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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyMer 23 Mar - 15:33


Sujet libreMarek I. Hopkins


Spoiler:

     Plic, ploc, plic, ploc, le bruit répétitif des gouttes carmines qui coulent de la plaie béante... Plic, ploc, plic, ploc, une douce musique qui berce le balafré, ses yeux couleur charbon, fermés sur cette vision qui captive son attention depuis quelques minutes, il se délecte de la douleur qui émane de cette brebis. Plic, ploc, 270, 271, il compte lentement chaque bruit, une larme purpurine qui éveille ses sens, l'odeur métallique et si familière du sang qui s'élève doucement autour de lui, il se sent bien, il se sent revivre. Plic, ploc, 278, 279. Marek se redresse, sa main s'avance lentement vers la plaie ouverte sur le cœur de sa victime, il recueille la larme de sang qui tombe de la blessure avant de rabaisser le tissu qui bouche l'entaille, empêchant aux gouttes suivantes de rejoindre la petite auréole carmine formée sous le corps de son élève. Il n'a pas réussi à trouver ce qu'il fallait en lui pour survivre, c'est tellement dommage, la petite flaque de sang s'est transformée en un lac rouge, le lac des enfers ? Il ne manque plus que Charon et Cerbère pour compléter le tableau. 279 larmes de sang, comme le chiffre qui l'obsède depuis qu'il a été enfermé dans cet asile, sous prétexte que son esprit « malade » avait besoin d'être « soigné », mais peut-on soigné l'évolution ? Ce serait comme de demander à un être du vingt-et-unième siècle de redevenir un homme du moyen-âge. Une stupidité pure et simple, Marek ne comprenait pas et ne comprendra jamais l'esprit des humains et des mutants qui l'entourent, ils disent que c'est le sien qui n'est pas logique, mais le balafré sait très bien que sa logique est imparable, il fait preuve de plus de bon sens que la majeure partie des habitants de cette ville, malheureusement ils sont trop aveugles pour s'en rendre compte....

     Le balafré incline légèrement la tête, posant son regard d'ébène sur le visage de sa brebis, sa tête a roulée sur le côté alors que la vie quittait lentement son corps. Marek l'a observée, tout le long des 279 gouttes qui ont glissé doucement le long de son flanc pour atterrir sur le béton froid du sol avec un doux bruit si familier, formant cette auréole sombre comme la nuit. Il sait être patient, très patience, mais qu'est-ce dont la patience lorsque la vision du temps est déformée ? La balafré ne comptait pas les minutes, les heures ni les années, il vit au jour le jour, mange lorsqu'il a faim, chasse lorsqu'il en a envie, dort lorsque son corps le lui demande. C'est une vie simple, presque à la manière d'un prédateur, un animal d'après ce que certains disent, mais en réalité, il n'est dépendant de rien, si ce n'est de son corps, une douce liberté qui lui permet de poursuivre son œuvre, former les jeunes brebis égarées à l'apprentissage de la souffrance. Le fou approche son visage de celui de la jeune brebis qui fixe le mur face à elle d'un regard vide, dénué de toute vie, il avance sa main pour caresser légèrement la joue de l'élève. Elle est froide. Plus aucun souffle ne sort de sa jolie bouche trop maquillée, pas plus que de son nez refait par un chirurgien trop grassement payé, elle a quitté cette vie pour un monde meilleur. Soupir déçu de la part du professeur de souffrance qui recule doucement, elle n'a pas réussi à trouver la véritable source de survie qui sommeille en elle et échouer à ce test ne laisse aucune chance, il n'y a qu'une issue : la mort. Il secoue doucement la tête, glissant sa main jusqu'à la poche de son sweat salit par des mois d'utilisation, puis en sort un magnifique rasoir, comme dans l'ancien temps et deux pièces de bronze. Il l'ouvre avec un bruit familier, celui de la lame en argent qui résonne dans la nuit, un sourire furtif déforme les traits de son visage, déjà ornés par un sourire de l'ange et diverses autres cicatrices.

     Il place les deux pièces sur les yeux de la jeune femme, une sur chaque œil pour payer son passage du Styx et lui permettre de ne pas errer éternellement sur les rives du fleuve des enfers. D'un geste appliqué de la main, comme un peintre met son dernier coup de pinceau, il trace un « 2 » sanglant sur son flanc, avant d'essuyer attentivement la lame de son instrument si précieux, puis de se détourner, laissant là cette brebis égarée. Sa main se glisse à nouveau vers sa poche alors qu'il s'arrête sur le pas de la porte de ce vieux bâtiment, levant les yeux vers la lune qui brille dans le ciel. Les sorcières sont de sortie par ce temps. Ses yeux se ferment, il inspire longuement, levant son visage vers le ciel, sa capuche rabattue retombe légèrement, dévoilant la grosse balafre qui orne sa gorge, courant d'une oreille à l'autre, souvenir du passé laissé par un fou de l'asile qui avait fait la sottise de jouer au jeu de la mort tant aimé par l'hostile. Le corps n'est qu'une chrysalide, destinée à évoluer pour permettre à la chenille de devenir papillon. Pour pouvoir se hisser vers l'évolution suprême, il faut connaître la souffrance, apprendre à la dompter, se délecter d'elle, vivre avec elle, évoluer, sacrifier ces choses si secondaires, le physique change avec le temps. Les paupières tombent, la peau se détend, des rides apparaissent, accepter de voir son apparence changer, c'est éviter les faiblesses qui découlent de l'âge, et l'hostile est bien décidé à le faire comprendre aux autres.

----- 3 heures plus tôt -----

     Tac, tac, tac, les bruits de talon de la brebis égarée devant lui se font de plus en plus forts, de plus en plus présents, Marek n'entend plus que ce bruit, si détestable, si agressif, ses oreilles manifestent leur mécontentement en sifflant désagréablement. Il fronce les sourcils, ce bruit, il faut le remplacer, apprendre à cette brebis que les atouts qu'elle présente, les magnifiques atours qu'elle arbore et le maquillage trop présent qu'elle s'étale sur le visage, ne suffiront pas à sauver son âme de la damnation. Elle doit comprendre la réalité de la vie, la beauté de ce que la nature nous a confié, elle doit cesser de gâcher son existence en vendant ses charmes à des hommes désireux de la posséder. Tac, tac, tac, il marche derrière elle, la brebis s'arrête soudain, il est soulagé, ce bruit a cessé en même temps. La jeune femme se retourne, s'aperçoit qu'un homme la suit, mais au lieu de l'habituel expression d'inquiétude qui apparaît sur le visage des autres brebis, c'est un sourire amusé qui naît sur ses lèvres. Tac, tac, tac, elle approche de Marek, s'arrête devant lui alors qu'il fixe le sol, et ses chaussures qui produisent ce bruit contre nature. Elle avance sa main, caresse furtivement l'épaule du mutant en s'adressant à lui.

     « Et bien mon joli, trop timide pour m'appeler, tu veux qu'on s'amuse tous les deux ? »

     Il lève les yeux, plonge son regard de braise dans celui de la brebis, elle porte des lentilles de couleur, il soupir, sa voix est encore plus insupportable que le bruit de ses talons, ses propos sont offensants, il tend son don alors qu'elle se remet à parler sans que Marek ne l'écoute. Le murmure désagréable de sa voix, il doit cesser, le fou ressent une irritation grandissante alors qu'il commence à trier les souvenirs de la jeune femme, son visage de marque d'une surprise alors qu'elle sent l'incursion dans son esprit, il retire quelques bons souvenirs, sa dernière prise de drogue, sa dernière sortie, les épaules de la demoiselle s'affaissent soudain, sa voix cesse, Marek se sent soulagé, il esquisse un sourire, donnant une nouvelle dimension à son sourire de l'ange. Elle a cessé de parler. Il approche son visage du sien, et murmure quelques mots.

     « Je vais te faire danser une valse avec Charon, ne t'inquiètes pas ma brebis, je porte deux pièces de bronze pour payer ton voyage. »

     Puis il attire la brebis docile avec lui, vidée de ses souvenirs récents, seul le tac, tac, de ses talons se fait encore entendre, mais plus pour longtemps. Il l'installe sur une chaise et balafre son corps de coups de rasoir à des endroits stratégiques, après avoir pris soin de lui attacher les mains et les bras avec des fils barbelés, puis il lui rend ses souvenirs pour lui permettre de s'éveiller. Son regard se teinte d'une lueur d'incompréhension, il l'observe en silence et prend la parole.

     « Le corps n'est qu'une enveloppe charnelle qui doit évoluer, tu dois abandonner toutes ces choses inutiles, sacrifier une partie de toi pour pouvoir évoluer. Il faut dompter la souffrance pour pouvoir atteindre la maîtrise de ta vie, comprendre à quel point elle est précieuse. Il désigne ses bras et ses jambes, balafrées par la lame du rasoir et abîmées par les fils barbelés. Ce bâtiment est plein de vermines, autant humaine qu'animal, ce que vous appelez les rats, ils se nourrissent de tout un tas de choses. Le sang les attire, tu dois parvenir à te libérer, ou ils finiront par de trouver tout aussi appétissante que les hommes qui te payent pour tes charmes qui se flétriront. »

     Il recule, ignorant les pleurs de la brebis égarée alors qu'elle le supplie de l'aider, plic, ploc, les gouttes carmines comment à arriver, remplaçant le bruit des talons si agressif, Marek soupir d'aise, se délectant de cette berceuse si douce. Une symphonie de bruits plus étranges les uns que les autres, irrémédiablement liés dans l'esprit « malade » du balafré, il sait ce qu'il fait, comme un chef d'orchestre qui dirige un orchestre invisible que lui seul peut voir. Scritch scritch, le bruit des pattes griffues des rats qui commencent à arriver, le jeu a commencé.

----- Heure actuelle -----

     Marek tend l'oreille, entendant les bruits de pas des rats qui s'affairent derrière lui, un sourire éclaire ses lèvres alors qu'il ouvre les yeux, baissant son visage vers le sol, puis commence à marcher. Ses pas le mènent à un endroit qu'il ne connaît pas, il marche au hasard des rues, passant à côté de silhouettes floues et obscures qui n'attirent pas son attention, il tend son don de temps en temps, cherchant inconsciemment une nouvelle cible. L'odeur du sang le suit, pourtant il a à peine toucher celui de sa brebis égarée, c'est une seconde nature chez lui, comme si la mort et la désolation faisaient partie de son être. Un silence de plomb, il est debout, face à la ville, dans ce quartier perdu, les bruits lointains de la ville se font entendre, étouffés. La solution fait partie intégrante de lui, il n'a plus aucune difficulté à s'y faire, en réalité, sa grandeur d'âme le pousse forcément à être solitaire, comme on le dit, la solitude est compagne des grands hommes. Marek ne se considère pas comme supérieur, il sait simplement qu'il a réussi à finaliser son évolution, et son altruisme le pousse à faire partager son expérience aux autres. Là où vous dites fou, il dit professeur, c'est par bonté qu'il agit de la sorte, d'où le diagnostic des psychiatres qui le traitent de fou alors qu'il ne cherche qu'à aider la race, humaine ou mutante. Ce combat n'est pas le sien, il en a un plus important à livrer, que lui seul peut comprendre. Tic, tac, tic, tac, un bruit de pas, femme ou homme ? Humain ou mutant ? Bonne question, il l'ignore et cela a peu d'importance, ses yeux se ferment, il tourne le dos à la rue, son don tendu vers la brebis qui vient d'arriver, ses lèvres s'entrouvrent, il parle sans s'écouter.

