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Frenchies call it a "Rendez-vous"

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Theo Paradise

Theo Paradise
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Frenchies call it a "Rendez-vous" Vide
MessageSujet: Frenchies call it a "Rendez-vous" Frenchies call it a "Rendez-vous" EmptyMar 12 Juil - 22:16

Frenchies call it a "Rendez-vous"
ou
"Je l'avais bien dit que je réussirai à l'inviter, hahaha !"


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Frenchies call it a "Rendez-vous" 110416091834369364 | Frenchies call it a "Rendez-vous" Th_rpattz2jpg

Chaleur infernale... Le mois de Juillet était définitivement trop clément pour Theo, qui en plus d'être un incroyable casse-pieds, ne supportait ni la chaleur démente qui s'était abattue sur Achaea, ni le flot d'habitants sortant le nez de leurs trous pour la première fois depuis bien longtemps. Allant de soupirs exténués en soupirs indolents, en passant par les gestes de secours pour s'éventer en urgence, le jeune homme sortait rarement en après-midi, peu enclin à se mêler aux odeurs de sueur tenace des badauds de la ville, ou à la foule en général, puante et floue, bruyante et gênante, un ramassis de ratés qu'il n'aimait pas fréquenter outre-mesure. Certes, il avait été tout aussi agacé en hiver, quand il n'avait pas pu sortir sans écharpe et gants épais, glissant sur cette saloperie de verglas et tâchant de neige ses chaussures Luis Vuitton. Il avait rêvé à l'époque d'un soleil sans égal, rayonnant et sincère, admirant ses chemises d'été flambant neuves qu'il était bien pressé de porter. Mais dans son esprit de contradiction, voilà le résultat : un Theo agacé et en sueur, qui prenait le soleil sur son balcon, étalé comme une loque dans sa chaise longue. Son dos nu et perlé collait au tissu lâche, et sous ses Ray-Ban réfléchissantes, il fronçait les sourcils, incommodé.

La chaleur oppressante l'avait cueilli au coeur du sommeil, alors qu'il n'avait même pas atteint la barre des dix heures de repos. Autant dire qu'il n'était pas franchement folichon, et qu'il jetait des regards peu amènes à l'astre bouillonnant qui l'avait sorti du lit par la force. De plus, en ce samedi après-midi si lumineux, il n'avait absolument rien à faire et s'ennuyait ferme depuis son réveil. Sans réprimer un tic d'irritation, Theo tendit le bras vers son verre de soda ultra sucré et sa tablette tactile, souhaitant vérifier son programme du soir. On ne savait jamais, il avait peut-être noté quelque chose dans son agenda pour le sauver d'une longue et affreuse agonie sous le cagnard d'Achaea. Sirotant sa boisson fraîche à l'aide d'une paille à l'effigie d'un héros pour enfant, Theo bidouilla sa tablette jusqu'à lâcher une expression ravie.

Effectivement, il avait quelque chose de prévu ce soir. Il s'en voulait presque d'avoir oublié une occasion si spéciale. A la ligne de samedi, à côté d'un petit "20h" significatif, il y avait écrit, très laconiquement "Dîner Solveig". Theo reposa la tablette à même le sol de sa terrasse, croisa les bras derrière sa tête et s'accorda une petite récompense mentale dont il adorait les vertus : l'auto-satisfaction.

Solveig Bjørn était l'avocate au nom complètement impossible à prononcer qu'il avait engagé voilà déjà quelques temps. Theo esquissa un sourire torve au souvenir de ce procès farfelu dans lequel il avait été mêlé. L'histoire était vraiment bête : un dealer très prolifique s'était fait pincer par les flics avec une grosse quantité de drogues et une liste de contacts tout aussi importante. Il ne savait pas comment ces incompétents étaient parvenus à remonter jusqu'à lui - après tout, il n'avait plus touché à un gramme de poudre blanche depuis ses 19 ans, et ce revendeur des bas quartiers lui était tout-à-fait inconnu - mais le résultat était le même ; on lui avait gentiment expliqué que sa présence était requise pour un procès et qu'il y avait des chefs d'accusation juste à côté de son nom. Il en avait été estomaqué, furieux, et pour être vraiment honnête, sincèrement effrayé. Surtout quand son père l'avait appelé, hurlant et enflammé, pour lui dire qu'il avait plutôt intérêt à sortir complètement blanc de cette sale histoire, sans quoi les sommes rondelettes versées sur son compte en banque s'arrêteraient de vaquer immédiatement.

Theo claqua sa langue contre son palais en se souvenant de ça en particulier. Son père aimait bien remettre sur le tapis cette menace inconditionnelle et douloureuse, comprenant que c'était la dernière bride autour du cou remuant de Theo. Son dernier coup de fil comportait aussi ce risque, et le jeune homme s'inquiétait un peu trop souvent à son goût. Mais il se replongea avec délice dans ses souvenirs, abandonnant le visage grimaçant de son père dans un coin de son esprit, pour le troquer contre un autre beaucoup plus agréable.

Il avait alors contacté une agence d'avocats, expliquant qu'il avait de généreux moyens pour motiver les plus compétents. Le nom de la demoiselle était passé sous ses yeux, puis ses faits d'armes, et enfin sa photo. Il avait été convaincu à cet instant, car le fait que la belle semblait vouloir protéger uniquement des Mutants - bleuargh - l'avait un peu refroidi. Il l'avait appelé, et elle avait effectivement semblé un peu réticente au début, jusqu'à ce qu'il relâche joyeusement les cordons de sa bourse. Avec philosophie et en retirant de son sourire les gouttes de soda qui dégoulinaient, Theo se dit que malgré toutes les bonnes âmes de cette planète, n'importe qui pouvait s'acheter. Encore heureux pour lui !

Et au final, il avait eu bien raison de choisir l'avocate norvégienne. En à peine une semaine, à force d'écouter Solveig qui le défendait avec une verve très séduisante, il avait été facilement écarté des suspects, et déclaré innocent. L'accusation s'était écroulée stupidement sur elle-même, et le jeune Paradise avait été invité à quitter un procès qui finalement, ne le concernait plus tellement. Il avait été très fier d'avoir été "sauvé" par Solveig, qui avait su manier si facilement les mots pour qu'il ressorte blanc comme neige du tribunal. Mais malgré tous ses efforts, ses invitations et ses sourires, elle n'avait jamais accepté d'aller dîner avec lui. Jamais.

Oh, elle était très aimable avec lui. Souriante et avenante, elle ne lui avait jamais montré d'agacement ou de lassitude face à ses charmantes provocations, et il était resté clairement sous son pouvoir. Mais la demoiselle avait un compagnon à son bras, aussi Theo n'avait pas cherché bien longtemps à la pervertir, multipliant tout de même les formes de politesse. Alors comment se faisait-il que son agenda lui annonce fièrement qu'il avait obtenu un rendez-vous ce soir ? Très simple. Ce procès qui les avait réuni remontait déjà à un an, et au départ par pur jeu, Theo lui avait envoyé une invitation par mail pour un dîner dans un restaurant chic d'Achaea, sur son adresse professionnelle. Il avait ajouté qu'il aurait quelques questions d'ordre juridique à lui poser, et qu'il était bien entendu disposé à lui payer cet entretien au prix de ses honoraires. Evidemment, elle serait son invitée.

Theo ricana dans sa barbe. L'argent, l'argent... Son Dieu, son maître, la figure toute-puissante qui lui permettait cette vie d'aisance violente et de restaurants en bonne compagnie. Il lui avait semblé que l'avocate ne manquait pas de ressources non plus, et il se souvint avec une crispation de jalousie à la splendide Ferrari qu'il l'avait vu conduire. Une femme qui en avait (et là il ne parlait pas de Ferrari), ça lui plaisait beaucoup trop pour être sans importance.

