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« Pour un regard qui m'a paru si familier »

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Angelus G. Hastings

Angelus G. Hastings
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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyJeu 7 Juil - 5:22

« Pour un regard qui m'a paru si familier » 3215421« Pour un regard qui m'a paru si familier » What-did-i-miss-_...laurent--1e083ab
©bazzart

Des pas résonnaient sur le pavé glissant de la rue encore endormie. Rien d'étonnant, il avait plu toute la nuit. Une nuit entière à écouter l'orage gronder et les gouttes d'eau venir s'écraser contre sa fenêtre. Une nuit entière à supporter John qui n'en finissait plus de lui parler de la même fille depuis un mois. Mais les fantômes n'ont pas la même vie que nous. Le temps est tellement différent, tout est tellement différent. Un fantôme qui aimait une vivante, il aurait tout entendu. Angel avait beau lui dire qu'il était inutile d'espérer, que même s'il l'attendait jusqu'à sa mort, certaines âmes rejoignaient directement leur monde si elles n'avaient plus rien à faire sur Terre mais non, ce grand blond fluorescent refusait de l'écouter et le bassinait chaque jour un peu avec cette fille rencontrée dans un bar. 'Rencontrée', ben voyons ...disons plutôt qu'étant mort, la conversation avait tourné au monologue. Elle n'avait même pas eu la décence de regarder le vide intersidéral qui lui faisait les yeux doux à deux centimètres de ses lèvres. Dans ce genre de situations, le médium ne pouvait retenir un rire discret. Décidément, même dans la mort les hommes restaient des hommes.

John était un fantôme qu'il connaissait depuis bientôt deux ans. La première fois qu'ils s'étaient rencontrés, celui-ci lui avait confié comme 'mission' d'aller retrouver sa fiancée et de lui demander son pardon pour tout le mal qu'il lui avait causé lorsqu'il était encore en vie. Un peu sceptique au départ mais contraint de toutes façons d'accepter sa requête sous peine d'être constamment harcelé, Angel comprit plus tard que le mal en question n'avait rien à voir avec une dispute conjugale qui avait mal fini. John était un coureur. Il l'avait trompé maintes et maintes fois, et était toujours revenu la queue entre les jambes – c'est le moins qu'on puisse dire – un bouquet de fleurs dans une main, ses cinq doigts dans l'autre en signe de réconciliation. Ça avait marché les trois premières fois. A force, madame en avait eu assez, et Angel ne pouvait qu'être en accord avec elle. Certes, il était un homme et avait lui aussi des 'besoins', quoiqu'il n'était jamais tombé amoureux au cours de sa vie, mais il n'était pas moins conscient du fait que pour qu'un couple fonctionne, il fallait que chacun y mette du sien. Et puis, la fidélité, c'est sacré non ?! A croire que John ne partageait pas les mêmes valeurs morales. Enfin bon, après des semaines à supplier la fiancée en question de pardonner à son homme – auquel cas Angel s'attendait à recevoir sa visite tous les jours jusqu'à sa peine expiée –' - elle finit par accepter. Sa mission remplie, John aurait normalement dû rejoindre son monde. Et bien non. Figurez-vous qu'il avait décidé de rester sur notre bonne vieille planète pour – je le cite – 'tenir compagnie à ce cher Angel'. Le monde pouvait s'avérer bien cruel de nos jours. Enfin, il n'allait pas cracher dans la soupe. John était son meilleur ami. Il lui faisait confiance, savait qu'il pouvait compter sur son aide en cas de coups durs, et celui-ci était le seul à le faire rire même dans les pires situations.

Ça y est, il venait d'arriver devant le commissariat. La plupart des hommes de la brigade était en manoeuvre ou encore à la maison avec leur petite famille. Bien. Angel n'aimait pas qu'on le voit ici. Il y avait toujours des rumeurs qui circulaient sur son compte, comme quoi il n'était qu'UN détective privé. On le soupçonnait parfois de prendre une part plus sombre qu'il le laissait croire dans les affaires qu'il résolvait. Un type qui sortait de nulle part et qui réussissait à boucler un cas en si peu de temps, ça ne s'était jamais vu. Laissons-les dire, il n'était pas ici pour ça de toutes façons.

ANGEL - « Salut Tony. Comment tu vas ? T'as l'air un peu fatigué ce matin. »

Tony était un flic hors pair. Il ne le savait juste pas encore. Un peu jeune peut-être, mais une mémoire d'éléphant et des réflexes impressionnants pour son âge. Le médium l'avait rencontré quelques années auparavant, au cours d'une enquête. Un adolescent qui rêvait de faire carrière pour protéger les bons citoyens. John lui avait confirmé qu'il avait un bon fond et le reste s'était fait de lui-même. Angel lui avait trouvé un emploi au sein de la police, et depuis, il se sentait redevable envers lui et lui obtenait toujours des informations lorsqu'il passait lui rendre visite.

TONY - « Oh...Angelus, salut. Bof, tu sais le meurtre de la patronne du bar Andrews ? Ça nous a pris toute la nuit pour les preuves. Alors oui, pas trop dormi. » Esquissant un sourire, le policier s'étira un instant avant d'aller chercher un paquet dans une autre pièce. « Et j'ai ce que tu m'as demandé, bouge pas, j'en ai pour deux minutes. »

Evidemment qu'il n'allait pas s'en aller, il était venu pour ça non ? Mais de là à rester planté en plein milieu de cette salle, non merci.

JOHN - « Coucou chéri !! » chuchota alors une voix à son oreille qui lui fit immédiatement sourire.
ANGEL - « John, c'est pas vrai, je t'ai déjà dit de pas apparaître comme ça sans prévenir. »
JOHN - « Oups, désolé. Oublié. Mais t'es habitué depuis le temps, me dis pas que tu sursautes encore ? ... Dis donc, qu'est-ce que tu fiches ici ? Je croyais que les flics et toi z'étiez pas en très bons termes ? »
ANGEL - « Hum... »
JOHN - « Merci de ta réponse si précise mon chat. Bon, ben moi je vais aller casser la croûte. Tu m'appelles quand t'as fini hein ?! » Grand sourire du fantôme qui s'éloigna avec dans l'idée d'aller mettre un peu de piment dans le bureau d'en face, sous le regard amusé du médium.

C'est alors que son regard croisa le sien et qu'il n'en put s'en détacher pendant quelques secondes. Les traits tirés, l'air à la fois agacé et complètement perdu. Les cheveux défaits, des mèches qui lui tombaient devant les yeux. Une envie brutale de l'approcher surgit en lui qu'il réprima avec difficulté. Détournant le regard en fronçant les sourcils, Angel préféra l'ignorer. La tristesse qu'il avait lu dans ses beaux yeux turquoise ne le quittait toujours pas. Mais qui était cette fille au juste ? Que faisait-elle ici ?

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Joyce H. D'Anceny

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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyJeu 7 Juil - 23:56

- Et c'est sans doute là la plus grande force de Stendhal. La puissance de son ironie, qui se faufile partout, dans la plus évidente métalepse, jusque dans le plus discret des intensifs. Le pouvoir de l'auteur est ici et partout...

Les derniers mots s'envolèrent, tandis que la jeune française caressait la surface de son bureau, rêveuse. Ils s'envolèrent, étouffés par le son du micro pointé vers sa gorge blanche, approximatif. Et l'un des plus beaux sons qu'elle ait eu à entendre, en dehors du rire de sa fille,se fit entendre : le grattement des stylos sur les pages. Joyce parvenait sans mal à envoûter un amphithéâtre. Sa voix, sa présence. Comme si elle distribuait un charme. Pourtant, elle n'avait pas utilisé ce jour-là - du moins très peu - l'espace de l'amphithéâtre, ce qui lui donnait une envergure théâtrale. Mais il y avait des jours comme celui-ci, où la magie opérait.

Joyce était dans son élément. Personne ne pouvait la piéger. Elle était comme un mentor qu'il fallait suivre. A cet instant précis, tandis qu'elle s'extasiait de la littérature française du XIXème, plus rien ne l'atteignait. Elle oubliait ses soucis, l'état de santé préoccupant de sa fille, ses obligations inhérentes... Elle était libre, elle déployait enfin ses ailes de toute leur envergure et elle s'envolait. Jusqu'à ce que son smartphone daigne vibrer deux fois, discrètement, dans la poche avant de son pantalon. Brutalement, les mots, qui semblaient encore s'évanouir majestueusement, sautèrent comme un vinyle rayé et la réalité la frappa durement : elle devait se rendre au commissariat.

Enfer et damnation. Le retour au commissariat... Cette simple pensée suffit à faire battre le sang aux tempes de la jeune femme. Il fallait qu'elle abrège le cours, sans quoi elle serait prise d'une de ses crises. Avec le temps et l'expérience, elle avait appris à les anticiper, à guetter les signes avant coureur, afin d'éviter les désagréments les plus fréquents, comme les vomissements ou les migraines. Elle essayait même depuis une ou deux semaines, de maîtriser ses crises. Ce n'était pas simple, et c'était plutôt aléatoire, mais jusqu'à présent, elle avait réussi à tuer l'oiseau dans l'oeuf, et n'en était pas mécontente. Tout ceci était évidemment hautement stratégique : si elle parvenait à faire croire aux flics qu'elle n'avait plus de crises, peut-être allaient-ils lui lâcher la grappe un moment. C'était à espérer. Elle en était à abhorrer ses visites au commissariat, qui se soldaient souvent par des effets secondaires indésirables des plus désagréables.

Sauf que Joyce était comme un jouet pour les policiers d'Achaea. Comme des enfants frustrés, une fois que l'usage de la jeune femme était écoulé, autrement dit une fois qu'ils avaient eu ce qu'ils voulaient, ils la jetaient, tout simplement. Elle n'avait plus aucune utilité, alors à quoi bon lui donner un doliprane? Après tout, elle n'était rien d'autre qu'une méprisable mutante, une créature chimérique qu'il ne valait mieux pas fréquenter. On sait jamais, c'est génétique, mais ça peut être contagieux, hein, on sait pas ce qui flotte dans l'air.

De ce fait, tous les membres des forces de police s'étaient grisés pour la jeune femme. Même l'agent Huxley, qui pourtant n'hésitait pas à lever la main sur elle pour provoquer ses crises. C'est bien connu, une bonne gifle, et ça repart. C'est comme un ordinateur bogué. Lui avait tendance à se colorer d'un rouge sang, intense. Mais il finissait par s'effacer, n'être plus qu'une ombre menaçante. Une de plus. Un obstacle de plus à surmonter, dans l'espoir de guérir sa fille. Il était évident que dans une autre vie, elle se serait rebellée. Mais malheureusement, elle n'y coupait pas. Et si elle ne se bougeait pas, il finirait par se déplacer en personne s'enquérir poliment de la raison de son absence au rendez-vous quotidien.

Elle soupira, discrètement, hors micro.

- Vous pouvez disposer. Je vous attend pour la conférence avec Kristeva après-demain.

Le sourire qu'elle adresse à ses étudiants de Master est légèrement crispé par la douleur. Il fallait qu'elle y aille, comme si elle était irrésistiblement attirée par le commissariat. Elle se résigna, fit tout ce qu'elle put en traînant les jambes. Et malgré tous ses efforts, elle parvint à l'heure à son rendez-vous. Elle ne s'était pas changée, avait encore ce look vaguement français, d'une petite prof de province un peu sévère mais passionnée, avec sa serviette de cuir à la main et sa veste de tailleur. Elle semblait être d'un autre temps. La secrétaire n'eut même pas à lever la tête. Elle lui indiqua d'un mouvement sec une chaise. Joyce poussa un soupir imperceptible et s'assit. Visiblement, son hôte était en plein interrogatoire. C'était une bonne chose, il se serait échauffé avant de venir lui rentrer dans le lard. Peut-être même se serait-il calmé.

Vous pouvez croire, lorsque je vous raconte cela, que je joue un peu les clichés : il n'y a plus vraiment de bad cop, ce n'est qu'une histoire de comédie. Notre héroïne pourrait témoigner du contraire : c'est vrai que c'est cliché, mais dans l'ère actuelle, la haine des mutants était prétexte à tout. Peut-être qu'Huxley avait des tonnes de raisons d'en vouloir aux mutants. Peut-être savait-il inconsciemment qu'ils étaient l'avenir de l'homme, et qu'ils l'éclipseraient, comme Zarathoustra le prédisait dans l'ouvrage majeur de Nietzsche. Et dans un dernier effort pour fuir cette vérité insoutenable, cette acceptation impossible mais néanmoins nécessaire de sa propre extinction, il en venait aux poings. L'état primitif donnait l'illusion de puissance à l'homme. Sous la douleur, elle savourait son triomphe.

Cela dit, cela ne fait pas de Joyce quelqu'un de masochiste. Alors, comme tout le monde, elle attendait, résignée, comme un cheval qu'on mène à l'abattoir, et qui sent l'odeur de la mort derrière lui. Elle attendait, assise sur ce banc, sur cette chaise, sur cet objet vaguement cubique qui n'était rien d'autre que le support d'une mort en sursis. Son regard se teinta de tristesse. Si seulement elle avait la certitude que tous ces sacrifices servaient réellement l'intérêt d'Alexiane... Peut-être que les scientifiques d'Apocalypto faisaient en sorte de laisser traîner la création d'un remède. Peut-être que ce n'était que par leur volonté que les progrès étaient fulgurants pour ensuite presque revenir au point de départ.

Son regard clair se perdit sur ses genoux, dans les souvenirs qu'elle avait de ces précieux moments où tout allait pour le mieux, avec sa fille et son ex-compagnon. Quand elle était toute petite, toute souriante. La tristesse fit place à une nostalgie profonde. Son joli visage se fendit d'un triste sourire. Son esprit divaguait. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était totalement responsable du mystérieux mal de son enfant. Son gène mutant... Elle se sentait tellement isolée. Qui donc, parmi ce ramassis d'imbéciles, qui donc aurait le courage de la comprendre ? Aucun être humain ne le pouvait. Comprendre la souffrance.

Elle se sentait observée. Il y avait une sorte de capacité empathique entre deux personnes qui se regardent. Elle leva ses yeux clairs et croisa le regard sombre de cet inconnu en costume, dont la silhouette lui rappelait quelque chose. Peut-être l'avait-elle déjà vu quelque part, sans doute au commissariat, puisque c'était finalement l'endroit public où elle mettait le plus souvent les pieds. Le jeune inconnu détourna les yeux. Mais ce contact visuel l'avait bouleversée : brutalement, son monde bicolore s'était illuminé. Il était sorti de la grisaille de son esprit. Qui était-il? Quelque chose s'était passé. Elle voulait comprendre quoi.

Elle amorça un mouvement pour se lever et essayer d'engager la conversation, mue par un instinct tacite. La porte de bois s'ouvrit brutalement. Huxley aboya : c'était à son tour. Elle eut un instant de terreur sur son visage et s'engouffra dans le bureau de l'officier.

Les vingts minutes qui suivirent furent des plus éprouvantes. Elle refusait obstinément de libérer son don, faisant un travail monstrueux sur ses réflexes et ses synapses en feu. Malgré les coups, malgré les remontrances, malgré tous les stimulus auxquels elle fut soumise, elle ne se laissa pas submerger. Huxley était furieux, mais ne pouvait rivaliser avec l'éclat de défi du regard de Joyce. Elle en avait par-dessus la tête, d'être un objet.

Huxley la saisit par le col.

- Très bien, la grenouille à forte tête. Pour aujourd'hui, tu me résistes. Mais si tu t'avises de recommencer ton petit jeu, c'est ta gamine qui trinque. Compris?

Des larmes de rage montèrent aux yeux de la jeune femme. Elle se leva, quitta précipitamment le bureau. La porte claque violemment et le bruit de ses talons martelant le sol préfigurait son état psychologique : elle était hors d'elle. Elle ne fit attention à personne, la vision de l'inconnu éclipsée par cette rage. Elle fendit la foule des policiers et des prévenus, sortit du hall en fouillant nerveusement dans son sac, à la recherche fébrile de son paquet de cigarettes. Elle en glissa une entre ses lèvres, craqua une allumette d'un revers vif sur la boîte, et inspira longuement. Elle serrait les lèvres en une fine ligne, ne laissant passer aucune larme.

Elle leva les yeux au ciel, pleine de reproches. Elle voulut jurer, se parjurer, montrer son poing, laisser parler sa rage. Mais de nouveau, elle se heurterait à un mur, au silence infini d'un interlocuteur qui n'écouterait pas. Elle avait besoin de quelqu'un à qui parler. Qui la comprendrait. Elle avait envie d'appeler Solveig, de tout lui balancer, dans la pureté de sa rage, de lui dire qu'elle démissionnait et qu'elle partait loin en claquant tout. Mais non, ce serait lâche de sa part. D'autant plus que la jeune femme devait être occupée... Elle chassa les cendres d'un mouvement de poignet, indécise quant à la marche à suivre, désemparée. De loin, on pourrait croire apercevoir un pauvre oiseau tremblant, perdu dans les méandres d'une existence absurde, luttant de ses frêles ailes contre un vent impétueux. Une pauvre chose perdue au milieu de l'océan...




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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyVen 8 Juil - 5:38

    Son regard n'avait pas cherché à la revoir. Il fixait inlassablement le sol, ou le bureau d'en face, patientant le temps nécessaire au retour de son jeune ami Tony. Le temps semblait s'être arrếté. Pourquoi prenait-il autant de temps pour ramener quelques papiers ? A moins que ce ne soit cette fille plus loin qu'il sentait l'observer qui le dérangeait. Etrange. Jamais pareille sensation n'avait envahi ses sens. Il avait l'impression d'être épié de partout. Certains diraient sans doute qu'il en avait l'habitude, lui le médium qui communiquait avec l'au-delà, mais non, cette sensation là était différente que celle d'ordinaire. Plus intense, plus agréable aussi. Mais avec cet arrière-goût d'incompréhension qui lui donnait envie de s'approcher. De lui dire : « Quoi ? Pourquoi me fixez-vous ainsi, est-ce qu'on s'est déjà vus auparavant ? » Il ne l'avait jamais vu. Il ne l'aurait pas oublié sinon. Ce visage, ces traits, l'impression d'un oppressement quotidien. Le même qu'il ressentait lorsque certains fantômes, plus agressifs que d'autres – sans doute l'avaient-ils été de leur vivant, chassez le naturel, il revient au galop – venaient le harceler de questions, affolaient ses sens ou le faisaient sombrer dans une inconscience quasi-totale. Il y avait un pacte entre les esprits. John ne pouvait pas toujours être là pour le protéger. Certaines règles se devaient d'être respectés, parfois au prix d'une nuit de souffrance pour le médium. Et le regard qu'elle lui avait lancé. Le sentiment d'un lien qui se créé sans naître totalement. Des picotements dans les yeux. La sensation d'un petit être blessé qui ne sait pas vers qui se tourner. D'apparence calme et détendue, Angel se mit dans l'idée d'aller lui-même dénicher ce cher Tony, jusqu'à ce qu'une porte ne s'ouvre à l'autre bout de la salle, là où se trouvait justement cette jeune femme. Son regard se tourna immédiatement dans sa direction lorsqu'une voix grave qu'il aurait même qualifiée de perverse résonna dans l'habitacle. Encore un flic. Il n'y avait qu'eux pour gueuler comme ça alors que le commissariat était désert. A croire que le monde était sourd ou qu'ils avaient besoin de se faire entendre. Allez savoir. Un gradé apparemment au vue du ton qu'il avait employé pour s'adresser à l'inconnue. Un ton qui n'avait rien de très respectueux par ailleurs. Tout ce temps, Angel n'avait cessé de dévisager la jeune femme, sans sourire, l'air indifférent mais touché par une présence qu'il cherchait à comprendre au fond de lui-même. Son regard avait pris une teinte plus sombre à l'arrivée du policier. Dieu seul sait pourquoi mais à ce moment-là, il aurait aimé lui dire sa façon de penser. C'était toujours illégal de frapper un homme ? Flic dans l'exercice de ses fonctions qui plus est ? Dommage, certains hommes ont besoin d'être remis sur les rails pour comprendre la façon dont fonctionne le monde. Mais bon, comme dans chaque panier de fruits, il y en a toujours de plus pourris que d'autres. En attendant, les mâchoires crispées, les points serrés, Angel conservait un calme olympien, se contentant d'observer la scène tandis que des milliers de questions embrumaient son esprit.

    TONY - « Voilà. Tiens, tout est dans l'enveloppe. Si t'as besoin d'autre chose, t'hésites pas hein. Par contre, si tu pouvais passer le soir, ça m'arrangerait, les bureaux sont plus calmes et le chef est... »

    ANGEL - « Tony, cette fille qui vient d'entrer, qui est-ce ? » l'interrompit alors le détective qui n'eut pas l'air d'avoir entendu un traître mot de ce qu'il venait de dire.

    TONY - « Hein ? Oh la blonde là ? Elle s'appelle Joyce je-sais-pas quoi. Une fille un peu paumée. Elle vient ici pratiquement tous les jours. Je sais pas ce qu'ils se disent de l'autre côté mais quand elle ressort.... - balançant sa main de haut en bas en fermant les yeux l'espace de quelques secondes - ...pas beau à voir. Elle est bizarre aussi cette fille. Elle parle pas beaucoup mais j'sais pas, quand elle t'regarde, t'as l'impression que... »

    ANGEL - « ...qu'elle cherche à lire en toi. Et qu'il t'est impossible de résister. »
    murmura Angel d'un air absent.

