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Clichés et gratte-papier | With Prudence |

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۞ Chasseur de l'Opération Apocalypto ۞

Theo Paradise

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Clichés et gratte-papier   | With Prudence | Vide
MessageSujet: Clichés et gratte-papier | With Prudence | Clichés et gratte-papier   | With Prudence | EmptyJeu 13 Jan - 23:29

Theo avait revêtu pour l'occasion un costume de jolie coupe, une merveille dessinée par un créateur et récupérée dans les déchets sans valeur que son père avait déjà fait essayé à l'un de ses mannequins -et qu'il destinait sans doute aux bonnes oeuvres (keurf keurf). Le tissu noir épousait son corps mince et svelte en le regonflant quelque peu ; les épaules étaient plus marquées, le torse plus fort. Sous la veste légère, d'une matière douce au toucher, la chemise était grise anthracite, élégant mais discret rappel du reste du costume. Il ne portait pas de cravate, et encore moins de noeud papillon, bien sûr, il n'était pas du genre à s'encombrer de ce genre d'artifice démodé. Il avait du moins la prestance nécessaire pour participer à un évènement tel que ce vernissage important, exposition distinguée d'un artiste quelconque, en vogue en tout cas à Achaea et dont Theo ignorait jusqu'à l'existence la veille. Il n'était pas un fan inconditionnel de la peinture, même s'il aimait parfois se perdre dans une contemplation anodine d'un tableau sur lequel ses yeux morts tombaient. Il fallait noter toutefois qu'il était plus impressionnant en smoking que dans ses éternels jeans d'adolescents attardés.

Pourquoi sa présence à ce vernissage, alors ? La question se posait en effet. Habillé comme cela, Theo se fondait avec une facilité déconcertante dans la masse, sa tête de jeune premier, bien coiffé, bien apprêté, ressemblant aux centaines d'autres présentes dans la somptueuse galerie d'art. Le seul accessoire qui différait des différentes tenues de gala - il exagérait à peine - et autres chevelures compliquées, c'était le lourd appareil photo qu'il portait autour du cou, attaché à son éternelle lanière noire. Ce n'était effectivement pas en tant que simple amateur que Theo s'était rendu à ce vernissage - et puis quoi encore ?! -, mais en tant que photographe. Il poussa un soupir exaspéré à cette pensée.

Il n'avait pas choisi de venir, loin de là. Il était un peu agacé d'avoir dû se déplacer jusqu'à cette galerie, lui qui ne prenait en photo, d'habitude, que de superbes et éblouissants mannequins à peine vêtues d'un bout de satin. Il était photographe de mode, bon sang... pas photographe d'art, ou qu'importe comment on appelait ce genre de gentils travailleurs. Mais voila, on ne choisit pas forcément les tâches à accomplir au boulot, n'est-ce pas ? Et lorsque son patron, par le biais d'un sous-fifre attaché à son très cher paternel, lui avait ordonné de remplacer au pied levé l'habituel reporter dépêché à ce genre de prestation, il n'avait pas pu dire non.

Pimpant pingouin en tenue officielle, Theo attendait à l'extérieur de la galerie d'art. De ses yeux sibyllins, il embrassait les fringants invités qui entraient, sortaient, se pâmaient d'admiration pour les différents tableaux exposés dans les longs couloirs, d'une voix perçante et gonflée d'émotion qu'il entendait sans peine à travers les grandes fenêtres, la porte à double-battant largement ouverte au monde, flanquée d'une sorte de videur à l'aspect peu commode. Ce dernier le fixait, sourcils froncés, d'un air un peu trop soupçonneux, et Theo avait en un rictus décidé de l'ignorer. Purement et simplement. Non mais.

C'est vrai qu'il pouvait attirer le regard. Cela faisait de nombreuses minutes qu'il attendait devant la galerie de gribouillage, qu'il suivait avec attention le chemin des hommes et des femmes qui s'engouffraient en nombre vers le vernissage, sans jamais les suivre cependant. Les mains dans les poches, froissant les bords de sa veste de costume, il avait l'air de patienter, d'attendre la venue de quelqu'un. Il eut un petit sourire en songeant que la présence d'un "quelqu'un", en effet, risquait de rendre la soirée moins ennuyeuse.

Il n'était pas le seul sur cette "affaire." Le grand vernissage de la Black&White Gallery avait attiré beaucoup de journaux en manque d'évènements à sensations. Le jeune Paradise se demandait avec une froide arrogance ce qui pouvait captiver l'opinion publique dans l'étalage inexpressif de centaines de tableaux positionnés stupidement les uns à côté des autres, qui ne représentaient à ses yeux pas grand chose. Ou peut-être le délire psychotrope d'un aquarelliste fou, qui avait secoué son pinceau plein de peinture au-dessus d'une toile blanche... Ah, l'art moderne ! Peinture complexe, aux voies impénétrables à celui qui ne sait pas rêver... Theo n'aimait pas cette branche nébuleuse de la peinture ; s'il devait vraiment pointer sa préférence dans ce domaine (à contre-coeur), il aurait plutôt désigné les incroyables tableaux anciens, représentants des scènes de l'Histoire, celle avec un grand H, aux couleurs passées, tristes, pleines d'une émotion que le peintre d'un doigt habile avait ressenti en même temps que les protagonistes dessinés avec brio. Il secoua la tête. Là n'était pas la question... Il était en train de songer aux mots de son "patron" - cette appellation avait de quoi lui donner de l'urticaire - qui l'avait associé, ce soir, à une femme dont le nom lui échappait, une sorte de journaliste... Quelque chose comme ça. Il savait néanmoins qu'il devrait faire équipe avec elle, en quelque sorte, pour que ses photos à lui soient parfaitement en accord avec son article à elle. Chouette programme, ce serait sûrement très facile.

Theo détourna son regard de la galerie pour se tourner vers la rue commerçante. Plus animée qu'un soir normal, elle dégorgeait des Achaens à flots continus. Comment savoir si son interlocutrice se trouvait parmi ceux-là ? Il n'avait pas de quoi la reconnaître après tout, il avait complètement oublié les détails glissés par son commanditaire. Uhmm. Une brune, sans doute. Elle aurait peut-être un petit calepin dans la main, avec un stylo ? Theo se gratta le cuir chevelu, une moue enfantine aux lèvres, les yeux un peu plissés. Il imaginait une journaliste des années passées, en tailleur serré et sévère, un chignon brillant sur sa nuque. Une critique, à la plume acérée. La remarquerait-il ?

De toute façon, de son côté, il ne pouvait pas être plus visible, aberrant, décalé. Tout était question de relativisme, bien sûr, et il était conscient d'exagérer un peu sur les adjectifs épithètes, mais il se sentait vraiment con, comme ça, de côté. Adossé contre son mur. Solitaire. Son appareil photo inutile qui battait son torse au rythme de ses souples respirations, et le regard des gens - douceâtre torture - qu'il sentait glisser sur sa peau, sa coiffure, son visage juvénile. Son costume aussi ; il eut un petit rire à cette pensée.

Bien ! Elle allait bientôt arriver. Si ce n'était pas le cas, il irait prendre quelques fades clichés avant de rentrer chez lui, la conscience tranquille. Après tout, il pourrait très bien les lui envoyer par mail le soir-même, et elle ne viendrait pas l'embêter si ses photos ne cadraient pas avec sa vision de l'art exposé... Après tout, l'artiste, c'était LUI. Point. Et même s'il avait plus l'habitude d'exercer son talent sur des sujets humains, animés, plein d'une émotion mouvante et continue sur laquelle il pouvait jouer, cela ne ferait pas de différence aujourd'hui. Il aimait son métier, reste nostalgique de sa vie New-Yorkaise - ahh, le passé... - et se sentait comme pour tout ce qu'il entreprenait, assez confiant à l'idée de prendre des photos. Comme s'il avait trouvé sa voie - c'était vraiment étrange à dire, de la bouche d'un Apocalypto en puissance ! - celle qu'il aurait suivi si cette guerre inter-raciale n'était jamais arrivée. Il serait peut-être mondialement connu, qui sait... C'est sur ces douces rêveries qu'il entendit des pas se diriger vers lui, des talons - clac, clac ! - divinement féminins.