Quant aux questions juridiques, ce n'était même pas un mensonge. Theo avait pas mal de conseils à demander à Solveig, si jamais son terrain d'action s'étendait au-delà des affaires de drogues. Il en avait assez de vivre avec l'épée de Damoclès que son père tendait continuellement au-dessus de sa tête ; il voulait se séparer de lui, que son nom ne soit plus apposé au sien à chaque signature de chèques. Une franche et belle indépendance, mais bien évidemment avec tous les avantages qu'il avait dans la situation présente. Hé oui, il restait Theo, n'oubliez pas... Aussi il avait besoin de moyens, honorables ou non, pour se défaire de l'étreinte financière paternelle tout en conservant les actions qu'il possédait en son nom dans l'Agence Paradise. Il était prêt à agir avec autant de fourberie que nécessaire ; toute méthode était bonne pour soutirer à son père tout l'argent superflu qu'il gagnait, et ne plus jamais avoir à réclamer. Son salaire chez Apocalypto, et même les beaux bénéfices qu'il faisait en tant que photographe ne suffiraient jamais à financer son train de vie outrancier, et il n'était pas prêt à aller vivre dans un HLM sordide avec Winchester. Il tenait à son aisance, le bougre.

Vers 19h30, Theo était fin prêt, tripotant un bouton de ses clés pour décapoter sa voiture. Le soleil, ce sacré petit plaisantin, jouait les prolongations, et le soir n'était pas prêt de tomber. Avec un soupir, le jeune homme se félicita de s'être contenté d'une chemise blanche, toute simple, dont il avait rabattu les manches aux coudes ; le pantalon, lui, faisait partie d'un costume, noir et uni, il allait avec la veste que Theo jeta sans ménagement sur sa banquette arrière. Elle ne servirait que si la température chutait dans la soirée.

Il conduisit vite et en grillant quelques clopes (et feux rouges), direction le centre-ville d'Achaea qu'il avait admiré depuis son balcon. Pendant la route, il appela le restaurant dans lequel il avait réservé pour vérifier s'il n'y avait aucun problème, et enfin rassuré, se dirigea plus lentement vers une grande artère d'Achae, là où se situait la "Corne d'Abondance" ; le nom était en peint en français sur le mur extérieur et Theo n'en comprenait même pas le sens, mais il avait trouvé ça classe. Quand les roues de son coupé s'arrêtèrent finalement, Theo vit un voiturier se précipiter vers lui, et il eut un sourire arrogant. Il descendit, lui confia ses clés mais pas même un centime de pourboire, se dirigeant royalement vers l'entrée. Un auvent rouge dominait les portes à double-battants, derrière lequel un maître d'hôtel semblait l'attendre. Le jeune homme risqua un coup d'oeil en arrière, se demandant s'il serait plus juste d'attendre Solveig à l'extérieur ou non. Avec une moue, il considéra qu'il pouvait aussi aller s'asseoir au bar, et patienter devant un whisky jusqu'à ce que la belle le rejoigne. C'est donc ce qu'il fit, après avoir précisé au maître d'hôtel et à son air supérieur qu'il avait réservé une table pour deux, et qu'il attendrait au bar sa compagne.

Pimpant et fier comme un coq, il alla donc s'installer à un tabouret pour passer sa commande. Lorsqu'il demanda s'il pouvait fumer, on s'empressa de lui déposer un petit cendrier en argent tout près de sa main. Avec un nouveau sourire, Theo observa distraitement les personnes déjà attablées. Tous avait l'air distingué, sauf rare exception, et il songea que l'endroit était sans doute trop cossu pour une telle occasion. Oh, et puis tant pis... Ses yeux se posèrent sur un couple en particulier, des petits jeunes plutôt moyens, mais armés d'un sourire émerveillé qui courait d'une oreille à l'autre. Le garçon, peut-être, avait l'air moins ravi, comme s'il se rendait compte que si les prix n'étaient pas affichés sur le menu, c'était pour une question de décence. Theo ricana, fasciné. Comment deux personnes comme elles pouvaient se payer un tel repas ? La dernière fois qu'il était venu dîner ici, il aurait pu s'acheter une nouvelle chaîne hi-fi avec l'argent que lui avait coûté sa soirée, et ces gens n'avaient clairement pas l'air fortunés. Pourtant, ils avaient l'air drôlement heureux, à se sourire et à se caresser les mains par-dessus la table, ce que Theo ne parvenait même pas à concevoir. Il se détourna d'eux, les considérant sans intérêt, et savoura l'idée d'être si aisé financièrement. Bien sûr, tout cet argent qu'il dilapidait avec plaisir n'était pas du tout le fruit d'un travail personnel, mais alors ? Cela ne changeait rien pour lui. Il s'avoua simplement, comme un fait irréfutable, que le couple lui avait fait pensé à Pixie - oui, c'était inexplicable. La fille n'était même pas blonde - car il avait un jour pensé à l'inviter ici.

Theo fit la grimace, souhaitant oublier rapidement ce sujet, et justement le barman lui glissa alors avec un sourire qu'il semblait que son rendez-vous était arrivé. Pensif, le jeune homme se retourna sur son tabouret pour vérifier l'information.

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MessageSujet: Re: Frenchies call it a "Rendez-vous" Frenchies call it a "Rendez-vous" EmptyJeu 14 Juil - 13:32

     Sólveig avait tout d'abord cru à une blague lorsqu'elle avait reçu l'invitation de Theo Paradise, lisant l'e-mail en oscillant entre l'amusement et la perplexité, mais non, il avait été bel et bien sérieux. Des questions d'ordre juridique ? Elle avait été tentée de l'envoyer en direction d'un collègue qui était certainement plus utile qu'elle, après tout, la belle était spécialisée dans la défense des porteurs du gène et il ne faisait pas le moindre doute que ce n'était pas le cas du Don Juan. Finalement, sans répondre dans l'immédiat, l'avocate avait consulté Curtis pour lui demander si cela le dérangerait qu'elle dîne avec un ancien client, annonçant la couleur du jeune séducteur. Visiblement l'idée n'avait pas particulièrement enchanté le professeur, qui au final avait bien fini par se rendre à l'évidence : avec Sólveig il n'avait aucune crainte à avoir, elle savait refroidir n'importe qui avec ses phrases toutes préparées, de plus elle avait assuré son compagnon qu'elle doutait que le jeune humain ne tente quelque chose. Il avait beau sembler s'amuser de séduire les femmes - plus âgées que lui par ailleurs - elle doutait qu'il perde son temps avec une femme déjà casée. C'était donc suite à ce rapide entretient avec Curtis que la belle avait répondu positivement à Theo, s'attendant presque à ce qu'il lui renvoie une annulation en prétextant un empêchement de dernière minute. Combien d'hommes avaient tenté de l'inviter et dès qu'elle avait accepté, avaient rebroussé chemin ? Trop pour les compter, des fois la jeune femme en venait à se demander si elle était aussi terrifiante ou repoussante que cela, pas que ces réactions la gênaient, au contraire même. Elles lui permettaient de jouer son rôle de femme fatale sans en être une et sans avoir besoin d'aller jusqu'à une zone critique qu'elle préférait ne pas atteindre, le point de non retour.

     C'est après une dure journée de labeur que la jeune femme rentra à la maison, elle avait rendez-vous avec son ancien client d'ici moins de deux heures et ne ressemblaient pas vraiment à grand-chose. Curtis s'était absenté pour la soirée étant donné qu'il devait la passer seule, certainement pour aller travailler avec Fillan sur les études concernant les origines des mutants, il lui avait brièvement dit ce qu'il comptait faire, mais sans entrer les détails. Lâchant ses chaussures à l'entrée, elle se pressa de se glisser sous la douche après s'être débarrassée de son tailleur stricte, mais professionnel, puis déboucha finalement dans sa chambre au bout d'une petite heure, pratiquement prête. Une serviette autour de la taille, les cheveux lâchés sur ses épaules et légèrement maquillée - juste ce qu'il faut sans paraître vulgaire par conséquent - elle passa rapidement en revu les quelques robes qu'elle possédait. Pour arranger les choses, il lui avait donné le nom d'un restaurant chic, pas très étonnant lorsqu'on voyait qui l'invitait, mais ce n'était pas vraiment le genre d'endroit qu'elle avait pour habitude de fréquenter. Avec son compagnon c'était plutôt le fastfood du coin que le restaurant étoilé et elle ne s'en plaignait guère. Sólveig arrêta finalement son choix sur une robe plutôt simple, assez longue sans l'entraver dans ses mouvements, elle s'arrêtait juste au-dessus du genou et n'avait pas de bretelles, se contentant d'une sorte de corsage pour maintenir le tout sans pour autant donner une vue plongeante dans son décolleté. Juste ce qu'il fallait pour avoir l'air chic sans ressembler à une bimbo désireuse d'aguicher tous les riches du restaurant.

