeune femme, elle était vraiment beaucoup chargée, il n’allait quand même pas la laisser ainsi, d’autant plus qu’elle devait certainement commencer à sentir le poids des livres. Le blondinet regarda dans la direction qu’elle prenait, et visiblement elle se rendait dans le coin opposé à l’asile, quelle meilleure raison que de lui proposer à nouveau son aide ? Le blondinet n’avait qu’une envie, pouvoir s’éloigner d’ici, et puis il devait avouer que si la jeune fille en avait envie en même temps, a lui permettrait aussi de pouvoir parler un peu avec elle, peut-être même bien que si elle avait le mal du pays, ils pourraient parler dans une autre langue que l’Américain, à savoir leur langue natale à tous les deux, le Russe. Piotr n’était plus là-bas depuis des années, mais même depuis le temps il avait encore gardé sa langue natale comme langue naturelle et éprouvait toujours un certain malaise et une certaine difficulté à pouvoir parler en américain. Le jeune homme regarda rapidement autour d’eux une dernière fois, puis il constata que des agents de police patrouillaient comme toujours devant l’espèce de gros bâtiment qui devait servir de lieu de regroupement à différents partis politique, ce n’était pas bon, mais il n’allait pas s’en aller comme ça. Piotr se colla légèrement plus contre le mur, essayant tout de même de ne pas paraître trop étrange aux yeux de la belle, puis il la regarda à nouveau de ses yeux vairons avant de reprendre la parole d’un ton qui se voulait dégagé.

« Vous êtes vraiment sûr que vous ne voulez pas d’aide ? Je me rendais du même coté que vous, si ça vous dirait, on pourrait faire le chemin ensemble ? Je ne rencontre pas souvent d’autres Russes et je ne vous cache pas que ça manque. Mais si vous êtes pressée ou que vous avez autre chose de prévu…. A moins que vous ne fassiez pas trop confiance aux étrangers, comme les parents ont l'habitude de le dire à leurs enfants ? Je ne veux pas vous forcer la main, mais a me ferait plaisir de vous aider. »

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Les manifestations... Elles remontaient à un certain temps déjà, et Svetlana comprenait parfaitement le silence qui plana avant que le jeune homme réponde. Elle-même ne s'était souvenu de lui que grâce à quelques indices, yeux vairons, casquette vissée sur la tête et accent prononcé. Elle en profita pour observer un peu son interlocuteur, tout en lui accordant un sourire indulgent suite à sa réponse. Il était jeune, apparemment dans la même tranche d'âge qu'elle.

« Il n'y a pas de mal... Je dois dire que notre précédente rencontre date un peu, et que vous ne vous souveniez pas vraiment de moi est logique. Sinon, je m'appelle Svetlana et oui, je suis bien russe... »

La jeune femme était contente qu'il se souvienne d'elle en dépit de la brièveté de leur première rencontre, écourtée par l'appel de sa mère. Elle aimait faire de nouvelles connaissances. Cependant, elle n'avait donné que son prénom... Etait-ce par méfiance? Peut-être... Car elle conservait un brin de réserve méfiante avec les inconnus. Même s'il semblait sympa. Svetlana était plutôt du genre à donner un renseignement contre un autre... Un prénom pour un prénom, un nom pour un nom. Alors qu'un léger moment de flottement s'installait, Svetlana remarqua que son interlocuteur semblait un peu mal à l'aise, et qu'il jetait des regards plutôt méfiants aux alentours. Elle se demandait ce qui pouvait le troubler quand il reprit la parole.

« Eh bien Piotr, ravie de vous rencontrer de nouveau. Je ne saurais dire si vous m'aviez déjà donner votre nom. D'ailleurs, le mien, c'est Iorichenko. »

Voilà elle avait équilibré la balance des informations échangées. Tandis qu'elle parlait, la lycéenne sentit un des livres glisser de son bras. Rattrapant le fuyard, elle changea de bras porteur. Ce faisant, elle remarqua du coin de l'oeil le mouvement de Piotr, comme s'il voulait se dissimuler dans le mur, à moins qu'il ne cherche un peu d'ombre sous la chaleur estivale. Coupant court à sa réflexion, Piotr lui reproposa son aide vu qu'il allait dans la même direction qu'elle. Cette fois, la jeune blonde se laisserait bien tenter car elle sentait que ses bras peinaient sous la charge en plus de supporter la chaleur accablante, mais elle hésitait, s'ils ne s'étaient pas croisés comment aurait-elle fait jusque chez elle?