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MessageSujet: Re: Clichés et gratte-papier | With Prudence | Clichés et gratte-papier   | With Prudence | EmptyVen 14 Jan - 9:54

    07:55. Prudence laissa tomber sa main sur le réveil, et se hissa péniblement hors de son lit. Aujourd'hui était une grande journée pour la demoiselle. C'était le jour où commençait le grand article, celui qui allait la propulser dans les hauts rangs du journalisme, l'article que tous les amateurs d'art liraient, dans tout Achaea, et même probablement dans les états voisins. Elle était chargée d'écrire une chronique entière, en parfaite autonomie, sur la révélation artistique de l'année. Un jeune artiste écossais, au nom suave de « O'Downel ». Il avait eu les meilleures critiques en Europe et arrivait enfin aux Etats-Unis, dans la ville d'Achaea, après un premier passage à New York, pour la présentation de ses nouvelles créations originales. Bref, une excitation totale qui maintenait Prudence éveillée jusqu'à tard, accrochée à son travail, depuis deux semaines.
    Arts', le magazine pour lequel elle travaillait, n'avait évidemment pas pu obtenir l'exclusivité, et tous les journalistes de l'Etat devraient être là. Peut-être y verrait-on même la télé locale !

    Tout ceci méritait donc bien un lever matinal. Même si le vernissage n'était qu'à 18h... De plus, Prudence avait besoin de s'acheter une nouvelle robe pour l'occasion, et de passer à la rédaction pour y finaliser ses travaux. Elle avait fait des tonnes de recherche sur la biographie d'O'Downel, ses œuvres et ses buts, elle connaissait donc le personnage par cœur et avait préparé quelques questions qu'elle avait hâte de lui poser.
    Sur les coups de 9h, la demoiselle sortait de chez elle, un modeste appartement dans le centre d'Achaea, dans lequel elle vivait depuis maintenant quatre années. A proximité de tous les commerces, elle s'y plaisait, et se rendait assez régulièrement au cinéma au coin de la rue. Rehaussée par de hauts talons en cuir, Prudence portait un jeans slim bleu marine, une tunique blanc cassé, et une veste en daim marron. Petit accoutrement simple parfaitement adapté pour se rendre à la rédaction, et faire les magasins. Elle héla un taxi, et lui indiqua la rédaction du magazine Arts'. En 25 minutes, le taxi avait traversé la ville et elle sortit sur le parvis du bâtiment, targué de grandes lettres calligraphiées, aux couleurs du magazine. Elle remonta son sac à main sur son épaule, et arrivée devant les portes coulissantes, elle ôta les écouteurs de ses oreilles.

    - Bonjour, Lola, lança-t-elle à la stagiaire à l’accueil de la rédaction, avant de se diriger machinalement vers les ascenseurs.

    Elle fut bientôt au 10ème étage, où se trouvait son bureau, juste à côté des services de communication. Elle ne salua personne et se précipita sur son ordinateur, munie d’une clé USB qui contenait des documents importants, utiles à sa chronique, qu’elle avait bachotés sur son ordinateur portable la veille. Elle prit place sur son siège, et ne resta qu’une trentaine de minutes, le temps d’imprimer les feuillets, archives et autres informations sur l’enfance du peintre. Bref, un dossier complet qu’elle se devait de posséder lorsqu’elle arriverait au vernissage. Professionnalisme oblige ! Elle sortit alors comme elle était arrivée : en coup de vent. Le temps de prendre son calepin dans un tiroir de son bureau, et elle filait à l’ascenseur.


    - Au revoir Lola, lança-t-elle alors à la stagiaire, interloquée de la voir partir si tôt.

    Aussi vite que ses talons le lui permettaient, Prudence se retrouvait sur le trottoir. Ne trouvant pas de taxi, elle se dirigea vers un arrêt de bus, en direction des magasins. Bloomingdale’s serait parfait pour l’occasion. Jolies robes, un prix relativement abordable, classes sans paraître trop guindées. Une vingtaine de minutes plus tard, elle arrivait au centre commercial principal d’Archaea. Une foule d’étages, une foule de magasins, une foule de clients n’importe quel jour de la semaine, l’épicentre de la ville, l’endroit où il faut être au moins une fois par semaine, même si ce n’est que pour boire un café. L’enseigne Bloomingdale’s se dessina alors, face à la jeune femme. Elle pénétra dans le magasin, et se perdit dans les étoffes, avant de ressortir deux heures plus tard, un medium brown bag sous le bras (et une foule d'autres paquets), préservant une jolie robe de la folie citadine.
    De retour chez elle, le grand rush arriva. Il lui fallait environ 2h, pour prendre une douche, s’habiller, se maquiller, se coiffer. A 17h30, elle se précipita de nouveau dans la rue, et un taxi la prit pour l’amener au Black&White Gallery, une galerie d’art dont le propriétaire était un riche héritier qui avait décidé d’exprimer son amour pour l’art en se lançant dans le mécénat. La demoiselle s’appliqua à souffler profondément pour évacuer le stress qui montait en elle, sensation de trac qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps, la dernière fois remontant à l’interview d’un créateur de mode, lorsqu’elle débutait dans le journalisme. Elle relut une dernière fois ses notes, et une carte tomba de ses papiers.
    « Theo Paradise, photographe », avec un numéro de téléphone, au dos. Elle avait complètement oublié d’appeler cet homme, un photographe avec qui elle devait travailler pour nourrir son article. A vrai dire, elle était tellement concentrée qu’elle ne pensait pas à ce genre de choses. Ils n’avaient pas pu s’accorder sur la démarche à suivre, mais elle s’attendait à avoir un photographe très professionnel, vu l’enseigne imprimée sur la carte. Un centre photographique assez connu, avec lequel Arts’ avait déjà travaillé.
    Lorsqu’elle sortit du taxi, Prudence alluma une Vogue, et se dirigea d’un pas assuré vers l’entrée de la galerie, située au fond d’une rue interdite aux voitures, surplombant héroïquement les petits commerces. Une petite robe blanche, une ceinture noire qui lui affinait merveilleusement la taille, et gonflait ses hanches, accompagnée de talons noirs qui lui conféraient une grâce féminine hors du commun. Ses yeux assombris par un trait d’eye-liner et quelques touches de mascara, ses longs cils battaient au rythme de la petite brise qui lui frappait le visage, et faisait voler ses cheveux –à son grand désarroi.

    Se rapprochant de plus en plus de la galerie, elle aperçut un jeune homme, accoutré dans un costume qu’il avait dû louer quelque part pour l’occasion, et qu’il portait très maladroitement. Certainement un serveur. Mais pourquoi portait-il cet énorme appareil photo autour de son cou ? Peu importe, ce Theo Paradise l’attendait à l’intérieur, et il ne fallait pas qu’elle traîne, elle était déjà en retard. Le fameux O’Downel allait bientôt arriver et elle tenait à être présente à ce moment, afin d’écrire une chronique complète sur cet événement. Elle jeta sa cigarette au moment d’entrer, et croisa le regard de l’homme débraillé. Elle le regarda de haut en bas, posa sa main sur la poignée de la porte en verre, et s’arrêta au moment de l’ouvrir. Les sourcils froncés, elle se retourna vers l’homme, et espérant se tromper, elle lança :


    - Monsieur Paradise ?

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MessageSujet: Re: Clichés et gratte-papier | With Prudence | Clichés et gratte-papier   | With Prudence | EmptyLun 17 Jan - 0:07

Theo rouvrit des yeux rieurs. La belle apparition, tout en jambes et blancheur écarlate, venait de le dépasser. Il la suivit du regard, les sourcils pliés, s'attardant sur les détails noirs qui composaient sa tenue ; la ceinture accordée aux chaussures à talons ; ses cheveux aussi, peut-être, un peu plus clairs, qui battaient ses épaules au rythme de ses pas élancés. Elle avait l'apparence soignée et légèrement hautaine d'une amoureuse de l'art, d'une petite riche. Peut-être une mécène qui allait avec joie confier des milliers de Dollars à cette galerie et à cet artiste maudit - ou que Theo maudissait, en tout cas. Le regard scrutateur ne lui avait pas échappé, et élargit un peu son sourire goguenard alors qu'il notait son hésitation devant la porte. Il n'aimait pas vraiment qu'on le regarde ainsi, de bas en haut, avec dans les yeux l'éclat du jugement. Qu'il soit bon ou mauvais, d'ailleurs, ne changeait rien : Theo estimait à raison que lui-seul était en mesure de se juger, de se jauger. Pas les autres, et surtout pas une nouvelle riche.