     Elle passa la demi-heure qui restait à terminer sa coiffure qui consistait à un chignon lâche qui libérait plusieurs mèches et laissait retomber une bonne partie de ses cheveux sur ses épaules, ce qui changeait considérablement de son chignon stricte qu'elle réservait aux procès. Pour finaliser le tout, elle passa des chaussures à légers talons, elle était déjà assez grande, inutile d'accentuer le tout avec des talons trop hauts. Attrapant les clés de la voiture de Curtis - la sienne avait malheureusement eu un incident en raison de sa voisine de parking qui ne gérait pas les créneaux - puis descendit rapidement au sous-sol, non sans avoir fermé sa porte après avoir souhaité une bonne soirée aux animaux qui dormaient sur les canapés. La jeune femme n'apporta pas de veste avec elle, il fallait avouer que sa chaleur corporelle seule suffisait largement à la réchauffer si jamais elle avait soudain froid. L'avocate posa son sac à côté d'elle avant de sortir du parking de son immeuble pour prendre la direction du restaurant qu'elle gagna en moins de temps qu'elle ne pensait. La belle donna ses clés au voiturier et lui accorda un bon pourboire comme à chaque fois qu'on lui rendait un service, puis se dirigea vers l'entrée du restaurant où une foule de personnes en habits chics se pressaient. Elle plissa légèrement son nez, craignant de ne pas trouver Theo dans cette foule - en imaginant qu'il soit déjà là - puis elle consulta rapidement sa montre avant de la glisser dans son sac, est-ce que c'était le type d'homme de la vieille école ou faisait-il attendre les dames ? Elle le saurait bien assez tôt, la jeune femme replaça son sac dans sa main avant d'entrer dans le hall pour être accueillie par un homme, la quarantaine bien portante, qui lui demanda s'il pouvait l'aider. La Norvégienne lui accorda un sourire radieux.

     ▬ Je dois dîner avec monsieur Paradise, j'ignore s'il est déjà arrivé. »
     ▬ Il est déjà la mademoiselle, il attend votre arrivée au bar, suivez-moi je vous prie, je vous y mène. »

     Léger hochement de la tête de la jeune femme alors qu'elle emboîte le pas à l'homme qui la conduit directement au bar où elle aperçoit effectivement, un jeune homme correspondant à Theo, attablé au bar en train de regarder les couples aux environs. Un léger sourire se dessina sur les lèvres pleines de l'avocate alors qu'elle se demanda ce qu'il pouvait bien penser à ce moment, puis elle remercia le maître hôtel avant de se diriger d'un pas calme et sûr d'elle - comme lors de ses procès - en direction de son ancien client. Celui-ci fut visiblement prévenu, car le barman se pencha dans sa direction avant de lui murmurer quelques mots qui firent se retourner le jeune homme, elle lui accorda un sourire avant de se hisser à sa hauteur pour s'arrêter à ses côtés. Il était assit, elle était debout, Sólveig le domina du regard pendant un instant, sachant très bien qu'il n'apprécierait pas particulièrement ce comportement, mais cela l'amusait au fond. Elle l'observa un instant avant de hocher la tête d'un air en accord avec lui, puis s'adressa enfin au jeune homme.

     ▬ Je constate que vous êtes toujours très classe monsieur Paradise, j'espère que je réponds à vos attentes en la matière, vous avez visiblement plus l'habitude que moi de ce genre de restaurant. »

     Elle ne quêtait pas de compliment, ce n'était pas son genre, mais dans son rôle elle était presque obligée de le complimenter. De plus il fallait le lui laisser, il était très présentable et attirait sans aucune peine l'attention des femmes, un vrai Don Juan, elle ne s'était pas fourvoyée. La Norvégienne le salua alors, tendant sa main vers lui pour une poignée de main, pas vraiment très glamour, mais elle n'allait pas lui voler dans les plumes tout de même. De plus en y repensant au final, il lui avait demandé son aide sur le plan juridique et elle pouvait considérer qu'il était une fois de plus son client, bien qu'elle ne comptait pas lui faire payer ses honoraires. Le prix de la nourriture ici devait sans aucun doute dépasser très largement ce qu'elle pourrait lui demander, l'argent n'était pas un problème pour Theo Paradise, ça ne faisait pas le moindre doute à ses yeux. Histoire de rester dans ses habitudes de politesse suffisante, elle ne se départit pas de son sourire avant d'enchaîner sur un ton toujours aussi mielleux, peut-être s'amusait-elle de la situation au final, glisser des sous-entendus en adoptant un air docile, c'était délectable.

     ▬ J'espère que je ne vous ai pas trop fait patienter, j'avoue que j'ignorais si vous étiez du genre ponctuel ou à faire attendre les dames, donc je suis arrivée juste à l'heure convenue. Je m'excuse d'avoir douté de votre galanterie par ailleurs. »

     Que ce soit de la galanterie ou autre chose, elle l'ignorait totalement pour tout dire, mais ça n'avait que peu d'importance. Son regard céruléen quitta un instant le visage du jeune homme pour se glisser sur le couple qu'il avait l'air d'observer juste avant son arrivée. La jeune femme avait peut-être attiré son attention ? Ils avaient tous les deux l'air d'un adorable petit couple, pas vraiment le genre de fréquentations que le brun devait avoir tous les jours, aucun doute qu'ils n'étaient pas des amis à lui. Les compagnons de Theo devaient plus porter des mini-jupes de ce que l'avocate avait cru comprendre. Elle connaissait bien le père du jeune homme, pas personnellement évidemment, mais qui n'avait jamais entendu parler d'Adam Paradise à Achaea ? Il devait donner une bonne réserve de billets à son fils chaque mois pour qu'il puisse inviter ses avocates à dîner dans un tel palace. La jeune femme reporta son attention sur Theo, ponctuant sa déclaration de quelques regards vers le couple.

     ▬ Des amis à vous ? J'ai crus constater que vous les observiez avant mon arrivée, si vous comptiez aller les saluer, ne vous gênez pas pour moi. Elle savait bien qu'il risquait de mal prendre l'idée d'être associé à un couple visiblement peu fortuné. Vous m'aviez d'ailleurs parlé de questions juridiques, j'espère que ça n'a rien à voir avec ce que j'ai pu lire dans la presse dernièrement, j'en étais navrée pour votre père. »

     Elle avait eu l'occasion de lire un article parlant d'un prétendu plagiat, une nouvelle marque qui aurait volé les dernières créations du plus en vue dans le milieu de la mode. Bien évidemment, elle n'ignorait pas que les rapports entre Theo et son géniteur n'étaient pas au beau fixe puisqu'il était rare – voir impossible – de les voir ensemble, mais c'était son petit côté profiteuse, l'idée de pouvoir le titiller un peu était trop tentante pour qu'elle la laisse passer sans réagir. Pas sûr que ça lui plaise, mais peut-être qu'il s'en amuserait allez savoir, avec les riches il fallait s'attendre à tout.

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MessageSujet: Re: Frenchies call it a "Rendez-vous" Frenchies call it a "Rendez-vous" EmptyVen 29 Juil - 1:09

Effectivement, c'était bien la magnétique Solveig qui arrivait d'un bon pas dans le restaurant, et Theo eut tout le loisir de détailler sa tenue. Elégant, adapté à l'occasion, l'esprit du jeune homme forma presque le mot "sexy", mais il se retint au dernier moment. La robe de l'avocate, quand bien même elle lui seyait à ravir et épousait des formes à peine mises en valeur, était loin d'être vulgaire. Il sourit à ce bon goût, et la laissa venir à lui en pensant qu'elle s'assiérait à ses côtés. Ils avaient bien quelques minutes avant de se jeter sur la nourriture.

Mais Solveig resta là, debout devant lui. Le ris du chasseur s'élargit un peu plus, goûtant à cette piquante provocation. Il devait lever la tête pour l'observer ; elle le surplombait de sa hauteur. Ce n'était vraiment pas galant. A ses yeux, s'il n'avait pas vu une sorte d'étincelle de défi dans le regard de l'avocate, il aurait dû se lever, puis lui proposer une chaise. Il préféra rester assis, amusé et piqué, c'est vrai, à soutenir son sourire, un verre à la main.

