Entre bons Voisins... [ Pv Espéranza ]

Piotr était sortit très tôt ce matin, il avait normalement rendez-vous avec un autre mutant qu’il avait rencontré quelques temps avant, un mutant qu’il connaissait à peine et il n’avait pas spécialement envie de lui faire confiance, mais des fois il fallait prendre des risques. En l’occurrence le blond avait été plutôt prudent, il avait patienté environ une heure avant l’heure du rendez-vous devant le bâtiment ou les deux hommes devaient se retrouver, et finalement, son inquiétude avait été justifiée. Le jeune Russe avait rapidement vu quelqu’un qu’il connaissait assez bien se faufiler dans le bâtiment en question, et si le jeune homme connaissait cet homme, c’était tout simplement car il faisait partit de l’équipe spéciale qu’il avait rencontrée quelques temps avant. Rien de très agréable, et après cette découverte plutôt frustrante, le jeune homme s’était en aller en essayant de ne pas faire trop de bruit, mieux valait éviter de se faire remarquer avec cet homme là-bas, mais encore une fois il rentrerait bredouille. Dans ses recherches dernièrement il avait l’impression de ne plus avancer, et en réalité c’était réellement le cas, il ne pouvait plus espérer compter sur les autres, et il n’avait pas beaucoup plus de chances de pouvoir avancer seul, mais pourtant… Il n’avait pas le choix tout simplement ! Le jeune mutant s’était donc résigné, et était rentré en silence, marchant doucement pour ne pas trop attirer l’attention, passant à coté de vauriens qui le regardaient d’un air des plus hostiles, mais il n’y portait aucune attention, ici c’était fréquent d’être regardé de la sorte. En réalité c’était plutôt très difficile de ne pas se faire remarquer, enfin remarquer, il y avait différents degrés ! Certains étaient beaucoup plus voyants que d’autres, le blondinet entrait seulement dans la catégorie des gens ‘un peu étranges mais calmes’ qui peuplaient le coin, personne ne lui posait de questions et lui il faisait de même. En réalité la seule personne avec qui le jeune homme avait échangé quelque chose de constructif ici, c’était sa voisine, mais elle était aussi spéciale, elle était aussi mutante, ça expliquait beaucoup de choses. Les mutants avaient l’habitude de vivre dans le coin, les autorités le savait mais ils n’avaient pas réellement la possibilité de s’y rendre, trop dangereux, et le jeu n’en valait pas la chandelle, ce serait trop médiatisé et les autorités voulaient garder leur opération secrète, ils ne pouvaient donc pas se permettre un tel remue-ménage non justifié. C’était donc l’endroit le plus sûr pour les gens comme eux, les gens qui avaient un gène supplémentaire, un seul gène, mais qui suffisait largement selon les humains, à justifier de tels traitements.

Le blondinet s’était rapidement dirigé vers l’immeuble ou il vivait, puis lorsqu’il arriva à quelques dizaines de mètres de l’entrée, il leva la tête vers le dernier étage, là ou il vivait, il avait l’habitude de faire comme ça pour s’assurer qu’il n’y avait personne dedans, mais c’était toujours la même chose, la fenêtre était vide. Difficile de distinguer quelque chose si bas, mais à force de scruter, Piotr avait prit une habitude avec ce procédé, et il savait bien que si un jour une silhouette se dessinait dans cet encadrement, ça signifiait que sa vie paisible prenait fin. Mais rien, et le jeune Russe baissa donc les yeux en réajustant sa casquette avant de regarder autour de lui d’un air naturel, il avait presque l’air d’un humain normal dans ces moments. Les enfants du quartier jouaient dans la rue, tous ensemble, mutants ou humains, américains ou étranges, ils s’en fichaient, les enfants étaient plus tolérants que les adultes semblait-il, du moins sur ce point. Le blondinet regarda rapidement les enfants qui jouaient paisiblement, puis une fois arrivé devant l’entrée, il s’arrêta un petit moment pour regarder les garçons échanger le ballon entre eux en criant dans toutes les langues. Piotr resta un petit moment, et un des enfants, une jeune garçon à la chevelure rousse flamboyante s’approcha du jeune homme pour le regarder d’un air intrigué. Ce dernier lui rendit la pareil, et finalement le petit rouquin ouvrit la bouche comme pour parler, mais il la referma aussitôt, et après avoir regardé autour de lui, il recommença, mais cette fois-ci pour poser une question très simple et très naturelle pour lui.

« Elle est où Espéranza ? »

Espéranza, la voisine du blond, la mère de substitution des enfants du quartier en réalité, une jeune femme au caractère très rude mais pourtant si douce avec les enfants. Difficile de répondre autre chose que ‘je ne sais pas’, mais en réalité le Russe pensait tout simplement qu’elle devait avoir envie de se retrouver un peu dans son appartement comme ça lui arrivait, seulement expliquez donc ça à un gamin qui voulait juste la voir. Piotr réfléchir un petit moment, puis finalement il répondit au jeune garçon de sa voix traînante et où l’accent Russe perçait encore très nettement.

« Elle doit certainement travailler. »

« Hum. »

Le jeune garçon ne répondit que cela, puis après un regard inquisiteur lancé sur le blondinet, il se retourna pour s’en aller en courant répondre aux autres enfants en braillant ce que le Russe venait de lui dire. Ce dernier jugea préférable de remonter histoire d’être un peu tranquille, et il se détourna des enfants pour gravir les marches du perron et entrer dans le vieux hall de l’immeuble. Il était très petit, tout juste la place d’une cage d’escalier et des dizaines de boîtes aux lettres qui s’étalaient sur les murs, il y avait comme toujours, quelques jeunes de l’âge du blond qui regardaient entrer les nouveaux arrivants avec des airs de tueurs. Piotr ne les regarda pas et il réussi à passer sans souci, il n’était pas assez intéressant pour eux et c’était tant mieux ! Le jeune homme gravit patiemment les escaliers, habiter au douzième étage sans ascenseur demandait de l’endurance, et une patience à toute épreuve, heureusement qu’il n’avait jamais beaucoup de choses avec lui, sinon ça deviendra rapidement épuisant. L’avantage c’était que presque personne ne montait tout en haut, et que par conséquent mis à part Espéranza et le blond, personne ne se servait du couloir du haut. Après quelques minutes, il débouchait sur le dernier étage, et alors qu’il se retournait pour se diriger vers son appartement, du moins si l’on pouvait appeler ça comme ça, il entendit des bruits sortants de l’appartement de sa charmante voisine. Piotr tourna la tête dans la direction et vit, comme toujours, la porte ouverte de l’entrée, la jeune femme le faisait toujours lorsqu’elle faisait le ménage chez elle, une confiance qu’elle pouvait se permettre vu que tous les habitants de l’immeuble l’aimait et la respectait. Quelques secondes d’hésitation, puis le Russe se retourna finalement pour se diriger vers la porte de la jeune femme, ça faisait plusieurs jours qu’il ne l’avait pas revue, il pouvait aller lui proposer son aide éventuellement, bien qu’il savait pertinemment que la jolie mutante allait la refuser, on ne savait jamais…. Chose pensée chose faite, Piotr toqua légèrement à la porte de l’entrée, et après une réponse criée de l’intérieur, le jeune homme entra dans le couloir. L’appartement n’était pas très grand mais plus que le sien, et après avoir fait quelque pas dans le couloir en bois, il tourna la tête vers la cuisine pour voir la jeune femme affairée dedans. Piotr était habillé comme toujours, son éternelle veste épaisse malgré le fait qu’il faisait extrêmement chaud, sa casquette qui avait le don d’énerver la jeune fille, et comme toujours, il avait les mains glissées dans ses poches. Le jeune homme observa quelques secondes la jeune femme qui lui tournait le dos, puis il finit par prendre la parole, sachant bien qu’elle ne le ferait pas avant.