Elle s'était à nouveau tournée vers lui, sans que le jeune Paradise ne daigne éloigner son regard d'elle. Il lui offrit un sourire encourageant, puant l'hypocrisie délicate, alors qu'elle fronçait les sourcils en le détaillant. Il s'écoula une seconde, peut-être deux, avant qu'elle le nomme, d'une voix doucement interrogatrice. Elle n'avait pas l'air convaincu qu'il était ce "Theo Paradise" ; devait-il se sentir flatté ou vexé ? Soit sa réputation de prodigieux photographe l'avait précédé, soit il n'avait tout simplement pas l'air d'un photographe prodigieux.

Ainsi, c'était elle la journaliste qu'il devait rencontrer pour cette drôle de collaboration. C'était la seule explication possible au fait qu'elle connaissait son nom et que la présence d'un appareil photo autour de son cou l'ait aiguillé. A vrai dire, Theo en suivant ses gestes, ses mouvements, avait commencé à se faire la même conclusion, puisqu'elle ressemblait en tout point au portrait que son commanditaire lui avait rapidement dressé. Son nom à elle, malheureusement, restait absolument inconnu, et il craignait que leurs présentations n'en soient légèrement entachées. Quelle impolitesse de sa part.


- " C'est bien moi !" finit-il par répondre en se détachant du mur sur lequel il s'était achoppé.

Il s'avança vers elle, de sa démarche de conquérant en parade, yeutant autour de lui armé de son sourire confiant, comme maître d'une somptueuse indifférence. Pourtant, à quelques pas d'elle, il lui adressa une attention particulière, pleine d'un respect qu'il ressentait peut-être. Ses yeux brillèrent légèrement en se fichant dans les siens, et il nota leur agréable couleur d'argent. Il lui tendit une main professionnelle.


- " Je suppose que vous êtes la journaliste d'Arts' ? - Question rhétorique, bien entendu, soufflée de sa belle voix sucrée ; il enchaîna : - "Nous faisons équipe ce soir, je suis le photographe censé vous aider à cerner votre approche... Voulez-vous qu'on en parle immédiatement ?"

Le chasseur utilisait un ton poli et intéressé, une voix de professionnel saupoudrée d'une petite nuance amusée, reflet de son arrogance éternelle. Il était conscient qu'il n'y avait pas grand intérêt à ce qu'il venait de dire, que la femme en face d'elle - merde, mais comment elle s'appelait ?? - savait déjà tout cela. Il jeta un coup d'oeil à la porte, puis à la main de Prudence qui s'était avancée vers la poignée comme si elle avait voulu l'ouvrir, juste avant de le reconnaître. Il la contourna, ouvrit galamment la porte avec un grand sourire, satisfait de lui avoir, en quelque sorte, coupé l'herbe sous le pied. Et comment lui en voudrait-elle ? Il était plutôt plaisant de disposer d'un portier attitré.

- " Permettez-moi..." s'amusa-t-il en la laissant rentrer en premier.

Il la suivit rapidement, le regard électrique, attentif. C'était bien évidemment la première fois qu'il mettait les pieds dans la Black&White Gallery, et il dut admettre à contre-coeur que l'intérieur était chichement décoré. De belles pièces d'architecture, un monstrueux double escalier à rotations, une arche à l'entrée, des murs brillants, un plafond haut. Ses yeux, amoureux de la beauté, firent le tour de tout ce qu'il estimait digne d'admiration, mais ne s'attardèrent jamais sur les toiles qu'il voyait déjà poindre de tous côtés. La galerie était bondée, étouffante de monde, mais cela ne gênait pas Theo bousculait volontiers les gens plutôt que de s'écarter devant eux. Heureusement, il n'eut pas l'occasion de le prouver devant Prudence, car les visiteurs, en le voyant en si bonne compagnie et la main caressante sur son appareil photo, l'évitèrent soigneusement. Son instinct de photographe le démangeait étrangement, sensation qu'il ne connaissait que rarement.

Il se tourna vers Prudence, tout sourire. Elle était jolie, vraiment ; des traits droits, de grands yeux, une mine un peu austère, mais enfin, une beauté sûre. Drôle d'idée d'être journaliste d'art avec un physique pareil, mais elle avait peut-être une résolution très appuyée ? Dommage que leurs relations ne se limitent - et ne se limiteraient, visiblement - qu'à ce sombre et ennuyeux vernissages, il aurait bien aimé avoir l'occasion de discuter entre civils parfaitement normaux, ailleurs. Pour lui poser toutes ces petites questions qui le titillaient, et lui demander son nom, pourquoi pas.


- " Alors, par quoi commençons-nous ? C'est déplaisant à dire, mais je suis un peu sous votre service ce soir. Je prendrais ce que vous me dites de prendre.

Sous-entendus : "Allez-y vite, ma belle, je me fais un peu chier ici car je déteste l'art moderne, pointez votre doigt dans une direction et j'appuierai sur le gros bouton." Le ton était toujours soutenu, les manières un peu ampoulées, mais on pouvait deviner dans son regard son ennui et son mépris de l'artiste ici exposé. Il prit l'appareil dans ses grandes mains de jeune homme, fermes et précises dans le toucher, puis le porta devant ses yeux. C'était un gros engin, quelque chose de moderne, d'imposant, de très professionnel, dont il était exceptionnellement fier. Il lui avait coûté un joli paquet de billets verts, et il espérait que tout le monde pouvait le remarquer.

Il visa une direction au hasard, s'arrêta lorsque la vue d'une troupe de gens bien habillés s'imprima dans l'objectif. Il se concentra quelques secondes, fit quelques réglages - zoom, netteté, hop hop, les longs doigts dansaient sur les différents boutons de l'appareil - et captura enfin l'image, très belle représentation de la clientèle de ce vernissage, du beau monde, quoi... Ce serait un petit souvenir personnel.

Il rouvrit l'oeil qu'il avait fermé pour mieux viser, fronçant légèrement les sourcils sous l'étonnement. Il venait de repérer une tête dans tout ce joli ramassis de richous amateurs d'art, et pointant un doigt peu discret sur l'homme au centre de toutes les attentions, il lança à Prudence :

- " Tiens, je crois que c'est O'Downell, là-bas... Ahaha, il porte une Rolex ! Quel ringard..."

Et il se mit à rire, insensible au fait qu'on pouvait le prendre pour un petit con prétentieux ; un peu insensible aussi à la pauvre Prudence, qu'il noyait de mots et de commentaires, tous un peu dédaigneux mais pas forcément dirigés contre elle, bien sûr. Il lui laissait le temps d'en placer une, il n'était pas un rustre fini, mais la question la plus importante portait surtout sur l'attention du jeune Paradise. L'écoutait-il vraiment, au moins ?

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MessageSujet: Re: Clichés et gratte-papier | With Prudence | Clichés et gratte-papier   | With Prudence | EmptyMar 18 Jan - 23:49

    Prudence passa quelques minutes à observer le jeune homme, sans prendre la peine de le cacher. A quoi bon ? Les relations sociales étaient une question de jugement, une question de respect ou non, en fonction de l'idée qu'on se fait de la personne qu'on a en face de nous. Visiblement, Theo était jeune. Un gamin. Tant physiquement que dans son attitude insolente et désinvolte. Son petit sourire horripilait déjà Prudence, qui voyait son partenaire comme un homme imbu de lui-même, au point de croire qu'il a le droit de ne pas bien faire le travail pour lequel il a été engagé. Prudence ne tenta pas de marquer sa déception, par un rictus de sa lèvre supérieur, marque de son dégoût et de son mépris. Elle se plaindrait à son rédacteur en chef dès ce soir. Elle qui imaginait déjà un photographe qualifié, au curriculum vitae des plus impressionnants, une petite barbe d'un gris discret, signe de ses années d'expérience. Et elle se retrouvait avec un bambin.

    - Mlle Greyback, lança-t-elle pourtant, revenant sur ses pas et tendant la main vers ce Theo. Son ton n'était pas froid, mais se voulait sec et distant. Elle tenait à marquer une certaine distance entre le garçon et elle. Cette distance professionnelle qui montrerait à Theo qu'aujourd'hui, c'était elle qui commandait. Aussitôt, le jeune homme enchaîna.

    - Oui, je suis la journaliste d'Arts'. Personne ne vous a renseigné sur la raison de votre venue, je suppose ? Peu importe. Je veux que vous sachiez que cet article est très important, qu'il sera lu par de très nombreuses personnes de la profession. Je tiens à ma réputation, et je veux que vous fassiez de belles photos que je joindrai à ma chronique. Votre nom sera inscrit à la fin de l'article, c'est donc une occasion en or de vous faire connaître.