Theo considéra ses paroles en se forçant à ne pas retourner à un examen de la tenue de Solveig. Il n'avait pas l'impression d'être le plus distingué face à elle, mais il appréciait énormément ce genre de flatterie pour son ego et cela se vit un instant sur son visage. Pourtant sa voix fut charmeuse - et charmée, oui vraiment - son ton bourré d'une gratitude harmonieuse lorsqu'il lui répondit :

- " Je vous retourne le compliment Solveig, vous êtes très élégante." - puis, moins alangui : "Simple déformation professionnelle. Mes meilleurs contrats sont signés dans ce genre de restaurants, désolé si cela paraît déplacé."

Theo n'avait pas vraiment l'air désolé, d'ailleurs, mais c'était très naturel chez lui. Il paraissait en fait plutôt attentif, guettant une réaction chez l'avocate qui aurait pu lui montrer si en effet, elle trouvait l'endroit dissonant pour une telle occasion. Ce n'était pas exactement son intention de la mettre mal-à-l'aise, mais il devait reconnaître que ses façons n'étaient pas toujours pour plaire à tout le monde.

Cependant Solveig n'avait pas l'air irritée ; elle lui tendit alors une main professionnelle que le jeune homme serra avec fermeté, sans se départir de son sourire. C'est vrai, il était étrange de considérer un Theo sans son sourire, l'égérie Colgate par excellence qui pouvait exprimer par cette simple contraction des lèvres une exceptionnelle palette d'émotions. A cet instant, c'était un amusement discret, séduit mais tempéré, une attentive écoute, une politesse raffinée, qu'on sentait travaillée depuis sa plus tendre enfance dans un tas de Country Club en famille, option relations mondaines. Tout cela, évidemment, trempée, ou plutôt pétrie par la provocation plus juvénile, plus personnelle de Theo ; son insupportable insubordination générale, et son insolence.

Solveig n'était pas étrangère au flamboiement de ce côté-là de sa personnalité. Elle avait l'air de jouer également, de le mettre au défi d'il ne savait quoi. Bien sûr il adorait ce jeu, mais il arrivait mal à cacher son intérêt sur la question, ses traits lisses de gamin se plissant pour tenter d'apercevoir un peu plus que ce que sa ravissante compagne lui montrait. Mais il devait avouer qu'elle était forte également, ce qui en soi n'était pas pour lui déplaire ; il se contenterait de ces familiarités huilées de bonnes manières, de ces sourires extravagants, pourtant sous-entendus, de tout un tas de détails détournés s'il le fallait, plutôt que de lui reconnaître une curiosité synonyme de défaite.

Elle reprit la parole, pour lui expliquer qu'elle espérait ne pas l'avoir fait patienter, ignoreuse des habitudes de Theo dans ce genre de situations. Il releva presque imperceptiblement le menton, des focettes se creusant autour de ses lèvres, plissa ses yeux rêveurs.

- " Vous êtes toute pardonnée. Il semblerait en effet que le doute soit permis me concernant," - amusement sincère, faussement blasé - mais je n'ai jamais fait attendre une dame. Ce serait tellement déplacé."

C'est vrai, Theo avait beaucoup de choses à reprocher à son cher paternel, mais il ne pouvait s'empêcher de le louer avec une passion ardente pour tous les cours de tenue qu'il lui avait infligé. Toutes ces séances avec de parfaits inconnus, qui lui faisaient répéter pendant des heures la même syllabe, jusqu'à ce que sa voix caressante prononce à la perfection l'accent et la manière ; tous ces bouquins bachottés pour comprendre comment se tenait la fourchette à escargots, comment nouer une cravate, comment s'habiller, choisir ses boutons de manchette pour le thème de l'occasion, les chaussures et le costume, le maintien, l'articulation. Il le remerciait, oui, même si adolescent, tout cela lui avait paru d'une absurdité déconcertante. A présent, il comprenait l'intérêt que pouvait avoir cette élégance apprise par coeur soir après soir ; il savait que ce raffinement et ses diverses politesses étaient des atouts de choix dans la société. Bien sûr, beaucoup de gens qu'il fréquentait, notamment ses collègues, passaient au-delà de tout ça, considérant cela inutile. C'est vrai, contre un Mutant en colère, à quoi servirait d'être aimable et distingué, hein ? Theo voyait plus loin que son travail, encore heureux pour lui. Il savait que la persuasion, le charisme, un bon discours, c'était amplement suffisant pour renverser le cours d'une bataille, de changer un gouvernement, d'endormir un peuple docile. Ce genre de combat se déroulaient dans l'ombre, bien sûr, abri des mensonges et des manigances politiques ; c'était un jeu d'acteur pour lequel Theo était un professionnel. Et bien qu'il n'avait aucunement envie de fomenter une révolution, ce genre de qualités servaient aussi en public, en privé, en bonne compagnie. Il fallait toujours faire bonne impression, c'est ce que lui avait dit son père ; la première idée venait après un examen physique, personne ne pouvait le nier. Voilà pourquoi il était si souvent tiré à quatre épingle, sans un cheveux de travers ou un pli sur sa veste ; pourquoi il conduisait un bolide onéreux et bruyant, tapageur ; pourquoi il était en train de regarder Solveig avec un enthousiasme attentif, mais discret, fier de pouvoir étaler son talent.

Supercheries et mensonges, parfois. Une simple façade. Cette éducation ne l'empêchait pas d'avoir fait des choses déplacées, d'avoir une attitude honteuse, scandaleuse, sujette aux quolibets les plus divers ; d'être un ingrat à l'opposé exact d'un gentleman ; un monstre d'hypocrisie. Des apparences, comme il se plaisait à le rationaliser, un mal nécessaire. Pour endormir tous remords.

Il vit le regard de l'avocate se déporter sur le côté, et ne put résister à l'envie de regarder à son tour dans cette direction. Qu'est-ce qui pouvait être plus intéressant que lui, hein ? Il le découvrit d'un air blasé en retombant sur ce couple moyen, ces gens si désespérément banals qu'il avait observé un peu plus tôt. L'héritier se retourna vers Solveig, les sourcils comiquement réhaussés, incrédule, se demandant ce qui avait pu éveiller son intérêt pour eux, pendant qu'elle lui demandait s'ils se connaissaient. Theo pouffa sans même s'en rendre compte, d'un air affreusement méprisant qui le rendit un instant très antipathique.

- " Je n'ai malheureusement pas le plaisir de les connaître, non. J'étais simplement intrigué par leur présence ici. Ils ont l'air de gens très ordinaires."

Ses yeux restèrent fixés dans les billes ciruléennes de son ancienne avocate, attendant une réaction outragée à ce genre de paroles. Hé bien, c'est ce qu'elle souhaitait entendre, non ? Il avait bien compris qu'elle estimait improbable que ces deux gus fassent réellement partie du cercle très fermé de ses amis, aussi elle devait en saisir les raisons. Ils n'avaient absolument rien de commun, et il aurait été étrange, incongru de se mêler à ce genre de personnes. Ce n'était pas forcément une question d'argent ; il pouvait se lier avec quelqu'un de moins aisé que lui financièrement, ce n'était pas le plus important pour lui. Mais n'étant pas du genre à accorder sa divine amitié à tout le monde, au hasard, il fallait au moins chez son interlocuteur un petit quelque chose en plus, dans l'apparence, le physique, l'esprit, la situation ; et eux, ils étaient si... simples, si médiocres dans leur attitude. S'il fallait le lui dire aussi franchement, aussi dédaigneusement, et passer au final pour le plus ingrat des salopards, tant qu'il surfait sur cet air de provocation, il se sentait gagnant.

Solveig enchaîna rapidement cependant, sur un sujet complètement différent qui atténua un peu la verve flamboyante de Theo. Ah oui, les questions juridiques, ce petit détail insignifiant qui avait le seul et simple mérite de justifier cette invitation au restaurant... Elle termina sa remarque par une allusion sur un incident qu'avait rencontré son père dernièrement au sein de son antre professionnelle, provoquant un inévitable roulements des yeux de Theo, ennuyé et distant par principe. Depuis toujours, il avait appris à se distancer un maximum de l'empire commercial de son père, se disant simple photographe, presque un artiste - ah, petite ironie - et pas pion d'un géniteur exigeant. Bien entendu, il s'informait un maximum sur le sujet, investissait dans la chose, se tenait au courant des transactions assommantes et autres esclandres de l'écurie Paradise, yeutant des book et des catalogues de créations que parfois, il trouvait hideuses. Il savait de quoi elle parlait, notamment : un stupide plagiat de la part d'un concurrent hargneux des victoires financières d'Adam le sacro-saint chatré, géniteur en question. Il savait simplement que le procès se déroulerait dans la semaine. D'un geste détaché, en se détournant, Theo finit rapidement son verre, et le reposa, proprement, sans une goutte de côté - évidemment - sur la surface lustrée du comptoir.

