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La difficulté avec la tolérance, vient de ce qu'elle parait tout à la fois nécessaire et impossible

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La difficulté avec la tolérance, vient de ce qu'elle parait tout à la fois nécessaire et impossible Vide
MessageSujet: La difficulté avec la tolérance, vient de ce qu'elle parait tout à la fois nécessaire et impossible La difficulté avec la tolérance, vient de ce qu'elle parait tout à la fois nécessaire et impossible EmptyVen 11 Mar - 3:40


Achea, 11 Mars 2025

        Epuisée par cette semaine aux horaires chargées, la jeune femme eu quelque peu du mal à entendre sonner son réveil ce matin là. Ou plutôt, par pur réflexe, sa main trouva facilement le chemin pour le faire taire, peut-être un peu trop facilement. Ainsi, lorsque le typique et assourdissant remue-ménage provoqué par le démarrage d'une moto retentit, Kate se pétrifia dans son lit. Ses idées, bien qu'encore endolories par un sérieux manque de sommeil, avaient immédiatement associé cet événement au départ d'un autre résident de l'immeuble. Résident qui, selon toute logique, quittait son domicile exactement à la même heure dont la jeune mutante avait besoin pour se rendre au travail à l'heure, et qui était accessoirement son chauffeur providentiel. Un coup de klaxon retentit, alors que Kate s'extirpait d'un bond de ses draps si confortables. Elle se pencha à la fenêtre pour apercevoir le motard lui désigner sa montre d'un geste nerveux, et hocha la tête, lui demandant tacitement de l'attendre encore quelques instants. Sans même attendre de réponse, elle enfila rapidement un jean et un t-shirt propre, remonta ses cheveux bruns en une queue de cheval, et quitta son appartement avec tout juste assez de temps pour penser à prendre son sac. Lorsque Kate arriva en bas des escaliers après une fulgurante descente des cinq étages, elle grimpa sur la moto qui parti aussitôt.

Finalement, la jeune femme arriva avec seulement cinq minutes de retard à son travail, ce que son patron, trop occupé à regarder les news télévisées du jour, ne remarqua pas. Heureusement pour elle, John, son équipier, s'occupait déjà du peu de clients présents. Celui-ci lui fit signe de rapidement se mettre en tenue, ce que la jeune femme s'empressa de faire avant de le rejoindre derrière le comptoir. Saluant les clients de son plus grand sourire, Kate commença son service dans le stress et la mauvaise humeur, ce qui n'était pas vraiment l'idéal.

A présent, quelques vingtaines de minutes avant l'heure fatidique de l'embauche de la plupart des habitants du quartier des affaires d'Achea, la petit café connaissait son heure de pointe. Une chance pour la jeune femme qu'elle soit à présent totalement éveillée car ce matin les amateurs de café semblaient pour le moins pressés. A l'approche du week-end, chacun souhaitait en effet en finir au plus vite avec cette dernière journée, s'imaginant peut-être que le fait d'être servis plus rapidement que d'habitude pourrait les y aider. Ils n'étaient pas très aimables avec le petit personnel certes, mais prenaient paradoxalement un peu trop de temps au goût de la mutante pour raconter à qui voulait bien l'entendre ce qu'ils allaient faire de leur si beau week-end. Malgré son léger agacement, Kate ne pipa mot, et continua d'exaucer l'impérieux besoin de caféines de ce petit monde, son petit sourire amical bien affuté au coin des lèvres. Le gentil John sembla remarquer l'état de fatigue de la jeune femme puisqu'il lui conseilla de prendre sa pause un peu plus tôt que d'habitude si elle le souhaitait. La jeune femme s'amusa de cette remarque :

- "Échanger nos pauses ? Et comment verrais-tu ta rediffusion favorite de Mythbusters mon cher ?"

Le serveur fit la moue, avouant son petit penchant pour son émission favorite seulement visible sur le câble que chez lui, il n'avait définitivement pas les moyens de s'offrir. Il demanda à Kate de garder ce petit secret entre eux, mais savait pertinemment au fond de lui qu'elle n'était pas du genre à aller balancer au patron.

