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Dessine-moi un mouton.

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Dessine-moi un mouton. Vide
MessageSujet: Dessine-moi un mouton. Dessine-moi un mouton. EmptyDim 6 Mar - 16:56

« Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse :
— S'il vous plaît… dessine-moi un mouton…
»


L'étang était calme en cette fin d'après-midi. Les parents avaient fini par quitter bruyamment le parc, accompagnés de leurs jeunes enfants. Le soleil irradiait de ses rayons le lieu, réchauffant ma peau. Même si les températures étaient encore fraîches en cette saison, j'avais presque trop chaud. Il faut croire que je n'étais pas encore habituée à voir le soleil adoucir la température. Combien de temps avant que ce dernier ne se perde entre deux immeubles ? Je ne savais pas vraiment, et je n'avais pas non plus l'intention de vérifier. J'étais concentrée à faire autre chose.

Le carnet de dessins étaient posés sur mes genoux, tandis que j'étais assise contre le tronc d'un saule pleureur. Assez poétique comme scène, et digne d'une scène de cinéma. Mon crayon traçait des courbes sur le dessin, en rythme. Mon regard allait de l'étang à la feuille, essayant de n'oublier aucun détail. Cela faisait plusieurs heures que j'étais assise là, et je dois avouer que mon corps commençait à souffrir. Je ne sentais plus mes fesses, et mon dos demandait à bon massage. Enfin... Encore fallait-il que je trouve quelqu'un pour me le faire, ce massage. Un sourire distrait se peignit sur mes lèvres. Non, il n'y avait personne. Personne depuis bien longtemps. Depuis quatre ans, en fait. Depuis la disparition de mon frère.

Mon sourire s'effaça, mon regard se teintant de nostalgie. Pas un jour ne passait sans que je ne pense à lui, sans que je me demande si oui ou non il était toujours en vie. Où était-il ? Je ne savais pas. Enfermé dans une base secrète des Apocalypto surement. Vivant, mort ? Je n'arrivais pas à trouver une réponse. Mon cœur espérait qu'il soit toujours en vie, mais mon âme me poussait à espérer qu'il soit mort. Car au moins, mort, il ne souffrirait plus. Tout ça à cause de ces humains, tout ça à cause de leur peur irrationnel des mutants et de leurs besoins de les repousser, de les persécuter. Mon frère n'avait fait que me défendre. Ses intentions étaient bonnes... Et pourtant ils me l'ont pris. De colère, j'appuyai un peu plus fort que la normale sur la feuille. La mine du crayon à papier se brisa, me faisant sursauter et revenir à la réalité. Je regardai avec tristesse le traie trop appuyé sur le papier. Je pris ma gomme et essaya tant bien que mal de le faire disparaitre, puis tailla silencieusement mon crayon.

Un bateau téléguidé traversa l'étang. Je le suivis du regard durant sa traversée silencieuse. Des souvenirs m'assaillirent. Je sombrai rapidement dans mes passés, comme une personne venant d'allumer son écran de télévision et se plongeant dans le film.

« Julian, Julian ! Je veux faire du bateau téléguidé ! »
« Maman et papa nous ont dit qu'on devait rentrer rapidement. »
« Oh allez, ça ne prendra pas longtemps, promis. »
« Pourquoi tu veux absolument aujourd'hui, demain ça n'irait pas ? »
« Non... J'ai envie maintenant, c'est tout... Je... Je trouve que le soleil est bien placé et que... Que les reflets du bateau sur l'eau seraient... Magnifiques. »

La petite fille hésite dans ses paroles, ses joues s'empourprant. Elle a plutôt honte de ce qu'elle vient de dire. Les élèves de son écoles se moquent d'elle car elle aime dessiner, car elle a toujours la tête ailleurs. A force elle commence à croire que ce qu'elle fait n'est pas bien, qu'elle devrait arrêter de s'émerveiller devant des choses aussi simples et banales, pour plutôt aller jouer aux poupées avec les autres filles de sa classe. Son frère semble avoir compris ce qu'elle insinuait. Il lui sourit, puis se dirige vers le marchand de bateaux téléguidés pour en emprunter un. Il se dirige de nouveau vers la fillette, puis vont ensemble le déposer dans l'eau. Pendant que son frère pilote l'engin, la petite sort son carnet à dessin qu'elle ne quitte jamais, puis se met à gribouiller rapidement. Des dessins, qui même débutants, s'avèrent déjà être prometteurs. Le garçon sourit en la voyant faire, repérant sans trop de mal les étoiles de joie qui brillent au creux des yeux d'Enorah. Il donnerait tout pour qu'elle ait ce regard un pue plus souvent. Le bateau fond sur les maigres vagues que créent le vent, et le soleil fait briller comme des milliers de perles l'eau. Peu importe le temps que sa sœur mettrait à dessiner, car il savait que ce petit rien allait égayer sa journée. Et Dieu sait combien leurs journées sont longues et dures. Être mutants, c'est vraiment pas facile. Toujours subit l'exclusion, les moqueries... Autant Julian s'y est rapidement fait, autant Enorah semble avoir toujours du mal avec ça. Elle est trop gentille, beaucoup trop gentille.

