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Entrevue pour l'Achaea News [Neve]

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Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  Vide
MessageSujet: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyDim 7 Nov - 1:43

Devant ma glace, je procédais à ma traditionnelle inspection. De moi-même, évidemment. Mon regard était sans complaisance et je me dévisageais comme à mon habitude, muni à la fois d'une ironie froide et d'un sens pointu du détail. Nerveux ? Non, absolument pas. Je mentirais si je prétendais le contraire. Pourtant, je sais au fond de moi que ce n'est pas aussi simple. Gérer la pression, j'ai appris, et ce depuis longtemps : je n'aurais guère pu parvenir là où j'en suis désormais sans cette qualité essentielle. Respecter un délai, dormir la nuit, faire taire toutes les appréhensions, oui, honnêtement je pouvais me targuer de maîtriser mon corps sans trop de difficultés. Ainsi, je m'agaçais de trouver ma respiration un peu trop précipitée à mon goût et fronçais un sourcil qui me donnèrent un instant l'air d'un oiseau de proie. Rapidement, je m'obligeai alors à détendre les traits de mon visage et, machinalement, passait ma main sur ma mâchoire, mes doigts venant se rejoindre jusqu'à la pointe de mon menton. Ah, je m'étais fait beau ce matin. Pour une entrevue comme celle qui m’attendait, on ne se présentait pas vêtu de loques et aussi barbu qu'un bûcheron. D'autant plus lorsque l'on avait l'insigne honneur d'être interviewé pour faire la tête d’affiche de l’Achaea News, on se devait de bien paraître. Je savais bien entendu pourquoi le journal m’avais contacté : mes dons à la ville n’étaient un secret pour personne et même si on me connaissait de visage partout en ville, nul ne savait rien de moi. C’était la raison principale de cette entrevue : faire connaître un des hommes les plus ‘’généreux’’ d’Achaea à la populace. Entre les lignes, je savais que les autorités chercheraient des failles dans ce que je dirais, aussi devrais-je veiller à surveiller mes paroles. Ce n’était pas nouveau, alors aucun stress là non plus.

Un sourire amusé vint remplacer la mine maussade que j'affichais depuis quelques minutes. Je savais pertinemment que si j'avais parlé à voix haute de ma vraie vie, j'aurais signé mon arrête de mort. J’allais débiter tout un flot de conneries à celui ou celle qui viendrait me parler, me poser des questions personnelles pour soi-disant mieux connaître un des bienfaiteurs d’Achaea. Ma belle humeur revenait doucement m'éclairer et me pourvoir d'une vague de confiance, de celle que j'éprouvais à chaque fois que j'étais sur le point de franchir une épreuve un peu plus épineuse que d'ordinaire. Revenant donc à la réalité, je me tournais de moitié et fit descendre mon regard de haut en bas, m'attardant sur chaque parcelle de tissu qui me recouvrait. Oui, vraiment, je m’étais fait beau : mon pantalon noir de la meilleure facture couvrait mes jambes, et ma chemise blanche favorite mon buste. Ma veste, de la même couleur et parfaitement assortie complétait cet assortiment, de même que mes chaussures parfaitement cirées. Je choisissais toujours soigneusement les éléments de ma garde-robe en fonction de qui j'aurais en face de moi. On ignore à quel point le costume peut aveugler une âme simple. Ou même des moins simples...

Dans le cas présent, je n'étais pas dupe : celui ou celle que j'aurais bientôt en face ne serait probablement pas au fait des réelles motivations derrière cette simple rencontre. Non, mes ennemis ne seraient pas aussi directs. Mais j’étais loin d’être naïf ou aussi stupide que ceux qui me traquaient. Dans tous les cas, je ferais une aussi bonne impression que possible : tel était mon objectif. J'ai calculé mon timing de façon à être prêt à l’avance. La ponctualité est une valeur avec laquelle je ne transigeais jamais, et ce fut en jetant un bref coup d'oeil à ma montre que je constatai que tout se passait bien. Je serai parfaitement dans les temps, comme toujours. J'étais prêt. Après m'être observé une dernière fois dans le miroir de ma chambre couvrant le panneau des portes de mon armoire, je me préparais à endosser le rôle que je m'étais construit après tant d'années. D'un geste brusque, j'attrapais mes clefs qui finirent dans la poche droite de mon pantalon et me dirigeai vers mon bureau, deux portes plus loin. Je percevais d’autres présences dans ma gigantesque villa : Ramon et Howard dans la cuisine, un étage plus bas, ma fille dans sa chambre, située entre mon bureau et ma propre chambre, ainsi que deux autres présences au sous sol, que je soupçonnais être Sabya et Jaciento, deux de mes lieutenants. Dans mon bureau se trouvait Jia. En effet, je n’étais jamais réellement seul chez moi, ce qui me convenait. Pas de domestiques ni tout le tralala, par contre, seulement une femme de ménage qui passait régulièrement. Une femme sans prétentions, attentionnée et qui me rappelait un peu la tante que je n’ai jamais eu. Je crois qu'elle m'aimait bien, mais qu’elle aimait encore plus ma chère fille, Isobel, et l'affection portée était réciproque, bien que rien ne nous rassemble et que nos conversations soient pour le moins limitées. C'est dans ces moments-là que je comprends à quel point mon monde et le sien sont différents.

En ce matin ensoleillé, je poussai donc l’un des deux battants de mon bureau et m’arrêtai à mi-chemin. Un sourire idiot apparut sur mon visage, vous savez, ce genre de sourire que seuls ceux amoureux peuvent avoir ? Oui, celui-là. La raison ? Une femme magnifique est assise sur mon fauteuil, regardant par l’immense baie vitrée qui me donne une vue magnifique sur le désert derrière ma maison. Normalement, je n’aime pas que les gens s’infiltrent dans mon espace personnel, mais Jia pouvait se le permettre et elle le savait. Ma belle amante, habillée d’une toute simple robe noire et portant des escarpins aux pieds, avait elle aussi fière allure. Je me précipitai droit sur elle et l’embrassai passionnément. Lorsque nous nous séparâmes, à bout de souffle, elle me souffla un simple mot à l’oreille :

- Prêt ?

Je poussai un discret rire dans son cou, amusé. Même en sachant tout ce que j’avais fait pour arriver à ma position actuelle, elle s’inquiétait encore pour moi ? Quelle meilleure preuve d’amour pouvais-je demander ? Aucune, assurément. Je lui répondis en l’embrassant encore, dans le cou cette fois, et elle se trémoussa contre moi. Elle était chatouilleuse, le seul défaut que j’avais pu lui trouver jusqu’à présent, même en lisant son esprit à mon aise comme je le faisais avec quiconque croisait mon chemin. Nous avions, elle, moi et Ramon, vu en détail ce sur quoi porterait l’entrevue, couvert les moindres détails, tout. J’avais même, parmi les dossiers éparpillés sur mon bureau, le dossier complet de la journaliste qui viendrait me parler. Une certaine Neve Lily O’Connell, 25 ans, née en Irlande à Galway, ayant brillée dans ses études de journalisme. Lors d’un voyage à Achaea à la fin de ses études, elle se fit des contacts, notamment Raven Sin Ace, journaliste bien connue du journal local. Elle déménagea ici et décrocha un travail. Célibataire, doté d’un caractère un peu butée, mais très appliquée, elle me fit l’effet d’une femme sachant ce qu’elle voulait. D’après son dossier, cette entrevue avec moi serait son premier gros reportage. Donc, il était fort peu probable qu'un imprévu se pose, mais on ne savait jamais. Et puis de toute façon, je ne serais pas seul. La prudence avant tout, toujours ! Ramon, Jia et mes deux lieutenants ne seraient pas loin, prêts à intervenir au moindre signe de danger. Non pas que je ne sois pas capable de me défendre seul, notez-le bien.

Jia me repoussa doucement loin d’elle et réarrangea sa robe qui s’était retroussée face à mes ardeurs. Elle m’examina ensuite d’un œil qu’elle voulait austère avant d’hocher la tête, approuvant ma tenue, une lueur taquine au fond de ses yeux sombres. La sonnerie de la porte d’entrée retentit et je sus que l’heure du rendez-vous avait sonnée.

Ramon avait comme instructions d’accueillir la journaliste et de la mener directement à mon bureau, où aurait lieu l’entrevue. Jia m’embrassa sur la joue et sortit, me laissant seul. Je profitai du répit pour jeter un dernier regard sur ma tenue, dans le miroir stylisé qui ornait l’unique mur dénué de bibliothèque de mon bureau. Parfait. Je jettai un regard rapide autour de moi, admirant pour la énième fois mon bureau magnifique. J’ai bon goût, c’est indéniable. Je vis quasiment dans mon bureau la moitié du temps, alors il est tout à fait logique que je l’ai aménagé selon mes goûts. La pièce est circulaire, tout comme mon bureau qui occupe le fond, juste devant l’immense baie vitrée. Des rideaux épais et sombres sont relevés sur les côtés, pour permettre à la lumière de pénétrer la salle. Au plafond, des plafonniers qui s’allument grâce au mot magique « lumière » permettent d’y voir aussi clair qu’en plein jour la nuit. Les murs sont couverts de bibliothèques emplies de livres de toutes sortes ; psychologie, médecine, romans plus ordinaires, de la série Jules Vernes à des romans fantastiques, des livres de loi, et j’en passe. Quiconque a l’honneur d’entrer dans mon antre sait d’instinct que je suis un lecteur assidu et particulièrement bien renseigné sur une multitude de sujets diversifiés. Le coin à droite de l’entrée est occupé par deux divans en cuir, une petite table ronde entre les deux, et un petit meuble contenant un bar à portée de main. À l’intérieur : de nombreux alcools, des bouteilles d’eau, des vins, ainsi que des verres et des coupes. Mon bureau, lui, est présentement occupé par un portable hyper protégé, un pot à crayons remplis à ras bord et une multitude de documents divers, certains ouverts, d’autres non. J’aurais pu faire le ménage, mais je tenais à ce que la journaliste voit certains des titres des documents, principalement le dossier contenant les données la concernant, ainsi que celui concernant mon bar, le Baìlar. Arrogant ? Oui, peut-être, mais ça lui permettrait de comprendre rapidement que je suis quelqu’un de bien renseigné et ayant des contacts hauts placés. Quant au sol, il est recouvert d’un épais tapis d’un bleu sombre s’harmonisant parfaitement avec les murs, les bibliothèques, les divans et mon bureau.

J’entendis des voix approcher et on frappa doucement deux coups à ma porte. Ramon, assurément, accompagné de la petite journaliste blonde. Je pris une grande inspiration et m’assit sur mon bureau, prenant mon visage le plus avenant.

- Entrez.

L’un des deux battants s’ouvrit et Ramon apparut. Mon meilleur ami et bras droit, ce colosse capable de briser un crâne en deux d’un coup de poing, portait un smoking immaculé, jouant à la perfection, comme à son habitude lorsque nous étions en public, son rôle de garde du corps. Les gens n’ont simplement pas idée du lien qui nous unit réellement.

- Monsieur Salazar ? Votre rendez-vous est arrivé.

- Merci, Ramon.

Ramons s’écarte, tenant la porte et laissant passer la journaliste, puis il sort, raide comme la justice, nous laissant seuls face à face.

J’ai pour coutume de bannir toute tension dès le début d’un échange verbal dont la conclusion se doit de m’être favorable. Je me lève de mon bureau, sourire affable au visage, et m’avance d’un pas léger vers la jeune journaliste. Avec discrétion, je fais courir mon regard sur elle de haut en bas. Je me place face à elle de façon à ce qu’elle puisse voir les documents divers qui se trouvent sur mon bureau. Sur un des papiers les plus à découverts, on peut voir son nom entier et une photographie d’elle. Mon bras droit se tend et ma main prend la sienne et la porte à mes lèvres. Je me contente d’en effleurer le dos sans m’attarder et la relâche aussitôt, mes yeux vrillant les siens. Séducteur ? Assurément. Manipulateur ? Dans ma branche, il le faut bien, sans quoi je serais mort depuis longtemps. Mon sourire se fait mi-enjôleur, mi-amusé :

- Enchanté, miss O’Connell, fis-je de ma voix suave. Je suis Blake Salazar, mais appelez-moi simplement Blake.

D’un signe de la main, je lui fis signe de me suivre dans le coin salon de mon bureau.

- Asseyez-vous, je vous prie. Désirez-vous quelque chose à boire ? Eau, café, alcool ?

Comme elle prend ses aises, je me laisse moi aussi tomber sur le moelleux canapé en cuir qui lui fait face, tout en l’observant attentivement. Je suis fichtrement doué pour lire sur les visages de mes interlocuteurs, surtout pour y lire des choses qui ne mes ont pas réservées, et sur le sien, je lis principalement deux choses : l’inquiétude et l’intérêt. Je me recule alors dans mon fauteuil afin de pouvoir la conserver entièrement dans mon champ de vision, tout en croisant mes jambes et appuiyant mon coude sur une des anses du fauteuil, mes doigts ne soutenant que de la façon la plus infime possible mon visage. Mon sourire ne m’a pas quitté, un brin malicieux.

- Ne soyez pas si nerveuse, miss O’Connell, je ne mords pas. Du moins, je n’ai pas tendance à mordre ceux qui vont écrire sur moi…

Je tendis mon don vers son esprit, guettant ses pensées.


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MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyDim 7 Nov - 23:05

Neve avait été mandée pour un reportage important, et ça, elle commençait à le savoir depuis le temps que son responsable le lui braillait dans les oreilles. A la base, c'était un collègue, Sean pour changer, qui avait été pressentit pour ce reportage, puis soudain, sans raison (ou pour une certaine raison que Neve apprit bien plus tard dirons-nous), ce fut l'Irlandaise qui fut finalement mise sur le coup comme on disait dans le métier. La jeune femme n'était pas plus stressée que ça par l'importance du sujet, il était vrai que Blake Salazar, pratiquement toute la ville le connaissait comme bienfaiteur d'Achaea, et certains s'amusaient à lancer des rumeurs à son sujet concernant le fait que l'argent qu'il posséderait ne serait pas aussi blanc qu'il voulait le faire croire. Soit, et alors ? Elle s'en contrefichait, la jeune humaine n'était pas le type de femme à croire les rumeurs de couloir, elle se forgeait une idée avec ce qu'elle voyait des gens, et ce qu'elle apprenait d'eux aussi bien entendu. Il est vrai que c'était son premier reportage, de quoi la stresser, mais de nature plutôt belliqueuse, la blonde trouvait inutile de se mettre la pression alors qu'elle n'avait pas encore débuté son entrevue avec le concerné, avant toute chose, il fallait faire des recherches sur ce fameux monsieur Salazar, et découvrir quelques petites choses à son sujet histoire de ne pas arriver les mains dans les poches le jour de l'interviewe. La jeune femme entreprit donc de se renseigner sur l'homme, elle apprit ainsi qu'il s'appelait Salazar Blake, âgé de 41 ans, il n'y avait pas de noms concernant ses parents et pas de lieu pour se renseigner plus amplement à leur sujet, ce qui interloqua assez la blondinette. Il avait été marié à une dénommée Magdalena Gonzalez, décédée et qui lui avait donné une unique fille répondant au très beau nom d'Isobel, impossible toutefois d'en apprendre plus à leur sujet, comme si des informations manquaient à leur sujet, plutôt surprenant. Mis à part cela, elle n'apprit rien de très intéressant si ce n'est ce que tout habitant de la ville connaissait, qu'il était un homme d'affaire respectable et qu'il avait reçu une récompense donnée par le président en personne au cour d'une cérémonie transmise sur les ondes. Bref, le stéréotype même du bon type qui méritait que tout le monde l'adule.