    TONY - « Ouais, ouais c'est exactement ça. D'ailleurs, la dernière fois elle ... »

    La porte venait de claquer pour la deuxième fois. Tony ne termina jamais sa phrase, trop occupé à fixer l'autre bout de la salle. L'inconnue n'avait pas même regardé de leur côté, pressée comme personne à l'idée de quitter ce bureau. Il se demandait bien pour quelle raison. Le gradé semblait insatisfait, enragé même lorsqu'il s'enferma à double tour, sans doute pour ne pas être dérangé. Qu'avaient-ils pu se dire qui la mette dans un tel état ?

    ANGEL - « Merci Tony. A charge de revanche. »

    Et sans même attendre que le policier ne le salue une dernière fois, le médium s'était déjà lancé à la poursuite de la jeune femme. Il fallait qu'il la rencontre. Plus une envie, c'était un besoin insurmontable. Espérons qu'elle ne soit pas une professionnelle de la course à pied. Non, elle était encore là. Immobile sur le trottoir, guettant les cieux avec lassitude et désespoir, une cigarette calée entre ses lèvres.

    ANGEL - « Certains flics auraient bien besoin d'une leçon de savoir-vivre. »

    C'est ainsi qu'il l'aborda. Toujours ce même regard insondable, cette manie de ne pas montrer ses émotions. Seul un léger tressaillement des sourcils lorsqu'il posa ses yeux sur sa silhouette une fois qu'il fut à ses côtés, pour en revenir finalement à son visage. Elle pouvait le chasser d'un geste de la main. Une seule parole et il s'en irait. Il n'avait jamais été très prompt avec la gente féminine. Ni très doué d'ailleurs. Et puis, il n'avait pas l'intention de lui imposer sa présence de force. Elle devait suffisamment endurer certaines choses sans que sa volonté ne soit prise en compte pour qu'il se permette de lui infliger ce calvaire.

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Joyce H. D'Anceny

Joyce H. D'Anceny
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MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyVen 8 Juil - 9:29

Pourquoi te résigner, Joyce, ma belle? Tu sais que tu ne fais que gagner du temps. Tu ne crois quand même pas que ton talent de vision est simplement maîtrisable en serrant fortement les dents et en essayant de calmer ton rythme cardiaque qui est en train de s'affoler, cognant douloureusement dans ta poitrine comme un appel désespéré pour que tu le libères? Tu crois que grâce à ce maximum - petit au passage -, tu vas pouvoir tout enterrer en ton sein? Zeus, si tu crois cela, petite, tu te fourvoies complètement. Et quand bien même. Tu sais que ça peut exploser à tout instant. Et si tu devenais folle? Si tes visions entraient dans ton monde, dans le monde réel, j'entends, et ne voulaient plus en décoller? Tu serais comment, petite?

Son esprit fonctionnait à vive allure. Son champ de vision périphérique devenait progressivement troublé. Elle sentait ses mâchoires trembler, tandis qu'Huxley postillonnait sur elle sans qu'elle ne puisse comprendre un seul mot. Encore un peu plus et elle allait défaillir. Ses ongles s'enfoncèrent dans les accoudoirs du fauteuil sur lequel elle était juchée, ces accoudoirs dont les marques profondes témoignaient d'une utilité différente de celle pour laquelle le siège avait été initialement configuré.

Elle était en train de devenir folle, elle en avait la certitude. A moins que le fait d'en être certaine suffisait à disqualifier cette hypothèse. Après tout, ce qui rend les fous comme ils sont est l'ignorance de leur folie. Non, elle, elle sentait plus qu'elle lâchait prise, lasse de ce traitement.

"Maman?"

Elle releva la tête. Le coup partit. Elle ne le vit pas venir, elle ne l'anticipa pas. Elle n'en avait cure, en réalité. La voix de sa fille résonnait avec une douleur terrible, au fond de son coeur. Non, elle ne pouvait pas la laisser. Sous le choc de la main qui s'abattait sur elle, la lèvre de la jeune femme se fendit légèrement, teintant son menton et sa peau blanche de quelques gouttes de sang. Elle regarda une goutte prendre une belle forme de poire, s'allonger sous son poids, puis tomber, en se séparant en d'autres gouttes d'une grosseur inégale. Elle s'écrasa lentement sur le sol, tandis que le goût cuivré du sang se répandait dans la bouche de la jeune femme, amèrement familier.

Non, elle ne laisserait rien arriver à sa fille. Elle savait que cet enfoiré d'Huxley avait le pouvoir, qu'il pourrait la trouver et lui faire du mal. Quelque chose bouillonnait dans ses veines. Elle n'était pas d'une grande force physique, en tout cas, à côté de l'épaisseur de l'officier de police, qui avait de toute façon le soutien de la plupart des autres membres de la police, elle ne faisait pas le poids. Mais on dit qu'avec l'énergie du désespoir, la force n'est plus une question de gabarit. On avait vu des femmes parvenir à décaler un camion pour sauver leur enfant. Des choses improbables se passent lorsque l'individu se sent menacé. Joyce se leva, et toisa l'officier de police. Son regard était teinté d'une rage qui sourdait, puissante, dans ses iris clairs. Quelque chose de terrible. De terrifiant. Huxley esquissa un pas en arrière, les sourcils froncés : pourquoi cet animal se rebiffait, seulement maintenant alors que cela faisait déjà un moment qu'on lui réservait un tel traitement de faveur? Aucune lueur d'intelligence ne vient le sauver.

- Ecoute-moi bien, raclure de bidet. Pour l'instant, tu jouis de ton pouvoir parce que je veux bien coopérer. Mais avise-toi de toucher un cheveu de ma fille. Et je te jure que tu vas devoir ramasser tes dents avec tes doigts cassés.

Son doigt tendu était aussi menaçant qu'un flingue pointé sur lui. Il ne comprenait vraiment pas. Elle ramassa son sac et s'approcha de la porte. Deux policiers témoins de la scène s'approchèrent. Elle leva la main. Sa voix était devenue sifflante par la rage.

- Ne me touchez pas.

Ils s'écartèrent. C'est à cet instant qu'elle sortit, éperdue de rage et d'impuissance. Combien de temps resta-t-elle, debout, ainsi, la cigarette entre les lèvres, les yeux tournés vers le ciel, aveuglée par ses larmes? Elle ne le savait pas. Elle s'en fichait. Tout ce qui comptait, c'était la douleur sourde qui faisait battre ses veines dans sa lèvre discrètement blessée. Le monde n'était plus, autour d'elle. Il n'était plus qu'un goût amer. Celui de la défaite, de la résignation.

Elle se sentait seule, comme planté au milieu d'un désert inconnu, où rien ne détonnait dans le décor. Pas nécessairement lisse, plutôt rempli de roches aux arrêtes acérées, et pourtant. Rien n'attirait son regard, rien ne lui donnait envie d'aller de l'avant. Elle était là, au milieu de nulle part, dans une chaleur infernale, à regarder un soleil qui ne se levait pas pour elle, régnant sur un royaume sans nom et sans sujet. Certaines personnes utilisaient ce qu'on pouvait appeler un édifice mémoriel. C'est une sorte d'endroit que l'on construit, dans sa conscience, pour ranger les souvenirs, ceux qui blessent et ceux qui font sourire. Puis, on se promène à loisir. Cela peut rapidement devenir un labyrinthe complexe, notamment lorsque l'on touchait les souvenirs inconscients, refoulés, les fantasmes et les obsessions. Certains devenaient des objets à part entière, indépendants, doués d'une vie qui leur était propre. Celui de Joyce était ce désert. Et rien ne peut être construit sur le sable.

Soudain, sa voix grave fit s'effondrer le désert. Une voix étrange, qui, sans être inexpressive ne montrait qu'une affirmation, sans réel jugement, sans engagement. Une constatation. Elle se retourna vers lui, sachant déjà qui était là. Elle connaissait presque machinalement tous les timbres de voix des officiers de police, et ce timbre ne lui était pas familier. Il y avait quelque chose d'un peu rauque, de calme, comme si cet homme n'élevait jamais la voix et pourtant, pouvait faire passer tout un panel d'expression. Mécaniquement, Joyce passa le revers de sa main sur sa lèvre, pour effacer les traces de son affront, de sa honte encore brûlante, devant le jeune homme. Pendant un instant, elle ne réagit pas, se contentant de le dévisager.

Elle le regardait sans animosité. Elle ne l'étudiait pas comme un phénomène de foire. Elle le regardait simplement, et en focalisant ses yeux clairs sur lui, le monde reprit progressivement sa place, sa cohérence. Comment faisait-il pour cristalliser ainsi l'environnement, pour donner ainsi un sens à l'espace? Personne, en dehors de sa fille, n'était pour l'instant parvenu à un tel résultat. Solveig avait réussi à lui donner une contenance, cela dit. Mais jamais aussi instantanément. Elle entrouvrit les lèvres, doucement. Elle paraissait tellement paumée. Tellement fragile.

- Je me plais à croire qu'ils ne sont pas tous ainsi. Si c'était le cas, nous devrions nous faire du souci pour notre justice.

Elle lui offrit un pauvre sourire. Tandis qu'elle parlait, la fatigue et la rage qui s'était stoppée nette quand elle avait entendu l'inconnu faisaient qu'un léger accent français transparaissait. De toute façon, son accent britannique très scolaire la démasquait presque instantanément.

Elle lui tendit une main, un peu tremblante.

- Je suis Joyce D'Anceny, une sorte d'indic pour les flics du coin. A votre habillement, je suppute que vous n'êtes pas un flic, et Dieu merci. Peut-être que vous ne me considérerez pas comme un objet de curiosité.

C'était très énigmatique. Et sans doute audacieux, de commencer la discussion comme cela. Mais cela traduisait aussi le désespoir dans lequel se trouvait la jeune femme, déjà prête à révéler son secret. Après tout, de quoi le jeune homme avait-il été témoin? Peut-être savait-il déjà? Mais la pudeur lui intimait le silence. Alors, elle parlait de manière sybilline. Elle se reprit immédiatement, en secouant la tête.

- Désolée, je n'ai pas à m'exprimer ainsi, c'est très mal venu. C'est juste que... Ce qui se passe là-dedans... Enfin je n'en peux plus. Vous avez entendu parler de moi? Oui, sans doute, puisque vous êtes relativement régulièrement au commissariat...

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Angelus G. Hastings

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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyVen 8 Juil - 13:44

    Sitôt à ses côtés, Angel la contempla l'espace de quelques secondes, juste avant de détourner les yeux lorsqu'elle voulut croiser son regard à son tour. Il ne voulait pas qu'elle croit qu'il l'épiait, ni même l'observait depuis un bon moment. Fouillant dans la poche de sa veste, il en ressortit une cigarette. D'ordinaire, il fumait le moins possible. Un cancer était si vite arrivé. Pourtant, il n'avait jamais réussi à arrêter totalement. La fumée le rendait dépendant. Il avait réussi toutefois à diminuer les doses. Généralement, c'était lorsque le stress prenait possession de son être qu'il se satisfaisait de cette bouffée de chaleur internale. En ce moment, rien de tout cela. Aucun stress. Peut-être de l'autosuggestion venant de Joyce. Il n'en savait rien et s'en fichait. Un passe-temps aussi mauvais pour la santé déliait pourtant les langues. Un peu comme Internet ou une lecture commune, la cigarette nous aidait à faire le premier pas, par exemple en demandant du feu si l'on avait oublié son briquet chez soi. D'ailleurs, en parlant de briquet, un bruit significatif de roulette qu'on écrase venait de se faire entendre. Une flamme rougeoyante avait grandi et faisait grisonner le petit jeu de papier marron et blanc au bout duquel s'élevait déjà quelques vapeurs. Angelus n'avait toujours pas bronché aux côtés de Joyce, se contentant d'aspirer à plein poumon les bouffées d'air pour les recracher ensuite en fixant un point invisible droit devant lui. Sa main droite fourrée dans l'une des poches de sa veste lui donnait un air de mannequin de magasine aux allures folles et ténébreuses. Un garçon énigmatique qui draguait une innocente créature aux longs cheveux blonds, rencontrée au coin d'une ruelle. Et puis, une première démonstration de sa curiosité qu'il soupçonnait déjà. Elle avait levé les yeux vers cet homme qui, sans gêne aucune, s'était permis de l'aborder d'un air qui se voulait le plus apaisant du monde. Il sentait son regard descendre de son visage à ses chaussures, remonté sur ses épaules, lui procurant même un doux frisson sur la nuque, et caresser son visage dont les traits fermés ne laissaient rien entrevoir du trouble qui l'habitait alors. L'homme était ainsi fait. Il avait besoin d'être rassuré. La vue, la contemplation d'autrui, les gestes et la parole faisaient partie intégrante de ce besoin vital. Et même si Angel devait admettre se demander en cet instant quelles étaient les pensées de l'inconnue, rien de ce qu'elle aurait pu dire alors n'aurait pu ôter de sa tête l'idée selon laquelle, il pouvait l'aider. D'une manière ou d'une autre. Il ne savait pas encore comment, ni pour quelle raison, mais il était évident que son aide lui serait bénéfique. Car malgré toute la volonté du monde, Joyce n'avait pu dissimuler son regard blessé, le bleu qui marquait sa joue livide et la grosseur suspecte qu'avaient prises ses lèvres.

    JOYCE - « Je me plais à croire qu'ils ne sont pas tous ainsi. Si c'était le cas, nous devrions nous faire du souci pour notre justice. »

    L'homme n'avait pas répondu. Seul un sourire d'acquiescement silencieux venait d'apparaître sur son visage. Il n'était malheureusement pas aussi optimiste qu'elle en la matière. Mais pourquoi débattre à ce sujet ? Elle n'avait rien demandé et lui non plus. Et puis, la justice de ce pays...il aurait pu en rire pendant longtemps. Il en avait fait les frais tout comme elle, de la justice. Il n'y croyait plus. Plus vraiment. Disons qu'Angel avait une idée bien singulière sur la question. Selon lui, et parce que loi et justice ne font pas toujours bon ménage, il revenait à la charge de certaines personnes de rendre justice par eux-mêmes. Certains qualifient cela de 'justice arbitraire' ou de 'vengeance personnelle', ce n'était pas là son opinion. Quand un homme vous tyrannise et que personne ne bouge par peur d'affronter une vérité plus virulente encore, par peur des représailles ou simplement par lâcheté, alors l'homme obtient tous les pouvoirs, alors même que la majorité réprouve ses actes. C'est ainsi que la justice américaine a été faite. La loi du plus fort. La loi des humains sur les mutants. Et Angelus espérait profondément que cette vérité acquise puisse changer un jour, quelqu'en soit le prix.

    ANGEL - « Angelus Hastings. » Il lui tendit sa main au même moment en gardant sa cigarette à la commissure de ses lèvres. Une main ferme, plutôt tiède d'ailleurs malgré l'hiver qui sévissait actuellement dans tout le pays. La sienne était douce mais fatiguée. Tout comme sa propriétaire. En outre, il n'aurait jamais pensé qu'elle soit aussi directe, ni aussi sincère d'ailleurs. Encore moins avec lui qui n'était qu'un inconnu à ses yeux. Faisait-elle toujours confiance aux gens à la première seconde sans rechercher si elle avait affaire à un humain ou à un mutant. Il se promettait de lui poser la question une fois prochaine après en avoir appris davantage sur ce curieux petit être. « Je suis détective privé. J'aide la police. » lui répondit alors Angel en observant sa réaction avec un sourire en coin. L'espace de quelques secondes, il crut que cette nouvelle l'avait chamboulé. Sans doute craignait-elle qu'il dénonce son assurance verbale à des collègues qui n'en étaient pas vraiment. Elle n'avait aucun souci à se faire pourtant. Lui non plus ne les appréciait pas, à une seule exception près. « Et je vous avoue être très curieux à votre sujet. Mais j'aurais davantage utiliser le terme d' « être humain » plutôt qu'objet. Mais ça, c'est vous qui voyez. » ajouta t-il en lui souriant pour la première fois. Un flot de paroles à l'arrachée. Comme si elle le craignait maintenant. Mais pourquoi ? Parce qu'elle avait osé s'affirmer devant lui en parlant des manières honteuses de ces flics ? Allons bon, elle ne serait pas la première et encore moins la dernière. Tout le monde savait ce que valait un flic de nos jours. Une espèce qui se croyait tout permis parce qu'elle portait un badge et un flingue. « Qu'est-ce qui vous fait croire que je viens régulièrement au commissariat ? Vous me suivez ? » Biensûr qu'il savait qu'elle ne le suivait pas. Il aurait été le premier averti auquel cas. C'était juste pour la décrisper un peu en faisant preuve d'humour. Mais quant à savoir si ça allait faire son effet.. Humour british = humour impossible à comprendre.

    JOHN - « Tiens tiens tiens. Je vous dérange ? Tu t'es trouvé une jolie poupée dis-moi. Elle s'appelle comment ? Elle est célibataire ? Depuis quand tu aimes les blondes toi ? Remarque, j'ai toujours su que tu avais de bons goûts. Vous vous êtes rencontrés quand ? Et tu l'as déjà invité ? ... »

    Angel réussit à contenir un soupir d'exaspération. Pourquoi fallait-il toujours qu'il débarque au mauvais moment celui-là ? Décidément, la chance ne jouait pas en sa faveur ces derniers temps. Inutile de lui répondre. D'autant plus qu'il risquait de révéler son don de médium à Joyce, ou au contraire, qu'elle le prenne pour un fou allié. Aussi fit-il comme s'il n'avait rien entendu, reportant toute son attention sur la jeune femme. Pendant ce temps, et c'était l'évidence même, le fantôme en profitait pour tourner autour de sa nouvelle proie, humant son parfum, faisant mine de caresser ses boucles d'or ou de fouiller dans son sac, sous l'oeil mauvais d'un Angel qui essayait vainement de le repousser dans le silence le plus complet.

    ANGEL - « Ça vous dérange si nous...marchons un peu ? Je n'aime pas rester immobile trop longtemps. Encore moins à cet endroit. »

    L'endroit en question étant évidemment le repaire des policiers. Et l'occasion de faire fuir John qui comprit enfin le message en disparaissant définitivement du paysage. Ils étaient enfin seuls. Aspirant une autre bouffée de cigarette, le regard rivé sur l'horizon, Angel se permit une autre réfléxion, plus intime cette fois. Ça ne le regardait pas. C'était peut-être ce qu'elle allait lui répondre avec une répartie hors du commun. Pourtant, les mots avaient jailli sans qu'il ne puisse les retenir. Appelons-ça de la franchise pure et dure de la part d'un homme qui avait depuis longtemps pris l'habitude de ne jamais se laisser faire par un tour du destin.

    ANGEL - « Si je puis me permettre, vous ne devriez pas le laisser vous malmener ainsi. » Un murmure quasi-inaudible. Il n'eut même pas besoin de la regarder pour sentir son regard sur son visage.

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Dernière édition par Angelus G. Hastings le Dim 17 Juil - 12:45, édité 1 fois
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Joyce H. D'Anceny

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MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyVen 15 Juil - 17:16

C'était tellement étrange. La présence de cet inconnu la rassurait. Il y avait quelque chose, dans sa posture calme, dans sa voix grave et son regard sombre. Quelque chose de presque familier. Une lueur de tristesse, un détachement. Elle ne savait pas trop comment le formuler. Elle ne savait pas non plus comment l'interpréter. Il était là et toute sa présence avait envahi son monde. Il était là, monolithique, colonne sombre qui s'était contentée de se matérialiser dans son champ de vision, sans aucune intention mauvaise. Elle n'était pas habituée. De se faire aborder d'une part, de surcroît dans l'un des endroits qu'elle haïssait le plus : le poste de police. Là où sa dignité se réduisait comme peau de chagrin, là où tous les murmures se levaient, en même temps que les ricanements. Tout le monde savait ce qu'elle était, mais personne ne connaissait son nom. Elle n'était qu'un numéro de plus, que l'on traitait avec la même minutie que tous les autres numéros de sécurité sociale qui traînaient un jour ou l'autre au commissariat. Et surtout de se laisser faire.

De nature, Joyce était quelqu'un de plutôt farouche. Ce n'était pas le cas dans l'exercice de son métier, mais c'est sans doute parce qu'elle opérait une dichotomie bien nette entre sa vie professionnelle et sa vie privée. Elle ne se laissait pas facilement approcher, ni connaître. Elle ne se confiait jamais sur ses états d'esprit, se contentant d'écouter poliment lorsqu'on lui adressait la parole. Généralement, ses interlocuteurs ne s'attardaient pas, et comprenaient rapidement que la discussion n'était pas la tasse de thé de la jeune française. Obstacle de la langue, snobisme, déconnexion de la réalité... Les supputations étaient légions, d'autant plus que son visage calme, aux traits fins, et son regard clair, invitaient à engager la conversation : elle est belle, cette jeune femme. Elle a l'air si triste, fragile, tellement seule, comme dressée contre des forces occultes, dans une bataille dont elle seule avait connaissance.

