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Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared

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MessageSujet: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyMar 2 Nov - 15:03

Habituellement Marek n'éprouvait jamais le besoin de revoir quelqu'un qu'il avait rencontré il y a plusieurs années, ou même plusieurs jours, ce n'était pas vraiment le type d'homme qui s'accrochait au passé, au contraire. Il avait plutôt pour habitude d'oublier tout événement de moindre intérêt à peine celui-ci dépassé, par conséquent, le fou rencontrait perpétuellement de nouvelles personnes, mais peut-être était-ce aussi parce que les humains ou les mutants qui croisaient le balafré ne survivaient pas, ou se retrouvaient dans un état proche du légume ? Possible, quoi qu'il en soit, ça ne changeait strictement rien au fond des choses, et celles-ci étant qu'il ne se souciait de pas de retrouver la trace de personnes qu'il avait rencontrées. Mais cette fois-ci c'était différente. Marek avait gardé à l'esprit « l'intéressant », un homme dont il avait fait la connaissance il y a environ trois ans, trois ans et demi, il ne se souvenait absolument pas de son visage, ce que le fou retenait, c'était uniquement les pensées et les souvenirs des gens, il n'était pas du tout physionomiste, loin de là même. Mais l'hostile avait trouvé les quelques paroles, et l'échange d'apprentissage qu'ils avaient eu, des plus intéressant, surtout lorsque l'intéressant avait montré son don à l'œuvre. Car oui, cet homme était un.... Mutant, comme les humains appelaient les personnes dotées de dons comme Marek et l'intéressant, mais le fou ne se satisfaisait pas de ce terme, et pour tout dire il se fichait de savoir qui était mutant et qui ne l'était pas. Il n'aurait même pas retenu ce détail si l'autre n'avait pas utilisé son don pour apprendre la souffrance à un vaurien qui avait osé passer à coté d'eux dans la rue, sans même se douter qu'il risquait sa vie par la même occasion. Leur rencontre s'était soldée sur cet apprentissage, Marek et l'intéressant peut-être aussi, avait été lassé de cette discussion qui traînait en longueur, l'évadé n'était pas homme à bavarder longtemps avec la personne, habituellement il soliloquait plutôt pendant que l'autre était en attente de son apprentissage. C'était pourquoi ils s'étaient séparés après que l'élève de l'intéressant ait échoué, Marek n'avait nullement montré de quoi il était capable à l'autre, mais celui-ci avait eu un aperçu lorsqu'ils étaient dans le bar où ils avaient liés conversation, et c'était déjà suffisant, du moins du point de vue du fou, et à ses yeux c'était la seule chose qui comptait.

Le fou avait donc changé d'avis concernant l'intéressant, au début il s'était dit qu'ils pourraient toujours se rencontrer à nouveau par hasard, mais au final, après quatre longues années passées à apprendre l'art de la souffrance à de multiples élèves dans la ville, le balafré s'était demandé si ça ne serait pas plus intéressant de pouvoir remettre la main sur cet homme. Histoire de voir comment il avait avancé dans ses objectifs, leur rapide discussion au sujet des « mutants » et des humains avait laissé comprendre à l'hostile que l'intéressant était visiblement un partisan de la supériorité de leur « race ». Marek lui s'en fichait comme d'une guigne, tout ce qui l'intéressait c'était de pouvoir tranquillement propager l'ode à la souffrance qu'il avait composé avec son rasoir et le sang de ses victimes, personne ne pourrait le comprendre voilà pourquoi il faisait bande à part, avec son rasoir et son couteau. Si l'on exemptait ce point noir dans l'opinion du balafré vis-à-vis de l'intéressant, il avait marqué de nombreux bons points, après tout l'hostile trouvait le don que possédait l'autre tout à fait intéressant, bien qu'il n'était pas des plus commodes pour pénétrer dans l'esprit des autres, seule chose qui intéressait l'évadé, mais ce n'était pas si mal pour apprendre la souffrance aux autres. Marek se souvint encore de l'expression que l'autre avait affichée lorsque le fou avait « osé » tâter son esprit, se souvenir du visage d'une séduisante jeune femme que lui-même ne connaissait pas, mais qui se trouvait visiblement être la petite amie de l'intéressant. Ce dernier n'avait pas apprécié l'intrusion, mais l'évadé s'en fichait complètement, il avait arrêté par simple manque d'intérêt à ce moment, du moins l'intéressant offrait plus de possibilités avec ce qu'il avait à lui offrir qu'avec ce que le fou pourrait lire dans son esprit, il avait donc cessé sa fouille dans les souvenirs de l'homme. Bien qu'il avait été tenté à plusieurs reprises de rechercher quelque chose d'autre dans les souvenirs de l'homme, Marek avait tout de même tenu bon, et c'était déjà assez épuisant de lutter contre sa nature profonde, il avait donc préféré écourter leur rencontre avant d'en avoir trop marre.

Marek s'était donc servit de ses nombreuses victimes pour se faire petit à petit un chemin jusqu'à l'intéressant, certains se souvenaient d'avoir entendu parler d'une attaque en plein jour par deux hommes, dont l'un d'entre eux avait le même don que l'intéressant. Le fou avait suffisamment entendu parler les « professeurs » de l'hôpital psychiatrique ou il était pour savoir que les dons n'existaient pas pour plusieurs personnes, mais que chacun possédait un don différent, des fois semblable à d'autres, mais dont de nombreux points changeaient d'un sujet à l'autre. Par conséquent, l'intéressant était forcément responsable de l'attaque qui avait eu lieu contre une troupe d'agents de police, ou d'autres autorités approchant, le fou avait donc noté ce point quelque part dans son esprit pour le ressortir lorsqu'il en aurait besoin. Après de multiples et diverses interventions sur plusieurs sujets, dont un semblait particulièrement au courant des choses, le trentenaire avait donc reconstitué sans peine une sorte de trajet emprunté par l'intéressant, et qui allait lui servir à le localiser pour retrouver sa piste. Le dernier homme que Marek avait prit comme élève semblait être la personne idéale, son esprit était remplit de tout un tas d'informations qui auraient certainement grandement intéressées l'intéressant, plusieurs noms de mutants évadés visiblement, le numéro de quelques centres qui étaient directement liés à une opération nommée « Apocalypto », et une liste de personnes avec qui l'homme travaillait visiblement. Les souvenirs de cet homme étaient habités de papiers provenant du gouvernement, il y avait donc fort à parier qu'il devait avoir travaillé pour une opération importante, avait parce qu'il avait échoué au test imposé par le professeur de souffrance. Ce dernier avait donc rapidement bazardé les souvenirs volés à l'agent en costume de militaire sur lequel il était tombé, et quelques jours après, il avait apprit, par les informations en passant dans la rue devant un pub qui possédait la télévision, que cet homme était un membre du SWAT, une unité d'élite. Élite ? Marek avait sourit, il avait suffit de lui aspirer quelques souvenirs avant qu'il ne comprenne de quoi il était victime, et toute sa force s'était envolée, les membres de cette unité étaient très forts physiquement sans aucun doute, l'évadé n'aurait pas fait le poids dans ces conditions, mais mentalement c'était autre chose. Et mentalement, le trentenaire était sur son terrain.

Repérer l'intéressant avait donc été un jeu d'enfant pour quelqu'un comme lui, capable d'analyser la moindre information sous un angle très différent de celui qu'une personne « normale » prenait, c'était un peu comme si son esprit, que les docteur de l'hôpital avaient jugé comme fou, lui permettait de supprimer les informations inutiles pour ne garder que ce qui pouvait réellement l'aider dans sa recherche. Il savait donc exactement où se rendre pour le trouver, Marek avait caressé l'esprit d'une jeune femme dans la rue un jour, totalement par hasard, elle avait laissé apparaître un souvenir à propos d'un bar clandestin ou les « mutants » étaient les bienvenues, et le pouvoir de l'intéressant avait fait son apparition, accompagné d'un prénom auquel le balafré n'avait pas porté attention. Ainsi il avait des amis, les points faibles de l'être humain ou mutant, des proches qui pouvaient nous mettre en danger, c'était pour ça que le trentenaire avait coupé court à ses liens avec les géniteurs de al personne qu'il était avant. Ce bar se trouvait quelque part dans la forêt, mais Marek n'avait pas du tout l'intention de s'y rendre, ça serait déjà totalement stupide parce qu'il se trouverait en contact avec d'autres personnes, et ensuite parce qu'il voulait revoir l'intéressant en solitaire. Histoire de voir ce qu'il pensait avant de lui adresser la parole, dans le pire des cas il pourrait toujours s'en aller sans lui parler si jamais l'intéressant était devenu inintéressant. Peu de temps pour se rendre dans les rues qui liaient le lieu de leur première rencontre, un bar de la basse-ville, et le chemin conduisant à la forêt, Marek s'était déjà posté là une ou deux fois et avait sentit l'intéressant passer à proximité, mais sans jamais s'adresser à lui, restant dans l'ombre jusqu'au moment idéal. Et ce dernier était arrivé, du moins de l'avis du fou, il avait donc simplement emprunté le chemin jusqu'à l'endroit qu'il avait repéré depuis longtemps, et il avait patienté, dans l'ombre du soir qui se couchait, le don tendu comme à son habitude, mais masqué pour ne pas être détecté lorsqu'il toucherait l'esprit de l'intéressant de son don. Ça ne fut plus très long, ou peut-être que si, Marek n'avait pas vraiment le même point de vue que les personnes « normales » concernant le temps qui passait, quoi qu'il en soit, le fou sentit l'esprit de l'intéressant poindre à l'horizon alors que le soleil était couché depuis longtemps, remplacé par l'astre de la nuit qui était presque pleine. Le trentenaire ne s'insinua pas dans son esprit, il attendit que l'intéressant soit assez près, une quinzaine de mètres, pour caresser les souvenirs de l'homme qui devait certainement être perdu dans ses pensées par ce soir de pleine lune. Marek n'avait pas masqué sa présence, volontairement, pour que l'autre sente quelque chose d'étrange, il le voyait, lui dans l'ombre et l'autre sous la lueur blafarde de la lune, l'intéressant s'était arrêté à trois ou quatre mètres à peine de lui, sans le voir mais ressentant sans aucun doute sa présence.

« Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés. »

Une entrée en matière plutôt bizarre, difficile à comprendre, et sans aucun doute, complètement obscure pour un homme qui ne possédait pas l'esprit aussi « malade » que celui qui venait de parler. Pourtant c'était très simple, Marek expliquait là au mutant qu'il n'était pas ici pour faire la guerre, et qu'il n'avait aucune raison de se montrer hostile vis-à-vis de lui puisque son intérêt à son égard avait été abandonné pendant quelque temps. Pas très sûr que le concerné comprenne quelque chose à l'intervention aussi surprenante que folle du balafré. Ce dernier n'avait pas bougé de l'endroit où il se trouvait, sous un porche abandonné, dans l'ombre totale, caché de la lumière de la lune par un mur en bois. Rester à distance était généralement la chose la plus sage à faire lorsqu'on surprenait quelqu'un de réputé dangereux comme c'était le cas, mais Marek n'était pas quelqu'un de sage, du moins ça dépendait sur quel point, mais pas celui-ci en tous les cas. Il s'avança donc doucement, un pas qui le sortit du proche, éclairant seulement un coté de sa personne, vêtu du sweat à capuche qu'il affectionnait tout particulièrement, son visage restait dans l'obscurité pendant qu'il posait ses yeux de jais sur l'intéressant, en silence. Son don s'était éloigné de l'esprit de l'autre homme comme s'il attendait quelque chose, et un second pas réduisit la distance séparant les deux hostiles à deux mètres, ils étaient très proches, mais l'accoutrement du balafré cachait tellement bien son visage que l'autre ne devait pas pouvoir le reconnaître. Marek posa ses yeux sombres sur le visage de l'homme sans le « reconnaitre », son visage avait été oublié, et seul le souvenir de son esprit était resté ancré dans l'esprit du fou, il redécouvrait donc l'expression et les détails du visage de l'homme. Un peu comme une seconde rencontre, mais le trentenaire ne s'attarda pas sur ces détails, après tout après cette rencontre il passerait de nouveau le visage de l'intéressant à la trappe. Une pause, un silence qui durait, et que Marek rompit à nouveau d'une voix toujours aussi étrange.

« Il est dangereux de se promener dans les rues un soir de pleine lune, les sorcières et les lycanthropes aiment bien sortir de temps en temps. »

Il se fichait de lui ? Pas du tout, l'intéressant le devinerait tout seul logiquement, Marek était sérieux, même s'il ne pensait pas réellement que des loups-garous et des sorcières se baladaient dans la rue pour attaquer les pauvres hères qui se seraient perdus. De toute manière, il aurait été bien ironique de conseiller à l'intéressant de se protéger lorsqu'on savait que lui-même était responsable de la mort de nombreuses personnes. Marek resta silencieux, ne quittant les l'autre du regard, son don toujours en train de vadrouiller autour de lui.

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MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyMer 3 Nov - 22:54

[HRP : en espérant que ça ira.]

Je me trouvais dans un petit bar miteux où mes pas m’avaient portés ce soir. Adossé dans un coin d’où je pouvais voir toute la petite salle, un verre de rhum sur la table devant moi, ma canne également sur la table, je réfléchissais intensément. Peut-être trop. Le soleil s'était couché depuis déjà un bon moment lorsque j’étais entré ici et seuls de faibles petits scintillements, des étoiles lointaines, parsemaient le ciel d'un noir d'encre. Les lumières nocturnes de la ville haute à quelques kilomètres de là prônaient dans la marée sombre qu'était la nuit et ici, dans les bas quartiers d’Achaea, le décor des lieux et la luminescence contrastaient violemment. Quelques petits lampadaires parsemés aléatoirement, dont la moitié avait peine à fonctionner était tout l’éclairage dans ces lieux, donnant à ce quartier une lumière blafarde, malade. La ville basse n'a jamais été reconnue pour sa beauté et sa sécurité, tout le monde savait cela. La nuit était la reine de l'inquiétude et de la peur. Ici, seuls quelques rares téméraires osaient se balader dans ce chemin où l'ombre était omniprésente. Des téméraires ou des gens comme moi.

Dans une petite ruelle transversale encore plus mal éclairée que les rues, un homme sombrement vêtu m’avait accosté, prétendument pour me demander du feu. D'un pas plus que confiant, ma canne claquait sur le sol, je m’étais approché de lui, sourire aux lèvres, toujours entouré de mon armure souple. Les bas-fonds sont peuplés du même genre de faune abjecte peu importe la ville où on va. Je n’éprouve qu’un profond mépris pour la plupart des déchets qui vivent ici et je peux les reconnaître à vingt mètres. Celui-là ne venait absolument pas d’ici et malgré tous ses efforts, sa démarche militaire transparaissait néanmoins. Il aurait probablement pu leurrer des gens dits ‘‘normaux’’, mais je suis tout sauf normal, sans me vanter, et il n’était pas assez bon. Étant en plus un maître en déguisement, il n’avait juste pas eu de chance de tomber face à moi cette nuit. Je n’étais pas déguisé le moins du monde cette nuit, non, mais je portais un vieux manteau long qui cachait ma silhouette et une vieille tuque sur la tête, ce qui me faisait ressembler à n’importe quel habitant des lieux. Et avec la lumière ambiante, personne n’aurait pu dire qui j’étais, malgré ma… réputation.

Donc le type qui me faisait face dans cette ruelle sombre était un militaire, assurément, et je n’avais pas échappé à toute capture depuis des décennies pour me faire bêtement serrer ici. Alors quand cet idiot avait commencé son mouvement reconnaissable entre mille, soit celui de tendre la main vers son aisselle, pour prendre son arme de service, j’étais déjà sur lui. Mes mains attrapèrent sa main en mouvement, agrippèrent ses doigts. Une torsion du poignet et on entendit clairement le bruit sec des os qui se brisent avant que le type ne se mette à hurler. Mais ici, la nuit du moins, les hurlements ne sont jamais entendus, si vous voyez ce que je veux dire. Les gens ont la tendance à ne voir et entendre que ce qu’ils veulent. Ça évite les ennuis. Donc mon nouveau copain hurla et moi j’ai exercé une pression sur les fractures, ce qui amena le type à plier les genoux jusqu’à terre. Ses deux doigts sont en miettes quand je les relâche et il les serre aussitôt contre sa poitrine. Je me tenais bien droit devant lui, un sourire amusé aux lèvres, et j’ai dit :

" Tu aurais dû rester chez toi, pauvre fou... "

Et je l’ai tué avec son propre revolver. Simple et efficace. Son arme est restée près de lui. Ils croiront qu’il a été tué par un quelconque voleur qui en voulait à son argent. Savez-vous le plus drôle ? Aucune empreinte sur l’arme, grâce à mon armure souple. Rien qui le relit à moi, et vice-versa. Car assurément, mes empreintes sont dans leurs données. Ou pas, je n’en sais rien. Ça ne change ou rien, dans un cas ou dans l’autre. Je l’ai donc fouillé et suis parti sans un regard en arrière, son portefeuille et un cellulaire de plus dans mes poches. Il n’avait rien d’autre d’intéressant sur lui, de toute façon.

Je suis sorti de la ruelle pour rejoindre une rue plus large, mais tout aussi déserte, ou presque. J’étais là, non ? À l'exception du bruit de mes pas et de ma canne qui me revenaient en résonance, le silence était écrasant. Un silence sépulcral, diraient certains. Quelques centaines de mètres plus loin, un petit bourdonnement étouffé fit son apparition, signe que le club où je me rendais n'était plus très loin. Un peu plus loin, j’ai bifurqué rapidement dans une autre ruelle transversale qui était, contrairement aux dizaines d'autres que j’avais croisées, balayée par de riches couleurs tamisées. Un bon avantage pour ceux qui se perdent aisément. Et au dernière étage d'un immeuble de quatre étages, sous une immense enseigne rose bonbon annonçait le bar, le FURAL. Au rez-de-chaussée, une grande porte ouverte laissait deviner l'ambiance de la boite. Je suis entré.

L'intérieur était assez moche et sale. Sans même chercher du regard, je me suis installé dans un coin et j’ai commandé mon rhum. Une faible musique venait de quelque part au fond du part, mais en dehors de ça, seul le tintement des verres et des choppes, ainsi que le frottement des chiffons sur le bois des tables, aucun autre son n’était audible. Les clients étaient silencieux et calmes, contrairement à ceux des nombreux autres bars des bas quartiers.

La raison ? Rolf. Du style crâne rasé, montagne de muscles, le tout évoquant irrésistiblement une version mutante de Monsieur Propre – le cerveau en option. Serveur n’est pour lui qu’un emploi provisoire, m’a-t-il dit un jour confié, l’œil humide. Il compte s’engager dans les Forces Spéciales pour bousiller tous ces enfoirés d’Irakiens, d’Afghans, de Nord-Coréens, de Russes, de Chinois, de Mutants et d’étrangers en général qui veulent nuire à notre beau pays. Inutile de vous dire, bien sûr, qu’il a la gachette facile et le poing lourd. Les – rares – clients sont fidèles pour la paix qu’ils trouvent ici, la discrétion qui y règne et l’alcool qui est de bonne qualité et peu cher, venant du Marché Noir. Je suis un des réguliers ici.