« Bonjour Espéranza, je venais voir si tu avais besoin d’aide, ça fait longtemps que je ne t’ai pas croisée dans le hall. Et puis je voulais te dire, les enfants te cherchent, comme toujours, ils ne peuvent plus se passer de toi on dirait bien. »

SIGNATURE

Espéranza s'était levée avec une migraine pas possible, depuis quelques jours cela ne s'arrêtait pas, la douleur qu'elle ressentait lui faisait atrocement mal mais cela ne durait que deux ou trois minutes pas plus, il n'y avait pas d'inquiétude à avoir de ce côté là, il lui suffisait de prendre de l'aspirine et tout ça disparaissait comme par enchantement. La jeune femme se leva lentement pour se diriger en titubant légèrement vers sa salle de bain assez miteuse fallait l'avouer, en même temps avec un salaire de serveuse vous n'allez pas très loin, Espéranza pouvait tout juste payer son loyer et sa nourriture, que voulez-vous la vie est chère du moins pour elle. Il était à peine sept heures du matin, la jeune Almeida ne trouvait plus le sommeil, aujourd'hui elle n'avait rien de spécial à faire hormis les courses pour la semaine. Elle pénétra doucement à l'intérieur de sa petite douche et laissa couler l'eau chaude un certain temps, sentir ces gouttes longer la totalité de ses courbes lui procurait un plaisir intense. Après une bonne demi-heure passée sous celle-ci, la jeune femme sortit et attrapa une serviette d'un simple geste pour se sécher rapidement. Espéranza l'enroula autour d'elle et se dirigea en direction de la cuisine pour ainsi se préparer un bon café bien corsé, en passant celle-ci alluma la radio pour ainsi se réveiller complètement, la musique envahit la petite pièce de son appartement et Espéranza ne pouvait s'empêcher de marmonner les paroles. Elle prit place sur son fauteuil et posa ses pieds sur la table basse, elle se réveillait toujours aussi tôt depuis qu'elle savait que des agents voulaient la capturer parce qu'elle n'était qu'une simple mutante. Voyant l'heure sur la pendule placée juste au-dessus de sa vieille télévision, Espéranza décida d'aller s'habiller rapidement pour ensuite filer au supermarché du coin pour remplir le frigo qui était quasiment vide. Se dirigeant dans sa chambre elle enfila un débardeur blanc ainsi qu'un pantalon kaki, elle positionna sa chaîne militaire par-dessus son vêtement puis la jeune femme partit tranquillement en prenant bien soin de fermer sa porte à clé. Espéranza habitait tout en haut de l'immeuble, pratique pour passer inaperçue à vrai dire mais pas pour ce qui sera de monter toutes ses courses. La jeune femme enfila ses lunettes de soleil et quitta son immeuble pour se diriger vers le supermarché. Dans la rue elle se faisait discrète, elle faisait tout pour ne pas attirer l'attention sur elle, mettant ses mains dans les poches et prenant un air décontracté, celle-ci se mêlait à toute la population. Après plusieurs minutes passées dans les rayons la jeune femme ressortit avec ses deux sacs entièrement pleins, elle se pressa de rentrer ne voulant pas rester trop de temps à l'extérieur. Arrivant directement dans le hall de l'immeuble, elle vit toujours les mêmes jeunes d'une vingtaine d'année traîner ici, ceux-ci lui dirent...

Salut Espéranza...

Yo les gars ! Hey vous savez quoi j'ai une idée...Au lieu de rester planté ici comme des abrutis, si vous m'aidez plutôt à monter mes sacs se serait cool...

Pas d'soucis !

Espéranza leur adressa un petit sourire pour les remercier, les jeunes ici respectaient tous la jeune femme qui était très connus dans cette partie de la ville. Elle était la grande sœur voir la "mère" de ces enfants avec qui elle passait énormément de temps. La demoiselle leur proposait toujours des activités lorsqu'ils n'avaient pas école, comme des séances de karaté et autre sport de combat. Espéranza et les trois garçons montèrent les douze étages pour enfin arriver jusqu'à sa porte d'entrée, elle remercia une dernière fois les trois garnements et entra dans son appartement pour ensuite déposer les sacs dans la cuisine comme d'habitude. La jeune femme laissa sa porte ouverte ne craignant personne ici et commença à déballer ses courses. Il n'y avait pas énormément de choses à l'intérieur, enfin il fallait un minimum quand même, non ? Espéranza adorait cuisiner, elle ne savait pas vraiment pourquoi mais elle avait presque un don pour ça, à chaque fois qu'elle faisait un plat elle le réussissait du premier coup. Commençant son rangement, elle entendit qu'on toquait à la porte celle-ci ne put s'empêcher de répondre en criant assez fort pour que l'inconnu puisse entendre sa voix. Espéranza reconnu alors la voix de son voisin, c'était un mutant lui aussi tout comme elle, ne sachant pourquoi la jeune femme se comportait un peu différemment avec lui même si elle se méfiait tout autant. Elle reprit alors d'une voix normale mais amicale tout de même...

Non mais merci de me le proposer. Disons qu'en ce moment je suis assez occupée...Tu veux une bière ? De toute façon je n'ai que ça et puis sous cette chaleur...

La jolie mutante ne se retourna même pas, la chaleur était tellement impressionnante que quelques gouttes de sueur coulaient le long de son torse. Elle sortit alors deux bières du frigo, elle adorait ça et ne pourrait jamais s'en passer à vrai dire. Après quelques secondes passées derrière la cuisine dos à lui, celle-ci osa enfin se retourner pour déposer son regard sur lui, elle lui lança la boisson avant d'ouvrir la sienne et d'en boire une petite gorgée. Espéranza leva un sourcil avant de reprendre...