     « Savez-vous danser la valse ? »

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptySam 2 Avr - 1:25

« Hey ! Tu veux danser ? »
Le type avait débarqué de nulle part, un sourire niait sur la face. Sourcil arqué, Esperanza le détailla de haut en bas. La petite trentaine, une calvitie naissante, des lunettes en demi-lune de vieux, un sous-pull saumon, et comble du mauvais goût : une veste en tweed en directe provenance d’un autre âge. Il avait une dégaine de dentiste puceau. D’ailleurs, la chasseuse avait manifestement très mal choisi sa soirée pour venir trainer dans ce bar. La musique était merdique depuis un bon quart d’heure et le DJ s’obstinait bêtement à enchainer les slows mous et soporifiques. En même temps, ce pauvre garçon ne faisait que se plier aux exigences pitoyables des clients qui réclamaient leur quart d’heure guimauve. Et pour cause, elle semblait être tombée le soir de la sortie annuelle de tous les mathématiciens chiants de la ville.
« Hey ! Moi c’est Marc, tu veux danser ? » réitéra le type en lui tendant une main dans l’espoir chimérique qu’elle la sert.

Bon Dieu, la réponse ne se lisait-elle pas clairement sur son visage ? Ce mec était-il totalement dépourvu de bon sens ? Est-ce qu’il allait réellement l’obligé à verbaliser son refus ?
« Tu veux un verre ? »
Oui, apparemment il avait très envie qu’elle verbalise.
« C’est sympa comme endroit non ? Tu viens souvent ? »
Esperanza saisit son cocktail et porta la longue paille indigo à ses lèvres avant de reposer son verre sur le bar devant le quel elle était assise. Elle fit jouer l’ombrelle entre les glaçons, priant silencieusement la Madonne pour que ce gros gland la lâche enfin.
« Tu… tu comprends c’que je dis ? Tu parle anglais ? »
Merci beaucoup, cher Marc, pour cette excuse toute trouvée.
« No hablo inglés, carajo »
« Oh ! Excuse-moi, hum… est-ce que tu… tu veux un verre ?! »
articula Marc avec exagération en mimant quelqu’un qui boit, la tête penché en arrière comme un simplet.
Il ne sembla même pas voir les deux yeux d’un noir intense se lever au plafond, ni le soupir agacé.
« Eres verdaderamente estúpido, hu ? »
« J’te demande pardon ? Rah, j’parle pas espagnol, c’est trop bête ! »
« Te es el idiota… »

D’accord, elle s’exprimait dans sa langue natale, dont Marc n’avait manifestement aucune notion, pourtant certaines choses étaient carrément universelles. On appelait ça le « body language ». Le langage du corps. Et c’était certainement là le langage le plus clair de la création, surtout lorsqu’il s’agissait d’Esperanza. Tout dans son expression, sa voix et son attitude respirait l’antipathie évidente qu’elle éprouvait pour ce gars, seulement voilà, elle était tombée sur un boulet qui se voilait la face et qui semblait penser que l’unique barrière entre eux deux était celle du langage.

« Hum, est-ce que tu… tu veux DANSER ? » lança Marc d’une voix sonore, comme si parler plus fort allait l’aider à se faire comprendre.
Surtout qu’il se sentait obligé de mimer chacun de ses mots. On se serait cru dans une partie de Pictionary durant un goûté d’anniversaire.
« Non ? Tu veux pas ? Pas danser ? »
« Ecoute, du gland, si tu m’pose encore cette question, j’te promets que la prochaine fois que tu danse, c’est avec un kiné… tu piges ?
»
Marc en avait finalement perdu sa langue. Merci Seigneur. Sa lèvre inférieure s’agita à deux ou trois reprise, comme si quelques borborygmes surpris restaient coincés à l’intérieur de sa gorge. Qu’ils y restent. Et avant que l’homme ne change d’avis et ne l’ouvre une fois de plus en la poussant à la violence, elle préféra s’éclipser.
La latina agrippa son cocktail, le gratifia d’un dernier regard éteint, puis se leva pour s’éloigner.
Tout en traversant la distance qui la séparait de la porte, elle termina son verre de quelques longues gorgées expertes avant de fourrer son cocktail vide dans les mains du premier venu.
L’instant d’après, elle était dehors.

Une fois sur le large trottoir, le dernier titre glamour à la mode que crachaient les enceintes du bar s’estompa pour ne plus être qu’un brouhaha indistinct.
Laissant pendre son sac à main au creux de son coude, la jeune femme passa ses doigts dans sa nuque pour soulever sa tignasse épaisse de boucles et la dégager de ses épaules dorées.
Ca n’était de nouveau pas ce soir qu’elle allait trouver le mari idéal, du moins c’est ce qu’elle avait songé avec toute l’ironie intérieure dont elle était capable. Et elle en avait plusieurs tonnes en stock.
Sa guigne avec les hommes l’en avait remplie. Les hommes n’étaient pas l’unique problème de sa vie, mais s’il avait fallut être précis, Esperanza aurait tapé dans les 60/40. La majorité de ses problèmes prenaient toujours leurs sources dans sa relation avec l’autre sexe. Peu importe le type, et peu importe la manière dont elle s’y prenait, ils réussissaient toujours à lui attirer des emmerdes avant de disparaitre –ou de lui donner envie de se sauver.

Trainant ses talons sans grand entrain, la jeune flic entama le chemin du retour, ses iris sombres absorbés par ses prunelles grossies de la pénombre ambiante des rues d’Achaea.
Elle vivait à trois ou quatre pâtés de maison de là. Le quartier n’était pas dégueulasse, bien qu’un peu glauque et craignos une fois la nuit tombée, comme tous les recoins de toutes les villes du monde cela dit. La vie citadine ne mettait personne à l’abri d’une rencontre malchanceuse, seulement dans le cas d’Esperanza, il fallait plutôt s’intéresser à sa définition personnelle de la chance.
Elle avait eu une journée longue et bien trop calme, une soirée plutôt chiante malgré les cocktails, bref, elle s’était tellement fait chier aujourd’hui qu’elle aurait presque souhaité un peu d’action.
Du moins c’était ce qu’elle ruminait, même si au fond, ça n’était pas sincèrement le cas.
Après tout, la baston, c’était son job, alors engager une bagarre en dehors du boulot, c’était un peu comme des heures sup’ non payée. Franchement quel intérêt ? Si elle voulait passer ses nerfs, il lui suffisait de rentrer, de faire quelques abdos, de prendre une douche avant de s’avaler des nouilles déshydratées, puis d’aller se coucher. Demain serait un autre jour, et avec un peu de chance, il se révèlerait plus coloré.

« Savez-vous danser la valse ? »

Esperanza ne l’avait pas entendu venir. Avant même d’analyser quoi que ce soit, son poing droit s’était dressé en l’air, comme un python prêt à mordre. Elle ne passa pourtant pas à l’action.
C’était un type tout seul, qui ne payait franchement pas de mine sous sa capuche. Après quelques instants de réflexion, elle en vint à la conclusion que c’était sans doute une méthode de toxico pour demander une pièce aux passants. Ce mec avait du snifer quelque chose de pas net avant de partir en quête de quelques dollars pour nourrir sa carcasse.
Pas de quoi paniquer en somme.
Elle baissa donc le bras, mais garda son poing fermé, juste au cas où. Après tout c’était bien connue, elle était aussi empathique qu’un pot de chambre et jugeait toujours assez mal les gens.

« C’est pas vrai, qu’est-ce que vous avez tous ce soir ? J’ai plus une thune frangin, va voir ailleurs » grinça la jeune femme avant de lui faire signe de dégager puis de reprendre sa route, la mine contrariée.

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyLun 4 Avr - 12:09

     Marek avait senti une présence, c'était tout ce qui lui importait, homme, femme, mutant, humain, tout cela n'était que secondaire, voir même tertiaire. Il tournait encore le dos à la brebis qui venait d'arriver, perçut un mouvement de la main qui semblait démontrer qu'elle ne comptait pas se laisser aborder par n'importe qui, puis les secondes s'égrainèrent. Dans son silence parfait, l'hostile laissait vaquer son don autour de lui, ce don qu'il symbolisait comme des mains invisibles, capables de pouvoir fouiller l'esprit d'une âme égarée qui se serait aventurée trop près de lui. Comme un pêcheur appâtait un petit poisson innocent, le balafré lançait sa ligne et attendait de voir quelle créature allait mordre à l'hameçon. Du coin de l'œil, Marek vit la main de la brebis se baisser, elle ne devait pas le considérer comme digne d'intérêt ou le voir comme un simple drogué qui était en pleine descente, grossière erreur. Le fou était aussi dangereux mentalement que physiquement, il avait la capacité de voler des souvenirs aux âmes égarées qui avaient perdu de vue le chemin de la vie, faire d'eux des sortes de légumes humains. Mais il avait aussi la capacité de faire naître la souffrance en chaque être, cette douleur si délectable qu'il tentait d'inculquer à tout le monde. Le brebis égarée ne se doutait pas qu'à côté d'elle, se trouvait une personne recherchée par la police pour des « crimes » odieux, alors que de toute son existence, il n'avait jamais coupé un fil de vie. Avait-il le droit de se prendre pour une Moire ? Atropos possédait à elle seule cette fonction et même si Marek se prenait pour un Inquisiteur envoyé par la nature et non un prétendu dieu, il ne s'accordait pas l'autorisation de supprimer la vie d'une créature vivante, qu'elle soit humaine ou animale. Les autorités compétentes de cette ville avaient les yeux voilés par l'ignorance, il ne comprenait pas que la mort de ses élèves était seulement une conséquence de leur passivité dans leur manière de vivre. Mais le balafré comprenait, il fallait avoir évolué pour cerner toute la complexité de l'ensemble qu'était son œuvre.