Mes réflexions venaient du cellulaire du type que j’avais tué en venant ici. Une fois bien installé, j’avais vérifié son portefeuille et comme je m’y attendais, il ne contenait aucune carte d’identité d’aucune sorte capable d’identifier le type, mais environ deux cents dollars s’y trouvaient. Typique des types d’Apocalypto. Le cellulaire, je l’ai examiné sans rien trouver d’important – ni adresses, ni numéros – mais j’ai remarqué le logo en bas à droite de l’écran. Ça ressemble à un appareil photo. Un clic, on y est : il y a effectivement trois photos en mémoire. Je marque une légère pause, puis je clique sur la première. La photo s’affiche. C’est un gamin vu de face, un jeune blondinet d’une vingtaine d’années. Sa tête m’est familière, c’est certain, mais j’ai vu tellement de gens au cours des dernières années que je n’arrive pas à mettre un nom dessus immédiatement. L’image possède quelque chose de sinistre et de glacé, comme ces avis de recherche pour personnes disparues ou dont la tête est mise à prix. Je laisse tomber et passe à la photo suivante. Celle-ci est nettement plus bizarre. L’intérieur d’une pièce, avec plusieurs personnes. La définition est mauvaise, mais on devine les cadavres au sol et ceux debout en arrière-plan, ou plutôt leurs habits, je les reconnaîtrais n’importe où. Apocalypto !

Mouais, ça ne m’étonnait vraiment pas, mais le fait qu’une telle photo existe sur le cellulaire d’un membre de l’organisation était étrange. Mais je pouvais comprendre. Certains, même parmi l’Apocalypto, doivent commencer à comprendre – à voir ou à entendre, peut-être – que ce que leurs supérieurs leur disent n’est pas l’entière vérité, loin s’en faut. Ils ont avec certitude vu des horreurs, des massacres, des meurtres et j’en passe. Contrôle, désinformation, mensonges… Les gens commencent à se rappeler une époque pas si lointaine, enfin. Cela commence à en effrayer certains, et cela est dans notre intérêt. Dans mon intérêt. Je ne suis peut-être qu’un pion sur l’échelle du monde, mais un pion qui compte bien faire la différence. Présomptueux ? Qui vivra verra, comme on dit.

La troisième photo semble prise de loin mais avec le zoom cheap du cellulaire. On y voit un homme portant un chandail à capuche dont on aperçoit seulement une partie de son visage. Un visage qui, lui aussi, me disait quelque chose. Une balafre était visible, une balafre qui partait de la bouche et montait sur la joue, qui faisait comme un sourire. Le Sourire de l’Ange, disent certains. Où diable ai-je déjà vu un type comme ça ? Un type avec la folie dans le regard ? Aucune idée.

Je clique machinalement sur la dernière photo en vidant mon verre de rhum. L’image me paralyse. Pour vous, le cliché paraîtrait quelconque : il représente un homme d’environ quarante ans dans un rocking chair. L’allure frêle, le regard vide, aveugle, un canne dans une main. Pour moi, le choc est plus violent. Ça fait un moment que je n’ai pas vu cet homme, mais je n’ai aucun mal à le reconnaître, même si la photo date de plusieurs décennies. La dernière des quatre photos est celle d’Allan Jackson lorsqu’il était plus jeune, un de mes meilleurs amis.

Je referme le cellulaire et le glisse dans ma poche, puis je laisse un billet accompagné d’un pourboire sur la table du Fural et regagne ma moto à l’extérieur, sans oublier d’amener ma canne. Ma clé s’enfonce dans le contact mais je ne démarre pas pour autant. Je suis comme hypnotisé. Si je possédais une balle en caoutchouc, le genre que les gens utilisent pour se calmer, je l’écraserais volontiers entre mes doigts pour me défouler. À la place, je sors comme à mon habitude une cigarette de mon paquet que j’extirpe des poches de mon manteau, et l’allume avec un simple briquet bic. J’en tire de longues bouffées nerveuses, les yeux levés vers le ciel. Allan Jackson, surveillé par l’Apocalypto ? Mon ami surveillé ? Pourquoi ? Comment ? Par qui, en dehors du type que j’avais tué ? Des questions auxquelles je n’avais pas les réponses, mais je connaissais les répercussions et les dangers inhérents à ces questions. Je les vivais chaque jour de ma vie.

J’ai terminé ma cigarette, sorti un genre de ceinture de ma poche et l’ai fixé à ma canne, qui j’ai ensuite passé dans mon dos, et foncé vers le Powerhaus. J’avais des gens à voir et des questions à poser.

Je pris un nouveau chemin pour m’y rendre, comme je le faisais dorénavant à chaque fois. Et comme à chaque fois, j’ai laissé ma moto à l’écart de la route, une chaîne fermée par un cadenas la sécurisant après un arbre. Le reste du chemin, soit quelques kilomètres, je le faisais à pied. La marche, ça tient en forme. Oui, riez si vous voulez, mais c’est sacrément vrai. Oh, on pourrait toujours me voler la moto, ça ne me ferait pas grand-chose, mais le chemin pour retourner chez Sèverine serait franchement plus long. Terriblement plus long, oui. Mais là, j’avais un autre sujet à m’occuper. Un sujet beaucoup plus important. Un de mes amis les plus chers était peut-être la cible de l’organisation la plus dangereuse depuis l’Inquisition du Moyen Âge. Pas tout à fait vrai, certes, mais c’était une bonne comparaison. Si Allan était dans leur mire, ils trouveraient un obstacle de taille sur leur chemin. Moi.

J’étais au quart du chemin environ, prêt d’une vieille baraque en ruines entourée par un petit mur en bois, quand quelque chose traversa mon armure souple et toucha mon esprit, ce qui me figea sur place immédiatement. Complètement immobile, les sens en alerte, un champ de force en forme de balle au bout des doigts, prêt à être utilisé. J’ai retenu le réflexe qui m’aurait normalement amené à saisir la poignée de ma canne-épée dans mon dos. Un instant plus tard, je sentais que j’étais observé et que celui qui m’observait était proche. Trop proche.

« Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés. »

Cette voix étrange, je l’avais déjà entendue par le passée, j’en aurais mis ma main à couper. Ce genre de formulation confuse aussi, même si ça ne me revenait pas immédiatement. Ce qui me dérangeait, c’était que quelqu’un m’avait surpris. La colère céda la place à la crainte que je ressentais pour mon ami à ce moment précis. Colère contre l’inconnu qui m’accostait ainsi, colère contre Apocalypto, contre tous les autres anti-mutants, contre les mutants qui restaient neutres ou refusaient de combattre, colère contre… le monde ! Tout ! Je pris une profonde inspiration pour me calmer, sachant très bien que la colère était une sensation que je ne pouvais pas me permettre. Pas face à un mutant au pouvoir mental, ma plus grande faiblesse. Mes champs de force me protègent contre toute attaque physique, mais les pouvoirs mentaux peuvent m’atteindre, même si je suis beaucoup plus résistant que la moyenne face à leurs effets.

L’homme sortit de l’ombre lentement, un simple pas qui me permit de voir une partie de son corps de côté. Un chandail à capuche cachait ses traits, de telle sorte que je ne pouvais voir qui il était. L’infiltration mentale s’écarta de moi, je le sentis car la pression sur mon armure souple disparut. Le type s’avança d’un autre pas, diminuant la distance entre nous. Son visage m’apparut brièvement dans la lueur de la lune presque pleine. Le balafré ! Celui dont la photo se trouvait sur le cellulaire dans ma poche. Celui que j’avais rencontré quelques années plus tôt. Celui qui ‘‘testait’’ la douleur chez des élèves. Oui, je me souvenais maintenant. Notre rencontre s’était soldée par un échange de méthodes, faute d’un terme plus approprié. Et nous étions chacun parti de notre côté sans un regard derrière nous. Étrange néanmoins de le revoir cette nuit précisément, alors que je venais de tomber sur un homme qui détenait son visage sur son téléphone cellulaire. Trop étrange pour n’être qu’une simple coïncidence.

« Il est dangereux de se promener dans les rues un soir de pleine lune, les sorcières et les lycanthropes aiment bien sortir de temps en temps. »

Décidemment, ses paroles étaient toujours aussi bizarres. La majorité des gens croiraient que cet homme se moquerait d’eux, mais je savais que ce n’était pas le cas. C’était simplement son genre, à ce fou dangereux. Quoique ce terme me concernait également, dans une certaine mesure moindre. Et très franchement, je n’avais pas besoin de tels conseils. Quelqu’un comme moi n’avait nul besoin de protection. Un type comme le balafré non plus. Je me suis tourné vers lui, pour être face à cet homme que je jugeais aussi dangereux que moi-même et mon regard vert, avec son acuité habituelle, se planta dans le sien, sombre et où brillait la folie. Peut-être un brin de folie brillait-il également dans le mien, je n’en sais rien. J’avais changé énormément durant les dernières années, et pas nécessairement pour le mieux. Avait-il changé, lui ? Un léger sourire apparut sur mes lèvres et je me mis à murmurer en rythme :

- I am the one hiding under your bed, Teeth ground sharp and eyes glowing red. Something's waiting now to pounce, and how you'll scream. Aren't you scared? Well, that's just fine. Say it once, say it twice. Take the chance and roll the dice. Ride with the moon in the dead of night. Everybody scream, everybody scream. Everyone's waiting for the next surprise. Won't ya please make way for a very special guy ?

Je ne me moquais pas de lui, moi non plus. Par ces vers tirés d’une chanson d’Halloween, d’un film d’animation fort populaire qu’il ne connaissait peut-être pas, je lui faisais comprendre que je comprenais, d’une certaine manière, ce qu’il voulait dire, si lui-même se comprenait, bien sûr. Dans un cas comme dans l’autre, ces vers signifiaient que je le saluais et que je me souvenais de lui, même après tout ce temps. Ces mots s’adressaient autant à un type aussi spécial que lui qu’à quelqu’un comme moi. Nous étions deux hommes à l’écart de la société, deux mutants spéciaux, chacun à notre manière.

- C’est une étrange coïncidence, Monsieur Souvenir, mais je ne crois pas à ces choses. Tout ce qui arrive dans un monde comme le nôtre à un but précis. Je ne sais pas encore précisément quel est celui qui nous réunis pour une seconde fois, mais j’aimerais approfondir le sujet.

Le silence revint entre nous, un long moment, et je pris une nouvelle cigarette dans mon paquet, que j’ai allumé. Quelques bouffées plus tard, j’ai repris la parole. J’avais profité de ce petit temps mort pour me remémorer ce que je me rappelais de notre conversation et une bonne partie m’était revenue.

- Vous vous rappelez notre conversation ? Vous avez dit vouloir savoir ce qu’il y avait dans mon esprit et j’ai répondu que je ne m’étais intéressé à notre conversation qu’uniquement parce que je m’ennuyais. C’était en partie vrai, mais pas tout à fait non plus. Vous m’avez ensuite expliqué ce qu’était votre rôle et ce que vous faisiez avec vos élèves. « Qu’il fallait souffrir et survivre pour profiter pleinement de sa vie. » Assez de palabres, mon ‘‘ami balafré’’ : je vais aller droit au but. Je n’offre aucune alliance, ni amitié, mais une simple… disons coordination mutuelle pour régler un problème qui nous concerne tout deux.

Je sortis le cellulaire de ma poche, l’ouvris et en quelques clics, le visage du balafré réapparaissant sur l’écran. Je fis quelques pas vers lui et lui montrai l’image. Ensuite, le cellulaire retourna dans ma poche.

- Je sais que la situation de nos semblables n’est pas quelque chose qui vous préoccupe. Mais peut-être que le fait d’être dans la ligne de mire d’Apocalypto vous ferait changer d’avis ? Par la même occasion, cela vous assurerait de pouvoir continuer à… tester des élèves durant encore de longues années... Le choix vous revient.

Il ne serait peut-être pas le plus sûr des alliés, mais sa folie, son absence de peur et son pouvoir pourraient m’aider à atteindre les enfoirés qui chassaient Allan. D’un autre côté, je savais que Wizard pourrait m’aider à vider les banques de données d’Apocalypto, mais cela prendrait du temps et je n’étais pas sûr de pouvoir me le permettre. Il ne faudrait qu’un appel à Wizard pour trouver le point d’origine de la dernière communication téléphonique du cellulaire et nous nous mettrions en chasse. Et le balafré, aussi fou soit-il, avait un avantage que je n’avais pas : il pouvait fouiller les souvenirs des autres. Le fait qu’il m’ait retrouvé prouvait son talent.

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Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Vide
MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyJeu 4 Nov - 15:36

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L'intéressant tourna la tête en direction du balafré qui n'avait pas quitté son visage de ses yeux noirs, pareils à deux gouffres où l'on lisait sans peine la folie qui habitait l'esprit malade de l'homme, plongeant à son tour les siens dans le regard de son interlocuteur retombé dans le silence. Les yeux d'émeraude du plus âgé des deux hommes se plongèrent dans ceux de son alter-ego, difficile à ce moment pour une personne extérieure de savoir ce qui se passait entre ces deux personnes, ils étaient presque semblables et pourtant extrêmement différents sur de nombreux points. Le regard de l'intéressant était lui aussi empreint d'une dose de folie, mais la folie acquise à force de combattre les idées préconçues des humains et à prôner la supériorité de la « race » mutante, en aucun cas semblable à celle, pure, qui habitait le balafré et tout son être. Un léger sourire de dessina sur les lèvres de l'intéressant alors qu'il se mettait à chantonner à voix basse un air qui illustrait parfaitement les propos tenus par le fou, une chanson tirée d'un film d'animation, d'un chanteur qui se donnait un style qui se voulait impressionnant, Marek ne savait plus exactement, mais il cernait l'idée. C'était en quelque sorte une manière de faire comprendre au fou qu'il voyait ce qu'il disait, et un bref sourire plana un moment sur les lèvres du fou, c'était pour cette raison qu'il avait retrouvé l'intéressant. Parce que lorsqu'il parlait et que c'était lui son interlocuteur, l'hostile se faisait presque l'impression d'être « normal », non qu'il cherche à l'être, loin de lui cette idée, mais c'était un autre degré de discussion, une autre dimension. La voix du barbu brisa à nouveau le silence qui s'était imposé de lui-même entre eux, parlant de coïncidence, bien qu'il n'y croyait pas, et qu'ils avaient visiblement été réunis pour une raison, même s'il ignorait laquelle. Ces paroles agrandirent le sourire de l'homme, donnant aux cicatrices qui ornaient ses joues, une dimension nouvelle, Marek était amusé par les paroles de l'intéressant, tant mieux s'il ne croyait pas aux coïncidence, parce que lui non plus.

Il n'était de toute manière pas question de coïncidence ici, leur rencontre avait été prévue longtemps à l'avance, et elle aurait pu être provoquée avant si le balafré avait décidé que ce soit le cas. Il avait simplement trouvé que la belle nuit qui s'offrait à eux en cette soirée de pleine lune, proposait le cadre idéal pour des telles « retrouvailles », nulle coïncidence par conséquent, simplement une décision prise par un esprit malade. Mais Indiana n'en dit rien, observant un silence parfait, immobile, ses yeux plongés dans ceux de son interlocuteur qui aspirait une bouffée de cancer de sa cigarette. Marek n'avait jamais comprit l'intérêt des humains et des mutants pour ce genre de chose, un homme aussi intéressant et visiblement, puissant, que l'intéressant voyait son esprit asservit par cette dose de nicotine cancérigène. De quoi rendre perplexe même un esprit malade comme celui du fou, les hommes s'inventaient tout seuls des difficultés à braver. Le silence s'éternisait, mais pour une personne comme le balafré le temps n'était pas important, et ils auraient pu rester des heures encore à se regarder en chien de fusil sans qu'il ne perde patience. Puis, la quiété de la nuit fut brisée par la voix à l'intonation grave de l'intéressant qui demandait à son vis-à-vis s'il se souvenait de leur conversation. A peu près, Marek ne gardait pas les termes exacts, mais il savait de quoi il avait été question en effet, lorsque le barbu rappela les faits, que lui-même avait prétexté de s'intéresser à la conversation du fou que par ennui, ce n'était pas une totale vérité, rien de bien surprenant, le balafré était habitué à ce que les humains ou les mutants mentent ouvertement ou par omission. Voilà pourquoi il se fiait plus à son don pour lire l'esprit des gens, que de les croire sur parole. Les mutants possédaient, sans aucun doute, le gène humain qui poussait chaque être vivant sur cette planète à cacher la vérité et à mentir sur les sujets les plus banals. Il n'était donc pas surprit de cette déclaration.

Puis après avoir résumé un peu le reste de leur conversation hautement philosophique, l'intéressant cessa de tourner autour du pot avant d'aller droit au but, proposant une « coordination mutuelle » afin de régler un problème commun. Vraiment ? Marek ne voyait pas du tout quel genre de problème il pouvait avoir en commun avec l'intéressant, leurs vies étaient aussi différentes que la lune et le soleil, ils se ressemblaient de loin, mais ne se croisaient jamais. L'on pourrait presque qualifier leur rencontre de ce soir d'éclipse, puisque c'était le terme scientifique utilisé pour parler d'une rencontres entre les deux astres. Les mots précédents ne représentaient rien pour le fou, amitié, alliance, il les avait déjà entendu, mais tout ceux qui les avaient prononcés étaient à ce jour décédés, ou réduits à l'état de légume par leur bêtise, bien heureusement, l'intéressant était trop intelligent pour prendre le risque de proposer cela au fou. Il avait clairement sentit que Marek n'était pas le type d'homme avec qui on pouvait avoir une alliance saine, le balafré était trop fou pour ce genre d'accord. Indiana ne broncha pas lorsque l'autre plongea sa main dans sa poche pour sortir une sorte d'appareil électronique qu'il ouvrit et tendit à son vis-à-vis après s'être approché de lui. L'hostile put reconnaître une personne qui lui était familière et il mit un bon moment avant de constater qu'il s'agissait de lui, pour tout dire, Marek n'était pas du genre à s'admirer dans un miroir à longueur de temps, et mis à part les quelques fois où il avait aperçut son reflet dans une vitre de la ville, il ne s'était plus vu face à face depuis son évasion de l'asile il y a une dizaine d'années. L'appareil disparut à nouveau dans la poche de l'intéressant qui reprenait la parole en disant que même si la situation de ses « semblables » ne le préoccupait pas, peut-être que le fait d'être recherché par « Apocalypto » le ferait changer d'avis. Apocalypto ? Deux fois en moins d'un mois qu'il entendait ce nom, ou plutôt voyait, puisque la première fois avait été tirée d'un souvenir volé. Le barbu aborda le fait que cela permettrait aussi au professeur qu'il était de pouvoir continuer ses tests pendant des années. Mais en quoi est-ce qu'il en était empêché maintenant ? Rien du tout ! Marek ne comprenait pas l'intérêt qu'il pourrait éprouver à ce genre de « coordination mutuelle », et ne le cacha pas à son interlocuteur alors qu'il le fixait toujours droit dans les yeux, d'une voix semblable à celle de leur première rencontre comme si le temps n'avait pas avancé depuis.