Sans trop savoir pourquoi, la demoiselle ne trouvait pas l'idée de faire un papier sur lui, pour parler de ses divers dons et de ses bonnes actions, particulièrement inspirant, ce n'était pas tout à fait le type de reportage dont elle rêvait, mais bon, s'il fallait le faire. Neve avait un don particulier, bien qu'étant humaine, et ce don consistait à réussir à se concentrer et à s'appliquer dans son travail même si le sujet ne l'intéressait pas, et en l'occurrence, elle le trouvait intéressant, mais il ne convenait simplement pas à ce qu'elle faisait habituellement. Et bien tu feras avec ma cocotte pensa la jeune humaine, elle devait sortir de son registre de chiens écrasés si elle voulait un jour gravir les marches du succès. Mais avant de gravir tout ça, elle devait préparer l'entretien avec beaucoup de soin ! Ce qu'elle fit donc pendant une bonne semaine avec application, en faisant des heures supplémentaires, tout cela jusqu'au jour programmé pour l'interviewe ! La demoiselle se leva de bonne heure ce matin, pas question d'arriver en retard d'autant plus qu'elle tenait à passer au bureau avant de se rendre dans la demeure de Blake Salazar ou l'entretien était sensé se dérouler. Sans trop savoir pourquoi, cela la mettait mal à l'aise, Neve n'aimait pas se rendre dans les demeures des autres, surtout pour ce genre de chose, elle aurait largement préféré un lieu neutre où ils pourraient converser sans que l'un ne soit en position de force par rapport à l'autre, mais bon, elle ferait avec ce qu'elle avait ! La demoiselle s'empressa donc de se doucher avant de se préparer sans vraiment plus de minutie qu'à son habitude, mais évitant simplement son jean préféré qui ne ferait pas très sérieux pour une telle rencontre. Son patron lui avait conseillé une tenue « professionnelle et féminine », mais Neve ignorait ce qu'il entendait pas là, elle opta donc pour une jupe sage, c'est à dire au niveau du genou et ne dévoilant rien de plus que ses mollets fins et ses chevilles fines, ainsi qu'un haut sobre mais élégant, sans être col roulé, mais sans tomber dans le décolleté provoquant pour autant. Un juste milieu qui lui convenait plutôt bien, même si elle n'aimait pas s'habiller de la sorte, pour son premier reportage sérieux, mieux valait être présentable.

La jolie blonde resta pourtant sobre dans le reste de sa personne, bannissant le maquillage comme à son habitude, et laissant ses longs cheveux lisses et blonds, retomber sur ses épaules avec une légèreté qu'elle devait à sa mère. De simples boucles d'oreilles, son collier fétiche, le bracelet et la bague en argent offerts par Sean lorsqu'ils étaient encore ensemble, le tout agrémenté d'une paire de chaussure élégante mais plate, pas question de mettre des talons alors qu'elle était déjà assez grande comme ça ! Dans l'ensemble, elle ressemblait à une jeune femme sérieuse se rendait à un entretien important, ce qu'elle était, c'était donc parfait ! La demoiselle attrapa donc son sac avant de sortir de sa petite maison coquette, et d'opter pour sa voiture, ce n'était pas une bonne idée de faire du vélo avec une jupe, elle avait déjà testé et désapprouvé. En quelques minutes elle fut donc au travail, son fils adoptif, Asling, avait dormit chez un ami la veille pour qu'elle puisse partir de bonne heure, et elle n'eut donc qu'à se soucier de trouver une place où garer sa petite voiture, ce qui ne fut pas une mince affaire, puis elle monta directement à son étage pour se diriger droit vers son bureau ou elle s'installa. La jeune femme rangea rapidement les quelques papiers qu'elle avait préparé pour l'entretien, dans son sac, et elle s'apprêta à sortir de son box pour aller demander quelques informations à une collègue lorsque Sean, son ancien compagnon, et collègue, se planta juste devant son bureau, prenant appui sur ce dernier pour lui décrocher un sourire aimable avant de lui adresser la parole de son ton toujours aussi avenant qui avait le don d'horripiler la jeune journaliste.

Hey, salut Neve, alors, prête pour ton premier reportage ? Je vois que tu as suivi les conseils du patron ! Sean baissa le regard pour poser ses yeux sur la tenue peu habituelle que la jeune femme portait aujourd'hui. La demoiselle pinça les lèvres dans un signe de désapprobation avant de répondre vivement, et d'un ton plutôt agacé.
Qu'est-ce que je dois comprendre Sean ? Il arrivait à l'énerver en moins de deux minutes, un exploit !
Je parlais du fait que tu avais mis une jupe, pour décrocher un bon entretien c'était la chose à faire non ? Ce fut les mots à ne pas prononcer, Neve se redressa aussitôt avant de décrocher une gifle à son ancien compagnon. La baffe claqua si fort que leurs collègues se retournèrent alors que les yeux de l'Irlandaise semblait lancer des éclairs pour tuer le bel éphèbe face à elle. Son ton fut à la limite de la haine.
Tu es en train de me traiter de Marie couche toi là ? Décidément, le temps ne t'arranges pas, tu es toujours aussi stupide ! Elle se détourna en s'apprêtant à partir lorsque le jeune homme lui attrapa le poignet pour s'excuser.
Neve attends. Je.... Elle ne lui laissa pas le temps de continuer, tirant vivement sur son bras, la demoiselle sentit quelque chose céder avant qu'elle ne lui hurle dessus.
Laisses-moi ! Le jeune homme ouvrit des yeux comme des soucoupes devant le cri poussé par la demoiselle avant de battre en retrait, et lorsqu'il fut éloigné, Neve baissa les yeux sur le sol pour constater qu'elle venait de briser le bracelet offert par le jeune homme qu'elle portait toujours, un signe du destin ?

Avec une moue déçue, la jolie blonde ramassa les débris du bracelet en argent qu'elle affectionnait pour ce qu'il avait représenté, et les fourra dans son sac avant de s'éloigner pour passer chez sa collègue et oublier toute l'histoire en repensant au dossier en cours. A ce moment, son amie lui expliqua que Blake Salazar était un homme plutôt « original » sans aller dans les détails, ce qui ne manqua pas d'attiser la curiosité de la blonde qui ne réussi pas à obtenir plus d'informations sur le sujet. Soit, elle ferait sans ! Voyant l'heure de l'interviewe approcher, l'Irlandaise descendit tout en bas de l'immeuble pour se rendre à sa voiture, et l'emprunter afin de conduire jusqu'à la demeure de Blake Salazar, située à une bonne petite distance du bâtiment du journal. Lorsque la demoiselle arriva en vue du palace, elle fut un instant estomaqué avant de se rappeler qu'il donnait des millions de dollars à gogo depuis des années, normal qu'il vive dans un tel endroit ! Ce n'était pas sans lui rappeler le prêt qu'elle avait sur le dos pour les années à venir afin de payer sa petite maison dans la banlieue calme de la ville. Après avoir garé sa voiture là où un jeune homme lui indiqua, elle fut conduite dans le hall de la maison, ou un homme à la carrure plutôt impressionnant l'accueillit avec courtoisie. Certainement un garde du corps employé par le riche homme d'affaire, Neve le suivit donc sans sourciller, et entra dans la pièce précédant le bureau de son chef alors que les deux personnes conversaient brièvement, l'Irlandaise tenant surtout à se montrer poli avec l'homme qui l'avait si aimablement accueillie. Celui-ci toqua à la porte devant eux, annonça la jeune femme, et une voix teintée d'un léger accent chaud le remercia. Ramon ? Ça lui allait comme un gant. Neve le remercia avec un sourire alors qu'il la laissait entrer dans ce qui semblait être le bureau de Blake Salazar, et elle posa les yeux sur celui qui semblait être ce dernier.

La jeune femme jeta brièvement un regard autour d'elle, une magnifique pièce sans conteste, un bureau rond, plutôt original les murs étaient recouverts de différentes choses, et l'on devinait aisément que l'occupant des lieux était passionné par la lecture et différentes autres choses. Mais elle n'était pas là pour faire du tourisme, et les yeux gris clairs de l'Irlandaise quittèrent donc les murs du bureau avant de se poser sur l'homme face à elle, qui venait de se lever de son bureau pour se diriger vers elle. Neve lui tendit la main dans l'optique de le saluer, mais son interlocuteur silencieux transforma cette tentative de poignée de main en un baise-main des plus élégant, digne des films qu'elle affectionnait assez. La demoiselle retint un sourire amusé, il lui sortait le grand jeu, espérant peut-être qu'elle se montre plus aimable avec lui dans son article ? Et bien peine perdue, l'humaine était très peu sensible aux manifestations de ce genre, du moins elle s'efforçait de ne pas l'être, même si elle comprenait maintenant ce que sa collègue avait entendu par « original ». La jeune femme jaugea rapidement l'homme de son regard clair, il portait sans aucun doute la quarantaine à merveille, son visage loin d'afficher avec difficulté le temps qui passe, le portait avec élégance, c'était sans aucun doute un bel homme dans son genre, et il semblait avoir l'éducation et la galanterie qui allaient avec. Puis il brisa le silence, se présentant comme Blake Salazar après l'avoir salué, et la pria de l'appeler par son prénom, tout en lui désignant un endroit où ils pourraient parler en paix. Elle l'en remercia tout en lui rendant son salut. La jeune femme le suivit donc et s'installa sur le siège qu'il lui avait montré, tout en écoutant la proposition de l'homme qui lui suggérait de quoi se désaltérer. La jeune femme hésita un bref instant avant de répondre d'un ton qui se voulait très posé.

Je ne serais pas contre un café, je vous remercie. »

La jeune femme posa son sac devant elle avant d'ouvrir rapidement la fermeture éclair pour en sortir son calepin, elle avait noté le dossier bien visiblement avec son nom, posé sur le bureau du propriétaire des lieux mais ne l'avait pas relevé. S'il voulait jouer à ça, elle ne le laisserait pas faire, Neve elle-même avait un petit dossier sur lui dans son sac mais s'abstint de le sortir, et posa simplement ses yeux clairs sur Blake alors qu'il reprenant la parole, lui conseillant de ne pas être nerveuse et soulignant le fait qu'il ne mordait pas, surtout les gens qui écrivaient sur lui. La demoiselle lui décrocha un bref sourire qui se voulait aussi poli que légèrement amusé, elle n'avait pas peur de lui, elle n'était simplement pas à l'aise de se trouver ici. La jeune femme répondit donc aux paroles de Blake, d'un ton qui restait très poli et professionnel avec un léger arrière-plan d'une humeur belliqueuse, son coté Irlandais.

Je l'espère bien monsi... Blake, mais comme vous devez le savoir.... Elle fit passer son regard sur le bureau où figurait son dossier bien en vue avant de le reporter sur le visage amusé de son interlocuteur. ...C'est mon premier réel reportage, et je n'ai pas l'habitude de rencontrer mes sujets de reportage dans leur demeure personnelle. Et je vous en prie, appelez-moi Neve, partons d'un pied d'égalité si vous le voulez bien. »

La bonne blague, un pied d'égalité alors qu'il se trouvait dans son bureau et elle dans un lieu totalement inconnu. Par le ton employé, le demoiselle lui disait en gros de ne pas trop tenter de la dominer, qu'elle n'aimait pas ça et qu'elle par contre, elle mordait lorsqu'on l'étouffait trop. Blake était sans conteste d'une politesse impressionnante et il devait représenter le type même du prince charmant, devenant le fantasme de quelques centaines de mères de famille Américaine qui rêvaient de lui après l'avoir vu à la télévision. Elle s'était différent, elle était ici pour son reportage et ne se laisserait pas manipuler, même si ce n'était peut-être pas ce qu'il prévoyait après tout. Un moment la demoiselle repensa à la scène avec Sean mais son visage resta neutre alors qu'elle envoya bouler le souvenir agaçant au fond de son esprit afin de faire le vide et se concentrer uniquement sur les questions qu'elle comptait lui poser. Son bloc-note sur les genoux, elle s'efforça de remettre ses idées en place, ce qu'elle fit sans trop de peine, avant de s'adresser à Blake pendant qu'elle ouvrait le stylo qu'elle tenait à la main.

Comme vous le savez, je suis donc ici pour parler de vos dons répétés, et hautement élevés, à la ville d'Achaea. Puis-je vous demander pour quelle raison est-ce que vous agissez de la sorte ? Une simple envie d'aider les habitants de la ville, une manière de provoquer le consentement du public américain, un lien étroit avec cette ville et votre passé.... Une faute à expier ? »

Elle osait, son patron lui avait clairement dit de rester polie et de jouer la potiche, mais potiche ne rimait pas avec Neve, et elle était encore assez interloquée de n'avoir trouvé que très peu d'informations sur cet homme alors qu'il était l'homme public numéro un de l'année. Par conséquent, le petit coté Irlandais de la blonde la poussait à se montrer légèrement..... Effrontée ? Non, elle restait très polie, ne faisant que sous-entendre, affichant une expression agréable, bien que son regard gris clair restait planté dans celui de son interlocuteur comme si elle cherchait à y lire quelque chose.

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Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  Vide
MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyMer 10 Nov - 17:05

▬ Je ne serais pas contre un café, je vous remercie. »

Brève hésitation. Ton posé, un peu trop selon moi, mais bon, que puis-je y faire ? Je perçois clairement son malaise de se retrouver dans mon propre bureau. Elle aurait assurément préféré que l’entretien se déroule en un endroit neutre, où elle n’aurait pas ressenti que c’était moi qui menait la barque, mais j’étais Blake Salazar et j’obtenais toujours ce que je voulais. Pendant qu’elle se préparait, j’en ai profité pour mieux l’observer. C’est une jolie jeune femme, presque aussi grande que moi, ce qui est grand pour une femme ! Bien proportionnée – excusez ici la remarque pleinement mâle – et au visage allant de pair avec le reste. De longs cheveux blonds qui retombent sur ses épaules, un habillement sobre et convenant parfaitement à une entrevue. Si elle s’était pointée ici déguisée en pute, avec jupe ultra courte et chandail dévoilant plus qu’il n’en cache, j’aurais été franchement déçu et surpris. Quelques bijoux simples ; boucles d’oreilles, un collier et une bague. Oui, elle avait bien choisie sa garde robe et ressemblait à ce que, de mon point de vue, les journalistes devaient ressembler. Elle avait remarqué le dossier la concernant sur mon bureau mais cela ne l’avait pas affecté outre mesure, ce qui me prouvait qu’elle était une femme de caractère. Ce que j’approuvais également. À ma réplique lui conseillant de ne pas être nerveuse, elle répliqua par un sourire poli mais où perçait l’amusement. Son esprit me disait qu’elle ne me craignait pas, mais c’était normal : c’est le cas de tous ceux qui ne savent pas qui je suis réellement. Si ç’avait été le cas, elle aurait refusée l’entrevue et n’aurait jamais approchée ma maison. Elle parla de nouveau, du ton poli et professionnel que les journalistes et les avocats savent si bien prendre, et je percevais un léger accent dans sa voix. Irlandais, assurément, puisque c’était de là qu’elle venait.