- " Et si nous allions d'abord nous installer ? Vous me fendez le coeur à rester debout, et nous serons plus à l'aise pour parler de ces assomantes questions judiciaires. Ce n'est pas grand chose, mais votre aide me serait précieuse précisément au sujet de mon père."

Elle avait tendu la perche, il n'y avait aucune raison pour qu'il ne la saisisse pas et tente pour le moins d'éveiller son intérêt. Il avait l'habitude d'évincer les questions qu'on pouvait parfois lui poser au sujet de son père, et évitait d'ailleurs en général de nommer Adam Paradise comme tel. Mais il avait préféré cette fois utiliser ce terme presque familier, sans cette désaffection coutumière, pour évoquer ainsi une tournure plus personnelle. Il se leva donc, souriant poliment lorsqu'enfin il fut redevenu le plus grand, baissant un peu trop la tête pour le lui prouver. Un geste large du bras et il l'invitait à le devancer dans la salle même du restaurant, à l'écart du bar, en contrebas, là où une petite table ornée de banquettes confortables les attendait. Ils passèrent près du jeune couple qu'ils avaient examiné un peu plus tôt, et Theo, derrière Solveig, se laissa gagner par un mesquin sentiment de supériorité. Pas juste pour lui, la fille qui faisait face à ce pauvre garçon était loin d'égaler la grâce de l'avocate ; et le petit héritier qu'il était se prit à soupirer en songeant avec philosophie que les différences sociales existaient bel et bien. Il eut presque - presque ! - un soupçon de pitié en les regardant, mais elle s'évapora très vite lorsqu'ils s'installèrent, Solveig et lui, à une table dans un coin de la salle. La décoration autour d'eux était classique, épurée ; un bon nombre de plantes et des murs blancs, quelques french touch dans les oeuvres aux murs et le noms des plats.

Bien sûr, il attendit qu'elle fut installée avant de s'asseoir à son tour, n'allant pas jusqu'à lui tirer la chaise - tout de même, ce n'était pas un rendez-vous galant, voyons - mais remerciant à voix basse, presque froidement le maître d'hôtel qui leur avait indiqué leur table. Il y eut un court silence, le temps qu'ils prennent leurs aises et qu'un serveur en uniforme impeccable s'avance pour leur demander s'ils désiraient un apéritif. Theo déclara que pour sa part, il avait déjà pris un verre, mais laissait bien sûr libre commande à Solveig. Une fois le serveur parti, Theo enchaîna rapidement :

- " Je vous invite, bien sûr. Disons que je vous paye vos honoraires pour une petite conversation juridique qui doit, bien évidemment, rester très confidentielle. Si le prix est plus élevé, dites le moi simplement."

Un nouveau sourire, cela faisait presque longtemps que le visage du jeune homme ne s'était pas ainsi éclairé. C'était de Solveig dont il avait besoin ; elle était efficace, discrète et très séduisante, ce qui n'avait aucun rapport avec ses qualités professionnelles, mais avait le mérite de rendre leurs entrevues très agréables. Elle saurait lui répondre et connaissait suffisamment son père pour fouiner un peu sur la question qui tournait sans cesse dans sa tête. Il toussa doucement, discrètement, comme pour s'éclaircir la gorge avant de se lancer dans le sujet ; son regard se baissa lentement, preuve accablante qu'il cherchait un moyen un peu détourné pour aborder ce genres de détails perfides. Oui, je veux saigner à blanc un homme qui m'a élevé, pourquoi ?

- " C'est en effet à propos de mon père, j'ai pensé que vous sauriez me conseiller. Vous avez parlé tout à l'heure de cette affaire de plagiat, ce qui m'amène un peu vers le sujet. Je n'aime pas vraiment la tournure que prennent les directives de mon père et, j'aimerais... Uhm, comment dire ? Une certaine indépendance. Que l'argent... investi pour moi prenne une réelle valeur et ne soit pas qu'une dividende supplémentaire dans l'agence. J'ai une part là-dedans."

Il fit une pause, réalisant qu'il était allé un peu plus loin que ce qu'il avait prévu de dire au départ. Il sourit, encore un peu, relevant les yeux vers elle et sur ce qu'elle pourrait dire. Il savait qu'il s'était montré vaguement puéril dans ses propos, comme un gosse capricieux qui veut le beurre et l'argent du beurre. Il ne savait même pas quelles méthodes juridiques, tortueuses et contournées il pouvait y avoir pour réaliser cette idée chancelante d'une vraie séparation financière. Il comptait sur Solveig pour cette partie-là.

- " J'ai conscience que c'est un sujet délicat, et je ne vous oblige pas à me répondre. Il y a des risques que je fasse tout ce qui est possible pour arriver à ce que je veux, que ce soit moral ou non. Il y a encore des rares cas chez les avocats pour qui la morqle compte, et il s'agit sans dout de votre cas. Aussi... Nous pouvons simplement profiter d'un bon repas, si l'idée d'aider un fils à poignarder son riche et prétentieux papa vous embarasse."

Il finit grâcieusement, sa voix chaleureuse, son visage aimable, un peu indolent peut-être, par défi ; car il s'était tout-à-fait révélé à présent, n'est-ce pas ? Il n'attendait plus que des réponses et des réactions maintenant, et cela l'aiderait vraiment à mieux cerner cette femme splendide qu'il avait en face de lui. Après tout, il en connaissait peu sur elle, il n'avait eu que de stricts rapports profesionnels, rappelez-vous.

Le serveur revint vers eux, et leur tendit enfin les cartes. Theo ouvrit la sienne distraitement, portant nettement - et très étrangement - plus d'attention à l'avocate qu'aux divers noms gastronomiques.

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Sólveig K. Bjørn

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Frenchies call it a "Rendez-vous" Vide
MessageSujet: Re: Frenchies call it a "Rendez-vous" Frenchies call it a "Rendez-vous" EmptySam 30 Juil - 13:08

     Toujours poli, toujours galant, les journaux à potins qui parlaient du jeune homme n'avaient nullement mentis, il savait s'y prendre pour complimenter une femme, dommage qu'il ne mette pas autant de vigueur dans la lutte contre le racisme mutant. Une personne avec une telle influence serait un atout de choix pour Genesys, mais il suffisait de voir la manière dont il regardait les pauvres pour comprendre qu'il devait faire partie de ces personnes qui ne supportaient pas de voir des mutants. Un léger sourire se glissa sur les lèvres pleines de l'avocate, comment aurait-il réagi s'il avait su que la femme qui lui faisait face possédait le gène ? Peut-être bien qui sait, après tout il y avait des chances pour qu'elle se fourvoie à son égard et qu'il soit quelqu'un de très aimable en réalité. Mais Sólveig avait décidé de jouer son jeu pour la soirée, Theo avait l'air d'être un homme qui jugeait beaucoup un livre à sa couverture, la trentenaire avait bien envie de le suivre pour une fois, bien que jusqu'à présent il réussissait ce test haut-la-main. Lorsque la conversation passa sur le sujet des deux jeunes gens qui dînaient tranquillement, le ton que le photographe emprunta aurait hérissé les cheveux de l'avocate en temps normal, un tel dédain et une telle arrogance dans une seule et même personne, c'était difficile à croire. Le regard clair de la brune se posa sur le visage de son interlocuteur, heureusement qu'il était bel homme et surtout riche, sans quoi beaucoup de personnes lui tourneraient le dos. Des fois elle ne pouvait s'empêcher de se demander quelle mouche pouvait l'avoir piquée pour avoir accepté de le défendre. Certainement pas la pitié, Theo n'était pas le type d'homme qui éveillait ce genre de sentiments, peut-être tout simplement parce qu'elle devait aussi vivre et que ses clients habituels n'étaient pas toujours en mesure de payer ses honoraires.