     Elle prit la parole, demandant ce qu'ils avaient « tous » ce soir, avant de rétorquer qu'elle n'avait pas d'argent et qu'il devait aller voir ailleurs. Oh, elle le prenait pour une raclure de la race humaine qui venait lui quémander quelques piécettes pour pouvoir subvenir à ses besoins ? Marek ne se comportait pas comme un humain, chose normale me direz-vous sachant qu'il était porteur du gène mutant, mais cela lui était égal, à ses yeux, tout le monde était égal dans la souffrance. La mort avait l'avantage de mettre tout le monde à égalité, pauvre, riche, humain ou mutant, ils étaient tous au même niveau. Le balafré voyait les souvenirs des gens, il pouvait aussi voir l'intérieur de leurs corps lors de ses expériences sur l'évolution de corps et avec le temps, le fou avait constaté que le sang était aussi rouge ou un humain que pour un mutant et que rien ne changeait. Cette brebis était aveuglée par les stéréotypes de la race humaine, ou mutante, il se contrefichait de savoir qu'elle avait des idées préconçues à son égard, l'Américain se chargerait de la détromper et de lui ouvrir les yeux. Un geste impatient dans sa direction pour lui faire comprendre qu'il devait dégager, avant de reprendre son chemin, affichant une expression aussi peu amène que le ton qu'elle avait employé à son encontre. Elle se jugeait comme supérieure à lui parce qu'elle possédait de l'argent, ce bien qui transformait un honorable père de famille en homme habitué à l'adultère et à la débauche. L'hostile apprendrait bien assez tôt à cette âme perdue qu'il ne fallait pas s'arrêter aux biens matériels, mais que derrière tout cela, se trouvait l'évolution qui lui permettrait d'atteindre un autre niveau de vie. Tic tac, tic, le bruit de ses semelles sur l'asphalte de la route se fit entendre, il grimaça légèrement avant de pivoter sur lui-même pour poser ses yeux couleur charbon sur la silhouette féminine qui commençait à s'éloigner. Il ne voyait que son dos, mais peu lui chalait, il ne retenait jamais les visages des gens qu'il croisait, son esprit malade refusait ce simple effort. Un comble pour celui qu'on appelait le pilleur des souvenirs.

     « La vraie pauvreté est celle de l'âme, une pauvreté dans laquelle le mental est toujours dans un tourbillon créé par les doutes, les soucis et les craintes. La pauvreté est une question de point de vue ma brebis, et je m'estime bien plus riche que toi, riche en connaissances aussi. »

     Elle avait toutes les raisons du monde de le prendre pour un fou, après tout c'était ce dont les médecins de l'hôpital psychiatrique avaient parlé non ? Ils réduisaient l'immensité du don qu'il possédait par un simple mot si barbare « la folie ». Marek ne s'estimait pas comme fou, bien que la folie n'était qu'une question de point de vue. De celui du balafré, la folie était plutôt celle de vouloir situer le temps, de se presser parce qu'il ne restait que quelques minutes avant la fin de la journée, des choses qui n'étaient pas palpables mais que tout le monde qualifiait pourtant. Le fou n'estimait pas qu'on puisse brider le temps, il mangeait lorsqu'il avait faim, dormait lorsque le sommeil le guettait, un rythme de vie tout à fait « original » mais qui pourtant lui permettait de poursuivre tranquillement son œuvre. Celle d'inculquer la souffrance aux pauvres ères comme cette brebis égarée. Elle commençait à s'éloigner, Marek n'avait aucunement l'intention de lui courir après pour essayer de la retenir, ce n'était pas son style, il marchait tout le temps. L'hostile ne se souvenait pas d'avoir un jour pressé l'allure, même lors de l'expédition spéciale de « L'Intéressant », il avait tout simplement marché alors que son « collègue » courait derrière les agents Apocalypto. Se presser, encore et toujours, ça le lassait vraiment. Son regard d'ébène quitta la silhouette de la brebis qui marchait alors très doucement, il tendit son don vers elle avant de lui caresser l'esprit, elle devait sentir une légère gêne sans parvenir à l'identifier, une sensation de malaise comme lorsque son cœur s'emballait sans raison. Il voulait commencer la « leçon », le passage du vouvoiement au tutoiement démontrait clairement qu'il venait de la considérer comme sa future « élève », mais il devait la sonder avant.

     « Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture, ne te l'a-t-on pas enseigné ? Le loup peut montrer patte blanche s'il a pris la précaution de masquer ses traits sur la peau d'une innocente brebis. Pourquoi repousser quelqu'un qui t'aborde pacifiquement en affichant un air aussi hostile que Cerbère ? »

     Son ton à lui était calme, très calme même, il faisait preuve d'une grande délicatesse dans sa manière de parler, on pouvait presque le considérer comme un « gentleman » si l'on exceptait le fait qu'il remplaçait les baise-main par des scarifications et des « tortures ». On pouvait toutefois cerner un fond de folie dans son ton et ses paroles étaient aussi étranges que celle d'une personne qu'on taxait de « folie ». Le maître des souvenirs qu'il était ne parvenait pas à se remémorer une période où il aurait parlé « normalement ». Son esprit « malade » était trop atteint par la gangrène, son don était un poison, un suicide de son corps par son esprit. Chaque utilisation du pouvoir dont la nature l'avait doté, avait un effet à double tranchant, il sacrifiait une partie de ses souvenirs pour chaque souvenir qu'il volait à une brebis, un souvenir positif, mais malheureusement ceux du balafré étaient très rares. Une épée de Damoclès qui finirait un jour par lui tomber dessus et sa vie serait achevée, son œuvre terminée, il ne pourrait plus se mouvoir, transformé en légume par ce que la nature lui avait confié comme arme. On ne saurait jamais tout ce qu'il avait œuvré dans sa vie et c'était bien pour cette raison qu'il devait partager ses connaissances à toutes les brebis égarées qu'il rencontrait. L'âme égarée avait arrêté de marcher, peut-être repartirait-elle rapidement en se disant qu'il ne valait pas la peine qu'elle sacrifie quelques instants de sa si précieuse vie, mais Marek ne lâchait pas l'affaire, il voulait en apprendre plus sur elle et lui apprendre l'art de souffrir. Ses jambes se mirent à bouger, quelques pas d'une lenteur calculée, il s'arrêta non loin de la brebis, comme s'il ne craignait pas de se faire frapper, il aimait la douleur et toute la souffrance qu'elle pourrait lui offrir serait délectable. Un bref moment de silence avant que sa voix si spéciale ne s'élève à nouveau toujours très polie.

     « Fuis-tu simplement la réalité ? As-tu peur de ce qu'un « pauvre » pourrait t'apporter ? Tu me menace de ton poing, mais sais-tu que toutes les armes du monde ne pourraient jamais parvenir à protéger ton esprit ? »

     Elle ne comprendrait certainement pas ce qu'il lui racontait, après tout on se fichait pas mal de son esprit lorsqu'un gars à l'allure très bizarre et qui vous déblatérait des choses sans importance, venait vous taper la discussion. Seulement, si elle avait pu deviner ce que le fou lui réservait, la brebis se serait mise sur ses gardes, elle n'avait pas les capacités de riposter face à une attaque mentale, mais Marek ne s'amuserait jamais à le faire aussi gratuitement. Chaque incursion dans son esprit serait travaillée à l'avance, il n'allait pas sonder ses souvenirs ses avoir pu en apprendre un peu plus sur elle. C'était ça la différence entre eux, le fou ne se sentait pas supérieur à la brebis parce qu'il possédait la capacité de la plier à sa volonté, il voulait tenter d'apaiser cette brebis qui menaçait de lui régler son compte.

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyMar 5 Avr - 23:26

Il y avait bien des manières de définir une personnalité, et bien des manières de décrire une façon d’être. Chose certaine, la personnalité et la façon d’être étaient bien souvent deux choses totalement différentes. Du moins c’était le cas chez la plus part des gens.
La plus grande qualité d’Esperanza, si l’on pouvait appeler ça comme ça, c’est que sa personnalité et sa façon d’être ne faisaient qu’un. Elle savait qui elle était et son attitude s’accordait toujours parfaitement avec ce qu’elle était, sans honte, sans gêne, sans dissimulation. Elle se fichait toujours un peu qu’on l’aime où qu’on ne l’aime pas. Elle vivait sa vie en fonçant droit devant et n’avait cure des conséquences. Elle se savait brutale, peu raffinée, jamais vraiment douce, rarement gentille, pas du tout patiente, souvent agressive et la plus part du temps, elle prenait son pied lorsqu’elle devait en venir aux poings. Heureusement, pour balancer de ce tempérament de bulldozer, elle assumait aussi cette autre partie d’elle-même. Elle était brutale d’accord, mais elle était aussi habile, elle n’était ni raffinée, ni douce, mais elle était loin d’être idiote, elle avait l’esprit aiguisé. Elle n’était peut-être pas gentille, ou patiente, mais elle avait la foi, et elle possédait cette confiance et cette assurance à toute épreuve qui lui conférait une sorte d’instinct qui la trompait rarement.

Tout le monde possédait un instinct, pas besoin d’avoir un gène mutant pour bénéficier de cette faculté-là. Pourtant la plus part des gens étouffaient leur instinct par manque de confiance. Ils ne se jugeaient pas assez fiable pour faire confiance à cette petite voix au fond d’eux, qui leur soufflait les réponses aux questions trop compliqués de la vie.
Esperanza n’avait pas se problème, car son côté fonceur l’empêchait de se remettre trop profondément en question et de laisser rentrer le doute à l’intérieur de son esprit. Le mauvais côté était qu’elle calculait souvent mal les conséquences.

Du coup, avec son discours du tourbillon de la crainte, ce drôle de type était mal tombé. Le doute les soucis et les craintes ça n’était pas vraiment le problème d’Esperanza. Pourtant cette phrase avait tout de même déclenché une petite lumière alarmée quelque part à l’intérieur de son cerveau. Ca ne venait pas de ce qu’il avait dit, mais plutôt de la manière dont il s’était exprimé.
Sa voix était doucereuse, détachée, mais on ne pouvait décemment nier les relents menaçants qui trainaient ça et là. En entendant cette voix, une image avait immédiatement sautée aux yeux de la jeune chasseuse.
Elle s’était souvenue des serpents qui peuplaient son désert natal, et en particulier, de ce Crotale qu’elle avait fini par tuer à coup de pierre sous les rayons dardant du soleil, durant son adolescence.
Cette voix lui avait évoqué ce souvenir précis, et Esperanza ne pouvait nier que c’était là la manifestation claire de son instinct qui lui soufflait quelques embrouilles à venir.
Une morsure de Crotale, c’était mortel après tout…

Mais ce souvenir s’évanoui bien vite, comme quelques poignées de sables soufflées par un vent désertique et brûlant. Presque malgré elle, la jeune femme avait ralentit l’allure de ses pas, comme prise par un vertige étrange que son rationalisme buté incomba à l’alcool des quelques cocktails qu’elle venait de s’avaler. Durant quelques instants, elle resta passive devant cet étrange malaise, comme hypnotisée par la voix du serpent qui recommandait à s’élever dans son dos. Mais le discours bizarre de l’encapuchonné la tira de ce flottement désagréable.
Soit ce type racontait n’importe quoi, soit il faisait preuve d’une profondeur un rien trop abyssal pour qu’elle le comprenne. Le temps qu’elle s’arrête de marcher, qu’elle adopte une expression incrédule et agacée et qu’elle se retourne, l’étranger s’était rapproché, continuant de lui susurrer ses inepties à deux balles.
Elle lui fit face, car on ne tournait jamais le dos à quelqu’un de potentiellement dangereux, et fit quelques pas en arrière pour tenir ses distances.