▬ Je l'espère bien monsi... Blake, mais comme vous devez le savoir.... C'est mon premier réel reportage, et je n'ai pas l'habitude de rencontrer mes sujets de reportage dans leur demeure personnelle. Et je vous en prie, appelez-moi Neve, partons d'un pied d'égalité si vous le voulez bien. »

- Bien entendu, Neve, et mon regard brilla d’amusement.

Mon sourire s’accentua un peu, à la fois parce que j’avais capté le regard qu’elle avait lancé sur mon bureau et son dossier, mais surtout parce que ses pensées disaient tout le contraire de ses paroles. Nous n’étions pas sur un pied d'égalité, et elle le savait. Ses paroles étaient en fait une mise en garde subtile, que je n’eus aucun mal à saisir. Elle pouvait se rassurer : je n’avais aucune intention de la dominer. Simplement, j’aimais me trouver dans mon élément lorsque je devais confier des choses que peu de gens savent. Car oui, je comptais dévoiler une partie – infime certes, mais une partie néanmoins – du mystère que Blake Salazar représentait aux yeux du monde. La belle me trouvait d’une politesse impressionnante et elle pensa que pour nombre de mères de famille, je devais être le fantasme même du prince charmant parfait. Si seulement elles savaient ! Neve O’Connell était là pour une autre raison, bien plus simple. Son reportage. Ni plus, ni moins.

Je perçus brièvement un souvenir dans son esprit, celui d’un homme nommé Sean, qu’elle avait frappé suite à une insulte fort stupide de sa part. Un collègue de travail avec qui elle avait eu une relation plus poussée que le simple journalisme et qui s’était mal terminée. L’image d’un bracelet brisé apparut également, bracelet qui se trouvait dans son sac à main. Elle était triste par rapport à ce qui était arrivé, mais son visage n’en montra rien. Une telle maîtrise d’elle-même était réellement surprenante pour quelqu’un de son âge. Bon, j’avais été pareil à son âge, mais j’avais aussi beaucoup plus de vécu. La jeune femme se concentra donc sur l’entrevue et les questions qu’elle voulait me poser. Elle ouvrit son stylo, prête à noter tout ce que je lui dirais dans son bloc note, qui reposait sur ses genoux.

Je levai un doigt, lui faisant signe d’attendre un instant et je jouai après l’accoudoir droit de mon fauteuil, faisant apparaître une cavité abritant un interphone, soit plusieurs boutons et un haut parleur. J’ai enfoncé quelques boutons et j’ai demandé :

- Ramon, du café, s’il-te plaît.
- Bien, Monsieur Salazar, me répondit mon ami à travers l’interphone.

Oui, je sais, vous allez dire que je me la joue James Bond. Et bien non, pas vraiment, ou plutôt pas complètement. Ma maison regorge de tels dispositifs d’interphones, disséminés un peu partout. Il s’agit d’un réseau interne, donc non connecté au réseau téléphonique, permettant des communications sur courtes distances. Quand on vit dans mon monde, on comprend pourquoi, sinon les gens se disent simplement que je suis un excentrique. Je suis riche, alors je jette l’argent pas les fenêtres. C’est ce que font la plupart des riches, mais pas moi. Ces dispositifs sont là pour être utilisés afin que peu importe l’endroit où on se trouve dans ma maison, on puisse communiquer avec les autres pièces. Paranoïa ? Oui, un peu, je l’avoue sans peine.

- Le café sera là dans un instant, Neve, dis-je simplement. Je vous écoute.

▬ Comme vous le savez, je suis donc ici pour parler de vos dons répétés, et hautement élevés, à la ville d'Achaea. Puis-je vous demander pour quelle raison est-ce que vous agissez de la sorte ? Une simple envie d'aider les habitants de la ville, une manière de provoquer le consentement du public américain, un lien étroit avec cette ville et votre passé.... Une faute à expier ? »

Je ne pus m’empêcher d’éclater d’un rire bref. Pas un rire mesquin ni moqueur, non, plutôt un rire… d’amusement face à sa franchise ? Oui, sans aucun doute. Elle n’y allait pas par quatre chemins, à la façon des vrais journalistes. J’en avais croisé mon lot, croyez-moi, et la grande majorité préférait tourner autour du pot. Pas elle, non. Son esprit était ouvert, curieux, et surtout, stupéfié de ne pas avoir trouvé beaucoup d’informations sur mon compte. Après tout, ne suis-je pas l’homme public numéro un de l’année ? Si on se fit aux stars et autres gens connus d’aujourd’hui, il est très facile, en temps normal, de dénicher tout un tas d’informations banales ou autres sur eux. Internet, Google et on connaît tout de cette personne. Famille, amis, relations amoureuses… Tout. Si j’avais été un homme banal, ce qui n’est absolument pas le cas, ç’aurait été le cas. J’ai toujours été quelqu’un de réservé et de secret et même après tant d’années, cela n’a pas changé. Tout ce qu’elle savait de moi devait se résumait à mon nom, mon âge, le fait que ma femme, Magdalena, soit décédée, que je suis le père d’Isobel et que je suis un homme d’affaires tout ce qu’il y a de plus respectable. Que je suis multimilliardaire, aussi, cela va de soit. Le fait qu’elle n’ait pas déniché beaucoup d’informations sur moi était simple à expliquer : Fernando et les organisations cherchant à me coincer ont fait le ménage. Le premier en détruisant toutes les données me concernant dans toutes les banques de données qu’il a pu trouver, les seconds en cachant au public ce qu’ils savent, ce qui se résume à pas grand-chose au final.

Neve était une femme franche, à la limite de l’effronterie, et j’ai toujours apprécié de telles qualités. Beaucoup préfèrent les gens qui jouent jeu caché, mais ce n’est pas mon cas. La franchise est un don beaucoup trop rare de nos jours. J’appréciais qu’elle le soit, plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Elle était restée polie dans ses paroles et son visage était resté calme et agréable, son regard gris clair planté dans le mien.

- Vous êtes franche, Neve, et j’apprécie cette qualité. Je vais satisfaire votre curiosité. Savez-vous où je suis né ?

Je la dévisageais l’espace de quelques secondes, sachant pertinemment qu’elle n’a pas la réponse à ma question, aussi m’empressai-je de continuer.

- Non, bien sûr, et c’est normal : j’ai toujours tenu cela secret. J’ai eu une enfance pour le moins difficile et peu de gens savent la vérité. Vous allez bientôt en faire partie et je vous laisse juge de ce que vous ferez avec ces informations. Je suis né au Mexique et plus précisément à Mexicali, la capitale de l’État de Basse-Californie, non loin de San Diego. Je n’ai jamais connu mes parents et c’est une vieille femme qui m’a recueilli alors que je n’étais même pas capable de marcher. J’ai grandi dans un barrio surnommé « Saints et Pécheurs », non loin de Mexicali. Un barrio, Neve, c’est un bidonville. La maison dans laquelle j’ai grandi était un mélange de carton, de plastique et de tôles. La pauvreté, le surpeuplement, l’accès inadéquat à l’eau potable, à l’assainissement et aux autres infrastructures, je connais ça comme ma poche, si vous voulez bien me pardonnez l’expression.

Je m’interrompis comme on frappait à la porte. Ramon entra, ayant toujours l’air de mon garde du corps redoutable et impeccable d’apparence, et déposa deux tasses de café fumantes sur la table entre Neve et moi, puis il fit une rapide révérence et ressortit de mon bureau. Je lui signalai mentalement qu’il en faisait un peu trop et il éclata de rire dans son crâne. Sans toucher au café, je continuai sur ma lancée :

- Ceux qui vivent dans de tels endroits sont démunis de tout et finissent par ne pas savoir qui il sont. Là-bas, chacun – enfants, adultes et vieillards – doit découvrir qui il est. Un Saint ou un Pécheur. Dès que j’ai été en âge de marcher, je suis devenu un marijuanito, un ‘‘passeur’’ de drogues, et c’est à cette époque que j’ai rencontré Ramon. Tous croient que c’est mon garde du corps, et il joue son rôle à la perfection, mais il est bien plus que ça à mes yeux : c’est mon ami le plus cher.

Mon regard se fit un peu vague tandis que je replongeais en esprit dans des souvenirs lointains, en des temps beaucoup plus durs. J’entendais le son du crayon qui frotte contre le papier et je revins au présent. Neve prenait des notes, comme la bonne journaliste qu’elle était. Elle était venue pour savoir les raisons qui me poussaient à donner autant d’argent à la ville et elle récoltait bien plus que cela. Le scoop de sa vie, pourrais-je dire, mais ça fait présomptueux. Je ne suis pas si important que ça ou du moins, je ne crois pas l’être.

- J’ai vécu la pauvreté, Neve, vu ce que le manque d’infrastructure – électrification, écoulement des eaux usées, ramassage des ordures, absence d’égouts mais aussi d’écoles et d’hôpitaux – signifie. La pauvreté, la promiscuité, le manque d’hygiène flagrant et la présence de bouillons de culture réunissent tout ce qu’il faut pour que les maladies se propagent. C’est là une vie que je ne souhaite à personne, pas même à mes ennemis.

C’était la vérité pure et simple. Je ne souhaite pas à personne de grandir dans des endroits comme celui où j’ai grandi. Seuls les plus coriaces – ou les plus brutaux – réussissent à survivre. Pourtant, j’en conserve de bons souvenirs. Mais aussi des mauvais…

- Nous avions un dicton là où j’ai grandi : Quien eres ? Ça signifie « Qui es-tu ? » Quand on grandi dans un endroit comme celui-là, on se le demande tous les jours. Moi, j’ai décidé de changer tout cela et de sortir du lot. J’ai quitté le barrio « Saints et Pécheurs » et mis le cap sur Las Vegas. Je suis sur liste rouge à Sin City, Neve, ce qui signifie que je suis interdit de séjour à vie. Savez-vous pourquoi ? Parce que je suis doué pour une chose : faire de l’argent…

Oh oui, je suis doué pour cela ! Trop au goût de certains, qui me mirent sur liste rouge, avec menace de ma mort assurée si je remettais les pieds à Las Vegas. Je n’y suis jamais retourné. Je n’en ai jamais vu le besoin : j’y ai amassé ce que je voulais. De l’argent de départ. À partir de là, tout s’enchaîna rapidement : arrivée à Achaea, la rencontre avec Varla et mon apprentissage auprès de lui, puis ma prise de pouvoir sur le cartel et enfin la création de la Vouivre. En cachette, tout cela, bien sûr. En public, je suis devenu un homme d’affaires prospère, un investisseur prenant et revendant d’importantes participations dans des sociétés cotées. Je suis devenu plus riche que j’aurais pu l’imaginer et j’ai décidé de faire ma part pour la société. D’où mes dons à la ville d’Achaea. Mon barrio natal est toujours un bidonville aujourd’hui, mais ses habitants vivent beaucoup mieux, en très grande partie grâce à moi. Au final, je me retrouve à la tête d’une fortune colossale, d’une organisation du monde de l’ombre à nulle autre pareille et doté d’un pouvoir qui m’amène tout ce que je veux sur un plateau d’argent. Que demander de mieux ?

- J’ai quitté Las Vegas avec beaucoup d’argent et je suis arrivé ici, à Achaea. J’ai investi cet argent dans des sociétés cotées et je suis devenu investisseur. Un investisseur doué, un véritable génie pour faire fructifier mon pactole. Si bien qu’en à peine quelques années, j’étais riche et le suis devenu plus encore depuis, à un point dont vous n’avez même pas idée, Neve. Pourquoi je fais des dons réguliers et presque indécents par leur valeur à Achaea ? Parce que je le peux et que j’espère améliorer la vie de ses habitants ? Oui, c’est vrai. Qu’en à ce qu’en pense le public, je m’en moque complètement. Vous pourriez penser que je fais cela car c’est ici, dans cette ville, que j’ai rencontré Magdalena et que c’est ici qu’elle est morte, mais vous seriez loin du compte. Vous pourriez croire que je voulais devenir célèbre et que c’est pour cela que je fais ces dons, mais vous seriez encore loin du compte. Une faute à expier ? Allons donc, qu’aurais-je donc à expier ? Ce n’est assurément pas ma faute si je suis né dans un bidonville, si j’ai dû vendre de la drogue pour survivre et si j’ai ce talent pour faire de l’argent. Je me suis hissé à ma position actuelle par moi-même, à la sueur de mon front, sans l’aide de personne, hormis Ramon. Je suis fier de ce que j’ai accompli, fier de pouvoir élever ma fille dans une ville comme Achaea et de pouvoir lui éviter ce que j’ai vécu. Alors, selon vous…

Mon regard se fit plus perçant et mon sourire un brin cruel. J’avais dévoilé une bonne partie de mon histoire, en gardant dans l’ombre ce qui ne devait pas en sortir, et j’avais envie de connaître son opinion. Qu’elle le veuille ou non, j’allais connaître son opinion de toute façon. Son esprit m’était grand ouvert et j’avais accès à la moindre de ses pensées.

- Qu’est-ce que tout cela dit de moi et quel genre d’homme suis-je donc ?

Oh oui, j’allais m’amuser. Je pris ma tasse de café et pris une gorgée. Il était encore chaud, mais juste assez, comme je l’aime. Je déposai la tasse et replongeai mon regard dans celui de la jeune femme, attendant calmement sa réponse.

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MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyJeu 11 Nov - 13:07

Le regard de l'interlocuteur de la jeune femme brilla un instant alors qu'elle lui avait dit qu'ils pourraient parler sur un pied d'égalité, elle n'arrivait pas vraiment à identifier la raison de ce changement dans son regard, de l'amusement, de la surprise ? Non, certainement pas, La blonde avait simplement du mal à comprendre ce qu'elle pouvait avoir dit de si amusant, est-ce que son mal à l'aise était si visible ou si palpable que son interlocuteur l'avait vu sans peine ? Neve n'était pas une femme très expressive, elle n'avait pas beaucoup de qualités de son point de vue, mais s'il y avait bien une chose dont elle était sûre, c'est de posséder un don certain pour garder un visage impassible tout en étant très énervée, ou sujette à des sentiments assez forts. Apparemment elle s'était fourvoyé en imaginant que son don en la matière pouvait la protéger des analyses de comportement, comme quoi, même si son père lui répétait sans cesse de ne jamais se surestimer, elle l'avait inconsciemment fait. Le sourire de son interlocuteur s'était élargit lorsque la blondinette avait regardé rapidement sur le bureau pour lui signifier, en sous-entendus, qu'elle avait remarqué le dossier avec sa photo sur son bureau mais que ça ne l'impressionnait pas pour autant. Avant qu'elle ne prenne à nouveau la parole pour en venir au sujet de l'entretien, à savoir le reportage qu'elle devait faire sur lui, Blake se servit d'un interphone habilement dissimulé afin de commander le café à une autre personne que Neve crut reconnaître comme étant celui qui l'avait menée jusqu'au bureau. Mais elle ne l'avait entendu que brièvement et pouvait donc se tromper. Observant le silence de mise, la journaliste s'était un instant dit que si lui possédait un tel interphone, elle de son coté n'avait même pas l'interphone de base dans son premier appartement et qu'elle devait se taper trois étages à descendre et remonter chaque fois qu'on sonnait à sa porte. Le luxe des riches, ça facilite largement la vie, et cette petite démonstration ne faisait que confirmer cette thèse.