« Ce serait avec plaisir de faire un bout de chemin avec vous puisque nous allons dans la même direction et non je ne suis pas préssée et... (petit sourire gêné) je crois que j'ai été un peu gourmande niveau livres alors j'accepte volontiers votre aide et vous en remercie. »

Ce faisant, elle permit à son compatriote de la soulager de la majeure partie des livres qu'elle tenait à la main, mais elle en conserva un peu... Elle n'allait pas abuser de sa gentillesse tout de même. Et pour se donner bonne conscience, elle adressa un petit sourire à Piotr en guise de remerciements. En acceptant, elle avait implicitement répondu à la remarque du jeune homme au sujet des parents et des inconnus. Elle lui permettait de lier connaissance avec elle, sans pour autant baisser sa garde. De sa main nouvellement libérée, la jeune russe s'essuya le front en ramenant une mèche derrière son oreille. Le soleil tapait, cela en devenait désagréable. Jetant un regard vers le ciel, elle remarqua qu'il était vide de nuages, et il n'y avait pas vraiment de vent. Elle enviait presque Piotr et sa casquette. D'ailleurs, elle regrettait de ne pas avoir pris ses lunettes de soleil. Reprenant sa marche vers les arrêts de bus, Svetlana en profita pour poser des questions à son interlocuteur russe.

« Cela fait longtemps que vous êtes en Amérique? Pour les études ou pour le boulot? Et apparemment la russie vous manque, n'est-ce pas?... Si mes questions sont indiscrètes dites-le moi... Mais, je m'interroge car vous avez un accent très prononcé... Et vous semblez quelque peu anxieux... »

Voilà qu'elle commençait à se montrer curieuse. Allait-il répondre ou se refermer comme une huître? Son interlocuteur était-il mal à l'aise à cause des conditions météo ou d'autre chose? Svetlana ne pouvait pas se douter qu'elle était en présence d'un mutant recherché car elle n'avait pas encore vu les panneaux de recherche de la mairie, ni vraiment fait attention aux avis de recherche télévisés.

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Une autre Russe, il ne s’était vraiment pas trompé, il n’avait finalement pas une si mauvaise mémoire que cela fallait-il croire ! Mais bon ce n’était pas pour autant qu’il saurait dire s’il se souvenait réellement des paroles qu’ils avaient échangées. Le souvenir apparut brièvement dans son esprit, oh, il se souvenait à présent, à la bibliothèque comme elle venait de le dire, et aussi en même temps que Nikita surtout. C’était la première fois où il avait rencontré son frère sans savoir qui il était pour lui, qu’il avait été stupide à l’époque, ne pas remarquer cela, mais en même temps il l’ignorait, il ne pouvait donc pas trop faire autrement. Le blondinet sourit légèrement après la réponse de la jeune femme, comme s’il venait encore de faire la lumière dans son esprit, ce qui était en partie le cas. Il savait qu’ils avaient échangé quelques paroles tous les trois, que la jeune femme avait rapidement dû s’en aller, et que du coup Piotr avait préféré s’en aller aussi, chose stupide lorsqu’il y repensait, après tout c’était juste pour ça qu’il n’avait pas eut l’occasion de reconnaître son grand frère, ou plutôt de faire sa connaissance. Piotr chassa cette pensée de son esprit comme il pouvait, concentrant son attention sur la jeune femme, elle avait un bien joli prénom, il se souvenait bien à présent, il avait déjà songé cela la première fois. Ils avaient simplement dû échanger des politesses sans plus, mais c’était le destin qui les avait fait se rencontrer à nouveau fallait-il croire ! Comme pour signifier à la jeune femme qu’il avait bien entendu et surtout qu’il se souvenait enfin de leur rencontre, bien que c’était déjà un peu clair avant, il hocha légèrement la tête en répondant d’un ton qui se voulait calme.