C'est quoi cette tenue ? Enlèves moi cette veste tu vas crever... Et cette casquette aussi, t'as des beaux cheveux ne les caches pas en plus elle est immonde...

Elle se reposa ensuite sur son fauteuil comme ce matin avec ses pieds sur la table basse, oui c'était loin d'être une position très féminine mais bon peu importe. Espéranza afficha un large sourire en pensant aux enfants...

Un jour ils arriveront à me tuer ces petits diables, en me faisant courir partout...Que veux-tu, ils ont besoin de quelqu'un pour les protéger et je joue ce rôle avec grand plaisir, ce sont les seuls à me faire dire que la vie n'est pas si terrible que ça...Sinon cher voisin, qu'est-ce que tu me racontes de beau ?

SIGNATURE

Comme toujours elle refusait son aide, il s’y était bien entendu attendu mais bon des fois il se disait qu’accepter son aide ne la tuerait pas. Enfin c’était Espéranza, espérer la changer sur ce point c’était une illusion, et de toute manière il n’était pas assez égoïste pour vouloir changer la jeune femme, il l’aimait bien comme elle était, c’était un caractère très masculin, mais qui lui allait parfaitement. En réalité elle se faisait respecter grâce à ce même caractère, et de temps en temps le blondinet se demandait s’il ne devait pas essayer d’être comme elle, mais au final il oubliait cette idée, ce n’était pas pour lui, il n’avait pas envie de s’imposer comme ça. Même si Espéranza le faisait ave une certaine douceur pour les enfants, elle gardait un caractère très rude lorsqu’elle parlait aux jeunes de son âge ou de celui de son voisin, et cela suffisait à impressionner le jeune homme qui n’oublierait jamais leur première rencontre. La jeune femme était en train de monter l’escalier et lui descendait, il ne l’avait pas entendue, une honte sachant qu’il devait être en permanence sur ses gardes mais bon…. La jeune fille et le blondinet s’étaient retrouvés face à face et l’escalier était trop étroit pour que deux personnes passent de front, du coup Espéranza avait répliqué avec une certaine vigueur qu’il pouvait se bouger pour la laisser passer sachant qu’elle était chargée de courses. Piotr s’était exécuté en silence sur-le-champ et lui avait proposé de l’aider, mais elle ‘lavait violemment rembarré avant de s’enfermer dans son appartement. Sûr de s’être fait une ennemie, le jeune homme état sortit, et lorsqu’il était revenu le soir la jeune voisine était accoudée à la rambarde de leur étage et lui avait proposé une bière pour parler un peu, et à partir de ce moment, il l’avait trouvé extrêmement gentille. Bien entendu de nombreuses fois il l’avait vue s’occuper des enfants en bas, mais jamais il n’avait compris que cette jeune femme était sa voisine, quel fin limier, heureusement qu’elle était aussi une mutante et surtout du même groupe que lui, sinon il aurait été fin si elle avait été une ennemie. Le jeune homme ne savait pas grand chose sur elle, rien de son passé proche, seulement qu’elle était amnésique, mais aucune raison de son adhésion au groupe des neutres, pas plus que ce qu’elle faisait ici, mais elle non plus ne connaissait pas grand chose à sa vie, en fait elle savait juste qu’il était Russe, sans famille et du même groupe qu’elle. Des voisins mais sans vraiment se connaître, pourtant il avait une certaine forme de sympathie pour la belle, mais de là à dire que c’était une amitié, certainement pas, peut-être un début prometteur, mais il savait simplement qu’il aimait bien son caractère un peu brut.

Finalement il fut tiré de ses pensées lorsque la jeune femme se retourna pour lui lancer une bière avant d’ouvrir la sienne pour en boire quelques gorgées. Piotr attrapa la cannette en silence et regarda simplement la jeune mutante comme à son habitude, en silence. Finalement elle reprit la parole après lui avoir jeté un coup d’œil en haussant les sourcils comme elle faisait lorsqu’elle était contrariée ou lorsqu’elle trouvait que quelque chose ne collait pas à ce qu’elle pensait, et il sut immédiatement ce que c’était avant qu’elle n’ouvre la bouche. Elle répliqua qu’il faisait trop chaud pour porter une casquette et que sa casquette était immonde, qu’il n’avait pas besoin de la porter, et immédiatement, étant dit avec une telle logique, le blondinet porta sa main vers la casquette mais au moment ou il attrapait la visière il s’arrêta un moment. Combien de fois les garçons en bas lui avaient dit qu’il était simplement un soumis et qu’il obéissait au doigt et à l’œil de la jeune femme comme un chien à son maître ? Peu importait, elle avait raison et il se fichait de passer pour une personne sans caractère, il hésita donc juste le temps de sa pensée avant d’ôter finalement la casquette pour la garder à la main. La veste, oui bien sûr il avait chaud heureusement son corps était assez frai pour réguler tout ça, mais il essaya simplement de détourner l’attention de la jeune fille lorsqu’elle se remit à parler, en lui répondant. Il n’avait pas spécialement envie de l’enlever, Espéranza le savait bien, combien de fois l’avait-elle vu sans ? Jamais, c’était bizarre pour quelqu’un qui venait de la Russie mais il était bizarre et elle n’avait jamais posé de questions sur ce point, devinant certainement que c’était encore un coté spécial du blondinet. Il la regarda donc simplement assise sur son fauteuil dans une attitude toute masculine, puis il sourit légèrement lorsqu’elle parla des enfants et lui demanda ce qu’il y avait de neuf. De sa voix naturellement traînante aux accents Russes, il répondit à la jeune femme.

« Sans toi de toute manière je crois qu’ils n’auraient plus grand chose à faire et certainement plus d’avenir, si tu n’étais pas là pour les garder dans le droit chemin, ça fait longtemps que certains auraient rejoins les autres du hall. Mais bon, c’est comme tout, il y a du bien et du mauvais, le mauvais c’est qu’ils te pompent ton énergie, heureusement que tu en as à revendre. Sinon. Comme toujours, rien de très neuf, tu devrais le savoir à force, je te dis toujours la même chose, je n’ai pas une vie aussi intéressante que la tienne comme tu as remarqué. Et toi donc, comment est-ce que tout avance ? Des progrès depuis le dernière fois, ou tu en reste au même point que l’autre fois ? »