Toutefois Blake reporta son attention sur la jeune femme face à lui, est après qu'elle ne lui adresse sa première question saupoudrée d'un peu d'effronterie, l'homme éclata d'un rire bref mais plutôt surprenant, au début l'Irlandaise s'était plutôt attendu à une protestation en bonne et due forme ou encore un sourire énigmatique, mais pas à cet éclat de rire. Tout du moins le ton n'était pas moqueur, il ne semblait par prendre mal la franchise quelque peu effrontée de la jeune femme, et elle fut légèrement rassurée de constater que ce n'était pas le type de personnalité à 'péter plus haut que son cul', excusez l'expression, mais c'était celle qui s'appliquait généralement aux crétins que Neve avait brièvement rencontré. En effet, elle était tombée sur le maire de la ville lors d'une soirée caritative organisée par le journal, et après avoir échangé quelques mots avec lui, la belle en était venue à la conclusion que c'était un abruti fini qui avait prit ses questions poussées comme des tentatives de le descendre en public. Plutôt satisfaite de voir que Blake n'était pas de ce type de personnalité, elle garde un visage de marbre alors qu'il lui annonçait qu'il aimait les gens francs, puis de lui demander si elle savait où il était né. Question inutile car il devait pertinemment savoir qu'elle n'avait presque rien trouvé sur son passé, elle resta donc muette alors que son interlocuteur enchaînait en disant qu'il avait toujours gardé ça secret en raison de son enfance difficile. Cette déclaration intéressa assez le belle blonde qui prit note de ce qu'il lui dictait dans son langage codé qui lui permettait d'éviter tout vol d'article, et elle ne montra rien de ce que lui faisaient toutes ces révélations. C'était donc un Mexicain, pour tout dire Neve ne voyait pas la raison de cacher cette information, il fallait être fier de ses origines, elle était bien placée pour le savoir, mais chacun sa manière d'être, de toute manière ça se laissait clairement dans son physique, ses manières, son teint mate, qu'il n'était pas des États-Unis, alors à quoi bon cacher la vérité ? Il était donc plus où moins orphelin, élevé par une vieille femme dans un bidonville et dans une demeure des plus minable, de quoi le changer aujourd'hui avec le palace qu'il habitait à ce jour.

Le grattement du papier provoqué par le stylo de la jeune femme s'interrompit lorsqu'on toqua à la porte, et la blonde leva ses yeux gris de son bloc-note pour les poser sur le prénommé Ramon qui l'avait mené jusque dans le bureau de Blake. Celui-ci posa deux tasses sur la table avant de faire une espèce de révérence qui fit légèrement sourire la jeune femme, visiblement il faisait des efforts pour essayer de se faire passer pour le serviteur parfait, ce qui était même un peu trop parfait pour être vrai, mais peut-être que c'était leur mode de fonctionnement ? De toute manière elle n'était pas ici pour analyser le comportement du personnel de Blake, la demoiselle continua donc à prendre note en abrégé alors que Blake continuait sur sa lancée. Il lui expliqua que vivre dans cet endroit c'était perdre son identité et essayer de trouver qui on était réellement, une bonne ou une mauvaise personne en résumé. Il avoua sans honte que sa vie passée avait été peuplée de drogue et qu'il en passait lorsqu'il était jeune, puis que c'est à ce moment qu'il avait fait la connaissance de Ramon, le fameux valet qui était en réalité son ami le plus cher. La blonde leva ses yeux clairs pour les poser sur le beau visage de son interlocuteur, à quoi bon le faire passer pour son garde du corps si cet homme était son ami ? Des questions, encore et toujours, mais aucune réponse alors que le regard foncé de son vis-à-vis se faisait plus lointain tandis qu'il continuait à parler dans le silence de ce bureau. Son explication s'orienta sur la pauvreté qu'il avait connue, le manque de moyen et de vie saine tout simplement, une vie qui ne faisait envie à personne en somme, et elle ne pouvait que l'approuver. Elle-même avait eu une vie paisible, ils n'étaient pas riches certes, et n'avaient pas tout ce qu'ils voulaient, mais se contentaient très bien de leur petite maison en bordure de la forêt. Il y avait beaucoup de travaux à faire, mais lorsqu'on est avec les gens qu'on aime, ça suffit non ?

Blake parla alors d'un proverbe qui demandait qui est-ce qu'on était, et c'était la question que tout le monde se posait là-bas, il avait donc décidé de devenir quelqu'un d'autre et de s'en aller à Las Vegas. La belle journaliste prenait toujours note lorsqu'il aborda le fait d'être sur la liste rouge de Sin City tout simplement parce qu'il était doué pour faire de l'argent. Le style de la journaliste s'immobilisa un moment alors qu'elle reportait son attention sur Blake, ça aucun doute, il le savait ! Cette maison en était la preuve vivante, mais il y avait des tas de manières de faire de l'argent, certaines moins légales que d'autres, et visiblement il y avait déjà touché plusieurs fois. Toutefois elle resta silencieux lorsque l'homme enchaîna en abordant son arrivée à Achaea ou il avait investit pour gagner beaucoup, et qu'il était rapidement devenu plus riche qu'il ne l'était en quittant la ville du jeu. Lorsqu'il souligna le fait qu'elle ne pouvait même pas imaginer l'argent qu'il avait, elle ne le contredit pas, son compte en banque n'avait jamais été fournit et il ne le serait jamais vu les prêts qu'elle avait sur le dos, mais elle n'en dit rien. Le fait que ces dons soient uniquement destinés à améliorer le quotidien des habitants de la ville fut abordé, et Neve sourit intérieurement, ça faisait belle lurette qu'elle ne croyait plus au père noël et au prince charmant, un homme qui donnait sans espérer de retour, elle avait du mal à y croire. Il prononça alors le nom de son épouse décédée, qui visiblement était morte ici, mais balaya l'idée que ce soit pour cette raison qu'il se montrait aussi généreux à l'égard d'Achaea, même traitement pour l'idée qu'il ne cherche que la célébrité, en résumé, il n'y avait plus énormément de solutions. L'effronterie dont elle avait fait preuve en parlant d'une faute à expier subit le même traitement, Blake souligna le fait qu'il était arrivé à cette position à la sueur de son front et que ça ne justifiait donc aucune 'faute' à expier. En concluant sa tirade sur le fait d'être fier d'avoir élevé sa fille dans cette ville, il la regarda d'un air tout à fait différent d'avant en lui demandant quel genre d'homme il était. Neve termina d'écrire son résumé en quelques secondes avant de lever ses yeux clairs pour les poser dans ceux de son interlocuteur, le visage impassible tandis qu'il buvait une gorgée de café avant de reposer son regard sur celui de la journaliste toujours muette. Cette dernière resta silencieuse quelques secondes avant de poser sa main sur son bloc-note tout en répondant du plus calmement qu'elle le pouvait.

J'aurais tendance à vous dire que je ne suis pas payée pour penser et me forger un avis sur les gens que je rencontre, mais j'ai bien entendu un avis sur tout ce que vous venez de me dire, et puisque vous avez dit aimer la sincérité, je ne vais pas vous cacher le fond de ma pensée. Elle fit une légère pause alors que ses yeux ne quittaient pas ceux de son interlocuteur. Sa voix était tout ce qu'il y a de plus poli, bien que ce qu'elle allait lui dire ne devrait certainement pas lui plaire, après tout, il venait de lui demander son avis non ? Je pense que j'ai arrêté de croire au père noël depuis assez longtemps pour imaginer qu'un homme puisse donner autant d'argent pas simple envie d'aider son prochain, où alors vous êtes envoyé des dieux. Petite pause, une fraction de seconde. Pour tout vous dire, je crois que vous venez de me donner autant d'informations pour que j'estime que vous avez dévoilé beaucoup de votre personnalité et que je ne cherche pas à fouiner plus loin. En effet, avec tout le flot d'informations que vous m'avez prétendument donné, je pourrais avoir de quoi faire mon article, mais ce serait uniquement sur ce que tout le monde peut se procurer avec les bons contacts. »

Elle prenait des risques, certes, Neve n'était pas stupide elle savait bien que même si Blake avait clairement demandé ce qu'elle pensait de lui, il n'apprécierait peut-être pas forcément tout ce qu'elle irait lui dire. Mais l'Irlandaise était ainsi faite, il ne fallait pas lui donner le feu vert sans quoi on risquait de s'exposer à des choses pas forcément très agréables à entendre, et pour le coup, c'était certainement le cas, même si elle ne dénigrait pas son interlocuteur pour autant comprenons-nous. Après une légère pause sans quitter le beau visage de Blake, la journaliste reprit finalement la parole, toujours aussi polie et posée.

Je crois aussi qu'il ne faut pas avoir honte de ses origines, vous l'avez dit vous-même, vous êtes devenu ce que vous êtes à ce jour grâce à votre vie, à vos origines, et pourtant lorsqu'on se documente sur vous, impossible de savoir que vous êtes originaire du Mexique. Vous devriez être fier de ce que le petit vendeur de drogue est devenu, un exemple pour ces gamins là-bas. Pourquoi vous cacher ? Je ne vous comprends pas, je ne le cache pas. Elle état très sérieuse, ses origines étaient pour elle tout ce qui lui restait à ce jour, ses parents et ses amis étaient très loin, elle n'avait plus que son coté Irlandais, pourquoi lui s'obstinait-il à les dissimuler ? La jeune femme soupira légèrement avant de continuer. Je pense aussi que votre vie passée, même inconnue du public, vous a joué des tours. Vous n'ignorez pas ce qu'on dit de vous, que l'argent donné ne serait pas totalement légal, peut-être de la pure jalousie, peut-être simplement une application du proverbe 'il n'y a pas de fumée sans feu', je l'ignore pour tout dire, mais je pense que laisser tout ça sans réponse n'est pas forcément la meilleure des choses. »

Par là elle entendait que chercher à ne pas détromper les gens qui parlaient dans son dos ne serait pas dans son intérêt, il était peut-être effectivement un criminel comme certains le disaient, ou peut-être qu'il était la seule personne sur terre qui donnait de l'argent sans aucune raison, Neve ne le savait pas, mais dans tous les cas, le moyen de mettre fin à ces rumeurs c'était d'en parler. Clairement, par les informations. En tant que journaliste, elle savait comment se débrouiller de ce coté. La jolie blonde était retombée dans le silence, elle observa un moment son interlocuteur en essayant de décrypter ce qu'il pensait, elle avait été sincère dans sa réponse et n'avait rien caché de ses pensées, contrairement à lui pensait-elle. Il l'avait noyée sous un flot d'informations qu'un policier bien placé aurait pu lui procurer, et espérait peut-être qu'elle ne chercherait pas à en apprendre plus des autres cotés qui avaient été passés sous silence. Neve attrapa la tasse de café et bu une gorgée pour constater qu'il était d'excellente qualité, un plaisir de boire un véritable café pour une fois dans ce pays. Reposant sa tasse avec douceur, elle reprit alors la parole, orientant la conversation sur les sujets qui l'intéressaient aussi pour compléter son article.

En parlant de votre fille, Isobel si je ne m'abuse ? Est-ce qu'elle vit avec vous dans cet endroit ? Vous ne faites pas beaucoup état d'elle, est-ce que c'est pour la préserver de toute cette vie, ou par simple demande de sa part ? Je ne vous cache pas que j'ai été surprise d'apprendre son existence, il est assez rare d'entendre son nom ou de la voir à vos cotés à la télévision ou dans les journaux. Elle fit une légère pause comme si la blonde quêtait un signe d'énervement de sa part, mais sans lui laisser le temps de répondre, elle continua son monologue. Pour ce qui est de votre vie publique, on vous connait comme un homme d'affaire, mais quelles sont exactement les affaires que vous traitez en ce moment ? »

Des questions extrêmement basiques pour tout dire, bien que le sujet de sa fille risquait d'être plus intéressant et difficile à approfondir puisque visiblement il ne semblait pas tenir plus que ça à ce qu'on parle d'elle, sans quoi elle aurait été à ses cotés dans sa vie publique. Elle avait été tentée d'aborder le sujet de son épouse décédée, mais s'y était refusée, Neve ne faisait pas partit de ces journalistes 'fouille-merde' comme elle disait qui n'hésitaient pas à rendre des gens malheureux simplement pour avoir quelques informations. Non, L'Irlandaise respectait les gens qu'elle interviewait. Après un petit moment de silence, toujours sans réponse de Blake, elle aborda un dernier sujet, un peu particulier, mais qui intéressait toute la population d'Achaea.

Blake, qu'en est-il de votre avis et de votre position quand aux mutants. »

Une question assez pointilleuse et gênante pour certains, il y avait des gens qui n'aimaient pas parler de leurs idées à ce sujet, mais Neve ne faisait pas les choses à moitié et lorsqu'elle faisait un reportage, elle allait jusqu'au fond de la chose, cela n'en déplaise à certains. Ses questions étaient terminées pour le moment, la blonde resta donc silencieuse, attendant une réponse de son interlocuteur avec l'expression calme et posée de la parfaite journaliste.

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MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyJeu 11 Nov - 20:49

Je ne suis pas un milliardaire typique, c’est le moins qu’on puisse dire. La jeune journaliste l’avait compris via ma réaction à ses questions directes. Au lieu de m’emporter et de protester comme la grande majorité des riches l’aurait fait, je m’étais contenté de rire. Pas banal, à tout le moins. Ses pensées m’apprirent qu’elle avait rencontré le maire de la ville, un idiot congénital, durant une soirée caritative organisée par l’Achaea News. Comme moi lorsque je l’avais rencontré, Neve avait vite compris que c’était un « abruti fini », selon ses propres termes. Tout commentaire qui ne faisait pas son affaire, le maire le percevait comme une attaque personnelle à son encontre et faisait tout un raffut. Un abruti, oui, mais que les habitants d’Achaea avaient élu à son poste, ce qui en dit long…

Le président, c’est autre chose. Un homme bien, mais qui n’est pas conscient – ou du moins pas totalement – des machinations et des intrigues qui se tissent dans l’ombre de son propre pays. En effet, j’ai rencontré ce grand homme lors d’une cérémonie transmise sur les ondes. Une grande et belle cérémonie où le président lui-même m’a désigné comme homme de l’année 2024 et m’a remis un trophée en remerciement de mes dons multiples à la ville d’Achaea. Des dons totalisant neuf chiffres, oui, oui. J’ai été qualifié par l’homme le plus important des États-Unis d’Amérique comme étant un des plus grands donateurs contre la pauvreté sur le front philanthropique. C’est quelque chose, non ? De quoi s’enfler la tête, oui ! Pour moi, ça ne représente rien du tout, sinon un avantage supplémentaire contre mes ennemis. Si j’étais un jour démasqué pour ma réelle identité, soit le chef de la Vouivre, l’organisation criminelle la plus puissante du Sud des États-Unis, le scandale que mon arrestation ferait trembler le pays dans ses fondations. J’ai même mangé avec le président, mais ça, peu de gens le savent. Il me considère presque comme un ami, ce qui est particulièrement amusant vu mon métier véritable. À preuve que je me fiche des récompenses : le trophée trône quelque part dans ma maison mais si vous me demandiez où exactement, je serais incapable de vous répondre. Ramon saurait, lui : il sait toujours ce que j’oublie.