« Je me souviens à présent, oui. Nous avions brièvement parlé. »

Information totalement inutile certes étant donné qu’elle venait de le dire elle-même, mais qu’est-ce qu’il pouvait donner comme explication ? Simplement que le silence qu’il aimait tellement risquait de devenir gênant s’il s’installait trop entre eux, après tout ils étaient tous les deux jeunes et Russe, logiquement il devrait se sentir plus à l’aise non ? Mais à croire que la proximité des autorités le rendait trop nerveux, dire qu’il avait songé tellement de fois à pouvoir retrouver quelqu’un qui parlait la même langue que lui, maintenant que c’était le cas il gâchait tout en se montrant nerveux ! Certes même s’ils échangeaient leurs mots en Américain, elle avait un très léger accent Russe, à peine perceptible mais vraiment très agréable aux oreilles du jeune homme, comme une goutte d’eau dans un désert. Amusant de voir à quel point on pouvait apprécier une personne simplement pour ses origines ou quelque chose d’approchant ! Elle aurait aussi bien pu être un membre de l’opération qu’il ne se serait pas sentit mal de lui parler simplement à cause de ça, mauvaise chose, mais il en avait tellement marre de se brider et de faire attention aux gens qui l’entouraient ! Pour une fois il avait envie d’échanger quelques mots avec une jeune femme qui lui semblait agréable et qui surtout avait un accent et des origines qui atténuaient son mal du pays très prononcé et présent ses derniers temps ! La jeune femme manqua de perdre un livre mais le rattrapa de justesse, puis elle posa son regard sur le jeune homme avant de finalement se décider à répondre positivement à la proposition du Russe en expliquant qu’elle avait été un peu gourmande au niveau de ses livres. Piotr la soulagea donc d’une bonne grosse partie de ses livres, se disant que décidément les livres pesaient sacrément lourd pour être seulement du papier et du carton, et il regarda la jeune femme un instant avant de répondre brièvement, un léger sourire amical et totalement factice flottant sur ses lèvres pleines et légèrement rosées.

« Je suis ravie de vous aider dans ce cas ! J’avoue que vous avez pris la bonne dose de livre, mais bon, lorsqu’on aime on ne compte pas comme dit le la maxime, en l’occurrence vous devez beaucoup aimer lire. Difficile de croire que c’est simplement du papier et du carton vu le poids que ça pèse. »

En fait difficile de voir que c’était aussi lourd simplement parce qu’il n’en avait jamais porté ! La jeune blonde sourit à son compatriote avant de remettre en place une de ses mèches, il était plutôt contente qu’elle accepte son aide, non pas pour pouvoir faire sa B.A de la journée mais simplement parce qu’il avait par conséquent en quelque sorte été accepté par la jeune femme pour le temps de marche jusqu’à chez elle. En réalité il se rendait compte que l’origine de la belle comptait pour beaucoup, à première vue elle avait l’air réellement très gentille, il suffisait de voir son air pacifiste et l’expression qu’elle affichait ainsi que la douceur contenue dans ses paroles, mais sinon plus profondément, elle était Russe, elle avait un aspect slave, et un prénom qu’il aimait beaucoup. C’était plus qu’il n’en fallait au blond pour trouver quelqu’un aimable, dans son manque d’éducation il n’avait jamais été éduqué à s’intéresser aux gens pour des raisons ‘normales et sensées’, non plus sérieusement il s’intéressait aux gens parce que quelque chose en lui, le lui disait, mais il ignorait ce que c’était, il ignorait beaucoup trop de choses à son goût en réalité. La jolie blonde jeta un coup d’œil vers le ciel avant de reporter son attention devant elle, visiblement elle avait la même réaction que lui chaque fois qu’il regardait le ciel bleu et sans nuage. Dieu savait à quel point il aurait aimé voit se dessiner un jour la silhouette d’un gros nuage qui menaçait de faire tomber toute sa pluie sur les habitants de la ville ! Mais en vain malheureusement. Svetlana reprit sa marcha et le jeune homme l’imita en silence alors qu’elle reprenait la parole pour poser quelques questions. Enfin, quelques questions, plutôt un bon paquet, et sur le coup le blondinet fut vraiment surprit de voir la jeune femme en poser autant en si peu de temps. D’ailleurs des questions bien ciblées qui le mettaient un peu dans la panade ! Si ça faisait longtemps ? Bien sûr, trop à son goût même ! Pour le boulot ou les études ? Malheureusement non, il aurait bien aimé que ce soit le cas, enfin le boulot ça dépendait des points de vue, si cobaye humain était un métier pourquoi pas ! Mais il n’était pas spécialement sûr que ce genre de réponses convienne pour la discussion qu’ils avaient, de toute manière c’était le genre de réponses qu’il ne formulerait jamais à personne. La jeune femme demanda ensuite si la Russie lui manquait beaucoup, et il ne put s’empêcher de lui lancer un léger regard intrigué, c’était tant visible que cela ? ! Mais tout de suite après elle précisa que si elle était trop indiscrète il pouvait le dire, et cela fit sourire le blond qui secoua légèrement la tête. Le fait qu’elle remarque son anxiété était à la fois normal et plutôt gênant, mais il était bien obligé de mentir de toute manière, alors pourquoi se brider à mentir sur un point ? Il s’en voulait de devoir raconter des salades à la belle mais il n’avait pas spécialement le choix, ses questions étaient trop précises. Il pouvait détourner la vérité simplement ! Le jeune homme répondit donc d’un ton calme, essayant légèrement d’atténuer son accent sans vraiment y arriver malheureusement.