L’autre fois, leur dernière conversation lorsqu’ils avaient brièvement parlé du fait qu’elle avait perdu la mémoire, la jeune femme avait simplement envie de retrouver quelques bribes de son passé, ce qui était logique, lui aussi à sa manière, mais elle c’était différent. Plusieurs fois Piotr avait remarqué son collier et la plaque de l’armée qu’elle portait, sans compter que son caractère et son coté très brute de décoffrage, ainsi que son talent au combat laissaient penser qu’elle n’était pas qu’une simple jeune femme avant son éveil à l’hôpital. Piotr se souvenait encore de la frayeur qu’il avait eut en voyant sa plaque, il avait pensé qu’elle était une de l’opération pendant un moment, et une lueur de panique était passée dans son regard, lueur que la jeune femme n’avait heureusement pas remarquée, et puis même, il aurait put inventer une excuse si jamais. Finalement après quelques secondes à observer la jeune femme, le Russe ouvrit la bière et avala une gorgée, il était trop pensif avant, mais il ne tenant pas à ce qu’elle lui demande s’il avait peur qu’elle l’empoisonne, elle était très gentille mais elle ne mâchait pas ses mots et plusieurs fois il s’était retrouvé un peu perdu devant ce qu’elle disait. En fait elle avait assez de caractère pour les deux réunis, lui était très effacé, elle totalement contraire, c’était peut-être pour ça qu’ils s’entendaient ? Difficile à dire, en tous les cas ils semblaient bien se tolérer c’était le plus important voilà tout. Le liquide avait toujours un goût un peu étrange qui surprenant le blondinet, après des années passées à boire de l’eau agrémentée de médicaments tous les goûts étaient surprenants en réalité, mais mieux valait éviter d’avoir trop l’air surpris, même si la première fois qu’il avait goûté le breuvage elle lui avait décroché un regard intrigué lorsqu’il avait regardé la bouteille avec un drôle d’air. Espéranza était plus âgée que le jeune homme, elle avait déjà 26 ans, et lui avait mentit sur son âge en se présentant devant elle, il avait dit avoir déjà 22 ans alors qu’il n’était même pas encore majeur dans ce pays, mais s’il disait la vérité ça engendrerait trop de choses et trop rapidement elle en viendrait à se demander pourquoi, à son âge il était seul et sans sa famille, bref, mieux valait éviter tout cela ! Le jeune homme avait toujours son regard dirigé vers la jeune femme, et ne tenant pas à se faire demander s’il voulait une photo, il laissa son regard aller sur le reste de la pièce pour finalement en revenir à la jeune fille lorsqu’il reprenait la parole pour s’adresser à nouveau à elle, n’aimait pas laisser les moments de silence ou elle pouvait trouver une question trop ciblée et gênante à lui poser, mieux valait éviter.

« Je ne t’ai pas vue sortir les derniers jours, pas plus que je ne t’ai croisée en bas avec les enfants, tu as beaucoup de travail j’imagine ? Franchement tu mérite largement mieux que ce travail miteux, mais je sais bien que c’est dur d’obtenir un bon travail dans cette ville. Surtout avec notre statut. »

Oui, notre statut, les mutant à savoir, ils étaient recensés et ils ne pouvaient pas travailler comme il le voudrait, sans compter que le blond n’avait jamais avoué à la belle que lui ne bossait pas, enfin pas légalement. Il n’avait pas d’emploi comme elle, il avait les gens lorsqu’ils en avait besoin, et quelque fois il transportait des marchandises qui n’étaient pas très légales, mais il était bien payé pour ça, et il savait bien que si Espéranza l’apprenait elle lui ferait passer un savon. Il la comprenait, mais il ne pouvait pas bosser autrement, le blond n’avait jamais dit à la jeune fille qu’il était analphabète, et par conséquent, trouver un boulot était impossible pour lui, à moins d’une chose illégale. Ainsi chaque fois que la question du travail était abordée, il esquissait habilement, comme maintenant, en orientant la conversation sur sa jeune et charmante voisine, ce qui généralement fonctionnait toujours assez bien à sa grande joie.

SIGNATURE

Espéranza buvait tranquillement sa bière sur son vieux fauteuil qu'elle avait acheté dans un dépôt à moins d'un kilomètre d'ici, c'était là-bas que la jeune femme achetait tous ses meubles, pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils étaient deux fois moins cher que dans les autres magasins du centre ville, mais bon ils étaient deux fois plus vieux, c'était un choix à faire de toute façon et c'était le porte monnaie qui avait toujours le dernier mot. La demoiselle lança un regard sur son cher voisin, celui-ci avait bien enlevé sa casquette mais sa veste avait l'air d'être sacrée pour lui puisque celui-ci ne l'enleva pas. Quelle idée de porte une veste si épaisse sous cette chaleure, enfin bon cela faisait surement partie de son petit côté un peu spécial. La jeune femme avait sans doute le voisin le plus étrange de tous, il était un mutant tout comme elle et en plus de ça ils appartenaient au même groupe, ils faisaient partie des mutants neutres, ceux qui ne sont dans aucun camp en particulier, ceux qui veulent juste vivre une vie normale malgré leurs différences par rapport aux humains. Espéranza n'était pas toujours très aimable avec le jeune homme mais cela ne voulait absolument pas dire qu'elle ne le supportait bien au contraire, plus les semaines passaient plus elle se sentait proche de lui, enfin proche, c'était une façon de parler pour la belle brune qui n'avait pas de réels amis tout simplement. Leur première rencontre fut assez rapide à vrai dire, alors que la jolie brune revenait du supermarché les bras remplis de sacs, celle-ci s'était dirigée en direction des escaliers pour monter ses douzes étages. Un fois onze étages montés la jeune femme se retrouva face à face devant le beau Russe qui était son voisin, celle-ci lui avait demandé assez froidement si il pouvait se pousser pour qu'elle puisse passer, le garçon lui avait proposé son aide mais comme à son habitude Espéranza la refusa séchement. La jeune femme avait vraiment un très fort caractère, personne n'a encore osé lui marcher sur les pieds ni même lui manquer de respect, les gens qui la connaissaient ne préféraient même pas imaginer les conséquences d'un mot de travers envers la brunette. Au fond elle l'aimait bien ce garçon mais de la à lui accorder sa confiance non et puis même si il faisait partie du même groupe que lui, Espéranza se méfiait énormément des mutants qui l'entouraient, celle-ci était toujours sur ses gardes. Le jeune homme avait totalement raison sur ce point, ces enfants lui pompaient toute son énergie et le but d'être considérée comme une "mère" pour eux était tout ce qu'avait dit celui-ci il y'a quelques secondes plus tôt, elle voulait que ces gosses restent dans le droit chemin, pour qu'ils puissent ainsi trouver un boulot et gagner leur vie honorablement enfin surtout légalement. La belle répondit alors tranquillement...