Pour en revenir à la journaliste, durant ma confession, bien que ce ne soit pas réellement ça, elle réfléchissait et je lisais en elle. Je sais faire plusieurs choses à la fois, ce que peu de gens sont réellement capables de faire. Moi oui et je m’en sers à foison. Elle se demanda pourquoi je n’étais pas fier de mes origines, alors que ça transparaît clairement dans mes traits que je ne suis pas un américain pure souche. Je ne l’ai jamais caché, mais je ne l’ai jamais crié sur tous les toits non plus. À quoi bon ? Lorsque Ramon entra avec le café, il fit rire la demoiselle avec sa révérence exagérée, ce qui était probablement le but recherché. Ses beaux yeux clairs me demandèrent pourquoi Ramon se faisait passer pour mon garde du corps alors que c’était mon meilleur ami, mais même si je lui expliquais, elle ne comprendrait tout simplement pas. C’était un truc entre Ramon et moi. Les muscles et le cerveau. Bref. La belle réfléchissait vite et bien malgré mon flot de paroles, ce qui me prouvait qu’elle était parfaite pour cette entrevue. Ma question finale lui fit lever les yeux à nouveau vers moi et je vis qu’elle avait remplie plusieurs feuilles de son carnet de note de sa fine écriture codée. Elle prit la position de la parfaite journaliste, une main sur son bloc note, avant de répondre.

Le début de sa réplique me fit tiquer, mais fort heureusement, je l’avais bien jugée et elle me donna son avis, sans me cacher ce qu’elle pensait réellement. Elle craignit de me choquer par ses paroles, ce qui se traduisit par un petit silence avant qu’elle ne continue. Elle me dit qu’elle ne croyait plus aux contes de fée et que si je donnais autant d’argent, c’était soit pour être reconnu, soit parce que j’étais un envoyé des dieux, ce qui me fit sourire. Nouvelle pose et la belle continua, disant que je lui avais dévoilé ces informations pour qu’elle ne fouine pas plus loin. Bingo ! Mais je savais qu’elle en voudrait plus et c’était prévu. Pourquoi croyez-vous que j’ai autant planifié cette entrevue avec Jia et Ramon ? Par crainte de trop en dire ? Allons ! C’était pour amener la belle Neve principalement sur le chemin qu’elle empruntait que je m’étais autant préparé. Je ne fais jamais rien au hasard, tenez-vous le pour dit. Et Neve articula précisément les mots que j’avais voulu qu’elle dise : « …avec tout le flot d'informations que vous m'avez prétendument donné, je pourrais avoir de quoi faire mon article, mais ce serait uniquement sur ce que tout le monde peut se procurer avec les bons contacts. »

Voilà ! La belle journaliste croyait prendre des risques, mais je l’avais précisément menée là où je le voulais. À ses paroles, je restai donc silencieux, souriant toujours. Une nouvelle gorgée de café de ma part et la belle continua à parler, toujours sur le ton propre aux journalistes. Non, je n’ai pas honte de mes origines et oui, il est impossible de savoir que je viens du Mexique si on cherche à s’informer sur moi. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne veux pas que mon Barrio natal soit assailli par les médias. Alors pourquoi le lui ai-je dévoilé ? Parce qu’un peu de pub ne fait jamais de mal. C'est-à-dire que Mexicali, la ville la plus proche de l’endroit où je suis né, ne verra pas d’un bon œil qu’un type comme moi, si connu aux États-Unis, ait avoué venir du bidonville voisin. Ce qui veut dire qu’ils mettront plus d’effort à rendre l’endroit plus vivable, même si l’argent que j’envois régulièrement là-bas aide déjà énormément.

Contrairement à ce qu’elle dit à voix haute et pense, je suis fier de ce que je suis devenu. Le petit vendeur de drogue est devenu l’un des hommes les plus riches du monde, ce qui n’est pas rien, mais je n’ai jamais aimé me vanter et cela n’est pas prêt de changer. Tout comme je n’ai jamais cherché à devenir le modèle, l’exemple de ce que l’on peut devenir. Non, je ne suis pas un modèle à suivre. Léger soupir de la part de Neve et elle continue sur sa lancée, disant que mon passé joue contre moi. Oui, je sais ce qu’on dit de moi, les rumeurs qui circulent. Ce qu’elle ne sait pas ? La plupart d’entre elles viennent de moi. C’est tout à fait vrai que la majorité de mon argent est de l’argent sale, de l’argent absolument illégal. Et alors ? Croit-elle que le gouvernement n’a pas ses petites magouilles ? Rien n’est pire que le gouvernement lorsqu’il s’agit de faire disparaître de l’argent. Je suis juste le mouvement et je le fais si bien que personne ne peut rien prouver. J’ai Fernando pour s’en assurer et il est le numéro un mondial du camouflage. Peut-être a-t-elle raison en disant que laisser des zones d’ombre dans ma vie n’est pas une bonne chose, mais c’est une chose vitale. Ça me permet de rester en vie et de ne pas finir mes jours en prison, voir pire.

Je suis un criminel – peut-être le plus dangereux existant à cette époque – mais je suis aussi quelqu’un de généreux, qui ne regarde pas à la dépense lorsqu’il s’agit d’aider mon prochain. Beaucoup peuvent en témoigner, mais aucun ne le fera jamais. Ils connaissent les risques s’ils le font. Neve resta silencieuse un moment, son regard braqué sur le mien. Elle cherchait à percer ce que je pensais de ses paroles, mais je savais qu’elle ne trouverait rien dans mon regard, hormis une vague lueur d’amusement. Je suis passé maître dans l’art de camoufler mes pensées, en partie seulement grâce à mon pouvoir. Elle avait cependant tort en pensant qu’un policier haut placé pourrait lui avoir fourni les informations que je lui avais offertes. Seuls les plus hauts placés de certaines organisations précises - FBI, Interpol, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), la DEA (Drug Enforcement Administration) et la Joint InterAgency Task Force-South – connaissent ces informations et jamais elle ne pourrait les forcer, par aucun moyen que ce soit, à lui fournir mon dossier. Comment j’en suis si sûr ? Certaines personnes de ma connaissance ont essayés et n’y sont pas parvenus. Et je parle ici de gens compétents. Une simple journaliste comme elle n’aurait aucune chance. Absolument aucune.

Elle prit une gorgée de café et elle apprécia son goût velouté. C’était un café venu directement du Mexique, qu’elle ne trouverait pas dans les marchés ordinaires. Il se vendait dans certaines boutiques spécialisées, et je savais qu’il coûtait une petite fortune. Moi, il ne me coûtait rien. C’était un cadeau offert par celui qui le créait, pour services rendus. Quels services ? Vous vous doutez que je ne vais pas en parler, alors pourquoi poser la question ? Neve reprit la parole, orientant la conversation sur ma fille, Isobel, me posant plusieurs questions. J’allais lui répondre, bien sûr, mais pas tout de suite. Elle me demanda ensuite sur quelles affaires je travaillais présentement. Ça aussi, j’allais le lui révéler, du moins en ce qui concerne ma vie ‘‘publique’’. Mon côté secret, elle n’en entendrait jamais parler. Je vis dans son esprit qu’elle avait été tentée d’aborder le sujet concernant ma Magdalena mais qu’elle ne le ferait pas, par respect. J’appréciai cela, plus que tout le reste. La plupart des journalistes, les 'fouilles-merde', comme elle les appelait, ne se seraient pas gênés. Enfin, elle me demanda la question que tout le monde se posait en ce moment, à savoir ma position quant aux mutants. Neve O’Connell était assurément une journaliste assidue, intègre également, et qui aimait aller au fond des choses. Ceux de son genre sont rares de nos jours. Le silence retomba et elle garda une expression tranquille, attendant mes réponses. Ce que je fis.

- Tout d’abord, Neve, laissez-moi vous remercier pour votre franchise une nouvelle fois. Les gens ont peur de dire ce qui leur passe par la tête de nos jours et ceux qui ont le cran de le faire, je les apprécie. Vous êtes peut-être jeune, mais vous êtes une periodista admirable. Vous avez tort sur un point, cependant, c'est-à-dire sur le fait que tout le monde pourrait se procurer des informations plus poussées sur moi avec les bons contacts. J’ai été discret dans mes démarches une fois que j’ai quittée Las Vegas avec plusieurs milliers de dollars en poche, tellement discret que si vous cherchiez un peu, vous découvririez que je n’ai officiellement qu’une seule et unique source de revenu : un bar de streap-tiseuse, le Baìlar, situé au centre-ville d’Achaea. Ne faites pas ces yeux-là, Neve, ce n’est pas un bar commun. Les filles qui travaillent pour moi sont traitées comme des princesses et mes hommes veillent au grain. Quiconque porte la main sur l’une d’elle est mis à la porte pour toujours, sans possibilité de deuxième chance. Vous irez y faire un tour un jour, vous comprendrez ce que je veux dire. Non pas que j’insinue quoique ce soit ; n’y voyez aucune offense.

Il ne manquerait plus qu’elle croie que je la traitais de lesbienne ou que je voudrais qu’elle y danse ! Quoique avec un corps comme le sien, elle ferait fureur là-bas et Diego tenterait assurément sa chance. Mais je m’égarais dans mes pensées et je repris la parole.

- Deuxième erreur : croire que j’ai honte de mes origines. Je suis fier d’être ce que je suis, mais je ne l’étale pas au grand jour. Je n’aime pas la popularité, malgré ce que vous pouvez penser, et dire d’où je viens réellement ne me dérange pas. Je vous l’ai avoué, n’est-ce pas ? Dites-le dans votre article, cela ne pourra qu’être bien pour mon Barrio natal. Une autre chose dont vous n’êtes pas au courant : je fais des dons anonymes chaque année aux habitants des « Saints et Pêcheurs ». Pourquoi anonyme là-bas alors qu’ici, tout le monde sait que je donne une fortune ? Je n’ai pas réellement de réponse à vous donner, je ne crois pas le savoir moi-même. Oui, je pourrais devenir un exemple pour les gamins des bidonvilles, mais je ne veux pas être un modèle à suivre. Si vous ne comprenez pas, ce n’est pas grave. Je ne suis pas sûr de me comprendre moi-même, parfois… et peut-être que les zones d’ombre dans mon passé me nuisent, oui. C’est probablement le cas. Les rumeurs à mon sujet son le cadet de mes soucis, Neve, et je ne m’arrête pas à ce que disent les gens. Nous sommes dans un pays libre et chacun à le droit à son opinion. Il y aura toujours quelqu’un pour parler dans le dos des gens, cela ne changera jamais. Pour clore ce sujet, je vais citer A.S. Neill : Qu'importent mes motivations dès lors que leur résultat est bon ?

Cynique ? Oui, mais réaliste surtout. C’était vrai, qu’elle s’en rende compte ou non. Peut-être qu’elle reviendrait sur ses sujets plus tard ; je verrais bien le moment venu. J’avais dit ce que j’avais à dire. Restait les sujets les plus importants, à mes yeux du moins.

- Je suis un homme d’affaires avant tout, Neve, et je vais vous tracer un chemin de mon parcourt depuis mon arrivée dans ce beau pays. Je n’ai aucune étude, ni diplôme, nada. J’ai tout appris sur le tas, comme on dit, mais j’apprends vite, très vite. Et comme je l’ai dit, je suis doué pour faire de l’argent. En quittant mon Barrio natal, je m’étais dit que je deviendrais mon propre patron et que jamais plus je ne travaillerais pour quelqu’un d’autre, et c’est ce que j’ai fait. Savez-vous ce qui m’a motivé ? Mon nom, que j’ai hérité d’une vieille femme qui a joué le rôle de ma mère. Je porte un nom éclatant et sonore, un nom que je perçois comme dansant : Blake Salazar. Je l’ai toujours imaginé s’accompagnant d’une musique presque barbare, en tout cas sauvage, féroce, dansante. Auparavant, l’argent ne m’avait jamais préoccupé. Cela a changé lorsque j’ai quitté mis les pieds à Las Vegas. Définitivement. « Le moment est venu de faire fortune », voilà ce que j’ai dit à Ramon lorsque nous avons mis les pieds dans la ville du vice. Je lui ai sauvé la vie au Mexique et depuis, il me suit à la trace. Il est devenu mon ami, mon protecteur, le grand frère que je n’ai jamais eu. Sans lui, je ne serais pas ici aujourd’hui et vice-versa. J’avais dix-sept ans à l’époque et un peu plus de cinq cent dollars américains dans les poches. C’était tout l’argent que moi et Ramon avions économisé durant neuf ans. J’en suis reparti avec près d’un quart de million.