« Ca fait longtemps oui, 14 ans pour être exact, comme quoi l’accent a du mal à partir même après tout ce temps ! Mais je ne parle pas beaucoup Américain ce qui explique mon accent. Et je suis ici à cause de ma famille, vous savez le truc habituel, on suit tout le monde et voilà. Donc pour vous répondre, oui la Russie me manque, après tout c’est mon pays natal, et puis ce pays est beau à sa manière mais, je ne l’aime pas trop. Il est trop… Différent en fait. Ne vous en faites pas, c’est normal de poser des questions, et l’anxiété, c’était… Un léger malaise, il fait chaud, je n’ai pas trop l’habitude. Et vous ? Vous avez l’air vraiment bien acclimatée à cette ville, et on entend à peine votre accent. Née ici mais de parents Russes ? »

Plutôt étrange comme dernière question, mais pour tout dire il commençait à prendre goût à la conversation, certes il venait de mentir en parlant sauf pour dire qu’il ne parlait pas beaucoup cette langue, il ne parlait pas avant au centre, et depuis il parlait surtout Russe lorsqu’il pensait à voix haute. La jeune femme devait être originaire de Russie, sa voisine, Espéranza lui avait dit que de nombreux Russes vivaient en Amérique et appelaient leurs enfants comme de vrais Russes pour ne pas perdre la tradition et surtout être moins gagnés par le mal du pays. Le léger accent qui teintait les paroles de la belle blonde devait être donc lié simplement au fait qu’elle entende éventuellement ses parents parler Russe, et qu’elle le prenne aussi à force, à moins qu’il ne se trompe complètement et qu’elle soit purement et simplement une Russe pure souche mais qui était arrivé ici très jeune ? Ou alors elle avait un professeur parfaitement expérimenté à chasser les accents. Elle avait l’air cultivée, elle parlait d’étude, certainement une humaine qui devait avoir une vie agréable, une vie comme il en avait toujours rêvé, et il ne put s’empêcher de ressentir une légère pointe de mélancolie, et de légère envie, puis il chassa cette idée, elle devait mériter sa vie, comme il méritait son sort ! Le jeune homme laissa planer un moment de silence avant de reprendre la parole d’un ton léger.

« Et vous allez étudier tout cela ? Vous devez être au lycée seulement non ? Je ne connais pas trop les modes d’éducation de ce pays je suis navré si je me trompe. »

Il venait de gaffer sans le remarquer sur le coup, en disant ne pas connaître les systèmes de ce pays il disait ne pas aller à l’école, mais les écoles Russes existaient, il espérait donc simplement qu’elle en déduirait qu’il était scolarisé dans l’une d’elle…

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Svetlana se sentait plus légère depuis que Piotr l'avait soulagée d'une partie des livres qu'elle portait. Si seulement le soleil pouvait se faire moins lourd.... Elle pouvait toujours rêver, l'astre avait décidé de régner en maître incontesté sur le ciel, n'admettant pas la présence d'un seul petit nuage... Alors elle essayait de marcher le plus possible à l'ombre et de trouver de grandes ombres pour que son compatriote en profite également. Elle acquiesça quand il fit la remarque sur les livres et leurs poids. C'est vrai que certains bouquins pèsent leurs poids mais ils peuvent contenir de précieuses informations ou histoires alors elle ne se laissait pas décourager par leur épaisseur. Il venaient d'atteindre le bout de la rue et de tourner dans la rue adjacente, quand le jeune russe répondit à ses questions. Elle l'écouta, hochant la tête pour ponctuer certaines phrases. La jeune blonde était entièrement d'accord quand à l'accent, son père en était un exemple, il l'avait conservé en dépit de plusieurs années passées en Amérique.