Tu as sans doute raison...J'ai juste envie qu'ils soient assez fort pour affronter la vie parce qu'elle ne fait pas de cadeau de nos jours...et je pense que nous sommes un bon exemple pour justifier ça...
Pourquoi j'ai hérité d'un voisin si ennuyeux et mystérieux

Dit-elle en affichant un petit sourire amical...

Toujours autant amnésique malheureusement et cela commence réellement à m'énerver...

Une fois sa bière terminée Espéranza se leva doucement de son fauteuil pour ensuite se diriger vers sa salle de bain assez miteuse fallait l'avouer. Elle voulait juste enlever son débardeur qui était trempé de partout pour ainsi se rafraîchir légèrement. La jeune mutante annonça au garçon qu'elle allait faire une petit tour dans sa salle d'eau afin de mettre un coup d'eau sur son visage. Entrant à l'intérieur de la pièce, celle-ci ne perdit pas de temps pour se séparer de son vêtement qui lui tenait déjà assez chaud, elle passa ensuite sa tête sous la douche pour mouiller ses cheveux ainsi que son visage à l'eau froide. Qu'est-ce qu'elle pouvait aimer le contacte de l'eau sur sa peau, c'était tout simplement extraordinaire. Après une petite minute d'absence, la belle revint dans le salon en soutien gorge noir pour le haut avec sa serviette dans les mains pour essuyer juste un peu ses longs cheveux noirs également. Espéranza se prit une pomme présente sur le saladier de la table basse avant de se pencher à sa fenêtre pour ainsi voir ce qu'il se passait dehors. Un sourire s'affichait à chaque fois qu'elle apercevait un gosse de l'immeuble en train de jouer avec les autres, pour le moment ces petits là étaient son unique raison de vivre, elle les protégera du mieux qu'elle pourra, elle en avait fait la promesse tout simplement. C'est alors que son voisin qui se trouvait non loin derrière elle lui parla de son boulot et du fait que cela faisait un certain qu'il ne l'avait pas vu avec les enfants. La jeune femme reprit alors en tournant son visage en sa direction avec une mine plus sérieuse...

Mon travail me prend tout mon temps libre...j'essaye de faire ce que je peux pour être le maximum présente avec les enfants même si c'est dur. Ecoutes ici si tu veux te faire un max' d'argent sans trop te fatiguer il faut bosser dans l'illégalité...Mais plutôt mourire que tomber aussi bas, si je vois un de ces gosse tremper dans ce genre d'affaire je lui met une dérouillée dont il se rappellera toute sa vie...
Sinon toi parles moi un peu de ton passé ou de toi tout simplement, j'en profite tant que je t'ai sous la main...Bien sûr si t'as pas envie de parler je peux le comprendre, ce n'est pas toujours facile....

Espéranza ne connaissait pas grand chose sur le jeune homme; hormis qu'il soit un mutant, d'origine russe et qu'il n'est pas de famille tout comme elle. Ce garçon l'intriguait vachement de manière générale, ce caractère mystérieux, son comportement étrange bref il avait tout pour éveiller la curiosité de mademoiselle Almeida. Elle croqua une nouvelle fois dans sa pomme avant de se remettre face à lui, ses coudes étaient posés sur le rebord de la fenêtre et son regard était plongé dans le sien. En apparence et en caractère les deux mutants étaient quasiment l'opposé, mais peu importait, c'était peut être grâce à cela qu'ils allaient très bien s'entendre dans les semaines à venir qui sait...

SIGNATURE

Espéranza était fidèle à elle-même, simple et droit au but, le blondinet la regardait très simple, hésitant un peu à prendre la parole, son regard vairon allant de la jeune fille aux meubles autour d’eux, ce n’était pas de la timidité, avec Espéranza, ce n’était pas vraiment utile, non c’était simplement une habitude qu’il avait gardée de ses années d’enfermement, le regard fuyant. Le jeune mutante répondit qu’elle voulait simplement les aider à pouvoir avancer dans la vie, en effet elle avait tout simplement raison en disant que la vie était dure de nos jours, ils le savaient tous les deux hélas, et ils devaient avouer qu’ils n’étaient pas des bons exemples, enfin pour le jeune homme du moins. Vivre terrer sans jamais sortir, ce n’était pas spécialement le genre de vie que tout le monde souhaitait, et puis surtout plus important, ce n’était pas spécialement le fait de vivre comme ça qui était le plus rude, non, c’était d’être mutant. Piotr se demandait si dans le groupe de la jeune femme, il y avait des enfants touchés par le gène mutant. Sans aucun doute, c’était une chose presque obligatoire, de nos jours plus personne n’était complètement blanc ou complètement noir. S’ils n’étaient pas eux-mêmes mutants, ils devaient porter le gène inactif, et leurs enfants ou leurs frères étaient ou seraient des mutants. La vie était dure pour tout le monde, principalement pour les gamins. La jeune femme continua en disant qu’elle avait hérité d’un voisin ennuyeux et mystérieux, ce qui fit franchement sourire le jeune homme, puis elle ajouta en disant qu’il n’y avait toujours rien de neuf, ce qui était légèrement moins amusant, mais compréhensible tout de même. Piotr, sa casquette à la main droite, la cannette dans l’autre, plongea son regard dans celui de la jeune fille pendant quelques secondes, puis détourna les yeux avant de répondre d’un ton à moitié amusé, à moitié pensif, et il était bien les deux dans son esprit !

« Tu as hérité du voisin ennuyeux parce que si tu avais un voisin à ta hauteur, je te ferais de l’ombre, comme ça au moins chacun est à sa place. Et puis mystérieux, ici tu me diras ce n’est pas très difficile, tout le monde l’est. Je crois que t’énerver n’aidera en rien Espéranza, au contraire tu te souviendras toujours moins, le mieux à faire est certainement d’attendre. C’est facile à dire je le sais, mais bon, il n’y a rien d’autre à faire de toute manière tu me diras. »