Je fis une courte pose dans mes explications, le temps qu’elle referme sa bouche et que ses yeux cessent d’être écarquillés, même si elle cachait de son mieux son étonnement. Pour elle, juste cette somme était astronomique, alors que pour moi à l’époque actuelle, ce n’est que broutilles. Je comprenais ce qu’elle ressentait, par contre. Je repris, le sourire aux lèvres et les yeux toujours brillants d’amusement :

- Dès que je mets les pieds à Achaea, je me suis mis au travail. Mon premier acte a été de créer une société où j’étais à la fois banquier, porteur de parts, actionnaire de la société, mais aussi gérant et trustee. Il s’agissaitt d’un holding, c’est-à-dire une société anonyme spécialement créée pour contrôler et diriger un groupe d’entreprises de même nature – dans le cas présent à l’échelle nationale – oeuvrant dans le même secteur d’activité. Ramon devint officiellement chargé de la gestion du holding. C’est mon homme de confiance depuis toujours, le seul à apparaître, le seul à savoir vraiment – en m’excluant, bien entendu – qui possède, qui a créé, qui animait vraiment ce holding. Activité principale du holding : la construction immobilière et les investissements à haute rentabilité – lotissements, achats de terrain et donc immobilier en général, le tout accompagné d’importantes prises de participation, partout à travers les États-Unis, dans des entreprises de construction et de matériaux de construction. Quelqu’un m’a dit un jour : « Ce que tu possèdes de véritablement extraordinaire, c’est cette façon que tu as, ayant décelé l’ouverture, la faille, l’amorce de l’idée, de t’y engouffrer avec une rapidité stupéfiante, d’aussitôt l’élargir, la développer. » Je réfléchis simplement pense plus vite que la majorité des gens et à peine commençait-on à comprendre ce que j’étais en train de faire que j’étais déjà ailleurs. En moins de cinq ans, mon idée de base se révéla remarquable, mais je n’étais toujours pas satisfait. J’ai alors attaqué dans d’autres directions, partout, mais jamais mon nom n’apparut. Le holding consistait en une société anonyme installée à Curaçao dans les Antilles néerlandaises. Cette société, avant de disparaître brusquement, détenait la totalité des actions d’autres sociétés, celles-là ayant leur siège social respectif un peu partout dans ce pays. Une fabuleuse pyramide, coiffée donc par Curaçao, elle-même gérée par une filiale secrète située ici, à Achaea… Tout cela est parfaitement légal, vous pourrez vérifier si vous le désirez. J’ai 22 ans et mon ami Ramon possède une filiale dont tous les avoirs et acquis frôlent les 240 millions de dollars…

Étonnant ? Oui, je l’admets volontiers, mais j’ai eu de l’aide. Ce que je lui explique :

- … Mais revenons un peu en arrière, voulez-vous ? Lors de mon arrivée à Achaea, un homme m’a contacté. Un homme dont certaines personnes à Las Vegas m’ont surabondamment vantés son efficacité, l’étendue de ses relations, même internationales, et sa « fiabilité ». Pour être franc, on m’a parlé de lui comme étant quelqu’un que l’on va voir quand on a momentanément besoin de gros besoins d’argent, qui prête cet argent en prenant des risques qu’aucune banque ne prendrait, et qu’il vaut mieux rembourser si l’on ne veut pas avoir d’ennui. Je l’ai donc rencontré à peine un mois après être arrivé ici. « Vous êtes jeune », qu’il a dit en me voyant. « Ce n’est pas contagieux », ai-je rétorqué. « Comment avez-vous eu mon nom ? » qu’il me demande ensuite et je lui cite le nom d’un type rencontré à Vegas, l’ami d’un ami, ou un truc du genre. Le mystère qui m’entourait l’intriguait, c’était évident. « Je vérifierai, bien entendu », a-t-il dit. Ma réputation à Vegas a fait le reste et nous avons conclu un accord. Cet homme, c’était Howard Varla, un homme d’une cinquantaine d’années qui deviendra un de mes amis les plus chers ; il était l’un des excentriques d’Achaea, à la tête d’une fortune impressionnante. Vous pourrez vous renseigner sans peine sur lui, Neve.

Oh, oui, qu’elle se renseigne ! Varla avait beau avoir été le baron de la drogue de la ville à cette époque, il n’a jamais été accusé de rien et son nom n’a jamais été cité avec le mot drogue sur la même page. Les autorités, encore une fois, n’ont aucune preuve pouvant incriminer mon vieux mentor. Neve trouvera simplement que Varla était effectivement riche – quoique pas au point où j’en suis présentement – et qu’il prêtait effectivement de l’argent. Oh, et qu’il se tenait parfois avec des gens un peu louches. Mais n’est-ce pas là le cas de bien des stars et des personnalités de ce monde ? Oui, bien entendu. Qu’elle en déduise ce qu’elle voudra, elle ne pourrait rien faire de toute façon.

- Donc Varla nous a pris sous son aile, Ramon et moi, et il m’a appris toutes les règles en matière d’investissement. C’est dans un des livres qu’il m’a conseillé de lire que j’ai déniché l’idée du holding, et qui, avec notre argent à Ramon et moi, en plus de celui de Varla, a fonctionné au-delà de mes espoirs les plus fous. Un seul homme a dessiné le schéma de la société puis a ensuite tout démantelé, tout effacé, tout reconstruit ailleurs, sans laisser la moindre trace et la moindre preuve. Le type qui a fait ça est un génie ; ça a été de la prestidigitation, de la magie. Ce type, Neve, c’était moi. C.Q.F.D.

Je lui laisse un peu de temps pour digérer toutes ces informations et pour noter ce qui lui semblera important ou non. Après tout, c’est elle la journaliste ! Je me dis aussi que je pourrais écrire mes mémoires, avec tout cela, et que ça ferait probablement un tabac. Une autre manière de faire entrer les profits… Je note cela dans un coin de mon esprit pour plus tard et fini de siroter mon café. J’ai aussi le temps de me lever, d’ouvrir la fenêtre et de fumer une cigarette. Je me suis rassis depuis deux minutes lorsqu’elle relève les yeux de son carnet. Je continue sur ma lancée :

- Sous le nom d’Howard Varla, Ramon et moi investissons tout notre argent dans Berkshire Hathaway, une société diversifiée avec des intérêts majeurs dans l’assurance-vie, la vente de rentes et de bijoux, qui a une valorisation de 775 $ par action. Mon instinct me dit que nous tenons un filon et sur mon conseil, Howard investie également la majorité de sa fortune. Mon coup avec le holding l’a fortement impressionné et il me fait confiance. Et avec raison, car à la fin de l’année 2005, chaque action vaut 1310 $. Notre patrimoine, à Ramon, Howard et moi atteint alors 620 millions de dollars. En l’espace de deux ans, l’action de Berkshire Hathaway monte à la hausse à 3000 dollars par action, puis à 5875, pour se décupler par la suite, grimpant à 78 300 dollars par action en juin 2007, nous laissant à la tête de plus de 5,8 milliards de dollars. Mais vous commencez à me connaître : ce n’était toujours pas assez à mon goût et la danse continue. Nous vendons une partie de nos actions de Berkshire Hathaway sur mon conseil, puis misons une somme énorme en contrats sur le dollar face à d’autres devises : gains de 2 milliards. Howard achète ensuite au début de l’année 2008, encore sur mon conseil, la compagnie Scaled Composites LLC. Située à Mojave en Californie, elle construit des engins aériens et spatiaux, surtout connue pour avoir participé et remporté le X-Prize le 4 octobre 2004 à l’aide de Space Ship One, premier avion expérimental privé américain ayant volé dans l’espace à plus de 100 km d’altitude, c’est-à-dire au-delà de l’atmosphère terrestre. Les voyages se succèdent avec le programme Space Ship One et l’argent entre à flot. Malheureusement, un évènement fort malheureux survint en octobre 2008 : Howard fit une crise cardiaque qui le laissa largement affecté. Désormais impotent et amnésique, mon mentor se retrouva incapable de gérer notre fortune commune…

La tristesse peut se lire sur mon visage et dans ma voix. J’ai toujours aimé Howard Varla, à la fois parce qu’il joua un peu le rôle du père que je n’ai jamais, mais aussi parce que sans lui, je ne serais probablement pas qui je suis aujourd’hui. Je lui dois beaucoup.

- J’apprends alors qu’il nous a légué tous ses biens, à Ramon et à moi et que nous contrôlons tout. En effet, mon vieux mentor avait stipulé que s’il lui arrivait quelque chose, qu’il mourrait ou qu’il devenait incapable de poursuivre ses activités, nous devenions ses successeurs et devions continuer son – notre – œuvre. Ce que nous avons fait. J’ai vendu, acheté, puis revendu encore. En 2018, nous avons vendus Scaled Composites pour une somme à plusieurs zéros…

Je lève une main que je porte à ma tempe, me rendant compte que j’ai oublié deux éléments extrêmement importants de mon histoire, deux éléments qui font partie intégrante que moi. Je me giflerais si je n’étais pas en compagnie de la journaliste. Comment ai-je pu oublier les femmes de ma vie ?

- Début 2000, j’ai rencontré Magdalena Gonzalez, simple femme de chambre chez Howard. Je vais faire vite : vous n’êtes pas là pour entendre mes histoires d’amour. En 2002, nous nous sommes mariés de façon très discrète – je vous ai dit que je n’ai jamais aimé l’attention – et à la fin de l’année, Isobel est née. Mon épouse a énormément compté pour moi, Neve, même si ça n’en a pas l’air à vous parler ainsi d’argent, d’investissement et de capital. Elle est morte d’un cancer des poumons en 2011 et ça m’a presque détruit. (Ma voix se fissura un peu, malgré tout mon contrôle.) Je me suis plongé dans mon travail comme un fou, cherchant l’oubli par l’épuisement, mais je me suis repris grâce à Ramon : il m’a rappelé que je devais m’occuper d’Isobel. Ma fille, je l’ai couvée comme les dragons des légendes couvent leur trésor, sans pour autant la rendre pourrie gâtée, si vous voyez ce que je veux dire…

Elle verrait bientôt ce que je voulais dire par là. Car en effet, bien que je sois l’homme le plus riche d’Achaea et l’un des hommes les plus riches du monde, je vivais bien en dessous de mes moyens, me contentant du strict nécessaire, mais m’octroyant néanmoins un certain confort. Ma maison en témoignait amplement, sans pour autant ressembler aux châteaux et maisons gigantesques de certaines stars ou riches de ce monde. Malgré mon argent, Isobel est resté une jeune femme simple. Ma fille, mon trésor.

- Durant le temps écoulé entre la vente de Scaled Composite et l’année 2008, où Howard nous a tout légués, Ramon et moi ne sommes pas restés inactifs, oh non. J’ai utilisé deux mécanismes très distincts mais très lucratifs. Le premier s’appelle le levier ; c’est un principe très américain. Vous le connaissez vous-même, Neve, même si vous n’en avez peut-être pas conscience. C’est le principe par lequel, pour lever une hypothèque, il n’est pas nécessaire de verser la totalité du montant de cette hypothèque. C’est la possibilité réelle de verser, par exemple, deux mille dollars pour arrêter une hypothèque de cent mille dollars sur un terrain ou un immeuble et, en ayant arrêté l’hypothèque, de vendre ce terrain ou cet immeuble. En d’autres termes, cela vous permet en toute légalité de vendre quelque chose que vous n’avez jamais acheté ou plus exactement de le vendre et de le payer après l’avoir vendu. Donc de s’acquitter de la totalité de l’hypothèque – quatre-vingt-dix-huit mille dollars si vous n’en avez versé que deux mille – en puisant dans les sommes que la vente vous a rapportées. Vos deux mille dollars sont le levier, et rien d’autre. Mais « donnez-moi un levier et je soulèverai le monde… » Votre bénéfice est assuré si vous savez comment utiliser ce principe au final très simple. Le deuxième mécanisme utilise la détresse qui consiste à tout accepter pour être débarrasser de cet irritant passif que représentent ces dizaines de milliers d’hypothèques non servies. Tant d’argent gelé empêche les grands financiers de dormir. Au point que nombre de ces banques et des ces compagnies d’assurance sont prêtes, littéralement, à brader leurs hypothèques. Moitié prix, voir moins. Et c’est là que ça devient hallucinant. Imaginons un immeuble à Achea, dans un milieu aisé, dont le promoteur a fait faillite faute d’avoir trouvé des clients. La banque a prêté à ce promoteur dix millions de dollars et est donc prise avec cette hypothèque. L’immeuble vaut donc dix millions de dollars. Cette hypothèque, la banque la détient depuis disons trois ans et elle en a assez, elle ne veut plus la voir figurer dans ses bilans, d’autant plus qu’elle n’est pas unique : il y en a des milliers d’autres. C’est à ce point précis que la banque est prête à céder son hypothèque à moitié prix. Soit cinq millions au lieu de dix. Et si maintenant, à ces cinq millions de dollars, on appliquait le principe du levier ?

Pas besoin d’être un génie pour comprendre, enfin selon moi. D’autant plus qu’à l’époque où j’ai utilisé ces deux mécanismes – que j’adore, soit dit en passant – l’Amérique a réagit avec une vitesse folle. Ça n’a pas été une réussite, mais un fantastique triomphe. Les prix ont flambés, si bien que j’ai vendu trente millions des immeubles que deux mois plus tôt je n’arrivais pas à vendre cinq millions. Des immeubles qu’en réalité je n’ai payé que le dixième. Vous imaginez les bénéfices ? Fascinant. Et quand s’est arrêtée cette aventure délirante qui aura duré en tout et pour tout dix ans, quand j’ai fait mes comptes, j’en ai été pris de vertige. Ramon était mort de rire derrière moi, comprenant qu’une nouvelle fois, j’avais prouvé mon génie pour faire de l’argent. La vérité est que le principe du levier a fonctionné à merveille, au-delà de mes attentes. Mon actif total, en 2018, s’élevait à trente-sept milliards de dollars et des poussières. Cela sans compter ce que la Vouivre rapporte, bien entendu. Saviez-vous que la vente de drogue aux Etats-Unis s’élève à environ 63 milliards de dollars par année ? Mon organisation me rapporte près du quart de ce chiffre, ce qui signifie que ma fortune totale, tous revenus confondus, avoisine les soixante milliards, ce qui me place dans le top 3 des milliardaires dans le monde. Officiellement, je suis tout de même dans le top 100, ce qui n’est pas rien, avouons-le. Riche, moi ? Ah !

- Je suis diablement riche, Neve, alors je peux me permettre de faire les dons que je fais. Sans aucun problème. Mais je parle, je parle, et je me doute que vous devez avoir des questions. Faisons une courte pause, voulez-vous ? Ramon est derrière la porte si vous avez besoin d’aller aux toilettes ou si vous voulez quoi que ce soit. Ensuite, vous parlerez, puis je répondrais à vos questions à nouveau. Je dois encore répondre à votre question sur les mutants, d’ailleurs, mais ça peut attendre un peu. Lorsque ce sera fait et que vous n’aurez plus de questions, je demanderais à Isobel de venir nous rejoindre. Vous voudrez probablement lui parler… Peut-être même souhaiterez-vous rencontrer Ramon ou Howard ? Vous n’aurez aucun mal avec le premier, mais Howard n’est plus tout à fait ce qu’il était…

Mon sourire s’accentua et je me levai une nouvelle fois pour rejoindre la fenêtre et fumer une seconde cigarette, le regard perdu dans l’immensité du désert. Je retournai ensuite m’asseoir, attendant avec mon calme habituel la suite de l’entrevue.