« Acclimatée?... Et bien vu que je suis née ici, comme vous l'avez deviné, je suis habituée aux températures d'Achaea même si je n'aime pas trop les fortes chaleurs, dans ce cas je préfère rester à l'ombre, au frais avec un bon rafraîchissement, ou encore profiter de la piscine. Son regard s'était fait distant, elle s'y voyait déjà, à l'ombre avec un bon verre de jus de fruits bien frais. Puis revenant à l'instant présent. Parfois, j'aimerais bien qu'il neige un peu, mais nous sommes en région désertique alors... Et vous avez en partie raison, un de mes parents est russe...Mais vu que je fais ma scolarité dans des écoles américaines je n'ai que très peu d'accent. »

Même si Svetlana parlait souvent russe avec son père, à l'école elle n'utilisait que l'américain, donc son accent était imperceptible lorsqu'elle parlait l'une ou l'autre des langues. Parfois, il ressortait un peu. Piotr déclara ne pas trop aimer ce pays, chacun ses goûts, mais venir d'un pays froid pour se retrouver dans un pays désertique, cela peut déranger quelque peu. Cependant, il y avait dans cet état quelques lieux très appréciables.

« Et pour répondre à votre dernière question, ajouta-t-elle avec un petit rire, je ne vais pas étudier tous ces livres car ce ne sont pas tous de livres de cours, heureusement sinon en regardant la pile je serai peut-être un peu... découragée. Et vous avez encore une fois raison, je vais bien au lycée. »

Il ne s'était pas trompé dans ses hypothèses. Apparemment, il n'était pas scolarisé dans une école américaine, certainement dans un établissement russe, Svetlana savait qu'il en existait dans la région.

« D'ailleurs, vous préfériez qu'on parle en russe? »

Elle posa la question car il disait ne pas beaucoup parler la langue d'ici, et s'il le souhaitait cela ne dérangeait pas du tout Svetlana. Cela lui fera un peu travailler sa langue paternelle, avec une autre personne que son père. La jeune femme jeta un regard aux alentours et ce qu'elle vit la fit sourire. Elle venait de repérer un petit bar avec terrasse. Penser à une boisson lui mit l'eau à la bouche et elle sentait qu'elle se desséchait littéralement. De plus, la cadre était assez sympa avec un petit parc juste à côté. Alors elle se tourna vers Piotr avec un petit sourire.

« Ça vous dis un petit rafraîchissement? demanda-t-elle en désignant le bar. Et puis, je pense que l'on peut se tutoyer, on doit avoir à peu près le même aĝe, non? »

Ils ne se connaissaient pas vraiment, ne s'étant rencontrés qu'une fois auparavant, mais les conditions climatiques aidant, Svetlana n'avait pas hésité pour proposer à son interlocuteur un petit verre. Il n'y avait pas de sous entendu dans cette offre, on pouvait dire que c'était le verre de la camaraderie, de l'amitié, même si on ne pouvait les qualifier d'amis, plutôt de simples connaissances. Et à lui de décider s'ils s'arrêtaient pour boire et s'ils se tutoyaient ou non. Certaines personnes préfèrent attendre de bien se connaître avant d'oser se tutoyer, mais entre deux jeunes du même âge, généralement on en venait rapidement au tutoiement.

« Au fait, vous venez de quelle région de Russie? Vous y retournez parfois? »

Curiosité quand tu nous tiens...