« À mon tour. »

Le croquis semble terminé. Julian y jette un rapide coup d'œil, et ne peut qu'être touché par la beauté du dessin. Il tend la télécommande à la demoiselle qui s'empresse de la prendre. Alors que son bateau évite de justesse de se retourner à cause d'un vent un peu trop fort, la fillette rie aux éclats, très vite rejoint par celui de son frère. Les joies de la simplicité.


Il était vieux ce souvenir, vraiment très vieux. Je n'arrivais pas à lui donner une date, mais je pouvais lui donner une époque. C'était lorsque Julian et moi étions encore à l'école primaire. On avait quoi, sept/huit/neuf ans ? Je ne me souvenais pas. Par contre le souvenir du bateau était resté graver. Son poids, ses couleurs. La petite entaille qu'il avait à la coque, surement due à un mauvais coup... Une idée me traversa l'esprit. Mon regard se déplaça à droite, puis à gauche. Il n'y avait personne, rien à l'horizon.

Mes yeux se mirent alors à briller de milles feux. De toutes les couleurs. Fascinant. Mon don était à l'œuvre. La création était en marche. Mentalement je me concentrait, formant l'objet que je désirais créer dans ma tête. Je lui donnai un poids, une forme, une matière, une couleur. Tout ces petits détails me prirent une bonne dizaine de minutes. Mais dans ma tête le temps fila à la vitesse de la lumière tant que j'aimais ce que je faisais. Quand le dessin fut prêt, je pris une profonde inspiration, puis ancra mon dessin dans la réalité. Ce dernier se matérialisa en plein milieu de l'étang, comme par magie. Un bateau en bois, comme celui que mon frère et moi avions loué. Le même, si ce n'est que lui n'était pas télécommandé. Un simple bateau flottant sur l'eau. Mes yeux reprirent leur teinte habituelle, et pendant un instant la tête me tourna. Je fus assaillie de nausées, et je dus fermer les yeux et inspirer profondément pour ne pas vomir. Cette désagréable sensation finit par disparaitre au bout de quelques minutes. Seule restait la fatigue. Une immense fatigue. Je passai la main dans mes cheveux, en profitant pour détendre les muscles de mes bras et de mon dos.

Le bateau dérivait tranquillement sur l'eau. L'avantage était qu'aujourd'hui il n'y avait pas de vent. Ainsi il mettrait du temps pour arriver jusqu'au bout. Étant un objet assez complexe à réaliser, j'avais écourté sa durée de vie. Il ne serait dans ce monde que pour quelques minutes seulement. Autant donc en profiter au maximum. Ma main reprit le crayon entre ses doigts, puis je me remis au travail. J'incorporai sans top de difficulté le bateau au milieu de l'eau, dessinant les reflets que le soleil produisait. C'était comme dans mon souvenir. Sauf qu'entre temps mon niveau en dessin avait considérablement augmenté, et que du coup il devait être encore plus joli qu'avant, ce qui était une chose normale. Je me demandai si j'avais encore l'ancien dessin. Surement, oui. Les souvenirs matériels avec Julian étaient rares, et j'avais donc du le garder précieusement dans un des nombreux cartons qui remplissaient mon petit appartement. En rentrant il faudrait que je le cherche, et que je le compare avec celui d'aujourd'hui. J'en profiterais peut-être aussi pour jeter un coup d'œil à d'autres dessins que je n'avais pas regardé depuis des lustres.