« Nos semblables ? Je ne vois pas ce que vous entendez par là, les 'mutants' certainement, pour moi, ils n'ont rien de 'semblable' à ma personne. L'on m'a toujours traité comme différent, malgré le fait que je partage des gènes supplémentaires avec eux. L'intéressant, avant de vouloir prétendre à la supériorité, il faudrait que 'vos' semblables acceptent de voir l'évolution de l'esprit d'une autre manière. Ils sont aussi primitifs que les humains qu'ils détestent tant. »

Au final, tout cela le faisait bien rire, si du moins Marek était du genre à rire et ce n'était malheureusement pas le cas. L'hostile voyait les mutants comme des sombres créatures dénuées d'intérêt, tout juste bonnes à être élevées au stade de cocon. Cocon qui évoluerait avec le temps pour libérer le papillon qui sommeillait entre eux, mais cela uniquement après que le professeur qu'il était les ai éprouvés. Mutants, humains, tout se valait chez lui et pour avoir vu l'intérieur de personnes des deux « races », il pouvait dire qu'ils étaient pareils. Aucun doute que l'intéressant n'allait pas apprécier la réplique du balafré, mais celui-ci s'en fichait, il ne cachait pas l'aversion qu'il avait pour qui que ce soit, et en fin de compte, l'autre pouvait être honoré que Marek lui parle de la sorte, ça signifiait qu'il le voyait comme supérieur aux larves dont il venait de parler. Une chrysalide en partie évoluée ? Peut-être bien. Le silence était retombé entre les deux hommes, les deux mutants, alors que le fou avait toujours ses mains glissées dans ses poches, dont l'une était très clairement tâchée de sang. Les secondes s'égrainaient avant que le balafré ne rompt à nouveau le silence pour daigner répondre à l'autre proposition de l'intéressant.

« Je ne sais pas qui est cet « Apocalypto », je sais simplement qu'il ressort souvent dans mon esprit en ce moment. Les militaires ne me font pas peur l'intéressant, ça fait longtemps que je suis traqué parce qu'on veut me remettre là-bas, et depuis que mon apprentissage passe dans les journaux, c'est les autorités de la ville qui s'en mêlent. Je n'ai pas peur de quelques policiers de plus, ça m'apportera peut-être un nouvel élève de leurs rangs ? Enfin s'il est aussi décevant que le dernier, je n'ai aucune intérêt pour eux. »

Là-bas, dans l'asile où il avait passé une bonne partie de sa jeunesse, enfermé à l'âge de 10 ans, évadé à l'âge de 22, il vadrouillait dans les différentes villes du coin depuis plus de dix ans, sans jamais être attrapé. De plus, comme il le soulignait, les élèves qui avaient échoués et qui avaient été découverts avaient provoqués la panique chez les autorités d'Achaea qui recherchaient le « meurtrier » avec avidité. Néanmoins, Marek venait d'aborder un sujet qui ne laisserait certainement pas l'hostile en face de lui indifférent, si aux yeux du balafré Apocalypto ne signifiait rien et qu'il en parlait comme d'une police normale, pour l'intéressant, il devrait sans aucun doute tiquer sur le fait que l'évadé disait clairement avoir éprouvé un membre de cette opération. En effet, c'était comme ça qu'il avait retrouvé la trace de l'intéressant, en grande partie. Le silence était encore présent comme une berceuse entêtante que le fou affectionnait presque autant que les cris de ses élèves, ou le bruit des gouttes de sang qui tombaient sur le sol.

« L'intéressant, une photo n'est rien, si je venais à être trop recherché à cause d'elle, je n'aurais aucune peine à muer pour prendre une nouvelle apparence. Le temps efface les traits, alourdit le regard, vous n'êtes plus comme il y a un an, et vous ne serez plus comme vous êtes aujourd'hui dans quelques jours. Tout cela est vain, pitoyable s'ils imaginent me retrouver comme ça. Je ne connaissais plus votre visage, et j'ai retrouvé votre trace sans peine, n'est-ce pas là plutôt le genre de soucis que vous devriez vous faire ? »

Pas qu'il sous-entendais que l'intéressant devait avoir peur de lui, pas du tout, même si ce n'était pas une chose fausse, Marek parlait simplement du fait qu'il ne voyait plus le visage qu'il avait, et que pourtant en moins de temps qu'il ne faut pour le vouloir, l'hostile avait retrouvé sa trace. Preuve vivante qu'il ne fallait pas forcément des photos ou des choses de ce genre pour pister et débusquer une personne. Le balafré ignorait totalement qu'il avait trouvé l'indication finale en se servant de l'esprit d'une jolie demoiselle qui n'était pas inconnue de l'intéressant et qui se trouvait être la fille de ses meilleurs amis, même s'il avait comprit qu'il y avait un lien fort entre eux. De toute manière, jamais Indiana n'aurait porté le moindre intérêt à ce genre de détail. Il y avait maintenant le sujet des élèves, pour quelle raison aurait-il été plus apte à débusquer des brebis égarées en aidant l'intéressant ? Une chose que le fou ne parvenait pas à saisir, il avait un rythme certain concernant les apprentissages, une personne par journée en moyenne, certaines fois moins, mais c'était toujours une décision qu'il prenait, ne désirant pas éprouver n'importe qui pour soulager son envie de propager l'ode à la souffrance.

« En quoi cela me permettrait-il de trouver plus de brebis égarées ? Vous le savez, vous l'avez compris, je ne sélectionne pas n'importe qui, ma recherche de l'élève idéal est longue et prenante, je dois les sonder avant, par conséquent, rien ne pourrait me satisfaire sur ce point. Je suis très exigeant. »

Il pouvait donner l'impression de repousser une à une les offres avancées par l'intéressant, bien qu'il ne s'agissait pas réellement d'offres, mais ce n'était pas du tout le cas. Marek avait pour habitude de travailler en solitaire, et lorsqu'on lui parlait, il ne cachait pas le fond de sa pensée tout simplement, l'autre comprendrait, normalement. L'esprit du balafré n'était pas si fou que ça, il soupçonnait que l'intéressant n'avait pas gardé ce téléphone simplement pour lui montrer sa belle trombine, ça signifiait donc qu'il y avait là quelque chose de plus personnel, où du moins qui pouvait lui servir pour sa « lutte » contre les humains. La bouche ornée de balafres du fou arbora alors un léger sourire pendant qu'il observait l'hostile face à lui, son don agissait indépendamment de ses ordres certaines fois, où plutôt au contraire, il était tellement lié à son esprit qu'il agissait sans même avoir la peine de lui en donner l'ordre. Le pouvoir du mutant frôla donc une nouvelle fois l'esprit de l'hostile qu'il sentait perturbé, et le balafré doutait que ce soit simplement pour ses beaux yeux. Tout en caressant son esprit comme on caressait un chat, l'évadé reprit la parole.

« Les coïncidences n'existent pas, vous le savez comme moi, ça fait longtemps que vous empruntez ce chemin, je vous ai localisé depuis plusieurs semaines, mais j'attendais le bon moment, simplement. La lune était parfaite, elle invite aux confidences. Voilà la raison de notre discussion l'intéressant. »

Le barbu tournait autour du pot en essayant de mettre en avant des choses intéressantes pour l'hostile alors que celui-ci sentait qu'il y avait quelque chose de plus profond. Sans aucun doute, un autre se serait laissé abuser, mais Marek avait l'habitude qu'on se joue de lui en le prenant pour un être stupide, même s'il doutait que ce soit le cas de son interlocuteur, le fou savait décrypter les données qu'il récoltaient en frôlant un esprit, il était passé maître en la matière, et ne se faisait donc plus avoir. Seul l'autre, celui de la fête d'Halloween, pourrait éventuellement lui parer la route vers son esprit, celui-ci, le balafré ne l'aimait pas, il avait presque failli lui faire perdre une élève, l'une des meilleure qu'il avait eu jusqu'à ce jour. Le souvenir de cet télépathe l'agaça, et il frôla l'esprit du mutant face à lui avec un peu trop de vivacité, et il décida de le retirer pour le moment, il lui ordonna de laisser l'intéressant tranquille. Ses lèvres closes se décidèrent enfin à laisser échapper une bribe de réponse à l'attention de l'hostile.

« Être fou ne signifie nullement être stupide, nous en avions discuté si je me souviens bien l'intéressant. Mon intérêt vous est égal, je ne représente rien pour vous, me mettre au courant de cette traque ne vous avancera à rien, sauf si vous attendez quelque chose de ma personne. Allons, osez ouvrir votre placard, ou me dites-vous que vous auriez peur du croquemitaine qui s'y cacherait ? »

Une moquerie ? Nullement, même si le léger sourire flottant sur les lèvres de l'évadé pourrait le laisser croire. Les enfants avaient peur des croquemitaine, et Marek se souvint alors d'un enfant un jour, qui l'avait croisé dans le parc, et après avoir vu son regard, s'était enfuit en courant au croquemitaine. L'intéressant avait-il peur de ce que fou pourrait comprendre implicitement ?

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Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Vide
MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptySam 6 Nov - 18:55

À peine avais-je fini de parler que le balafré, ce fou dément qui m’avait retrouvé avec une facilité que je n’aurais pas crue possible après toutes ces années, se mit à me répondre. Et franchement, il n’aurait même pas eu besoin de me faire tout son lapsus sur le fait qu’il ne considérait pas les mutants comme ses semblables. Ni qu’il a toujours été traité comme différent. Avec le peu que je savais de lui, j’avais déduit ça tout seul, comme à peu près n’importe qui l’aurait fait. Il ajouta qu’avant vouloir prétendre à la supériorité, mes semblables devraient apprendre à voir le monde sous un autre jour. J’approuvais le fait que la majorité soit aussi simples que les humains, à savoir qu’ils ne désiraient qu’une vie tranquille loin de toute violence. Le rêve Américain, voilà ce qu’ils voulaient vivre ; la maison entourée d’une clôture, le chien, la femme et la panoplie de gosses. Trop simple et beaucoup, beaucoup trop banale comme vie. Selon moi en tout cas.

Selon lui, tous les habitants de cette planète – habitants pensants, entendons-nous bien – étaient sur le même pied d’égalité, à savoir totalement dénués d’intérêts à ses yeux. Les seuls qui l’intéressaient un tant soi peu, si un tel terme pouvait convenir, étaient ceux qu’il jugeait digne de recevoir ses traitements si spéciaux, pour ‘‘leur apprendre ce qu’est la vraie vie par la souffrance’’. Ouais, pas sûr d’approuver, mais c’était sa vie à lui après tout. Alors qu’étais-je, là-dedans, dans sa petite tête à lui ? Une expérience ratée ? À conclure ? Non, je ne pense pas. Je pense plutôt qu’il me jugeait, à sa manière tordue et folle, supérieur aux autres. Pourquoi ? J’en avais ma petite idée, mais je n’allais pas m’épancher là-dessus avec lui, oh non. Pas cette nuit, ni jamais. Je réfléchissais à ses paroles, sans pour autant le quitter du regard, portant ma cigarette à ma bouche de temps en temps, quand il parla à nouveau.

Il ne connaissait pas Apocalypto, mais cela ne me surprenait pas outre mesure. Pas du tout en fait. L’organisation était quelque chose qui lui passait tout simplement au-dessus de la tête. Par contre, il avoua qu’il en avait entendu parler plus d’une fois dernièrement. Les militaires ne lui font pas peur ? Soit ! Ils ne me font pas peur non plus. Leurs balles, leurs grenades, leurs roquettes ; tout ça ne m’atteint pas. La section spéciale d’Apocalypto, cependant… c’est autre chose. Eux peuvent m’atteindre, raison pour laquelle je traîne dorénavant une arme à feu et ma canne avec moi. En tout temps. Trop se fier à son don est dangereux et j’en ai fait l’amère expérience. Un léger sourire apparut sur mes lèvres tandis qu’il disait être traqué depuis longtemps. Nous nous ressemblons plus que je ne l’aurais cru possible, au final.

Plus décevant que le premier ? Ainsi, ce cher cinglé avait déjà rencontré un agent d’Apocalypto ? Bah, quoi d’étonnant à cela ? Ils pullulaient dans les rues, ces temps-ci. Comme des rats, ils semblaient s’être multipliés au centuple durant les trois dernières années. Par contre, ça me donnait une assez bonne idée de la méthode dont il s’y était pris pour me trouver. Apocalypto était sur ma trace depuis longtemps et les évènements d’il y a trois ans – plus précisément ma presque capture – devaient leur avoir mis le feu aux fesses, si vous me permettez l’expression. À coup sûr, ils me cherchaient avec encore plus d’assiduité qu’avant et détenaient des informations capables de les mener jusqu’à moi. Ce qui donnait à la situation présente encore plus d’importance. En tout cas, s’il s’imaginait me faire paniquer en mentionnant cela, c’était raté. Ma maîtrise de moi-même était exemplaire et il en fallait beaucoup plus pour craqueler ma carapace. Et toujours ce silence, que j’appréciais assurément autant que lui semblait en profiter.

Il continua à parler, énonçant qu’une photo n’était rien, qu’il pourrait se métamorphoser rapidement en quelqu’un d’autre – à coup de scalpel dans le visage, j’en aurais mis ma main au feu – et ajouta que le temps changeait les gens. Vrai, je ne le savais que trop. Vain et pitoyable ? Oui, probablement, puisqu’il était fait de la même trempe que moi. Le balafré continua, disant que je devrais plutôt m’en faire sur le fait que lui avait réussi à me retrouver. M’en faire ? Je me retins d’éclater de rire, prenant une bouffée de cigarette à la place. Je savais qu’il ne voulait pas dire que je devrais avoir peur de lui, non. Monsieur Souvenir voulait dire que même en ne se rappelant plus de mon visage, il avait réussi à me retrouver après un peu plus de trois ans. Mais bon, j’avais amplement fait parler de moi ces dernières années, principalement avec mon entrée fracassante – c’est le moins qu’on puisse dire ! – au Siège du Gouvernement et ma présence active lors de la destruction d’un certain centre de police tout dernièrement. Avec ça, difficile de ne pas avoir entendu parler de moi. Ce qui me rappela que plusieurs villes, notamment Achaea, recherchaient activement ‘‘un tueur en série qui mutilait atrocement ses victimes’’. Ouais, ce tueur était probablement le même type qui se tenait à moins d’un mètre de moi. Haussement d’épaules de ma part ; qu’il l’interprète comme il le voudra. Même pas un frisson de crainte. Rien. Peut-être que je suis fou, moi aussi ? Il tue pour leur apprendre des choses, je tue pour que nous (ce qui inclus uniquement les mutants) ayons le droit de vivre en paix. Vraiment ? me dis une petite voix au fond de mon esprit. N’aimes-tu pas ce que tu ressens quand tu les écrases sous ta puissance ? Je fis taire cette petite voix. Très franchement, je n’avais pas envie de répondre à mes interrogations personnelles. Je n’étais pas sûr que les réponses me plairaient, voilà pourquoi.

Le balafré m’extirpa de mes pensées en parlant de nouveau, me demandant en quoi ce que je lui avais proposé lui permettrait de trouver de nouveaux élèves. Il ajouta que sa recherche lui prenait du temps, qu’il les sondait auparavant pour les éprouver et qu’il ne choisissait pas au hasard. Ça, je voulais bien le croire. Il était franc, ce que j’ai toujours apprécié, même chez ceux qui peuvent devenir des ennemis. Au moins, on sait clairement à quoi s’attendre avec ceux-là. Et avec celui-ci en particulier, même si je savais que la majorité des gens n’auraient strictement rien compris à ce qu’il disait. Hors, je savais où il voulait en venir, très précisément. Il était complètement marteau, oui, mais loin d’être idiot, j’en avais à nouveau la preuve. Il savait que ce fameux cellulaire qui se trouvait dans ma poche, ce cellulaire ayant quatre photographies différentes mais toutes reliées entre elles d’une certaine façon, je ne l’avais pas gardé sans de bonnes raisons. Dont une très personnelle. Il était fin observateur, cet homme, autant que moi, sinon plus, car il avait l’avantage de pouvoir ‘‘voir’’ les souvenirs d’autrui, ce qui n’était pas mon cas. Même Blake aurait apprécié rencontrer un individu comme lui, ne serait-ce que pour lire ce qu’il pensait. Mon armure souple m’avertit d’une nouvelle incursion du pouvoir du fou, qui se poursuivit tandis qu’il reprenait la parole. Il ne touchait pas encore mes souvenirs, non, mais je sentais son don survoler mon esprit, prêt à y plonger. Je me raidis, ce qui ne dut pas lui échapper, et me retins de lui éclater le crâne avec mon champ de force en forme de balle. Pas de précipitation, mon vieux, me dis-je, il peut t’être utile…

La suite me plut encore moins. Cela faisait, selon lui, des semaines qu’il me surveillait, ou du moins qu’il m’avait localisé empruntant ce chemin fréquemment et il avait attendu le bon moment pour m’accoster. Cela signifiait plusieurs choses : un, il était aussi patient que moi. Deux : il connaissait assurément l’existence du Powerhaus et des gens qui y vivent. Trois : il était sacrément doué pour camoufler sa présence, car peu en ce monde pouvaient se vanter de m’avoir surpris ainsi. Cela signifiait bien d’autres choses, mais je n’avais nulle envie d’y songer. Je fis le vide dans mon esprit, comme Chow me l’avait appris, m’efforçant de chasser tout ce qui ne concernait pas le fou et la situation actuelle de mon esprit. J’y parvins à peu près, tout en sachant qu’il pourrait probablement creuser pour trouver les souvenirs qu’il désirerait visualiser. Ce qu’il fit.

Un juron s’échappa de mes lèvres et j’allai lever la main vers le visage du balafré quand la pression sur mon armure disparut. Le visage du fou n’affichait toujours aucune expression, si ce n’est la folie qui lui était propre. Il parla une nouvelle fois de sa voix étrange, affirmant, comme je l’avais pensé il y a peu, qu’être fou ne signifie pas être stupide. Et comme je l’avais pensé, il avait percé à jour une partie de mes intentions, la base tout du moins. Un sourire apparut sur mes lèvres au moment où lui-même souriait d’Un air dément. Il insinuait que j’avais peur de ce que je découvrirais en lui ouvrant la porte, que je craignais qui j’étais vraiment et ce qu’il comprendrait. Était-ce vrai ?