     Jouer les bons samaritains avec les mutants ne l'aiderait effectivement pas à payer son loyer à la fin du mois, elle n'était pas du genre à cracher sur l'argent des humains. Ce serait contraire à ses idéaux d'égalité. Un léger haussement d'épaules alors qu'il parlait de « gens ordinaires », c'était exactement ce qu'elle était, la Norvégienne se demandait bien comment il aurait réagi s'il l'avait vue en compagnie de Curtis dans un petit restaurant familial du coin. Alors qu'il terminait son verre avant de l'inviter à aller prendre place, le tout à sa manière bien évidemment et l'avocate lui offrit un nouveau sourire à la fois amusé et avenant, il semblait vouloir lui montrer qu'il était le plus grand d'eux deux, comme si le fait qu'elle se soit placée de manière à le regarder de haut l'avait vraiment affecté. C'était amusant de constater à quel point il réagissait à ses petits défis à peine masqués, cela n'était pas pour lui déplaire et l'amusait beaucoup au contraire. Alors qu'ils se dirigèrent vers la table qui leur avait été réservée, elle balaya rapidement la salle de son regard céruléen, personne qu'elle ne connaissait et c'était tant mieux, certaines fois les gens ne se gênaient pas pour lancer de fausses rumeurs sur leurs collègues et Sólveig n'avait aucune envie d'entendre quoi que ce soit à ce sujet. La trentenaire prit place avant de sourire légèrement en constatant que son interlocuteur ne faisait pas défaut à son élégance en attendant qu'elle s'installe la première, un véritable gentleman doublé d'un séducteur, un bon produit de la jeunesse dorée Américaine. Lorsque le serveur leur proposa un apéritif, la jeune femme déclina avec politesse, elle n'était pas du genre à aimer boire de l'alcool et encore moins seule, de plus ils étaient là pour « le travail » à la base et elle préférait donc minimiser sa consommation au maximum.

     Après que le serveur se soit éloigné, la jeune femme se concentra sur les paroles du jeune homme qui annonça une fois de plus la couleur, mais elle ne pu retenir un léger rire lorsqu'il avança l'idée que ses honoraires soient éventuellement plus élevés que le prix d'un repas ici. Elle en doutait fortement, certainement qu'un seul plat, voir même une seule entrée aurait largement compensé le prix d'une consultation. Dans un cabinet privé elle aurait éventuellement pu viser plus haut, mais actuellement la jeune femme devait s'estimer heureuse si elle touchait la totalité de ce qui lui était dû. Son argent, Sólveig le devait surtout à énormément d'heures supplémentaires et des clients comme celui qui lui faisait face. Il était bien évidemment évident qu'elle n'allait rien ébruiter de leur conversation, le lieu pouvait permettre aux voisins proches d'entendre quelques bribes de leur discussion, mais bien heureusement le maître d'hôtel avait jugé bon de les placer à un endroit tranquilles, aucune fuite n'était normalement à craindre. Après un hochement de tête de sa part, elle attendit qu'il reprenne la parole et cela ne tarda guère, mais la manière qu'il avait de faire traîner l'explication lui donnait le sentiment que ce n'était pas vraiment quelque chose de très agréable à entendre. Comme la Norvégienne l'avait pensé de prime abord, cette affaire concernait le père si connu du jeune Theo, une affaire de gros sous à n'en pas douter et visiblement il voulait plumer la poule aux œufs d'or pour espérer en avoir plus. De but-en-blanc, il lui apparaissait comme un jeune qui voulait tout immédiatement, ne pas attendre que son père daigne lui donner son chèque à la fin du mois, un empressement qui risquait de lui coûter cher si tout cela n'était pas correctement mené. Assez ironique de penser que c'était l'argent d'Adam Paradise qui aidait son fils à payer l'avocate qui était en train de prendre part à une tentative pour le plumer.

     Elle fut franchement amusée lorsqu'il avança l'idée que si l'idée de l'aider à poignarder son père dans le dos ne lui convenait pas, ils pourraient simplement se contenter de manger. Sólveig n'eut pas le temps de répondre, le serveur approcha pour leur donner une carte à chacun avant de s'éloigner à nouveau. La demoiselle laissa planer quelques instants de silence en observant les différents noms alambiqués des plats qui se dessinaient sous ses yeux, puis releva finalement les yeux vers le jeune Theo pour lui offrir le même sourire poli de la femme qui ne se mouille pas trop.

     ▬ Pour commencer, je vais vous rassurer, rien de notre conversation ne sortir de cet endroit, enfin de ce qui est en lien avec votre affaire bien évidemment. Et ensuite, j'ignore si vous me prenez pour une avocate de luxe, mais il m'arrive de faire office d'avocat commis d'office et tous mes clients ne parviennent pas à me payer, si vous m'aviez invitée dans un petit restaurant du coin, cela aurait déjà suffit à régler votre dette. »

     Normalement il devait s'en douter, même si elle était assez riche elle avait la réputation de défendre les mutants et par conséquent, des personnes généralement pauvres. C'était assez amusant, mutant et pauvreté avait l'air d'un pléonasme avec les temps actuels, seuls les non recensés comme elles pouvaient encore espérer avoir un petit pécule et une belle maison semblait-il. Son regard quitta un instant le beau visage de son client du moment pour se promener sur les écrits du menu sans vraiment les voir, son esprit carburait à plein régime pour trouver quoi lui répondre. Elle n'allait pas jouer les hypocrites et lui déclarer qu'elle approuvait ce qu'il voulait faire, mais c'était tout de même plutôt impoli d'accepter une invitation dans un tel endroit et ensuite de refuser de l'aider. Après un petit moment de silence, son regard oscillant entre le visage aux yeux clairs de Theo et le menu, elle reprit d'un ton posé.

     ▬ Je ne vous cache pas que je n'approuve pas particulièrement les enfants qui veulent faire du tort à leurs parents, mais je fais mon métier et étant donné que je suis là, autant que je le fasse. Mais j'avoue que si vous aviez désiré ne pas prendre le risque de me voir refuser et d'être contraint de payer un repas pour rien, il aurait été plus sage de me poser la question directement au téléphone. Le sourire amusé refit son apparition alors qu'elle enchaîna en empruntant un ton plus léger. À moins que ce ne soit votre technique pour que je ne refuse pas, par peur de paraître profiteuse ? »

     Il pouvait très bien avoir profité de son côté trop aimable et « bonne poire » en se disant qu'elle ne pourrait pas refuser de l'aider et se laisser inviter sans avoir la conscience tranquille. De plus même si elle avait pu payer sa part, Sólveig ne tenait pas vraiment à dépenser les économies de secours qu'elle avait de côté pour un simple repas, même dans un restaurant aussi prestigieux. Il l'amusait bien, la demoiselle le trouvait très divertissant, il avait un petit côté snob qui se mariait parfaitement avec son air arrogant, le type qui lui tapait habituellement sur les nerfs et qu'elle envoyait bouler en deux temps trois mouvements. Mais le gosse de riche qu'il était assumait cela tellement bien et sans aucune honte, que cela faisait partie de son charme. La Norvégienne n'avait pas donné le nom de l'héritier d'Adam Paradise à Curtis lorsqu'il lui avait demandé qui était ce fameux client, il était tellement prompt à se faire des films, qu'elle avait joué la carte de la sécurité pour éviter qu'il ne se fasse un sang d'encre toute la soirée. Décidée à entrer dans le vif du sujet, elle inspira légèrement avant d'enchaîner plus sérieusement.

     ▬ Je comprends tout à fait votre demande, mais avant de me lancer plus en avant dans les explications et les questions, je me dois de vous prévenir de quelques points importants et non négligeables. Histoire que je sois certaine que vous agissez en connaissance de cause. Elle s'assurait d'avoir un filet de sécurité au cas où il désirait se retourner contre elle si jamais les choses tournaient mal. Je pense qu'actuellement vos finances sont assurées par votre père et qu'en cas de besoin, vous pouvez compter sur lui ? Vous comprenez bien qu'en entamant une procédure contre lui vous prenez le risque de tuer la poule aux œufs d'or ? À moins que votre père ne soit la bonté faite homme, j'imagine qu'il n'appréciera que moyennement d'être attaqué en justice par son fils. Elle sonda un instant son regard avant de continuer. Je puis vous assurer que je ferai le maximum de ce qu'il y a à faire, mais il faut toujours garder à l'esprit qu'il y a des chances pour que notre tentative échoue, dans ce cas vous n'obtiendrez rien, si ce n'est une forte chance que votre père vous coupe les vivres et que vous vous retrouviez seul. »

     Le risque n'était pas vraiment négligeable, après tout il semblait beaucoup dépendre de l'argent que son père lui donnait, lorsqu'on était aussi habitué à ce genre de choses, c'était très difficile de se retrouver sans personne derrière, sans filet de secours. Elle savait de quoi elle parlait, combien de fois avait-elle craint de ne pas s'en sortir après que son père et sa mère l'aient laissée partir sans rien ? Sólveig imaginait plutôt mal Theo troquer sa belle voiture comme une vieille guimbarde et aller récurer les fonds de casserole des restaurants où il avait jadis mangé en bonne compagnie. Envisager la défaite n'était pas dans les habitudes de tous les avocats, mais la brune pensait avant tout aux intérêts de ses clients, même si celui-ci semblait tout particulièrement arrogant. Après quelques secondes de silence alors qu'elle observait les différents mets une énième fois, la Norvégienne conclut son intervention.