Mais, comme lasse de ce combat permanent, elle eut immédiatement envie de faire confiance à l'homme. Cette poignée de main, cette tiédeur rassurante... Ces gestes la tiraient de ce monde si froid, si décoloré, qui était le sien. Tout dans sa personne lui donnait envie de briser l'armure fragile qu'elle s'était confectionnée après des années de détresse personnelle. Il y avait évidemment des hauts et des bas. Elle faisait tout pour y croire, pour garder la tête haute, quand la grisaille de son impasse la saisissait à la gorge, brutalement. Mais il y avait des moments, dans la solitude, où elle craquait, où elle se laissait aller à son désespoir profond, convaincue que c'était impossible. Que cette prostitution indigne non seulement l'humiliait profondément, mais n'apportait aucun avancement dans la guérison de sa petite. Comment pouvait-on faire cela, de plein gré? Comment ces militaires, ces scientifiques, pouvaient la considérer comme une simple monnaie d'échange contre le don, certes fort utile, de sa mère? Ces gens, en monnayant les soins, étaient prêts à sacrifier une enfant... Un être dont l'innocence devrait être une leçon d'humilité pour tous ces gens, autant les militaires que la jeune femme. Ce comportement honteux alimentait la rage qui bouillonnait dans le coeur de la jeune femme.

Alors voilà, sa façon de manifester le trouble que cette nouvelle ouverture lui causait était simplement d'être directe, voire cynique. Après tout, c'était quand même assez excusable. Elle venait d'être salement malmenée par des flics en rut. Le cynisme était devenu une de ses armes principales pour ne pas craquer. Mais c'était sans doute fort étonnant : son interlocuteur ne devait sans doute pas s'attendre à ce genre de discussion. On s'attendait sans doute à une timidité maladive, à quelques paroles murmurées du bout des lèvres, maladroites, mais certainement pas à cet éclat de froideur ni à cette désillusion. C'était une mise en situation un peu étrange, mais quelque chose soufflait à l'oreille de la jeune française que cet homme, cet Angélus au nom si poétique - elle dut faire un effort pour ne pas déployer tout ce qu'elle avait appris sur l'onomastique -, ne l'avait certainement pas abordée comme les autres hommes l'abordaient, avec cette curiosité presque obscène de comprendre pourquoi elle était comme ça. La réponse souvent toute faite de la gente masculine était un manque d'une présence masculine. Tu veux un verre poupée? Non, Angélus n'était pas là pour ça. Aucune lueur lubrique. La curiosité, s'il avait de la curiosité quant à la tristesse qui couvait dans son regard clair, n'était pas malsaine. Pour la première fois, elle envisageait la main tiède qu'il lui avait tendu comme une réelle offre d'assistance. Elle leva un regard reconnaissant et sincère vers le jeune homme, même s'il était possible que ce n'était pas réellement son intention.

- Détective privé? J'imagine que vous n'êtes pas tellement en odeur de sainteté ici. Pour ma part, je suis enseignante à l'université. De littérature comparée.

Elle avait machinalement décliné ses qualités professionnelles, comme un militaire décline ses grades. Angélus devait s'en foutre comme de ses premières chemises. Cela devait être étonnant de voir une enseignante aussi haut gradée dans la hiérarchie universitaire dans un poste de police.

- Et je vous avoue être très curieux à votre sujet. Mais j'aurais davantage utiliser le terme d' « être humain » plutôt qu'objet. Mais ça, c'est vous qui voyez.

Il lui sourit. Et elle se sentit perdre ses moyens. D'où le flot de paroles. Elle tâcha de dissimuler son trouble en se mordillant légèrement la lèvre inférieure, comme pour réfléchir à ce qu'il avait dit. Elle lui sourit aussi en retour, d'un léger sourire qui révélait cette fois sa timidité sincère, éclairant un instant fugace son visage pâle.

- Vous allez sans doute trouver cela étonnant, ou malsain, mais je trouve cela... Gentil. Que vous me considériez comme un être humain. Vous ne frayez définitivement pas avec les uniformes bleus. Sinon, vous seriez comme les autres. A me tourner autour comme des vautours, guettant l'instant où les premiers signes se feront sentir.

Qu'arrivait-il à la jeune femme? C'était à mi-mots l'aveu même de sa condition de mutante. Elle ne se reconnaissait pas dans ses propres paroles, première stupéfaite d'avouer si rapidement, d'autant plus à une figure inconnue. Et pourtant, comme mues par une force étrangère, ses lèvres continuaient de laisser échapper ses paroles.

- Mais si vous me considérez comme une humaine, vous faites fausse route...

Elle avait murmuré ses paroles de manière presque imperceptible, en baissant les yeux. Parmi le contingent de mutants, elle devait être la seule à se sentir mal vis à vis de son don, même après que les années se soient écoulées. C'était à la fois une honte et un fardeau. Et longue serait la route de l'acceptation.

- Qu'est-ce qui vous fait croire que je viens régulièrement au commissariat ? Vous me suivez ?

L'espace d'une seconde, elle scruta son visage, interrogative. Le ton d'Angélus était neutre, elle devait être prête à réagir en cas de traquenard. Mais cela n'avait aucun sens. L'état d'alerte retomba rapidement et elle se détendit. Légèrement confuse néanmoins, elle s'excusa, une légère touche de rouge égayant ses joues blanches.

- Non, pas du tout... J'ai l'occasion d'être souvent au commissariat. Presque tous les jours... Et donc... Enfin j'ai déjà vu votre silhouette, et...

Désormais tout à fait pourpre, la jeune femme décida d'arrêter de déblatérer des bêtises, pour éviter de s'emmêler définitivement, et passer pour une sotte aux yeux d'Angélus. Elle se tut, donc, au prix d'un effort violent. On aurait presque dit une adolescente timide, devant son père ou son professeur.

Alors qu'elle plongeait son regard clair dans celui de son interlocuteur, elle eut quelques flashes, tandis qu'elle le percevait se tendre, dans le même instant. Ses flashes n'étaient pas de la même nature que ceux qu'elle connaissait déjà.

Une porte qui s'ouvre. La silhouette d'Angélus, sans doute, un homme en costume la femme secoue la tête il la rattrape ne veut pas négociations chose floue presque fluorescente qui regarde fixé sur le dos du médium...

Etrange, pas de nausées - quoique cela fut comme un soulagement pour la jeune femme, qui n'avait aucune envie de couper court à la conversation pour courir dans le commissariat -. Elle secoua la tête, chassa ses visions : que faisait Angélus là-dedans? Elle n'aurait sans doute jamais la réponse. Elle devait halluciner.

Tandis qu'elle hallucinait, elle n'avait pas conscience du regard d'Angélus qui tentait de calmer son acolyte. Evidemment. D'ailleurs elle l'aurait mal interprété. Mais elle fut elle aussi soulagée lorsqu'il proposa de marcher un moment. Elle hocha la tête avec un sourire.

- Cela nous fait déjà un point commun !

Elle lui emboîta le pas, légèrement pensive. Marcher, c'était bien, mais errer sans but... Elle consulta sa montre. La soirée allait bientôt commencer et son estomac allait bientôt lui rappeler, fourbe. Elle se tourna vers Angélus. Une rue les séparait déjà du commissariat et la jeune femme était visiblement détendue.

- Je ne sais pas si vous avez l'habitude de manger tôt, mais je vous propose déjà d'aller prendre un verre dans une brasserie. Cela nous donnera un but.

Elle osa un léger éclat de rire, très pur, très calme, qui montrait bien son état d'esprit. Elle avait rangé toutes les armes et plus rien ne semblait l'effrayer.

Le murmure inaudible parvint par bribes légères aux oreilles de la jeune femme. Elle entrouvrit ses lèvres, légèrement surprise, et se tourna vers lui. Pendant un instant, elle ne dit rien, se contentant de promener doucement son regard sur son visage si pur, sans réaction. Puis, elle murmura, également.

- Je n'ai pas le choix... Sans quoi je n'y arrive pas...

Elle avait l'impression, la conviction même, qu'il la comprendrait. Une connexion tacite s'était faite et verrouillée entre les deux êtres, d'apparence si différente. Elle en avait en tout cas le fort sentiment. Il savait. Quelque chose lui criait qu'il savait. Et que derrière ces prunelles noires se cachait des choses bien plus profondes qu'aucun être humain ne pouvait connaître. Ils étaient arrivés près de la brasserie que la jeune femme connaissait. A cet endroit, on pouvait essayer la gastronomie française, et, bien qu'elle se pense un peu stupide de rester attachée ainsi à ses habitudes, elle aimait se régaler avec une belle entrecôte béarnaise. Et puis peut-être qu'Angélus ne connaissait pas vraiment. Elle avait pu saisir un léger accent britannique, tellement plus distingué que l'américain.

- J'espère que ça vous tente encore. A moins que vous n'ayez un autre endroit à me montrer, je ne connais pas réellement la ville, à part le chemin "université - commissariat".

Elle lui offrit un nouveau vrai sourire et, machinalement, elle posa sa main sur sa manche, l'espace d'une seconde, pour lui montrer les menus et les différentes boissons proposées par l'établissement.

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Angelus G. Hastings

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MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyDim 17 Juil - 6:10

    Ce réconfort qu’elle ressentait, l’impression qu’il la comprenait mieux que n’importe qui d’autres venait de son passé. Le souvenir de circonstances qui l’avait fait ainsi. Angelus voyait les fantômes, leur parler, les aider. Pour certains il était appelé Angel, par ceux qui le considéraient comme un véritable être ailé descendu du ciel pour aider les âmes égarées à retrouver leur chemin jusqu’au-delà. Pour d’autres, les plus effrayés par la nature d’un pouvoir qu’ils ne pouvait voir ni contrôler, il s’appelait Constantine. Un démon venu répandre la discorde entre le monde des vivants et celui des morts. Les médiums, et Joyce comprenait très bien ce qu’il voulait dire par là, n’avaient jamais été bien perçus par le monde. Qu’importe leur fardeau, ils étaient les rebus de la société, un monde bien à part. Différents des autres mutants en raison d’une faculté qui leur faisait parfois perdre la raison et qui les obligeait à vivre exclu du monde social, Angelus faisait partie de ceux-là et n’avait que trop goûté aux plaisirs de la solitude. Il avait mis du temps avant d’en faire une habitude acceptable. Son regard noir d’encre était une fenêtre qui lisait sans peine en vous, comme un abyme éternel qui avait trop vécu pour se refermer aujourd’hui. Aussi, lorsqu’il posait les yeux sur Joyce, il voyait une petite fille en plein désarroi et non une femme à part entière. Si, biensûr, elle était femme. Mais trop fragile encore pour se défendre seule dans une société qui l’avait conduite à l’humiliation, à la soumission. Comme avec ce policier tout à l’heure, Joyce avait besoin d’être rassurée pour retrouver une confiance en elle. La raison en était sûrement d’une enfance qui n’avait que trop laissé ses marques dans sa jolie tête, fruit d’un avenir par trop lugubre. Elle avait raison sur ce point. Angelus, quoique intéressé par la jeune femme, n’avait pas dans les yeux cette perversité malsaine que l’on retrouvait chez bien des hommes, quelque soit leurs métiers. Pourtant, il la trouvait belle. Attirante même. Mais Angelus depuis longtemps avait appris à s’éloigner des sentiments qu’il pouvait ressentir face à telle ou telle situation. Il n’était pas robotisé, biensûr que non, pas encore, mais il n’avait jamais aimé. Encore une trace d’un passé qu’il cherchait à oublier. La mort de ses parents, la séparation avec sa jeune sœur lui avait fait comprendre que pour survivre avec un don comme le sien, aussi extrême, il lui fallait oublier certaines notions humaines. L’amour en faisait hélas partie. Quelle personne, homme ou femme, pouvait aimer un homme qui parlait aux esprits ? Qui ne pouvait jamais se reposer un seul instant sous peine de perdre la tête en raison de l’agressivité dont faisaient parfois preuve ces âmes perdues ? Personne. Angelus n’avait ni le temps, ni l’envie de partager sa douleur avec quelqu’un. Tout le monde avait son fardeau, nul n’avait besoin de le partager. Pourtant, avec Joyce, il sentait que tout était différent. Que pour une fois, il était compris, accepté et non observé par-dessus son épaule comme un animal curieux échappé d’un cirque. Lorsqu’elle posait son regard sur son visage, Angelus se sentait partir à la dérive, comme un phare auquel il pouvait enfin s’accrocher après des années en mer. Ce sentiment était-il partagé ? Il en avait l’impression. Par orgueil, il n’osait pas aborder ce sujet, se contentant de lui offrir parfois un vague sourire qui disparaissait aussitôt que son regard insistait trop à son goût sur les traits détendus de son visage. Il recueillait les informations qu’elle lui fournissait sans intention aucune sinon que de la connaître davantage. Enseignante avait-elle dit ? Lui n’avait aucune patience avec les enfants, même les plus âgés. Par contre, il avait une facilité naturelle avec le mystère qu’entouraient les crimes qu’il résolvait. Une finesse d’esprit lui permettant de deviner sans savoir, de comprendre sans voir. Même si pour cela, les fantômes, John notamment, étaient d’un grand renfort en diverses occasions. Angelus semblait indifférent à fixer ainsi un point devant lui, sans jamais tourner la tête vers Joyce de peur qu’elle ne lise sur son visage une découverte qu’il préférait dissimuler au plus profond de son être. Avec sa longue veste sombre, sa taille relativement imposante et son calme olympien, on aurait pu le comparer à ces félins dans une cage qui n’attendent que le moment propice pour bondir sur leur proie. Une apparente tranquillité qui cachait un esprit tenace et caractériel. Sous le coup de la surprise, son front s’était légèrement plissé.

    « Mais si vous me considérez comme une humaine, vous faites fausse route... »

    Sincérité imprudente. Lui n’aurait jamais avoué qu’il était mutant, pas même à Joyce qui semblait lui tenir une confiance aveugle. Pourtant, ils savaient tous les deux qu’il n’était pas humain lui non plus. Angelus se contenta de la fixer le temps d’une seconde avant de retrouver sa neutralité habituelle. Ses pas s’étaient fait plus lents pour écouter d’une oreille attentive la jeune femme qui avait ralenti l’allure. Et puis, des rougeurs significatives étaient apparues sur ses joues blanches. Une facette de sa personnalité qu’il ignorait jusqu’alors et qui l’égaya une fois encore. Etait-il si impressionnant pour qu’elle soit troubler de la sorte ? Encore une question qui resterait sans réponse mais à laquelle il avait sa petite idée. Adorable, c’était le mot qu’il aurait employé si son ego ne lui avait pas rappelé à l’ordre.

    « Je comprends. » murmura t-il simplement en s’arrêtant au même moment sur le sentier de terre, à quelques centimètres de Joyce qui fixait un point plus éloigné au Nord.

    « Je ne sais pas si vous avez l'habitude de manger tôt, mais je vous propose déjà d'aller prendre un verre dans une brasserie. Cela nous donnera un but. »

    Hochant légèrement la tête en signe d’acquiescement, Angelus espérait seulement qu’il ne s’agissait pas de l’un de ces bars où se mêlaient les rires gras et moqueurs d’individus peu fréquentables. Pour toute explication à son cynisme avant-coureur, il crut bon de faire bonne figure et de lui emboîter le pas.

    « Je vous suis. Je ne suis pas un adepte des endroits trop…fréquentés en général.»

    Et puis, une réponse à sa précédente question. Elle n’avait pas le choix. Oui, il comprenait. Lui-même avait eu du mal à l’époque à en découdre avec la police qui, en le soupçonnant de prendre une part plus active qu’il ne le laissait croire aux affaires qu’il résolvait, avait décidé d’un commun accord de lui mettre des bâtons dans les roues. Malheureusement pour elle, Angelus avait appris depuis longtemps à protéger ses intérêts. Par contre, pour ce qui était de Joyce, il ne savait rien de sa vie, de ses principes, des risques qu’elle prenait. Peut-être avait-elle une famille, des obligations qui la pesaient tant et si bien qu’elle n’avait sincèrement pas le choix et devait se soumettre à ces techniques d’interrogatoires musclées. Angelus était conscient du problème, néanmoins il ne pouvait s’empêcher de grincer des dents en pensant à l’enfer qu’elle affrontait chaque jour que dieu fait. Pour l’Anglais qu’il était, des manières policées et chevaleresques coulant à flot dans son sang, frapper une personne plus faible que soi relevait de la lâcheté la plus méprisable. Si la prudence ne lui avait pas recommandé de garder ses distances dans cette affaire, le policier en question n’aurait sans doute plus un souffle de vie à l’heure actuelle. Car oui, Angelus pouvait être d’une cruauté implacable par bien des circonstances. Mais passons. Revenons à nos moutons voulez-vous. Les yeux lisant consciencieusement la liste qui lui faisait face, Angelus dût malgré lui se rendre à l’évidence. Il ne connaissait aucun de ces plats. Lui qui avait l’habitude de manger à tout ce qui lui paraissait comestible se comparait aujourd’hui au geek en puissance, incapable de distinguer une côte de porc d’une côte de bœuf sous prétexte qu’il ne mangeait que ce qui ressortait de son congélateur. L’occasion de réparer cette erreur et de passer pour un sinistre crétin aux yeux de Joyce.

    « Hum, et bien croyez-le ou non, ma vie sociale est encore plus désertique que la vôtre. Je ne viens jamais dans ce genre d’endroits. Et je suis actuellement incapable de faire mon choix, ne connaissant aucun de ces repas. Peut-être…que vous pourriez m’aider ? Je vous fais confiance. » ajouta t-il amusé.



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Joyce H. D'Anceny

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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyLun 18 Juil - 0:02

Elle était sensible à ses regards. Ses regards qui ponctuaient son discours. Elle devait bien admettre le tour de force de son interlocuteur, qui força son admiration : sans être aussi inexpressif qu'une borne incendie, il parvenait à ne rien dévoiler de son trouble, ou de ses émotions. C'était un réel tour de force pour elle, en effet : même si elle faisait des efforts, rien ne pouvait venir à bout de ses rougissements, ou des expressions de son visage. Lorsqu'elle enseignait en France à des petits effectifs, on lui avait souvent fait la remarque : elle était très expressive. Depuis, elle avait essayé de travailler ses émotions, d'autant plus qu'avec ses excursions au commissariat, l'impassibilité était de rigueur. Pourtant, en temps normal, elle y parvenait. Mais près de cet homme, tout était différent. Son armure se craquelait sous le regard sombre. Elle qui s'était résignée au secret et au laconisme, se trouvait à passer aux aveux inconditionnellement. Qu'est-ce qui la poussait ainsi? Pouvait-elle se l'expliquer? A moins qu'elle ne parvenait pas à se résoudre à regarder en face les raisons. Il n'avait pas le regard clair de son ancien compagnon. Et pourtant, il n'y avait qu'avec Aaron qu'elle s'était ainsi confiée dès la première rencontre. De plus, cela avait été vraiment différent, puisqu'à l'époque, elle n'avait pas réellement conscience de son don. Mais lui aussi avait été comme une sorte d'élu. Il était apparu brutalement dans son monde bien rangé d'étudiante, elle avait jeté son dévolu sur lui et avec cela, une confiance aveugle.

Bon, elle avait eu tort.

Mais cela ne voulait pas dire qu'elle se trompait pour Angélus. Instinctivement, elle avait envie de lui confier son coeur, trop longtemps meurtri d'avoir combattu seul. D'avoir supporté les douleurs de la solitude, des cris qui s'élèvent dans la nuit et que personne n'entend, des pleurs qui secouent des épaules, dans le silence d'une indifférence partagée. C'est ainsi que les hommes naissent, vivent et meurent. Dans l'anonymat. On n'existe que dans le regard des autres. Et la jeune française avait envie de vivre, ne serait-ce que quelques heures, quelques minutes, ou quelques secondes, dans les flammes du regard d'Angélus. Elle avait la conviction profonde qu'il avait le pouvoir de bouleverser son existence. Il était déjà parvenu à briser son armure. Elle devait comprendre, elle devait identifier le rôle qu'il allait tenir dans son existence. Il n'était pas l'inconnu que l'on croisait dans la rue, dont le visage s'imprimait brièvement dans les rétines, puis disparaissaient à mesure que nos pas nous conduisent ailleurs. Il était l'Homme, celui qui dont la simple venue avait suffit à couper la respiration de la jeune femme. Il était non seulement une présence, quelqu'un de rassurant, comme un guide derrière lequel on voulait se rallier. Mais il avait aussi une attitude, un comportement. Paradoxal.

Elle sentait son regard se poser régulièrement sur elle, puis se fixer sur un autre point. Elle sentait des sourires se former sur ses lèvres fines, puis disparaître, aussi furtivement que l'écume qui naît et se brise sur les côtes de sa Normandie natale. Il y avait quelque chose d'intense, à chaque fois qu'elle sentait son attention se focaliser plus particulièrement sur elle, mais aussi quelque chose de pudique, lorsqu'il se détournait. De pudique, de timide. Quelque chose d'extrêmement touchant. Pourquoi une telle empathie? Peut-être parce que finalement, sa vision était avérée. Que cet homme pouvait parler aux esprits par je ne sais quel tour de force. Et qu'elle lui avait avoué à mi-mots ce qu'elle était : une mutante. Peut-être par idée de communauté. Se serrer les coudes quand ça ne va pas. Parce que lui comprenait. Ou peut-être - et la jeune femme nourrissait cet espoir en son sein - peut-être parce que l'impression était réciproque. Peut-être que la modeste enseignante était parvenue à toucher un peu le médium.

Et pourtant, elle le sentait comme inaccessible. Comme une tour d'ivoire qui se dressait fièrement, bienveillante, mais que l'on ne pouvait qu'approcher sans gravir. Qu'avait-il vécu pour être cet homme de fer? Elle ne voulait se risquer à lui poser des questions. A se faire indiscrète. Elle avait l'impression que l'homme lui avait fait une faveur en lui accordant une conversation. Elle n'allait pas décemment lui infliger l'interrogatoire, même si elle devait s'avouer fort curieuse. Elle avait envie de le connaître, elle avait envie de savoir quelques petites choses sur lui, qu'elle garderait précieusement. Jamais elle ne s'était sentie ainsi face à un homme.