Facile à dire c’était sûr ! Mais bon, il savait de quoi il parlait, après tout il cherchait aussi à se souvenir du son passé lointain, mais là c’était différent, il était simplement trop jeune à l’époque pour se souvenir de tout cela, alors que la jeune femme était amnésique suite à un accident. La jeune femme s’excusa quelques secondes avant de disparaître dans la salle de bain, et le blond regarda quelques secondes autour de lui, l’appartement ressemblait à sa propriétaire. Simple, spartiate, seulement avec le stricte nécessaire, en réalité un appartement qui ne permettait pas de savoir qui elle était réellement. En effet, aucune photo, aucun tableau, rien, un peu comme chez lui tout simplement, sauf que lui ce n’était pas pour la même raison, il n’avait rien, pas d’affaires, alors qu’est-ce qu’il aurait put coller aux murs ? Le blondinet termina la boisson avant de glisser le cadavre vide dans le corbeille située à coté de la table, puis il glissa sa main libre dans sa poche par pur réflexe. Après quelques secondes, la jeune femme sortit de la salle d’eau en soutien-gorge, elle avait toujours le collier qu’il avait remarqué la première fois, visiblement elle ne le quittait jamais, et en même temps ça se comprenait, après tout n’était-elle pas seule au monde, et ce collier n’était-il pas la seule chose qu’elle avait sur elle à son réveil ? Si, c’était donc normal qu’elle le garde toujours, il avait fait pareil de son coté. Espéranza attrape une pomme avant de regarder par la fenêtre, puis elle répondit finalement à sa question, décrochant un regard très sérieux à son interlocuteur. Elle expliquait que son boulot lui prenait tout son temps, qu’en bossant dans l’illégalité elle pourrait avoir de l’argent sans se fatiguer, mais elle ne tomberait pas aussi bas, et que si un des gamins trempait dedans elle lui ferait un bon savon. Le blondinet aurait pâlit en entendant les paroles de la belle s’il n’était pas déjà aussi pâle, mais au lieu de cela il détourna rapidement les yeux, répondant simplement d’un ton léger comme s’il n’était pas concerné, un peu trop léger peut-être, mais Espéranza ne se douterait pas de la raison de ce léger arrête, enfin logiquement pas.

« Tu sais Espéranza, tous les gens qui bossent là-dedans ne sont pas mauvais. J’avoue qu’il y a d’autres moyens pour vivre, mais certains ne peuvent pas avoir de travail normal, je pense que ça n’excuse rien, mais que ça peut justifier, sans pardonner je sais. Mais tu as raison, les gamins de l’immeuble ont les moyens de ne pas tomber là-dedans, qu’ils en profitent. »

Assez discret ? Il l’espérait en tout cas, il avait simplement donné un avis neutre comme il aurait aussi bien put parler de la pluie et du beau temps, mais des fois la perspicacité de la jeune fille l’effrayait. Enfin, il pourrait toujours nier si elle flairait quelque chose, même s’il détestait mentir et n’était pas doué pour ça, il finirait par s’en sortir ! Le jeune homme inspira légèrement, repensant à la fin de la phrase de la belle. Elle voulait qu’il parle de son passé ou de lui ? Aïe, mauvais sujet, il ne devait pas aborder le sujet, autant pour sa santé mentale que celle de la jeune fille, avouer tout ce qu’il avait vécu était une chose impossible pour lui, même s’il savait qu’elle risquait de se révolter, c’était justement ce qui l’effrayait ! Sa manière de dire qu’elle l’avait sous la main le fit légèrement sourire, et il secoua légèrement la tête comme pour dire que ça ne le dérangeait pas alors que si, c’était le cas ! Mais bon, elle essayait de retrouver son passé, lui de l’oublier, ce n’était pas le même genre de combat, et la jeune mutante risquait de ne pas le comprendre. Il pouvait tout simplement se débrouiller pour ne dire que quelques petites choses, sélectionnant les choses normales de son passé pour lui donner l’impression de parler de lui ? Il ne voulait pas la berner mais il y avait des points qu’il ne fallait pas aborder. Prenant un air de réflexion, Piotr laissa son regard aller un peu autour de lui, puis il reporta son attention sur la jeune fille en répondant d’une voix qui se voulait normale, en ne tenant pas compte de son accent bien entendu.

« Oh, tu sais, je n’ai rien de passionnant à dire. Pour tout t’avouer, contrairement à toi je ne veux pas m’en souvenir mais l’oublier. Je recommence une nouvelle vie, mon passé ne mérite pas qu’on s’en souvienne ou qu’on en parle. Tu sais, il y a quelques jours, j’ai appris que j’avais un grand frère, je ne savais pas, il est dans la ville, il s’appelle Nikita mais tu le trouverais trop gentil je pense. C’est un pacifiste et il connaît beaucoup de choses, mais nous ne nous ressemblons pas du tout sur le plan mental, c’est étrange. Je ne suis pas doué pour parler de moi, je suis ennuyant tu le sais bien…. Est-ce que tu t’es renseignée dans les archives publiques qui parlent de l’armée ? Pour ton collier je veux dire… »

Habile détournement de conversation pour ne pas changer, d’une voix toujours aussi naturelle pour mieux faire passer la pilule. Avec Aelys c’était la seconde personne à qui il parlait de son frère, il ne tenait pas à ce que tout le monde le sache, sans compter qu’il était partit dans l’idée de ne rien dire, ne rien répondre si Nikita reprenait contact, il ne voulait pas le blesser en lui parlant de son passé comme il l’avait déjà fait, comme il faisait avec Espéranza en réalité…

SIGNATURE

La jolie brune reposa son regard vers l'extérieur, elle pourrait rester des heures dans cette position, des heures à observer ce qu'il pouvait bien se passer de nouveau dans cette ville qui réservait des surprises à tous ses habitants. Ses yeux se perdaient face à ce paysage, des immeubles où vivaient des dizaines et des dizaines de familles qui avaient sûrement eux aussi des problèmes d'argent tout comme Espéranza et son voisin, s’ils se retrouvaient là ce n'était pas pour rien, soit ils ne pouvaient pas avoir mieux soit ils essayaient de se cacher, de fuire cette société qui faisait ce que bon lui semblait. Il y avait aussi une autre catégorie, celle des mutants neutres en particulier, en effet certains venaient se cacher ici pensant que c'était le meilleur endroit pour ne rien risquer. Ce groupe dont faisait partie Espéranza était l'un des plus pourchasser de la ville, pourquoi ? La jeune femme tentait de le comprendre, mais aucune idée ne lui venait en tête en ce moment, pour tout dire celle-ci aurait aimé ne pas faire partie de ces mutants, même si certains humains trouvent que c'est trop classe d'avoir un pouvoir ils ne s'imaginaient pas le fait de se sentir surveillés 24 heures sur 24 par des hommes en uniforme. La petite Almeida se demandait tous les jours quand est-ce qu'elle allait se faire enfin capturer tellement que la pression était énorme sur elle, celle-ci voulait réellement que toute cette histoire prenne fin une bonne fois pour toute pour qu'elle puisse ainsi faire ce qu'elle avait envie dans ce monde injuste. Espéranza avait parlé à son voisin du petit problème qu'elle rencontrait depuis quelques temps maintenant, celui d'être totalement amnésique. Piotr était bien la seule personne proche d'elle à être au courant pour ça, elle s'était pourtant jurée de ne pas en parler mais la tentation était trop forte, elle se sentait obligée de lui annoncer cela, c'était parfois comme si elle se confiait à un psychologue. Le jeune homme ne donnait aucun jugement sur ce qu'elle disait et c'est bien ça qui lui plaisait chez lui, il était l'un des rares hommes à être à l'écoute alors Espéranza allait en profiter croyez là. La jeune femme afficha un léger sourire avant de reprendre en dirigeant une nouvelle fois son regard vers lui...