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Dessine-moi un mouton. Vide
MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton. Dessine-moi un mouton. EmptyDim 6 Mar - 20:26

Ce jour était un jour différent. Depuis la fois où il avait rencontré la femme dans le parc, il n’y était plus retourné. Il trouvait ça étrange d’ailleurs, ne pas retourner à l’endroit préféré pour ses méditations. Il aimait ce par cet pourtant, cela faisait déjà plus d’un mois passé qu’il n’y était pas retourné. Il fallait corriger ce petit détail rapidement. Il avait besoin de penser à toutes les nouvelles rencontres qu’il avait faites. D’abord son frère, puis Sòlveig puis aussi Arthur. Tout ceci semblait bien trop proche pour y penser dans le moment présent. Il fallait d’abord prendre le temps de se poser sur son rocher d’où il pouvait voir tout le lac. Cet endroit magnifique. En début d’après midi donc, il prit le temps de se promener dans les rues d’Achaea. Le monde était toujours aussi présent dans la ville et pourtant, les gens semblaient vivre au ralenti dans la micro économie de la ville. Puis il s’était dirigé vers le parc. Lorsqu’il aperçut les premiers feuillages des arbres, il sourit. Sa joie était toujours présente lorsqu’il revenait aux sources ou lorsqu’il voyait quelqu’un qu’il appréciait tout particulièrement. Il pressa le pas pour profiter plus longtemps de l’endroit où les gens se presseraient surement dans l’après midi. Il fallait dire que c’était une très belle journée. Le soleil s’était levé du bon pied le matin et avait tout bonnement décidé de les irradier toute la journée. Bien que les températures fussent encore fraîches, les gens sortaient pour profiter des tous premiers rayons de soleil.

Il pénétra dans le premier bosquet d’arbres qui se présentait à lui. Ce devait être dans les alentours de quatorze heures et il y avait déjà quelques personnes qui pique-niquaient ci et là. Il ne fit pas attention à eux pour rentrer réellement dans le décor. Même s’il était paré de bleu comme toujours, de la tête au pied, il sentait bien qu’il était un élément de ce décor. Les gens autour de lui se servaient du cadre pour profiter de la journée qu’ils avaient. Alors que lui, il était la nature même, il rentrait en osmose avec elle. Il était de ces hommes qui la respectaient pour ce qu’elle est réellement et non pour ce à quoi elle pouvait servir. Dans le premier bosquet, il s’arrêta pour sentir la chaleur que les arbres emprisonnaient sur son corps. Il sentait le contact à la fois chaud et froid que procuraient les arbres. La fraîcheur de l’étang remontait à lui tandis que le soleil frappant les feuillages transportait la chaleur. Il sourit béatement. La journée risquait bel et bien de s’annonce concluante. Il pouvait déjà sentir la positivité dans tout ce qui l’entourait : des arbres aux animaux dans l’étang. Tout cela semblait si calme par rapport aux évènements du moment. Un contraste que les gens appréciaient puisque le parc était le lieu de toutes les passions. Il se mit en route de son petit coin isolé du monde. Il était du genre sociable mais dans des moments comme celui-ci. Paisible, solitaire et blancheur de la vie. Tels étaient les bons mots à trouver pour allier parfaitement avec le paysage qui se trouvait devant lui. Il trouva facilement son petit coin. Comme toujours, il n’y avait personne. Peu le connaissait ou du moins peu l’appréciait et c’était tant mieux. Il l’aimait et il ne comptait pas le partager avec quelqu’un. Pointe d’égoïsme quand tu nous tiens.

Il s’installa confortablement sur ce qui ressemblait à un rocher recouvert de nombreuses couches d’herbe. Le temps avait passé et le rocher était totalement vert de végétation désormais. Il croisa ses jambes, mit sa tête sur ses mains et contempla l’étang qui se dessinait devant lui. Il repensa à sa rencontre avec Piotr. Les jours avaient passés et il était certain qu’il devait être quelque part dans Achaea à rechercher à se cacher de son ainé. Puis Sòlveig qui lui avait plus ou moins tendu la perche pour qu’il déballe tous ses problèmes. Lors de leur discussion, elle avait amené les faits sur la table et pourtant, la discussion n’était pas forcément allée bien loin. Mais voilà, il n’était pas de ceux qui disent tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Il ne veut pas faire preuve d’égoïsme en parlant à tout le monde de ses doutes, ses inquiétudes et ses problèmes. Seuls ses véritables amis pouvaient comprendre de quoi il retournait. Il avait bien besoin de Ella ou de Fillan là. Ils comprendraient eux au moins. Pas comme ces gens autour de lui qui étaient tranquillement accoudés à leur pique-nique et qui profitaient pleinement de la vie. Comment cela était possible alors que tout le monde ici était préoccupé par autre chose ? Ne se rendaient-ils pas compte de ce qu’il se passait ?