- "Je t'offrirais un muffin un de ces quatre, t'es trop sympa de me laisser un peu plus de temps de l'autre côté… Et surtout moins de temps avec eux. "

Il lui lança une œillade en désignant les nouveaux clients qui pénétraient dans la boutique.

- "Attention John, je n'oublierais pas cette promesse."

La jeune femme lui sourit puis ils reprirent leurs activités; elle restant au comptoir, tandis que lui passait d'un pas pressé la porte qui le mènerait à la salle de préparation des pâtisseries mais aussi et surtout aux côtés de sa meilleure amie : la télévision du boss. Kate de son côté enchaîna les derniers reflux de la vague du matin avec aisance, sans accroc particulier. En somme, une journée plutôt ordinaire.



        Il était aux alentours de onze trente lorsque la jeune femme prit finalement sa pause tant méritée. Elle n'était pas spécialement fatiguée, mais comme l'avait suggéré John, un peu d'air frais ne lui ferait pas de mal. Kate était donc sortie quelques instants par l'arrière boutique, dans le but de s'oxygéner la tête et le corps, et surtout de se débarrasser ne serait-ce que quelques instants de cette maudite odeur de gâteaux et autres sucreries qui avait tendance à la rendre nauséeuse. Elle prit un instant pour faire quelques pas à travers la cours arrière du café, et observa le reste de la population déambuler gaiement à travers les rues de la ville. Cette attitude presque pittoresque qu'affichaient les gens à l'approche du week-end la faisait sourire. Qu'avaient-ils donc de si important à faire durant ces deux petits jours pour qu'ils rayonnent ainsi ? Quand elle avait questionné quelques clients à ce sujet, de manière adroitement désintéressée, la jeune mutante avait remarqué que bien souvent il s'agissait pour eux davantage de ne pas se retrouver enchaînés à leur travail, plutôt que la venue de véritable événements passionnants. En gros, elle avait comprit que la majorité des personnes qu'elle croisait chaque jour n'avait pas vraiment le type de vie qu'elles souhaitaient pleinement, et qu'elles devaient alors passer par certains subterfuges, plus ou moins bien dissimulés, pour rendre leur existence plus attrayante. Kate se demanda alors quels étaient pour elle ces fameux artifice qui rendaient sa vie plus acceptable. Déjà, elle pointa rapidement le fait qu'au final, le fait d'être aujourd'hui encore en vie, ce n'était pas si mal. Surtout que d'être en vie et en bonne santé, il y a quelques années de cela, ce n'était pas tellement une chose si évidente pour elle. C'était même plutôt étrange que de s'imaginer se promener à l'air libre tranquillement, appréciant de simples plaisirs comme le souffle apaisant du vent sur son visage, par exemple. Une sensation parmi tant d'autres que bien longtemps elle avait perdue, souvent trop défoncée à la Kétamine pour ressentir quoi que ce soit.

Tel une sorte de rappel musculaire, son corps frissonna à ces pensées, comme s'il voulait lui montrer que lui aussi il se souvenait de toutes ces années perdues. Toutes ces années, où le seul repère de la jeune femme commençait par la lettre K et se terminait dans le lits d'inconnus au moins aussi défoncés qu'elle … "K. all the time", étaient les seuls mots qui arrivaient à sortir à peut près convenablement de sa bouche. La Kétamine, sa drogue favorite. Un psychotrope puissant connu pour ses effets secondaires affectant notamment la mémoire, mais visiblement pas encore assez puissant pour venir à bout des souvenirs tellement douloureux de Kate. Certains évènements que la jeune femme souhaitait absolument effacer de sa mémoire ont en effet été la principale cause de son choix plutôt particulier de stupéfiants; sans résultats malheureusement.
La mutante sourit légèrement à cette pensée; quoi que douloureuse, cette expérience lui avait appris une chose dont elle était sure à présent : on ne peut se débarrasser de son passé. On peut le nier, le cacher, mais au fond de soi, on sait parfaitement bien qu'il est là. Et qu'il y sera toujours, d'une façon plus ou moins immergée. En quelque sorte, son don est là pour lui rappeler ceci; là pour lui rappeler de ne jamais oublier.