    Une chemise pleine de documents dans les mains, Prudence se tenait droite, le regard plongé dans celui de Theo et lui disait tout cela d'une voix monocorde, qui se voulait sans aucune expression. Elle attendit quelques secondes, comme pour vérifier que le photographe avait bien assimilé ce qu'elle venait de lui dire, puis elle se retourna de nouveau vers la porte d'entrée, pour l'ouvrir. Mais Paradise se précipita sur la poignet, manquant de bousculer Prudence, et lui ouvrit la porte. Elle leva les sourcils discrètement, retenant un profond soupir et entra sans un mot, laissant le jeune homme derrière elle. La demoiselle fit quelques pas, et s'arrêta brusquement, émue par la beauté de cette galerie, et par le beau monde qui s'y trouvait. D'un geste circulaire de la tête, elle observa l'intégralité de la salle, Theo se tenant juste derrière elle, et esquissant un sourire elle se lança dans la foule, serrant quelques mains, bavardant quelques brèves secondes avec des collaborateurs. Elle était comme dans un rêve. Elle volait au dessus de cette foule, dans ce cadre magnifique, aux murs parsemés de tableaux que Prudence avait largement étudiés au cours des dernières semaines, et qui la fascinaient. Mais le photographe la ramena à la réalité, brutalement, douloureusement. Allait-il arrêter ses questions stupides ? Lui avait-on envoyé un stagiaire, ou le fils du patron peut-être ? Oui, elle penchait pour le fils du patron, un peu empoté dont on ne sait pas trop quoi faire, et qu'on essaie de refourguer un peu partout en faisant profiter des relations.

    - Non, vous ne prendrez pas ce que je vous dis de prendre. Mon travail est d'interviewer, de récolter des informations, de rendre compte de cet événement par l'écriture. Votre travail est d'illustrer cet article, de rendre compte du même événement par l'image. Je suis désolée, mais ça ne fonctionnera pas, si vous ne prenez pas un peu d'autonomie, et si vous n'agissez pas en professionnel.

    Prudence n'en dit pas plus, n'attendant aucune réaction de la part de Theo. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire, point. Elle continua alors son chemin, apercevant le peintre de ses rêves un peu plus loin. Theo, après avoir pris maladroitement une photo, lui en fit la remarque, avant de laisser échapper un rire qui grinça aux oreilles de Prudence. Elle se retourna immédiatement, laissant O'Downel s'infiltrer dans la foule grouillante, avec un certain pincement au coeur. Tant pis, elle l'interviewerait plus tard, et irait d'abord observer les peintures, pour mieux s'en imprégner. Il ne fallait pas paraître précipitée ou elle n'aurait aucune crédibilité face au peintre. Mais pour le moment, elle pensait surtout à Theo, qu'elle avait envie de faire souffrir. Elle prit garde à garder son câble, et lança avec incision:

    - Monsieur, avez-vous la moindre idée de qui est cet homme, de son travail ? Avez-vous ne serait-ce que la moindre notion de ce que peut être de l'art ? Vous êtes photographe, n'est-ce pas ?


    Comme précédemment, elle laissa ses questions rhétoriques plâner au dessus du jeune homme, et continua de saluer quelques personnes, avant de faire un signe à un serveur en costume noir, parfaite réplique de ce que portait Paradise, pensa Prudence. Celui-ci, sur un petit plateau d'argent, portait quatre coupes de champagne, et se débattait avec les gens présents, qui l'entouraient de toute part et l'empêchaient de faire son service. Il parvint cependant jusqu'à Prudence et lui tendit une coupe, et en proposa une à Theo. Elle lui fit signe de la suivre, et ils s'avancèrent jusqu'aux tableaux qu'elle observa avec attention, demandant à Theo de prendre des photos des oeuvres.

    - Votre attention, s'il-vous-plaît, tonna un homme à la voix grave que Prudence ne connaissait pas. Debout sur l'estrade, il observait l'assemblée et attendait le silence complet. Les murmures d'incompréhension se firent entendre: tout le monde se demandait qui était cet homme. Prudence le fixa froidement, et attendit son annonce.

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MessageSujet: Re: Clichés et gratte-papier | With Prudence | Clichés et gratte-papier   | With Prudence | EmptyMar 25 Jan - 9:37

Mademoiselle Greyback. Rien que ça. Les femmes qui se présentaient en utilisant simplement leur nom de famille, accompagné de leur civilité à la place de leur prénom, était souvent d'arrogantes héritières. Les personnes qui balançaient du Monsieur ou du Mademoiselle avaient parfois quelque chose à prouver. Theo avait souri d'entendre tout de même le nom de la jeune femme, qu'il avait vaguement enregistré dans un coin de son cerveau déjà fatigué. Lui venaient à l'esprit beaucoup d'autres petits noms que le comportement hautain de Prudence lui donnait envie d'utiliser...

Il ne pouvait pas nier être lui-même quelqu'un de très arrogant, et même très généralement méprisant. Mais dans le cas de Prudence, ce n'était pas fait avec l'amusement cynique que Theo ressentait quotidiennement, mais plutôt avec une froide, incisive certitude de sa supériorité. Le jeune homme vit son sourire se durcir cruellement alors qu'elle passait devant lui, ânonnant d'une voix implacable, monocorde, ses ordre pour la soirée. Oui, bien sûr, il pensait ordres car c'est bien cela qu'elle lui avait balancé en le regardant à peine, du bout des cils. Il garda classe et dignité, lissant d'un geste distrait et lointain un pli de sa chemise anthracite, attendant sagement que Mademoiselle Greyback ait terminé ses instructions. Ses mâchoires se crispèrent sensiblement quand elle lui annonça - comble de l'ironie - qu'il avait des chances d'être connu, puisque son nom serait généreusement apposé au bas de son stupide article. Youpi, joie suprême. Il allait être connu dans leur monde de gribouillages et de masturbation intellectuelle ? Formidable ! Il en avait toujours rêvé... Theo se retint de lui faire remarquer qu'il n'avait certainement pas besoin de ça, que de toutes façons, son but n'était pas d'être reconnu (Et puis quoi encore ? C'était déjà suffisant de tomber sur une photo de sa mère à poil dans un magazine de mode has-been...) et encore moins dans son torchon, mais... à quoi bon ? Il tenait vraiment à conserver une ambiance détendue et les diverses brouilles professionnelles qui menaçaient d'éclater entre eux ne l'atteignaient pas vraiment - pas encore. Ce fut donc après un soupir contrit que Theo se recomposa une mine avenante et somptueuse, un brin orgueilleuse encore, mais c'est quelque chose qu'il ne chasserait jamais véritablement de son visage juvénile.

Avec un amusement contenu, il nota l'ébahissement peu élégant de Prudence qui serrait des mains à tour de bras. Elle avait l'air d'une petite fille propulsée dans le château de Disneyland et il n'aurait été que peu étonné de la voir sautiller partout en s'esclaffant. C'était assez touchant, il devait le reconnaître, mais encore une fois, il s'interrogea sur l'intérêt que l'on pouvait porter à ces tableaux qui l'ennuyaient plus qu'autre chose... Lui, ne salua personne, évidemment. Il ne reconnaissait aucun visage, à part celui d'O'Downell, et à vrai dire, cela l'intéressait moyennement de faire ami-ami avec un éventuel mécène présent dans la foule. Pendant que Mademoiselle Greyback faisait son petit marché de connaissances, il attrapa au vol un petit four toasté de caviar - mhhh, yummy ! - et le grignota tranquillement, adossé à une colonne, attendant que la jeune femme daigne lui redonner son attention. Après tout, c'était elle qui allait lui donner ses directives, non ?

Avalant le toast goulûment dévoré, Theo vit soudain Prudence fondre sur lui. L'intensité du mépris luisant dans ses yeux le réjouit étrangement - il était toujours flatteur de comprendre qu'on déclenche une telle ire chez quelqu'un, en un temps si réduit ! - et il comprit qu'elle n'était pas tout à fait d'accord avec sa vision de leur collaboration. Il la laissa parler, les joues légèrement arrondies par la bouchée qu'il terminait de manger, les sourcils pliés, sincèrement étonné. Ahh, oui ? Elle le prenait comme ça. Bon, très bien, cela ne lui posait pas vraiment de problème. Elle tenait visiblement à mettre les points sur les "i" : leurs relations n'iraient pas plus loin que ça, il prendrait quelques photos, lui donnerait, elle dirait si elles lui plaisaient ou non et en sélectionnerait certaines pour sa foutue chronique. Fin de l'histoire. Theo était impressionné par la volonté évidente de la jeune femme de marquer la séparation entre eux, histoire d'appuyer encore un peu le fait qu'elle se sentait apparemment un niveau au-dessus de lui - probablement l'âge. Il n'appréciait pas réellement le petit ton perfide qu'elle utilisait avec lui, ni ce qu'elle sous-entendait en le conjurant d'agir un peu en tant que professionnel, mais... bahhh. Ca ne valait pas vraiment la peine de répondre. Et puis, il n'était pas certain que Prudence ne lui en laisse le temps.