Elle marchait à ses côtés. Elle le regardait, se mordillant la lèvre, intérieurement. Elle aurait envie de faire plus, de rompre la distance physique, mais elle se l'interdisait : après tout, peut-être qu'elle se trompait et qu'elle ennuyait fortement Angélus. Et elle n'en avait aucune envie. La timidité légendaire de la jeune femme prenait le dessus, et elle n'allait pas récupérer ses moyens de si tôt. Elle continuait de balbutier. Ce qui n'avait rien de classique, d'autant plus avec son métier : imaginez un prof de littérature comparée qui bégayait, et la crédibilité s'envolait.

Son coeur ratta un battement, ce qui n'était guère agréable. Il acceptait, d'un simple geste de sa tête calme, son invitation. Stupidement, elle se sentit comme une adolescente juste à la veille de son bal de promotion, qui venait de trouver un cavalier. Et pas des moindres. Un homme aussi beau qu'Angélus... Elle devait avouer que son charme ne la laissait vraiment pas indifférente, ce qui était finalement chose rare chez les hommes.

- Je vous suis. Je ne suis pas un adepte des endroits trop…fréquentés en général.

Elle se tourna vers lui, en souriant. Elle imaginait très peu l'homme qui se trouvait face à elle fréquentant les endroits peuplés et bruyants. Elle l'imaginait casanier, silencieux, comme un moine combattant, avec une vie réglée parfaitement, dotée d'un superbe équilibre et d'un calme à toute épreuve.

- Ne vous inquiétez pas. Non seulement il est tôt, mais l'espace est géré de manière à laisser de l'intimité à tous les clients. Ca ne fait pas ambiance "cantine de routiers", si vous me permettez l'expression.


En réalité, l'endroit était vraiment modeste. Agréable, avec une clientèle d'habitués. Il n'y avait aucun code vestimentaire à adopter, et comme il s'agissait presque de restauration rapide, les gens ne s'attardaient pas pour raconter leur vie. Il s'agissait plutôt de gens de la classe moyenne, qui travaillaient en costume cravate dans les bureaux de la ville. Ils passeraient tout à fait inaperçus. Ce jour, ils avaient de la chance : ils s'y étaient pris tout à fait en avance, et il n'y avait qu'un homme, qui lisait la presse, avec un café fumant posé en face de lui, au bar. Un couple de jeunes gens mangeaient en terrasse, profitant de la chaleur estivale, insouciants.

- Ils font des omelettes extra.

Audacieusement, elle lui adressa un clin d'oeil, qu'elle regretta presque immédiatement. Elle avait deviné, du tac au tac, par instinct, qu'il devait être du genre à manger sur le pouce ce genre de plat, qu'on pouvait déguster au comptoir de petites échoppes, préparés sous les yeux du client. Elle rougit de nouveau et baissa les yeux. Elle reprit, en bafouillant légèrement :

- Avec tout un tas d'ingrédients en plus, et des sauces qui accompagnent bien. Du sur mesure. Sinon, je vous conseille l'entrecôte.


Ils entrèrent. Elle désigna une table isolée, tranquille, dans un des coins du restaurant. L'ambiance était celui des bistrots parisiens, avec une décoration digne des années 40, un peu austère, des vieux bouquins entassés sur les étagères, avec une luminosité superbe. Elle avait l'impression de se retrouver chez elle à chaque fois. Un serveur en tenue de manchot se matérialisa près d'eux. Elle prit un whisky en guise d'apéritif et prit une entrecôte justement, puis laissa son compagnon choisir. Il repartit avec la commande, une main dans le dos. La jeune femme le suivit un instant de son regard espiègle, sans pouvoir s'empêcher de sourire.

Elle se tourna vers son interlocuteur, sans se départir de son sourire charmant. Elle prenait une voix basse, et une position qui la faisait ressembler à une jeune étudiante plus qu'à une prof chevronnée, une jeune femme à la jeunesse d'une fraîcheur revigorante.

- Détective? C'est drôle, on pourrait presque avoir la même fonction... Sauf que l'on me garde toujours hors de l'action. Je n'ai jamais tenu une arme de ma vie. Aucune arrestation. Pourtant, depuis que je suis là... J'ai dû faire arrêter... Une dizaine de criminels.

Elle sortit son paquet de cigarettes : réflexe. Elle commença à en caresser doucement le carton, rêveuse.

- Voilà à quoi me sert mon don. A faire la lumière sur les gens mauvais, à venger les crimes. Mais comment peut-on être sur ? Peut-être que mes visions me mentent. Après tout qui pourrait m'assurer que j'ai bien raison? Jusqu'ici, je ne me suis que très peu trompée.

Elle marqua une pause, pensive.

- La vie de personnes est entre mes mains. C'est une responsabilité à laquelle je n'étais pas préparée. Et c'est assez handicapant.

Elle eut un mouvement de la main, un peu vague.

- Et si je me trompe trop, ou si je décide de ne pas parler, on me tabasse. N'est-ce pas formidable et délicat?

Elle avait repris son ton désabusé. Les boissons arrivèrent, elle trempa ses lèvres dans le whisky ambré.

- Je suis désolée, Angélus. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte cela. Je dois vous paraître bien faible, bien stupide...

Elle lui adressa une moue de regret qui avait quelque chose de tout à fait charmant, puis baissa légèrement les yeux, en se mordillant la lèvre.

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Angelus G. Hastings

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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyLun 18 Juil - 6:45

    C’était que…il avait appris depuis longtemps à dissimuler la moindre de ses émotions. Trop faible encore dans sa prime jeunesse, Angelus s’était aperçu des rancoeurs qu’on pouvait nourrir à l’égard des personnes qui, comme lui, possédaient une capacité qui les excluait de la société ‘normale’. Lorsqu’il avait compris que son don pouvait être une véritable malédiction en public, Angelus avait tu ses sentiments et fit front, avec la noblesse courageuse d’un soldat qui part au front. Imaginez un peu dans la rue, lorsqu’un fantôme un peu trop entêté vient lui rendre une petite visite de politesse. Il ne pouvait répondre sans quoi, il passerait pour un fou aux yeux des passants alentours. Hélas, les fantômes se fichaient pas mal de ce détail, ils ne pensaient qu’à leur futur promis. Sans compter le soir, lorsque le médium ne trouvait pas le sommeil en raison d’une vieille dame ou d’un ancien catcheur qui avaient dans l’idée de le faire souffrir jusqu’à ce qu’il cède à leurs exigences. Dans son souvenir, son regard était d’une couleur plus claire qu’aujourd’hui. A la longue, Angelus se demandait parfois si ce voile noir n’avait pas été peint par l’usure des âmes sur son inconscient. Pourtant, lorsqu’il posait les yeux sur Joyce, les choses étaient différentes. IL était différent. Comme si le monde n’avait plus aucune emprise sur ses sens. Tout ce qu’il désirait était alors juste devant ses yeux, il ne lui suffisait qu’à l’attraper. Avec cette quasi-inconnue, Angelus retrouvait son bonheur d’enfant dans la douceur placide de son regard troublé. L’envie de la protéger et de la serrer contre son cœur pour lui offrir une vie meilleure lui passait alors par la tête. Une pensée qu’il rejetait en bloc. Il ne la connaissait même et le voilà touchée par cette apparition nouvelle. Son cœur brisé avait-il à ce point besoin d’être rafistolé ou Joyce était-elle pour lui un besoin plus grand encore sur lequel il n’osait mettre un nom ? Et puis, il y avait ses expressions. Emues, vivaces, absolument à l’opposé des siennes. La beauté fragile d’une fleur dont les pétales voient le jour. Angelus se plaisait même à humer son parfum. Mélange subtil d’un arôme qui lui était inconnue mais bouleversait ses sens et ne l’attirait que trop. Inaccessible par bien des aspects, la jeune femme avait pourtant un impact sur celui qu’elle semblait estimer. Quant à savoir lequel, le temps lui apporterait sûrement les réponses.

    La brasserie leur faisait face. Pas très grande, juste assez pour que l’intimité s’installe, elle était vide de monde, pour le plus grand plaisir du médium. Fixant sans gêne aucune le couple présent en se figurant immédiatement qu’il s’agissait d’humains tout à fait inoffensifs, Angelus suspecta bien plus le vieil homme d’être leur semblable. Un mutant qui prenait son café matinal. Image charmante qui fut confirmée par le sourire que celui-ci lui offrit en tournant la tête. Ses hypothèses avérées, Angelus ne put retenir un nouveau sourire face à la bienveillance de Joyce à son égard. A croire qu’elle cherchait à lui faire plaisir à tous prix.

    « Je n’en doute pas une seule seconde. »

    Sur le ton de l’ironie, Angelus s’était détendu, dévoilant une malice jusque là insoupçonnable dans son regard corbeau. Il n’avait pas très faim. Il faut dire que manger n’était pour lui qu’un moyen de survivre. Sa plus grande occupation relevait définitivement de l’occulte et de ses secrets. Mais bon, il ferait pour cette fois un effort en acceptant de déjeuner convenablement et en toute insouciance. Quoique l’effort en question soit égal à l’envie de partager sa table. Sur ce, et après qu’il ait choisi son plat grâce à l’aide précieuse de l’enseignante, et sitôt que le serveur regagna les cuisines avec une vitesse hors du commun, la neutralité olympienne du médium se peignit à nouveau sur ses traits. Face à Joyce qui l’observait, un reste d’orgueil le prenait parfois à la contempler à son tour. Croisant son regard avec une facilité déconcertante, il ne l’abaissa que lorsqu’elle se rapprocha innocemment de son visage pour entamer la conversation. La brasserie étant pratiquement déserte, l’air amusé qu’étiraient ses lèvres n’avait pu passer inaperçu, même aux yeux de Joyce. Et comme pour la taquiner sur sa posture pour le moins obsolète, sa voix prit à son tour un timbre plus doux, lui conférant même une touche de sensualité qu’il ne lui connaissait pas.

    « Il y a action et action. Pour ma part, je trouve qu’il y a plus de dangers à enseigner que de jouer les apprentis justiciers. Sincèrement, je vous trouve très courageuse. »

    Il paraissait sérieux. Il l’était. Ce n’était pas seulement qu’il n’avait aucune patience vis-à-vis de ces jeunes gens en quête de savoir, plutôt qu’il n’aurait pu laisser leur jugement l’envahir pendant qu’il les ‘éduquait’. Après, Angelus avait toujours considéré que chacun avait sa place bien à lui dans la société. Pour Joyce qui était apparemment douée d’une patience et d’une détermination accrue, c’était les enfants. Oui, les ‘grands’ enfants si vous préférez. Pour lui, la recherche de la vérité qui passait par des sentiers escarpés, souvent risqués et parfois mortels.

    « Je connais peu d’enseignant pouvant se vanter d’avoir été aussi utile à la justice de notre beau pays, si vous me permettez cette remarque. »

    Encore une fois, ce compliment n’était pas destiné à lui faire monter le rouge aux joues, même s’il eut l’effet estompé. Il faisait seulement preuve de franchise, comme à son habitude. Sa moue rêveuse le laissa pantois. L’image de la petite fille pleine d’espoir retint à nouveau son attention tandis que sa main s’était rapprochée de son visage. Son pouce, bien calé sur l’écrou du briquet d’argent, le fit rouler jusqu’à l’apparition d’une flamme tremblante à l’extrémité de sa cigarette. C’est aussi à ce moment précis que son discours fut interrompu par son intervention. Il la regretta aussitôt, gêné lui-même par son impolitesse par trop flagrante.

    « Vous avez un don exceptionnel Joyce. » Ajoutant aussitôt en rangeant son briquet au fond de la poche de sa veste en baissant les yeux sur son assiette désormais pleine – le serveur ayant apporté leur commande entre temps – « Veuillez m’excuser. »

    Il ne crut pas utile de répondre à ses doutes. Peut-être parce qu’il n’avait pas lui-même les réponses. Ou alors parce qu’il pensait que le pouvoir de juger et de trouver un but à son pouvoir ne saurait venir de quiconque sinon d’elle-même. Mais il était au moins dans la certitude sur un point. Si ce don existait, alors les visions de Joyce étaient avérées. Pourquoi l’aurait-elle sinon ? Si l’avenir n’avait d’existence que dans une vision mensongère, alors cette vérité n’était pas, et la vision non plus. C’était la logique même. Ainsi, puisqu’elle voyait, quoique parfois infondées et trop floues pour lui permettre la perfection absolue, ses visions n’en restaient pas moins exactes.

    « Je vous comprends. Je fais moi-même les frais d’un fardeau semblable au vôtre. » Devait-il être plus précis en lui confiant la réalité de son don ? Un reste de pudeur l’en dissuada. Peut-être un jour… « voulez-vous que je m’en occupe ? » annonça t-il alors avec un sérieux irréprochable. A la surprise de Joyce, il sut qu’elle n’avait pas compris où il voulait en venir. Découpant une tranche de son entrecôte avec un couteau bien aiguisé, il reprit alors avec la même sérénité. Lui aurait-il dit que le temps était au beau fixe aujourd’hui que son comportement aurait été le même. Aussi calme qu’indéfinissable. « …de ce policier. Voulez-vous que je m’en occupe ? Il ne vous frappera plus, je puis vous l’assurer. » ajouta t-il simplement en avalant sa première bouchée. Un goût exquis. Saignant comme il les aimait. Et puis, l’impression qu’elle le dévisageait avec un peu trop d’insistance. Peut-être avait-elle mal appréhendé son intention première.


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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyMar 19 Juil - 1:07

Cet entraînement, cette maîtrise de soi, provoquait, nous l'avons vu, l'admiration de notre héroïne. Mais plus encore. C'était un véritable questionnement qui étreignait la jeune femme. Sa vision lui avait certes montré quelque chose que bien peu de gens pouvaient croire possible : l'être éthéré qui se tenait près de lui et lui murmurait des choses à l'oreille, était-ce réellement une âme qui ne serait pas rentrée à sa place? Cela impliquerait une croyance en l'existence d'un au-delà. Et honnêtement? Elle n'avait pas envie d'y croire. C'était sans doute l'argument classique, celui d'une femme impuissante, mais s'il existait une telle injustice dès la naissance, pourquoi diable croire qu'il y ait un jugement équitable une fois dans l'au-delà? Il était tellement plus facile de croire au diable... Oui, la jeune femme avait certes l'apparence d'une femme de trente-deux ans, peut-être un peu moins, avec son sourire et son regard espiègle, mais elle se sentait aussi vulnérable qu'une enfant, sans arme, malgré sa carrure universitaire, face aux injustices infligées par l'existence. Mon Dieu, comme elle avait envie de baisser les armes, juste quelques secondes, quelques minutes, rien que pour se reposer. Laisser quelqu'un prendre le relai. Quelqu'un qui la comprendrait, avec les épaules assez larges. Pour être tout à fait franche, elle aurait aimé se blottir contre Angélus. Au moins se laisser approcher par cet homme sombre, avec le sentiment d'une délivrance tant attendue, comme un apatride retrouve enfin les rivages adorés de sa patrie. Elle en avait envie, mais accepterait-il d'ouvrir les bras pour elle? De la serrer contre sa poitrine en renvoyant dans l'ombre ses craintes, de sa voix grave impérieuse? Elle en doutait.

Tandis qu'elle pensait, son regard clair détaillait doucement le visage du médium. Son propre regard, d'un calme à défier l'enfer, sombre, et comme un puits sans fond, insondable. Que se cachait-il derrière ces iris presque aussi noires que la pupille ? Quels secrets, quels désirs oubliés ? Elle aurait tout donné pour briser le miroir de son âme et le connaître. Elle aurait tout donné pour être celle qui comptait pour lui. Elle imaginait la solitude d’Angélus : si elle ne se trompait pas, et son instinct lui dictait que ce n’était pas le cas, il ne devait partager son secret avec bien peu de gens. Qui voudrait connaître un homme qui peut parler aux esprits, perpétuellement hanté par ces âmes indécises, enfermé dans un monde qui n’était ni le nôtre ni l’au-delà ? Bien peu de gens, en vérité. En tout cas, elle imaginait que c’était hors de question pour les gens ordinaires : accepter une simple différence physique, provoquée par la mélanine ou la distance géographique était déjà un défi, alors accepter un homme qui parle aux esprits… Par chance, elle n’était pas une femme ordinaire. Et ce don avait quelque chose d’excitant, presque de complémentaire avec ce qu’elle considérait comme sa propre malédiction. Peut-être est-ce que cela pourrait les rapprocher… Puis, ses yeux glissèrent sur les mâchoires serrées, les joues imberbes, le port quasi impérial de son interlocuteur. Le col de sa chemise. Sa façon de marcher, de porter le costume. Le nœud de sa cravate noire. Il avait quelque chose de ces anciens héros, de ces maréchaux d’empire peints, dans toute leur fierté, le sabre sur le côté, d’un calme imperturbable, d’une noblesse toute picturale. Et comme tous les tableaux dignes de ce nom, il en ressortait un sentiment de beauté, qui n’était pas explicable rationnellement. Un sentiment qui s’exprimait par le cœur. Il était beau, il était charmant, et elle aurait pu le contempler indéfiniment, avec cette lueur caractéristique dans le fond des yeux, où se mêlaient l’admiration et aussi un peu de ce qu’elle ressentait, malgré les moyens qu’elle avait déployés pour ne rien montrer, lorsqu’elle baissa précipitamment les yeux, en se rendant compte que son regard pouvait être gênant. Elle ne voulait pas. Alors il fallait vaincre l’envie de le contempler. Pour plus de sécurité.

Alors qu’il s’asseyait à la table, elle lui fut reconnaissante de cette faveur. Il était rare aussi qu’elle partage sa table autre qu’avec sa petite fille, souvent à l’hôpital, en tout cas de plus en plus souvent en ce moment. Avec des collègues, dans un silence presque monacal. Mais pas dans cette chaleur qui commençait à s’installer entre eux. Le médium offrait des sourires à la jeune femme, des sourires dont elle s’emparait précieusement pour les serrer contre son cœur, qui faisait écho au silence de sa solitude. Leur conversation devenait désormais comme un jeu, presque un duel, où chaque participant répondait avec une précision et une rigueur telles que leurs interactions ressemblaient à une chorégraphie bien orchestrée. Elle s’avançait, il se faisait plus doux, et ils se répondaient par un jeu de regard, ponctué par les sourires de la jeune femme. Ce paradoxe entre leur spontanéité et leur façon de se répondre réchauffa le cœur de la jeune femme.

- Du courage pour enseigner ? Je n’y avais jamais pensé. C’est quelque chose de naturel, un peu comme l’esprit militaire, ou la rigueur judiciaire. J’ai toujours voulu faire cela, défendre la culture. Et puis, il faut nuancer, je ne suis pas non plus devant des jeunes gens qui rechignent à l’ouvrage. Ils sont très volontaires.

En terminant de rouler sa cigarette, elle eut un léger haussement d’épaule, le regard ailleurs, toute à sa réflexion. Lorsqu’il s’agissait de son beau métier, qu’elle considérait comme un sacerdoce en un sens, Joyce était intarissable. Il lui fallut néanmoins se maîtriser, pour ne pas noyer son interlocuteur sous un flot de parole : le détective n’en avait sans doute pas grand-chose à faire de ce qu’elle pouvait raconter sur sa vie.

- Et puis, de toute façon, dès qu’ils ne sont plus volontaires, les notes tombent. Je ne suis pas si douce que cela, malgré les apparences.

Elle marqua une pause.

- J’aurais voulu être flic. Mes études m’ont éloignée de cette voie, mais je ne pense pas que cela soit un hasard. En un sens, je sers au mieux l’Amérique à ma place. Je me demande si tout le monde trouve aussi bien sa place que moi. Ou que vous. Des détectives talentueux se sont frottés à Achaea et y sont passés. A votre tenu et votre regard calme, vous ne vous êtes pas laissé atteindre par certaines folies de cette ville.

Elle lui offrit un sourire un peu plus triste, empreint de nostalgie. La conversation se poursuivait. La jeune femme n’était pas insensible à ses compliments, et baissait parfois la tête en se mordant la lèvre pour essayer de contenir le rosissement qui montait à ses joues, sans pour autant réellement parvenir à tout masquer. Elle ressemblait à une adolescente qui n’avait jamais vécu l’amour et qui se laissait charmer avec l’indécision de la débutante. Elle eut un sursaut d’espoir, son cœur se serra et sembla remonter dans sa poitrine, tandis qu’il approchait sa main de son visage. Elle ferma presque les yeux. Puis, l’inspiration presque machinale, la fumée qui s’infiltre dans ses poumons dans cette bouffée qui auparavant lui avait toujours été salvatrice, mais qui aujourd’hui semblait bien pâle à côté de la promesse qu’elle s’était faite dans sa tête.

Elle chassa les cendres d’un revers de son poignet.

- Un don exceptionnel ? Comme on dit, l’herbe est toujours plus verte chez le voisin… Il est exceptionnel dans le sens où j’ai pu venger des vies sacrifiées. Mais… Je crois que je suis lasse. Lasse de vivre ces meurtres, comme si j’étais moi-même sous le fil du couteau. Pourquoi ne suis-je jamais le tueur, toujours à sentir ce sang qui s’écoule de veines qui ne sont même pas les miennes. Je ne sais pas. C’est sans doute l’usage que l’on fait de son don, qui le rend exceptionnel.