     ▬ Si cela vous convient toujours, il va falloir que vous me donniez quelques informations, que participation avez-vous dans l'entreprise de votre père, avez-vous des actions de l'entreprise ou seulement des droits sur certaines collections ? Tout pouvait se jouer à ce niveau, il était impératif qu'elle en sache un maximum. Si vous avez un droit sur certaines collections, la somme pourrait être beaucoup moins élevée que si c'est sur le nom de l'entreprise, là vous pourrez toucher sur chaque collection qui a été créée et sera réalisée à l'avenir. »

     Juste au moment où elle terminait sa phrase, la serveur s'approche d'eux, Sólveig ne savait pas vraiment quoi prendre, elle n'avait pas les prix comme il était de tradition dans un tel endroit et la brune ne tenait pas à prendre quelque chose de trop onéreux. Passant sa main sur ses lèvres pour masquer son hésitation et la faire passer en un sentiment de femme exigeante, elle opta finalement pour un plat de poisson dont le nom l'inspirait, croisant les doigts pour que ça ne soit rien de trop alambiqué. Elle aimait la cuisine, aimait manger, mais avait énormément de mal à comprendre le raffinement de certains plats. Son regard se porta une nouvelle fois sur le visage du jeune Theo, sans se départir de son sourire, bien loin de dégager le sentiment de la femme hésitante qu'elle était bel et bien, Sólveig tentait d'avoir l'air assurée. Rien de mieux que d'opter pour une sorte de mimétisme du comportement face à un tel client n'est-ce pas ? Restait à voir si cela porterait ses fruits.

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Theo Paradise

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Frenchies call it a "Rendez-vous" Vide
MessageSujet: Re: Frenchies call it a "Rendez-vous" Frenchies call it a "Rendez-vous" EmptyDim 11 Sep - 21:35

Les yeux froids et si clairs de Theo se posèrent paresseusement sur son menu. Il connaissait à peu près toutes les spécialités de cet endroit, mais pour être très franc, aucune d'elles ne valaient le prix qu'un cuisinier prétentieux avait choisi sans réfléchir. C'était une douce ironie de constater qu'il était prêt à dilapider son argent dans des repas si onéreux, et dont il ne raffolait pas forcément ; une question de paraître, évidemment. Solveig en face de lui, après un rire quand il lui avait demandé si ses honoraires excédaient le prix du repas, lui confirma que rien de leur affaire ne sortirait d'ici, et qu'il n'aurait pas à payer de supplément. Il fit la moue, ostensiblement, comme pour lui montrer qu'il n'approuvait pas forcément cette idée. Il connaissait à peu près la réputation de la belle, pour avoir farfouillé comme une fouine lorsqu'il cherchait un avocat. Mlle Bjorn était au service des Mutants et des démunis - ce qui revenait un peu au même, certes - et Theo était certain qu'une telle valeur morale ne la couvrait pas d'or, et que certains de ses clients ne devaient même pas la payer. Une honte, si vous vouliez son avis. Pour n'avoir qu'une idée fausse et merveilleusement facile de l'argent, Theo aurait volontiers signé un chèque dodu à Solveig, ici et maintenant, de quoi lui faire tenir l'année dans une aisance confortable. Bien sûr, elle ne voudrait pas ; et il était plutôt déconfit qu'elle refuse qu'il fasse monter l'addition pour ses honoraires. Pourquoi n'en profitait-elle pas ? Elle devait avoir compris que pour le jeune Paradise, ces étranges bouts de papier verts arrivaient sur son compte sans le moindre effort. Il pouvait bien partager un peu.

Alors qu'il se forçait à se concentrer sur sa carte, et n'ayant répondu que d'un sourire lointain, Theo attendait avec impatience la suite de la conversation. Comme il s'en était douté, la sublime avocate n'avait pas l'air franchement admirative devant son horrible demande. Il ne leva pas la tête immédiatement. Solveig, quand bien même elle excellait simplement au jeu du mimétisme, faisait un drôle d'effet au jeune héritier. Ca ne lui arrivait pas souvent, figurez-vous, mais devant cet incroyable spectacle de classe et de beauté, il se sentait... inférieur. Argh, le jeune homme déglutit difficilement tandis qu'il acceptait cette idée étrangère et que Solveig poursuivait son explication. Inférieur, oui ; la belle devait avoir au compteur de nombreuses années d'études tordues et prises de tête - et lui ? Lui avait fui le lycée et l'idée même de la scolarité dès qu'il avait eu son pauvre diplôme. Il en concluait qu'elle était plus vive, plus cultivée, plus intelligente que lui. Elle avait un beau métier, un fiancé, elle s'était faite une place de choix dans cette société, et affichait ce soir un calme et une assurance qui le désarmaient, aussi déplaisante soit cette idée. Elle était plus âgée, il n'avait que 24 ans et ressemblait à un gamin grandi trop vite... Theo se reprit mentalement en laissant courir un sourire anonyme sur ses lèvres. Après tout, il pouvait être spirituel aussi. Son métier - l'officiel, pas l'officieux - n'était pas si dégueulasse que ça, et quand bien même il était célibataire (et pour longtemps, visiblement), il n'avait pas à avoir trop honte de sa situation. Ce repas serait donc son galon d'essai, et il tâcherait de se hisser à la hauteur de sa belle interlocutrice ; non pas pour la surpasser ou l'écraser, mais plutôt pour lui plaire suffisamment.

Les sourcils de Theo se levèrent de concert alors qu'il haussait enfin les yeux vers elle. Une technique pour utiliser sa peur de paraître profiteuse ? Quelle idée... Si Theo n'avait pas annoncé la couleur à Solveig dès le début, c'était pour une bonne et simple raison. Peut-être deux, en fait. Il n'aurait pas été capable, à son avis, d'exposer une telle idée au téléphone, et être séparés par une table couverte de mets délicats lui avait semblé être une meilleure idée. Et si elle avait dit non, il n'aurait jamais eu la chance de partager cette fameuse table avec elle...

- « Je plaide coupable. Vous n'auriez jamais accepté de dîner avec moi si je n'avais pas piqué votre curiosité d'avocate, si ? J'en viens même à regretter que vous acceptiez de me conseiller, car je ne crois pas pouvoir espérer un deuxième rendez-vous, et ce repas restera tristement professionnel." - un soupir faussement désespéré - "Mais autant lier l'utile et l'agréable. »

Un dicton qui aurait parfaitement pu coller à sa peau, d'ailleurs. Jamais une fois pendant sa petite déclaration le visage de Theo s'éclaira de remords ou d'un air penaud. Il ressemblait plutôt à un gosse hilare de s'être fait prendre la main dans le sac, car apparemment Solveig n’allait pas se lever et déguerpir sur le champ.

Et en effet, la belle resta là, et se mit à lui expliquer, placide, les inconvénients de son choix. Il avait plus ou moins réfléchi à la question, mais les entendre de sa bouche, si neutre et si sensée, faisait douloureusement pencher la balance dans l’esprit de Theo. Effectivement, il n’avait pas de lui-même créé tout cet argent dont il se vantait sans cesse. Il n’était qu’un héritier, le fils d’un homme assez talentueux pour réussir à monter une entreprise lucrative, cela tout seul. Et aujourd’hui, il voulait clairement se retourner contre ce père qui lui avait permis une vie d’aisance qu’il aimait revendiquer, à tort et à travers, au détriment d’autres personnes. Le jeune homme fit la moue, réellement songeur tandis qu’il scannait les yeux bleus de son avocate.