Effectivement, la brune repartit comme une flèche à la conquête de son petit cercle d'artistes. Une moue indécise aux lèvres, étonné et diverti par ses réactions de grande dame, Theo la suivit docilement, son appareil à la main, un air de profond ennui sur le visage. Il aimait se confronter avec la masse d'érudits complètement fans qui se massaient autour d'eux, et imaginer la réaction que son visage las, dédaigneux pouvait provoquer en eux.

Il aurait du se douter que sa petite, misérable blague sur O'Downell serait un peu glissante. Greyback n'avait pas l'air amusé. Pas du tout. Au contraire, elle lui lança un regard d'une glaciale intensité en se tournant vers lui et il comprit à la seconde qu'il avait en face de lui une groupie invétérée de l'artiste qu'il avait osé railler. Et en effet, les reproches le piquèrent au quart de tour, martelés d'une voix calme mais tendue par la colère, qui ne le firent sourire qu'un peu plus. Blah-blah-blah.... Non, il ne connaissait foutrement rien de ce bonhomme et de ses peintures à deux balles, il n'en avait même jamais entendu parler... Un rictus sardonique affermit ses lèvres lorsqu'il pensa à cette dernière conclusion, qu'il aurait aimé lui gueuler très violemment, histoire que ça rentre dans sa jolie tête brune. Au lieu de quoi il se servit de sa voix la plus douce, la plus mélodieuse et aimable pour lui répondre simplement :

- " Je suis bien photographe, vous êtes très perspicace, Madame Greyback. Mais de mode, essentiellement. Je suis donc navré d'être moins calé que vous dans le domaine de la... uhm, peinture, faute d'un meilleur terme."

Il avait jeté un regard plein d'affliction sur les toiles exposées pour illustrer ses dires, peu convaincu que le terme soit approprié pour quelques barbouillage vitriolés. L'usage du mot "Madame" au lieu du "Mademoiselle" renseigné au début de leur conversation avait été un réflexe, une petite trille envoyée au dernier moment avec un grand ravissement. L'air de dire, d'appuyer fortement sur le fait, que oui, effectivement, Theo avait bien remarqué la différence d'âge entre eux et qu'il s'en sentait plutôt fier, le bougre, parce que le jeune, c'était lui. J'ai bien compris que t'étais frustrée, vieille peau... Un exquis sourire dévoila ses dents blanches. La mode, univers fermé et grandiloquent, était une manière de plus de montrer qu'il avait aussi certaines séparations à mettre au clair ; que pour son expérience à lui, sa vie à lui, et non pas celle de Prudence qui l'avait visiblement noyé dans l'art et la peinture, l'important était l'apparence physique, vestimentaire ; que l'élégance racée était quelque chose d'inné, qu'on a ou qu'on a pas, et qui vient sans aucun doute de l'éducation. Oui, Theo aimait démontrer de par ce petit air infernal de gamin pourri-gâté qu'il avait eu accès à cette éducation distinguée qu'on ne dessert que dans le monde d'en haut - les friqués, quoi. Chacun ses priorités après tout ; nous n'avons pas les mêmes valeurs...

Un plateau chargé de coupes de champagne les sépara un instant, alors que Theo s'amusait à fixer le visage sévère en face de lui, qu'il aurait aimé savoir charmer quelques minutes auparavant. Le temps d'une trêve visuelle que le jeune homme mit à profit pour attraper une coupe, hocher la tête sèchement en direction du serveur (en guise de merci, plutôt royal...) et d'en boire une ou deux gorgées. Il fallait bien fêter ça !

Prudence lui fit alors signe de la suivre et il s'exécuta, la démarche assurée et détendue - un peu trop, peut-être, dans cet océan de gens coincés - une main serrant sa coupe de champagne et l'autre tenant fermement son appareil photo à bout de bras. Elle lui indiqua alors quelques tableaux à prendre, et dans un soupir à fendre l'âme, Theo leva son appareil.

Il savait que la soirée ne serait plus qu'une suite de clichés sans aucune importance. Un travail ingrat, peu motivant, que chacun a déjà connu dans sa vie ; un travail vers lequel on va à reculons, mais après tout, il faut bien vivre, n'est-ce pas ? Theo ne pouvait pas se défiler, des gens hauts placés l'avaient rencardé sur ce vernissage à la place d'autres photographes peut-être plus qualifiés que lui, il fallait qu'il fasse la différence. Il s'imagina avec un petit sourire caché l'impression qu'il aurait à lire son nom à la fin de l'article de Greyback, dans une feuille de chou qui ne serait pas le magazine de son père ou tout autre partenaire commercial... Etrangement plaisant. Il mitrailla les tableaux, changeant d'angle comme d'approche, beaucoup moins inspiré que par un sublime top-model, mais tout à fait compétent tout de même.

Alors qu'ils zigzaguaient entre les gens, il laissa Prudence s'avancer un peu tandis qu'il terminait les photos d'un tableau particulièrement laid, sorte de monochrome marron qui lui inspirait les pires scènes de gastro-entérite de sa vie. Tourmenté par cette abominable pensée qu'il avait regretté automatiquement, Theo fit la photo sans vraiment regarder, avant de se tourner vers Prudence. Elle était à quelques pas devant lui, plongée dans la contemplation d'une toile aux dominantes bleues. Elle paraissait transportée, ivre de plaisir et d'un calme admiratif en regardant ce que son artiste chéri avait peint amoureusement. Theo trouva le concept joli et sympathique, et fit la mise au point pour capturer Prudence dans sa silencieuse fascination. L'angle était assez large pour saisir toute la poésie de l'image, il n'avait plus qu'à appuyer sur le bouton... Et puis il changea d'avis, baissa légèrement le viseur... Encore un peu, encore un peu... Là, parfait. Il tourna le zoom lentement, le visage grave et concentré, déplaça très légèrement l'appareil. Puis, quand le joli postérieur de Prudence fut en gros plan sur l'objectif, il prit enfin la photo, très satisfait de lui-même. La robe blanche laissait peu de place à l'imagination, prise sous une certaine lumière vive, et il était certain que ce cliché ferait une sacrée pièce de collection. Peut-être même qu'il pourrait la menacer de la publier à grande échelle et la faire chanter ? Hin hin hin.

Alors qu'il observait avec un sourire impétueux la photo qui s'affichait dans le menu de son appareil, une voix forte réclama leur attention. Theo se tourna paresseusement vers l'estrade et fut l'un des derniers à lever la tête vers l'énergumène perché dessus, le visage grave et inquiétant, la voix de stentor déchirant le silence. Quelques murmures interrogateurs parcoururent rapidement la salle, et le jeune Paradise nota distraitement les divers signes d'effarement sur les visages soignés. Tiens, tiens, ce n'était donc pas une petite animation prévue ? Lui qui avait commencé à croire que ce vernissage ne serait pas qu'une pure perte de temps sacrifié à l'ennui... Hélas, il ne devait s'agir que d'un type de la sécurité annonçant un quelconque assommant problème qui serait réglé dans la minute. Theo soupira longuement, indiscrètement, s'attirant lui aussi quelques regards. Il se tenait toujours prêt de Prudence et attendait la suite du petit discours de l'homme sur l'estrade.

- " Mes amis, j'ai ce soir un message de la plus haute importance à vous délivrer... Je requiers la pleine et totale attention des caméras..."

Des yeux se tournèrent précipitamment de tous côtés, cherchant ce qu'on était sûr d'avoir aperçu en début de soirée, les quelques caméras des chaînes locales qui tournaient un petit reportage sans prétention. Mais l'homme aurait pu tout aussi bien se taire, car dès son intervention, les regards télévisuels s'étaient braqués sur lui, leurs journalistes tendant avec force les micros dans sa direction. Theo fronça un sourcil, désarçonné. Etait-ce un illuminé ? Un fou porteur d'un message qui tenait à profiter de l'attention des médias pour distribuer ses propos ?