« C’est quoi ton délire avec les brebis ? T’es musulmans c’est ça ? » s’esclaffa Esperanza, moqueuse « Tu m’rappel un d’mes ex-maris. Lui aussi il se prenait pour un vampire des ténèbres à la con. Il me déballait sa philo morbide à deux balles en espérant que j’adhère, mais tu vois Socrate, c’est pas mon ex-mari pour rien. Alors sois gentil, rentre chez toi, change de pull, dors quelques heures, et trouve-toi un taff, j’crois que ça vaut mieux pour tout le monde »

Elle avait jeté tout ça d’un ton grinçant et léger, mais elle restait tout de même sur ses gardes, prête à lui faire goûter de sa propre philosophie de vie s’il devenait trop collant…

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyMer 6 Avr - 13:14

     Ce ton, il lui vrillait l'esprit comme les coups de marteau d'un indélicat voisin sur votre mur, un dimanche matin. Elle semblait sur ses gardes, Marek n'en comprenait pas la raison, il n'avait eu aucune attitude hostile à son égard, le balafré se contentait de lui parler. Son don caressait doucement les souvenirs de la jeune femme, il est vrai, ce comportement avait des fois le don d'éveiller d'agacement chez certaines brebis ignorantes, mais quelqu'un d'autre l'intriguait dans cette personne. Elle ne lui tournait pas le dos, le volte-face qu'elle fit lorsqu'il s'approcha d'elle, accompagné d'un recul très visible, indiqua clairement à l'hostile que sa brebis prenait peur. Ou peut-être pas peur, il observa son regard foncé quelques instants, cherchant des relents d'inquiétude, des traces de paniques, mais rien. La mystérieuse brebis n'avait pas peur de lui, elle se méfiait simplement de ce qu'elle ne connaissait pas. La peur handicapait une personne, l'amputait presque de ses réflexes de survie, elle pouvait se transformer en moteur si elle était suffisamment bien dosée, mais jusqu'à ce jour, Marek n'avait jamais croisé personne capable de l'employer de cette manière. Mais la méfiance n'était pas une bonne chose non plus, elle n'allait pas oser s'approcher, bandez les yeux d'un homme courageux et mettez-le dans une pièce sombre en lui disant que la sortie se trouve quelque part autour, cernée par des pièges, il n'osera pas se mouvoir. La méfiance et la confiance étaient aussi des handicaps, il fallait trouver le juste milieu, encore une fois. Le brebis prit alors la parole, elle lui demanda quel était son « délire » avec les brebis en se renseignant pour savoir s'il était musulman. Le fou n'obéissait à aucune religion, il ne considérait pas les croyances des humains comme dignes d'intérêt, son seul dieu, c'était lui et son rasoir bien aiguisé, rien de plus, rien de moins. La nature lui avait donné son pouvoir et il en usait pour faire comprendre au monde entier que la souffrance était la clé de l'évolution. C'était aussi simple que cela.

     L'âme égarée poursuivit en disant qu'il lui rappelait un de ses ex-maris qui se prenait pour un « vampire » qui parlait d'une philosophie morbide. Mais ce n'était pas le but du balafré, Marek se contrefichait que l'on puisse le considérer comme quelqu'un de glauque ou de quoi que ce soit d'approchant, la seule chose qui importait pour lui, c'était qu'il voulait lui faire comprendre que la souffrance était nécessaire dans la vie. Il n'y avait aucune raison de parler de la mort, la mort égalisait tout le monde, mais le fou ne voulait pas conduire ses brebis dans les bras du passeur du Styx, il voulait les amener vers une éclosion qui leur donnerait une perception nouvelle de ce monde. La brebis conclut alors en lui disant de rentrer chez lui, de se changer et de se trouver un travail, mais il en avait déjà un, une œuvre trop prenante pour qu'il puisse s'investir dans quoi que ce soir d'autre, son apparence peu reluisante en était la preuve. Il secoua la tête d'un air léger, comme pour lui faire comprendre qu'elle était dans l'erreur, des gestes lents, calculés, il ne se mouvait jamais pour rien, Marek était comme ça, il économisait chacune de ses paroles, chacun de ses gestes et tout était le fruit d'une intense réflexion. Elle était aveuglée par sa vie trop « normale », il devait lui permettre d'ouvrir les yeux sur une autre réalité, qu'elle comprenne que ce monde dans lequel elle vivait n'était que chimère. Sa voix basse avec sa pointe naturelle de folie, s'éleva à nouveau, alors qu'ils étaient à peine éclairée par la lumière d'un lampadaire trop lointain pour les détailler suffisamment.

     « Tu parles comme si tu détenais la vérité, comme si ton mode de vie était celui qui te permettrait de développer pleinement tes capacités. Qu'est-ce qui te fais penser que c'est toi qui détiens la solution, et pas moi ? Il pencha légèrement la tête sur le côté, bien qu'elle ne pouvait toujours pas cerner son visage dans cette demi-pénombre. Je ne crois en aucun dieu, je crois seulement en la race humaine et je sais qu'elle est destinée à une évolution que seuls quelques élus pourront passer. »

     Il parlait de la race « humaine », alors qu'il était lui-même mutant, mais le souci de la lutte qui opposait les mutants et les humains ne le concernait pas. Le balafré se moquait complètement que ses élèves soient des possesseurs du gène ou non, il avait été repoussé par les deux. Les mutants utilisaient les mêmes regards hostiles à son égard en voyant qu'il était « différent » dans sa manière de penser, que les humains lui réservaient. Il l'avait clairement exprimé à « L'Intéressant », cet hostile visiblement pourchassé par les humains pour des actions qui n'entraient pas dans leurs lois : il n'offrirait son aide qu'à des personnes qu'il considérerait comme dignes d'intérêt, qu'elles soient humaines ou mutantes. Si avait su que la personne qui lui faisait face était un membre d'une Opération qui luttait contre des gens comme lui, l'hostile s'en serait moqué, il avait déjà tenté l'évolution de plusieurs chasseurs qui n'en étaient pas sortis en vie, peut-être des collègues de la jeune brebis, mais ça lui était égal. Considérant qu'elle ne daignerait pas accepter ce qu'il lui offrait, à savoir de laisser son enveloppe charnelle actuelle derrière elle pour entamer une évolution qui la rendrait plus forte, le pilleur de souvenirs décida de passer à l'étape suivante. Il fit pénétrer son don dans les souvenirs de la brebis, commençant à fouiller activement les plus récents pour tenter d'en localiser un digne d'intérêt. De son côté, l'humaine devait sentir son esprit lui tourner, comme si elle avait trop bu, puis des souvenirs devaient défiler anarchiquement devant ses yeux comme si elle voyait sa vie se dérouler devant elle. Peut-être que son entraînement de chasseur lui permettrait de comprendre que ce « clochard » n'était pas n'importe qui. Finalement, Marek arrêta son choix sur un souvenir précis : un certain Logan qui lui avait brisé le cœur.

     « Ton cœur a déjà connu bon nombre de déception à cause de ce sentiment que tu appelles « amour » et pourtant tu t'obstines à vouloir le trouver. Logan ne semblait pas ressentir la moindre culpabilité à l'idée de te laisser seule. Est-ce que tu aimes tant souffrir, pour que tu recommences la même erreur à chaque fois ? »

     La souffrance, son moteur, certains considéraient que la balafré était un masochiste, qu'il ne se délectait que de ce que la souffrance pouvait éveiller en lui. Ce n'était pas faux, c'était peut-être d'ailleurs ce qui guidait ses choix, mais ce n'était pas sans raison. Plusieurs fois il avait frôlé la mort et désormais, il vivait comme bon lui semblait, les autorités ne parvenaient pas à lui mettre la main dessus, on ne lui avait encore jamais fait plus qu'il ne puisse supporter. Maîtriser sa souffrance, c'était maîtriser son point faible le plus présent, un homme qui n'était plus handicapé par sa souffrance, c'était un homme capable de résister à n'importe quoi. En fin de compte, lorsqu'on y songeait, il proposait tout simplement à cette jeune femme de devenir plus forte, mais encore fallait-il avait un esprit suffisamment éveillé pour réussir à comprendre ce que ça signifiait réellement et malheureusement, l'hostile tombait rarement sur des esprits assez éclairés. Elle allait peut-être s'énerver qu'il lise ainsi dans ses souvenirs, mais ça lui était égal, que pouvait-elle faire au pire ? L'attaquer ? Mais s'il ne craignait pas la souffrance, elle ne ferait que frapper la surface de l'eau sans l'atteindre en profondeur. Il soupira, si elle aimait souffrir, peut-être que ce serait un bon point de départ, il pourrait alors lui montrer réellement à quoi ces peines de coeur servaient : elle pourrait devenir une personne unique en son genre.

     « La souffrance est la clé de la réussite ma brebis, si tu acceptes de pouvoir sacrifier une partie de toi et que tu parviens à dompter ta souffrance, tu pourras être plus forte que tous ces gens que tu méprises. »

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptySam 9 Avr - 19:23

Esperanza s’était prit quelques cuites monumentales au cours de sa vie, dont certaines resteraient graver dans sa mémoire à tout jamais. D’autres avaient été un tout petit peu trop monumentales pour qu’elle s’en rappel justement. Tout ça pour dire que la jeune Mexicaine savait de quoi elle parlait lorsqu’il s’agissait d’alcool. Par extension, elle en connaissait aussi tous les symptômes, des plus faibles aux plus forts. Le premier étourdissement qu’elle avait ressentit lui était familier, bien qu’étonnant car elle n’avait pas bu tant que ça ce soir. Le second étourdissement lui, s’était fait plus violent, mais rien qu’elle ne sache gérer. Du moins, si ça n’avait été que ça…
C’est ce qui s’était déroulé juste après ce second vertige qui n’était absolument pas à mettre sur le compte de l’alcool. A moins que quelqu’un n’ait glissé une petite pilule magique dans son cocktail sans qu’elle ne s’en aperçoive, Esperanza savait que se retrouver piégé à l’intérieur de ses propres souvenirs n’était pas un effet commun à l’alcool.
Evidemment, si ce phénomène était survenu alors qu’elle était seule, chez elle, peut-être que la jeune chasseuse aurait simplement conclu qu’il était temps d’acheter quelques boîtes d’antidépresseur. Seulement il y avait ce type. Ce type étrange qui lui parlait d’évolution, et de race humaine. Des mots qui venaient teinter aux oreilles de la brune et qui lui étaient foutument familiers. Il ne fallait pas être Einstein pour comprendre. D’ailleurs, à sa place, Einstein aurait certainement été bien embêté sur ce coup-là. Après tout, chacun son truc. Einstein avait été bon en physique et en équations compliquées, Esperanza elle, son ‘truc’, c’était les mutants. Et plus précisément la chasse aux mutants. Elle ne savait que le minimum concernant l’ADN et ce genre de connerie, elle laissait tout ça aux petits scientifiques qu’elle croisait durant ses heures de travail. Cela dit, elle savait comment gérer les situations de crises, et elle savait aussi qu’une balle arrangeait souvent bien des choses.
D’ordinaire, la situation lui allait très bien comme ça. Encore une fois : chacun son truc, chacun sa spécialité. Mais pour le coup, elle était seule, dans les rues désertes, de nuit, face à un cinglé, manifestement porteur du gène muté, et plus manifestement encore, qui était capable de venir fouiller à l’intérieur même de sa cervelle…
Elle hésitait entre se dire qu’elle était franchement dans la merde, et se dire que finalement, c’était plutôt cool. Si jamais elle en sortait vivante, ça lui ferait une histoire vachement classe à raconter à Liam et Theo pour leur prouver par A+B+C+D qu’ils étaient naze, et elle pas.