Kate jeta un œil à sa montre et décida qu'il était temps pour elle de retourner travailler. Elle passa rapidement aux vestiaires histoire de se rafraîchir un peu, réajusta ses cheveux qui avaient jusque là l'allure typique de la vilaine coiffure du réveil, s'arma de son plus grand sourire, et retourna derrière le comptoir.

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Theo Paradise

Theo Paradise
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MessageSujet: Re: La difficulté avec la tolérance, vient de ce qu'elle parait tout à la fois nécessaire et impossible La difficulté avec la tolérance, vient de ce qu'elle parait tout à la fois nécessaire et impossible EmptyLun 14 Mar - 23:03

Theo était d'une humeur massacrante. Cela arrivait, parfois. Lui qui tous les jours affichait son éternel sourire de voyou, qui plaisantait sur les sujets sensibles et paraissait toujours être dans un bon jour avait décrété qu'aujourd'hui ne serait pas sa journée. Lunatique à ses heures perdues, il n'était pas rare que son attitude varie en fonction de ses états d'esprits, et malheureusement en ce splendide vendredi, il n'était pas au mieux de sa forme. Faute à cette stupide secrétaire à l'hôpital psychiatrique, couverture de l'Opération Apocalypto ; faute à ladite Opération qui lui ponctionnait temps, énergie et conscience morale ; faute à sa famille, à son père qui brandissait à outrance la menace de le déshériter, à sa pseudo-mère qui alimentait en douce son compte bancaire de sommes déraisonnables et honteuses, à sa soeur qui le harcelait de coups de téléphone auxquels il ne répondait jamais. Il avait de plus en plus envie de tout envoyer balader et de se contenter de vivre au jour le jour, comme il le faisait lorsqu'il n'avait que 17 ans, qu'il était un petit con friqué au milieu de sa bande de junkies, et qu'il n'avait aucun autre souci en tête que de trouver de quoi s'amuser toute la nuit. La vacuité de sa vie le rendait ainsi, dépressif ; un mois complet à faire la fête, à aller traquer les Mutants la joie au ventre, sans états d'âme, à draguer tout ce qui portait jupon et à s'en vanter le lendemain ; le mois d'après, il n'avait que sa lassitude avec lui et portait sur ses frêles épaules tout le poids de son monde vacillant. Ca n'en avait pas l'air, mais ce mode de vie pouvait être exténuant, et à force de jouer au yoyo du bonheur, Theo semblait bloqué dans un état de déprime intérieure, gardant devant les gens son masque d'arrogance et d'aisance détestable, protection primaire à toutes questions énervantes.

Il avait passé la matinée à la base, où il avait dû régler quelques rapports sur ses précédentes missions et batailler avec cette foutue secrétaire à propos de questions de paperasses. Il avait alors découvert qu'il serait de mission le lendemain, et qu'il n'aurait ainsi pas droit à son vendredi soir enfiévré, ni à son samedi repos. Ca plus que tout l'avait plongé dans une humeur de chien, qu'il avait traîné avec lui jusqu'à midi, où il s'était octroyé une pause bien méritée en envoyant balader tout le monde à la base.

Montant au volant de sa voiture, il avait par réflexe enfilé ses Ray-Ban, complètement inutiles puisque le soleil avait du mal à percer la couche nuageuse confortablement installée au-dessus d'Achaea. C'était une de ses nombreuses manies, qui lui donnaient l'impression de paraître, et une allure de frimeur qu'il affectionnait particulièrement, surtout lorsqu'il conduisait son magnifique véhicule.

Faisant ronronner violemment son moteur et déclenchant des regards courroucés des pauvres piétons incommodés, Theo réfléchit un instant à sa destination en leur offrant un joli geste du majeur. Il n'avait pas très faim, juste envie d'une pause de midi, peut-être d'un petit café. Oh, et puis un bagel, tiens. Il enleva son frein à main et prit la route, jusqu'au centre-ville où l'attendait son établissement préféré.