Il n'eut pas à s'interroger plus longtemps, car l'inconnu, ragaillardi et satisfait d'avoir à présent l'entière et totale attention de toute l'assemblée, continua son laïus :

- " Je viens dénoncer un mal qui ronge notre société ! Je viens mettre à mal leur petit complot terroriste qui vise à détruire notre pays ! Vous, mes braves gens, vous êtes condamnés à les côtoyer sans le savoir car ces misérables rats se cachent parmi nous, comme des parasites qui gangrènent notre beau système..."

Lentement, les pièces s'assemblaient. Theo, les yeux plissés, continuaient de suivre les réactions de l'assemblée, commençant à comprendre où cet illuminé voulait en venir. Evidemment... Ce n'était ni le lieu, ni l'heure de faire déballage d'un tel discours, mais il semblait bel et bien que l'homme debout sur l'estrade, qui s'était mis à vociférer d'un air transi, était en train de déployer un argument contre...

- " LES MUTANTS ! Oui, c'est de ces erreurs de la nature dont je parle !"

Un silence figé accueillit ces mots, puis un vrombissement sourd monta dans l'air. Les commentaires fusaient, les voix se mêlaient d'indignation, les amateurs d'art se plaignaient d'un débat qui n'avait pas sa place dans cette galerie. Theo chercha Prudence du regard, la découvrit à quelques pas de lui ; ils étaient séparés par quelques personnes. Très vite, il retourna son attention vers l'homme, comme tous les autres. Il remarqua que dans l'assistance, certains écoutaient attentivement les paroles proférées d'une voix haineuse, comme s'ils étaient tout à fait d'accord avec lui. Il réprima une grimace.

- " Et je tiens de source sûre que Mr O'Downell est l'un d'entre eux ! Abominable menteur qui se fond parmi nous ! Dégénérescence de la race humaine !"

La fond sonore était de plus en plus puissant. Certains avaient réagi véritablement bruyamment à cette dernière annonce, plusieurs "C'est un scandale !" fusèrent de partout. La foule s'agitait, on commençait à se bousculer, parfois. Du coin de l'oeil, Theo repéra des agents de la sécurité qui fondaient vers l'énergumène en haut de l'estrade et s'en sentit soulagé. Malheureusement, une autre voix s'éleva dans le tapage, répondant à l'illuminé du même ton venimeux et étouffant les voix criardes des journalistes qui tentaient d'interviewer à grands cris l'Anti-Mutant :

- " Espèce de fou ! Qu'avez-vous contre les Mutants, hein ? Savez-vous seulement qu'on pourrait vous faire taire d'un seul geste ?!"

Hé bien, il ne manquait plus que ça...

Les regards tournèrent, l'agitation s'amplifia. Ce qui n'était que l'apparition d'un fou plus ou moins ordinaire allait se transformer en pugilat, visiblement... Enervé, tendu et sentant la catastrophe approcher, Theo joua des coudes pour se rapprocher de Prudence. Il n'avait pas du tout envie d'entrer dans le débat et souhaitait s'éclipser rapidement. Le vernissage semblait foutu, de toute façon.

Et puis, soudain, les lumières vacillèrent. Quelques cris retentirent, au milieu de la joute verbale entre les deux hurleurs. Des grésillement se firent entendre, puis un bruit d'éclatement de verre brisé ; d'autres hurlements. Les caméras venaient d'exploser, certaines ampoules aussi, aussitôt comblées par quelques système d'éclairage d'urgence qui donnaient à la scène un côté sombre, effrayant. Theo tourna la tête en tout sens, ayant perdu de vue Prudence et se faisant bousculer de toutes parts. Il éloigna ceux qui le collaient de trop près en les repoussant copieusement, puis leva en vitesse son appareil. Puisque les caméras avaient sauté - sûrement l'oeuvre d'un de ces Mutants qui étaient rentrés dans la petite gueguerre qui régnait sur l'estrade - il était le dernier à avoir de quoi immortaliser cet évènement plongeant le vernissage adoré de Greyback dans un échec lamentable. Ce fut avec un véritable soulagement qu'il vérifia que son appareil était intact - après tout, ces monstres étaient sûrement capables de détruire tout un réseau "mécanique" ou électrique d'un claquement de doigts - et il le fut, probablement parce que les caméras et les lumières, par exemple, avaient été visé directement par le coupable.

Theo mitrailla la scène sous toutes les coutures : le fou anti-Mutant qui s'égosillait, se perdant dans des commentaires de plus en plus racistes ; les agents de la sécurité qui se faisaient piétiner en tentant de remette de l'ordre, de séparer celles et ceux qui en étaient venus aux cris, parfois aux mains pour se faire entendre dans la pagaille ; le brave O'Downell, le visage dévasté, qui essayait d'avancer vers la sortie en évitant un flot régulier de monde ; les gens qui fuyaient, qui se marchaient dessus ; les autres qui prenaient part au débat en élevant haut leurs voix ; le Pro-Mutant qui tendait une main dangereuse vers son adversaire perché. Finalement, il fut le seul à sourire - un vrai sourire, bien éclatant, bien satisfait - tant il était fier de son travail. Voila qui était bien plus gratifiant pour un photographe qu'un banal et ennuyeux vernissage, non ? Ah, vraiment, il était ravi, réjoui. A lui le Politzer...

Puis soudain, un cri plus poussé, plus proche. Theo tourna la tête suffisamment rapidement pour voir un homme fondre sur Prudence. Il avait le poing levé et semblait prêt à en faire usage sur elle. Le photographe fondit sur lui et le repoussa vertement, lui assénant lui-même un coup au visage. Sans prendre garde à ce qu'il était devenu et ignora la douleur dans ses jointures, il se plaça face à Prudence et lui attrapa l'avant-bras au niveau du poignet. Il la tira sur le côté :

- " Allez, venez, on se casse !" lança-t-il simplement.

Simple et concis, exactement ce qu'il leur fallait. La brave Mademoiselle Greyback n'allait pas lui compliquer la vie bien longtemps, elle-même devait comprendre qu'il n'y avait plus aucun avenir pour ce stupide vernissage. Il tenta de lui offrir un sourire réconfortant, la tirant toujours sans ménagement à travers la foule, cherchant à aller le plus vite possible en direction de la sortie. Evidemment, son seul but de macho au grand coeur (???) était de la protéger, de la mettre à l'abri, cette pauvre jeune femme sans défense. Il ne se doutait évidemment pas que la chère Prudence était à même de se défendre toute seule, au vu de certaines... facultés qu'elle possédait. Tout comme elle ne savait sûrement pas qu'il faisait partie de l'organisation chargée de traquer les bêtes comme elle pour les étudier dans une base bourrée de scientifiques sans vergogne.

Uhm, vous avez dit situation compliquée ... ?

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Clichés et gratte-papier   | With Prudence | Vide
MessageSujet: Re: Clichés et gratte-papier | With Prudence | Clichés et gratte-papier   | With Prudence | EmptyDim 30 Jan - 21:13