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Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  Vide
MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyVen 12 Nov - 16:33

Blake réitéra ses remerciements concernant la franchise dont la demoiselle faisait preuve, ce qui provoqua une esquisse de sourire sur les lèvres exemptes de maquillage de cette dernière, elle lui avait clairement dit être franche, pourquoi la remerciait-il à nouveau ? S'il aimait gaspiller sa salive dans de vains remerciements, il pouvait se le permettre, Neve n'en voyait pas l'utilité mais chacun sa vie, s'il s'imaginait pouvoir la mettre dans sa poche par ce procédé peu subtile, il était moins intelligent qu'il n'y paraissait de prime abord. Mais la journaliste doutait que ce soit la réelle motivation de Blake à la remercier sans cesse, ou alors il la prenait réellement pour un idiote, c'était peut-être simplement un soucis de la mettre à l'aise et qu'elle ne s'inquiète pas du fait qu'elle se montrait quelque peu effrontée ? Pas la peine, l'Irlandaise ne s'inquiétait pas de se mettre quelqu'un comme lui à dos, si son caractère devait cramer sa carrière, ma foi, tant pis, déjà qu'il avait ruiné la moitié de ses relations dont la dernière, la plus durable, elle ne s'en plaindrait et vivrait avec. De toute manière, la belle blonde préférait son caractère synonyme de ses origines à l'estime d'un homme qu'elle ne reverrait jamais plus après leur rencontre présente. Le Mexicain souligna le fait que les gens ne disaient plus ce qui leur passait par la tête de nos jours, elle ne pouvait que l'approuver sans toutefois se qualifier de la sorte, après tout elle disait le fond de sa pensée, mais non sans l'avoir analysé avant pour ne pas se trahir sur certaines choses, c'était donc de la sincérité réfléchie. Non de la franchise stupide comme certains avaient le don, parler de tout ce qui leur passait dans la tête, quitte à provoquer une catastrophe à cause de quelques paroles malheureuses. Il lui sortit ensuite un autre compliment qu'elle pensa être « journaliste admirable », bien qu'elle ne parlait pas couramment espagnol, avant de lui dire qu'elle avait tord sur le point des informations à son sujet. Blake expliqua avait été prudent en quittant Las Vegas et tout avoir dissimulé, mais qu'elle pourrait trouver une source de revenu importante, un bar de stripteaseuses « le Baìlar » qui se trouvait dans la ville même. Neve lui décrocha un léger regard contrarié, en effet la blondinette n'approuvait pas ce genre d'établissement et bien qu'elle se fichait de savoir que des hommes avaient besoin de se rincer l'œil en matant des femmes à moitié nues en train de danser, apprendre qu'il possédait un établissement de ce genre le fit chuter dans l'estime que la blonde avait de lui.

Blake remarqua son manque de compréhension car il lui annonça que ses filles étaient bien traitées et ajouta que ses hommes surveillaient tout cela de près. Encore heureux ! Il n'aurait plus manqué que ces filles soient maltraitées, un comble, cela ne changeait rien à l'avis de l'Irlandaise sur ce genre de tripot, tout juste bon pour les mâles en manque de jolies filles, et elle ne comprenait pas que des filles puissent sciemment se produire dans de tels endroits. Neve aimait aussi danser, mais jamais l'idée ne lui serait venue de pouvoir aller bosser dans un tel endroit si elle avait choisi une carrière dans ce domaine. L'homme termina sa petite discussion sur ce sujet en annonçant à la journaliste qu'elle devrait y faire un tour un jour et qu'elle comprendrait, tout en précisant qu'il n'y avait aucune offense. Pas d'inquiétudes, la demoiselle n'était pas du genre à se vexer pour si peut, qu'on parle de son orientation sexuelle où de quoi que ce soit de ce genre, elle se fichait de ce que les autres pensaient d'elle du moment qu'elle savait ce qu'elle était. De plus, elle avait bien cerné le fait que Blake ne se permettrait pas de parler de telles choses sur son compte, du moins la demoiselle espérait que c'était bien le cas. Quittant son interlocuteur du regard la jeune femme écrivit rapidement sur son carnet alors qu'il enchaînait en parlant de ses origines, visiblement elle avait mal compris lorsqu'il parlait de ses origines, puisque ce n'était pas par honte qu'il les dissimulait, mais par soucis de ne pas être plus populaire. C'était un peu contradictoire toutefois, il était l'homme le plus populaire de l'année, et même certainement de celle d'avant, vouloir préserver un peu de son anonymat c'était donc... Vain ? Elle se voyait bien lui déclarer [ MISSION ] La dépêche du comté d'orange vous a élu un des dix hommes les plus sexy d'Amérique. Cette année. [ MISSION ] ça ne serait pas totalement faut vu qu'elle le voyait bien en fantasme pour la femme au foyer américaine. Quoi qu'il en soit, Blake résuma tout ça en déclarant que peu importait les motivations du moment que le résultat était bon, ce qui la fit franchement sourire. Ne disait-on pas aussi « l'enfer est pavé de bonnes intentions » ? Si, et les bonnes intentions débouchaient toujours sur des résultats horrifiants, on en venait à se demander comme le monde pouvait dévier de la sorte. Toutefois, Blake avait raison sur un point, lorsqu'il disait ne pas pouvoir empêcher les gens de penser ce qu'ils voulaient, c'était un fait ils étaient en démocratie, mais toutefois, il pouvait les informer. La meilleure manière de jeter de l'huile sur le feu et d'alimenter les rumeurs c'était de ne pas répondre. La jeune femme le savait, elle avait été exposée à ce soucis il y a quelques temps lors de son arrivée en Amérique lorsqu'on lorsqu'on avait dit qu'elle avait obtenu cette place en ayant une promotion non pas sur ses capacités intellectuelles mais pour autre chose.

Blake enchaîna en parlant de son parcourt comme elle lui avait demandé, il aborda le fait de n'avoir aucun diplôme, mais qu'il est partit en Mexique pour se rendre à Las Vegas en compagnie de son ami Ramon comme il le lui avait déjà dit. Visiblement une relation plus fraternelle qu'amicale liait les deux hommes, et il expliqua qu'il avait débute avec un peu plus de cinq cent dollars à l'époque. Une somme dérisoire comparée à ce qu'il avait maintenant sans aucun doute, mais le début de la fortune aux yeux de la blonde qui ne cachait pas sa surprise, elle se serait largement contentée de 500 dollars en fin de mois maintenant ! Surtout depuis qu'elle avait cet enfant à charge, mine de rien faire vivre deux personnes sur un salaire de journaliste, et en prime payer la maison, la voiture et tout ce qui allait avec, ce n'était pas vraiment très simple. La jeune femme se reprit alors que son interlocuteur poursuivait, toujours souriant. Il résuma, bien qu'en détaillant assez tout ça, ses actions à Achaea, en compagnie d'un autre homme et de son frère de cœur, tout un tas d'explications que la blonde comprenait assez pour le moment, elle prenait donc des notes avec application tout en hochant la tête lorsque Blake lui dit qu'elle pourrait se renseigner sur son ami, chose qu'elle ne manquerait pas de faire. C'était une masse d'informations en même temps, et alors que la journaliste prenait note, Blake acheva de boire son café avant de se relever pour aller ouvrir la fenêtre et fumer une cigarette. L'Irlandaise en tant que sportive n'était pas partisane de ce genre de choses, et elle le remercia intérieurement de s'être éloigné d'elle pour consommer sa dose de cancer. Après qu'il se soit à nouveau assit, elle avait terminé de tout noter et releva ma tête pour écouter la suite pendant qu'il parlait d'une crise cardiaque de son ami, et que sa voix se teinta de tristesse. Neve releva les yeux pour lire l'expression triste de son interlocuteur, et elle ressentit une douleur dans la poitrine, compatissante qu'elle était, la blonde comprenait la douleur qu'il devait ressentir. La discussion continua sur des sujets très classés affaire qui étaient quelque peu obscurs pour une non-initiée comme la journaliste, elle n'était pas du genre à placer de l'argent mais plutôt à le garder en sureté, et l'espace d'un instant, la jeune femme se dit que Sean aurait été mieux à sa place ici étant passionné par les affaires de la bourse et compagnie, gros point de désaccord dans leur relation d'ailleurs.

Constatant qu'il faisait encore une incursion dans son esprit, elle chassa cette pensée avec agacement au moment où Blake abordait le sujet de son épouse. Une rencontre en 2000 alors qu'elle était femme de chambre, mais il passa rapidement sur le sujet au grand dam de la blonde au cœur d'artichaut qui affectionnait les histoires d'amour. Mais elle comprit mieux la raison lorsqu'il aborda sa mort en raison d'un cancer du poumon, c'était affreux, et son regard gris chercha un moment le visage de Blake, affichant une expression volontairement plus douce comme lorsqu'elle apprenait de telles nouvelles. Sur ce point, l'Irlandaise était très empathique, elle ressentait sans peine la tristesse des gens lorsqu'ils parlaient de leurs amours passés, et elle ne voyait pas comment les rassurer à chaque fois, trouvant les paroles vaines. Son sourire devint sincère et attendrit lorsqu'il parla de sa fille comme d'un trésor, c'était une magnifique métaphore que la demoiselle se jura de citer dans son article, elle représentait réellement tout pour lui et Neve ne doutait pas qu'il puisse sacrifier toute sa fortune pour elle. S'en suivit encore une petite explication sur différents systèmes qu'il utilisait afin de gagner de l'argent, et en somme, il conclut en disant qu'il était extrêmement riche et pouvait donc tout se permettre. L'Irlandaise était une femme simple, elle était heureuse avec ce qu'elle avait et ne comprenait pas réellement l'intérêt de posséder autant d'argent, mais s'il en faisait partager les autres, tant mieux d'un coté. Quoi qu'il en soit, il lui annonça qu'ils feraient une courte pause et expliqua que Ramon était derrière la porte si elle devait se rendre aux toilettes ou pour une autre raison, puis qu'ils reprendraient l'entrevue après ça pour qu'il termine de tout expliquer et de répondre à sa dernière question. Après quoi sa fille pourrait les rejoindre et les deux autres hommes dont il avait parlé dans ses explications, chose contre Neve n'était absolument pas, au contraire, ça faisait toujours ça de plus. Neve le regarda se redresser pour rejoindre la fenêtre, certainement pour fumer à nouveau, alors qu'elle se redressait pour poser son bloc-note sur son sac tout en le remercie brièvement.

Je vous remercie. »

Question de politesse, en effet la jeune femme trouvait cette pause plutôt bienvenue, elle n'avait pas vraiment l'habitude de ce genre de travail et quelques instants de répit ne seraient pas de refus. Elle quitta alors Blake du regard pour se diriger vers la porte derrière laquelle Ramon se trouvait en effet, et elle lui demanda poliment s'il pouvait lui indiquer où se situait la salle d'eau. Avec la bonne volonté dont il avait déjà fait preuve, le concerné la guida donc jusqu'à la pièce en question, et Neve le remercia avec un sourire avenant avant d'y entrer pour se passer un peu d'eau sur le visage. L'un des points positif lorsqu'on ne se maquillait pas comme elle était qu'on pouvait se permettre ce genre de petites choses qui étaient tout à fait inimaginable lorsqu'on ressemblait à un pot de peinture. Tout de suite, la demoiselle se sentit plus à l'aise, de l'eau fraiche sur le visage avait de quoi requinquer n'importe qui, plutôt drôle lorsqu'on savait qu'elle avait peur de l'eau. Coupant l'eau aussitôt, même si Blake était riche elle pensait toujours à l'économie, comme couper l'eau lorsqu'on se brossait les dents etc, la demoiselle se redressa pour se sécher le visage avant de toute remettre correctement en place, puis elle sortit de la pièce pour constater avec surprise que Ramon était resté là. Avait-il peur qu'elle aille fouiner dans leur maison ? Temps perdu, ce n'était pas du tout le genre de la journaliste qui ne fit néanmoins aucune remarque. Elle se laissa raccompagner au bureau de Blake tout en se disant que cette pause avait été bien pour permettre à l'homme de réfléchir à ce qu'il pourrait dire au sujet des mutants. Il n'y avait aucun sujet plus gênant que celui-ci, plus surveillé surtout, il devait clairement savoir qu'elle allait porter une grande attention à cette partie de l'entrevue et surtout que les lecteurs du journal allaient lire ça très attentivement. Neve s'en voulut d'avoir posé plusieurs questions à la fois, elle aurait du limiter ça et lui poser directement la question des mutants, il pouvait avoir dévié le sujet sur son boulot justement pour se laisser le temps de penser à la situation plus calmement. Elle s'était faite avoir par son manque d'expérience et sur le coup son esprit s'enflamma de colère contre elle, non contre Blake mais contre son manque d'expérience en la matière. Mais il était trop tard à présent pour reprendre tout ça en main, et lorsqu'elle entra dans la pièce son interlocuteur était déjà assit, elle s'empressa donc de reprendre sa place avant de saisir son bloc-note et son stylo pour prendre la parole à son tour, toujours aussi posément bien qu'elle pestait intérieurement contre son incompétence, sans rien laisser filtrer dans son expression et son ton toutefois.

Bien, maintenant que vous avez très largement développé ce sujet, j'aimerais donc qu'on s'intéresse à votre coté 'public' si je puis dire, bien que tout ce dont nous avons discuté l'est je vous l'accorde. Elle fit une légère pause avant de reprendre. Comme je vous l'ai demandé, j'aimerais connaître votre avis sur les mutants, ma question est un peu évasive donc je me permets de la développer. Vous connaissez l'opposition des autorités vis-à-vis des mutants, ils n'ont pas le droit à certains droits légaux comme les humains, que pensez-vous de cela ? Elle le regardait droit dans les yeux tout en parlant. Vous-même, comment vous considérez-vous à l'égard de ces associations telles que l'Afflictis Lentae qui combat pour les mutants ? Y prenez-vous par, ou est-ce que tout ça vous est égal ? La jeune femme n'hésitait pas à développer tout le sujet. Et enfin bien entendu, j'imagine que comme nous tous vous connaissez des gens possédant ce gène, est-ce que vous avez pour habitude de porter une quelconque importance à leur code génétique lorsque vous rencontrez les gens, où vous contentez-vous de ce qu'ils sont..... Sans leurs gènes si je puis dire ? »

La blonde connaissait bien son travail sur ce point, ne jamais donner son avis dans les questions qu'elle posait, en l'occurrence elle ne disait pas sa position, employant des mots neutres et un visage impassible pour ne rien laisser filtrer de ses pensées. D'ailleurs même ces dernières étaient totalement neutre, rien en elle n'indiquait sa position quand à son avis sur les mutants. Après une courte pause pendant laquelle les deux partis restaient silencieux, elle reprit rapidement la parole.

Après quoi, je pense que nous aurons en effet fait le tour de toutes les questions que je voulais pour mon article. Si votre proposition est toujours d'actualité, je ne serais pas contre le fait de rencontrer votre fille et vos amis si vous le voulez toujours. »

Ton neutre et professionnel, elle était redevenue la journaliste sérieuse qui ne cherchait pas à s'énerver contre elle-même pour son incompétence, elle entrait dans une phase importante de la discussion et ne voulait donc pas perdre une miette de ce qui se dirait parce qu'elle serait troublée par quelque chose dans son esprit, qui n'avait rien à voir, directement, avec l'entretien. Elle attendit donc une réponse de son interlocuteur, son stylo en main, dans le silence de la pièce.

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MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyDim 14 Nov - 2:34

Une femme de caractère, cette Neve O’Connell. Effrontée, pas gênée pour deux sous, avec une bonne dose de connaissances et de vécu malgré son jeune âge. Elle semblait avoir connu des difficultés à ses débuts au journal, des rumeurs sur son compte ayant courues. Ça arrivait aux meilleurs ce genre de chose et je ne pouvais que compatir. Elle semblait s’en être bien sortie, même si sa vie sentimentale et sociale semblait en pâtir. J’appris qu’elle avait un enfant à charge, mais je ne croyais pas que c’était son fils – un enfant adopté, plus probablement – et que faire vivre deux personnes avec son salaire de journaliste était difficile. Je compatissais à ça aussi, et même si je pouvais l’aider, je ne voyais pas pourquoi je le ferais, d’autant plus qu’elle refuserait. Elle aimait son indépendance, ça crevait les yeux.