En partie, oui. Mais en partie seulement…

- Je veux que tu m’aides, le balafré, fis-je en jetant ma cigarette au sol et en en extirpant une autre de mon manteau. Inutile de te cacher cela, tu l’as très bien compris tout seul. Je sais que tu te fiches de nos semblables, de la guerre en court et de tout ce en quoi je crois. Je comprends, cois-moi. Moi-même, parfois, je pense que tout ce que je fais n’est pas assez, mais il faut bien que quelqu’un fasse quelque chose contre les humains, alors j’agis. Nous sommes tout deux des survivants et agissons chacun pour ce que nous croyons juste…

Je n’étais pas tout à fait d’accord sur ce point, mais je n’avais aucunement l’intention de m’épancher sur le sujet. Il y avait trop de choses en jeu pour perdre mon temps en vaines discussions.

- Vous n’êtes pas comme tout le monde et votre don vous permet de visualiser les souvenirs des autres, alors pour répondre à votre question : non. Non, je n’ai pas à craindre le fait que vous m’ayez retrouvé. Ma supposition est que vous êtes tombé sur un agent d’Apocalypto détenant certaines informations me concernant, mais même eux ne sont pas au courant de l’existence de l’endroit où je me rendais avant que vous ne vous manifestiez. Pour me trouver directement, je crois plutôt que vous avez croisé par hasard quelqu’un qui me connaît et qui connaît cet endroit. J’ai raison, n’est-ce pas ? Non, inutile de me répondre, je sais que c’est ce qui s’est produit. À peine une vingtaine de personnes savent que le Powerhaus est un refuge pour mutants et aucun d’eux ne trahirait les autres volontairement.

Oui, c’était assurément cela, à moins qu’il ait déduit que comme chaque mutant possède un pouvoir unique et spécifique, celui qui s’était introduit il y a trois ans dans le siège du gouvernement et celui qui a détruit il y a peu cette station de police était une seule et même personne, à savoir moi. Dans un cas comme dans l’autre, ça l’avait conduit à moi. Et s’il s’était donné la peine de me retrouver, ça signifiait que je représentais autre chose à ses yeux qu’un simple cobaye pour ses expériences sur la douleur. Ce qui me dérangeait, par contre, c’était qu’il ait pris son temps avant de me parler. Mais comme bien d’autres choses, ça ne me dérangeait pas réellement.

- Vous avez raison sur un autre point : vous ne représentez rien pour moi, hormis quelqu’un dont je peux me servir. Vous n’en serez pas vexé je pense, ce n’est pas votre genre. Le fait que vous ne connaissiez que peu Apocalypto ne change rien à la chose : eux vous connaissent et vous ont dans leur ligne de mire. Les petits soldats habituels ne sont rien face à Bastet, leur équipe spéciale. Eux sont un danger, que vous me croyiez ou non. M’aider vous débarrasserait probablement d’eux. Alors oui, j’attends quelque chose de vous. J’ai besoin de votre talent pour m’aider à m’introduire quelque part. En deux endroits, pour être tout à fait précis. Premièrement, dans l’endroit où ce téléphone contenant votre image nous mènera et ensuite, dans une station de télévision. Vous ne comprendrez peut-être pas où je veux en venir, ou peut-être que oui, mais cela nous permettrait de faire d’une pierre deux coups, comme on dit. Me permettrait, devrais-je dire, car vous vous fichez comme d’une guigne de tout cela. Il va sans dire que je pourrais demander l’aide d’autres gens de ma connaissance, mais votre talent unique ferait de vous un avantage indéniable…

Je savais que si un des types d’Apocalypto avait gardé une photographie d’un massacre, d’autres images semblables devaient exister dans leurs banques de données, c’était certain. Et si j’arrivais à entrer dans une base de l’organisation, je pourrais connecter Wizard à leurs banques de données et ça, ce serait leur mettre un coup plus personnel entre les dents. Lui pourrait dénicher ce qui ferait mal aux anti-mutants et me créer une belle petite vidéo que je pourrais transmettre via les ondes, avec un petit message personnel de ma part. Oh, les autorités diraient que ce ne serait qu’un canular créé par un terroriste dangereux pour créer la panique mais le message serait clair et tout ceux qui le verraient se poseraient des questions. Je connaissais bien les gens : ils réagissaient violemment face aux massacres lointains, tels ceux ayant lieux en Afrique et autres endroits de l’autre côté du globe, alors j’avais envie de savoir comment ils réagiraient en remarquant que de semblables massacres avaient lieux si prêt de chez eux. Des massacres perpétrés par des hommes que le gouvernement américain payait, fournissait en matériel – armes, bâtiments, véhicules et autres – et qu’il protégeait. C’était peut-être vain, mais ça valait la peine d’essayer. Bien entendu, mon but premier était d’infiltrer le système informatique d’Apocalypto et d’effacer de leurs banques de données certaines photographies gênantes pour moi et ceux auxquels je tiens. Pour cela, l’aide de Wizard serait nécessaire et me coûterait les yeux de la tête, façon de parler. Contre argent, il faisait tout et n’importe quoi. Ce qui me convenait. Restait mon interlocuteur maintenant.

- Ce que cela vous amènerait, le balafré ? J’aurais tendance à dire que vous y gagneriez des élèves potentiels, mais vous allez me dire que cela ne vous donnera pas le temps de les sonder, etc, etc. Quoique je dise, franchement, vous allez réfuter mes arguments. Alors, soyez franc : que désirez-vous pour m’aider ?

Oui, que voudrait-il de moi pour accepter de me prêter son don pour la nuit ? C’était la question du moment et j’appréhendais un peu ce qu’il désirerait. Avant de faire une gaffe monumentale, qui me coûterait plus que je ne voudrais jamais payer, j’ajoutai avec un sourire quelques mots :

- Il va de soi que je ne vous laisserai pas fureter à votre guise dans mon esprit.


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Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Vide
MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyDim 7 Nov - 18:36

Visiblement l'intéressant n'avait pas apprécié la légère incursion que le fou avait osée dans son esprit, bien entendu ce n'était pas volontaire, et même si le balafré savait qu'il risquait sa vie en agissant de la sorte, il s'en fichait tout simplement. Est-ce que c'était ça, la folie qui l'habitait ? Ne pas avoir peur de mourir, ne pas se soucier du fait que l'homme face à vous peut vous tuer d'un simple claquement de doigt ? Peut-être, Marek n'était ni stupide, ni inconscient, il se rendait parfaitement compte du danger que représentait l'intéressant, mais ne le craignait pas pour autant, c'était simplement une autre manière de voir les choses, la manière du fou. Un sourire apparut sur les lèvres du barbu alors qu'il répliquait d'un ton sans détour ni fioritures, cette fois-ci, il ne cherchait pas à se faire passer pour ce qu'il n'était pas, et c'était tout ce que le balafré attendait. S'il y avait bien une chose que l'évadé exécrait, c'était les personnes fausses, celles qui n'acceptaient pas assez leur opinion pour oser la maintenir devant une autre personne, et si ça avait le cas de son interlocuteur, le trentenaire se serait trouvé extrêmement déçu. Bien heureusement, l'intéressant lui déclara qu'il désirait qu'il l'aide. Jetant le cadavre de la cigarette qu'il fumait depuis le début de la conversation, l'intéressant en dégaina une nouvelle tout en poursuivant sa réponse résumant tout ce qui avait été dit, il le comprenait et pensait que tout ce qu'il faisait ne suffisait pas, qu'ils agissaient chacun pour ce qu'ils estimaient juste. Bien évidement, c'était la nature même de l'être humain, ou mutant dans leur cas, chacun était égoïste à sa manière, l'intéressant en voulant imposer sa vision de la supériorité mutante, le balafré en prônant la souffrance, il y avait sans aucun doute des tas de personnes en désaccord avec leurs idées, mais ils s'en fichaient. Marek prenait lui-même le droit d'agir de la sorte, et si les autres n'étaient pas satisfaits, ils n'avaient qu'à l'arrêter.

L'intéressant continua en argumentant avec le fait que le balafré n'était pas comme tout le monde, c'est le moins qu'on puisse dire, sa vie entière était devenue ce qu'elle était justement parce qu'on lui reprochait une telle chose. Être original et unique semblait être un crime dans ce monde, ironique lorsqu'on lisait partout que chaque être humain était unique au monde. Ils reprochaient aux autres ce qu'ils étaient, sauf que dans le cas du barbu à la canne, ce n'était pas un reproche, mais plutôt un fait. En effet, Marek était différent, et son don possédait certaines facettes que même le plus puissant télépathe ne pourrait pas posséder, il ne se considérait pas comme le plus fort, loin de là. L'hostile aurait aisément pu développer plus amplement son pouvoir au fil des années, mais l'avait borné à de simples utilisations, celles dont il usait souvent. Si le pouvoir l'avait réellement obnubilé, il se serait débrouillé pour développer tout ça au centuple. L'intéressa exposa l'idée que l'un de ses anciens élèves avait été un membre de l'opération, le professeur lui-même était arrivé à cette conclusion mais n'en dit rien, puis il aborda le fait que le balafré avait du croiser quelqu'un de sa connaissance, et encore une fois il toucha le jackpot. Mais même si l'autre ne demandait pas à savoir qui, jamais l'hostile ne lui aurait répondu, il aimait garder un certain.... secret sur ses sources anonymes. Le Powerhaus fut nommé, mais cela ne provoqua aucune réaction de la part du fou, il ne retenait pas les noms de ce genre, et lorsque l'intéressa parla d'une impossible trahison, un sourire dément se dessina sur les lèvres balafrés du fou. Nous y voilà, l'amitié à toute épreuve, il riait intérieurement, combien de fois avait-il réussi à retourner deux « amis » l'un contre l'autre dans la quête de la survie ? Trop de fois pour croire à ces fadaises, et le fait que le barbu y prête foi le décevait un peu, mais il observa un silence et une immobilité digne des statues.

L'intéressant aborda alors le fait que l'hostile ne représentait en effet strictement rien pour lui, et s'enquit du fait qu'il ne serait pas vexé. Et pour quelle raison l'aurait-il été ? L'autre avait raison, ce n'était pas son genre, et en prime, il se fichait de ce que les autres pensaient de lui, pour quelle raison devrait-il se vexer d'une telle révélation ? L'intéressant l'avait visiblement compris, et Marek en était satisfait. La conversation revint sur « Apocalypto » au grand agacement du balafré qui se fichait de tout ça, ça ne le regardait pas, pourquoi l'intéressait s'obstinait à essayer de l'effrayer en parlant de ses fameux soldats ? Bastet ? Soit, c'était bien joli, mais ils se moquait de toutes ces révélations, ne différenciant pas les soldats qui se lançaient à sa traque, pour lui, il n'y avait que l'intérieur qui l'intéressait, leur esprit, hommes, femmes, enfants, vieillards, ils étaient tous pareils, et leur appellation n'y changeait rien. Quoi qu'il en soit, l'intéressant se mit à tout expliquer au fou face à lui, disant qu'il avait besoin de son aide pour pénétrer dans différents bâtiments, certainement en cherchant le code d'entrée d'une porte dans les souvenirs d'un homme ou quelque chose du genre, très peu pour lui, Marek aimait utiliser son don mais pas pour jouer au super-héros. L'autre conclut en disant pouvoir demander à des amis à lui mais que son don serait plus utile, est-ce qu'il cherchait à le flatter ? L'idée amusa franchement l'évadé qui pensait que l'intéressant n'était pas assez stupide pour imaginer que ce genre de stratagèmes fonctionnerait sur lui et il observa donc le silence de mise lorsqu'il n'avait rien à dire. Une petite pause avant que le barbu à la canne ne résume la situation en abordant le seul point qui pourrait intéresser Marek, ce qu'il avait à y gagner. L'intéressant parla brièvement d'élèves potentiels et d'autres offres qu'il pourrait lui faire, mais que jamais le fou n'accepterait, il lui demanda donc ce qu'il désirait clairement. Une idée traversa instantanément l'esprit du trentenaire juste avant que l'intéressant n'ajoute, avec un sourire, qu'il ne le laisserait pas fureter dans son esprit sans garde-fou. Ce fut au tour du balafré de sourire, et bien, l'autre avait cerné ce qu'il cherchait et avait prit les devants en posant des limites, dommage, Marek allait juste citer ce qui venait de lui être refusé. Affichant une expression à la fois amusée et étrangement neutre, le balafré répondit.

« On désire aider son prochain mais sans donner de sa personne.... Je vois. »

Une pique, une moquerie ? Non, une analyse, il remarquait que son interlocuteur refusait de le laisser voir dans son esprit alors qu'il parlait d'aider son prochain, ils n'avaient pas la même manière de faire avancer leurs missions. Marek, pour devenir maitre de la souffrance, était passé par le stade de l'évolution et de l'éclosion, les marques qui parsemaient son corps, sa bouche, son cou, étaient toutes des traces de ce sacrifice personnel. L'hostile était légèrement déçu de constater que le barbu n'était pas prêt à sacrifier un petit bout de son esprit pour faire avancer sa quête, mais chacun sa manière d'évoluer, et visiblement l'intéressant était loin de celle du fou. Ce dernier ne voyait pas ce que l'autre pourrait lui offrir qu'il n'avait ou ne pouvait se procurer. C'était comme demander à un riche ce qu'il voulait, s'il ne l'avait pas, il pouvait se l'offrir, et Marek avec son esprit affuté et entraîné, possédait le don de s'approprier tout ce qu'il voulait, ou plutôt tout ce qu'un homme comme lui pouvait désirer. Qu'est-ce qu'il pouvait donc demander à l'intéressant en retour d'un service qu'il n'avait ni l'envie de lui rendre, ni la raison de se mêler de leur petite lutte. Son esprit se laissa un instant gagner par les pensées au sujet de la fameuse équipe dont l'intéressant avait parlé, est-ce que ce dernier était inquiété par de simples humains ? C'était surprenant ! Même si Marek n'avait jamais rencontré ces personnes, il se laissa aller à penser que si le barbu en personne vantait leurs talents, c'est qu'ils devaient être réellement dangereux. Tant mieux, le fou aimait le danger, et en prime, il avait un atout que la plupart des suicidaires n'avaient pas, il ne sous-estimait jamais ses adversaires. Son regard sombre erra un moment sur le visage silencieux de l'intéressant, troublé de temps en temps par de légères bouffées de fumée qui sortaient de sa bouche après avoir aspiré une dose de cancer dans ses poumons.

« Les journalistes de cette ville m'ont qualifié de monstre, de lycanthrope pour certains même.... Pourquoi un chien aurait peur d'un chat ? La nuit, tous les chats sont gris. »

Encore une réplique dénuée de sens en apparence, en réalité, l'esprit du fou faisait référence à l'incarnation de la déesse Bastet, la déesse Égyptienne à tête de chat, protectrice des foyers et de leurs habitants. S'il était réellement un loup-garou comme le racontaient les journalistes de la ville, Marek ne ferait qu'une bouchée de Bastet. Bien évidement, ce n'était qu'une métaphore, et jamais le balafré n'en serait venu à s'imaginer qu'il puisse se débarrasser d'une équipe spéciale en claquant des doigts, son don était efficace, mais contre plusieurs personnes c'était tout de suite plus difficile. Bien sûr il pourrait gravement handicaper certains des membres d'une équipe spéciale, mais l'hostile n'était pas quelqu'un qui avait pour habitude de se confronter à plusieurs personnes, ce serait donc la maîtrise qui lui manquerait. Ses pensées vadrouillaient et il ne voyait toujours pas ce que l'intéressant pourrait lui proposer en échange d'un service de sa part. Puis soudain, son regard se troubla un moment comme s'il avait enfin découvert l'illumination, et il sourit brièvement, une esquisse de sourire qui ne fit que renforcer ses balafres, puis il répliqua d'un ton qui se voulait plus pensif, mais avec un arrière-plan de fanatisme.

« Il y a peut-être quelque chose l'intéressant.... Je m'étais mis en tête de le retrouver seul, mais peut-être que vous serez plus efficace, qui sait.... »

Quelque chose d'incompréhensible pour changer, mais soudain l'hostile réduisit la distance qui séparait les deux hommes pour s'approcher de son interlocuteur, levant la main comme s'il allait le toucher, puis il s'immobilisa un instant, la main levée, son regard planté dans celui du barbu, et il esquissa un sourire amusé tout en reprenant brièvement la parole d'un ton presque moqueur. « Faites-moi confiance. » Ça sous-entendait que si l'intéressant voulait son aide il devait baisser une partie de sa protection, car en s'approchant de lui, l'hostile avait sentit une résistance certainement due à la proximité d'un champ de force. Bien que la douleur ne l'inquiétait pas, au contraire, il ne voulait pas prendre le risque de se tuer en touchant quelque chose qu'il ne connaissait pas. Sans pour autant prendre la peine de dire à l'hostile pourquoi il avait besoin qu'il baisse cette protection, Marek tendit la main en direction de son vis-à-vis, paume dirigée vers le haut, comme s'il attendait que l'autre daigne lui toucher la main. Lorsque son interlocuteur se décida enfin, que leurs peaux entrèrent en contact, le barbu vit un souvenir s'imposer dans son esprit, le visage d'un homme masqué, déguisé en tenue de Zorro, celui qui avait défendu son élève et qui lui avait fait perdre son temps. Marek rompit brutalement le contact avant de reprendre la parole.

« Trouvez-moi cet homme, et on verra.... »

Une légère pause, il n'allait pas en rester là, Marek pourrait trouver cet homme seul s'il en avait l'envie, par conséquent il allait demander quelque chose de plus personnel à son interlocuteur. Les yeux sombres du balafré dardèrent un moment ceux de l'intéressant comme s'il tentait d'y lire quelque chose, puis il termina sa réplique en prononçant quelques mots d'une voix sentencieuse.

« Et un souvenir de votre part, un souvenir.... D'amitié ou d'amour, brisé, je vous le rendrais ensuite, mais je veux une partie de vous. Estimez-vous heureux, je vous laisse choisir. »

Marek retomba dans le silence, si l'autre refusait, il s'en irait sans plus de cérémonie, pas question de l'aider simplement pour retrouver un homme qu'il pouvait localiser lui-même. L'hostile voulait que l'intéressant accepte aussi à sa manière de sacrifier une partie de lui-même pour l'évolution, l'évolution de l'esprit du fou qui ne connaissait ni l'amour et l'amitié, mais désirait connaître la douleur éprouvée par une trahison. A prendre où à laisser, l'intéressant avait plus à perdre que lui dans cette affaire.