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La jeune femme et Piotr venaient de tourner au coin d’une rue lorsqu’il avait répondu, et juste après la jeune demoiselle avait parlé à son tour après avoir hoché la tête plusieurs fois, comme pour marquer le fait qu’elle était du même avis que lui sur certains points. Elle confirma qu’elle était née ici, et par conséquent qu’elle était assez habituée aux températures chaudes de la ville, même si elle n’aimait pas spécialement les trop fortes chaleurs. Certainement ses gènes Russes qui devaient rester quelque part, il avait entendu quelqu’un lui dire un jour, que lorsqu’on avait des origines slaves, on était généralement plutôt habitué à préférer la fraîcheur que la chaleur. Le jeune homme ne se l’était jamais demandé pour tout dire, il s’en moquait un peu en réalité, mais maintenant qu’il était tombé sur quelqu’un de concerné, ces pensées lui revenaient en tête. Le jeune homme se demanda si ses origines Russes remontaient à très loin, mais elle avait un très léger accent, à peine perceptible, mais qui était difficile à rater pour quelqu’un qui cherchait à entendre cet accent depuis si longtemps. Si elle avait un petit accent, ça devait par conséquent signifier qu’elle avait certainement des parents Russes, ou au moins un des deux. Mais il fut tiré de ses pensées rapides et furtives lorsque la jeune femme continua après quelques secondes à peine d’une légère réflexion, elle expliqua qu’elle préférait rester à l’ombre, être au frai avec un rafraîchissement ou même une piscine. L’idée de la piscine fit sourire le blond, il ne connaissait pas du tout mais en effet, ça devait être plutôt sympathique, bien que s’exposer ainsi ne lui plairait pas du tout. Peut-être que lorsqu’on avait une vie normale on pouvait mieux vivre avec ça ? Elle fit une très légère pause avant de continuer en disant qu’elle aimerait bien qu’il neige quelques fois malgré tout, mais que la région désertique laissait peu de chance pour que ça arrive. Avec une moue légèrement déçue, Piotr acquiesça, même s’il avait souvent rêvé de voir la neige tomber malgré tout, il savait que c’était juste un rêve. Finalement, Svetlana conclut en disant qu’elle était bien la fille d’un Russe, et qu’elle avait fait sa scolarité dans des écoles Américaines, et que par conséquent, elle n’avait que très peu d’accent. Mais ça devait dire par conséquent qu’elle avait certainement l’habitude de parler Russe, sans quoi jamais elle n’aurait été amenée à avoir un accent. Après un rapide regard vers elle, Piotr répondit d’un ton calme.

« Les températures d’Achaea, pour moi c’est déjà trop, je qualifie ça de fortes chaleurs, je ne sais pas comment vous pouvez trouver pire qu’une chaleur comme ici, mais j’imagine que je ne connais pas autant de choses que vous sur ce point. Enfin, pour l’ombre on se comprend, même si ici l’ombre est aussi suffisamment chaude pour me décourager de mettre le nez dehors. En tout cas, si un jour il neige ici, je crois que je bénie le ciel, mais ça n’arrivera pas malheureusement. Enfin, j’imagine que vous parlez tout de même souvent Russe non ? sans quoi vous n’auriez certainement pas un accent, même aussi léger soit-il, on l’entend, donc je présume que vous parlez souvent Russe. »

Il était curieux avec la jeune femme, elle pouvait tout aussi bien le rembarrer en lui disant qu’elle n’avait pas envie de l’entendre lui poser des questions aussi précises. Mais c’était trop tentant pour lui, il ne rencontrait presque jamais d’autres Russes donc comment est-ce qu’il pourrait laisser passer une telle occasion ? Il devait toutefois se montrer plus prudent, il n’allait quand même pas interroger la jeune femme et lui faire passer un vari interrogatoire non ? Après tout elle n’avait rien demandé, et il avait proposé son aide, il ne pouvait pas débarquer de la sorte et lui poser autant de questions non ? Quoi qu’il en soit la jeune femme reprit la parole et répondit à la dernière question du jeune gomme en expliquant qu’elle n’allait pas étudier tous les livres et que ce n’était pas ses livre de cours. Heureusement d’ailleurs comme elle disait, sans quoi elle aurait plutôt un programme très chargé, et ce n’était rien d’enviable, même s’il avait toujours éprouvé l’envie d’être scolarisé, ça n’aurait rien été de très encourageant… Au contraire, ça lui aurait montré tout ce qu’il avait raté dans sa vie ! Et ça aurait été assez important, ce qui n’aurait pas été du tout pour le rassurer. En tout cas elle était au lycée visiblement, ce qui indiquait donc qu’ils devaient avoir à peu près le même âge, à quelque chose près, en tout cas, elle était encore très certainement mineure. Sur le coup le jeune homme se dit qu’il venait de faire une bêtise, il avait abordé une jeune fille qui semblait tout à fait aimable et sincère, et il lui faisait courir des risques, sans savoir si elle était mutante, il pourrait l’entraîner avec lui dans ses ennuis, c’était risqué, il avait été extrêmement stupide, mais pourtant il ne regrettait pas vraiment son geste. Après un bref silence, la jeune fille reprit la parole en demandant s’il préférait qu’ils parlent Russe. Pendant quelques secondes, le jeune homme hésita, c’était tentant, très tentant même, mais peut-être n’avait-elle pas tellement l’habitude de le parler qui sait ? Quelle stupidité, si elle le proposait c’est certainement qu’elle devait être capable de parler non ? Le jeune homme sourit donc légèrement avant de répondre d’un ton amical.