Pour ça tu as raison cher voisin, et puis même si tu ne parles pas beaucoup au moins tu écoutes c'est encore mieux !!
Attendre ? Mais attendre quoi ? Que ces pourritures de flics viennent nous serrer chez nous ? Ce train de vie me rend plus nerveuse qu'autre chose, être obligé de se faire discrète à longueur de temps et même durant mes heures de boulot. C'est pour ça que je passe autant de temps avec ces gosses, ce sont les seuls qui puissent me faire oublier tous ces problèmes qui tournent autour de moi...

Après avoir fini sa pomme, Espéranza jeta le restant dans sa poubelle avant de prendre en main son paquet de cigarette pour ensuite en sortir une rapidement. La jolie mutante la porte à sa bouche le temps de rechercher son briquet. Déjà qu'elle était un peu sur les nerfs alors rien que de parler de ça l'énervait au plus haut point malheureusement. La jeune Almeida faisait le tour de son salon sans apercevoir son briquet, cela avait tendance à la rendre hors d'elle, elle ne fumait que lorsqu'elle se sentait très nerveuse et là elle en avait juste besoin. Parler de ce genre de chose, de toute cette opération menée sur les mutants, lui faisait rappeler des mauvais souvenirs en particulier lorsque son ex la dénonça au poste de police comme quoi elle était une mutante. Rien que d'y penser, Espéranza ferma les yeux pendant un petit instant avant de reprendre ses recherches. C'est en soulevant le coussin de son canapé que la jeune femme retrouva son cher et tendre briquet. Sans perdre plus de temps elle alluma sa fameuse cigarette avant de se remettre près de sa fenêtre où était placé son cendrier. C'est alors que le garçon lui fit un petit discours sur l'illégalité, en disant que les personnes qui travaillaient là dedans n'étaient pas tous mauvais, ce que la petite Almeida pouvait savoir. Bien sûr elle était d'accord pour ce qui est des enfants, elle fera tout son possible pour les mettre dans la bonne voie, ce qui n'était pas si facile que ça à vrai dire, mais bon Espéranza était têtue et forte de caractère donc elle ne se laissait pas abattre aussi facilement. La jeune femme reprit alors en regardant le blondinet...

Mon voisin se sentirait-il visé ? Toi qui d'habitude ne me contredis quasiment jamais, c'est tout de même étrange... mais bon si c'est le cas t'es assez grand pour te débrouiller... saches juste qu'il y a toujours des conséquences lourdes dans ce mode de vie.

Espéranza continuait de fixer le jeune homme droit dans les yeux tout en tirant une bouffée de sa cigarette, ce n'était pas le même regard que d'habitude, celui-ci était à la fois déstabilisant voir effrayant. Il fallait changer de conversation rapidement de toute façon, celle-ci voulut en savoir un peu plus sur le passé du jeune homme qui n'avait toujours pas l'air d'être décidé à lui parler de tout. Par contre elle apprit que celui-ci avait un grand frère, un mutant tout comme lui, mais celui serait apparemment trop gentil pour elle ce qui la fit sourire légèrement. Espéranza voyait parfaitement bien que son voisin ne voulait pas vraiment parler de son passé et ça la jolie brune le savait, elle respectait son choix et s’il ne voulait pas lui en dire plus c'était qu'il y avait une raison certainement. Peut être que son passé était méga horrible et qu'il avait peur que Espé fasse des cauchemars par la suite qui sait... La jeune femme reprit tranquillement la parole tout en faisant sortir un petit rire de sa bouche...

Déjà que toi tu es la personne la plus gentille et calme que je connaisse alors je n'imagine même pas ton frère...
Non je ne me suis pas encore renseigné, je le ferais cette semaine sûrement... Dis moi cela ne te dérangerait pas de m'y accompagner ?

SIGNATURE

C’était mieux qu’il écoute ? Certainement et puis ça collait plus à son attitude en réalité, il était quelqu’un d’effacé, de solitaire, de neutre ? La jeune femme aussi, ils étaient dans le même groupe mais pourtant elle restait certainement la personne la plus différente, la plus opposée que le blondinet aurait put rencontrer jusqu’à ce jour. A croire certainement que la belle était simplement une exception dans les mutants neutres, elle était quelqu’un de très spécial avec son caractère bien à elle, et contrairement aux autres neutres elle semblait mener une vie presque ‘normale’. Mais ce n’était pas ce qui intéressait le plus le jeune Russe, il était différent d’elle et pourtant il se sentait attiré par son caractère comme un papillon par la lueur d’une flamme de bougie, seulement il fallait faire attention s’il ne voulait pas se brûler les ailes avec elle. Comparer la jeune femme à une flamme de bougie était un peu surprenant, elle était certainement une des personnes les plus solides et les plus sensées qu’il avait rencontré jusqu’à ce jour, alors que la flamme d’une bougie vacillait et s’éteignait sous le moindre coup de vent. Espéranza n’était pas comme ça, non c’était chose certaine, elle était beaucoup plus forte que n’importe qui, que lui surtout. Le léger sourire de la jeune femme étonna un peu le jeune homme, il était toujours surprit de la voir tendre avec les enfants et si brutale lorsqu’elle voulait avec les autres personnes, avoir un sourire d’elle était toujours comme un exploit pour le blondinet, comme s’il avait réussi à caresser la tête d’un tigre sans se faire mordre. Certes la comparaison n’était pas spécialement flatteuse mais le blond voyait bien la belle voisine comme une tigresse avec ses réactions imprévisibles et surtout son coté toujours sur ses gardes, c’était un peu étrange, il ne connaissait pas trop les animaux mais il était par contre absolument certain qu’elle collait parfaitement à l’idée qu’il se faisait d’eux. Espéranza réplique finalement qu’ils attendaient quoi exactement, les policiers et leurs descentes ? Non certainement pas, lui moins que tout le monde certainement, parce que justement il savait bien ce que ça représentait, à savoir qu’ils allaient être enfermés dans une base et servir à des tests, les gamins étaient trop jeunes pour subir ça, même si lui l’avait subit encore plus jeunes, justement il n’avait aucune envie que ça arrive à d’autres ! Mais il n’avait rien à répondre à la jeune femme, qu’est-ce qu’il voulait donc pouvoir lui dire sachant qu’il ne parlait jamais de ce passage là de sa vie ? Rien, il n’avait pas le droit d’aborder le sujet, du moins il se l’interdisait, alors pourquoi est-ce qu’il ne cessait d’y repenser sachant qu’il ne pourrait rien faire de plus ? Le jeune homme observa la belle en silence, puis finalement il haussa légèrement les épaules en répondant de son éternel ton calme et neutre, comme si à chaque fois il se moquait de la conversation ne court.