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MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyLun 8 Nov - 16:53

« On désire aider son prochain mais sans donner de sa personne.... Je vois. »

Les cicatrices du fou donnaient à son sourire une allure macabre, presque surréelle. À coup sûr, ce que je venais de dire était précisément ce qu’il avait compté me demander. J’avais déjà sacrifié beaucoup pour ce que je tentais de faire pour notre race, mais laisser un fou dangereux fouiller mon esprit à sa guise ne faisait tout simplement pas partie du genre de chose que j’étais prêt à faire. Trop risqué. Trop dangereux. À la fois pour moi et pour lui, comme pour tant d’autres personnes de ma connaissance. Trop de secrets enfouis, aussi. Je perçus sans difficulté sa légère déception due au fait que je ne voulais pas accepter cela, car je me doutais fortement qu’il n’y avait pas grand-chose d’autre – hormis mon esprit – qui pourrait intéresser un personnage tel que lui. Qu’avais-je à lui offrir, franchement ? Je n’en savais rien. La suite allait être intéressante, à tout le moins. D’autant plus que je savais qu’il n’était intéressé ni à m’aider pour le service que j’escomptais de sa part, ni face à la lutte que je menais farouchement. Il sembla réfléchir un moment, son visage aussi impassible qu’une statue, le regard vide et glacial, avant de reprendre la parole.

« Les journalistes de cette ville m'ont qualifié de monstre, de lycanthrope pour certains même.... Pourquoi un chien aurait peur d'un chat ? La nuit, tous les chats sont gris. »

Encore une métaphore étrange sortie de l’esprit du balafré. Pas si étrange, si on songeait à ce que je lui avais dévoilé, à savoir le nom de l’équipe spéciale d’Apocalypto, Bastet, nom venant directement de la déesse égyptienne à tête de chat. Il me disait clairement ne pas avoir peur de ces hommes, malgré le danger que je savais qu’ils représentaient. À dire vrai, je n’avais pas réellement peur d’eux non plus, disons juste que je savais ce qu’ils pouvaient faire et qu’ils avaient un moyen de neutraliser mon pouvoir, ce qui me laissait, je l’avoue sans honte, un peu démuni. C’était la raison pour laquelle j’avais dorénavant toujours avec moi ma canne-épée et mon revolver. Je tirais assez bien, oui, mais j’étais un maître d’armes avec une lame entre les mains et même une équipe d’Apocalypto armée jusqu’aux dents ne vaudrait pas cher face à moi et mon épée. Vantardise ? Peut-être, peut-être pas. Dans un cas comme dans l’autre, je ne ferais plus la bêtise suprême de sous-estimer mes adversaires, même les plus faibles. Les évènements survenus trois ans et quelque plus tôt m’ont appris une chose que tous mes entraînements, à la fois mentaux, physiques et toutes mes connaissances, ne pouvaient pas m’apporter. Ce que j’ai appris ? La modestie. J’étais déjà modeste dans bien des domaines, mais j’avais la fâcheuse tendance à avoir une estime de moi bien trop haute, ce qui m’a presque conduit à la capture. Non, désormais, j’ai une opinion beaucoup plus modérée de mon mérite et je suis encore plus prudent qu’auparavant, ce qui en dit long sur ce que j’ai appris. Je m’extirpais de mes pensées et revint à mon interlocuteur si étrange. Il semblait de nouveau plongé dans ses pensées, mais au bout d’un moment, je vis un changement dans son regard fou. Un léger sourire apparut l’espace d’un moment sur son visage avant qu’il ne parle. Un certain fanatisme transparaissait dans ses paroles, mais je n’aurais pu dire pourquoi.

« Il y a peut-être quelque chose l'intéressant.... Je m'étais mis en tête de le retrouver seul, mais peut-être que vous serez plus efficace, qui sait.... »

Et sans crier gare, il réduisit la distance nous séparant, levant une main vers moi. Je ne bougeais pas d’un pouce de ma position mais mon regard se durcit clairement et ma main gauche, celle à laquelle il manquait deux doigts, bougea légèrement vers l’avant, pointant le balafré. Un nouveau champ de force venait d’apparaître, créant une couche de protection supplémentaire face au pouvoir du fou. Je ne savais pas si ce serait assez, mais j’étais à peu près certain de pouvoir réagie avant qu’il ne fasse quoi que ce soit. Et une balle champ de force dans le crâne, ça l’arrêterait avec certitude. Il s’immobilisa, la main figée entre la distance courte qui nous séparait, m’observant avec un certain amusement. Il devait avoir senti la résistance de mon champ de force, résistance qui l’empêchait d’approcher plus encore. Il était assez prêt à mon goût. Son sourire d’ange réapparut et il reprit la parole, me demandant de lui faire confiance. S’il avait eu idée d’à quel point la mort l’avait frôlé quelques secondes auparavant, il aurait frissonné. Non, probablement pas, me dis-je pour moi-même. La douleur, la mort, ce genre de chose ne l’inquiétait visiblement pas. Absolument pas. Il serait mort, point à la ligne. Hors, il demandait que je lui fasse confiance, sur un ton moqueur qui me laissait de marbre. Je n’avais rien à prouver à ce type bon pour l’asile, mais j’avais saisi le sous-entendu. Je voulais son aide ? Je devais pour cela le laisser me toucher. Qu’avait-il en tête ? Encore une fois, je n’en savais strictement rien. Avec l’équivalent d’un haussement d’épaules mental, je fis disparaître le premier champ de force qui m’entourait, laissant mon armure souple en place. Le balafré avança sa main, paume dirigée vers moi. Je le dévisageais encore quelques secondes et je fis de même, forçant mon armure souple à se rétracter de ma main. J’étais toujours entouré d’elle, mais ma main pouvait maintenant entrer en contact direct avec celle du balafré. Presque aussitôt, un visage apparut dans mon esprit, celui d’un homme déguisé en Zorro, ce héros masqué du Mexique. Un visage que je reconnus malgré le masque. Le balafré rompit le contact entre nos paumes et mon armure souple reprit son entièreté.

« Trouvez-moi cet homme, et on verra.... »

Mon regard et mon visage restèrent de marbre. Rien ne laissa voir que j’avais reconnu l’homme qu’il cherchait. Mais pourquoi diable cherchait-il à trouver Blake Salazar ? Encore une coïncidence bizarre. J’allais commencer à y croire, à force. Entre tous les habitants de cette ville, il fallait que le fou cherche précisément un de mes alliés. Et pas n’importe lequel ! Celui ayant le plus de pouvoir, le plus de ressources et le plus de main d’œuvre ! Le chef de la Vouivre, une des organisations criminelles les plus puissantes des Etats-Unis, un hostile comme moi et l’un des trois hommes commandant les Mutants Hostiles actuels ! Rien de moins. Et il voulait que je le retrouve pour lui ? Ça pourrait presque être drôle si nous n’avions pas justement parlé de cela lors de notre réunion au sommet, comme j’aimais appeler notre rencontre. Ramon avait dit les choses très clairement : « Chez nous, quand y en a un qui déconne, on lui fout la pétoche à coups de taloche. On fait pire s’il comprends pas la leçon ou s’il nous trahit d’une manière quelconque. » C’était déjà très clair, mais le bras droit de Blake avait pris la peine de clarifier : « Tout ce qui a trait à nos discussions, à nos rencontres, à ce qu’on fait et à ce qu’on va faire, c’est secret. Quiconque en glisse un mot à quelqu'un en dehors des quatorze personnes qui discuteront dans cette pièce mourra de façon désagréable des mains de l'un d'entre nous. » Quoique… Est-ce que simplement mentionner le fait que je connaissais l’homme qu’il recherchait serait une trahison ? J’en étais là de mes réflexions sur cet épineux problème quand le balafré parla à nouveau :

« Et un souvenir de votre part, un souvenir.... D'amitié ou d'amour, brisé, je vous le rendrais ensuite, mais je veux une partie de vous. Estimez-vous heureux, je vous laisse choisir. »

Son ton était sans réplique et il retomba dans le silence, se contentant de m’observer intensément. Il me mettait la pression, cet enfoiré. Je savais que si je déclinais l’une ou l’autre de ses demandes, il disparaîtrait simplement dans la nuit, de la même façon dont il était arrivé. Je jetai ma cigarette au sol et l’écrasai d’un pied qui démontrait les sentiments qui m’habitaient. Ça ne me plaisait pas, ni l’un, ni l’autre. Je pourrais certes demander l’aide de Blake et de ceux de la Vouivre, voir même appeler O’brian, mais aucun d’eux ne pouvait fouiller les souvenirs comme le balafré. Amir pourrait probablement m’être très utile, avec son pouvoir d’Aura, mais vu son métier, je n’étais pas certain qu’il approuverait mes actes, même en étant avec la Vouivre. C’était des gens bien – de mon point de vue -, motivés et maître dans leur domaine, mais j’évoluais un étage au-dessus d’eux en ce qui concernait la violence et la brutalité. Ils seraient surpris de ce que j’avais fait par le passé pour arriver à mes fins et je ne tenais pas à leur mettre une trouille bleue pour le moment. Ils étaient utiles et le seraient encore plus par le passé, mais en me servant du balafré, les risques pour la Vouivre étaient quasiment nuls. Nous ne serions que deux à courir les risques et les risques étaient assurément plus grands pour moi que pour lui, dans le sens où une des cibles d’Apocalypto est un de mes amis. Je n’aimais vraiment pas ça, mais j’allais lui accorder ce qu’il voulait. Il avait intérêt à tenir parole et à m’aider, sans quoi il aurait à faire face à un problème de taille : moi.

Je restais silencieux un long moment, les yeux fixés sur le mutant qui me faisait face mais l’esprit en ébullition. Il voulait un souvenir d’amitié ou d’amour brisé ? J’allais lui en fournir un très spécifique. Un souvenir qui ne m’est pas très agréable mais qui me rappelait que je devais rester prudent en tout temps, même avec ceux en qui j’ai confiance. Mes paroles d’un moment plus tôt étaient donc en partie fausses, oui, mais pas tout à fait non plus. Vous ne comprenez pas ? Peu importe ; moi, je me comprends, et n’est-ce pas là le plus important ?

- Tiens, la balafré, fis-je en tendant ma main comme il l’avait fait auparavant, paume vers lui. Savoure-moi ça.

Je me concentrai avec application sur un seul et unique sujet de souvenir, quand je sentis le don du fou toucher mon esprit, s’insinuant dans mes souvenirs. Un frisson désagréable me parcourut. Des souvenirs qui portent, dans la banque de données de mon esprit, le nom de Mathis Benjamin. Cet homme fut, il y a une vingtaine d’années, quelqu’un que je considérais comme un ami et un allié fiable. C’était un mutant comme moi, doté d’un pouvoir lui permettant de créer à partir de rien un revolver tirant des balles perçantes. Je ne croyais pas que ses balles seraient capables de percer mes champs de force mais j’ai découvert que c’était le cas, et cela de la pire des manières. En un endroit du globe que je cachais de mon mieux au balafré, nous – ce qui inclus Chow, Mathis et moi – avions découvert une base d’anti-mutants et l’avons envahie. Chow se retrouva pris au premier niveau de la base souterraine, tandis que Mathis et moi avons réussi à descendre plus bas. Nous savions avec certitude que des informations sur d’autres mutants se trouvaient dans la base et nous tenions à détruire ces données, après avoir volé les données pour, peut-être, nous trouver de nouveaux alliés. L’ennui, c’est qu’alors que j’étais entouré d’une dizaine de cadavres, et que je faisais face à trois types portant des armes automatiques, de simples gosses d’à peine vingt ans jouant au soldat, dont même les crânes rasés n’arrivent pas à faire oublier la douceur de leurs traits, ni la peur dans leurs yeux, Mathis m’a trahi. Pourtant, durant les trois années précédentes, nous avions travaillé ensemble et rien, absolument rien, n’avait laissé croire que Mathis nous trahirait…

La première balle m’arrache un bout de peau à l’épaule, traversant mon armure souple comme si elle n’existait pas. Mes réflexes étaient à leur maximum en ce temps-là et je l’avais vu pointer son arme mutante vers moi et j’avais tenté de l’esquiver. Pas assez rapidement, apparemment. La deuxième déchire les muscles de ma cuisse droite et dénude les os. Je m’effondre au sol en lâchant un juron, levant la main pour créer un champ de force. La troisième me transperce la poitrine et ma main retombe, sans force. Je m’effondre.

Je suis un costaud. L’effort physique m’a endurci, et la vie auprès de Chow m’a gardé en forme. Mon pouvoir me rend virtuellement invulnérable face à presque tous les dégâts physiques et contre une bonne partie des pouvoirs mutants physiques. Parfois, cependant, je tombe sur plus dangereux que moi. Mathis était dans cette équipe limitée et m’avait très bien caché son jeu. C’est ce que je pense tandis qu’il me surplombe, hilare, avec ses trois copains chauves. Je sens mon sang couler, mes blessures me brûlent. Même le souvenir de mes doigts arrachés par un de mes champs de force n'est rien comparé à la souffrance qui étreint ma poitrine, et contraint mes poumons à lutter pour chaque respiration. J'ai la désagréable impression que tous mes nerfs sont en feu. Je ne sais pas si je vais tenir encore longtemps. Mathis pointe son arme vers ma tête.

Je vais mourir…

Cette pensée me frappe tandis que je contemple le canon de l'arme.

- Pas maintenant, dit une voix que je connaissais parfaitement, alors que les ténèbres m'engloutissent. Et pas ici.

Lorsque j’ai rouvert les yeux, je ne voyais rien au début. Et lorsque mes yeux ont consentis à ajuster, je me suis rendu compte que j’étais sur un lit de camp et mes blessures étaient pansées. Chow Watanabe, mon mentor et ami, le seul en qui j’ai totale confiance en ce monde, était assis au pied du lit. Il est occupé à nettoyer la lame de son katana avec un chiffon humide, chiffon qui est imbibé de sang. Il m’expliqua qu’il était arrivé à temps pour me sauver et qu’il avait gardé Mathis vivant assez longtemps pour lui demander les raisons de ses actes. Il avait fait ça parce que les anti-mutants lui avaient assurés l’immunité dans leur pays en échange de son aide pour stopper nos actes, à Chow et moi. Si Chow avait été retardé… je serais mort.

Mon champ de force reprit sa forme complète, recouvrant ma main et rompant le contact avec le balafré. Ce souvenir serait-il à son goût ? Je n’en savais rien et pour être franc, m’en fichais un peu. Je n’avais pas aimé le sentir parcourir mes souvenirs reliés à Mathis Benjamin et je n’étais pas prêt à recommencer l’expérience prochainement. Je fis craquer les vertèbres de mon cou et mon regard glacial se braqua dans celui tout aussi froid – et fou – de mon interlocuteur. Restait un sujet à régler. Un sujet qu’il valait mieux régler en face à face, façon de parler, bien entendu.

- Quand à celui que vous recherchez, fis-je en écrasant ma cigarette sous mon talon, je vais vous laisser directement lui parler, ce sera plus simple pour tout le monde.

Je mis une main dans ma poche et en sortis un autre cellulaire que celui qui contenait toujours les photos, un cellulaire spécialement fabriqué et préparé par l’expert en communication de la Vouivre, ce cher Wizard. Chaque membre de notre groupe en possédait un et ceux-là sont complètement protégés et sécurisés. Je pressais deux touches et le numéro de Blake se composa automatiquement, sans pour autant apparaître sur l’écran.

- Tenez, le balafré, parlez à Zorro.

Je tendis le cellulaire au balafré, lui offrant un sourire à la fois amusé et ironique, et m’éloignait légèrement de lui pour aller m’adosser à la clôture en bois qui se trouvait non loin. Je pris une nouvelle cigarette, tirant quelques bouffées. Il me fallait juste espérer que Blake et le balafré ne parleraient pas pendant des heures. En tout cas, voir le visage du fou lorsque je lui avais tendu le téléphone valait son pesant d’or !

La sonnerie résonna deux fois dans l’oreille du fou et avant que la troisième ne se fasse entendre, le déclic se fit à l’autre bout. Et la voix du chef de la Vouivre, Blake Salazar, se fit entendre :

- Jared ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

Assurément, le fou reconnaîtrait la voix de Blake s’il l’avait réellement rencontré. Sinon… et bien, tant pis.


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MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyMar 9 Nov - 11:14

L'intéressant jeta sa cigarette sur le sol, et tandis qu'il l'écrasait d'un pied rageur, un léger sourire se dessina sur les lèvres cicatrisées du balafré qui trouvait plutôt amusant de constater à quel point certaines questions pourtant très simples, pouvaient mettre une personne aussi puissant que le barbu mal à l'aise. Marek n'était pas stupide, il l'avait déjà prouvé au cour de leur discussion, et il sentait bien que quelque chose dans sa demande le dérangeait, encore le souvenir, c'était compréhensible, il n'y avait rien de très agréable à se dévoiler de la sorte à une personne que l'on considérait comme « folle ». Mais le masqué, le télépathe qui avait clairement attaqué le balafré à la fête, car ce dernier avait prit la tentative du Zorro comme une attaque pure et simple à son égard et n'avait pas du tout apprécié cela, et bien ce masqué, il n'y avait aucune raison pour l'intéressant de traîner les pieds à le retrouver. L'américain pencha légèrement la tête sur le coté alors qu'il dardait son interlocuteur de ses pupilles sombres comme l'ébène, avec ce que le barbu avait dit juste avant, il lui aurait été facile de prendre contact avec un de ses « amis » pour localiser ce mutant avant de transmettre l'information au balafré. La seule raison que ce dernier voyait donc clairement, qui pourrait expliquer pourquoi est-ce que l'intéressant rechignait à lui donner une telle information, c'est qu'il savait qui était le masqué télépathe, et qu'il n'avait pas envie de donner d'information pour une raison lambda. Celle-ci pouvait être parce qu'ils étaient alliés, stupidement amis, ou tout simplement parce que l'intéressant craignait cet homme comme Marek avait constaté que la grosse faiblesse de son interlocuteur semblait être les dons psychiques. Tout un tas de possibilités que le fou n'avait pas envie d'explorer, si l'intéressant n'était pas capable de lui fournir ce qu'il demandait, et bien ce serait tant pis pour lui, le trentenaire n'avait pas pour habitude d'offrir son aide pour simple geste de bonté, il en faisait suffisamment en dispensant son apprentissage gratuitement aux brebis de cette ville de pêcheurs.

L'autre avait son regard émeraude plongé dans celui son interlocuteur qui ne semblait pas dérangé par ce regard insistant, et soudain la voix profonde du barbu à la canne s'éleva alors qu'il tendait la main, disant au « balafré » de savourer ce souvenir, et un sourire se dessina sur les lèvres du concerné lorsqu'il comprit que l'une de ses demandes était acceptée. L'évadé tendit donc la main pour que leurs paumes entrent en contact, et il insinua son don dans l'esprit dans l'autre qui ne devait pas trop apprécier la manœuvre. Marek était un homme fou, il aurait pu profiter de cet instant pour chercher plus loin dans l'esprit de l'intéressant, mais même considéré comme malade, il conservait un brin de loyauté, et dans son cas, cela se bornait au fait de respecter sa parole, ainsi s'il n'avait demandé que cela, le fou ne prendrait que ça. Un souvenir apparut très facilement, poussé à la surface par l'intéressant certainement, et celui-ci ne se priva pas de l'analyser et le visionner avec calme de manière à ressentir tous les sentiments qui y étaient liés. Un visage apparut, celui de l'homme en face de lui que l'hostile reconnut lorsqu'il passa devant un vitre, il y avait un autre homme avec, et le souvenir d'un troisième resté au premier niveau arriva aussi. Le barbu était entouré de plusieurs cadavres, face à ce que le balafré analysa comme étant des militaires, il ressentit les souvenirs de l'intéressant qui avait constaté que ce n'était encore que des gamins, et soudain, une trahison, une douleur à l'épaule et une surprise de la part de la cible. L'armure souple, comme l'intéressant semblait appeler son don, avait été traversé comme du beurre, c'était le prénommé Mathis qui avait porté cette attaque, un mutant que l'autre considérait comme son ami. Deux autres tirs, le barbu avait été touché très gravement avant de tomber sur le sol sans parvenir à reformer son champ de force, et servit de cible d'entraînement à celui qu'il considérait comme son ami et aux trois gosses rasés. La douleur bientôt, enivrante alors que la mort caressait la joue de l'intéressant, ses membres le tiraillaient pendant que la vision de « Mathis » en train de pointer son arme sur le visage du barbu, se dessinait comme dans un rêve, une simple pensée de mort, puis soudain tout changea.