« Et bien, je ne vous cache pas que c’est très tentant, ça serait avec plaisir, mais si vous n’avez rien contre bien sûr, je ne veux pas vous mettre en difficultés si vous ne parlez pas souvent Russe. Je peux me débrouiller en Américain. »

Oui il pouvait se débrouiller, la preuve il le faisait depuis le début de la conversation, mais tout de même, l’idée de pouvoir de nouveau parler sa langue natale avec une jeune femme aimable qui était originaire de son pays, c’était un rêve qui devenait réalité ! Ou presque du moins, enfin de son avis oui, et l’idée de Svetlana lui plaisait beaucoup. Après ses paroles, alors qu’il observait le visage de la jeune femme, il la vit regarder autour d’elle, puis un sourire absolument ravissant se dessina sur ses lèvres, avant qu’elle ne tourne la tête vers le jeune homme, arborant toujours son sourire, puis elle prit la parole de sa voix à l’accent si spécial, une voix qui plaisait vraiment au jeune homme, et qui lui remontait clairement le moral. Elle proposa un rafraîchissement, en désignant le bar juste à coté, et elle ajouta qu’ils pouvaient se tutoyer comme ils avaient certainement le même âge, conclusion que le blond avait tirée juste avant. Après un petit moment, il sourit à son tour avant de hocher la tête d’un air léger, comme une adolescent normal en compagnie de quelqu’un qu’il connaissait, ce qui n’était pas trop le cas sous tous les angles.

« Oh, en effet bonne idée, et c’est vrai, on peut se tutoyer, j’ai toujours l’habitude de vouvoyer lorsque je rencontre quelqu’un, je ne suis pas très doué pour les formules de politesse, alors je fais à l’extrême pour être sûr de ne pas me tromper ! »

Il ne mentait pas en effet, disons qu’il était un peu perdu avec toutes les formules de politesse, du coup il utilisait l’extrême et vouvoyait tout le monde pour être sûr de ne vexer personnes ! C’était plus simple et généralement on se faisait moins vite remarquer. Juste après, Svetlana reprit la parole, et elle posa une question tout à fait justifiée mais qui perturba un peu le jeune homme qui garda malgré tout un visage complètement neutre, et il sourit légèrement comme pour masquer sa perplexité devant la question, et la gêne qui s’en était mêlée après coup, puis il secoua la tête négativement avant de prendre son temps pour répondre à la jeune femme d’une voix tout à fait calme qui ne laissait bien paraître de ce qu’il pensait.

« Et bien, pour tout dire, non, je n’y retourne jamais en fait, je n’an ai jamais eu l’occasion malheureusement. Sinon je viens de la partie vers la Sibérie, aux abords des pays Asiatique, le fin fond de la Russie en gros, pas très connue pour tout dire. Et toi, c’est de quel coin ? Vers Moscou ? »

Ils étaient arrivés juste en face du passage pour piéton qui menait au bar désigné par la jeune femme, et les deux blonds traversèrent la route calmement, avant d’arriver juste devant le bâtiment que la jeune femme avait vu en première. Piotr venait rarement dans ce coin, mais le fait qu’ils s’éloignent de la zone qui l’avait inquiété avait pour effet de le calmer à son tour, et il se sentait nettement mieux, plus calme et plus qualifié pour parler calmement comme deux personnes normales. Les deux adolescents furent accueillis par un serveur qui s’approcha d’eux alors qu’ils étaient arrivés vers le bar, et il leur fit signe de prendre place à une table avec deux chaises, située à l’ombre et visiblement dans un endroit calme de la terrasse. Les deux adolescents prirent place à table, et Piotr regarda rapidement autour de lui pour s’assurer que le coin n’était pas risqué, et il reporta son attention sur sa compagne pour rendre la parole une nouvelle fois, alors que le serveur approchait dans leur dos pour prendre les commandes.

« Et tu fais quoi comme études exactement ? »

Le serveur prit les commandes des jeunes gens, puis il s’en alla sans rien ajouter, laissant les deux blonds assis à table, en paix, sans personne autour, c’était plutôt agréable comme début de journée, il n’avait pas pensé être aussi bien quelques heures avant.