Angélus s’excusa. Elle en fut presque surprise. Ce n’était pas dans l’habitude des gens, et encore moins des américains, d’être ainsi si bien élevé. Il était donc britannique. Dans la pure veine. Ce qui n’était pas sans déplaire à la demoiselle, déjà séduite. Elle-même attaqua, essayant de rapporter son attention sur autre chose que le visage d’Angélus et la conversation, profondément troublée par la tournure que prenait cette derrière. Elle releva la tête lorsqu’il l’interpella avec cette intervention étrange.

- Voulez-vous que je m’en occupe ?

Différents choix s’offrirent à elle. Evidemment, il n’allait pas s’occuper de faire le premier pas, puisqu’il devait sans doute ne pas prêter attention aux semi-avances de la jeune femme. Il n’allait pas s’occuper de couper son steak, puisqu’elle était assez grande pour s’en charger. S’occuper de quoi alors ? Elle fronça légèrement les sourcils, ne dérogeant pas à ses expressions habituelles, illustrant parfaitement la surprise sans surjouer, avec quelque chose de charmant dans le regard.

Quelque chose de terrible était sous jacent à cette proposition. Le jeune homme n’avait pas élevé la voix, son visage n’avait pas bougé d’un iota, toujours ce sérieux, ce calme. Cela devait terrifier quiconque se trouvait confronté à ce visage pendant une intervention. Aucun recul, aucune impression d’une faille quelconque, dans le regard impétueux de l’homme. Pourtant, Joyce alla à la rencontre de ses yeux, s’y noya un instant. C’était ainsi la protection qu’elle attendait de son interlocuteur. Peut-être pas quelque chose de physique, mais une proposition… Elle baissa les yeux, tandis qu’elle comprenait violemment de quoi il retournait. Elle entrouvrit les lèvres, les mots peinaient à sortir. Son regard clair se fixa sur ses mains, qui tenaient encore le couteau et la fourchette, encore plantée dans un morceau de viande.

- Oh… Je…

Personne ne lui avait jamais fait une telle proposition. Personne. Pourtant, les gens au commissariat entendaient les coups. On n’osait pas aller à l’encontre de la hiérarchie établie, des ordres. Quitte à ce qu’elle se fasse réellement mal un jour, après tout elle n’était qu’une bête… De nouveau, le rouge envahit ses joues
.
- Non, ne vous dérangez pas pour moi… Vous risqueriez votre place. Ou des représailles. Et je refuse que vous vous sacrifiez ou preniez le risque de vous sacrifier pour moi. Il ne s’agit juste que d’une habitude à prendre… Ca ira mieux…

Elle savait bien que c’était un mensonge. Et un mensonge maladroit, qui plus est. Mais elle avait encore un peu d’orgueil. De l’orgueil mal placé. L’aide qu’il lui proposait n’était pas négligeable. Elle ne pouvait pas tellement cacher avec du fond de teint les traces laissées sur son visage. Les côtes, passaient encore, ce n’étaient que quelques hématomes qui se baladaient sous sa peau et qui ne paraissaient pas sous ses chemisiers. Elle baissa la tête, honteuse.

- Comment feriez-vous, si vous deviez intervenir ? C’est juste que… Vous feriez vraiment cela pour moi ? La prise de risques est importante…

Sa voix se réduisit à un simple murmure, presque inaudible, tandis que les mots restaient bloqués dans sa gorge.

- Je ne voudrais pas qu’à cause de moi vous vous retrouviez avec des ennuis…

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Angelus G. Hastings

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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyMar 19 Juil - 7:43

    La naiveté ne faisait pas partie de ses nombreux défauts. Ainsi l’homme avait-il pris conscience de l’attirance qu’éprouvait cette femme pour lui. Une inclination que lui-même partageait mais qu’il aurait été incapable de formuler à haute voix. Elle l’effrayait autant qu’elle le fascinait. Joyce se dévoilait différente de celle qu’il avait entre aperçu dans les locaux de la police. A la fois fragile et rougissante face à ses compliments sincères mais non calculés, le cœur du médium s’attendrissait à vue d’œil devant cette beauté imparfaite, humiliée par un monde qui la persécutait. Les circonstances et l’envie de s’attacher, même un peu, à cette petite chose désenchantée amenuisait ses défauts au bénéfice de ses forces primaires. Son ego n’en était que plus vivace avec la volonté de la protéger de ses éternels bourreaux. Hélas, la crainte d’un sentiment plus redoutable encore que le reste et qui lui ferait oublier ses objectifs premiers s’effaçait devant la raison.

    « Oui, naturel…pour vous, je n’en doute pas. Pour ma part, et je vous saurais gré de ne pas vous moquer – affichant un sourire taquin – je ne suis pas certain de pouvoir garder mon sang-froid devant une telle foule. L’enseignement est, selon moi, un art qui réclame patience et sens du contact. Et ce sont là deux qualités que j’ignore, à mon grand regret. »

    L’odeur de la fumée de cigarette emplissait ses narines. Il contint un soupir de délectation en humant ce parfum singulier de nicotine. Il aurait pû l’accompagner. C’aurait été sans doute moins grossier que de la contempler rouler ce petit bout de papier du bout de la langue. Sauf que la cigarette avait tendance à envahir un peu trop précipitamment son intellect, de sorte qu’après quelques minutes de vapeurs torrides recrachées, il se trouvait dans l’incapacité d’aligner deux mots cohérents. C’était la raison pour laquelle Angelus ne s’offrait ce petit plaisir mortel que dans son appartement, à l’abri des regards indiscrets, afin de ne pas paraître plus fou qu’il ne l’était déjà. Depuis quelques temps, il avait même décidé d’arrêter ce passe-temps qui finirait par lui coûter ses poumons déjà bien abîmés. Mais cette traîtresse le persuadait toujours de lui rendre un dernier baiser. Il le faisait plus rarement maintenant. Seulement quand il était si stressé que le besoin de tenir entre ses doigts sa taille fine et de faire pâlir sa peau blanche sous ses lèvres brûlantes se faisait sentir.

    En écoutant Joyce, il comprenait mieux la raison qui l’avait poussé à exercer ce métier. A la différence de bien des gens, la jeune femme aimait ce qu’elle faisait. Au son de sa voix, à la lueur nouvelle dans son regard, il avait l’impression d’entendre une lectrice assidue d’un livre quelconque dont elle ne pouvait pas se détacher sous prétexte que chaque mot se rattachait à une part de son existence elle-même. Une perfectionniste. Et bien qu’elle se qualifiait elle-même de « sévère » lorsque ses étudiants manquaient d’entrain, le silence d’Angelus n’eut pas tôt d’être convaincu par cet aspect de sa personnalité plutôt que de celui qu’il dépeignait actuellement. De toutes façons, nous avons tous en chacun de nous une part d’ombre. Plus ou moins amplifiée selon notre expérience et notre choix de vie.

    « De quelles folies parlez-vous exactement ? » l’interrogea alors l’homme en fronçant légèrement les sourcils. Elle le jugeait sur son calme apparent. La vérité était toute autre. Certes, Angelus savait dissimuler au mieux ses émotions en public. Au plus profond de son être pourtant, sa colère bouillonnait tellement qu’il lui arrivait parfois d’entrer dans des excès de colère incontrôlables. Personne ne l’avait jamais vu dans ces moments-là. Aucun être vivant en tous cas. Angelus avait souvent l’impression d’être à part, si profondément marqué par son vécu qu’il lui était impossible de vivre dans la normalité. Sans compter les fantômes qui ne lui laissaient pas une minute de répit. Et personne, personne ne pouvait vivre ainsi. La pression finissait par se faire telle que l’on explosait de rage de ne pouvoir aspirer à un bonheur sans nuages. Alors oui, il ne s’était pas laissé gagné par les folies de la ville. Il avait ses propres folies. Un démon personnel à contrôler et qui le rongeait de l’intérieur sans que nul ne puisse l’apaiser. Mais le sourire de cette inconnue contribuait malgré elle à calmer ce grondement perpétuel. Sans le vouloir, Joyce était la clé. Sa clé. Celle qui ouvrirait peut-être une partie de son âme qu’il cherchait tant à réprimer, la seule à pouvoir l’apaiser. Le ton monocorde de sa voix lui fit revenir sur Terre. Elle semblait si sûre de ce qu’elle avançait. Comme blessée par son jugement, sa sentence avait été immédiate. Son avis concernant l’exceptionnel de son don n’en fut pas pour autant changé. Malgré tout, Angelus avait conscience, autant qu’elle d’ailleurs, que ce type de faculté pouvait s’avérer être une véritable malédiction. Pour Joyce qui était prise de maux de tête à chaque flash et se faisait régulièrement frapper pour l’intervention de ce pouvoir non désiré, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’elle le considère aujourd’hui comme une punition à bannir de sa vie. Cependant, elle ne devait pas non plus oublier la bénédiction que ressortait d’un tel pouvoir. Retrouver la trace d’un meurtrier, venir en aide aux victimes, changer l’avenir en y portant un bref regard, une mission qui lui avait été confiée mais qu’elle avait du mal à exécuter en raison du traitement que les forces de l’ordre lui réservaient, et d’une folie passagère qui la tourmentait lors d’une vision plus ou moins longue d’un avenir qu’elle ignorait encore. Pour vivre les mêmes difficultés quotidiennes, Angelus comprenait mieux que quiconque ce qu’elle ressentait alors.

    « Non, ne vous dérangez pas pour moi… Vous risqueriez votre place. Ou des représailles. Et je refuse que vous vous sacrifiez ou preniez le risque de vous sacrifier pour moi. Il ne s’agit juste que d’une habitude à prendre… Ca ira mieux… »

    « Ne vous inquiétez pas pour moi. Je ne suis pas aussi faible que vous semblez le croire Joyce. – Il fronça alors les sourcils, persuadé d’avoir mal entendu. Non, elle ne pouvait avoir dit ce qu’il eut cru. « Une…habitude à prendre ? Vous êtes sérieuse ? » Un soupçon de déception et de frustration apparut bientôt dans son regard d’encre. « Je ne vous savais pas découragée à ce point que vous en oubliez même votre statut d’être humain. Vous n’êtes pas un vulgaire bestiau que l’on envoie à l’abattoir et que l’on tue sous prétexte qu’il hurle à la mort. Vous avez des droits, une vie, une famille même peut-être. Avez-vous songé que cette vie à laquelle vous aspirez pourrait être gâchée par cette même ‘habitude’ ? Vous qui pensez votre don non exceptionnel vous seriez pourtant prête à sacrifier votre existence pour lui ? » C’était la première fois qu’il parlait autant. Il voulait qu’elle comprenne que le choix d’une vie meilleure lui appartenait. Qu’il la soutiendrait. Qu’importe sa décision, il serait là. Les mots pouvaient lui sembler brutaux, ils n’en étaient pas moins réalistes.

    « Oui, je le ferais. » Pour Joyce, Angelus prendrait ce risque infime. Il aurait même eu l’audace d’ajouter que ce n’était que pour elle qu’il oserait affronter ce mal, mais préféra la dispenser d’un côté romantique qu’il ne contrôlait pas encore et qu’il souhaitait garder précieusement enfoui dans ses entrailles. Le mensonge fut la meilleure des alternatives en guide d’explication. « Je n’aime pas qu’on abuse sur plus faible que soit. » Ses yeux n’avaient pas quitté son plat pendant qu’il découpait une énième tranche de son entrecôte. On dit que le regard est le miroir de l’âme. Il n’avait pas envie qu’elle comprenne le fin mot de l’histoire. Et puis, ses dernières paroles lui firent retrouver le sourire. Un sourire à la fois tendre et cruel. Cynique, mais avisé. « Je n’étais pas sorti du ventre de ma mère que les ennuis guettaient déjà au pied de mon lit. Et cela fait bien longtemps que je ne crains plus la sentence humaine Joyce. » Un jeu de mots soupesé avec soin. Voulait-il insinuer par là que les humains ne pouvaient plus lui faire du mal, lui conférant par là même une sorte de protection invisible ? Ou alors que sa peur était passée ? Elle ne le saurait qu’avec le temps.


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Joyce H. D'Anceny

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MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyMar 26 Juil - 0:45

Un long frisson électrique parcourait l'échine de la jeune femme, prenant naissance dans sa nuque et s'épanouissant dans tout son dos. Elle le laissait faire, en se délectant de cette nouvelle sensation, presque inconnue à force d'être oubliée. Elle ne pouvait pas se mentir : les regards d'Angélus provoquaient ces doux frissons. Ce n'était pas vraiment habituel pour la jeune femme. Avant d'en arriver à cette phase délicate où elle devait faire tous les efforts du monde pour ne pas rougir à chaque instant, elle passait généralement pour d'autres stades, assez embarrassants, celui de la maladresse, des balbutiements, de l'évitement de regards et le doute profond. Mais c'était bien là, lové en son sein. Quelque chose d'aussi simple mais aussi d'aussi bouleversant que des sentiments.

Des sentiments pour un homme qu'elle venait de rencontrer, cela pouvait sembler risible. Mais cette sensation qui s'égayait dans son dos, si rare, le confirmait : ils partageaient quelque chose. Une connexion. Quelque chose qui transcendait l'entendement humain. Quelque chose qui non seulement pouvait s'exprimer, quoiqu'avec quelques difficultés, avec des mots, mais qui étaient aussi inscrits dans leurs gènes. Et l'unicité de cette connexion, en cet instant précis, semblait être la chose la plus précieuse que Joyce possédait, outre, évidemment, la chair de sa chair.

Elle regardait cet homme, cet Angélus, entré dans sa vie, quelques moments plus tôt. Et quand ses pupilles claires croisaient son regard sombre, naissaient des certitudes. Il y avait, dans son calme impérial, la promesse d'une protection. Une protection non seulement physique - Et Seigneur, elle l'imaginait parfaitement, faire un jour irruption dans la salle d'interrogatoire... Son regard sombre ferait l'effet d'une bombe, imposerait le silence. Ses éclats noirs réduiraient au silence ses bourreaux. Elle imaginait même Huxley reculer devant ses deux iris incandescentes - mais également une caution intellectuelle : non, elle n'était définitivement plus seule. Jusqu'ici, et ses rougissements réguliers en témoignaient, il y avait un échange de signes. Des compliments. Des postures. La chorégraphie continuait, remplie de sa spontanéité qui désarçonnait la jeune française. Cette indécision avait quelque chose d'excitant, mais aussi de terriblement destructeur, aux yeux de la jeune femme. Elle aimait ce jeu, parce qu'avec lui, ses souffrances récentes s'envolaient dans l'insouciance du moment, mais elle en redoutait l'aboutissement : et si elle se trompait? Si, dans ce moment de détresse, de fragilité, elle se fourvoyait, interprétant des banalités comme les signes qu'elle attendait désespérément depuis des années? Cette envie de vivre dans le regard de quelqu'un, un regard empreint de bienveillance et pas seulement de pitié? Un regard sombre plein des promesses qui semblaient étinceler dans celui d'Angélus? Elle ne voulait pas envisager cette possibilité, bien qu'elle se soit mise à planer au-dessus d'elle comme un vautour carnassier.

Elle décida de répondre à ses questions, tout en essayant d'ignorer son esprit qui lui intimait d'interpréter les signes. Elle prit une pose plutôt décontractée, souriante, et pour un moment au moins, la rougeur se décida à quitter ses joues pour s'endormir, lui laissant le répit suffisant pour que sur son joli visage apparaisse une candeur touchante, sans pour autant toucher dans une innocence purement vide, juste une touche de jeunesse qui était bienvenue, après le regard grave qu'elle avait arboré aux premiers instants de leur rencontre.

- Il n'y a rien à regretter, monsieur Hastings. J'imagine que si vous étiez à l'aise face à un parterre d'étudiants prêts à vous sauter à la gorge au moindre faux pas ou à vous assommer de questions, vous ne seriez pas un agent de l'ombre, mais un brillant lieutenant de police auréolé des meilleures récompenses du comté.

Elle prit le temps de chasser à nouveau les cendres de sa cigarette dans le cendrier de plastique noir, avant de reprendre, une lueur de malice dans son regard clair.

- Du reste, ce sont ceux qui officient dans l'ombre qui font le meilleur travail.

Elle lui adressa un léger clin d'oeil complice, qu'elle se reprocha intérieurement. C'était trop tard, cela faisait partie du jeu de la spontanéité. Il la questionna ensuite sur les folies de la ville. Elle se mordilla légèrement la lèvre, son regard plongeant dans son verre, légèrement distant.

- En réalité, je suis fascinée par le monde de la nuit. Avec ses créatures noctambules. Malgré la détresse qui luit dans les yeux de certaines d'entre elles, il y a une certaine beauté qui se détache, dans les néons multicolores qui viennent lécher les vêtements de cuir. Je m'y aventure souvent quand le sommeil ne veut pas de moi, en simple observatrice. C'est en simple observatrice que j'ai vu des choses absurdes se passer. Comme si la ville avait une influence mauvaise sur le karma des gens. Comme si la haine entre les mutants et les humains se trouvaient catalysée ici.

Elle leva les yeux vers lui, un instant envoûtée.

- Je ne comprends pas, comment on peut garder l'intégrité de son esprit lorsque l'on enquête sur le cas d'une mère qui jette son nouveau né par la fenêtre parce qu'il est juste un peu différent. Ou qu'un homme revient chez lui et parvient à s'asseoir tranquillement sur son canapé avec une bière à la main, après avoir descendu sa femme et ses deux gamins, simplement parce qu'il a craqué. Ou servir l'humanité alors qu'on nous puce comme des animaux, ou comme ces malheureux qu'on envoyait dans les chambres à gaz. Eux n'avaient pas de puces, mais des numéros tatoués sur la peau. En parcourant les trottoirs d'Achaea la nuit, je me demande encore comment je fais pour avoir la foi dans le genre humain.

Elle marqua une pause, toujours un peu ailleurs, puis revint définitivement à lui.

- Mais c'est sans doute mon empathie naturelle, qui m'a déjà joué énormément de tour, excusez-moi si j'ai apporté un côté sinistre à notre conversation qui était pourtant si plaisante. Je ne peux pas m'empêcher de parler franchement, quand je suis en confiance.

Elle décida de se taire et d'achever cette entrecôte. Elle ne pourrait jamais changer le monde. Mais elle pourrait toujours militer pour la reconnaissance de la cause mutante. Peut-être. C'était un peu ça aussi son rêve. En étant finalement si incisive quant à l'humanité et ses crimes, elle démontrait de nouveau qu'elle usait de son don sous la coercition.

La discussion se tourna ensuite sur la proposition formidable d'Angélus, sur cette lueur d'espoir qu'il lui offrait, sans doute sans le vouloir : il ne pouvait pas savoir ce que cela signifiait pour elle, comme un affranchissement soudain et inattendu, pas même espéré. Elle se sentait gênée. Elle n'était pas non plus une créature fragile, il lui avait fallut de nombreuses roustes pour s'en convaincre, mais elle était résistante. Et elle ne voulait surtout pas que le jeune homme se trouve en mauvaise posture à cause d'elle.

- Je n'ai jamais songé une seule seconde que vous étiez faible, Angélus.

Elle eut un pauvre sourire, empreint de nostalgie.

- Je n'ai juste pas l'habitude que quelqu'un prenne à coeur mes... ma situation. J'en suis profondément touchée.

Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure, coupable, en sentant les accents de surprise de son interlocuteur. Le mot "famille" résonna douloureusement dans la poitrine de la jeune femme. Elle serra inconsciemment les poings sous la table. Reprends-toi, Joyce, nom de Dieu.

- Disons simplement que mon histoire personnelle m'empêche d'user de mon don comme je l'entends. Je suis obligée de me mettre au service des forces de police, contre certaines choses dont j'ai besoin. Pour justement sauver un proche.

Elle plongea son regard dans celui d'Angélus. Et elle décida de déverrouiller une porte, au fond d'elle. Parce que c'était lui, parce que c'était moi, aurait écrit Montaigne.

- Ma fille, en fait. Depuis que son père nous a laissées, c'est une lutte de tous les instants. Elle est malade, et c'est un mal inconnu qui la ronge. Je sais qu'Apocalypto dispose des ressources nécessaires pour développer un remède. C'est ma façon de payer quelque chose que jamais l'argent ne pourra acheter. Appelez cela comme vous voulez, jusqu'à "prostitution" si vous le souhaitez, car ce sont ces termes qui reviennent le plus quand je parle de cela.

Elle déglutit, pensant qu'elle était en train de définitivement ruiner son image.

- Mais comme c'est la vie de mon enfant qui est en jeu, rien n'est assez bien. On peut me demander ma vie, ils ne me demandent que de les aider dans leurs enquêtes. Avec quelques coups. C'est un bon compromis, je trouve... Mais vous avez raison. Cela fait de moi une femme faible, soumise à ces conditions. J'en ai honte... Tellement honte.

Elle l'écouta, la tête basse, le coeur battant douloureusement dans sa poitrine mince.

- Je comprends ce que vous me dites, Angélus. Quelle que soit la signification exacte de cette absence de crainte, je pense en effleurer l'essence.

Elle posa ses mains à quelques centimètres de celle d'Angélus, tandis que la cigarette continuait de se consumer dans le cendrier, comme étrangère au drame qui se déroulait dans l'âme de la jeune femme. La voix qu'elle prit était encore différente de ce qu'il avait pu connaître d'elle. Cette voix était presque unique, secrète, honteuse, dissimulée au fond de son être et jamais révélée à qui que ce soit. C'était la voix de la détresse, celle qui traverse la barrière des dents après avoir surmonté la boule qui se formait dans sa gorge.