Une voix que Marek ne connaissait pas, mais qui dans le souvenir lui apparut comme très familière, le noir céda la place à un visage asiatique penché sur le blessé qui avait été soigné. Tout de suite, le balafré sentit l'amitié et la dévotion que son interlocuteur ressentait à l'égard de cet homme, tellement que ça le rendait presque malade. Le prénommé Mathis avait visiblement été tué par ce Chow, qui avait apprit de la bouche du concerné qu'il avait obtenu une immunité de la part d'un groupe contre les mutants, et qu'en échange il devait trahir ses amis. L'arrivée de l'asiatique avait sauvé l'intéressant qui rompit soudain le contact comme son interlocuteur quelques instants auparavant, faisant craquer les vertèbres de son cou alors qu'il ne quittait pas le balafré de son regard. Ce dernier avait replacer sa main dans se poche, il avait presque l'air d'une personne normale à ce moment, si ce n'était les balafres qui marquaient son corps, et son regard fou où l'on lisait clairement qu'il n'était pas comme les autres. Le silence fut à nouveau coupé par la voix du barbu qui aborda le sujet de celui que Marek recherchait, et après avoir écrasé une nouvelle sèche sous son talon, l'intéressant déclara au fou qu'il allait le laisser parler directement au concerné. Mettant une main dans sa poche, le barbu tire un autre téléphone sur lequel il pressa sur les touches avant d'annoncer à l'américain qu'il pouvait parler à Zorro, et lui tendit l'appareil avec un sourire à la fois ironique et amusé. Le regard de jais de l'évadé se plissa un moment comme s'il se méfiait de ce que l'autre pouvait lui préparer, puis il se dit que finalement c'était peut-être bien ce qu'il avait imaginé au début, un collègue ou une connaissance de l'homme à la voix profonde. Encore une fois, l'hostile constata que sa logique lui donnait souvent raison, et il attrapa donc le cellulaire en regardant l'autre s'éloigner en direction d'une clôture non loin de là, puis il le plaça à son oreille. Marek n'aimait pas ce genre d'appareils, ils ne lui permettaient pas de pouvoir tâter l'esprit de son interlocuteur, mais s'il voulait vérifier que l'autre ne s'était pas joué de lui, il était bien obligé de passer par là. Un bip, deux bip, puis soudain une voix que l'hostile reconnue immédiatement comme étant celle du Zorro qui avait gâché sa fête et qui demandait à un certain « Jared » ce qu'il pouvait pour lui. Jamais les deux hommes n'avaient échangés leurs prénoms, et bien que le fou avait entendu celui de l'intéressant dans l'esprit de la jeune fille qui l'avait mené ici, il ne l'avait pas retenu. Un bref moment de silence avant que la voix du fou ne s'élève, doucement et étrangement amusé.

« Toute recherche d'un héros doit commencer par ce qui est indispensable à tout héros : un ennemi. »

Encore l'une des paroles obscure dont il avait le secret, Marek ne se fatigua pas à attendre la réponse de l'autre, il referma le téléphone avant de tourner son attention vers l'intéressant qui s'était éloigné pour prendre appuis contre sa barrière. Sa phrase cachait pourtant un véritable sens caché, que l'autre ne pourrait certainement pas comprendre puisqu'ils s'attendait à parler à son ami et non un fou. Marek faisait référence à son costume de héros masqué, entendant qu'il s'était fait un ennemi en cherchant à sauver cette jolie demoiselle. On ne joue pas les héros sans se faire d'ennemis, il avait joué les héros en cherchant à porter secours à la brebis égarée, et en échange celui qu'il avait attaqué n'apprécierait pas cette tentative. L'hostile fit quelques pas dans sa direction, s'arrêtant à une distance respectable pour eux deux, puis tendit l'appareil à son propriétaire alors que ses yeux d'ébènes ne quittaient pas le visage de l'autre. Il avait tenu sa promesse en lui donnant à la fois un souvenir de trahison de sa part, et il avait localisé l'homme que l'autre lui avait demandé de retrouver. Certes, le balafré aurait préféré le voir en chair et en os, mais il y avait visiblement certaines dissemblances sur leur vision des choses. Quoi qu'il en soit, l'intéressant avait respecta sa part du marché, le fou n'était pas du genre à jouer sur les détails, et c'était donc à son tour de remplir sa part, même si très franchement, ça ne l'intéressait pas plus que ça. C'était un homme fou, mais un homme de parole.

« Pourquoi cela ne m'étonne pas que ce héros vengeur soit votre ami. »

Ce n'était pas une question, simplement une remarque, en plus il s'était permis de le qualifier d'ami alors qu'il n'en était pas sûr. Mais quelle raison pour le héros d'appeler l'intéressant par son prénom s'ils n'étaient pas amis ? Les personnes « normales » semblaient porter une grande importance aux prénoms, Marek en possédaient deux qu'il avaient intervertis au moment de se renaissance, mais personne ne les connaissaient, sauf peut-être les autorités, mais c'était le dernier soucis du balafré. Après que l'autre ait récupéré son téléphone, Marek glissa une nouvelle fois sa main dans sa poche comme si de cette manière il mettait fin à la partie du contrat que son interlocuteur devait remplir. Un petit moment de silence avant que la voix avec le fond de folie, familière au fou, ne perce à nouveau le silence de la nuit, d'un ton toujours aussi posé.

« C'est moi que l'on traite de fou, mais il ne faut pas être normal pour aimer se faire trahir et éprouver cette tristesse à la trahison d'un autre, et de prendre le risque de se refaire des 'amis', pour être à nouveau trahi. Pas que ça me dérangerait personnellement. »

Oui c'était vrai, Marek lui s'en ficherait comme d'une guigne d'être trahit, après tout d'un autre coté ça apporterait douleur et tristesse, ce qu'il aimait le plus au monde, mais sa vision des choses n'était pas forcément celle de tout le monde, au contraire. Il n'arrivait pas à comprendre quelque chose, les humains et les mutants qui se jugeaient comme étant « normaux » étaient des personnes qui n'aimaient pas la douleur, la tristesse, la souffrance, et pourtant ils s'obstinaient tous à essayer de se faire de nouveaux amis, de nouveaux amours, sachant pertinemment que ça allait les faire souffrir un jour où l'autre. Le seule remède à la trahison, c'était la solitude, ainsi, si Marek avait été un adepte de la normalité et qu'il avait eut l'idée stupide de ne pas aimer la souffrance, il aurait tout simplement banni les relations sociales de son vocabulaire et de sa vie quotidienne. Mais les autres étaient tous trop exigeants, ils voulaient le bonheur la joie, et les amis, alors que les deux n'allaient pas de paire. Il ne comprenait pas la manière dont le cerveau des personnes « normales », fonctionnaient, et ce genre d'analyse ne faisait que confirmer son idée finale, que sa manière d'analyser les choses et de penser était bien une évolution de l'esprit de base, et non une dégénérescence. Une petite pause alors qu'il était aussi immobile qu'une statue et que ses yeux sombres étaient plongés dans ceux de son interlocuteur, puis il reprit la parole d'un ton toujours aussi étrange qui devenait sa marque de fabrique à force.

« Vous avez aussi évolué, à votre manière. »

Il faisait référence à la douleur que l'intéressant avait subit, la mort avec laquelle il avait flirté, comme le fou, sauf que lui gardait un bon souvenir de cette évolution éclosion, et non un souvenir de trahison. L'intéressant devait certainement attendre que son interlocuteur se décide à lui répondre en lui offrant son aide, mais ce n'était pas la manière de faire de l'hostile. Il avait bien entendu donné sa parole, et il la respecterait sans problème, mais demander clairement au barbu à la canne ce qu'il devait faire, n'était pas vraiment très approprié. L'évadé observa une dernière fois son interlocuteur avant de finalement prendre la parole une dernière fois.

« A moi de remplir ma part du... marché. »

Il retomba dans le silence comme s'il attendait une quelconque indication du barbu, et c'était le cas. L'intéressant lui avait dit qu'il avait besoin de son aide, mais sans préciser exactement pour quoi, Marek avait échafaudé quelques idées mais sans s'embêter, il ne voyait pas de raisons de fatiguer son esprit à réfléchir alors que la réponse de l'autre allait normalement lui donner entière satisfaction.

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MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyDim 14 Nov - 3:10

« Toute recherche d'un héros doit commencer par ce qui est indispensable à tout héros : un ennemi. »

Ainsi, comme je l’avais supposé, Blake avait bel et bien rencontré l’évadé de la ville. Où et dans quelles circonstances, je n’en avais absolument aucune idée, mais ce qui était clair, en revanche, c’était que le chef de la Vouivre ne s’était pas fait un ami. Tout le contraire en fait, si je me fiais aux paroles du balafré. [ MISSION ] Houston, vous avez un problème, [ MISSION ] comme disait l’autre. Ouais, Blake avait un problème supplémentaire sur les bras : un fou complètement débile. Ça me fit penser à une réplique d’un film, même si je ne me rappelais pas le titre du film en question : [ MISSION ] «Maman disait toujours : la vie c'est comme une boite de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber… » [ MISSION ] Tellement vrai quant on y réfléchir un peu ! Le balafré referma aussitôt le cellulaire et reporta son attention sur moi avant de s’approcher, arrêtant ses pas à une certaine distance. Comme moi, il semblait vouloir garder un espace entre nous deux, que ce soit par prudence ou par simple respect. De toute façon, nous savions tout deux que nos pouvoirs pouvaient affecter l’autre même à cette distance. Il me tendit le téléphone, qui retourna d’où il venait, à savoir dans une des poches de mon manteau. Un fin sourire apparut sur mon visage, signe de mon amusement. Le balafré n’était pas stupide et comprenait certainement que je m’étais joué de lui d’une certaine manière. Sa demande impliquait une rencontre en face à face avec Blake, mais c’était hors de question pour moi, alors je lui avais offert une alternative. Alternative qui, je l’espérais, serait suffisant aux yeux de l’autre mutant pour clore notre accord.

« Pourquoi cela ne m'étonne pas que ce héros vengeur soit votre ami. »

Mon sourire s’accentua et un léger rire s’échappa de ma bouche. Imaginer Blake en héros vengeur était amusant, mais connaissant le chef de la Vouivre, ce n’était pas loin de la vérité néanmoins. Étions-nous amis ? Non, je ne le voyais pas comme tel, ni lui, ni ses hommes. Nous étions partenaires pour accomplir un but supérieur, plutôt. Oui, c’était cela : partenaires. Je voyais bien que le balafré ne comprenait pas et ne comprendrait jamais ce que le terme allié voulait dire à mes yeux. Des outils supplémentaires pour atteindre mon but, soit la suprématie mutante. De toute façon, il se fichait également de ça, alors à quoi bon tergiverser sur le sujet ? Inutile. Ça ne méritait même pas de réponse.

« C'est moi que l'on traite de fou, mais il ne faut pas être normal pour aimer se faire trahir et éprouver cette tristesse à la trahison d'un autre, et de prendre le risque de se refaire des 'amis', pour être à nouveau trahi. Pas que ça me dérangerait personnellement. »

Aimer se faire trahir ? Non, je n’ai jamais aimé cela. Ça ne m’est arrivé qu’une fois, avec Mathis et j’ai appris la leçon. Toujours garder une part de secret, c’est capital chez les Hostiles. Trop s’ouvrir aux autres mène directement à l’abattoir et j’ai trop souvent frôlé la mort pour courir le risque d’être trahi une seconde fois. Ceux du Powerhaus ne savent pas tout sur moi, hormis Allan et son fichu pouvoir de vérité, et c’est aussi bien pour eux comme pour moi. Oh, ils savent que je suis un mutant hostile, ils savent aussi, depuis que Rachel s’est retrouvée prise dans l’assaut du bâtiment du gouvernement, que je suis le Second des Hostiles, et que j’occupe par conséquent un poste important, mais c’est tout. Ils ne savent rien de mes plans – si l’on exclut les rumeurs qui courent sur les Hostiles – et je n’ai aucunement l’intention de le leur faire savoir. Quant à Blake et ses hommes, ils font partie intégrante de mes plans, comme moi des leurs, et leur situation est trop semblable à la mienne pour que j’ai quoi que ce soit à craindre de leur part. Le balafré ne comprendrait jamais cela, tout comme il ne comprendrait jamais les raisons qui me poussent à combattre pour mes semblables. Un type a un jour dit : « La Liberté, au cas où vous l’auriez oublié, est le droit de l’âme à respirer. Quand elle ne peut pas respirer à fond, c’est que les lois sont trop étroites. Sans la liberté l’homme est une syncope. » Tout à fait vrai comme réplique et j’approuvais entièrement. Dans ce cas précis, ça s’appliquait aux mutants. Le balafré, lui, était un homme à part, vivant selon ses propres règles et son propre code de vie. On pourrait presque dire de lui qu’il vit sur une autre planète. Une planète où la douleur et la souffrance sont rois. Il n’a jamais connu ce qu’un ami ou un allié peut apporter de bon dans la vie, même en tenant compte du négatif qui fait partie intégrante de toute relation. Il ne le comprendrait jamais, même si je perdais mon temps à tenter de le lui expliquer.

« Vous avez aussi évolué, à votre manière. »

Lui et ses remarques étranges ! À coup sûr, il faisait référence à la douleur, la tristesse et la souffrance. J’en avais eu mon lot durant ma vie, beaucoup plus que la plupart des gens dits normaux. Notre façon de voir les choses était trop différente pour que nous parvenions réellement à une entente mutuelle, mais un compromis était peut-être possible. Les mains dans les poches, il m’observa une nouvelle fois et déclara que c’était à son tour de remplir la part de notre marché. Le silence retomba à nouveau et je savais que le balafré attendait de moi que je lui dise ce qu’il devait faire pour être libéré de notre accord. J’allais le faire, mais je devais faire deux choses tout d’abord.

- Tout le monde évolue, mais pas au même rythme ni de la même manière, dis-je, en référence à sa phrase d’un moment plus tôt. Laissez-moi quelques minutes et je vous explique pourquoi j’ai besoin de votre assistance.

Je pris à nouveau mon cellulaire et recomposai le numéro de Blake. Il décrocha aussitôt et avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, je lui expliquai en quelques mots la situation, c'est-à-dire que j’étais sain et sauf et que l’appel du balafré faisait partie d’un deal passé avec lui. J’ajoutai, avant de raccrocher, que je le rappellerai bientôt pour discuter plus amplement. Un regard vers le balafré et je dis quelques mots à son intention, histoire d’expliquer la situation, même s’il s’en ficherait probablement.

- Pour éviter qu’il envoie ses hommes à vos trousses.

Moi, par contre, je savais ce qui l’aurait attendu si je n’avais pas appelé : une traque puis une mise à mort terriblement douloureuse. Les hommes de Blake – et Blake lui-même – ne sont pas des enfants de chœur. J’imagine que le balafré aurait apprécié, au final… Je composai ensuite un autre numéro et Fernando Sarina, alias Wizard, décrocha lui aussi dès la première sonnerie. À coup sûr, Blake l’avait contacté en premier, histoire de savoir ma position. Car oui, bien qu’étant totalement intraçable par tout autre que Wizard, le petit bijou technologique que je tenais contre mon oreille comportait une puce GPS qui permet de retracer chacun d’entre nous peu importe où il se trouve. Fabriquées par Wizard, ces puces ne sont traçables que par lui et nul autre. Vu l’appel étrange, Blake devait avoir pensé que je m’étais fait avoir, capturé ou tuer, allez savoir. Ce qui était hautement improbable, je l’admets, mais il avait donc demandé à Fernando de me retrouver via le téléphone.

- J ! Tout va bien ? fait-il dès qu’il décroche.
- Tout est parfait, Wizard, que je rétorque en retenant un fou rire en remarquant l’inquiétude qui perce dans sa voix. S’il me perd, il perd un sacré paquet d’argent et s’il y a une chose que Fernando Sarina aime plus que son pouvoir et les ordinateurs, c’est bien l’argent. J’ai besoin d’un service. Je vais te contacter sur un autre cellulaire et je veux que tu me déniches tout ce que tu peux : derniers appels, trucs cachés, bref tu fais ce que tu fais le mieux. Ton numéro ?

Je sortis le deuxième téléphone portable, celui ayant appartenu à un agent d’Apocalypto et composai dessus le numéro qu’il me donna. Je ne pris pas la peine de mettre le téléphone à mon oreille, sachant pertinemment qu’il me recontacterait dans peu de temps avec celui qui est sécurisé. Ce dernier, je le refermai et remis dans ma poche. Nouveau regard au balafré, dont je discernais l’impatience, même s’il la cachait vraiment bien.

- Ça ne devrait pas être trop long.

Le téléphone sécurisé sonna pile cinq minutes plus tard et je décrochai aussitôt. J’avais hâte de me mettre en chasse.

- Alors ?
- Alors rien, ‘‘J’’.
- Tu n’as rien pu en tirer ?
- C’est un téléphone jetable.
- Et puis ?
- Cela signifie qu’il ne nécessite aucun abonnement, ni contrat d’utilisateur. On paye en liquide, on achète un nombre fixe d’unités et il se connecte à l’un des réseaux au hasard en fonction de l’antenne la plus proche. On ne peut pas interroger une compagnie précise comme Verizon ou AT&T pour obtenir le détail des communications. Complètement anonyme et impossible à tracer. Le modèle type utilisé par les truands.