Mais entre ce moment jouissif où elle viendrait les narguer, et maintenant, il allait manifestement falloir qu’elle fasse preuve de créativité et qu’elle ait de la ressource. L’épouvantail ne s’était pas encore vraiment montré menaçant, du moins, pas à proprement parler. Mais l’aura dérangeante qu’il dégageait suffisait à faire planer une atmosphère lourde et immobile. Sans oublier qu’au creux de son estomac bouillonnait déjà quelques relents de frustration. Pendant quelques instants, ce mec lui avait fait perdre le contrôle d’elle-même, et il n’y avait rien de plus affreux pour la jolie Mexicaine.
L’évocation de son ex n’avait rien arrangé. Mentalement, elle s’était vue dégainer son M16 et lui faire payer son audace en plomb. Mais après autant d’année de service, elle n’en n’était plus à son premier Mind Reader. Les mutants étaient parfois capables de choses totalement incroyable, et avec ce recule, lire les souvenirs, ça n’était pas si extraordinaire que ça… juste un tout petit peu…

Ca restait une expérience particulièrement déstabilisante, surtout lorsqu’on n’était pas prévenu à l’avance. Sans crier gare, elle s’était soudainement vue entrain de remballer ce pauvre type dans le bar qu’elle venait de quitter, décrocher son téléphone pour répondre à l’appel de Manuel, l’un de ses frères aînés, hurler sur sa petite blondinette de voisine qui était une fois de plus venu lui demander de baisser le son de sa musique afin de pouvoir étudier en paix, coller une pichenette à l’improviste sur l’oreille gauche de Theo, ouvrir un dossier complètement barbant à l’intérieur du post de police où elle travaillait sous couverture et lancer une œillade meurtrière à Liam en le maudissant intérieurement d’avoir déjà terminé sa paperasse, donner un grand coup de pied dans un distributeur de boissons chaudes qui refusait de lui filer sa dose de café, s’envoyer en l’air avec Pol, le type qui distribuait le lait le matin, et regretter, prier à genoux à l’intérieur d’une église aux lumière feutrées et chaudes, en suppliant la Madonne d’inciter les banquiers à lui accorder un prêt, jeter des vêtements et des toiles à la peinture encore humide par la fenêtre de son appartement, frapper Logan au visage, et pleurer, la tête sur une facture, une bouteille de Tequila dans la main.
Déstabilisant oui, mais quand même pas si extraordinaire que ça.
Juste un petit peu.

Esperanza réussit donc à garder contenance une fois sortie de ce sombre tourbillon de flash back décousus et morcelés. Elle encaissait toujours bien les coups, même lorsqu’ils n’étaient pas physique.
Elle avait simplement fermé les yeux et porté une main à son front dans un grognement contrarié. Et une fois terminé, une longue inspiration avait suffit pour se remettre en celle.
Seulement dans ses yeux noirs, il n’y avait plus cette simple méfiance, ce simple reflet alarmé du début. D’ailleurs il n’y avait plus de reflet du tout. Deux puits totalement noir et meurtrier, c’est tout ce qu’elle affichait désormais comme expression. Elle devait se blinder maintenant, et réfléchir… au moins un petit peu !
Se blinder était tout de même plus important que réfléchir, aussi bien physiquement qu’à l’intérieur de sa caboche qui était de toute manière déjà aussi dure que le béton armé. Ses armes lui manquaient, et elle avait tendance à se sentir toute nue sans son gilet par balle, mais tant pis. C’était aussi ça, la chasse. Elle avait tout de même un couteau papillon qui reposait au fond de son petit sac à main, et qui lui assurait une défense si besoin était.

Plusieurs possibilités s’offraient maintenant à elle, sauf qu’Esperanza s’interdit d’y penser. Elle avait devant elle un mutant visiblement capable de rentrer à l’intérieur de sa tête, et avant de se lancer dans l’élaboration du moindre plan il fallait d’abord s’assurer qu’il ne pouvait pas l’entendre penser.
Au cours de sa carrière elle avait croisé des gens capables de lire les esprits de pleins de manières différentes, et elle avait apprit à prendre ses précautions.
Bref, le meilleur moyen, c’était encore de le lui demander directement.

« Je vois, je vois »
grinça-t-elle en prenant soin d’adopter un ton détaché « Monsieur fait le malin parce qu’il a un gène que je n’ai pas. Typique des mecs, si tu veux mon avis. Tu parle Espagnol dis-moi ? Parce que si c’est pas le cas, et qu’tu compte continuer à te balader dans ma tête, il arrivera un moment donné où t’auras besoin de sous-titres mon pote. C’est quoi ton truc exactement ? Tu visionne la vie des gens ? C’est très très indiscret de faire ça en tout cas. Ça a tendance à m’hérisser les poiles qu’un épouvantail dans ton genre se permette d’entrer dans mon crâne sans frapper et sans s’essuyer les pieds. D’ailleurs j’ai quelques idées des moyens à employer pour t’apprendre les bonnes manières… mais peut-être qu’avec tes superpouvoirs de super-blaireaux, tu peux deviner à l’avance de quoi j’parle… »

Elle afficha un sourire sans joie, pour aller de paire avec son ton faussement mielleux qui suintait l’ironie. Et la seconde suivante, sans prévenir elle non plus, la jeune chasseuse se pencha en avant pour arracher la capuche de l’inconnu afin de pouvoir enfin jeter un coup d’œil efficace à sa face de chieur.



[OOC : Marek, je suis absente lundi, jeudi, vendredi, et samedi ... puis dimanche pour récupérer de ma semaine chargée lol je te répond dès que j'ai une fenêtre spatio-temporelle adaptée ! Une bonne semaine ^^]

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyMar 12 Avr - 12:43

HP : Pas de soucis, tu as le temps de toute manière ;)

     La brebis avait réagi, elle porta sa main, qui se refermait tous les jours sur la crosse d'une arme et n'hésitant pas à tuer, vers son visage, comme si le léger trouble qu'elle venait de sentir ne lui paraissait pas naturel. Marek l'ignorait, qu'elle savait que tout cela n'était pas lié aux vapeurs de l'alcool et pour tout dire, en imaginant qu'il le sache, cela n'aurait pas changé grand-chose à son comportement. Le fou avait déjà croisé des chasseurs, il en avait éduqué plusieurs, mémorisant provisoirement leurs souvenirs et pouvant s'introduire dans une base de l'Opération s'il en avait eu le désir. L'hostile avait rapidement vu que les souvenirs du plus récent « chasseur » qu'il avait sondé le dirigeaient droit vers l'asile, ce lieu qu'il évitait depuis des années, depuis qu'il avait utilisé son talent pour permettre à une jeune infirmière de cerner le véritable rôle qu'il devait jouer dans cet univers. Ce n'était qu'une couverture à ce qu'il semblait, mais cela, Marek s'en moquait, les mutants, les humains, ils se chamaillaient dans une petite guerre qui ne le concernait nullement, même s'il y était mêlé sans le désirer. Peut-être que la brebis face à lui le prendrait comme un danger parce qu'il portait ce gène supplémentaire dans son ADN, mais par chance, l'une des seules personnes capables de pouvoir sonder les souvenirs d'un chasseur, était aussi celle qui se moquait de pouvoir découvrir l'endroit où les autres mutants étaient captifs. Sans le savoir - ou peut-être qu'il le savait - Marek détenait des informations que n'importe quel autre hostile se damnerait pour les posséder. Mais il ne partageait jamais les souvenirs dont il se délectait, sauf avec la personne concernée évidemment.

     Une inspiration troubla le silence de la nuit qui tombait de plus en plus alors que la brebis égarée l'observait, elle semblait réfléchir rapidement, puis sa voix s'éleva à nouveau, empruntant ce ton railleur qui commença aussitôt à vriller les oreilles du balafré. Il n'aimait pas qu'on lui parle de la sorte, ça l'embêtait tellement qu'il n'arrivait pas à se concentrer sur ce qu'elle disait. De simples bribes de phrases arrivèrent à ses oreilles « Espagnol » « sous-titres », des mots qui sonnaient étrangement à ses tympans. Il comprit qu'elle avait cerné le fait qu'il pouvait lire dans ses souvenirs, mais nul besoin de sous-titres ou de décodeur, Marek s'intéressait uniquement aux sentiments qui étaient liés à ces souvenirs. Il sondait, touchant chaque image de son don, jusqu'à trouver celle qui lui permettrait de troubler juste assez l'âme en peine qu'il éduquait à cet instant. Même s'il avait parlé Espagnol, Marek n'aurait rien compris à ce qui se passait. Son esprit malade l'empêchait de cerner la plus basique émotion. L'amour ? Il ne connaissait pas, même pour ses géniteurs, le balafré n'avait jamais rien ressenti de plus qu'une profonde indifférence. Indifférence, c'est l'absence de sentiment et l'hostile n'en possédait absolument aucun, si ce n'est le plaisir de la souffrance. Son esprit parvint à se focaliser sur les paroles de la brebis alors qu'elle lui déclarait qu'il était indiscret d'agir de la sorte, peut-être, ce n'était pas pour rien qu'on le traitait de pilleur de souvenirs, mais si la nature n'avait pas désiré qu'il puisse pénétrer dans cet espace privé, elle ne lui aurait jamais donné la possibilité de le faire. Il partait de l'idée que si on lui avait accordé le pouvoir d'agir de la sorte, c'était qu'il avait l'autorisation qui allait de paire.

     De nouvelles provocations alors qu'elle prétextait qu'il pourrait éventuellement deviner ce qu'elle comptait lui faire, puis son visage changea légèrement alors qu'il l'observait sans la voir, elle se pencha vers lui pour essayer de lui retirer sa capuche et il ne broncha pas. Un visage, c'était un visage, il n'avait aucune opposition à ce qu'on voit le sien. Achevant de baisser sa capuche qui dissimulait les balafres de son visage, Marek répondit avec un sérieux déstabilisant.