- Aidez-moi, Angélus... Vous êtes le premier espoir qui me tend la main depuis des années... Pardonnez mon côté pathétique. Mais je crois... Que j'ai besoin de vous.

Les derniers mots moururent alors dans sa gorge. Elle baissa les yeux, ses mains toujours immobiles. Un silence marqua la fin de son discours, un silence lourd, qui s'étira en des minutes douloureuses.




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Angelus G. Hastings

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MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyMar 9 Aoû - 8:48

    L’inconnu. Le sentiment d’exister aux yeux d’une personne, pour le meilleur et pour le pire. La sensation que tout ou presque pouvait être différent ; Angelus frissonnait en songeant aux implications futures. Et s’il osait, rien qu’une fois, suivre les conseils de John. Le fantôme n’arrêtait pas de se plaindre du désert de sa vie sentimentale. Il ne prétendait pas ressentir une affection quelconque pour Joyce. Ou alors…si ? Peut-être. Il n’en savait rien. Ces sensations là sont difficilement décelables, surtout pour un novice. L’envie de la connaître était par contre bien réelle. Celle de la désirer aussi. Mais n’importe quel homme – à moins d’être aveugle – aurait eu le béguin pour l’enseignante. Là encore, le doute l’assaillait. Que savait-il des relations humaines au juste pour se permettre de juger ? Il n’était pas prompt au point de la séduire alors qu’il venait tout juste de faire sa connaissance, mais le médium ne réfutait pas l’idée d’un rapprochement. Le comment, le pourquoi, il n’en avait aucune idée, n’y avait même pas songé. En un sens, il se disait qu’entre deux adultes consentants, la chose était faisable. Et il n’était pas stupide et encore moins myope. Les regards en biais, les rougeurs de ses joues et les sourires gênés de Joyce l’incitaient à croire en son bon vouloir à ce sujet. Il était persuadé qu’elle ne repousserait pas ses avances. Pourtant, la chose était risible, elle le pensait sûrement elle aussi. Deux inconnus qui sortent d’un commissariat pour manger un morceau, une histoire digne d’un film romantique. Catégorie qu’exécrait habituellement le détective. L’histoire se déroulait pourtant sous ses yeux. Cela dit, contrairement à Joyce qui lui semblait aussi rêveuse que les princesses dans les contes de fée, Angelus faisait honneur à son sexe. Ses sentiments et autres émotions n’avaient pas été totalement entachés par le brouillard confus et rassurant de ses pupilles bleutées. Certes, elle lui plaisait suffisamment pour qu’il fasse l’effort d’engager la conversation et même qu’il ait l’audace de s’attarder dans son regard et sur ses lèvres qu’il s’imaginait sans mal effleurer des siennes, mais pas au point d’envisager un avenir commun. Pourtant, c’était sans doute la vérité. Ce qui est sans qu’il ne veuille l’admettre, et ce qui serait malgré son immobilisme. Joyce avait sans doute une expérience plus enviable que lui concernant l’aspect ‘humain’ et ‘social’ du monde et on ne pouvait douter de l’attrait qu’elle avait pour lui à ce sujet. Et s’il se laissait pour une fois aller à la confidence, se reposer sur quelqu’un et attendre d’être jugé ? Un risque qu’il prendrait. Pourquoi ? Parce qu’elle lui semblait sincère, qu’il lui avait fait une promesse et qu’il mourrait d’envie de la découvrir sous un nouveau jour. Derrière les portes du commissariat se cachait une âme en peine qu’il avait délivré vaillamment. Une âme qui n’attendait plus qu’une chose pour livrer bataille à nouveau. Un ami. Un confident. Et qui sait …peut-être plus encore. Le chemin serait long, escarpé, mais les conséquences de ce type de relation qu’il avait si longtemps méconnue le conduiraient sûrement à un rêve de petit garçon, à une vérité encore ignorée jusqu’alors.

    « Sans doute. »

    Un autre murmure imperceptible. La raison qui avait fait qu’il était devenu détective au lieu de policier – car le cas aurait très bien pu se poser – n’était pas aussi logique qu’elle semblait le croire. Certes, question sociabilité, il laissait à désirer, sans compter la haine apparemment innée qu’il manifestait à l’égard de ses collègues en uniforme. Toutefois, Angelus avait préféré œuvrer dans l’ombre pour une autre raison. A l’époque, incapable encore de contrôler son pouvoir, il en était arrivé à des crises importantes, si intenses parfois que la folie guettait toujours à sa porte. Si Joyce l’avait connu étant enfant, ou adolescent, les périodes ne se différenciant nullement à ce niveau, elle aurait forcément compris d’où lui venait son mal-être en public. Encore jeune, le médium était un garçon comme les autres, adepte des boîtes de nuit et de tout ce qui s’en suivait. Les filles y compris. Grande gueule, doté d’un humour attachant qui lui faisait gagner facilement le cœur de son entourage, Angelus aurait pu être promis à devenir un grand orateur adoré de tous et parfaitement équilibré si l’issue de sa première crise ne lui avait pas failli être fatale. Crise qui en passant, lui avait valu un séjour d’un mois dans un hôpital psychiatrique. Encore une raison de son calme apparent et de sa réserve naturelle. Depuis plus d’un an, il n’avait plus de crise. Les fantômes avaient apparemment décidé qu’il était plus que temps de le laisser prendre sa vie en main, comme un grand. Il devrait sans doute les remercier pour cette démarche charitable.

    Le sourire aux lèvres suite à sa remarque, le détective se demanda intérieurement si la jeune femme était on ne peut plus sérieuse par son compliment qui venait de le flatter dans son ego, ou si ce n’était qu’une illusion, un paraître destiné à obtenir ses faveurs. Il pencha, par faiblesse ou envie, pour la première solution, avant de répondre à son clin d’œil lancé à la dérobée par un nouveau sourire plus énigmatique. Peu à peu, la conversation les amenait vers de l’inédit. La découverte de leur personnalité. Subtilement, ils se rapprochaient. Elle venait de lui dire apprécier le monde de la nuit. Fait de mystère, de ténèbres pour certains et de sensualité pour d’autres. Aussi incroyable que cela puisse paraître eu égard à son pouvoir, Angelus préférait lui aussi la nuit au jour. Peut-être parce que certains fantômes avaient du mal à trouver leur chemin dans le noir, va savoir. Quoiqu’il en soit, le silence des rues, l’odeur des vieux quartiers qui embaumaient une fois la Lune brillant de tout son éclat était un spectacle qu’il avait l’honneur et le bonheur de pouvoir contempler sans avoir à se plaindre – chose qu’il ne faisait pour ainsi dire jamais soit-dit en passant – d’une mission qui lui offrait peu de répit. Cela dit, le monde de la nuit, quoique troublant par les nombreuses facettes qu’on pouvait lui trouver s’avérait parfois trop dangereux, Joyce devait en être consciente. Sortait-elle souvent ? Etait-elle une adepte de ces boîtes de nuit bruyantes où l’on ne s’entendait penser ? Il se le demandait encore aujourd’hui.

    Ses yeux ne quittaient pas les siens une seule seconde. Bercé par une lueur nouvelle, le médium se comparait à ces papillons de nuit attirés par un feu qui risquait à tous instants leur brûler les ailes. Etonnement, il n’en avait que faire. Comme si ses soucis s’étaient évaporés pendant qu’ils faisaient connaissance, cette femme avait le rôle d’un anti-dépresseur pour lui. Un sauve conduit pour le paradis. Son âme en avait décidément bien besoin.

    « Je trouve étrange que nous ne nous sommes pas déjà croisés auparavant. Je m’aventure moi-même souvent au crépuscule. » murmura Angelus pour lui-même, un vague sourire sur les lèvres. « Hum, la nuit nous offre l’opportunité d’agir dans l’ombre. Une bénédiction pour ceux qui recherchent un peu de tranquillité, une malédiction pour les âmes innocentes…comme vous. » eut-il l’audace d’ajouter sans mauvais intention aucune. Par innocence, il pensait davantage à son travail et à son incapacité certaine à se défendre de certains mutants dont il avait eu à se défendre auparavant. Comme beaucoup d’autres d’ailleurs, Joyce n’avait pas un pouvoir ‘d’attaque’ lui permettant de se protéger efficacement contre certains. Angelus par contre …mais restons-en là, une fois encore. Il s’agissait de ne pas l’effrayer. « Je vais sans doute vous paraître curieux mais …qu’avez-vous vu ? Avez-vous déjà assisté à une confrontation entre un humain et un mutant ? » La question pouvait paraître inopportune voire sans aucun rapport avec le dénouement actuel. Elle l’était sûrement. Mais Angel voulait avoir des réponses. Des réponses concernant cette femme. Savoir si sa faiblesse envers le corps policière reflétait la faiblesse de son âme elle-même. A priori, il pensait négatif. A priori seulement. Quoi de plus normal pour un homme cherchant à faire barrage envers toute intrusion néfaste que de connaître l’ampleur des dégâts ? Et la conversation se poursuivait, allait bon train. Ses questions devenaient plus glauques, plus réalistes aussi. Leur précision faisait entendre les réponses qu’elle entendait recevoir de sa part.

    « Il faut être …inhumain. » Ironie abjecte mais subtile sur les lèvres d’un mutant dégoûté lui-même par la cruauté du monde. « Je le suis sûrement. » Son regard avait pris une teinte plus sombre. Ses iris tournoyaient sur elles-mêmes comme si l’hypnose l’avait envahi toute entière. Une statue de cire qui la contemplait d’un air grave et impénétrable. « Au début, ce n’est pas facile. Je me souviens encore de la première fois où j’ai posé les yeux sur mon premier cadavre. L’horreur, la rage, la tristesse. Au fur et à mesure, vos souvenirs s’estompent. Jamais complètement. Vous apprenez à vous faire à cette idée que tout n’est que noirceur. Ca devient une habitude. Morbide. » Sa voix ne tressaillait même pas. Comme s’il n’avait aucun regrets ni remords, juste un constat comme un autre. Pourtant, sous ce masque d’indifférence, se cachait toujours une faille. Il y avait toujours une faille. « Le monde est pourri Joyce. Pourri jusqu’à la moelle. C’est cruel, je sais. Mais c’est comme ça. Et c’est tout ça, toute cette puanteur qui détruit l’homme petit à petit, c’est elle qui conduit à la folie de l’esprit ou à la guerre entre deux races. » Tout sourire avait disparu de ses traits. Seul un imperceptible froncement de sourcils trahissait ses émotions. « Mais si on perd la foi …qu’est-ce que vous pensez qu’il adviendrait de nous ? » Il la dévisageait comme pour la sonder. « Si vous ne croyez plus en l’homme Joyce, en qui croyez-vous ? » Courte pause. « En Dieu ? Dieu n’existe pas. Ou alors s’il existe, c’est que le mal aussi. Croyez-vous que ce n’est qu’une partie de tennis entre ces deux forces opposées ? Ou alors que ce n’est que nous qui sommes foncièrement mauvais ? Car si nous le sommes, il y en a forcément que sont bons. Une partie ne peut exister sans l’autre. C’est cela la complémentarité. Dans toutes les cultures, il y a toujours eu le bien et le mal. Le Yin et le Yang. Sans l’un, l’autre ne peut exister. Que serait le monde sans bataille ? C’est ce qui fait notre vie Joyce. Nous sommes nés pour ça. Certains pour le bien, d’autres pour le mal. Le monde est mal foutu parce que certains sont incapables de choisir ou trop faibles pour se battre. Ne pas croire, annihiler totalement cet espoir reviendrait à se dévêtir de notre humanité pour revenir à l’état de bestiaux. » L’ultime. La fin d’un monologue qu’il avait songé plus court mais dont les mots s’étaient échappés sans qu’il ne puisse les retenir. Joyce pensait avoir apporté du sinistre dans leur conversation ? Que devait-il répondre de son côté ? Qu’il lui faisait confiance lui aussi, suffisamment en tous cas pour lui donner une opinion éclairée par des années d’expérience sur un débat récurrent sur les humains et les mutants. De son côté, son avis était fait depuis longtemps. Il n’emmerdait personne pour peu qu’on lui fiche la paix. Mutant ou humain, enfant ou adulte, Angelus n’avait pas de pitié pour ceux qui dépassaient les limites de la moralité, pour ceux qui outrepassaient les lois. Cela, Joyce l’ignorait encore. La jeune femme ne savait pas encore à quel point l’homme qui lui faisait face pouvait se montrer cruel dans son métier. Un sans cœur de plus qui faisait honneur à sa profession. A ce monde. Pourtant, sous ce masque de fer, il venait de lui proposer son soutien. Sans contrepartie aucune. Juste…une aide. John dirait sans doute qu’il n’était pas aussi horrible qu’il en avait l’impression. Il se trompait, forcément. « Je vous en prie. » Il n’avait rien d’autre à ajouter. Lui apporter son bras protecteur lui semblait aller de soi, inutile de le remercier pour si peu. A croire qu’il n’avait pas les mêmes ‘difficultés’ dans leur quotidien. Sans aucun doute. Une autre réaction. Plus violente quoique passive. Il avait senti un léger tressaillement et ses mâchoires s’étaient contractées. Il comprit alors qu’il avait fait mouche. Elle avait une famille. Des parents encore en vie, ou une famille qu’elle-même avait construite, il songea qu’ils n’étaient pas encore suffisamment familiers pour se permettre de creuser en ce sens. Au moins avait-il réussi à la toucher.

    Certains termes attisèrent sa curiosité. « Certaines choses dont j’ai besoin ». A l’entendre, on aurait pû croire qu’elle parlait de drogue ou de produits dopants. Des hallucinogènes peut-être ? Pour lui permettre de dormir après avoir passé sa demi-journée avec des flics peu enclins à s’inquiéter de sa santé mentale, s’intéressant seulement aux informations qu’elle voulait bien leur fournir. Il se renseignerait à ce sujet. Après tout, peut-être avait-il ce ‘produit’ en stock. Angelus avait un carnet entier de contacts en tous genres, autant des mutants que des humains qui lui devaient souvent un service personnel qu’il avait rendu par le passé. C’est alors que, comme si elle avait entendu ses interrogations muettes, Joyce répondit à sa première question. Une enfant. Sa fille. A cette nouvelle donne dans le jeu, les mâchoires de l’homme s’étaient resserrées sans pour autant cesser de la fixer. Ainsi mère et fille vivaient-elles au dépens l’une de l’autre. Il eut l’audace de se demander si le départ du père avait un rapport direct avec le pouvoir de la mère. Une question qu’il n’aborderait pas de sitôt. « Apocalypto ? » Il avait dû mal entendre. Certes, il savait qu’elle informait la police mais cette organisation…il n’y aurait jamais songé. Il ne la connaissait que de réputation. Sale réputation d’ailleurs. Savait-elle que lui-même appartenait à l’organisation qui la combattait sur tous les fronts ? Mieux valait garder cette information pour lui-même pour le moment. Bien que son affection grandissait pour elle, il n’avait pas envie de se retrouver dans de sales draps pour avoir fait preuve d’excès de zèle. « Je n’emploierais pas ce terme. » Il fit une minute de silence avant de coller son dos au siège du dossier, croisant ses bras contre son torse. « Je n’avais pas pris votre enfant en ligne de compte. » Evidemment, puisqu’il n’était pas au courant avant qu’elle ne lui en parle. Et ce nouvel élément changeait la donne. D’autres précautions devaient être prises. Les risques avaient augmenté. Pourtant, son offre tenait toujours. Et puis, sa gêne se mua en tristesse. Sa voix manqua un soupir, dévoilant une neutralité qui le troubla plus que de raison. « Joyce ... » La culpabilité de s’être montré trop brutal l’assaillit tout entier. Ses mains avaient glissé vers les siennes, posées en evidence sur la table et, après une courte seconde de réfléxion, les avaient réchauffées de leur paume en signe d’apaisement. « …vous n’avez pas à avoir honte. Vous n’êtes pas responsable de ce qui vous arrive. » Son timbre aussi avait changé. Plus clair, une douceur raisonnable. « Je vous aiderais Joyce. Je vous en fais la promesse éternelle. » Sans en prendre conscience, ses pouces dessinaient de petites arabesques sur ses mains fébriles.


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Joyce H. D'Anceny

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« Pour un regard qui m'a paru si familier » Vide
MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyMer 10 Aoû - 0:09

Chaque instant, chaque regard, chaque parole devait être captée avec la plus grande attention possible, pour s'imprimer dans son coeur et dans son esprit, de peur que tout cela se termine. L'instant est fugace, et la fragilité de l'existence telle que tout peut basculer. D'une seconde à l'autre, elle pouvait tout perdre, sans jamais avoir connu la douceur d'une étreinte d'Angélus. Son regard se posait sur ses mains, sur ses bras, sur ces épaules où elle aimerait se reposer. Cette curieuse connexion, si forte, pouvait finalement se terminer sur une poignée de main, peut-être une légère embrassade de politesse, et la fin. Des pas qui les séparent, leurs dos qui se tournent avec un dernier regard. Pas de promesse, pas de mots, juste des signes insupportables, des paroles qui ne se seront pas dites et qui étoufferont dans le silence des au-revoir. Et qu'étaient-ce que des au-revoirs? Si on était un minimum honnête avec soi, on sait que ce sont des adieux. Et elle ne voulait pas. Pas d'adieux au milieu d'un carrefour, où chacun prendrait le chemin de sa propre quête. Elle en avait assez. La solitude est une condition paradoxale. L'homme est un animal comme les autres, à l'instinct résolument grégaire. La solitude est condition recherchée, voulue et théoriquement assumée. Ensuite entrait en scène la fierté, cet hybris ridicule et brûlant qui empêchait de revenir sur ses pas pour admettre l'erreur. La solitude est l'amie vicieuse : elle offre la méditation, le retour à soi, mais libère les démons qui surgissent de la réflexion, les doutes engendrés par les pensées néfastes. La solitude est un piège complaisant, dans lequel il est facile de tomber, mais encore plus d'y rester emprisonné. Elle était restée seule des années, et sa fierté lui avait fourni l'énergie du désespoir. Mais elle était à bout de souffle.

La jeune femme, à cet instant précis, louait le charme naturel qui alimentait les discussions des étudiants de sexe masculin dans les couloirs de la fac, quand ils la regardaient passer. Joyce était de ces personnes qui avaient l'impression d'avoir vieilli trop vite, au contact des épreuves de l'existence. Son regard, souvent grave, en témoignait. Elle n'était pas comme la plupart des femmes de trente-deux ans, qui ne se préoccupent que de leur carrière ou de leur famille, en allant prendre un café au Starbucks du coin, avec les collègues, pour se plaindre du dernier plan de restructuration. Au fond des iris clairs, on pouvait lire le doute, l'analyse presque permanente, une vie complexe, présentant parfois des reflets sombres, qui défilait invariablement derrière ses deux perles bleutées. Mais au-delà du regard, il y avait ce sourire, ce sourire si charmant, qui la rajeunissait et la faisait paraître comme une étudiante. Son sourire illuminait son regard et chassait toute pensée négative. Dans sa jeunesse, elle souriait beaucoup. Elle en avait perdu l'habitude quelques années auparavant. Et chaque instant partagé avec Angelus était pour elle une rééducation tout comme une délivrance. Le sang circulait dans ses joues et de nouveau, elle se sentait vivre.

En un sens, il l'avait sauvée. Son simple regard l'avait émancipée du poids de ses préoccupations, et pendant ces quelques instants, elle n'avait plus aucune autre envie que de s'abandonner à ces nouveaux plaisirs depuis trop longtemps occultés. Céder aux douces tentations de son coeur, se prendre au jeu de l'apprentissage de l'autre et essayer de lui plaire de façon plus ou moins assumée. Elle avait toujours été maladroite, mais, en s'ajoutant à sa candeur naturelle, qui revenait souvent au galop, cela lui donnait un air particulièrement touchant. Ses compliments étaient ambigus autant pour elle que pour le jeune homme. Elle ne se connaissait pas ce genre de flatterie. Simplement parce que c'était sincère. Toute l'apparence d'Angel, jusque sa voix mesurée, dégageait comme un perfectionnisme qui poussait à l'admiration. Il devait exécuter ses tâches à la perfection. Et en un sens, elle aussi était une agent de l'ombre. Elle savait le travail qu'ils déployaient pour parvenir à leurs résultats, contre aucune reconnaissance, mais simplement parce que c'était leur sacerdoce.

Leur discussion progressait, à leur rythme, sans qu'aucun des deux ne montre une quelconque précipitation. Qu'était-ce? Prudence? Délicatesse? Simple civisme? Sans vouloir être péremptoire, cela était si rare. La conjecture actuelle pousse à la consommation immédiate et éphémère des plaisirs de la chair. Cette discussion prenait alors un caractère rare et précieux. Deux être solitaires qui apprenaient à se connaître, lentement, en brisant chacune après l'autre les barrières de leur méfiance. Des mots. Des expressions physiques. Ces effleurements du regard. Cette impression qui doucement les enserrait, avec une bienveillance pleine de bonnes augures. Lentement, les résistances de son coeur cédaient. Elle lui faisait confiance. Elle ne saurait réellement expliquer pourquoi. Et c'était aussi pour cela qu'elle souhaitait repousser la cérémonie des adieux. Elle ne voulait pas que cette confiance se rompt. Elle voulait aller jusqu'au bout de leur jeu qui devenait plus sérieux, et dont l'enjeu devenait de plus en plus important pour la jeune femme. Elle voulait voir, elle voulait connaître de nouveau les sensations de l'abandon de soi dans les bras de celui ou de celle que l'on aime. Elle voulait compter pour lui, reprendre vie dans les prunelles sombres du médium et lui offrir un abri contre son sein blanc, comme l'image de la madone à l'enfant. C'était souvent l'image que dégageait instinctivement la jeune femme : celle d'une mère douce et accueillante, la métonymie du réconfort, l'impression d'être de retour chez soi après un voyage bien trop long, bien trop éprouvant. Retrouver la chaleur d'un foyer après une absence. Ce sentiment de sécurité que bien souvent l'on recherche sans pouvoir le nommer. Elle voulait incarner toutes ces métaphores pour Angelus. Pas pour n'importe quel homme. Pour lui. Elle voulait être sienne, parce que c'est dans son regard sombre que résidait son propre sentiment de sécurité.