    Theo n'était qu'un enfant capricieux, qui refusait qu'on lui résiste, qu'on lui donne des ordres. Prudence le sentait bien, mais elle s'en fichait. Elle le laissait déblatérer ses petites remarques si lourdement incipides, lui offrant le doux plaisir de croire qu'il avait réussi à "la moucher". Etait-ce une forme de machisme ? Un homme, un de ces nombreux goujats qui n'accordent pas de crédit à la parole féminine et qui s'opposent à ces révolutions d'égalité des sexes, prônant les traditions aussi ancestrales que ridicules ? Non, Theo semblait être un homme moderne. Un peu mal léché, certes, mais suffisamment ouvert et perspicace. Ca n'en restait pas moins un petit merdeux qui la gênait. Si effectivement ce jeune homme était spécialisé dans la mode, pourquoi -diantre!- lui avait-on envoyée ? Elle avait travaillé en tant qu'assistante dans un magazine de mode, à ses débuts dans le journalisme, et avait été ravie de changer, malgré son amour pour les beaux vêtements. Mais le monde de la mode n'était pas que ça. C'était surtout un monde de gens qui naissent tous avec une cuillère en argent sertie d'élégants diamants, là où on pense, et qui, comme bénis de la main d'un Dieu inconnu du grand public, se sentaient comme les détenteurs d'une mission, qui justifiait leurs comportements particuliers. Selon Prudence, les stylistes étaient des artistes ratés, des personnes qui étaient nées avec ce don qu'est la notion de la beauté, mais qui l'avaient gâché par faute d'humilité. La petite réplique de Théo, aussi pompeuse qu'il la voulait, ne faisait aucun effet sur la demoiselle, qui le méprisait d'autant plus.
    Sa coupe de champagne dans les mains, elle s'avança d'un pas lent vers les oeuvres, les respectant, les aimant, les vivant. Devant elle s'étalait une palette de couleurs aux mille nuances. Des nuances que seuls les yeux qui savent voir peuvent apprécier, des émotions retranscrites dans leur aspect brut, simple, élémentaire. Un vrai travail réfléchi, et en aucun cas deux vulgaires coups de pinceaux au hasard d'une vieille toile. La demoiselle avait posé sa coupe de champagne sur une petite table basse, et prenait quelques notes sur son calepin, ne s'occupant pas réellement du travail de Théo, qui semblait absorbé dans un monde qu'elle ne voudrait pas connaître...
    Mais lorsque l'inconnu réclama l'attention de toute la salle, Prudence tourna la tête vers cet homme, la colère se lisant dans ses yeux. Il venait de l'extirper de ses pensées admiratives, avait perturbé le bon déroulement de l'événement et bientôt, plus personne n'accorda d'importance aux oeuvres du célèbre O'Downell. Même les caméras de télévision avaient détourné leurs objectifs des toiles et zoomaient maintenant sur le personnage. C'était un homme d'une cinquantaine d'années, ou peut-etre un peu moins, au ventre serré sous sa chemise bleu clair, la ceinture serrée au maximum de façon à maintenir le tout. Ses mains étaient imposantes, effrayantes même lorsqu'il les levait en l'air pour clamer son discours, et ses yeux restaient froncés en permanence, montrant une colère profonde qu'il retenait depuis visiblement très longtemps. Cette colère était une nouvelle fois portée contre les mutants. Au fur et à mesure que l'aliéné beuglait ses convictions, le coeur de Prudence s'accélérait, et sans même s'en rendre compte, elle s'avançait doucement vers lui, abandonnant Théo, et bousculant les gens sur son passage. Parfois, elle tournait machinalement la tête vers des convives qu'elle entendait susurrer :

    - Il a bien raison, ah oui oui, il faut en finir avec ces gens...

    Mais jamais Prudence ne relâchait son attention, prête à lui faire payer ses paroles dès qu'il irait trop loin. Il lui suffirait d'un regard bien appuyé, discrétion garantie, pour lui infliger une douleur qui le réduirait au silence, peut-être à jamais... Mais l'ultime annonce qu'il fit empêcha Prudence d'agir. O'Downell était un mutant ! La demoiselle abandonna son visage dur, et pleine de surprise, elle chercha le peintre, pour capter sa réaction. Disait-il vrai ? Si c'était le cas, cela ne changerait rien pour Prudence évidemment, mais ses admirateurs humains n'étaient pas de cet avis, au vu des réactions animées qui s'élevaient de la foule rassemblée autour de l'estrade. Les journalistes s'affolèrent, tenant un scoop, posèrent mille questions, n'attendant pas la réponse. Et pour cause, un mutant présent dans la salle venait de s'insurger contre les propos racistes du timbré. Les yeux se tournèrent vers lui, tous comme les caméras, ce qui ne plut pas au mutant. Les cris se perdaient dans le brouhaha, les gens se bousculaient, certains désireux de partir avant que ça ne dégénère, d'autres attroupés autour du mutant qui criait sur le timbré qui avait tout gâché. Prudence repéra le peintre de dos, mais elle le perdit de vue lorsque les lumières se mirent à vaciller, avant d'exploser en centaines de petits morceaux de verre. Les femmes crièrent, se mirent les avant-bras devant les yeux, et on fut bientôt plongé dans un noir quasi complet. Seules les petites lumières vertes au dessus des portes signalant la sortie étaient restées intactes, ainsi qu'un dispositif prévu en cas de panne, qui avait été approximativement installé, et qui permettait à peine de voir. Prudence voyait la scène grâce aux flashs d'un imbécile qui ne pensait qu'à prendre des photos, profitant du sujet mutant pour gonfler sa réputation. Si elle le retrouvait, elle se jura de détruire son appareil photo.
    Le vernissage était un massacre. Les gens couraient partout, les insultes fusaient au rythme des coups de poing, le buffet s'était écroulé et l'on glissait à présent sur la nourriture. Les cris de rage, de peur, ou de dégoût se mêlaient dans la galerie d'art. C'est alors que Prudence remarqua un homme qui se précipitait vers les toiles, un couteau tendu vers l'avant. Elle comprit qu'il avait pour projet de détruire les oeuvres d'O'Downell, et la demoiselle se précipita vers lui:

    - Je vous interdis de ...

    Mais l'homme tendit le couteau vers Prudence afin de l'empêcher d'avancer plus, s'apprêta à continuer ce qu'il avait prévu de faire, mais il laissa tomber son couteau, et se retourna vers Prudence, les poings levés.

    - Tu le défends, hein ? Toi aussi tu fais partie du clan ennemi ?

    Prudence bredouilla quelques mots, impressionnée par la carrure imposante de l'homme qui la menaçait, incapable de se concentrer suffisamment pour se défendre. Mais Théo sortit de nul part, et frappa avec violence l'homme qui tomba par terre, le nez ensanglanté. Après un bref sourire, il la saisit par le bras et la somma de le suivre. Mais Prudence ne l'entendait pas de cette façon. Prudence voulait retrouver le peintre, elle ne pouvait pas abandonner comme ça. Elle devait lui apporter son soutien, protéger ses oeuvres, se battre avec les quelques mutants ici, bref, plaider sa cause. Mais Théo la traînait toujours un peu plus vers la sortie, l'extirpait de la foule.

    - Lâchez-moi !!

    Mais Théo n'avait qu'une chose en tête: agir héroïquement et la sortir de là. Prudence avait beau se débattre, il ne se rendait pas compte de ses efforts pour rester ici. On entendit alors deux coups de feu, et le mutant qui avait élevé la voix quelques minutes auparavant tomba par terre, dans un cri de douleur, son sang se déversant sur le sol immaculé. Un silence solennel résonna pendant une demi seconde, et les cris reprirent de plus belle. Deux nouveaux mutants se manifestèrent: l'un des deux fit usage de son don de télékinésie et envoya voler une table sur une bande d'assaillants. L'autre pouvait se téléporter, et utilisait son pouvoir pour donner de puissants coups de poings aux anti mutants de plus en plus nombreux à prendre part au conflit.

    - Lâchez-moi, je vous dis !!!

    Prudence sentit la colère monter en elle, et en avait assez de se faire traîner par ce minot, qui n'avait aucune autorité sur elle après tout. S'en rendant plus ou moins compte, elle lui infligea une douleur d'intense brûlure au niveau de la paume qui serrait son avant-bras, et Théo fut contraint de lâcher prise.
    Sans s'occuper de lui, elle fit demi-tour en courant, cherchant de tous les côtés pour retrouver le peintre qui s'était certainement caché pour éviter d'avoir à faire aux anti-mutants. Elle manqua de trébucher sur une humaine paniquée, mais continua ses recherches. Elle repéra alors O'Downell tout au bout de la galerie, près d'une sortie de secours, entouré de deux gardes du corps qui protégeaient ses arrières et lui permettaient la fuite. Prudence se précipita vers la porte, en longeant les murs d'où pendaient les toiles déchirées. Avec une propre déchirure au coeur, elle les observa quelques secondes, avant de reprendre sa course vers le peintre qui s'était maintenant pleinement engagé dans le couloir de secours, suivi de ses gardes du corps qui avaient verrouillé la porte, coupant la route à une bande d'anti-mutants en colère. Le peintre était parti.

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Theo Paradise

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Clichés et gratte-papier   | With Prudence | Vide
MessageSujet: Re: Clichés et gratte-papier | With Prudence | Clichés et gratte-papier   | With Prudence | EmptyLun 31 Jan - 22:42

Theo se faisait une idée très claire de la suite des évènements. Il allait rapatrier la pauvre Prudence dehors, lui appellerait un taxi et la quitterait en recueillant de sympathiques remerciements pour son courage. Puis il passerait un petit coup de fil à quelques connaissances pour leur faire part de la présence d'autant de bébêtes Mutantes dans cette élégante galerie d'art. C'était un vrai capharnaüm, de plus en plus violent. Les coups pleuvaient, des meubles s'envolaient dans les airs sous des hurlements hystériques, de femmes comme d'hommes. Pourtant Theo souriait, certain qu'il ne lui arriverait rien - pas à lui, enfin ! - et qu'il quitterait cet endroit de fous sans la moindre égratignure.