« Je suis plus utile à écouter qu’à parler tout simplement dirons-nous ! Mais bon, que veux-tu que nous répondions à ça ? Les policiers n’oseront jamais venir ici, j’en suis presque sûr, ils ont trop à risquer. Et puis tu sans, un jour ça se terminera forcément, je ne sais pas quand mais ça ne peut pas se continuer éternellement, il y a une fin à tout, à cette guerre stupide aussi, j’en suis sûr. Là tu pourras vraiment t’occuper des gamins, et puis pourquoi pas avoir ta propre famille ? »

Une famille ? Oui le jeune home la voyait bien en mère de famille, bon certes le mari aurait du mal à s’imposer et devrait certainement supporter l’attitude très masculine de la jeune femme, mais sa manière de s’occuper des jeunes du quartier était bien celle d’une mère, ou d’une grande sœur. Le blondinet ne pouvait s’empêcher de se demander si elle avait quelque part une famille, visiblement la jolie mutante avait gardé quelque chose de son passé en plus de son collier, il fallait penser que c’était naturel, son coté protecteur et son amitié pour les enfants. Elle savait se faire respecter, c’était l’essentiel, et la jeune femme était capable de s’imposer comme elle voulait, mais tout en douceur, peut-être un coté de l’armée si elle y avait été réellement ? Avec sa plaquette c’était logique, il n’y avait aucun doute dans l’esprit du blondinet, Espéranza avait dû être dans l’armée, mais de quel coté ? Les mutants ou les humains ? C’était difficile à deviner, de toute manière elle avait peut-être tout simplement changé avec son amnésie, et elle pouvait avoir été une fervente combattante des mutants, il avait déjà rencontré des mutants détestant leur statut, alors pourquoi pas elle ? Lui-même détestait des fois son coté mutant et aurait tout donné pour rester un humain normal, mais bon, il ne jugeait pas la jeune femme pour ce qu’elle avait été, simplement pour ce qu’elle était à présent, et son attitude présente lui plaisait beaucoup, c’était une femme digne d’intérêt sans aucun doute. La jeune femme prit à nouveau la parole, et Piotr ne put s’empêcher de se tendre légèrement, mais en gardant une expression neutre malgré tout, qu’est-ce qu’elle voulait faire de toute manière ? Comme elle le disait si bien, il était assez grand pour savoir ce qu’il voulait, enfin grand, un peu mensonger sachant qu’il était encore mineur mais il avait dit le contraire à la belle alors il n’y avait aucune raison qu’elle doute de cela. Le Russe était extrêmement gêné, mais il n’en montrait rien, il avait bien pire que si jamais il se faisait choper pour avoir transporter quelque chose d’illégal, après tout sa vie entière avant ce jour était vraiment désastreuse, il n’était plus à une catastrophe près ! Mais il n’allait pas répondre ça à la jeune femme, il la regarda donc de l’air le plus neutre possible en répondant, l’air de rien, alors qu’il bouillait intérieurement de lui mentir de la sorte.

« Je ne me sens pas visé Espéranza, et puis il y a bien pire que ça dans la vie, les conséquences ne me feraient pas peur, certains ont une vie bien pire que ça. Mais ce n’est pas le cas alors inutile d’en parler aussi longtemps, je suis grand comme tu le dis, je suis majeur après tout, et puis tu n’as pas à imaginer que je traîne là-dedans, certaines choses ne sont pas toujours bonnes à savoir. Mais ce n’est pas le cas… »

Il essayait de mentir mais sans y arriver vraiment, trop habitué à dire la vérité certainement, c’était dommage, c’était désolant mais il ne pouvait pas faire autrement, sans compter que le regard dur de la belle n’ajoutait pas en facilité ! La fumée qu’elle soufflait passait devant son visage, son regard, mais n’arrivait pas à couper le regard fixe qu’elle avait posé sur le blond qui la regardait simplement, essayant de ne pas porter attention au malaise qui l’habitait depuis le début de la conversation sur ce sujet. Finalement elle coupa court à ça en disant qu'elle n’imaginait pas comment était Nikita si lui-même était déjà tellement gentil, il ne l’était pas spécialement, simplement silencieux et il ne cherchait pas les ennuis dirons-nous. Puis elle proposa quelque chose qui fit plaisir au jeune mutant avant de l’inquiéter sur le coup. Il serait réellement ravi de l’aider, mais qui disait archives disait lire, et le blondinet ne savait pas du tout lire, comment est-ce qu’il pourrait lui être d’une quelconque aide dans ce moment alors qu’il n’avait jamais avoué cette honte à la belle ? Piotr sourit d’un air détendu pour cacher son trouble avant de répondre d’un ton enjoué.

« Ca me ferait très plaisir de t’aider, si je peux te rendre ta gentillesse en t’aidant comme ça, se sera avec plaisir. Bon je ne te cache pas que j’ai quelques soucis pour lire correctement l’américain, je parle plus le Russe. Mais bon on devrait s’en sortir à deux. Et puis je ne suis pas si gentil tu sais, on ne peut pas comparer mon frère et moi, c’est le jour et la nuit. Un peu comme toi et moi si tu veux, on ne peut pas dire qu’on se ressemble beaucoup du point de vu caractériel ! »

C’était la moindre des choses à dire, ils n’étaient pas du tout pareils, mais bon, ils se complétaient comme ça ! Le jeune homme avait du mal à mentir pourtant avec Espéranza il se sentait toujours coupable de le faire, pourquoi dire qu’il parlait plus le Russe ? Certes il parlait dix fois mieux Russe qu’américain, mais il n’était pas capable de lire non plus, il était totalement analphabète ! A moins qu’il ne trouve comme lire pendant la soirée il aurait du mal à être d’une quelconque aide à la belle, mais il s’en sortirait néanmoins ! Malgré tout il était un peu inquiet de songer qu’ils allaient devoir aller dans le centre ville pour consulter les archives alors qu’il était recherché par toutes les autorités pour soi disant, une fuite de l’asile, alors que cette fuite était simplement d’une base de l’opération. Le blondinet resta un moment silencieux, puis finalement il reprit la parole d’un ton calme et toujours aussi neutre.

« Et sinon, mis à part ça, est-ce que tu as essayé de revoir les personnes que tu avais rencontrées avant de venir ici ? Peut-être que les policiers ont trouvé des choses sur toi depuis le temps, même s’ils sont des autorités, il y a peut-être quelqu’un de compréhensif dans le tas tu ne pense pas ? »

SIGNATURE

SIGNATURE