En même temps, il ne pouvait pas blâmer ces pauvres gens qui profitaient de moments de répit comme celui-ci pour se reposer. Sortir en famille, profiter des premiers rayons de soleil annonçant le printemps, des premiers jours calmes après l’hiver rude qu’ils avaient passés. Il reporta son attention sur le lac. Ses pensées s’étaient égarées durant combien de temps ? Combien de temps avait-il passé à repenser à ses diverses rencontres ? Une demi-heure peut-être ? Il porta son regard sur sa montre qui se trouvait sur le bras droit, contrairement à la normale. Il était déjà seize heures trente. Cela faisait deux heures et demie qu’il était là et la seule chose à laquelle il avait pensée c’était ses problèmes. A quoi bon se remémorer tout cela si tout cela ne menait à rien ? Il avait le besoin d’appeler Fillan ou Hester ou bien même Ella. Mais il ne pouvait pas pour le moment dans la mesure où il n’avait pas emporté son portable. Il s’allongea donc quelques instants de tout son corps comme pour se purger des ennuis qu’il avait. On aurait dit un fou et pourtant il était bel et bien sain d’esprit comme de corps. Après quelques minutes à l’arrêt, il se releva et s’enleva les quelques morceaux d’herbe qui s’étaient coincés dans ses vêtements. Il s’ébouriffa les cheveux et regarda autour de lui. Il s’aperçut que plus bas, près de la berge se trouvait une jeune fille. Elle était de dos mais celle-ci l’intrigua. Il ne l’avait jamais vue ici et même s’il ne pouvait pas exactement dire si elle ressemblait à quelqu’un qu’il connaissait, il avait ce doute bien ancré en lui. Il prit son courage à deux mains et descendit de son petit point de vue pour se rendre à l’endroit où elle était.

Il s’approcha de la berge et marcha en direction de la jeune femme. Tout en faisant cela, il regardait l’étang. Sur celui-ci, on pouvait voir des cygnes ainsi que des canards. De temps à autre également se trouvaient des courses de bateaux que les familles fabriquaient. L’un d’eux attira son regard. Il en vit un passer à toute allure près de lui et remarqua que c’était un enfant qui s’amusait à frôler les côtes. Mais ce n’était pas tant celui-là qui attira son regard. Plutôt un autre bateau, un petit voilier qui se tenait au centre de l’étang et qui s’éloignait grâce à la petite brise vers l’autre flanc de l’étendue d’eau. Il était magnifique avec des couleurs resplendissantes tout en ayant un bois vieilli. Il arrêta sa contemplation pour revenir à la jeune femme. Elle était juste là, à quelques pas. Il ne voulait pas la brusquer, elle semblait perdue dans ses pensées tout comme il l’avait été auparavant. Il s’assit à sa gauche, croisant les jambes sous son postérieur. Elle était blonde. Il ne voyait pas son visage encore, seulement une mèche blonde tomber sur celui-ci. Il regarda le bateau au loin et lui dit d’une voix peu forte et très calme.

    « Je ne t’avais encore jamais vu ici … Joli bateau, non ? »


Il marqua un temps d’arrêt pour permettre à la jeune femme de prendre en compte la présence du slave. Puis il bougea un peu pour se remettre dans une position plus confortable en mettant ses genoux levés devant lui. Peut-être devrait-il se présenter quand même ?

    « Moi c’est Nikita. Ravi de te rencontrer. »


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Dessine-moi un mouton. Vide
MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton. Dessine-moi un mouton. EmptyMer 9 Mar - 14:51

« Je me souviens d’un commentaire d’un de tes professeurs sur ton carnet de note : "A touché le fond... mais creuse encore !" »


Les coups de crayons se faisaient de plus en plus lentement, épars. Le dessin en lui-même était fini, il ne restait plus que des petits détails par-ci par-là. J'aurais très bien pu le faire chez moi, mais je préférais finir le travail ici. Tant qu'il y avait encore de la lumière, je comptais bien rester les fesses contre l'herbe et le dos contre le tronc. Je m'y plaisais bien. L'endroit était tranquille, et les paysages souvent resplendissants. De quoi faire bondir de joie une jeune dessinatrice en manque d'inspiration et de beauté véritable, de beauté naturelle. J'avais suivi des cours avec des dessinateurs qui ne faisaient que dessiner des scènes dans les villes. Un métro passant devant eux, un sans-abri donnant des miettes de pains à des oiseaux... Personnellement ce n'était pas mon thème de prédilection. Je n'aimais pas spécialement les métropoles, la modernité. Le béton, les gens empilaient les uns sur les autres, c'était pas trop ma tasse de thé. Je préférais de loin me balader dans les campagnes et dessiner des fermes. Je crois que niveau inspiration j'étais plus dans le côté naturel.