Son ton est froid. Didactique.
- Et les photos ?
- Je ne sais pas d’où elles proviennent. Soit on les a pris avec ce téléphone, soit plus probablement quelqu’un les a envoyés. Le journal d’appel a été effacé. J’ai analysé les fichiers : chacun porte la même date de création, ce qui ne nous apprend rien, à part que les quatre photos sont apparues en même temps sur l’appareil. Elles ont pu être envoyées par un autre téléphone ou bien transférées via un ordinateur, une clé USB, une liaison Bluetooth… On ne trouvera pas l’origine.
- Alors tu n’as rien pu faire. Tu connais ma politique, Wizard…

Et il éclate alors de rire à l’autre bout du téléphone. Ouais, j’aurais dû me douter qu’il me jouait un de ses tours à la con.
- Je blague, ‘’J’’, bien sûr. J’ai pas pu m’en empêcher ! J’ai l’origine du dernier appel : 202 rue de la Savane. Reçu sur un téléphone fixe.
- C’est mieux, Wizard. Beaucoup mieux. Et les photos ?
- J’y travaille encore, ‘‘J’’, je te reviens là-dessus.

Wizard raccroche sans s’embarrasser de politesse, mais je suis habitué à ses excentricités. Après tout, un type qui ne sort de chez lui qu’une fois par semaine en moyenne finit assurément par devenir un peu bizarre. Mais bon, tant qu’il restait aussi doué dans son domaine, nul ne trouverait à y redire. Et quoi qu’on dise, il ne ressemblerait jamais au balafré avec qui je me trouvais présentement. Je me tournai vers ce dernier et lui annonçai ce que j’attendais de lui.

- Nous allons nous rendre à une adresse précise et investir les lieux. C’est la phase un. La deux consiste, une fois à l’intérieur, que vous me disiez lequel des hommes qui seront présents est le chef. Les autres, vous pourrez en faire ce que vous voulez, ou vous me laisserez les tuer, au choix. Ça vous convient ? Deux services contre deux services, peut-être un bonus pour vous si j’apprécie votre travail.

Réponse courte du balafré, comme d’habitude, et sourire amusé de ma part. Je lui fis signe de me suivre sur la route d’où je venais. Nous avons pris ma moto, même si le balafré sembla réticent, et sommes repartis vers la ville. La rue de la Savane se trouvait être une des rues du quartier industriel, où il n’y avait – à ma connaissance – que des usines, des terrains vagues et un garage. Je garai ma moto au début de la rue et nous marchâmes le reste du chemin jusqu’à notre destination.

Le 202 était une unique structure d’un étage en briques, mais dont la devanture semblait faite de structures préfabriquées diverses, comme si on l’avait réparé en volant des bouts de murs à d’autres bâtiments. Étrange. Situé sur une dalle de béton, le bâtiment se trouvait a milieu d’un paysage désertique parsemé de quelques bruissons moches, le tout entouré d’une clôture grillagée qui devait avoir connu des temps meilleurs. Une douzaine de voitures anonymes étaient garées à l’arrière de l’installation. Avec son apparence délabrée et sa sécurité inexistante, l’endroit aurait pu être une garderie pour gamins – sans les cris de ces mioches. Une antenne radio s’élevait à l’abri du bâtiment et il y avait une parabole qui ressemblait à une antenne télé. Une planque à coup sûr. J’allais demander au balafré ce qu’il en pensait quand j’entendis une porte claquer et un bruit de pas précipités. Je vis une ombre passer sous la clôture en un endroit où elle était un peu surélevée. Il avait du nous voir et essayait de se faire la malle. Pas très courageux, ce type d’Apocalypto… À moi qu’il n’en soit pas un et soit tombé d’une manière quelconque sur les images. Un informateur ? Ouais, possible. En attendant, il se sauvait comme un malade. Pas ce soir, mon grand, et pas avec moi dans les parages !

Laissant le balafré en plan, je pique un sprint le long de la clôture, prenant le fuyard en chasse.

*
* *

Adam Brand jeta un regard par-dessus son épaule. Drogué au speed comme il l’était, il n’avait pas dormi depuis trois jours : il était fatigué, effrayé et un mélange des deux. Il tricotait des jambes et des bras selon un rythme décousu. Il avait beau aller au fitness, il n’était pas préparé à ça. Les types de l’organisation lui avait pourtant dit de faire gaffe et de ne pas se servir du téléphone, mais il ne les avait pas écouté. Jack Brand était son frère, après tout et il avait bien le droit de parler à son frère, non ? Même si son frère faisait partie de cette organisation mystérieuse ! Et là, il se retrouvait pourchasser par un type et il ne savait même pas pourquoi !

- Reculez ! Je vais tirer ! cria-t-il à l’autre, qui gagnait du terrain. Il sortit son arme, un vieux six coups qu’il pointa vers le visage de l’autre…

*
* *

Bang !
La balle s’est écrasée sur ma joue, à peine un pincement à travers l’armure souple, et est tombée au sol. La fureur que j’ai ressentie plus tôt remonte aussitôt en moi, de loin, très loin, du tréfonds de mon être, tel le bruissement d’une course automobile, un grondement qui n’augure véritablement rien de bon. Souffle coupé, j’essaye de garder mon calme, mais ça ne sert à rien. L’impact de la balle ne m’a pas ralenti et je l’ai touché : on aurait juré qu’un semi-remorque coupable d’un excès de vitesse percutait une voiture Reva quasi à l’arrêt. BAM ! Le type tomba, roulant-boulant dangereusement sur la pente. Je restai debout malgré le choc, ne perdant même pas l’équilibre. Ça, c’était le bon côté de la chose.

La calamiteuse cabriole du fuyard s’arrêta pour finir au bout de vingt mètres. C’est alors qu’il commit sa plus grosse erreur… il se remit debout ! Je lui tombai dessus la seconde d’après. Je lui suis rentré dedans comme j’en mourais d’envie, allez savoir pourquoi. Mano à mano avec ce salopard.

Je lui filai un direct du droit sur l’arête du nez. La perfection ou presque. Un craquement sonore suivit par un hurlement prouva que je le lui ai assurément brisé. Il toucha terre du genou… mais se releva une fois de plus. Hier encore, athlète. Hier encore, un dur à cuire. Un bel enfoiré, aujourd’hui. Son nez était tordu. Joli travail. Je lui ai balancé un uppercut au creux de l’estomac, enfin, plutôt une légère claque qui eût le même effet. Et ça m’a tellement plu que j’ai remis ça. Je lui ai enfoncé une nouvelle droite dans le vide, qui s’assouplit sous le choc. Puis un crochet bien vif et bien dur – pour lui du moins – à la mâchoire. Nouveau craquement. Je reprenais des forces. Même pas mal grâce à mon armure souple !

J’ai expédié une pichenette du doigt sur son nez cassé. Il a gémit. Génial ! Je l’ai frappé du doigt à nouveau, amorcé un coup de pied circulaire, l’ai cueilli au menton. Mal dosé ma force, aussi. Les yeux bleus ciel du type ont chavirés tandis qu’il décollait du sol comme un missile. Tombant dans les pommes au moment du décollage – heureusement pour lui ! – il a terminé son vol face première dans une flaque de boue. Mort ou vif ? Je n’en savais rien et je m’en fichais comme de l’an quarante. La boue, son milieu naturel. Néanmoins, j’avais besoin de lui, alors je pris la peine de le retourner sur le dos pour qu’il ne se noie pas. Il respirait : tant mieux.

J’entendis des pas dans mon dos. Je tournai la tête vers le nouvel arrivant, sourire aux lèvres. C’était le balafré.

- J’espère que t’as pris des notes ! je lui lance, hilare. Cette petite baston m’a fait un bien fou, c’est hallucinant.

Je tire le type à l’écart de la flaque et lui assène un, deux, trois claques sur la gueule avant qu’il daigne rouvrir les yeux. Il a son propre flingue sous le nez et deux types qui ont clairement l’air dangereux sont près de lui. De quoi flipper un peu, non ? À voir ses yeux écarquillés par la peur, il ne doit pas être habitué à ce genre de situation. Donc, ce n’est pas un type d’Apocalypto. Qui est-ce ?

- Hey, Monsieur Souvenir, que je lance au balafré, fouille sa cervelle et dis-moi ce qu’il sait. Absolument tout.

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Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Vide
MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyLun 15 Nov - 12:38

L'intéressant déclara au fou que tout le monde évoluait mais chacun à sa manière, certes, Marek ne pouvait nier une telle évidence, même pour un esprit « malade » comme le sien, disons simplement qu'il se trouvait être d'un avis légèrement différent sur le fait que ces évolutions soient réellement efficaces. Certains s'imaginaient pouvoir devenir meilleurs en s'aidant simplement d'une petite douleur, voir même d'aucune, mais comment espéraient-ils y parvenir ? Avec le temps et l'expérience, en se servant de son expérience et de celle de ses élèves, le balafré avait constaté que l'évolution était à la hauteur de la souffrance éprouvée pour y parvenir, en résumé, plus on souffrait, plus on devenait puissant après l'éclosion. Le souvenir d'un élève qui avait survécu au test, lui revint à l'esprit, un homme, trentenaire, à peine plus âgé que lui à l'époque, l'Américain l'avait mis à l'épreuve et il devait choisir entre sacrifier l'un de ses bras ou mourir. Il avait sans hésité attrapé le hachoir de boucher pour se couper le bras sans plus de cérémonie, après avoir prit soin de se faire un garrot bien entendu, cet élève avait survécu, et il était à présent le patron de l'une des boites les plus populaires de la ville. Il avait aussi abandonné tout ces anciens tracas pour fonder sa famille, pas exactement le genre de vie que l'hostile aurait imaginée, mais chacun prenait conscience de son bonheur à sa manière, et le but principal de l'évadé restait de faire comprendre aux gens la valeur de la vie, rien d'autre, après, le reste était entre leurs mains. C'était donc le souvenir de cet homme qui berçait des fois le fou dans ses moments d'agacement, rares mais existants, ou tout du moins, les souvenirs de cet homme et non son visage. Marek serait parfaitement incapable de le reconnaître s'il le croisait dans la rue, alors que sa brebis égarée le pourrait, et pourtant, jamais son élève n'avait fait de portrait robot de sa personne comme le lui avait demandé les policiers. Un hasard, la compréhension inattendue d'un esprit « normal » ? Allez savoir, les résultats était là toutefois.

L'intéressant avant parlé en lui disant qu'il devait lui laisser quelques minutes avant qu'il ne lui explique ce qu'il attendait de lui, et Marek observa un silence parfait, son regard noir toujours plongé dans celui de son vis-à-vis en train de composer un numéro sur son cellulaire. L'hostile ne prit pas la peine de porter attention à tout ce qui se disait, les choses de ce genre ne l'intéressaient pas du tout, et lorsque le barbu lui annonça que c'était pour éviter qu'on ne se prenne à lui, le fou aurait presque rigolé si ça avait été son style. Mais ça ne l'était pas, et Marek se moquait éperdument que des laquais de ce vengeur masqué viennent tenter de s'en prendre à lui, s'il y avait bien une chose que le fou supportait encore moins que le reste, c'était bien les hommes incapables de faire quelque chose de leurs mains, et qui se voyaient envoyer des serviteurs à leur place. Ce n'était peut-être pas véritablement le but recherché, mais du point de vue du fou, tout ceci n'était qu'une mascarade stupide, et accentua encore la rancœur qu'il éprouvait déjà à l'égard de ce personnage, bien que le barbu ignorait certainement qu'il « aggravait » encore les choses. L'Américain se sentit soudain prit de l'envie de tester cet homme, pour voir ce qu'il pourrait valoir sans tous ses amis et sans son don qu'il semblait utiliser pour attaquer les autres sans raison. Quoi qu'il en soit, l'hostile était encore dans un calme parfait lorsque l'intéressant continua à faire son petit manège pour finalement déclarer à son interlocuteur que ça ne serait pas long. Pas long ? Ça c'était le dernier des soucis de l'évadé, il ne portait aucune attention au temps, dormant lorsqu'il se sentait fatigué, mangeant lorsqu'il avait faim, les horaires stupidement imposés par des années d'humanité n'avaient aucun effet sur lui, et le balafré aurait pu resté ici encore des heures entières sans marquer le moindre signe d'impatience. L'intéressant se trompait s'il imaginait que son interlocuteur muet puisse faire preuve qu'une quelconque impatience, n'avait-il pas dit qu'il avait passé plusieurs jours à attendre le bon moment pour lui parler ? Ça signifiait ce que ça signifiait....

Le temps passa alors, Marek ne saurait dire si ça avait duré longtemps ou seulement une fraction de seconde, puis le barbu raccrocha son téléphone avant de s'adresser à l'autre hostile pour lui déclarer qu'ils allaient devoir investir les lieux d'une adresse précise. Une fois à l'intérieur, l'intéressant prévoyait de faire lire les esprits des employés au balafré, afin de localiser le chef, puis il lui offrit la possibilité de disposer des autres à sa guise bien que ça n'intéressait pas spécialement le fou, ce n'était pas son genre de se contenter des « restes ». Toutefois il exécrait les gens qui tuaient, lui-même n'avait jamais « tué » au sens propre, il se refusait donc à l'idée qu'il puisse laisser l'intéressant les tuer sans aucune imagination. Un peu étrange pour un hostile me dire-vous, mais il avait été considéré comme hostile par ses actes et non ses pensées, quand bien même ça aurait été le cas, il doutait que les esprits « normaux » des humains puissent leur permettre de comprendre. Le barbu à la canne termina en annonçant que s'il était satisfait de ses actions, il pourrait lui octroyer un bonus, mais Marek s'en fichait complètement, il agirait comme il le sentait et non pour faire plaisir à l'intéressant, tout en respectant sa part de marché entendons-nous. L'hostile hocha légèrement la tête d'un mouvement à peine perceptible avant de répondre brièvement à la déclaration de son vis-à-vis.

« Je m'en occuperais. »

Par là il entendait qu'il s'occuperait de leur esprit puisque le barbu voudrait très certainement les tuer pour qu'ils ne puissent pas les trahir alors que le fou s'en contrefichait de son coté, ils n'avaient pas les mêmes priorités véritablement, le balafré préférait donc s'occuper de tout cela en personne. Depuis quelques temps, Marek s'était découvert le don de modifier les souvenirs des gens ou de pouvoir les supprimer complètement, il pourrait donc aisément faire oublier leurs visages si cela inquiétait tellement l'hostile. Ce dernier fit signe à son interlocuteur de le suivre sur le chemin qu'il empruntait, puis désigna un véhicule que l'évadé connaissait mais exécrait. Malheureusement il n'y avait pas le choix, et Indiana fut donc obligé de mettre son habitude pour la marche de coté jusqu'à ce qu'ils arrivent en ville dans l'endroit où se trouvait le trésor de l'intéressant. Il rangea à nouveau son véhicule bruyant et désagréable avant de marcher dans la rue, suivit de près par son « aide » provisoire, qui observait un silence parfait depuis leur départ de la rue sombre où Marek avait abordé le barbu. Alors que ce dernier semblait prêt à briser le silence si délectable de la nuit, son intervention fut coupée par un bruit de porte qui claque, et l'évadé, loin de tourner la tête en direction du bruit, se contenta de tendre son esprit partout autour de lui pour localiser les personnes présentes dans la rue. L'intéressant du sentir un léger frôlement contre son esprit sans que le fou ne s'y attarde, puis il localisa enfin une tas de souvenirs empêtrés qui s'éloignaient soudain comme si leur propriétaire s'enfuyait en courant à l'opposé. N'étant pas du genre à poursuivre les autres en courant, il laissa l'intéressant partir au galop à la poursuite du fuyard pendant que lui marchait tranquillement dans leur direction, avec son don tendu il pouvait facilement les repérer, et le fou comprit rapidement que c'était inutile de se presser comme leurs souvenirs s'étaient immobilisés, le barbu à la canne devait donc avoir rattrapé sa cible. Plutôt amusant de voir la manière dont il trompait tout le monde en marchant à l'aide d'une canne alors que visiblement il n'en avait strictement aucun besoin, drôle de manière de s'handicaper volontairement, mais chacun ses habitants. Alors que Marek s'approchait enfin des deux hommes qui semblaient se battre, ou plutôt l'intéressant semblait frapper sa victime au sol, et le barbu se retourna pour le jeter un coup d'œil avant de lui déclarer qu'il espérait qu'il avait prit des notes en rigolant d'un air amusé.

L'hostile ne se battait jamais de la sorte, il aurait facilement pu tenir le rythme face à un homme de son âge, étant plutôt en forme et entraîné, mais c'était le fait même d'utiliser la force physique qui ne l'intéressait pas. Indiana était une personne mentale, mais ça ne l'empêcha pas d'observer la scène en silence pendant que l'intéressant tira l'élève à l'écart avant de le réveiller en le frappant. Restant de marbre comme à son habitude, le balafré constata l'expression effrayée de l'autre sans s'en émouvoir, et il ne tourna même pas la tête en direction de son « collègue » du moment lorsque celui-ci lui demanda d'une manière plutôt imposée, de fouiller dans l'esprit de ce type. Le balafré resta un moment silencieux, il n'aimait pas se voir donner des ordres, pas du tout, mais il respectait toujours ses paroles et tendit son esprit en direction de celui du pauvre gars qui ne comprenait rien. L'intéressant du sentir le moment où leurs esprits se touchèrent puisque le fuyard sursauta en sentit le don de l'hostile lui fouiller l'esprit à la recherche de souvenirs. Rien de bien intéressant, c'était un paumé originaire de la ville, il avait visiblement un frère aîné qui faisait partit de « l'organisation » et n' »tait pas sensé le contacter, pourtant il avait utilisé le téléphone et il ne comprenait pas pourquoi il était devant ces deux types louches. Il ne comprenait pas non plus pourquoi son esprit lui faisait si mal et pourquoi il voyait toute sa vie défiler devant ses yeux, mais Marek nota un nom et un prénom, bien qu'il n'y portait aucune importance, ils devraient peut-être intéresser le barbu. Ce dernier avait demandé le prénom du fou lors de leur première rencontre, et l'évadé ne lui avait pas donné, comme à son habitude, mais ça signifiait que les appellations humaines revêtaient une importance à ses yeux. Après avoir fouillé l'esprit de l'homme, le balafré tourna la tête vers l'intéressant, plantant son regard dans celui de l'homme avant de répondre.

« Ce n'est qu'un drogué sans intérêt pour vous, il a un frère qui fait partit de « l'organisation » et qu'il était sensé ne pas contacter. Mais visiblement les ordres ne sont pas son fort puisque cette brebis égarée à lier contact avec un homme.... Il réfléchit un moment, les noms n'étaient vraiment pas son fort. Jack Brand, son frère, après quoi il s'est retrouvé ici pour entrer dans ce bâtiment, mais il a été poursuivit par ce « type » dont il ne connaissait rien. »

Marek fit une pause, il savait bien que ces informations ne seraient pas suffisantes à l'hostile, lui s'en contrefichait mais bon, il avait toutefois repérer le souvenir passé de son entrée dans le bâtiment et savait donc parfaitement comment opérer pour y pénétrer. Ils y avait plusieurs sas, des codes et une reconnaissance d'empreinte, pour que cet homme ait l'autorisation d'y entrer c'est qu'il devait avoir une certaine importance, à moins que son fameux « frère » ne lui donne des droits particuliers. Le balafré reprit donc d'un ton monocorde.