Le long du chemin, il s'interrogea à propos de ses activités de l'après-midi. Normalement, il aurait du retourner à la base et terminer ce qu'il avait commencé le matin-même, mais la motivation lui manquait cruellement. Personne ne remarquerait son absence, et si c'était le cas, ils ne pourraient pas lui faire grand mal. D'autant plus qu'ils l'avaient destiné à cette merveilleuse petite mission un samedi matin, alors qu'ils aillent se faire foutre. Non, cet après-midi, il comptait se trouver une petite midinette pas trop effarouchée et lui faire rêver des monts et merveilles que sa carte bancaire pouvait éventuellement lui offrir. C'était plus simple en soirée, dans un petit bar du centre, mais l'opération n'était pas impossible, loin de là. Le connaisseur en lui attestait ce fait irréfutable.

Il gara sa voiture dans la large rue commerciale, profitant d'une place réservée aux handicapés. Il ne comptait plus ses PVs pour stationnement interdit ; encore une des choses sans importance dans sa petite vie luxuriante, un fait superflu et auquel il ne pensait plus le soir venu. C'est en ignorant les regards parfois choqués qu'on lui lançait qu'il sortit de son coupé et le verrouilla consciencieusement. En polo griffé, son jean sur les jambes et ses lunettes de branleur, Theo affichait une attitude clairement m'as-tu-vu, voire très méprisante pour les pauvres ères en guenilles qui traînaient ce midi dans la ville. C'était une habitude, une façon de vivre qui ne le quittait plus, et qu'il assumait avec la plus merveilleuse des facilités. Un sourire aux lèvres, il s'alluma une cigarette et marcha calmement jusqu'à son café préféré, pour tomber nez à nez à une petite affichette expliquant que les propriétaires étaient en vacances.

Incrédulité. Theo resta une bonne minute devant la pancarte, à la contempler avec une expression agacée et, il fallait l'avouer, un peu idiote. Non, mais quelle bande de chieurs ! Tout le monde avait visiblement décidé de lui gâcher sa journée, son pauvre petit vendredi voué aux pires besognes. Irrité, il fit volte-face, se décidément pour un autre établissement au bout de la rue, très certainement médiocre, mais aux grands maux les grands remèdes, non ? Keurf. Il remarqua avec une petite montée de ravissement que devant sa démarche énergique et son aura de mauvaise humeur, les gens s'écartaient sur le trottoir, le laissant profiter de sa désillusion complètement seul.

Devant le café, il s'arrêta quelques secondes pour juger de l'endroit et du genre de clientèle qui le fréquentait. L'endroit paraissait populaire et accueillant, tout respirait la candeur des bonbons et des mines avenantes ; le cauchemars intégral. Il avait pensé médiocre, il se basait maintenant plus sur catastrophique. Heureusement pour ces gus qu'il avait besoin d'une petite dose de caféine, où il ne leur aurait pas fait l'honneur de dépenser ses précieux dollars dans un bouge comme celui-ci. Il écrasa sa cigarette sur le palier, et pénétra dans le café en emportant avec lui une bouffée de l'air citadin couplé à son parfum de luxe qui embaumait l'oxygène autour de lui.

Il déchanta en voyant le nombre de clients devant le comptoir, mais sans gêne, comme d'habitude, il passa devant tout le monde sous les interjections venimeuses et les plaintes outragées des victimes. A cela, il répondit qu'il était pressé, qu'il était médecin, qu'il les emmerdait, sans se soucier de ce qu'on pouvait lui dire ensuite. Il avait atteint la tête de la queue et bouscula légèrement la pauvre dame qui commençait à ouvrir la bouche pour faire sa commande. Déposant ses coudes sur le comptoir, prenant ses aises, il ne jeta même pas un regard à la serveuse et s'occupa plutôt en lorgnant ce que pouvait proposer l'établissement.

- " Un café serré et un bagel aux amandes. Et dépêchez-vous un peu, je suis assez pressé, merci."