En fait je n'aimais surtout pas les villes car j'avais beaucoup de mal à vivre avec les humains. Depuis ce dépistage dans mon école primaire et la révélation au reste de mon école de ma condition de mutante, ma vie avait frôlé l'enfer. Moqueries, exclusions, violences même parfois... J'étais passée par tous les stades. Les autres enfants, qui quelques semaines plus tôt étaient mes amis, avaient soudainement changé de camp, pour finir par me traiter avec indifférence voir avec hostilité. C'était dur pour une fillette de huit ans, très dur. Heureusement qu'à l'époque mon frère jumeau, lui aussi mutant, avait été là pour moi. On se soutenait tous les deux. On avançait ensemble au jour le jour, toujours là quand l'autre avait besoin. Julian avait très vite accepté cette exclusion. Pas moi. Moi j'avais toujours eu espoir qu'au fond ils se rendent compte que nous étions toujours les mêmes. J'avais décidé de rester gentille, de rester à l'écoute, prête à sourire et à aider n'importe qui, même celui qui m'avait insulté quelques secondes plus tôt. Je m'étais exposée à eux en cherchant à être acceptée. Mais ce fut en vain, je ne récoltai que des moqueries, des insultes, des menaces. Encore, encore et encore. J'avais beaucoup d'espoir lorsque j'entrai à l'université. Nouveau lieu, nouvelles personnes, au fond une nouvelle identité. Un mutant parmi les humains, incognito. Mais il avait fallu qu'un élève me remarque et remarque mon don. Et tout avait recommencé. Encore.

Cette histoire s'était soldée par l'arrestation de mon frère. J'avais perdu la seule personne qui me soutenait tous les jours, celle qui me permettait de me tenir droite, et d'assumer ma condition de mutante. Tout ça à cause des humains. Encore et toujours à cause d'eux. J'aurais pu les haïr, j'aurais pu souhaiter me venger en les exterminant tous. Après tout, les mutants étaient supérieurs aux humains, alors pourquoi pas ? Mais je ne pouvais pas. J'avais cette puce qui permettait aux policiers de me suivre à la trace. Et puis je n'avais pas encore la force nécessaire pour leur tenir tête. De toute manière je n'en voulais pas particulièrement aux humains. Ma naïveté légendaire faisait que j'avais toujours espoir que le monde change, que parmi ce flot d'humains il y en ait au moins une poignée qui pourrait m'accepter pour ce que je suis. Non, ma haine allait aux membres de l'équipe Apocalypto. Ils s'étaient joués de moi, et m'avaient manipulé pendant plusieurs années. Ils m'avaient fait souffrir comme personne jusque là ne l'avait fait. Ils méritaient de payer. De payer pour ce qu'ils ont fait. Les rapts de mutants, leurs exterminations. Une abomination. Je ne fermerais pas les yeux très longtemps. Tout n'était à présent qu'une question de temps. De temps, d'entrainement, et d'opportunité. Le temps et l'entrainement de développer mon don, dans l'ombre des humains. Et l'opportunité de pouvoir désactiver ma puce, car avec elle ce n'était même pas la peine que j'essaie quoi que ce soit en dehors des lois.

Au dessin il ne manquait plus que les couleurs. En noir et blanc il faisait plus penser à un brouillon qu'autre chose. Il m'arrivait de les laisser comme ça, trouvant que les effets n'en étaient que meilleurs. Mais je dois avouer qu'en voyant ce bateau d'un rouge écarlate, je n'avais qu'une envie : le dessiner. Je sortis donc ma boite de crayons de couleurs de mon sac et me mis au travail. Encore une fois, je me dis que j'aurais très bien pu attendre ce soir pour le faire. Grâce à ma mémoire photographique, cette scène que j'avais devant les yeux était gravé dans ma mémoire à tout jamais. Un avantage monstre pour une dessinatrice comme moi qui n'avait pas forcément le temps de s'arrêter et de gribouiller quand elle voyait en un paysage un futur dessin. Il fallait juste que je le regarde, et hop je n'avais qu'à me le remémorer plus tard dans la journée voir dans les jours qui suivent et ce sera comme si j'étais devant. Comme si j'étais devant... Non, pas vraiment en fait. Je n'avais que les images. Le vent caressant mes cheveux, le soleil éclairant ma peau, les odeurs planant autour de moi... Ça je ne pouvais pas le reproduire à l'identique, juste l'imaginer. Et ça ne rendait jamais pareil que si j'étais réellement sur place.