- « Effectivement, j’ai pensé à ces petits problèmes. Mes moyens sont par le fait assurés en grosse partie par lui. Il est normal – et plus sain - que je cherche à me séparer de cette étreinte financière, vous ne croyez pas ? Mais je suis au courant des risques, Mademoiselle Bjorn. »

Essayait-il simplement de minimiser ses actes ? A le regarder, Theo avait l’air parfaitement sérieux, les traits peut-être un peu durcis par le soudain froncement de sourcils qu’il avait esquissé à cette pensée terrible… Perdre cette affaire ? Comment est-ce que cela pouvait être possible ?

Mais l’avocate avait été tout de même convaincante, et il savait parfaitement qu’elle avait raison. Que se passerait-il si en effet, le procès ne jouait pas en sa faveur ? Son père, furieux et poignardé par son propre sang, comment réagirait-il ?

L’image eut beaucoup de mal à se former dans l’esprit de Theo, comme s’il ne pouvait tout simplement pas concevoir une telle affabulation. Il s’imagina ruiné, éjecté de la famille, hué par la presse qui tournait autour de son père comme des abeilles près d’une ruche. Cette hypothétique fin à son histoire dorée ne lui convenait pas, il ne parvenait tout simplement pas à se faire à cette idée. C’était comme briser tout son univers, et le contraindre à devenir tout ce dont il s’était toujours moqué, fier et pimpant. Rendre son bel appartement, affronter la dure réalité de l’homme moyen… Aïe.

Mais c’était pour cela, après tout, qu’il avait convoqué ce soir sa belle avocate. Il attendit qu’elle pose ses questions pour se remettre à parler. Il était conscient de ne pas franchement donner l’image de quelqu’un de bien, et aussi étrange que cela puisse paraître, cela commençait à le gêner. Il regretta d’avoir formulé d’une manière si badine, si infantile, son désir d’égorger finalement sa précieuse vache à lait.

Il put enfin se rassurer quelque peu. A ce qu’il entendait de la bouche charnue de sa belle compagne, il était préférable de posséder des vraies actions, soit de l’argent personnel investi dans l’entreprise, plutôt que certains droits sur quelques prodigieuses collections de son père. Theo se sentit tout orgueilleux de constater que les deux critères étaient réunis. Pour avoir été engagé par son père à plusieurs reprises en tant que photographe, le jeune homme avait réussi à le convaincre de lui donner des droits sur celles-ci. Et pour les actions, c’était bien simple : à son vingt-et-unième anniversaire, Theo avait reçu pour cadeau un joli, très joli paquet d’argent à placer – en son nom – où il le voulait. L’esprit familial aidant, il avait bien entendu opté pour la florissante agence Paradise. Et bien qu’une petite voix maligne lui susurre à l’oreille que ce ne serait peut-être pas suffisant, ramenant à sa mémoire l’éventualité d’un avenir sans luxe, l’enfant terrible fut plus calme et plus souriant. Alors qu’il allait sortir sa plus belle voix de gorge, le serveur revint et ils durent passer commande. Theo laissa l’homme ramasser les menus sans l’aider, l’observant avec un léger sourire. Le coude largement appuyé sur le dossier de sa chaise, il attendit quelques secondes dans le silence avant de commander ; il avait opté pour une simplissime entrecôte, avec le tutti quanti de sauces, d’accompagnements et de lits de salade. Froid mais très courtois, il crut bon de rajouter :

- « Et ramenez-nous du vin. »

Il ne précisa ni la marque, ni le genre, simplement qu’ils ne désiraient en aucune façon se faire déranger par un sommelier et qu’ils leur laissaient de ce fait carte blanche. Theo attendit que le pas pressé et élégant du serveur ne soit plus qu’un discret murmure pour faire face à l’avocate. Après un léger toussotement, il fixa ses yeux plissés dans les siens et s’expliqua à mi-voix :

- « Il s’avère que je possède des actions dans l’entreprise de mon père. En mon nom. Je ne suis pas le plus doué dans le boursicotage, voyez-vous, mais mes très chers parents ont tenu à ce que je place de l’argent à ma majorité. C’est ce que j’ai fait, et ce n’était pas de l’argent de poche donné par grand-mère pour un bon bulletin, si vous voyez ce que je veux dire. Ca représente une sacrée somme… Ah, et il y a eu cette collection en collaboration avec Victoria’s Secret, en 2022. Je possède des droits dessus pour avoir shooté l’intégralité de la campagne pub, et pour avoir « participé » à l’élaboration de certaines pièces. »

Il avait mimé avec exagération les guillemets autour de ce mot, pour mettre en évidence la réelle part de travail qu’il avait effectué sur cette collection. Rien. Absolument rien, sinon appuyer sur quelques boutons de son appareil lorsqu’un collègue lui disait, et baver sur les sublimes mannequins qu’il avait en face de lui. Theo avait, comme un petit pantin dont ses parents manipulaient les fils, payé des gens plus talentueux et moins cupides que lui afin de faire un travail pour lequel il pourrait enfin se vanter. Il eut cette fois-là un sourire d’excuse, un regard légèrement fautif. Le jeune homme n’était pas exceptionnellement fier de ces pseudos-droits, ces actions payées par papa-maman alors qu’il n’avait strictement rien fait. Mais voilà, ces actions justement lui rapportaient un argent vierge de l’influence paternelle, et cette collection était le clou, la fierté de sa carrière. Une association avec Victoria’s Secret ? Tout le monde en aurait rêvé, photographe ou créateur… Surtout vu le résultat, qui aurait fait transpirer les prêtres les plus résistants ; bref, son unique réussite, sa petite gloire personnelle, qui, s’il avait bien compris, pourrait peut-être lui permettre de gagner ce procès.

Le serveur revint et déposa devant eux des assiettes gigantesques, dont la moitié était vierge de toute nourriture, celle-ci étant la plupart du temps regroupé en un minuscule amas abondant de fioritures. Toujours en silence, Theo se contenta de fixer le serveur, à la limite de l’indiscrétion, jusqu’à ce qu’il serve enfin les précieux verres de vin. Il avait opté pour du rouge, qui selon lui se marierait divinement à leurs plats, et blablabla… Le jeune homme ne l’écoutait déjà plus.

Le pingouin s’éloigna finalement, tandis que Theo ne jetait pas même un regard à son plat, plongé dans la contemplation de Solveig. Il passa une main songeuse sur son menton, sur les arêtes prononcées de sa mâchoire, sur la peau nue, rasée du matin.

- « Vous pensez que c’est une mauvaise idée, n’est-ce pas ? » finit-il par demander. « Je ne devrais pas essayer de le trahir de cette façon, mais c’est une histoire de famille… Si je n’essaye pas, il m’exhérédera de lui-même, et je ne supporterai pas un tel outrage. Je suis l’hériter Paradise et cette fortune me revient… Même s’il a tendance à penser que ma sœur pourrait remplir ce rôle. C’est ce que je dois éviter à tous prix, et je pense que ma mère serait de mon côté, uhmm. Si je les retourne les uns contre les autres, cela pourrait faciliter cette affaire, n’est-ce pas ? Oh, votre plat a l’air vraiment délicieux ! »

Theo baissa des yeux appréciateurs sur l’assiette de l’avocate, avant de se concentrer sur la sienne. Il prit une gorgée de vin, naturel et décontracté, avant de se saisir de ses couverts, bien loin de ce qu’il venait de dire. Il n’avait aucune conscience de s’enfoncer toujours plus loin dans la voie du salopard de base, prêt à briser sa famille et faire exploser une véritable bombe de jalousie dans tout cela. Prêt à se servir d’une mère qui l’aimait plus que tout, et qu’il avait pourtant repoussé le plus méchamment possible ; prêt à sacrifier une sœur qui se moquait bien d’une hypothétique fortune ; prêt à trahir un père qu’il idolâtrait, et qui lui avait tout appris. Horrible monstre égocentrique, perdu dans ses diableries, ses fourberies, il pensait agir de la meilleure façon possible. Il avait confiance en Solveig, même si cela faisait peu de temps qu’ils se connaissaient, et qu’ils n’entretenaient que de brefs rapports professionnels. Mais c’était justement parce qu’elle était avocate qu’il se permettait de lui raconter tout cela, ces choses qu’il n’avait osé dire qu’à son miroir jusqu’à alors. Elle ne le jugerait pas… Ou tout du moins, il l’espérait vivement.

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Frenchies call it a "Rendez-vous"

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