     « Je ne peux lire dans l'avenir, je ne suis pas un devin, mon don ne me permet que de voir ce que tu as vécu ma brebis. »

     Que ce dont elle se souvenait en réalité, Marek était déjà tombé sur un amnésique, elle avait troublé son esprit pendant de longues heures, le balafré ne parvenant pas à comprendre qu'une personne sans souvenirs, puisse vivre. Lorsqu'il agissait de sorte à supprimer tous les souvenirs qui faisaient une personne, sa cible se transformait généralement en un légume humain, ou mutant, alors que cette fille n'avait plus rien en magasin mais qu'elle continuait de se mouvoir. Il avait été interloqué, ça avait été la seule fois où son don s'était montré impuissant. Marek avait parlé comme si c'était naturel, il corrigeait simplement ce que la brebis face à lui venait de lui déclarer, ne comprenait pas l'ironie qu'elle avait glissé au milieu de sa menace voilée, les jeux de mots, il ne comprenait pas, ça le dépassait et de haut. À ses yeux, elle avait réellement proposé qu'il sonde son avenir, mais ce n'était pas une bohémienne de cirque ou de fête foraine. La jeune âme avait l'air de croire qu'il se sentait supérieur en raison de son don, mais il se sentait supérieur uniquement de part son évolution. Les balafres qui ornaient son cou et accentuaient son sourire pouvaient laisser penser qu'il n'était pas normal du tout, à condition qu'elle ne s'en soit pas rendu compte avant, ce qui était peu probable. Marek secoua légèrement la tête maintenant qu'elle pouvait le voir face-à-face, puis il reprit la parole d'un ton toujours aussi sérieux.

     « La supériorité n'a rien à voir avec le composé de son organisme, un gène supplémentaire ne signifie pas un gène plus important, il peut abriter la stupidité comme la connaissance. La supériorité vient du mental ma brebis, tes souvenirs devraient t'aider à te forger des armes et ils ne font que t'alourdir. La souffrance est un apprentissage, long et douloureux, mais unique en son genre. »

     Il avait rencontré de nombreux mutants qui n'avaient pas été à la hauteur de ses attentes et avaient fini par décéder des suites de leur incompétence. Sa plus intéressante élève était humaine, son organisme ne possédait rien de plus que celui d'une personne « normale » et pourtant, elle était la plus proche de son évolution suprême. En somme, il venait de déclarer à la jolie brebis qu'elle ne représentait pas moins d'intérêt si elle était dénuée de « pouvoir », pour tout dire, il se moquait de savoir quelle était son appartenance génétique. Marek approcha d'un pas, elle pouvait tenter de le frapper que ça ne le ferait pas reculer devant elle, c'était l'avantage de contrôler sa souffrance et de s'en délecter, on ne pouvait pas s'en servir contre vous. Le balafré posa son regard de cendre sur le visage de la brebis, sans vraiment la voir, c'était son don qui s'activait, triturant encore ses souvenirs les plus sombres. Il en toucha un qui lui plaisait, de la haine se dégageait de celui-ci, de la tristesse aussi, une amère déception, Marek décida de s'en servir. Il soupira doucement, avant de retirer ce souvenir de l'esprit de son élève, elle devait le voir défiler devant ses yeux avant de soudain ressentir un gros vide. Les émotions qui y étaient liées s'étaient envolées, la haine qu'elle avait éprouvée à ce moment s'était aussi évaporée. Le balafré resta quelques instants silencieux avant de reprendre d'un ton toujours aussi sérieux, comme un professeur qui apprenait à son élève comment il fallait se comporter.

     « Sans souvenirs, tu n'es rien, je peux t'enlever la souffrance que tu as ressentis jadis, mais c'est cette même souffrance qui t'as permis de ne pas retomber dans le même piège et de pouvoir devenir ce que tu es aujourd'hui. Comprends-tu ? Apprendre à maîtriser cette souffrance c'est ouvrir la porte à une nouvelle dimension. Je peux t'apprendre comment faire. »

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyMar 19 Avr - 0:39

    « Esperanza ! » héla Teresa avec lassitude « Esperanza, marche moins vite ! Il est désolé ! »
    « Non j’le suis pas ! Elle m’a frappé au visage ! »
    « Oh la ferme Tonio ! »
    cracha la plus jeune, ses deux couettes sombres nouées de rubans d’un rouge criard s’agitant subitement tandis qu’elle faisait volte face pour adresser un regard sévère à son frère « Tu vas te taire oui ? T’aggrave ton cas ! »
    « Je m’en fiche ! Elle m’a frappé dans le nez devant tout le monde à l’école, qu’elle aille au diable ! »
    « Tu l’as bien cherché ! »
    « Je m’en fiche j’te dis ! Et si tu crois que j’ai peur de tes frères tu te trompe ! »
    lança Tonio à la jeune fille d’une quinzaine d’année qui marchait droit devant elle à une dizaine de mètre en avant.
    « C’est pas pareil cette fois Tonio » reprit sa sœur d’un air grave « Cette fois … t’as balancé »
    « Mais j’avais pas le choix Teresa ! Ils m’ont attrapé dans les toilettes et ils ont fouillé mes poches ! Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? »
    « On balance PAS Tonio ! »
    invectiva la cadette avec conviction, du haut de ses treize ans.
    Mais dans ce quartier, treize ans, c’était bien assez vieux déjà pour connaître et appliquer coûte que coûte les lois qui régissaient leur communauté toute entière.
    Son frère aîné sembla troubler par le ton que venait d’employer sa sœur. Il avait brisé l’une de ces fameuses règles fondamentales. Tonio connaissait ces règles, pourtant lorsqu’il s’était fait prendre avec de la marijuana dans les toilettes de l’école, il n’avait pas résisté à la peur de subir une sanction. Il avait préféré dire la vérité, et balancer Esperanza. L’adolescente n’avait vraiment pas besoin d’être soupçonné de dealer de la drogue, elle avait déjà bien assez de problème scolaire comme ça. Pourtant son voisin depuis toujours n’avait pas hésité longtemps avant de la balancer. Maintenant elle frisait l’expulsion, une nouvelle fois.
    Le pire, c’est que la jeune fille ne dealait pas vraiment, elle avait juste piqué quelques grammes d’herbe à Joaquin, l’un de ses frères, pour dépanner Tonio qui s’était plain d’être à court depuis trop longtemps. Elle regrettait amèrement de lui avoir rendu service et d’avoir été aussi naïve. Ce débile n’avait jamais été très futé ni d’une fidélité ou d’un courage à toute épreuve. Il tenait de son père : lâche et promis à un destin médiocre. Heureusement Teresa avait été épargnée, elle et Esperanza étaient proches. Mais elle avait toujours eu du mal à s’entendre avec son grand frère.
    Cette fois, il était allé trop loin. Elle enrageait encore et marchait droit devant elle dans l’espoir de distancer les deux autres pour ne plus entendre les jérémiades de ce débile congénital.
    « J’suis sûr qu’elle va aller raccuser à tous ses frères pour qu’ils viennent me faire peur ! Mais ça marchera pas, parce que nos mères sont copines, vous pouvez pas me taper ! »
    « J’ai pas besoin de mes frères pour te foutre une branlée Tonio ! »
    pesta Esperanza avec force, tournant sur elle-même pour continuer sa marche en arrière et faire face à ce gros cafard.
    « C’est parce que tu m’as prit par surprise, ok ?! Pi’ t’as même pas réussi à mettre Vanessa Demarquez par terre l’autre jour ! »
    « Elle pèse au moins trois tonnes cette grosse vache ! »
    hurla la jeune fille avec hystérie, outrée par tant de mauvaise fois. Comme si c’était elle qui avait fauté, et qu’il avait des raisons de lui en vouloir, alors que c’était LUI la balance !
    « Ouais ! Mais même elle, elle a réussit à se faire Diego ! Y’a que toi qui t’ai prit un râteau ma vieille ! »
    « Ok ! La tu m’as trouvé !! »
    rugit Esperanza.
    L’instant d’après, elle ôtait son sac à dos en le laissant tomber sur le sol poussiéreux et se ruait en avant dans un grognement de colère. Elle se jeta sur lui et Tonio tomba à la renverse sous le regard médusé de Teresa.
    « STOP ! Arrêtez ! Vous êtes dingues, arrêtez de vous battre ! » glapit la plus jeune, ses épais sourcils sombre plissé en une expression apeurée.
    Quelques secondes passèrent tandis qu’ils se roulaient dans la poussière dans un concerto d’insulte en tout genre.
    Puis sortit de nulle part, le calme approximatif de la rue qu’ils empruntaient pour rentrer chez eux fut troublée par un crissement de pneu tonitruant et quelques pétarades familières. Deux tout-terrains d’un noir profond avaient surgit au coin de la rue pour traverser celle-ci à toute vitesse.
    Trois coups de feu durent tirer. Trois détonations nettes et déchirantes.
    Puis les deux véhicules avaient à nous disparus.
    Esperanza et Tonio s’étaient bien sûr interrompus dans leur bagarre, comme figé par la surprise trop soudaine pour être assimilée.
    A leur côté gisait Teresa, le crâne transpercé d’un trou béant et sanguinolent…
    Les yeux noirs d’Esperanza avaient suivit le filet de sang se mélangeant à la poussière, toujours un peu plus écarquillés par l’horreur, la haine et la culpabilité…


Puis plus rien. Un vide indolent et pourtant encore tout vibrant de l’émoi dont elle venait d’être à nouveau témoin. L’impression ressemblait à celle que l’on à lorsqu’on oublie soudainement cette chose très importante à la quelle on était entrain de penser. Ou comme lorsqu’on se dirige vers une pièce pour y arriver et ne plus savoir ce qu’on était venu y faire. La mort de sa petite voisine Teresa avait disparu de sa mémoire. Les sensations qui y étaient raccrochés résonnaient encore comme un faible écho, avant de s’éteindre à leurs tours pour ne plus laisser qu’un grand trou.
La sensation l’avait déboussolé quelques instants. Elle eu du mal à assimiler la dernière réplique de cet homme qui lui faisait face.
Et si elle avait encore douté de son potentiel de dangerosité, ça n’était désormais plus le cas. Il venait officiellement d’être rangé dans la catégorie des hostiles. Surtout : Il venait officiellement de rentrer dans le cadre de ses fonctions d’agent. Elle avait donc le droit de le tuer, et c’était parfait, parce que c’est ce qui allait arriver.
Personne, personne au monde ne lui faisait perdre ses moyens. Jamais. Plus jamais du moins.

La jeune chasseuse qui avait baissé son regard sur le trottoir pour se remettre du trouble, venait de les redresser sur le visage balafré du mutant. Un visage qui lui était très vaguement familier. Mais vu ce qu’il venait de lui faire, il n’y avait pas beaucoup de doute à avoir, elle avait du croisé son affreux minois sur un avis de recherche, soit au post de police, soit à Apocalypto. Cela dit elle s’ne fichait, même si ce type n’avait pas été recherché par les autorités, elle avait décidé d’en faire son affaire une bonne fois pour toute. Ce type venait de signer son arrêt de mort et ne le savait pas encore.
Il se croyait impressionnant et charismatique avec son débit de poète romantico-macabre, mais il n’impressionnait personne. En tout cas pas elle. Il venait de lui coller la rage au ventre, et lorsque c’était le cas, plus rien d’autre ne réussissait à franchir les barrières de son esprit. Il venait de la brancher en mode « chasseuse », et il allait s’en mordre les doigts.

Mais rien ne servait d’y penser, dans ce genre de cas, seul l’action était importante.
D’un geste vif, Esperanza agrippa la gorge de son agresseur, son pouce enfoncé au niveau de la pomme d’Adam pour être certaine de lui faire bien mal. L’instant d’après, elle lui assenait un magistral coup de boule dans l’arcade.
Portant une main à son front, elle-même légèrement sonné par le choc, elle plongea son autre main dans son petit sac afin de saisir son téléphone portable pour appeler des renforts.