Une voix retentit non loin de moi. Même si cette dernière était tout ce qu'il y a de plus calme et détendu, je ne pus m'empêcher de faire un mouvement brusque. Le crayon rouge dérape et colore l'étang au lieu de s'en tenir au bateau. Une future mer rouge ? Tant de calme, de silence, de paix... Je n'étais pas franchement préparée à entendre une voix aussi proche. D'habitude c'était les enfants qui piaillaient ou encore les parents qui les appelaient, mais c'était toujours à une distance respectable. J'inclinai doucement mon regard vers l'inconnu, ne pouvant m'empêcher de sourire, tout de même. Je n'avais pas ce que l'on peut appeler un caractère fort. Je n'étais pas du genre à hurler sur quelqu'un parce qu'il m'avait bousculé. J'étais plus de ceux qui se contentaient de sourire, de rougir, et de s'excuser à son tour. Bon, c'est sûr, dans ce cas je n'avais pas vraiment besoin de m'excuser. Mais vous voyez le genre de personnes que je suis.

Mes joues s'empourprèrent lorsqu'il parla du bateau. Mon regard se reporta machinalement vers ce dernier, qui continuait tranquillement à flotter. M'avait-il vu le créer ? Avait-il vu qu'il était apparu comme par magie au milieu de l'étang ? Sur le coup je me sentie bête d'avoir fait preuve d'autant d'imprudence. Quelle sotte... Et si c'était un agent de l'Apocalypto déguisé en individu normal ? Mon cœur battit plus vite dans ma poitrine. Je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire. Ma bouche restait muette. L'inconnu reprit à nouveau la parole, pour se présenter cette fois.

Toujours ce même ton neutre, légèrement amical. Que ce soit son attitude ou sa voix, rien ne portait à croire qu'il était dangereux ou qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être. Il paraissait tout à fait humain et visiblement en quête d'un peu de compagnie pou égailler sa fin de journée. Je poussai discrètement un soupire de soulagement, c'était au moins déjà ça de gagné. J'inclinai de nouveau mon regard vers l'inconnu, toujours avec ce sourire naïf sur les lèvres. Ça me faisait toujours drôle quand quelqu'un venait de lui-même m'adresser la parole. Ça changeait des autres années, où au contraire on me fuyait comme la peste. L'avantage d'avoir déménagé, et d'avoir encore recommencé à zéro. Combien de temps encore allais-je garder cet anonymat ? Le plus longtemps possible, c'était ce que j'espérais.

« Enorah, ravie aussi de faire ta connaissance. »

Ravie en effet de pouvoir parler avec quelqu'un de choses banales. Je repensai à ce qu'il venait de me dire, aux informations qu'il avait laisser transparaitre. Alors comme ça, il venait souvent ici ? Un habitué des parcs et de leurs tranquillité ? Ou un violeur d'enfants psychopathes ? Je secouai la tête, il fallait vraiment que j'arrête de lire les journaux glauques et de regarder la télévision. N'aimant pas spécialement le silence qui commençait à s'installer, et ne voulant pas faire fuir mon interlocuteur, je repris le plus calmement possible la parole.

« En fait je suis du genre discrète. Je n'aime pas attirer l'attention sur moi. Je préfère de loin passer inaperçue. » Je marquai une courte pause, regardant Nikita quelques secondes avant de regarder l'étang. « D'où le pourquoi je ne suis pas sur un banc, visible aux yeux de tous. »

Je finissais ma phrase par un sourire amusé, puis passai ma main dans mes cheveux. Ma main attrapa la gomme, et je gommai le trait rouge qui avait dépassé du bateau. Lorsque ce fut fait, je regardai le navire qui dérivait sur l'eau. C'est vrai qu'il était magnifique... Plus rien à voir avec les bateaux téléguidés de nos jours. Maintenant ce n'était plus que des gros navires du style des yachts. La modernité avait entrainé l'abandon des vieux navires, des voiliers comme celui qui était en plein milieu du lac. Dommage. J'adorais ce style de navire.

« Oui, ce bateau est magnifique. Ça donne un style rétro, un genre de retour dans le passé. Je ne savais pas qu'ils en louaient encore. »

Ignorance feinte. Je savais très bien que ce genre de bateaux n'était plus loué, et qu'en plus il venait tout droit de mon imagination. Simplement, quelques fois, il valait mieux mentir. Les mensonges étaient souvent mieux que la vérité. Comment aurait-il réagit si je lui avais annoncé que ce bateau je l'avais imaginé de toute pièce, et que d'ici quelques minutes il allait disparaître ? Disparaître... Mon cœur loupa un battement. Disparaître. Je regardai ma montre, un peu plus précipitamment que je ne l'aurais voulu. Je pinçai mes lèvres, l'air contrariée. Le bateau n'allait vraiment pas tarder à disparaître. Je l'avais crée pour qu'il ne reste pas longtemps, quelques minutes. Or ça faisait quand même un peu bout de chemin qu'il était là. Et avec Nikita qui le fixait... Je lui tendis mon carnet à dessin.