Quant à ses errances dans le monde de la nuit, il ne s'agissait pas que d'une simple errance, pour admirer la ville sous un autre angle, un angle plus intime quoique plus vicieux, celui qui se dévoile entre minuit et les premières lumières tremblantes de l'aube. Pour autant, elle savait apprécier ces moments, où, seule, elle se débarrassait de ses soucis en se prenant elle-même pour une créature nocturne, un fantôme qui observe sans être vue, silhouette anonyme sur le bitume obscur de la ville. C'était dans les moments difficiles, dans les nuits impuissantes où sa fille était gardée en observation et que le sommeil ne voulait pas venir. Quand l'angoisse oppressait son coeur d'une telle manière qu'elle avait l'impression qu'il allait imploser. Personne n'était là pour lui prendre la main et la rassurer d'un regard. Les infirmières étaient débordées, et c'est à peine si elles lui adressaient un regard de pitié en passant, en poussant des chariots remplis de produits médicaux et autres seringues. Mais elle n'avait pas besoin de pitié, ni de compassion. Elle avait besoin d'une main qui serait là, bienveillante, pour la soutenir et non pour sombrer dans la classique hypocrisie de la compassion.

- J'adore ce monde, mais je n'ai guère le temps de m'y aventurer. Quelques soirs par mois, je m'y adonne, corps et âme. Mais il ne s'agit pas tant de fusionner avec les noctambules eux-mêmes, mais plutôt de mener quelques enquêtes. La folie s'exacerbe dans l'obscurité, a ces instants où les frontières entre rêves et réalité sont fines comme du papier à cigarette. Cet aspect presque surnaturel me séduit facilement.

Innocence. Difficile de saisir ce à quoi Angelus faisait exactement référence, pour le coup. La jeune femme était de toute façon payée pour débusquer toutes les polysémies et les interpréter, et ce, depuis son plus jeune âge. Sans doute voulait-il dire que ce n'était pas la place d'une prof que d'errer dans les rues, la nuit tombée, à la recherche de quelques phénomènes paranormaux ou phénomène étrange. L'autre côté, celui de la candeur, de l'innocence d'une jeune vierge effarouchée brutalement lancée dans la vie réelle, ne collait pas du tout. La jeune femme avait vu des choses. Elle était loin d'être femme naïve. Elle savait se battre, du moins, se défendre, grâce à quelques cours et à beaucoup d'instinct. Elle avait beau être un petit bout de femme, elle était pleine de ressources inattendues. Et pendant qu'elle souriait intérieurement à certains légers souvenirs qui passaient dans sa tête, elle ne cillait pas, son coeur s'éveillant de nouveau tandis qu'elle prenait conscience avec une acuité sans cesse accrue de son regard, son si beau regard, planté dans le sien... Ces instants si précieux...

- Ce que je vois...

Plus une affirmation qu'une question. Elle déporta légèrement son regard sur ses mains, pensive.

- La confrontation humain / mutant, je ne connais que quelques cas documentés et évidemment ma propre situation.

Elle lui faisait confiance. Elle lui faisait confiance...

- Ce que je vois dépasse l'imagination humaine. D'où leur mépris. Je vois. Je vois les morts violentes. Que ce soit à Achaea ou à Los Angeles, je ne peux pas parier par avance où cela se déroulera. Cette vision est d'ailleurs très étrange. Je suis soit à la place de la victime, ou alors je possède un point de vue relativement omniscient. Mais jamais je ne suis à la place des assassins. Cela ne semble sans doute pas répondre à votre question, mais en fait c'est ce que je recherche lorsque j'enquête la nuit. Je sais à quoi ressemble les derniers instants d'une victime. Mais les pensées d'un assassin restent hermétiques à tous mes efforts.

Son regard retrouva sa place, rassurante, dans celui d'Angelus.

- Je pense, peut-être à tort, que comprendre l'entièreté du mécanisme pourrait m'aider à maîtriser mon don. Ou ma malédiction. Je suis témoin presque tous les jours de la cruauté humaine, que ce soit dans mes visions, ou au commissariat. Et pourtant je dois me soumettre. Seule.

Le détective se supputa inhumain. De nouveau, la jeune femme sourit. Elle aussi avait été témoin, évidemment, de meurtres. Elle était même déjà morte. Plusieurs fois. Elle ne pouvait que comprendre le sentiment d'habitude qui émanait d'Angel.

- Oui, les premiers cadavres...

Elle grimaça légèrement, se souvenant de cette aventure encore récente avec Solveig K. Bjørn, la compagne du professeur Langford. Très classique, la jeune femme avait découvert, presque à l'aveugle, un corps qui se vidait de son sang dans un conteneur de ville. C'était tellement désagréable. Elle avait encore la sensation du corps mou et tiède, imbibé de sang, sous sa main gauche.

- J'essaie de m'y faire. Mais... A chaque fois, c'est comme si un nouveau visage s'ajoutait à ma collection de fantômes personnelle. Et un visage qui n'est même pas anonyme, bien que je ne connaisse presque rien de lui. Et il se range silencieusement avec les autres, en attendant que je les venge... Ces visages me hantent, Angelus. Je les vois la nuit. Ils ne disent rien. Ils se contentent de me regarder... Le pire étant les visages des enfants... J'ai tellement de mal à supporter cela.

Elle prêta une oreille attentive à son monologue. Elle sentait son regard vif la scanner, sans doute à la recherche de la moindre expression. Il avait raison, mon Dieu, il avait tellement raison. Joyce s'avança légèrement, baissant la voix.

- Je ne crois ni en l'homme ni en Dieu, ou je crois aux deux à la fois. Le manichéisme crée par les hommes, avec les pôles du mal et du bien, j'ai bien du mal à y croire. Trop artificiel, trop facilement établi. Je sais qu'il est plus facile de croire en ce qui incarne le mal, parce que c'est la loi de la nature qui l'impose.

Cela ressemblait dangereusement à une explication quasi nietzschéenne de sa propre vision de l'existence. Elle poursuivit, niant la conclusion nihiliste logique du philosophe allemand.

- Je crois en la justice, en la bonté, je crois à des valeurs qui sont belles, bien que théoriques. Je sais que l'homme est foncièrement mauvais. Je sais aussi qu'il peut accomplir de belles choses, s'il accomplit un travail monstrueux sur lui-même. Cet espoir est toujours permis. C'est ce qui m'anime, c'est ma foi. Il y a une bataille, oui, pour parvenir à un équilibre naturel. C'est ce qui tient tout. De chaque molécule, à l'homme, jusqu'à l'univers lui-même. Je suis une partisane de cet équilibre.

Elle le regarda. La conversation était grave, et c'était pour elle une agréable surprise : elle aimait à débattre de ce genre de choses. Non seulement la conversation avec Angel était plaisante, mais elle revêtait désormais un caractère dialectique rare. Joyce en conçut une grande reconnaissance.

Elle ne prit pas de dessert, mais un café directement.

- Vous pouvez appeler cela comme vous le voulez, selon ces trois appellations classiques : folie, stupidité, ou naïveté. Mais je doute de la véracité de chacune des convictions. Je pense qu'il ne s'agit que d'un moteur, que d'un moyen. Peu importe donc de qui a le plus raison entre le diable et dieu.

Elle plongea deux sucres dans son café. Souvenir de sa jeunesse qu'elle passait à rédiger des dissertations jusqu'à tard dans la nuit, ou tôt le matin, à forts renforts de cigarettes et de cafés sucrés.

- J'espère juste ne pas trop paraître ridicule à vos yeux...

Elle continua d'écouter son cher interlocuteur, attentive, tout en tournant sa cuillère dans la tasse de café. Elle la porta à ses lèvres et la suçota, pensivement. Jusqu'ici, elle n'avait pas rencontré de membres de l'opération Genesys, et n'en soupçonnait pas mêle l'existence. Cela étant, elle connaissait la réputation de l'Opération Apocalypto. Elle imaginait sans peine l'incompréhension future d'Angélus, et la future résolution de la laisser à son propre sort, alors même qu'elle souhaitait en sortir...

Cependant qu'elle distillait des informations avec prudence à Angelus, celui-ci se montra définitivement compréhensif. De nouveau, elle lui en fut reconnaissante : son offre aurait pu changer du tout au tout. Une femme visiblement célibataire était plus simple à envisager qu'une femme qui est déjà mère, ayant à la charge une enfant très malade. Angélus s'était montré un peu dur, sans être blessant, ce qui correspondait parfaitement à l'image que la jeune femme s'était forgée du détective. Et pour la première fois qu'elle osait se confier, elle n'attendait guère une révolution dans la réponse qu'il allait lui apporter. Elle s'attendait presque - quoique cela lui aurait été désagréable, eut égard à l'opinion qu'elle avait d'Angélus désormais - à ce qu'il lui offre un regard de compassion, en lui tapotant doucement l'épaule de la main. Il n'en fut rien.

Soudain, le contact. Celui qu'elle attendait, qu'elle n'osait même plus espérer. Soudain, les mains d'Angélus qui se posent sur les siennes. Elle retint son souffle, se raidit légèrement, instinctivement. Puis la douce chaleur de ses paumes s'infiltra doucement dans sa peau, réveillant des sensations refoulées au plus profond d'elle. Son coeur battait fort. Si fort qu'elle avait l'impression que ses veines battaient de concert, sans aucune discrétion, ce qui aurait trahi et roulé dans la honte la jeune femme. Sa position avait brusquement changé. Remords, promesse soudaine chevaleresque? A vrai dire, la jeune française n'en avait cure. Elle n'avait d'yeux que pour le détective, serrant instinctivement les doigts, en tâchant de prendre avec les siens.

« Je vous aiderais, Joyce. Je vous en fais la promesse éternelle. » Quatre mots pour la première phrase, quatre mots qui, pour la première fois, semblaient sincères. Oh, elle les avait déjà entendu, des milliers de fois, à l'hôpital ou au commissariat. La première fois qu'elle s'était assise dans la base d'Apocalypto, et qu'on lui avait signifié qu'on l'aiderait, c'était sur un ton condescendant, avec un léger sourire esquissé. On l'avait regardée comme une bête de foire, et à cet instant précis de son existence, le mot "aide" s'était lié avec celui de "coercition", ou d'emprisonnement : elle s'était elle-même liée poings et pieds, en se livrant à l'Opération, en désespoir de cause. Et dans l'autre cas, l'aide n'était finalement qu'un mot, rien de plus. Un mot porteur d'espoir, entraînant des connexions malgré elle, l'espoir que ce n'était pas fini, que sa petite n'était pas encore condamnée : on va vous aider, madame. On va vous aider... Le discours classique des infirmières, comme un leitmotiv qui devait faire effet sur les patients, mais aussi sur le corps médical lui-même. Si on s'engage à aider quelqu'un, on s'engage à ne pas craquer.

Mais cette offre-là était unique. Elle était doublée d'une promesse, une promesse éternelle. Jamais on n'avait employé de tels mots auprès d'elle. Son coeur s'était serré, de nouveau. Elle entrouvrit les lèvres, surprise : que répondre à cela? Mais bien plus, que comprendre ? Oh, Joyce savait bien ce qu'on disait à propos des promesses : elles n'engagent que ceux qui y croient. Mais, par Zeus, elle avait envie d'y croire. Elle voulait, de tout son coeur. Elle voulait qu'il la sauve, et qu'il reste près d'elle.

- Je... Merci...

Elle sentait sur ses mains les pouces du détective caresser sa peau. Elle ferma les yeux, serra encore un peu plus ses mains, entrecroisant les doigts fins du détective dans les siens, comme pour ne plus les lâcher. Elle voulait qu'il sente comme son coeur battait vite. Comme son coeur battait désespérément pour lui. Le décor avait disparu autour d'eux. Il n'y avait plus que son regard, son regard si sombre, ces deux lacs aux profondeurs insondables, fixés dans ses deux pupilles bleues. Il n'y avait plus que la sensation de ses mains sur les siennes. Joyce se sentait comme une adolescente amoureuse pour la première fois. Amoureuse... Elle n'aurait su définir si c'était de l'amour qu'elle avait ressenti pour lui à l'instant même où leurs regards s'étaient croisés. Mais elle n'aurait pu nier l'évidence de l'attirance qu'elle pouvait éprouver. Mais là, à cet instant précis, alors que la connexion semblait s'être de nouveau affirmée, quoiqu'avec un peu plus de force, elle ne savait plus. L'attirance seule est stérile. L'attirance seule n'avait pas sa place dans le voeu qu'elle formulait désormais dans son esprit : celui d'aller plus loin. De ne plus le quitter, ou seulement à regrets réciproques. Celui de voir où elle pouvait se rendre, s'il était capable de lui montrer une autre facette de l'existence. Et le voeu encore plus intime d'envisager quelque chose de plus sérieux. Elle avait trente-deux ans, ce qui était certes la fleur de l'âge, mais aussi le moment où la fougue de la jeunesse s'apaisait pour chercher quelque chose de stable et d'unique. Mais elle ne voulait pas encore se l'avouer...

Elle se rapprocha de lui. Une question lui brûlait les lèvres. Pourquoi elle? Mais cela aurait été sans doute le pousser à un aveu qui n'était pas nécessairement agréable. Leur posture la frappa. Elle s'était approchée et légèrement penchée vers l'avant, en parlant à voix basse. Ses mains étaient dans celles d'Angélus, sans que cela ne lui paraisse choquant. Quelle image ils devaient dégager ! Elle aurait tant aimé observer la scène de l'extérieur. Pour les voir, pour les croire amoureux. Mais en lieu et place de ces espoirs, de ces envies folles, elle ne put que dire, du bout des lèvres :

- Je ne sais pas comment vous remercier.

La nuit était définitivement tombée à Achaea. Partout fleurissaient les néons des voitures, les feux tricolores qui s'animaient d'un ballet bien coordonné, et les lumières des appartements, des fenêtres ouvertes pour saisir les premiers brins de frais de la nuit. Comme par une magie bienveillante, le restaurant s'était vidé tout à fait. Il n'y avait plus que le barman qui essuyait des verres, sans prêter attention à eux. Son coeur ratant un nouveau battement, elle s'approcha encore, gardant ses mains dans les siennes, et déposa un léger baiser sur la joue du médium, au-dessus de la table, les yeux fermés. Instant fugace à la glorieuse douceur... Rougissante, elle se rassit.

- Est-ce que... Je peux vous proposer un verre chez moi? Comme premier accompte...

Elle se mordit l'intérieur de la joue, se reprochant encore cet audace et attendit la réponse du détective.






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Angelus G. Hastings

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MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptyLun 15 Aoû - 9:00

    Pendant longtemps Angelus avait cru devoir affronter seul la souffrance de l’isolement. Plus qu’un moyen de survivre pour un homme qui avait passé trop longtemps derrière les barreaux d’une cage, cette souffrance l’avait conduit à une folie latente jusqu’à voir le monde autrement, comme une porte dont la serrure lui serait à jamais verrouillée, la clé manquant à l’appel. Angelus croyait que sa mission, son devoir de mémoire face à ces âmes égarées l’empêchait d’avoir une vie ‘normale’, de fonder une famille, de retourner à l’époque où le rire de l’enfant se faisait encore entendre dans les champs de blé. Il refusait de comprendre, il refusait de voir. Le monde ne tournerait pas plus rond parce qu’Angelus Hastings faisait son job et défendait la veuve et l’orphelin. Les mutants n’en seraient pas plus meilleurs par le combat qu’il s’était donné de mener, les humains non plus. L’individualisme oppose la solitude au social, la volonté à l’incapacité, la peur à la vérité. Or, le détective était un être depuis trop longtemps solitaire qui, sans manquer de volonté à se battre pour un monde plus juste, se mentait à lui-même. Et puis, il avait rencontré cette femme. Joyce. Une femme ordinaire pour un monde encore plus ordinaire. Une mutante, comme lui. Avec elle, il partageait plus que des mots, ils échangeaient des rêves, des sourires. Pour la première fois, il se sentait libre d’envisager autre chose. Et s’il s’était trompé ? Si pendant toutes ces années d’abstinence, il n’avait fait que perdre un temps précieux à défaut d’avoir une vie bien rangée ? L’homme qu’il était ne voulait pas, ne pourrait jamais avoir une vie bien rangée. Mais la tentation était trop forte. Il lisait dans son regard une passion commune qui le fascinait bien plus que les pages du Saint Graal. L’envie rugissante de partager ses idées, ses lèvres, son lit. Le sentiment égoïste qu’elle lui appartienne entièrement et de lui offrir son affection en retour. Peu à peu, Angelus voyait les limites qu’il s’était lui-même fixé disparaître pour laisser place à une émotion plus profonde encore. Une émotion qui le paralysait dans tous ses gestes et bloquait sa respiration. Une pensée confuse se matérialisait dans son esprit sans qu’il ne puisse la repousser. L’image d’une femme allongée sur l’herbe, le sourire aux lèvres, jouant dans les cheveux d’une petite fille aux boucles d’or. Plus loin, un homme approchait avec la démarche rassurante des grands félins. Près de lui, un enfant lui tenait la main. Des boucles d’or et le regard noir corbeau qui faisait la fierté de son père. En chassant cette inepsie, Angelus savait qu’il éliminait aussi toute tentative d’approche. Il ne l’invitait pas à entrer dans son monde qu’il savait damné. Et pourtant, elle en mourrait d’envie, il le lisait dans ses prunelles émeraude. Le plaisir que lui procurait cette conversation n’était rien en comparaison de l’étincelle qui illuminait le regard de Joyce en cet instant. Si Angelus n’avait pas aussi confiant, il avait sans doute détourné les yeux, les joues en feu par cet échange aussi torride que sensuel. Il n’y avait rien de physique, les mots suffisaient amplement. A sa manière, consciente ou non, de jouer de son innocence, de sa faiblesse face à un péril qu’elle ne contrôlait pas, Joyce avait touché Angel. Son ego, certes, mais pas seulement. La séduction est un piège mortel. Quiconque se prend au jeu doit en connaître les règles pour ne pas risquer de se faire piéger à son tour. Joyce connaissait-elle ses propres règles ? Les limites à ne pas franchir ? Non, biensûr que non. Mais c’était aussi ce qui faisait partie du jeu. Telle un lion se jetant sur sa proie pour la dévorer mais se délectant à l’avance du supplice qu’il s’apprête à lui faire subir. C’est ainsi que l’on pouvait comparer Angelus. A un fauve. Sans doute moins expérimenté, mais plus tenace. L’envie pressante de la faire sienne luttait actuellement contre celle qui lui recommandait la prudence. Il la voyait céder. La frontière séparant encore amitié et amour naissant se brisait au fil des mots. Bientôt, il ne pourrait plus résister, bientôt il lui faudrait céder à son tour.

    Il fallait qu’il s’échappe. Qu’il fuit ce lieu, cette femme. Elle avait un impact trop important sur sa personne pour courir ce risque. Le risque d’aimer et d’être aimé en retour. N’est-ce pas le désir de tout un chacun ? Si, sûrement. Il avait appris depuis si longtemps à ne suivre que son instinct, parfois sauvage, que de devoir se réhabituer aux règles de la civilisation, aux règles de la courteoisie lui faisait peur. Avec ses phrases bien tournées, et la sensualité présente dans son timbre, Angelus aurait pû écouter Joyce lui parler toute la matinée si d’autres obligations ne lui étaient pas revenues en mémoire. Ils devaient absolument écourter leur entrevue sans quoi, il se retrouverait ce soir avec de nouveaux maux de têtes infernaux. Et pourtant, ils étaient si proches, si semblables par bien des aspects qu’il avait la curieuse impression que s’il la laissait, il laisserait aussi une part de lui en arrière. Se revoir était une option qu’il n’avait pas imaginé depuis lors, le destin en avait décidé autrement. L’innocence qu’il lisait en elle lui faisait craindre pour sa propre sécurité. Oh biensûr, il n’ignorait pas qu’elle devait savoir se défendre et ne parlait pas non plus de l’innocence fragile et soumise des jeunes adolescentes. Non, plus une amertume face aux coups durs de la vie qu’elle avait subis jusqu’à aujourd’hui. Comme un cauchemar dont elle avait du mal à se sortir ou encore, une vie trop trépidante pour lui laisser le temps de respirer un bon coup. Et c’était là qu’intervenait Angelus. Là qu’il voulait intervenir. Il était son rêve éveillé, sa bulle d’air, et son guide. Angelus voulait lui apprendre, comme disait autrefois un célèbre pirate, que la mort est une expérience qui mérite d’être vécue. Les visions qui traversaient son esprit étaient terrifiantes, sordides. Se confronter à ce phénomène seule relevait presque de l’exploit aux yeux du médium. Son don lui permettrait sans doute de la rassurer quant à l’esprit défunt de ces morts. Peut-être qu’en lui parlant de sa faculté, en sachant ce qu’ils avaient vécu avant de mourir assassinés, piétinés ou violés, l’homme pourrait lui apporter une vision plus juste, ou tout du moins, moins sombre du passé et de l’avenir. Il en avait la conviction.