Derrière lui, quelques clients se plaignaient encore, arguant que c'était inadmissible ce genre de comportement, ce que bien sûr Theo ignora complètement. Pianotant des doigts sur le comptoir, il faisait la moue, agacé et impatient, jusqu'à ce qu'il se décide à observer la serveuse qui lui faisait face.

Il fronça les sourcils. Il connaissait ce visage, il en était certain. C'était étrange, mais la première pensée qui lui vint à la tête, c'est qu'il avait déjà eu une sorte d'aventure avec elle. De sa mémoire sélective, il fit défiler les visages de ses conquêtes, des blondes, des brunes, des rousses, qu'il avait levé en boîte ou dans les bars de cette ville paumée. Mais vraiment, non, il n'avait pas l'impression de l'avoir rencontré à Achaea, ce qui était étrange en soi. Entre New-York et ce bled du Nevada, il n'avait pas beaucoup voyagé et elle ne lui disait rien de plus.

Examinant son visage opalin et ses yeux bleus pétillants, il était sur le point de lui demander s'ils se connaissaient. Theo était une de ces personnes qui ne pouvaient rester sur un point d'interrogation au risque de s'interroger la journée entière sans réussir à détourner son attention de cette énigme. Peut-être que le soir où ils avaient concrétisé, il était trop saoul, uhm... ? D'autant qu'elle n'avait pas l'air de le reconnaître, elle, ce qui vexa son petit ego.

Et puis d'un coup, le déclic se fit.

Dans son esprit revint une multitudes d'images, de souvenirs plus ou moins bons. Il était jeune, peut-être 16 ou 17 ans, et il passait ses nuits et ses week end à brûler son argent là où il pouvait y trouver de l'intérêt. Quelle époque grisante et étrange de sa vie... ! Jamais il n'avait touché à autant de drogues et de plaisirs défendus qu'à ces moments-là, quand il cherchait dans les substituts de quoi donner un sens à son existence qui en était douloureusement privée. C'était à New York, la Grosse Pomme, qu'il avait ainsi dégringolé une pente savonneuse mais terriblement enivrante ; et c'était aussi à New York qu'il avait rencontré Kate Covington.

Il n'était qu'un petit con à l'époque, un vrai et insupportable petit con qu'on aurait eu envie de gifler pour son attitude dédaigneuse et méchante. Un de ses amis lui avaient parlé d'une pauvre fille, une junky qui était prête à n'importe quoi pour une dose ou de l'argent. Ce qui tombait bien, Theo avait les deux, et en très grosses quantités. Il était allée la voir, et la conversation n'avait pas été longue pour qu'ils tombent d'accord. Elle était jolie, bien que la drogue avait marqué quelque peu son visage et la profondeur de ses yeux, et superbement bien roulée. De quoi agrémenter le tableau de chasse du pauvre intoxiqué de sexe qu'il était, et qui mesurait la réussite sociale au nombre de ses conquêtes nocturnes. Il avait ainsi profité d'elle, salement, ni dans la douceur ni dans l'amour, pour lui jeter ensuite au visage ce qu'elle lui avait demandé. Theo avait été brusque, impersonnel, parfois brutal. De quoi donner de mauvais souvenirs à chaque personne, de quoi faire des cauchemars la nuit en se disant qu'on était vraiment une très mauvaise personne pour avoir faut subir ça à quelqu'un. Mais pas lui, non. Il avait même redemandé à la voir, quelques fois. Petit à petit, il lui avait trouvé un petit surnom, il l'avait traîné dans la boue devant les autres, et il s'était attachée à elle. Theo la droguait avec plaisir pour qu'elle lui donner sa propre dose de son corps. Il avait beaucoup aimé ça.

Et puis un jour, elle était partie. Plus trace d'elle dans les grandes rues de New York. Le jeune garçon ne l'avait plus jamais revu, elle n'était sans doute pas de la ville. Il se fit alors la réflexion qu'il ne connaissait rien d'elle, en vérité, sinon ses dealers et son physique avantageux. Ca en était resté là.