Par contre, mes explications sur mon parcours financier étaient obscures pour la jeune femme, qui ne comprenait pas grand-chose à la bourse et à ces domaines où je naviguais à mon aise. Son ex-petit ami revint à la surface de son esprit ; lui semblait mieux s’y connaître et cela avait été un sujet de dispute entre eux. Elle ne comprenait pas, par contre, pourquoi j’avais tenu à avoir autant d’argent, étant elle-même une fille simple. Je n’avais pas l’intention de perdre mon temps à lui expliquer : ça ne l’intéressait visiblement pas. Dommage, moi c’est un de mes sujets favoris. Heureusement qu’Howard et Amir aimaient ces sujets autant que moi, sans quoi je me serais ennuyé un peu, à me ressasser tout cela dans ma tête…

Lorsque j’abordai le sujet de ma chère Magdalena, je sentis sa déception due au fait que je ne me suis pas épanché sur notre histoire d’amour, mais je n’avais aucune intention de partager. Les moments, les années passées auprès de Magdalena étaient sacrées pour moi et je ne tenais nullement à les voir étalées dans un journal. Son visage devint plus doux lorsqu’elle apprit la mort de ma femme à cause d’un cancer des poumons et ma métaphore – réelle à mes yeux – sur ma fille la fit sourire.

Elle me remercia pour toutes les informations que je lui avais données et profita de la pause que je pris moi-même pour aller aux toilettes. Lorsqu’elle revint avec Ramon, je vis qu’elle se maudissait intérieurement de ne pas avoir posées ses questions une à une, croyant que j’avais profité du temps qui m’était imparti pour réfléchir à ce que je dirais sur les mutants. Inutile en fait, car avec Ramon et Jia, nous avions déjà fait le tour du sujet. C’était un sujet brûlant d’actualité et nous savions que la journaliste poserait ses questions sur ce sujet. J’en disais trop et je pouvais tous nous mettre en danger. Trop peu et ça paraîtrait louche de ma part, comme si je cachais quelque chose. Un juste milieu, voilà ce qu’il me fallait, et à nous trois, nous avions parfaitement planifiés cette partie de l’entrevue. Neve pensait que j’avais dévié le sujet sur ma réussite monétaire pour éviter le plus longtemps possible le sujet, mais ce n’était pas vrai. Elle reprit donc sa place en face de moi et prit la parole de son ton posé quelques secondes plus tard.

Plusieurs questions concernant les mutants furent posées et je m’attendais à la majorité d’entre elles. Les autres, je saurais me débrouiller. La journaliste était focalisée sur les questions et ses pensées ne m’apprirent pas grand-chose sur son avis personnel envers les mutants. Était-elle pour ? Contre ? Pour le moment, je n’en savais rien. Dommage… Après une courte pose où elle scruta mon visage à la recherche d’une quelconque réaction – peine perdue, ma chère ! – elle reprit la parole, disant qu’elle acceptait de rencontrer Ramon, Howard et Isobel si j’étais toujours d’accord. Ça me convenait, oui. Si ça n’avait pas été le cas, jamais je n’aurais proposé cela. Elle reprit sa pose de journaliste, prête à écrire, consciente comme moi que le sujet que j’allais aborder était important.

- Les réactions qu’ont les autorités envers ces gens dotés de pouvoirs surnaturels sont grandement exagérées, soyons francs. Oui, certains peuvent être dangereux pour autrui, mais n’est-ce pas également notre cas également, à nous autres humains ? N’existe-t-il pas déjà suffisamment de choses dangereuses – armes à feu, armes blanches, virus bactériologiques, armes nucléaires, pour n’en nommer que quelques unes – capables de nous détruire ? Il y a panoplie d’humains qui écument les rues de notre pays qui sont des criminels, des violeurs et des meurtriers bien pires que des mutants. Quoique tout cela n’est pas réellement différent du passé ; nous sommes doués pour nous autodétruire, l’Histoire l’a amplement prouvé. Génocides, guerres, massacres… Alors la guerre des humains contre les mutants n’est qu’une nouvelle étape dans notre évolution, aussi sombre cela soit-il… C’est ce que je pense. Mais priver des êtres vivants de leurs droits fondamentaux est une insulte à ce que nos ancêtres ont construits et une honte envers la démocratie que prône notre gouvernement. C’est une farce monumentale simplement motivée par la peur de ce que les gens ne comprennent pas, de ce qu’ils ne contrôlent pas. Il est arrivé la même chose aux habitants originaux de l’Amérique, les Indiens, et ce genre de chose s’est répété au cours des siècles. C’est triste à dire, mais ce n’est pas nouveau. Le fait qu’ils répliquent aux actions des autorités est un juste retour des choses. La causalité : cause et effet…

Je fis une pause pour lui permettre de prendre ses notes, puis j’ai continué :

- Personnellement, je n’ai rien contre les mutants et je trouve que les actions de cette organisation, Afflictis Lentae, sont une bonne chose, même si je n’irais pas jusqu’à dire que j’approuve tous leurs actes. Je ne prends pas part à leurs actions, Neve, mais j’aimerais réellement rencontrer un des membres d’Afflictis un jour. Peut-être pourrais-je les aider avec mes contacts, sinon avec mon argent ? Cela reste à voir, mais ça vaudrait peut-être la peine d’essayer. Vous pourrez mettre ça dans votre article, Neve, ne vous gênez pas. Les autorités ne peuvent rien contre moi, de toute façon, même s’ils n’aiment pas ce que je dis. Pour répondre à votre dernière question : oui, je connais des gens ayant le gène mutant dans leur organisme et non, ça ne change rien pour moi. Pourquoi devrais-je porter attention à une simple différence sanguine alors qu’ils sont si semblables à moi à l’extérieur ? Après tout, ce sont les autorités qui considèrent cela comme une anomalie et je n’ai jamais été du genre à me plier aux règles, ce n’est simplement pas mon genre. J’ai des amis mutants, Neve, notamment le jeune homme qui vous a dit où mettre votre voiture. Je ferais tout pour les protéger, au même titre que ma fille ou Ramon, par exemple. Ces gens sont juste un peu plus spéciaux que la moyenne. Moi-même, je suis doué pour faire de l’argent, mais cela n’a rien à voir avec un gène différent. D’autres pensent peut-être différemment. Je crois que j’aurais apprécié être mutant, mais je ne le suis pas : des tests passés dans divers hôpitaux le prouvent. Dommage, vraiment. Un don comme la télépathie ou la téléportation doit être terriblement utile, vous ne croyez pas ? Lire dans les esprits des gens, savoir ce qu’ils pensent, pouvoir se déplacer à travers le monde en claquant des doigts, ce genre de choses. Oui, je crois que j’aurais apprécié.

Une note de déception dans ma voix, totalement simulée, mais je suis passé maître pour contrôler mes sentiments et mes émotions et je suis un menteur né. Seul quelqu’un de mon niveau peut parvenir à me décrypter, ce qui n’est pas chose facile. Parmi mes lieutenants, seul Jaciento en est capable. Le sourire revint sur mon visage.

- Voulez-vous savoir autre chose, Neve ? Ou puis-je demander à Isobel, Ramon et Howard de nous rejoindre ?

(HRP : Désolé, un peu cours...)

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MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyDim 14 Nov - 17:27

Neve écouta avec attention les paroles de Blake, notant tout avec son écriture appliquée mais codée. Le Mexicain lui expliqua qu'il pensait que les réactions des autorités vis-à-vis de ces personnes, à savoir les mutants, étaient grandement exagérées et que même chez les humains il existait des personnes dangereuses. Le père de famille souligna que de nombreux tueurs en série, violeurs et voleurs qui vadrouillaient dans la ville possédaient des gènes tout ce qu'il y a de plus « normal » et qu'il y avait assez à faire de ce coté, mais que malheureusement, visiblement c'était une nouvelle étape de l'évolution humaine. Un sujet intéressant fut alors abordé, Blake souligna le fait que de tels traitements étaient une véritable honte pour un pays qui se disait démocratique comme les états-unis, et que c'était une farce monumentale simplement justifiée par la peur des humains. Il était bien connu que les habitants de cette planète avaient toujours eu peur de ce qu'ils ne connaissaient, après de voir si ça se limitait aux Humains, c'était une autre affaire, la journaliste n'était pas vraiment sûre que tous les mutants étaient aussi compréhensifs que certains semblaient le penser. Neve était déjà tombée sur des mutants et sur des humains, et très franchement aucun n'avait eu de meilleur impact sur elle, la blonde trouvait que ça ne justifiait strictement rien vis-à-vis de la capacité de compréhension des gens, et exécrait les gens qui excusaient tout aux porteurs du gène. Ces personnes faisaient aussi une très nette différence entre les mutants et les humains, mais dans l'autre sens, et l'Irlandaise détestait ça, de son coté elle était totalement neutre, une personne devait se juger d'après ses capacités et nullement son origine génétique. En somme, elle ne serait pas plus aimable avec un mutant qu'avec un humain à cause de code génétique. Heureusement Blake n'avait pas orienté la conversation dans ce sens, et la jeune femme se contenta donc d'écrire le passage sur les Indiens qui était tout à fait justifié, puis elle redressa la tête lorsqu'il fit une pause.

Neve était journaliste depuis un moment, elle était capable de prendre des notes en abrégé sans problèmes, son interlocuteur reprit donc la parole en abordant le sujet de l'Afflictis Lentae et en expliquant qu'il n'avait aucun grief contre les mutants ou les membres de cette association, sans pour autant dire qu'il approuvait tous leurs actes. Il ne prenait donc pas part à leurs protestations mais apprécierait d'en rencontre certains partisans pour autant en prétextant pouvoir peut-être les aider avec sa richesse et ses connaissances. L'entretien que la blonde avait eu avec un jeune homme membre de cette organisation lui revint à l'esprit et elle doutait qu'ils aient besoin d'argent, mais des contacts c'était toujours une aide supplémentaire. Blake l'autorisa à parler de cela dans son article, expliquant que les autorités ne pourraient rien contre lui pour ce qu'il disait, et Neve l'approuvait, elle savait bien que les responsables de la ville ne pouvaient pas brider les gens comme ça. Après tout dans son journal de nombreux collègues, dont Sean, écrivaient sur les mutants, et pas toujours des choses particulièrement flatteuses pour les autorités. Le Mexicain répondit ensuite au sujet de ses employés et amis, il connaissait des gens qui portaient ce gène comme le jeune homme qui l'avait accueillie à l'entrée lorsqu'elle était arrivée avec sa voiture, puis il expliqua qu'il ne portait pas d'importance aux gènes de gens mais à ce qu'ils étaient à l'extérieur. Un point de gagné dans l'estime de la blonde qui agissait de la même sorte sans pour autant être du genre à se montrer plus avenante avec eux comme Blake semblait l'être. Ce dernier avoua ensuite son envie de posséder un tel gène, expliquant que son don pour les affaires n'y était pas lié, mais qu'un don comme la télépathie ou la téléportation devait être utile. Lorsqu'il lui demanda si elle ne le pensait pas, la journaliste resta muette, sachant que c'était une question pas direction posée, mais mentalement elle se répondit un « non » ferme et définitif.

Neve détestait la facilité, elle-même avait un don certain pour les études, une intelligence peut-être supérieure à la moyenne, et des facilités évidentes pour l'apprentissage. Pourtant cela ne l'avait jamais empêché de travailler dur pour atteindre ses objectifs, faisant le double de travail pour s'améliorer, alors que les mutants avaient généralement tendance à utiliser leur don pour se reposer dessus et améliorer ou faciliter leur quotidien. Des fois elle se surprenait à les détester pour ça, mais ça ne durait jamais longtemps, c'était comme lorsqu'elle rencontrait des surdoués qui se vantaient de leurs capacités, non pas de la jalousie, mais du mépris. Ainsi un mutant qui ne se servirait pas de son pouvoir pour se faciliter la vie, aurait toute son estime. Toutefois, la demoiselle trouva étrange que Blake souligne autant que les tests effectués sur sa personne étaient négatifs, elle le savait bien, le monde entier le savait, pourquoi avait-il besoin de rajouter une couche ? Son ton était toutefois convaincant et elle observa donc le silence de circonstance en terminant de rédiger le bref ajout qu'il venait de faire, soulignant malicieusement le fait qu'il n'était pas mutant, histoire de se rappeler qu'il avait bien insisté sur ça. La jeune femme était toujours aussi silencieuse, ses yeux gris clairs passant de son bloc-note dont les feuilles avaient été noircies d'une écriture appliquée mais totalement illisible pour qui que ce soit d'autre qu'elle-même, puis elle hocha légèrement la tête à la question posée par son interlocuteur tout en répondant brièvement histoire de rester polie.

Non, je vous remercie Blake, c'est on-ne-peut plus clair et ça répond parfaitement à toutes mes questions. Elle reboucha provisoirement son stylo avant de reprendre la parole toujours aussi posément, son regard clair dirigé sur le visage bronzé de son interlocuteur. Ce serait donc un réel plaisir de rencontrer ces trois personnes. »

Neve n'avait pas réellement prévu tout ce qu'elle pourrait demander à ces personnes, en fait elle n'avait pas imaginé que Blake accepterait, ou même mieux, proposerait de lui faire rencontrer trois des personnes qui tenaient le plus de place dans son cœur. La jeune femme n'avait jamais rencontré Isobel, et ne l'avait jamais vue en photo, elle ignorait donc totalement à quoi la fille d'un séducteur pouvait ressembler, mais sans vraiment savoir pourquoi, l'Irlandaise l'imaginait en parfaite fille de son père, à savoir avec un beau teint mat et des yeux sombres. C'était un peu cliché mais pour tout dire, la journaliste avait toujours envié ces séduisantes femmes originaires de divers pays chauds, en Irlande c'était peu commun de croiser de telles beautés, et ça ne faisait qu'augmenter l'admiration de Neve à leur sujet. Pour tout dire, la journaliste avait toujours adoré parler avec les jeunes filles, même si elle en était encore une elle-même, la blonde était du genre à se lier plus facilement avec les personnes de son sexe, peut-être des restes de ses souvenirs au niveau de ses relations amoureuses qui la bloquaient qui sait. Quoi qu'il en soit, Neve espérait juste une chose, que l'entrevue se passerait aussi bien avec Isobel qu'avec Svetlana, la demoiselle qu'elle avait rencontrée à la fête d'Halloween. Quant aux deux autres personnes, la journaliste était assez anxieuse, même si Ramon lui avait fait une excellente impression au premier abord, il restait très impressionnant et la blonde était plutôt méfiante avec les hommes de ce style. Étant elle-même assez grande, elle préférait pouvoir rivaliser en taille avec ses interlocuteur. Quant au dénommé Howard, elle n'avait qu'une hâte, le rencontrer, tout en espérant qu'il serait au meilleur de sa forme. Avec ce que Blake lui avait dit à son sujet, elle était un peu inquiète et ne tenait pas à être jugée comme une étrangère qui cherchait à faire un papier sur son ami proche.

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Liam Winchester

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MessageSujet: Re: Entrevue pour l'Achaea News [Neve] Entrevue pour l'Achaea News [Neve]  EmptyDim 20 Fév - 18:58

Pas de nouvelles depuis plus de 3 mois, pour libérer un RP avec Neve j'archive donc le sujet ♥

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