    Son attention lui était entièrement dévolue. Face à elle, la table désormais vide de tout ornement depuis que le serveur avait emporté assiettes et autres ustensiles pour ne ramener qu’une petite tasse de café chaudement commandé par la jeune femme, Angelus l’observait en silence, attendant une réponse qui ne tarda pas à venir. Elle lui parlait de son don, de ce qu’elle voyait, de ce qu’elle entendait, de ce qu’elle ressentait. Lui se sentait concerné par ce cri de détresse d’un nouveau genre. Malgré tout, il n’avait aucune réponse à lui apporter. Il avait évidemment connu des meurtriers pour en avoir personnellement envoyé certains aux portes de l’enfer. Pourtant, il n’était pas psychologue, pas plus qu’il ne connaissait leurs motivations lorsqu’ils commettaient leurs crimes. Avait-il cherché ? Sans doute manquait-il de curiosité, certains le penseraient, mais l’expérience lui avait appris que les motivations n’avaient qu’une importance minime sur l’acte en lui-même. Les tueurs, quelqu’ils soient, prônent souvent une action qu’ils conçoient légitimes et salvatrice. Qu’il s’agisse d’argent, d’une femme ou de plusieurs, d’un sentiment de rejet de la société ou d’une envie brutale d’annihiler l’espèce humaine par pure cruauté, les criminels n’avaient aucun fondement philosophique. Angelus comprenait où se situait le problème de Joyce. Elle voulait savoir le pourquoi. Sauf qu’il n’existait pas toujours de réponse.

    « Vous n’êtes plus seule désormais. » se contenta de répondre l’homme en la dévisageant, rajoutant quelques secondes plus tard dans un souffle. « Et je peux vous aider à comprendre si vous le désirez. » Devait-il lui annoncer immédiatement ou attendre…un choix qu’il n’avait pas encore décidé. « Croyez-vous que connaître le visage de la mort vous aiderait à vous sentir plus …’libérée’ de toute cette contrainte ? » Il paraissait sérieux. Elle, n’avait sûrement pas compris un traître mot de ce qu’il entendait par là. Ses traits demeuraient incroyablement sereins pour un humain. Comme si toute trace d’un passé trouble avait disparu à l’instant. Il n’avait aucun sourire sur les lèvres, pourtant, le regard sincère qu’il lui lança valait tous les sourires du monde. Un aveu de bienveillance… « Si vous connaissiez ces hommes et ces femmes qui sont morts, est-ce que cela vous aiderait ? Répondez-moi Joyce. » Le trouble qui s’était emparée de la jeune femme était perceptible à des kilomètres à la ronde. De quoi l’inciter à poursuivre sur cette voie. Il ne lui disait pas suffisamment pour qu’elle sache mais juste assez pour qu’elle comprenne l’aide véritable qu’il lui offrait sans contrepartie en retour. Joyce était l’incarnation même de la bonté. Dieu seul savait si cette vérité était avérée ou fausse, Angelus la voyait ainsi. Incapable de mal faire. Une mutante …au cœur humain si l’on puit dire. Il n’en avait jamais rencontré de pareil. Emu sans qu’il ait besoin de le montrer, sa douceur le surprenait toujours un peu plus jusqu’à l’inéluctable. Au fil de son monologue, de ses réponses, un sourire s’était installé sans qu’il ne s’en rende compte sur son visage jusqu’alors d’une neutralité troublante. Ils avaient la même opinion apparemment. Le bien et le mal, des complémentarités qui nous obligent à être meilleurs pour ne pas faire pencher la balance d’un seul côté. Un équilibre à sauvegarder pour la survie de l’espèce.

    « Je serais stupide de trouver ridicule une femme telle que vous, Joyce. »

    Encore une fois, quelques mots suffirent à transmettre ses pensées. Il n’était jamais très bavard, elle devrait s’y faire. Autour d’eux, la brasserie se remplissait peu à peu. Le temps filait à une vitesse ... Il était temps pour le médium qu’il était de retrouver une vieille connaissance. Sans compter John qui n’avait pas réapparu mais qu’il savait devoir l’observer depuis un bon moment maintenant. Les mauvaises habitudes ont la vie dure comme on dit. Et alors qu’il s’apprêtait à partir, les derniers vœux de Joyce eurent raison de son départ précipité. Il la sentit se raidir légèrement au contact de ses doigts qui frôlaient le dos de sa main. Lui-même avait ressenti comme une sorte de petite décharge électrique qui avait remonté le long de son bras jusqu’à son visage qui avait pris une teinte plus pâle. Un nœud s’était même formé au creux de sa gorge et son souffle avait manqué pour la première fois.

    « Je vous en prie. »

    Son sourire n’avait pas failli, une fois encore. Et puis, surpris, il vit sa bouche se rapprochait pour lui chuchoter quelques mots. Pendant un instant, il eut soif de ses lèvres qui se mouvaient à quelques centimètres des siennes. Reculer aurait été la meilleure solution. Tel un automate, il ne put pourtant résister à la tentative de se pencher à son tour.

    « Je ne sais pas comment vous remercier. »

    Que n’avait pas dit… Sur le moment, Angelus dût faire un effort considérable pour ravaler sa salive et paraître aussi indifférent que d’ordinaire. Ses pensées se bouleversaient dans son esprit, renversant des principes précieusement acquis avec le temps au passage. « Moi je sais. Je sais comment vous pouvez me remercier. » Voilà ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Des mots qui l’auraient fait rougir lui-même par la conséquence qu’ils entraînaient. Des mots qui pouvaient paraître innocents de prime abord mais qui avaient un autre sens dans l’esprit du médium. La vision qu’il avait entrevue avait été d’un érotisme si réel à ce moment-là qu’il culpabilisa de l’avoir imaginé en de pareils atours. D’ailleurs, il s’était brusquement redressé sur son siège, son cœur manquant un battement, tandis que sa peau était devenue aussi blanche que celle du marbre. Le supplice ne s’était que trop éternisé, il devait y mettre un terme avant de dépasser des limites qu’il avait lui-même tracées. Le baiser de Joyce n’avait fait que lui rappeler la naiveté de son cœur face à ce type de situations. Il n’avait jamais connu de femmes. Ou alors quelques-unes, sans véritable importance à ses yeux. Mais Joyce, …si différente, si…attirante… Ses paupières s’étaient abaissées en sentant ses lèvres se poser sur sa joue froide. La légèreté de son geste contrastait avec la chaleur qui irradiait ses reins actuellement.

    « Je …Non, je ne peux pas. »

    La déception qu’il lut dans son regard lui fit songer qu’elle méritait un tant soit peu de considération et d’explication de sa part.

    « J’ai une affaire urgente à régler. Veuillez me pardonner Joyce. »

    Il s’était levé de table, masquant son trouble par un calme olympien.

    « Peut-être une fois prochaine. Je sais où vous trouver. »

    Sa réponse lui paraissait trop brutale pour être crue. Les mensonges ne lui servaient à rien. Pas plus que l’indifférence. Il avait envie de la revoir. Pourquoi se montrer aussi fuyant alors même qu’il y a deux minutes à peine, il se serait pratiquement jeté sur elle pour lui voler un baiser. Cela n’avait aucun sens.

    « Je suis désolé. » ne put-il retenir en s’éloignant de la table, incapable de rester à ses côtés une minute de plus. Ce n’est qu’après leur déjeuner payé à ses frais – il était un gentleman hors pair malgré ses nombreux défauts – que l’homme se retourna pour lui jeter un dernier coup d’œil, avant de s’éclipser de la brasserie et de disparaître au coin d’une rue. La solitude l’avait reprise en son sein. Perfide et possessive, il l’avait suivi sans chercher à comprendre le poids qui alourdissait peu à peu un cœur qu’il croyait mort depuis longtemps.


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MessageSujet: Re: « Pour un regard qui m'a paru si familier » « Pour un regard qui m'a paru si familier » EmptySam 27 Aoû - 19:43

Qu'aurait-elle donné pour être la femme de cette vision? Les possessions matérielles étaient tellement triviales. Sa vie ? Trop éphémère. Son coeur, peut-être même son âme. Sa chair humaine lui semblait tellement méprisable à côté de la pureté de son regard. Au diable ce qui est périssable et corrompu. Elle voulait lui offrir ce qui était éternel, ce qui ne pouvait s’acheter, ce qui, pour elle, était ce qu’elle avait de plus beau. Son cœur, gonflé de ses plus belles valeurs, de ces concepts qui atteignent comme une perfection inintelligible. L’amour de la justice, de l’équilibre, de la bonté. Joyce était un ange tombé du ciel, aux ailes brûlées par le mépris et l’incompréhension des hommes. Elle était perdue sur Terre, jetant des regards de détresse aux hommes, et ne rencontrant que le vide de l’ignorance. Exister. Ex-sistere, se tenir en dehors. Vivre. La reconnaissance. Hegel avait mis le doigt dessus. Nul ne pouvait vivre sans reconnaissance, sans qu’un homme se dresse sur notre chemin et se considère comme notre égal. Jusqu’ici, la jeune femme ne vivait que de relations déséquilibrées. En tant que professeur d’université, elle était la supérieure de tous ces étudiants qui prenaient des notes, fébriles, suspendus à ses lèvres fines, qui, sans jamais se fatiguer, parlaient de la beauté de la littérature française. En tant que mutante, elle était enchaînée, chienne parmi les animaux, pucée et vaccinée, maîtrisée et exploitée, comme une bête de somme. Le regard des policiers lui faisait clairement comprendre qu’elle n’était qu’une créature inférieure, à peine digne d’être un rat de laboratoire, en tout cas certainement pas à la hauteur de l’humanité qui glorifiait leur personne. Elle n’avait pas le droit aux émotions, à l’amour, à peine aux sensations de la douleur et de la soumission. L’homme est un animal raisonnable, écrivait Aristote. Elle n’était donc pas digne de raison. Et comme tout animal doué de l’instinct de survie, elle ne faisait que protéger sa progéniture. Ce regard était tellement récurrent autour d’elle que cette conception ultra pessimiste avait fini par s’ancrer dans sa tête. Elle était devenue cet animal.

Angelus, le bel Angelus… Savait-il qu’il détenait un pouvoir sans fin sur elle ? Soupçonnait-il ne serait-ce qu’un peu que pour Joyce, son prénom était comme porteur d’une prophétie, en tout cas d’une promesse ? Angelus pouvait être cet ange qui déploierait ses ailes majestueuses au-dessus d’elle, pour lui rappeler sa dignité. Pouvait-il savoir qu’un peu de son amour pourrait enfin raviver la flamme de l’existence dans le cœur certes jeune mais déjà fatigué, harassé, de la petite française ? Oh, elle le sentait, que tout était possible entre eux. Que ce ne serait pas une de ces aventures physiques qui lui rappelait sournoisement qu’elle était certes humaine, mais que cette humanité lui serait volée la seconde même où l'étreinte serait terminée. Qu’il y aurait plus que des gestes, plus que des caresses. Il y aurait une interprétation de ces gestes. Il y aurait aussi une communication tacite. Des gestes, des regards, des sourires, l’impression furtive d’une pensée qui s’effile dans l’air. Cette envie permanente de le toucher, de demeurer dans son étreinte virile, de se noyer dans son odeur, pour finir par être entièrement assimilée par l’être aimé, par lui appartenir corps et âme dans un instant de fusion qui n’avait pas de prix. Un avenir s’offrait à elle, enfin, un espoir. De manière égoïste, pour elle seule. Enfin un peu de bonheur qu’elle garderait rien que pour elle. Alexiane entrait bien sûr dans ses considérations, mais ce qu’Angelus lui offrait l’atteindrait en premier avant d’avoir des conséquences positives sur sa petite fille.

Pour lui, pour un regard, elle se saignerait aux quatre veines. Elle irait jusqu’à tuer, en déchirant entre ses griffes furieuses le corps de l’infortunée qui oserait lui faire de l’ombre et voler un regard d’Angelus. Oh, bien sûr, ce n’était pas à prendre dans le sens littéral. Elle était bien trop subtile pour cela. Non, elle mènerait une croisade psychologique, une guerre sans pitié qui ruinerait la rivale virtuelle. Angelus, rends-moi humaine, rends-moi ma liberté. Insuffle l’espoir dans ma poitrine fatiguée. Donne-moi tes lèvres, tes mains, accorde-moi le privilège de te presser contre mon sein.

Et tandis qu’elle pensait, qu’elle songeait, qu’elle fantasmait sur un contact le plus minime avec le médium, le monde autour d’elle se réduisait à des lignes, des bruits effacés, puis quelques murmures, et enfin le silence. La puissance de l’échange de leur regard. Elle l’aurait donnée pour rien au monde. Enfin, elle y parvenait ! Enfin elle pourrait enfermer cette impression dans sa mémoire, en y gravant chaque instant. Il ne fallait que rien ne subsiste, aucun bruit parasite, juste cet instant magique où elle voyait ses propres prunelles luirent dans les siennes. Dans ses envies les plus folles, les plus tacites, les plus enfouies en son cœur, elle voulait être cette femme, cette épouse, elle voulait être celle qui partagerait l’appartement d’Angelus et lui apporterait quelques joies dans ce monde. Et dans le don inconditionnel de son corps et de son âme, pourquoi pas… Non, ce serait sans doute folie. Elle s’emballait aussi rapidement que son cœur qui cognait dans sa poitrine. Le fruit de leur amour germant en son sein. Elle donnerait… Bien trop pour que des mots puissent le définir.

Angelus pouvait tout cela. Il pouvait lui ouvrir assez de portes pour que son esprit s’étonne de la quantité. Non seulement il venait de libérer celle de son cœur, mais il pouvait lui donner des réponses. Elle n’aurait jamais espéré que quelqu’un puisse lui apporter une réponse. Elle restait elle aussi suspendue à ses lèvres, fascinée par ce discours atypique que bien peu de gens devaient avoir eu le privilège d’entendre – en tout cas… elle l’espérait.

Les fantômes hantaient son existence. Mais des fantômes qui ne demandaient rien et qui finissaient par rejoindre sa collection personnelle, le regard plein de reproches à cette femme qui savait mais qui n’avait rien fait. Des gens qui ne parlaient pas, qui hurlaient de douleur quand le couteau fendait la peau, la couche supérieure de graisse, puis les muscles. Des gens anonymes qui peuplaient les colonnes des journaux, option « faire-part de décès ». Elle, elle ne comprenait pas. Pourquoi était-elle toujours dans la position de l’animal traqué, de celui qui était tué, ou qui souffrait ? Empathie ? Elle ne savait pas, elle ne comprenait pas. Peut-être que ses propres doutes catalysaient le phénomène. Que c’était sa propre peur de la mort qu’elle voyait à travers le regard incompréhensif des assassinés. Comment, pourquoi ? Peut-être que sa propre conception, sa propre acceptation de l’évidence qui hantait tous les hommes depuis leur naissance, comme l’écrivait Heidegger, était la clé. Elle ne pouvait pas aller plus loin, parce que la mort était quelque chose qu’elle ne supposait pas pouvoir être comprise par les hommes.

Et visiblement, elle avait tort. Qui était-il, cet Angélus, pour connaître ainsi le visage de la mort ? Pouvait-il réellement la voir ? Si c’était le cas, elle supposait que bien peu de gens étaient au fait. Combien ? Dix ? Cinq ? Deux ? En envisageant Angélus, cette légère méfiance permanente, elle rectifia immédiatement : personne ne devait être au courant. Son souffle se coupa. Il lui proposait de voir. Etait-ce un piège ? Elle n’avait pas envie de croire à un piège. Elle voulait lui faire confiance. Elle voulait lui faire aveuglément confiance. Et s’il lui proposait… C’était un privilège. Quelque chose qu’ils pourraient partager. Juste elle et lui. Comme un secret. Quelque chose de réellement unique. Elle prit son inspiration, le regarda, la voix à peine tremblante, pour signifier son trouble. Il avait juste l’air extrêmement sérieux. Sa surprise passée, elle prit la parole.

- Voir le visage de la mort. Je ne me sentirais pas libérée. Personne n’est libre face à la mort, tout le monde est à égalité. Mais… Je comprendrais. Je veux comprendre. Comprendre m’apaise. Et connaître ceux que j’ai vus…

Elle baissa un instant le visage, réfléchit. Oui. Connaître supposait une interaction. Chaque interaction était une communication. Et cette communication lui permettrait sans aucun doute de demander pardon. Pardon pour son impuissance. Pour son incapacité à agir parce qu’on la tenait muselée. Ce n’était pas qu’elle manquait de volonté… Elle voulait pouvoir regarder leurs visages, enfin, pour être apaisée. Pour que la rédemption lui soit accordée. Son cœur battait fort, encore. Elle voulait tellement le croire. Elle hésita de nouveau à prendre sa main. Mais elle se retint.

- Vous sauriez faire cela ? Vous pourriez me les montrer ? Ou ne serait-ce que leur dire à quel point je suis désolée ? A quel point je regrette mon incompétence ?

Elle se mordit la lèvre inférieure, son regard océan reflétant sa douleur et sa frustration. Mais quelque chose n’allait pas, dans les réactions de son interlocuteur. Comme si elle le troublait réellement. Comme si elle le soumettait à quelques supplices qui s’éternisaient. Quelque chose qu’il ne pouvait pas supporter. Son cœur battait vite, si vite. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Son départ relèverait du déchirement pour la jeune femme. D’un échec de sa part à retenir l’espoir.

Et comme dans un rêve c’est ce qui se passa. L’abandon, l’oubli, la mort spirituelle. Il partait, il devait partir, pour quelques affaires urgentes. Son cœur se serra douloureusement. Elle devait le retenir. Pouvait-elle le retenir ? Bien sûr que non. Elle avait compris que c’était fichu, terminé. Qu’il ne reviendrait pas sur ses pas. Elle se détesta alors instantanément, coupable de cet abandon. Tout se passait tellement bien, plus qu’un rêve. Elle était bercée par sa voix, envoûtée par son regard, attirée par la peau albâtre de son visage et ses lèvres pâles. Et en un instant, elle était de retour dans la réalité, avec toute la violence du monde. En un instant, elle avait conscience de la table désormais vidée de tout accessoire. Conscience des regards, des autres gens qui divaguaient sans doute avec aucun but dans la ruelle. Elle était surprise, peut-être un peu blessée – quoi qu’elle ne l’aurait jamais admis. Elle avait mal. Elle avait honte de son comportement. Elle se mit à tenir ses distances, le regard préoccupé. Il paya. Elle esquissa un geste pour l’en empêcher, mais se retient de nouveau : elle n’avait pas envie de rajouter du malaise à cette situation qui était déjà pour le moins embarrassante. Elle n’avait pas envie de gêner, encore.

Pourtant, il donnait l’impression qu’il voulait la revoir. En tout cas la possibilité se dessinait sous ses paroles. Ce serait facile : ils côtoyaient le même endroit, heureusement ou malheureusement. Elle envisageait mal le moment où ils se reverraient au commissariat. Ou si au contraire elle comprenait qu’il l’évitait. Elle n’avait pas envie d’envisager cette situation. Elle le regardait partir, seul, si beau, si grand, si… si seul. Et elle, elle n’était plus qu’une ombre, dans la foule des anonymes, après qu’il l’ait saluée. Elle se mordit la lèvre de nouveau, et décida de faire un geste inconsidéré.

- Angel…

Elle se mit à courir, jouant des coudes dans la foule qui rentrait chez elle, maugréant, les mains dans les poches, les visages baissés, les conversations anonymes. Angel. Ce nom résonnait dans ses oreilles et dans sa poitrine. Elle courait, comme une adolescente après son premier amour. Elle allait faire un geste qu’elle allait encore regretter, mais quitte à ce qu’il parte avec une idée négative de sa personne, autant bien enfoncer le clou. Elle évoquait quand même l’espoir secret de le ramener, de le faire changer d’avis, ou de définitivement le conquérir. C’était romantique, c’était rempli de clichés, c’était tout ce qu’elle aimait. Elle avait le rouge aux joues, tandis qu’elle courait vers lui, comme une amante court le long du quai de la gare pour retrouver son soldat.

Elle aurait voulu se jeter dans ses bras, mais cela aurait été trop. Elle s’arrêta à quelques centimètres de son visage, tremblante. Sa main avait trouvé dans sa course une de ses cartes de visite : en tant qu’enseignante surqualifiée, elle avait droit à ce privilège. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds, effleura juste le coin de ses lèvres, sans l’embrasser ni simplement déposer un baiser sur sa joue. Non, ses lèvres douces touchèrent les siennes, dans une seconde qui aurait dû s’éterniser. Elle se recula, après avoir rouvert les yeux.

- S’il vous plaît…

Sa main alla trouver celle du détective, tandis que ses yeux clairs ne quittaient par le puits sombre de son regard. Elle déposa la carte froissée, contenant son numéro personnel. Ses lèvres disparurent une seconde en une ligne fine.


- Rappelez-moi. S’il vous plaît.


Elle baissa les yeux et fit un pas en arrière, gênée. Elle murmura, du bout des lèvres.

- Merci pour tout… Merci.

Elle le regarda une dernière fois, puis courut se réfugier dans la foule pour une fois accueillante, en rentrant chez elle, éperdue et perclue des douleurs du cœur.


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Angelus G. Hastings

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