Revenu au présent, Theo contempla Kate avec un sourire naissant. Ne l'avait-elle donc pas reconnu ? Il avait pourtant été un amant inoubliable, non ? Il sentit venir à ses lèvres bon nombre de petites répliques, son ventre se tordant sous l'empressement, le bouillonnement de sa mesquinerie. En face de lui, il avait de quoi noyer sa mauvaise humeur et il adorait cette idée. C'était tellement incroyable de tomber sur elle dans ce café insignifiant, et à Achaea ! Combien de chances avaient-il de se recroiser un jour sur cette foutue planète ? Peut-être que finalement l'univers ne s'était pas dressé contre lui en ce vendredi sacré...

- " Mais c'est ma petite Kitty ! Je n'y crois pas de te voir ici ! Tu te souviens de moi ?" s'exclama-t-il très fort, de sa voix mélodieuse et grave.

Il avait pris un ton cajolant et aimable, mais si Kate avait un seul souvenir de lui, c'était de la parfaite hypocrisie dont il pouvait faire preuve, sept jour sur sept et à longueur de journées. Tout était joué en lui, de son regard à ses vêtements, en passant par ses postures et ses paroles. Son ton de baroque ne faisait pas exception à la règle.

Il s'était quelque peu redressé pour mieux la contempler. De lui, il n'offrait qu'un visage en partie masqué par ses lunettes de soleil réfléchissantes, un sourire torve entouré par une barbe de quelques jours et cette odeur piquante, entêtante, son parfum masculin qui embrouillait l'air entre eux. De quoi sûrement mettre mal à l'aise. Il enchaîna rapidement, tremblant presque sous l'impatience de lui balancer ça, très amusé par la situation :

- " Tu sais, j'ai failli ne pas te reconnaître sans Kétamine autour du nez !"

Bien sûr, Theo ne s'était pas donné la peine de baisser la voix, si bien que tout le monde avait pu entendre cette phrase. Et il souriait encore, de plus en plus insolent, riant presque du soudain silence qui s'était installé dans le café.

Il se demanda ce que Kate faisant à Achaea. Qu'avait-elle cherché à fuir ? Et surtout, surtout, trempait-elle toujours dans les lieux glauques qu'elle affectionnait tellement étant plus jeune ? Elle avait l'air en meilleure forme qu'à l'époque, cela dit. Son corps s'était remplumé, elle ne portait plus sur le visage ce masque de droguée aux yeux fous, en quête d'une dose facile. Mais lui comme elle savait très bien que ce genre d'état ne vous quittait jamais réellement, et qu'il restait en chacun une grande part de dépendance. Ce qui était d'autant plus amusant, à la voir ainsi en petite employée modèle d'un café en ville... Il se sentit obligé de rajouter :

- " J'espère que ce n'était pas ton patron, là-bas... Ca marche toujours, la K ?"

Theo était clairement moqueur, à présent, bien que son ton ET son visage avaient les accents de la sincère amabilité. C'est sans doute cela qu'il l'avait fait s'attacher à cette fille perdue : se sentir toujours si supérieur à elle. Sûrement à l'époque l'avait craint, détesté, maudit ; et pourtant jamais elle ne s'était refusé à ses caresses et ses malsains baisers. Il avait joué avec elle comme un gosse avec un petit chat, et elle était sa petite Kitty. Cela avait redoré son petit blason à l'époque, sans doute, lui qui n'avait pas de dépendance réelle aux drogues et qui de toutes façons auraient pu s'en payer jusqu'à l'overdose, ou la cure de désintoxication...

Quoiqu'il en soit, la suite de leur petite conversation promettait d'être vraiment, vraiment très divertissante. Theo n'était pas prêt de lâcher l'affaire ni d'oublier cette rencontre, maintenant qu'il savait qu'elle était présent en ville. Après tout, il l'aimait bien, assez pour ne pas l'avoir oublié malgré les années et les autres filles faciles qui lui étaient tombé sous la main. Son petit challenge frappa son esprit avec une clarté effarante : il essaierait de recoucher avec elle, c'était certain. D'ailleurs, il se mit au défit de le faire très rapidement, peut-être dans la journée s'il était assez fort ; en tout cas, il la reverrait.


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