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Piotr lui expliqua qu'il n'était pas du tout habitué aux températures d'Achaea, et que même l'ombre restant chaude, il hésitait à sortir, remarque qui fit sourire Svetlana. Il n'avait pas tord, en ville, lorsque le soleil tapait de milles feux, on avait l'impression que les vitres, les murs et tout le reste renvoyaient les rayons du soleil jusque dans les moindres recoins. Si l'asphalte pouvait se mettre à fumer, il le ferait... Parler de neige lui rappelait la Russie et ses vastes étendues recouvertes d'un tapis blanc, les bonhommes de neige et autres batailles avec ses cousins. Cela faisait plus d'un an qu'elle ne les avait pas vu, mais normalement elle devrait bientôt les revoir, si le travail de son père le permettait. Puis, le jeune blond lui demanda si elle parlait régulièrement le russe vu le léger accent qu'il parvenait à déceler. C'était bien l'un des seuls à le percevoir, beaucoup de personnes de son entourage ne le remarquait pas, à part ses parents. Mais, puisqu'il était également russe, il devait avoir pris l'habitude d'écouter ses interlocuteurs pour connaître leurs origines...

« Parler russe ne me dérange absolument pas, je le parle assez souvent avec mon père car il souhaite me transmettre son héritage russe. »

Par cette réponse, la jeune lycéenne répondait aux deux dernières questions de Piotr. En tout cas, Svet était fière d'avoir une double culture, elle s'en trouvait enrichie, mentalement parlant, car les cultures russes et américaines, toutes deux bien particulières, apportaient des visions complètement différentes sur certains points, et elle trouvait cela génial. Bien entendu, il y avait aussi des choses qui ne lui plaisait pas dans ces deux cultures...

Piotr accepta les propositions de Svetlana de boire un coup et de se tutoyer. Elle comprenait parfaitement son interlocuteur quand il lui expliqua pourquoi il vouvoyait tout le monde, elle-même avait cette tendance envers les inconnus qu'ils soient adultes ou non, cependant elle en venait rapidement au tutoiement avec les personnes de son âge, cela donnait une dimension plus conviviale à la discussion. Mais certaines gens n'appréciaient pas du tout... Et voilà qu'elle continuait à le vouvoyer avec sa dernière question, alors qu'elle venait de parler de se tutoyer. Elle secoua légèrement la tête à sa propre attention, comme si elle venait de faire une grosse bêtise. Alors qu'ils se dirigeaient vers le bar, Piotr avoua n'être jamais retourné en russie. Dommage. Il ajouta qu'il venait de la partie orientale de ce pays, région que Svet connaissant très peu.

« Presque.. Je viens, ou plutôt mon père vient de Saint Petersbourg, et j'ai de la famille qui vit aussi à Moscou. Cela reste concentré dans la partie occidentale de la russie, et je ne connais pas vraiment la région orientale du coté de la Sibérie. Et c'est dommage que tu ne puisse pas y retourner... »

Elle considérait que ne pas pouvoir aller dans son pays d'origine surtout quand on y est né, c'était comme perdre une partie de son identité, sauf quand c'est le choix de la personne de ne plus avoir à faire avec ses origines. Un serveur leur indiqua une table libre à l'ombre et les deux slaves s'installèrent. Piotr lui posa une nouvelle question, mais le serveur vint prendre leur commande empêchant la jeune femme de répondre de suite. Elle choisit comme boisson un simple jus d'orange, bon pour la santé comme disait son prof d'athlé et rafraîchissant. Ensuite, elle se permit de prendre une chaise à la table inoccupée qui se trouvait pas très loin d'elle, pour y poser ses livres, permettant à Piotr de l'imiter.

« Там, я нахожусь во втором scientique, и я буду любить превращение к занятиям астрофизики, чтобы быть способным изучать звезды. И вы? »
« Là, je suis en seconde scientique, et j'aimerai m'orienter vers des études d'astro-physique pour pouvoir étudier les étoiles. Et toi? »

Pouvoir concilier études et passion serait l'idéal, néanmoins cela n'était pas possible pour tout le monde. Elle s'était amusée à lui répondre dans sa langue natale et elle se demandait quelle serait la réaction de Piotr. En tout cas, cela ferait plaisir à Svetlana de pratiquer sa langue paternelle avec une autre personne que son père, mais si Piotr souhaitait plutôt parler américain pour se familiariser avec ce langage elle accepterait la décision de ce dernier.

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