« T’es tombé sur le mauvais numéro, sac à merde. J’vais te faire coffrer, d’ici 24 heures, tu flotte dans du formole. T’avise pas d’bouger ta saloperie de carcasse ou j’te démembre, güey » cracha-t-elle comme un sergent chef avant de dégainer son portable.

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyMer 20 Avr - 13:34

     Son esprit était chamboulé par des pensées, des souvenirs, la brebis ne devait pas comprendre de manière très claire ce qui lui retournait l'esprit. Le balafré lui, se délectait du trouble qu'elle affichait alors que les souvenirs déferlaient dans les abîmes de son esprit, voyait-elle qu'il était en train de sonder son âme, les tréfonds de ce que l'esprit humain offrait ? Certainement pas, elle était trop aveugle pour ce faire et il n'allait pas tarder à récolter le fruit des graines d'agacement qu'il avait semé, à n'en pas douter. La jeune femme se tira de ses souvenirs avec difficulté, elle agrippa la gorge de l'hostile qui ne réagit pas, si elle désirait lui faire mal, qu'elle ne se gêna pas, la brebis était certainement loin de se douter qu'elle était tombée sur un loup qui se complaisait dans la souffrance. Pourtant les stigmates qui marquaient son visage et le reste de son corps devaient clairement exprimer le fait que le propriétaire de cette enveloppe charnelle, ne vivait que pour éprouver pleinement la souffrance. Il ne se défendit pas, attendant de voir ce qu'elle pourrait bien faire pour tenter de lui imposer sa volonté, puis les doigts fermes de l'âme perdue glissèrent jusqu'à sa paume d'Adam, frôlant la cicatrice qui barrait sa jugulaire, celle qui lui avait valu un long séjour à l'hôpital et lui avait presque coûté sa vie, avant se resserrer dessus. Tentait-elle de le faire souffrir ? C'était un début, un très petit début, lorsqu'on avait passé des journées à chercher comme provoquer la souffrance dans tout son être, les petits gestes de la sorte qui éveillaient la souffrance chez des personnes douillettes, ne faisaient pas plus qu'un simple chatouillement pour lui. La brebis lui aurait fait une pichenette, que ça ne l'aurait pas plus éveillé, il se délectait de la souffrance et pour l'instant, elle ne faisait que provoquer une certaine frustration chez lui.

     Qu'attends-tu ? Il fut tenté de le lui demander, inutile de soliloquer vainement alors que la brebis semblait savoir ce qu'elle faisait, mais dans l'attente de la souffrance si jouissive à ses yeux, Marek trouvait que les secondes s'égrainaient trop lentement pour l'intéresser. Un geste, l'âme perdue lui asséna un coup de boule qui provoqua momentanément une vive douleur au niveau de son arcade. Il sentit un choc familier, puis une légère chaleur qui lui indiquait clairement que l'impact avait certainement dû le blesser assez pour déclencher une blessure superficielle. Il sentit un peu de sang s'écouler de son arcade ouverte, la brebis avait un bon coup de tête, ce fut la première fois qu'un sourire se dessina sur les lèvres balafrées de l'hostile. Ses cicatrices ne faisaient que donner une nouvelle dimension à son sourire pour le moins étrange, mais il se délectait de ce moment, fermant brièvement ses yeux couleur charbon en inspirant légèrement, comme pour attirer les ondes de souffrance qui se dégageaient de la jeune femme. Elle avait certainement frappé plus fort qu'elle ne le pensait, il constata son geste vers son front, elle était peut-être comme lui qui sait ? Aimait-elle la souffrance pour prendre le risque de se faire mal en frappant quelqu'un d'autre ? L'idée lui plût beaucoup, mais il n'était pas sot, c'était certainement la seule attaque qu'elle avait vu à cet instant. Un geste vers son sac où elle attrapa un petit objet qu'il avait déjà vu plusieurs fois, collé à l'oreille des passants. Elle reprit la parole, lui déclarant qu'il était tombé sur le mauvais numéro et qu'il n'avait pas intérêt à bouger. Le mauvais numéro ? Son esprit malade ne comprit pas que c'était une expression, lui était le numéro 279, le patient 279, celui qu'on lui avait donné lors de son entrée à l'asile Saint Hélène. Nouvelle pique dans l'intérêt qu'il ressentait vis-à-vis de la brebis, il répondit à ses paroles d'un ton toujours aussi poli.

     « Numéro ? Le 279, je suis sûr qu'il te sied-rait bien ma brebis, si seulement tu me laissais te l'enseigner »

     Marek avait pour habitude de tatouer les élèves qu'il formait d'un chiffre, un deux pour la première rencontre, puis un sept la seconde et pour la dernière, un neuf qui terminait l'éclosion de sa nouvelle enveloppe charnelle. C'était pour ça qu'on l'avait surnommé le tueur au chiffre, alors qu'il n'avait jamais tué personne de ses mains, c'était simplement leur incompétence qui avait été fatale. L'Américain avait porté son attention sur la jeune femme qui composait un numéro sur son appareil, il ne voulait pas qu'ils soient perturbés, dérangés par quelqu'un d'autre, c'était leur moment à eux, elle ne devait pas se laisser déconcentrer par des données extérieures. Il n'aimait pas la violence, aussi surprenant que cela puisse paraître, Marek exécrait les gens qui se battaient, il n'avait jamais frappé qui que ce soit et ses « jeux » n'étaient jamais violents à proprement parler. Soupir las, pourquoi devait-elle tout compliquer ? Le balafré n'avait qu'une solution, il plongea son don dans l'esprit de la jeune femme, retournant les souvenirs qu'il trouvait, semant la zizanie dans le classement bien préparé de ses souvenirs, elle risquait d'en ressentir les effets quelques temps, mais ce n'était qu'un détail. Il comptait simplement sur le fait qu'elle allait être perturbée par cette incursion soudaine et que sa vigilance serait diminuée. Son domaine, c'était le mental et il ne laisserait pas un appareil électronique chambouler tout ce qu'il avait en tête. Sa main se dressa, attrapant celle de la brebis qui tenait son téléphone, puis avec une poigne ferme, il le lui ôta des mains avant de le laisser tomber sur le sol sans douceur, où il éclata en plusieurs morceaux. Son don se retira de l'esprit de l'âme en peine qui devait rapidement retrouver ses esprits, entendant la voix si étrange du balafré dérangé.

     « Je suis désolé, mais c'est notre moment à nous, rien ne doit venir troubler ton esprit malléable. »

     Il s'excusait oui, sans aucune gêne, après tout c'était un gentleman, on l'avait élevé pour qu'il devienne un jeune homme de bonne famille, malheureusement c'était sans compter son esprit dérangé qui avait contrecarré tous les plans de ses géniteurs. Marek glissa alors sa main jusqu'à sa poche, elle devait certainement prendre peur où se méfier, mais il ignora ce qu'elle pouvait dire où faire, il ne lui ferait pas mal sans son accord, pas au point de la tuer du moins. Ressortant sa main de sa poche souillée de sang séché, son sang, il en tira un objet en argent qu'il ouvrit d'un geste habitué et avec une grande dextérité. Le bruit de la lame en argent, il en frissonna presque de plaisir, c'était plus doux que le son d'un violon dans un bel opéra. Un rasoir dans l'ancien temps, précieusement conservé, entretenu à la perfection, coupant comme une dent de requin, il aurait été capable de couper un cheveu en quatre. La lame ouverte et prête à être utilisée, il reporta son regard sur le visage de sa brebis.

     « Lorsqu'on veut faire mal à quelqu'un ma brebis, il faut le faire bien. Si tu as envie de me faire souffrir, ne me sous-estime pas avec des attaques aussi futiles que ça, sers toi des bons instruments. »

     Il leva son rasoir, l'orientant vers son visage à lui, signe qu'il ne comptait pas lui faire de mal pour le moment, puis traça un sillon sanglant sur sa jour, coupant en même temps la balafre cicatrisée de son sourire de l'ange. Un filet de sang chaud s'écoula de la plaie alors qu'il se délectait de la légère souffrance qui tiraillait sa joue, juste de quoi le mettre en train, un amuse-gueule à peine digne d'intérêt. Marek essuya la lame sur son sweat salit par les mois de « travail » et d'apprentissage, puis le glissa délicatement dans la main de la jeune femme, à la place du téléphone qu'elle tenait juste avant.

     « Est-ce que tu manipules aussi bien le rasoir que tu sembles vouloir me le faire croire ? »

     Il cherchait à éveiller un peu sa colère, voir si elle pourrait être capable de lui faire découvrir une autre facette de cette souffrance qu'il aimait tant et si bien. Elle avait découvert son principal vice et ce n'était pas vraiment certain qu'elle apprécie cette découverte. Une chance sur dix, voir même plus, de tomber sur un masochiste, elle avait tiré le bon numéro.

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Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Vide
MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyMer 4 Mai - 21:42

Le souffle encore un peu court, Esperanza baissa ses yeux sombres sur sa propre main où se trouvait maintenant le rasoir argenté. Son contacte la répugnait, son truc à elle, c’était les armes à feux, pas les armes blanches. Celle-là était particulièrement mortelle. Pendant quelques affreuses secondes, elle avait surtout cru que la lame clinquante qu’elle toisait maintenant avec suspicion était destinée à terminer dans son abdomen ou dans sa gorge. La chasseuse avait bandé ses muscles par pure réflexe, dans l’attente de la douleur cuisante qu’elle s’attendait à ressentir. Il aurait été plus logique de fuir dans un moment pareil, le repousser pour se mettre à courir ou quelque chose comme ça, même si la course n’était pas le genre d’action qu’elle préférait. Le problème, c’est que si son corps lui, restait réactif, ça n’était pourtant pas le cas de son esprit.
Pendant quelques affreux instants, elle avait eut l’impression d’être sous champignon, en plein bas trip, un vrai bordel. Impossible de savoir si elle se trouvait vraiment dans cette rue sombre avec ce type inquiétant, ou s’il ne s’agissait là que d’un souvenir. La réalité avait fusionné avec sa mémoire chaotique. Plus de notion du temps, et plus de notions d’espace, dans tous les sens du terme. Incapable de dire à quelle époque elle se trouvait, ni quelle âge elle avait, ni en présence de qui elle se trouvait vraiment. Tout s’était entrechoqué sur un même plan. Un plan confus et totalement déstabilisant qui l’avait prit par surprise. Elle n’avait même pas vraiment imprimé ce qui était arrivé à son téléphone.
Et lorsqu’elle avait reprit un peu pied à la réalité et au présent, c’était pour voir ce malade s’entailler la joue.