« Pour garder un souvenir de ce bateau. Je le trouve vraiment magnifique, et puis avec ces reflets sur l'étang... Je sais pas, ça donne un petit quelque chose. » Je me rendis compte que le dessin n'était même pas fini. « Il lui manque encore quelques coups de crayons... »

Mes joues s'empourprèrent à nouveau et je préférai garder le silence. Dans ma précipitation j'avais l'impression d'avoir un peu dit n'importe quoi. Du coup je passai pour une pipelette, et ce n'était surement pas ce qui intéressait le jeune homme. Sinon pourquoi fréquenter les parcs, réputés pour leur calme et leur tranquillité ? Alors que le jeune homme regardait le dessin, mon regard divagua vers l'étang. Juste à temps pour voir le navire disparaître. Je retins ma respiration, regardant de nouveau le garçon. L'avait-il vu ? Je n'arrivai pas à cacher mon embarras. C'était décidément de pire en pire. Je n'avais, pour le coup, qu'une envie : me transformer en souris et me cacher loin, très loin. Car en plus d'être une pipelette, je serais doublée d'une tarée mutante.

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Dessine-moi un mouton. Vide
MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton. Dessine-moi un mouton. EmptySam 12 Mar - 11:51

Le temps semblait s’être suspendu autour d’eux comme si une force inconnue souhaitait permettre aux deux personnes de prendre le temps. La jeune femme paraissait se perdre dans ses pensées, les yeux vagues vers l’horizon. C’était un état que le slave reconnaissait, celui du souvenir, de la pensée nostalgique voire mélancolique même. Lorsqu’il interrompit la connexion que la jeune femme avait avec elle-même, il se pinça les lèvres avec l’aide de ses dents. Il l’avait dérangée et cela se voyait, il avait interrompu une pensée importante ou du moins, agréable. Il le vit par le visage d’abord surpris de la jeune femme puis le fait qu’elle se soit reculée dans ses mimiques de visage. Elle ne souhaitait apparemment pas que le slave comprenne ce qu’il se passait devant lui. Elle ne répondit pas à son interrogation en se contentant de regarder l’horizon devant eux se composant de l’étang ainsi que de la rangée d’arbre en second plan. Puis lorsqu’il se présenta, elle tiqua quand même un peu. Il trouvait que de se présenter, c’était mieux que de venir et discuter sans rien dire. Cela permettait de mettre un terrain neutre, de brandir le drapeau blanc comme quoi on n’est pas venu pour faire la guerre. Il n’aimait pas la guerre de toute façon. Il se contenta de regarder le paysage en attendant une réponse. Il se dit à lui-même que si elle ne répondait pas ou qu’elle ne voulait pas de lui, il prendrait congé, ce n’était pas un souci. Il n’y avait pas que des personnes sensibles aux attentions du slave alors peut-être qu’elle ferait partie de ce groupe. En observant le paysage, il sourit. Cela lui rappelait tellement les nombreuses fois où il avait pu venir seul, sans personne pour le déranger. Il comprenait donc la gêne que cela pouvait apporter à la jeune fille.

Celle-ci prit la parole quelques temps après. Elle avait une voix douce, remplie de sensibilité sans pour autant être dénuée d’intelligence. Il pouvait sentir la timidité dans cette voix, ou du moins le retrait. Elle n’était pas froide pour signaler un dérangement total, ni chaude pour amener l’idée que cela lui faisait plaisir de rencontrer quelqu’un : juste neutre. Il appréciait cela. Elle ne s’engageait pas encore, attendant d’avoir le terrain de libre pour constater si le slave était réellement un allié ou un ennemi. C’était de l’anticipation, laissant entrouverte la porte pour de futures discussions. Un petit silence dura jusqu’à ce que celle-ci explique le pourquoi il ne l’avait pas forcément vue avant. Elle se disait réservée, ce qu’il voulut bien le croire. Mais en général, le slave se souvenait des personnes qui venaient souvent ici. Et d’après ce qu’il pouvait voir, elle semblait être une de ces habituées qui se promenaient sur les berges. Cela l’intrigua, il n’avait pas souvent l’occasion de voir de nouvelles têtes dans ce parc. Les gens se bornaient à venir tout le temps avec les mêmes personnes ce qui faisait acte de routine à force du temps. Il sourit lorsqu’elle finit de s’exprimer. Il était vrai que là où elle s’était mise, ce n’était pas à la vue de tous et le slave l’avait aperçue par simple hasard. Il tourna la tête vers elle pour voir s’il avait une vue sur son visage. On disait auparavant qu’un visage rend compte normalement de la personnalité d’une personne. Il aurait aimé vérifier cette information mais apparemment ce n’était pas pour tout de suite parce qu’elle venait de détourner la tête encore une fois. Elle lui avait confié quelque chose, à lui d’en faire autant pour installer plus ou moins un rapport de confiance.