C'est au moment même où il pensait à cela, ignorant très facilement les cris de Prudence qui ordonnait qu'il la lâche, qu'il ressentit une très vive brûlure à la main. Dans un réflexe, il lâcha la jeune femme qui en profita pour se noyer dans la foule sous un juron malpropre de Theo. Il porta la main devant ses yeux, surpris et atterré, sans comprendre ce qui avait bien pu le brûler ainsi. Une marque rouge cisaillait sa main de long en large, à l'endroit même où sa peau avait touché celle de Prudence. La chair légèrement boursouflée formait une sorte de cloque rougeâtre qui lui laisserait, à n'en pas douter, une belle cicatrice. C'était comme s'il avait serré à pleine main une braise incandescente. Complètement incompréhensible.

Sourcils froncés, il releva la tête dans les piaillements généraux. Le désordre était total et il était incapable de repérer Prudence, où qu'elle soit. Hé bien tant pis pour cette pécore, qu'elle se fasse piétiner par une meute de Mutants en colère, il s'en tamponnait l'oreille avec une babouche ! Elle ne viendrait pas se plaindre.

Légèrement penché en avant pour éviter d'éventuels jets de table, Theo courut se mettre à l'écart, vers un couloir qui donnait sur d'autres expositions de tableaux. En retrait, il était presque en sécurité - tout était relatif, n'est-ce pas - mais il s'assura d'être invisible pour la majorité de la foule avant de sortir son téléphone dernière génération. L'I-Phone 19, dernier du nom, bipa de reconnaissance lorsque ses doigts l'activèrent vivement. Il composa un numéro, se cala dans l'ombre d'un mur et attendit que son interlocuteur décroche.

- " Ici Theo Paradise..." finit-il par souffler en guettant tout signe de mouvement venant de la grande salle. "Je suis chasseur dans l'agence, oui... Mon matricule est..." - une suite de chiffres, de lettres collés les unes aux autres, rapidement lancée - "Je signale une forte présence de Mutants en action à la Black&White Galery... C'est dans le centre-ville d'Achae, oui... Au moins 20. Il y a une rixe, oui... Sans aucun doute dangeureux, uhm. Uhm. Aucun équipement. Je n'étais pas en service, merde ! Uhm. Oui. Très bien."

Theo raccrocha brutalement, un sourire torve étirant ses lèvres de jeune homme. Opération Apocalypto prévenue, héhéhé. C'était très jouissif de faire son travail, et il espérait vraiment que l'escouade de chasseurs qu'on enverrait se dépêcherait pour mettre le grappin sur toutes ces erreurs de la nature. La pêche allait être bonne... Tous les Mutants devaient encore être dans la salle, en proie au combat titanesque qui se déroulait où qu'on tourne la tête. Theo avait rarement vu un tel déferlement de violence. Une foule était une entité si malléable, si influençable ! Les débordements de brutalité n'avaient lieu que lors de rassemblements tel que ce pauvre vernissage. Il en avait la preuve sous ses yeux, en observant une femme se faire marcher dessus par un homme dix fois plus grand ; en regardant une petite fille chouiner, la morve au nez, appelant désespérément ses parents ; en contemplant sans sourire les tableaux déchirés, les lambeaux de couleur pendant misérablement ; en fixant avec une drôle de colère cet Anti-Mutant cause de cette débâcle, qui riait comme un fou sur son estrade. Ah, la misère des comportements humains... Ils étaient tous à mettre sur la même galère, normaux comme Mutants.

Secouant la tête, Theo remarqua une silhouette connue qui courait vers une sortie de secours. Il reconnut Prudence, en proie à cette même détresse, et il eut envie de la suivre. Il avait des comptes à lui demander, après tout... Serrant et desserrant son poing, entamant sa traque, il n'avait pas oublié l'infâme brûlure qui marquait sa main.

Il la rejoignit facilement, alors qu'elle s'était stoppée par la force des choses devant les deux gorilles, agents de sécurité. Theo ne savait pas ce qu'elle avait désespérément suivi en se dirigeant vers cette sortie, et après tout il s'en fichait. S'il avait espéré quitter cet endroit et s'enfuir, elle aurait du le laisser faire un peu plus tôt, cette greluche... N'avait-elle pas confiance en ce gamin qu'il était ?

Juste derrière elle, il l'attrapa une nouvelle fois par le coude, beaucoup plus violemment. Profitant de sa force physique supérieure, il la tira en arrière et la plaqua contre un mur de briques, juste à côté du couloir de la sortie de secours. Ils étaient plongés dans la pénombre, presque à couvert des regards et des attentions.

Le visage de Theo n'exprimait ni colère, ni satisfaction. Il fronçait les sourcils, la mine revêche, mais il avait l'air plutôt curieux. Il ne la lâcha pas une seule seconde lorsqu'il leva sa main blessée entre leurs deux visages. La plaie était toujours là, rougeoyante, et l'accusation vint rapidement habiter ses beaux yeux de jade.

- " Comment est-ce que vous avez fait ça... ? Ce n'est pas un hasard, et je le sais..."

Oui, il y avait une menace derrière le ton sucré de sa voix, nul n'aurait pu s'y tromper. Theo ne laissait personne le blesser sans réagir, en règle générale, et que ce soit une faible femme en face de lui n'attisait en rien sa compassion. Il désirait comprendre, et pourquoi pas ensuite, lui faire payer.

- " Qu'est-ce que vous cherchiez, hein ? Vous vouliez vous enfuir ? Vous êtes..."

Il s'interrompit, soudain. Quelques pièces de puzzle s'ajustèrent dans son esprit, alors que son regard se faisait légèrement lointain. Il repensait à l'amour de Prudence pour le peintre ce soir exposé ; à la façon qu'elle avait eu de réagir face à la crise causée par l'anti-Mutant. Il songea à la façon presque désespérée qu'elle avait eu de courir vers cette sortie de secours, gardée par les gardes du corps d'O'Downell.

Et enfin, il songea à la petite blessure de sa main, causée à l'instant même où Prudence avait hurlé pour qu'il le lâche. Une brûlure apparue comme par magie à l'endroit où il l'avait tenu. Ce n'était pas une coïncidence, il le savait, il en était persuadé, maintenant. Le hasard n'existait pas... La réponse était là, devant lui...

- " Vous êtes une Mutante..." souffla-t-il soudain, son propre visage n'exprimant rien d'autre qu'un léger amusement.

Quelle drôle de conclusion à ce vernissage bâclé... Il la contempla un instant, se demandant si cela se voyait sur son visage ou pas... Elle paraissait normale après tout, une humaine comme les autres... Keurf, non, balivernes. C'était un monstre, capable de faire mal, un monstre que l'Opération se ferait un plaisir de capturer avec les autres, ce soir. Il la lâcha, lui sourit.

Alors qu'il s'apprêtait à faire un autre commentaire, il fut bousculé par une énorme silhouette dans laquelle il reconnut sans mal le Mutant fou qui avait répondu si violemment à son adversaire. Le choc le fit glisser sur le côté et il trébucha contre un mur. A présent, il était à la gauche de Prudence, et le fou leur faisait face. Il tendit une main vers eux, et des petits éclairs d'électricité crépitèrent entre ses doigts. Theo déglutit, affichant un air bravache qu'il ne ressentait qu'à moitié. Si seulement les chasseurs pouvaient arriver dès maintenant...

- " Alors..." gronda le Mutant de sa voix surnaturelle. "Dans quel camp êtes-vous ?"

Theo garda le silence, son corps plaqué contre le mur. Son visage fermé exprimait une sincère hargne, un dédain féroce contre ce monstre électrique. Décidément, quelle mauvaise idée de se mettre dans ce coin sombre à l'abri des regards... Personne ne leur viendrait en aide. En vérité, personne ne LUI viendrait en aide... Visiblement, Prudence était capable de se débrouiller toute seule pour se sortir de là, mais lui...

Lui n'était qu'un humain, un faible et simple humain, sans pouvoir. Dans cette génération de X-Mens surpuissants, dans l'atmosphère explosive causée par les Mutants, il n'était qu'une petite poussière ballottée, après tout. Il savait se défendre contre un autre homme, il savait se battre. Mais ce soir, il n'avait pas son équipement de chasseur, il était démuni, désarmé. C'était comme faire combattre un loup et un agneau. Lui ne pouvait pas sortir des éclairs du bout de ses doigts... Un simple humain. Pfeuh.

Lentement, il tourna la tête vers Prudence et lui jeta un long regard froid. Peut-être qu'elle avait gagné, en vérité...

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