Les yeux d’ordinaires si fermés et sombres de la mexicaine s’étaient un peu écarquillés sous le coup de la surprise. Ca n’était qu’à cet instant précis qu’elle avait enfin comprit à quel genre de spécimen elle avait réellement affaire. Elle avait d’abord cru à un clodo, a un toxico, un violeur ou un voleur de sac miteux. Il s’agissait en réalité d’un fou de haut vol, un maso complètement siphonné qui, au lieu d’en terminer rapidement avec elle, avait décidé de jouer. Un jeu morbide et écœurant.
Tout chez ce type lui inspirait le dégoût maintenant qu’il révélait « son vrai visage ». Pas celui qui était marqué de quelques balafres affreuses, mais bien celui de sa personnalité. Une personnalité viciée au possible, pourrie jusqu’à la moelle. Maintenant qu’elle l’observait avec beaucoup plus d’attention, ahurie de ce qu’elle voyait, la chasseuse remarquait plus de détail. Ses cheveux sales et hérissé, ses yeux ronds et bruns aux reflets profondément malsains, les tâches de sangs séchés qui parsemaient son pull et les stigmates d’une vie de péché.
Elle espérait qu’un connard, quelque part dans le monde, prie pour l’âme de ce sac à merde, parce qu’il allait devoir graisser pas mal de pattes angéliques pour avoir son ‘Pass paradis’.

Mais était-elle prête à l’envoyer dire bonjour à Saint-pierre justement ? Sa formation de flic venait entraver ses pulsions meurtrières de pseudo-mercenaire. Ce malade lui avait refilé son arme délibérément, ça n’était pas comme si elle avait lutté pour la lui arracher, et si elle l’égorgeait maintenant comme elle en avait envie, ça n’était pas exactement de la légitime défense à proprement parler. Jusqu’à maintenant, les seules vraies attaques qu’il lui avait portées étaient restées mentales.
… m’enfin elle n’allait tout de même pas le forcer à lui taper dessus juste pour avoir une bonne raison de l’égorger ! Si chacun voulait se faire taper dessus ils n’allaient plus s’en sortir. « Toi tu tape ! », « non c’est toi ! », « non toi d’abord ! », « non TOI d’abord ». Bonjour le duo de malade.

Mais alors quoi ?! Le tuer ou ne pas le tuer ? Il restait là, planter comme un connard, la joue en sang et l’arcade en pâté de crabe, et elle n’avait pas l’air plus maline avec son rasoir aiguisé dans les doigts, à faire voyager son regard entre ce type et la lame.

« … putain d’merde, tu veux que je fasse quoi avec ça ? Que j’te plante ? » cracha-t-elle enfin en reculant de quelques pas prudent pour éviter qu’il ne tente de lui reprendre la lame « Si tu veux que j’te mette sur la gueule, il va falloir arrêter de tricher avec tes petits tours mentaux, mec. Si tu me jure que tu arrête de fouiller dans mon crâne, j’te découpe tous les morceaux que tu veux… promis » articula-t-elle avec mépris, comme on promet un beau camion pour noël à un petit garçon naïf.

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MessageSujet: Re: Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit ▬ Espéranza EmptyVen 6 Mai - 18:36

     Marek secoua légèrement la tête alors qu'il remarquait l'expression d'effarement mêlée à celle d'inquiétude qui commençait à se dessiner sur le visage de sa brebis. Elle comprenait enfin, il n'était pas un clochard du coin qui avait besoin d'égorger une jeune femme pour lui dérober son sac ou faire un rituel satanique avec son corps. De toute manière, les rituels de ce genre avaient toujours besoin d'une vierge et les doutes étaient permis quant à la pureté de l'âme qui se tenait face à lui. Marek n'était pas un meurtrier, il exécrait les personnes qui tuaient sans raison, celles qui faisaient à peine souffrir leurs élèves, ceux qui considéraient qu'ils pouvaient remplacer les Moires, étonnant lorsqu'on y songeait, il avait tout à fait l'attitude et le physique d'un assassin. D'un côté, il ne pouvait pas en vouloir à la jeune âme en peine de se méprendre à son sujet, l'esprit humain, ou mutant, était tellement embrumé par les vapeurs de l'ignorance que ça devenait presque naturel pour lui d'être associé à ces meurtriers. Mais être habitué ne signifiait pas apprécier ce traitement, chaque fois qu'on se faisait une fausse idée de lui, cela ne faisait que renforcer son aversion pour ces personnes qui ne savaient pas faire souffrir convenablement leurs victimes. Le balafré observait le visage de la brebis, marqué par la stupeur à le dévisager avec sa joue ornée d'une légère balafre purpurine, puis elle prit la parole, oscillant du regard entre l'arme mortelle qu'elle tenait à la main et le visage marqué par la folie, de son interlocuteur. Des questions, encore et toujours, pourquoi ne pouvait-elle pas simplement s'exécuter sans rien dire ? Elle recula, comme si la crainte qu'il tente de reprendre le cadeau qu'il venait de lui faire, l'habitait. Marek était trop gentleman pour s'en prendre brutalement à elle et exiger qu'elle lui rende son bien, si elle avait été élevée comme il fallait, ce serait naturel à ses yeux d'agir de la sorte.

     Un petit moment de silence, puis elle cracha à nouveau des mots qui agressaient les tympans du balafré qui n'espérait qu'une chose : le silence, si doux et si apaisant. Que disait-elle ? Les mots se brouillaient avant d'atteindre son cerveau, mais il comprit tout de même qu'elle lui demandait de stopper l'utilisation de son don, puis qu'elle pourrait faire ce qu'il voudrait avec son rasoir après cela. Le ton qu'elle employait avait quelque chose de désagréable, il ne savait pas quoi, mais seul le résultat importait. Marek fixa le visage de la brebis avant de hocher légèrement la tête, ignorant la chaleur familière du sang qui coulait vers sa mâchoire alors que l'odeur familière du sang arrivait doucement à ses narines. Il devait parler, lui répondre, ça l'épuisait, c'était tellement vain de prononcer des mots qui pouvaient être interprétés de mille façons, les gestes étaient tellement plus éloquents.... Un bref soupir passa la barrière de ses lèvres, ce n'était pas le signe de son agacement grandissant, mais plutôt un simple signe du fait qu'il appréciait sincèrement les petits élancements que sa joue lui envoyait. Sa voix s'éleva, lente comme toujours, presque pâteuse comme si former des mots lui était insupportable, il reconnut à peine sa voix, c'était étrange, tout était étrange à ses yeux.

     « Je suis désolé que mon don t'ait porté préjudice ma brebis, c'est une telle habitude d'infiltrer les souvenirs des gens que j'en oublie trop souvent le fait que ça vous dérange. Oublier, pour quelqu'un qui utilisait les souvenirs des autres, ça avait de quoi faire sourire c'était certain, en envisageant le fait qu'elle puisse avoir envie de rire à ce moment bien évidemment. Rien n'était moins sûr. Est-ce que ça te fais mal que je remonte à la surface des épaves comme celle-ci ? »

     Il sous-entendait des souvenirs comme celui qu'il venait de tirer de son esprit, ses multiples mariages ratés qui ne lui avaient procuré qu'une grande tristesse, rien de plus. Marek s'excusait sans honte, il aimait la politesse, les bonnes manières, bien qu'il revisitait un peu ces dernières pour les adapter à son mode de vie pour le moins... Original. Il n'hésitait jamais à s'excuser, bien que trop souvent, sa politesse était prise pour une moquerie ou une provocation, les habitants de cette vie étaient tellement peu habitués à se montrer élégants qu'ils en oubliaient les règles de la bienséance. Le balafré se rappela à l'ordre, son esprit était tellement prompt à l'envoyer dans ses pensées que des fois il en oubliait tout simplement le fait qu'il parlait avec quelqu'un, qu'il faisait la conversation à une brebis qui ne trouvait pas son chemin. Comme s'il sortait d'un rêve, l'hostile cligna des yeux, il reposa ses yeux charbon sur le visage de l'âme en peine sans la reconnaître, il oubliait tellement vite des détails aussi futiles que l'enveloppe extérieure des esprits qu'il sondait. Sa voix s'éleva à nouveau, un peu plus animée que précédemment, bien qu'il n'avait pas particulièrement envie de palabrer pendant des heures.

     « Il faut savoir faire souffrir pour que cela m'intéresse. Pour savoir faire souffrir, il faut vouloir faire mal à la personne qui se tient devant vous, sinon tout cela ne sert à rien. Il ne faut pas avoir peur, je t'ai prêté ce rasoir, je ne compte pas te le reprendre de si tôt. »

     Il ne voulait pas qu'elle prenne peut, son but n'était pas de lui faire du mal, peut-être qu'elle n'était pas encore préparée à une épreuve digne de ce nom, il fallait lui montrer que pour évoluer, il fallait accepter la souffrance et vivre avec. Maîtriser une telle chose, c'était la porte ouverte à une très nette évolution de sa personne, seulement certains individus n'étaient pas prêts, il fallait les guider vers la lumière. Marek approcha à nouveau de la brebis, un pas, puis un autre, le silence qui répercutait quelques bruits étouffés de la ville qui semblait à des lieux d'ici, il n'y avait plus qu'eux deux, personne d'autre. Arrivé à quelques centimètres d'elle alors que la brebis était encore armée, il ajouta quelques mots pour la rassurer et mettre les choses au point.

     « Je n'ai jamais tué, je ne suis pas un meurtrier, ma brebis, ne me confonds pas avec ces personnes sans envergure. Je donne à chacun la possibilité de survivre, c'est eux qui choisissent de ne pas sacrifier une partie d'eux-mêmes pour survivre. Vois-tu jusqu'à où la stupidité humaine va ? Est-ce que tu serais prête à laisser derrière toi ce corps que tu possèdes présentement ? »

     Il plongea son regard sombre comme l'ébène dans les yeux de la brebis, elle ne devait pas comprendre grand-chose à ce qui se disait, à moins que le lien ne se fasse dans son esprit. Elle était policière, Marek l'ignorait, mais elle devait avoir entendu parler des « crimes » qui étaient découverts à travers la ville, des personnes mises dans des situations qui provoquaient leur mort si elles ne choisissaient pas de laisser la personne qu'elles étaient derrière elles. Est-ce qu'elle était une bonne élève ? Peut-être, peut-être pas. Il leva sa main, ne faisant aucun geste brusque puisqu'il se mouvait toujours avec une lenteur calculée et sa main s'aventura jusqu'à son visage alors qu'il lui touchait la joue. Ce n'était pas un geste sensuel, il ne cherchait nullement à la séduire en lui caressant la peau, Marek constatait simplement que sa peau était parfaite, intacte, il n'y avait pas la moindre trace qui pouvait laisser présager une évolution. Elle serait tellement plus belle si elle le laissait s'occuper d'elle. Il soupira doucement, faisant retomber son bras le long de son corps dans un bruissement d'étoffes avant de conclure.

     « Je ne te demande pas de me prouver que tu sais faire souffrir, je veux te montrer que ce corps que tu sembles chérir n'est rien, si tu as peur de ce que je peux te faire, tu pourras te défendre avec cette arme que je t'ai donnée. Mais laisse-moi te montrer comment est-ce que j'enseigne mon art ma brebis, on m'a dit que j'étais un très bon professeur. »


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