    « Je dois dire qu’en général, je ne me mets pas à la vue de tous non plus, je suis reculé dans un petit coin d’où je peux visualiser tout l’étang, tout le parc même. Bien que cela ne me dérange pas d’être sur un banc … souvent je ne remarque même pas les gens qui me passent devant si jamais je suis dans mes pensées. »


Il remarqua le geste de la jeune femme. Celle-ci avait un carnet et semblait gommer quelque chose dessus. Il ne vit pas exactement ce que c’était puisque son bras masquait la partie qui l’intéressait. Il se contenta donc de sourire dans le vent, ou du moins pour le paysage. Il ne savait pas quoi dire alors la jeune femme prit la décision de s’investir un peu plus dans la conversation. Elle lui parla du petit bateau qui voguait plus loin sur l’eau. Il était vrai que son aspect donnait un style rétro et cela faisait plaisir de voir qu’il y avait encore des personnes sensibles à la nature simple des choses. Par contre, sa dernière phrase l’intrigua. Il était vrai qu’il ne lui semblait pas avoir déjà vu des gens louer ce genre de bateau dans le coin et pourtant il y en avait bel et bien un. Il se demanda d’ailleurs s’il était réellement téléguidé parce qu’il ne semblait pas être porté par l’électricité ou autre chose. Il voguait simplement en fonction de la force du courant et là, il partait vers le fond du parc par rapport à eux alors que d’autres bateaux flottaient mais eux, se dirigeaient, par la force des moteurs qu’ils avaient à l’intérieur. Il ne savait pas s’il devait le relever ou pas. Peut-être était-ce elle qui avait lancé ce bateau pour s’amuser ou même pour se souvenir de moments passés avec des personnes aimées ? D’ailleurs, il n’avait même pas fait attention mais peut-être qu’elle était avec quelqu’un à ce moment là et qu’il était parti pour chercher quelque chose dans un véhicule ou je-ne-sais quoi d’autre ?

    « J’y pense mais … je n’ai même pas demandé. Peut-être es-tu accompagnée, non ? Je suis désolé si je me suis interposé comme ça dans une relation … »


Il laissa sa phrase en suspens tandis que la jeune femme d’un coup lui tendit son carnet. Il aurait pu y avoir n’importe quoi dessus, des cours, des photos, des écrits, n’importe quoi sauf … ça. Elle lui parla mais il n’y prêta pas attention se contentant de prendre le carnet dans ses deux mains. C’était ahurissant de voir combien le dessin était correctement réalisé. Les ombres, les courbes de l’objet, les couleurs, la luminosité, le contraste. C’était exactement le même bateau que celui sur la berge. A croire qu’elle était vraiment très douée pour reproduire ce qu’elle voyait. Ses talents de dessinatrice étaient confirmés pour le jeune homme. Alors que lui n’arrivait pas à faire, ne serait-ce qu’une maison, elle arrivait à reproduire un bateau qui se trouvait plusieurs dizaines de mètres plus loin. Il regardait frénétiquement le bateau et le carnet allant de l’un à l’autre sans piper mot. Il trouvait cela impressionnant de voir à quel point les détails qu’il pouvait voir sur le bateau étaient reproduits sur le croquis qui était d’ailleurs plus un dessin qu’un croquis. Il tourna la tête vers la jeune femme blonde avec des yeux ronds comme des billes. Il ne savait plus quoi dire tellement il était sous le charme autant de la beauté du dessin que celui de la femme.

    « C’est vraiment … vraiment magnifique. Tu as su reproduire les moindres détails et même ceux que je n’arrive pas à voir d’ici … »


Il était vraiment sous le charme du coup de crayon. Les détails du bateau le rendaient tellement … tellement vivant qu’il ne savait plus tellement où était la copie de l’autre. Etait-ce celui sur l’étang ou bien celui sur le carnet. Puis il eut une idée. C’était un carnet, non ? Donc il devrait y avoir d’autres dessins normalement sur celui-ci. Il regarda la femme. Il devait lui demander avant, le carnet ne lui appartenait pas alors il était normal que quelqu’un demande la permission avant de regarder ce qu’il y avait à l’intérieur. Il observa donc la jeune blonde du coin de l’œil avant de revenir sur son visage.

    « Tu en as d’autres comme ça des dessins dans ton carnet ? »

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