« Il y a plusieurs sas d'entrée dans ce bâtiment, je connais les codes désormais, mais il nous faudra aussi son aide.... »

Son regard quitta le visage du barbu pour se planter dans les yeux du jeune homme effrayé à ses pieds. Marek sortit ses mains des poches, tenant quelque chose dans l'une d'elle avant d'ouvrir ce qui se trouvait être un très beau couteau. La poignée finement ciselée, c'était sans aucun doute une magnifique pièce, relique de sa vie passée, offert par un homme qui avait été son géniteur, la lame brillait sous la lumière du lampadaire, aiguisée avec soin et application. La brebis au regard terrifié tenta de reculer alors que la poigne ferme du fou attrapait sa main pour le retenir. Le regard brillant de folie de l'homme ne quitta pas le visage de l'autre alors qu'il répondait doucement.

« Profites bien de ce moment, la douleur ne dure qu'un temps. »

Il posa de force la main du gamin sur le sol goudronné avant de couper sa plus de cérémonie le doigt utilisé pour la reconnaissance dans le bâtiment. L'autre poussa un cri de douleur qui s'interrompit aussitôt alors que sa tête roulait sur le coté comme s'il venait de perdre conscience. L'hostile se redressa, tenant le pouce de se brebis en main avant de reprendre la parole d'un ton posé comme s'il venait de discuter tout à fait normalement avec l'inconnu.

« Je crois que vous avez ce qu'il faut. Inutile de le tuer, je me suis occupé de tout. »

Occupé de tout, en effet, Marek avait effacé tous les souvenirs du gamin, comme si on venait d'appuyer sur 'reset' dans son esprit. Il avait agit pareillement avec ses géniteurs qui étaient à présent dans un hôpital de repos, le fuyard devrait essayer de se retrouver ou finir sa vie en légume, peut-être pas préférable à la mort, mais c'était une chance que le balafré lui laissait. Ce dernier tenait nettoyé son couteau avec soin avant de le ranger dans sa poche, puis il avait posé son regard d'ébène, brillant de folie sur le visage de l'intéressant, attendant de voir si celui-ci avait encore quelque chose à faire ou s'il était prêt à pénétrer dans le bâtiment.

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Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Vide
MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyMer 12 Jan - 18:10

Le regard que le fou me lança me disait clairement qu’il n’était pas adepte du défoulement physique. Je dois admettre ne pas être particulièrement fan moi non plus, mais quand on accumule la colère, elle ressort un jour ou l’autre. Alors autant se défouler de temps au temps au lieu d’exploser et de faire un carnage monstrueux. Ce que j’ai fait avec notre nouveau copain. Le balafré, lui, resta silencieux un moment. Je me doutais bien qu’il n’aimait pas recevoir d’ordre, tel celui que je venais de lui donner, mais bon, il n’avait qu’à agir avant que je n’ouvre la bouche, tout simplement. Mais je su qu’il agissait car le fuyard au nez cassé sursauta violemment. Le don du balafré était à l’œuvre et à voir le visage convulsé de douleur de l’autre, ça ne devait pas être agréable du tout. Après un moment, mon compatriote hostile tourna la tête vers moi et son regard étrangement vide d’émotions se fixa au mien, encore parcouru d’amusement. Il m’expliqua que le type était un simple drogué, donc d’aucun intérêt pour moi, qu’il avait un frère étant membre de l’Organisation, et qu’il n’était pas censé le contacter. Son frère, Jack Brand. Le type que j’avais ‘’croisé’’, si j’ose dire, et qui maintenant n’était plus de ce monde. Haussement d’épaules de ma part. Cela ne m’apprenait pas véritablement grand-chose de nouveau. Le balafré fit une courte pause, mais reparla bien vite de son ton amorphe à mes yeux.

« Il y a plusieurs sas d'entrée dans ce bâtiment, je connais les codes désormais, mais il nous faudra aussi son aide.... »

Nos deux regards se quittèrent pour se poser sur le type effrayé, mais pas dans la même intention. Avant que j’ai pu faire ou dire quoi que ce soit, le balafré sortit ses mains de ses poches et dévoila un couteau bien affûté. Je penchai la tête de côté pour assister à ce qui allait se dérouler. Le pauvre homme tenta de s’éloigner de nous, mais le fou l’agrippa fermement par la main pour le retenir. Une nouvelle lueur naquit dans le regard de mon coéquipier temporaire, et il parla à nouveau. Sa voix avait une nouvelle sonorisation, celle qu’il prenait lorsqu’il s’adressait à ses élèves, je m’en rappelais bien.

« Profites bien de ce moment, la douleur ne dure qu'un temps. »

Il força le type à mettre sa main au sol et sans même sourciller, il lui coupa le pouce. Ah ! Reconnaissance digitale, oui, j’aurais dû y penser. Un problème de réglé. Le balafré se releva avec son sanglant trophée et m’annonça qu’on avait le nécessaire pour continuer. Il ajouta de sa voix redevenue monocorde qu’il était inutile de tuer le drogué car il s’était occupé de tout. Je me contentais de prononcer un simple « Bien », mais mon esprit fonctionnait à plein régime. Occupé de tout ? Cela ne pouvait signifier qu’une seule et unique chose… Je savais déjà que le pouvoir du balafré consistait à visionner et voler les souvenirs de ses cibles – du moins je le pense – mais ce qu’il venait de dire signifiait probablement qu’il pouvait en plus effacer des souvenirs, voire carrément formater un esprit, le laissant blanc comme neige. Une pensée fort peu réconfortante, même pour un type comme moi. Bah oui, j’ai des faiblesses comme tout le monde. Physiquement parlant, je suis virtuellement invulnérable grâce à mon don, et pour un homme de mon âge, je suis vachement en forme. Mentalement, je me considère comme quelqu’un de brillant – sans me vanter – mais mes champs de force ne bloquent pas les pouvoirs mentaux… Ma plus grande faiblesse donc. Ce type était encore plus dangereux que je ne le croyais. La seule manifestation de mes pensées lugubres fut un léger froncement de sourcils et les rides de mes yeux qui se plissèrent. L’éclat amusé de mon regard disparu également et je repris mon apparence de vieux baroudeur dur à cuir. Le balafré nettoya patiemment son arme puis reposa son regard sur moi, guettant ce que j’allais faire.

- Allons-y, dis-je simplement. Il n’y avait rien à ajouter.

Et sans plus de cérémonie, je me dirigeais droit sur le bâtiment, côte à côte avec un fou dangereux. La vie est surprenante dans ses péripéties, parfois. Je lui laissais la place devant la porte d’entrée. Le balafré composa donc le code et posa le doigt emprunté au drogué à l’endroit nécessaire. La porte s’ouvrit sur un sifflement et un petit bip indiquant que nous avions le droit d’entrer. Trop facile.

Le hall d’entrée était en fait un couloir, avec un petit garde robe dans un renfoncement à droite. Un tapis noir couvrait le sol, ce qui étouffa nos pas. Un autre avantage pour nous. Il y avait deux portes de chaque côté et une au bout du couloir étroit. Je fis signe au balafré de me laisser passer et il n’émit aucune objection. Tant mieux. Je me dirigeais vers la première porte à notre gauche, constatant avec surprise qu’il y avait une petite fenêtre permettant de regarder à l’intérieur. La salle était occupée par une longue table occupant le fond et couverte d’appareils électroniques. Étant plutôt limité sur ce domaine, je notais qu’il y avait un ordinateur et ce qui ressemblait à une radio. Le reste m’était inconnu. Deux types occupaient la salle. L’un d’entre eux mâchonnait une barre de céréale, l’autre faisait les mots croisés d’un journal. Je n’apercevais que leur profit, mais ça me suffisait.

Je levais les deux mains, les laissant ouvertes et formais aussitôt deux champs de force en forme de main géante. J’étais le seul à pouvoir les apercevoir, ce qui me convenait parfaitement. Les deux hommes ne réagirent même pas lorsque j’entourais leur tête de mes mains. Le duo consciencieux mourut sans émettre autre chose que le bruit d’une tomate qui éclate au sol. Je vous épargne les détails. J’entrai ensuite dans la pièce, suivit par mon compagnon silencieux. C’était un poste de communication. Avec qui communiquaient-ils ? Probablement des agents sur le terrain, mais je n’en avais cure.

Je déconnectai des fils un peu partout, en arrachant d’autres par là, histoire de rendre le tout inopérant, ne laissant que la tour de l’ordinateur branchée. Un violent crépitement jailli d’un haut-parleur. Je baissai le volume et le laissai crachoter à son aise. Je jetai le corps du mangeur de céréale au sol, faisant peu cas du sang maculant la table de travail et prit mon cellulaire ainsi qu’un fil que m’avait donné Wizard. Je connectai le tout à l’ordinateur et composai le numéro de l’expert en communication de la Vouivre. Il saurait quoi faire. Prendre tout ce qu’il y avait à prendre puis tout effacer après avoir cherché les adresses IP s’étant reliées à cet ordinateur. Je n’avais aucune idée de ce dont il s’agissait mais ce n’était pas moi l’expert dans ce domaine. Je laissais ça à Wizard. Je fis signe au balafré de me suivre et je traversai le couloir étroit vers la pièce d’en face. Pas de petite fenêtre, aussi ouvris-je la porte sans fioritures. Il n’y avait personne mais les murs et l’unique table étaient couverts de photographies diverses. Il y avait aussi une grande carte. J’entrai et me postai au centre de la pièce, observant ce qu’elle contenait.

C’était une carte de l’état, avec la ville en son centre. Il y avait des points noirs, des points rouges et des points gris. Intéressant. Une des photographies représentait une femme d’une trentaine d’années. Souriante, les cheveux coiffés pour une fête, en robe de soirée sans bretelles. Des données étaient notées sous la photo : mère, femme, hôtesse de site immobilier, 30 ans. Mutante. Pourvoir : inconnu. Je regardai les autres photos qui grêlaient les murs de la salle. Des instantanés similaires, anodins, des vivants pris sur le vif. Dans quelques cas, l’image était tirée d’un passeport ou d’un magazine, mais il s’agissait plus souvent de sourires et de clins d’œil à l’objectif, recadrés pour exclure les membres de la famille ou les amis. Les visages étaient un mélange de races et d’âges, de la vingtaine à un homme proche des quatre-vingt ans que je ne connaissais que trop bien. Mariés, célibataires, parents, sans enfants. Ouvriers manuels aussi bien que spécialistes en systèmes de données, en passant par les retraités et les étudiants. Ils n’avaient rien en commun à part le fait d’être mutants comme moi. Triste mai vrai.

Parmi les photographies, il y avait plusieurs visages que je reconnaissais. Allan, Piotr, le mien, bien sûr et figurant en bonne place avec une cible – un X rouge – au milieu du front, ce qui me fit penser que ces gens-là ne m’aimaient vraiment pas. Je ne comprenais pas pourquoi ; je suis un type sympa quant on me connaît. Dangereux certes, mais sympa. Non ? Peu importait vraiment au fond. J’aurais le temps de revenir voir tout cela plus tard. Une fois le balafré et moi sortis, j’englobai la salle d’un champ de force pour la protéger et empêcher quiconque d’entrer. Protéger les preuves. Un homme apparut au bout du couloir, son arme levée. Il tira. Le coup de feu transperça le silence comme le tonnerre et la balle m’atteignit. Le sang et la cervelle jaillirent.

Vous me croyez mort ? Allons, vous me connaissez mieux que ça ! C’est le type au bout qui s’effondra, le crâne fracassé, bloquant par le fait même le passage aux deux autres hommes qui se trouvaient derrière. Je sors toujours avec mon armure souple sur le dos. Un type comme moi, avec ma tête mise à prix et passant parfois à la télé – je suis une vedette, vous imaginez ? – ne peut se permettre de prendre des risques inconsidérés. La balle s’était bel et bien écrasée sur ma tempe mais sans causer le moindre dégât.

D’autres coups de feu résonnèrent. Une balle érafla la jambe du balafré, qui m’observa avec une lueur étrange au fond des yeux. Bon, il était cinglé, fou à lier, oui, mais il m’avait aidé et je ne pouvais pas le laisser se faire descendre ainsi. Et c’était un de me semblables, même s’il s’en balançait comme de l’an vingt. Je bougeai un doigt et il se trouva lui aussi protégé par une armure souple. Nouveaux coups de feu. C’était douloureux pour les oreilles dans un lieu si confiné. Une chance que Sèverine ne soit pas là ; elle serait déjà en train de pleurer au sol. Chez elle, les rares fois où j’étais resté écouté la télévision, j’avais vite remarqué qu’elle laissait le son au minimum. Pour elle, c’était presque trop encore. Moi, j’avais du mal à saisir ce que les gens disaient. Chacun ses problèmes, comme on dit. Je comprenais depuis pourquoi elle ne prenait jamais le métro ou l’autobus. Trop bruyant. Je me tournai vers le balafré, sourire amusé aux lèvres.

- Je vous les laisse ?

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MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyVen 14 Jan - 17:00

     L'intéressant déclara qu'ils allaient y aller, et Marek attendit en silence, ils se mirent en route pour rallier le bâtiment dont l'entrée était protégée par un code secret qui se trouvait maintenant dans l'esprit de l'hostile. Le barbu s'écarta de la porte, et le balafré s'avança vers le boitier électronique, cherchant rapidement dans les souvenirs qu'il venait de dérober pour analyser le code, puis avec un mimétisme parfait, il composa le code sur les différents chiffres présents ici avant de placer le doigt qu'il venait de couper contre la surface destinée à analyser l'empreinte digitale. Un léger bip qui indiqua que c'était tout bon, puis la porte émit un bruit avant de s'ouvrir comme on venait de lui demander. Ils avaient trop confiance en eux, s'en était presque pitoyable. En réalité s'en était vraiment pitoyable. Les deux hommes entrèrent, il y avait un long couloir et divers renforcements qui se trouvaient dans les coins, l'évadé savait bien que s'il ouvrait la porte sur la droite il trouverait des vestes de sécurité située juste à coté des casques destinés aux interventions, c'était un lieu familier qui lui rappelait beaucoup de choses alors qu'il n'avait jamais mis les pieds ici avec ce soir. Pouvoir étrange qui demandait une certaine adaptation, à force de visionner les souvenirs des autres on en oubliait les siens, les souvenirs étaient l'essence même de l'humain, ou du mutant, sans possibilités de pouvoir les contrôler, on perdait son essence. Marek perdait la tête peu à peu en raison de ce don, comme un poison dans son esprit, sa folie était liée à son don comme les médecins de l'hôpital psychiatrique le disaient, mais au fond, le balafré s'en contrefichait, là n'était pas la question de toute manière.

     L'intéressant fit signe à l'hostile qu'il allait passer devant, soit, de toute manière le fou n'était là que pour faire office d'ouverture des portes, après le reste, c'était le barbu qui faisait ce qu'il voulait. Alors que l'hostile prenait les devants en allant sur une porte située sur la gauche, Marek le suivit avec calme, on avait l'impression qu'il était en pleine balade au milieu de la ville et non entré par infraction dans un bâtiment secret. Enfin pas tant par infraction, après tout il connaissait le code et avait l'empreinte nécessaire non ? L'intéressant regarda par une petite fenêtre située à coté de la porte alors que le balafré tendait son don autour de lui en sentant la présence d'autres personnes dans le bâtiment. L'autre leva les mains en l'air avant de laisser quelques secondes passer, puis le sentiment d'un esprit proche s'évapora aussitôt, et Marek en déduisit que son collègue devait avoir réglé leur compte à ces personnes. Avec un tic de désapprobation devant la mort sans aucune originalité et aucune chance de survie des hommes, le balafré suivit toutefois son acolyte alors qu'ils entèrent dans la pièce qui révélait avoir été une sorte de lieu de communication. Deux hommes étaient assis sur une chaise, mais leur tête ne ressemblait plus à autre chose qu'un amas d'os et de chaire disloquée, rien de très appétissant, mais ce qui embêtait le plus le fou, c'était qu'ils n'avaient eu aucune chance d'être mis à l'épreuve. De petites gouttes carmines tombaient de l'endroit où la tête des deux hommes se trouvait juste avant, dessinant des petites auréoles rouges sur le sol carrelé de blanc, c'était beau, on aurait presque dit du sang sur de la neige.

     Ils n'avaient plus de tête, Marek ne pouvait plus se servir de son don, et celui-ci errait doucement autour de lui sans parvenir à détecter quelque chose d'intéressant, ça le frustrait mais il n'en dit rien et observa un long silence alors que l'intéressant s'amusait à arracher des fils de partout, puis alors que des crépitements désagréables se faisaient entendre, le barbu poussa le corps d'un des deux hommes sur le sol. Il tomba avec un bruit mou devant les pieds du fou qui reçut quelques éclaboussures sur ses chaussures déjà sales, puis la suite le dépassa. Le balafré regardait en silence une scène qui ne le concernait pas, un regard vide comme s'il était ailleurs, l'intéressa connecta quelques fils, manipula d'autres trucs pendant un temps que le balafré était incapable d'estimer, puis il se redressa soudain avant que le barbu ne fasse signe à son collègue de le suivre, ce qu'il fit dans un silence toujours aussi parfait, et ils pénétrèrent dans l'autre pièce pour tomber sur des murs recouverts de différentes photos et informations. Ça n'intéressait pas l'hostile, il se fichait complètement des photos, pour lui des fragments de souvenirs seraient beaucoup plus intéressants, mais les humains et les mutants étaient trop faibles et trop basiques pour parvenir à les arracher à leurs propriétaires malheureusement pour eux. Si cela laissait l'évadé de marbre, l'intéressant lui s'y intéressa de très près, il observa les photos qui se trouvaient sur les murs comme s'il en connaissait certains, puis il s'arrêta sur un en particulier. Marek porta son attention dessus, et si à ce moment le barbu ne s'était pas retourné, jamais le fou ne l'aurait reconnu. De toute manière, même si son visage à lui était collé quelque part là, il ne se reconnaitrait pas lui-même alors bon.

     Un X de la couleur du sang était collé sur son front sans que Marek ne comprenne pourquoi, il n'avait pas la même perception que les autres, des choses qui lui semblaient logiques étaient totalement impensables à d'autres, et inversement, les choses logiques pour certains étaient des abîmes de question pour l'hostile. Après ce bref moment, les deux hommes sortirent de la salle, et l'attention de l'hostile fut attirée par un esprit qui entrait dans sa zone d'activité, puis un coup de feu résonna, et peu de temps après, l'homme retomba sur le sol en tapissant les environs de sa cervelle. Encore une mort sans aucune finesse, un léger rictus se dessina sur les lèvres du balafré alors que la balle qui avait touché la tempe de l'intéressant retombait sur le sol avec un léger cliquetis, il se protégeait certainement, ayant peur de la douleur que pouvait provoquer une blessure à n'en pas douter, ils n'avaient pas les mêmes valeurs, pas du tout même. Puis une douleur, des coups de feu avaient résonné juste avant, et une balle venait de frôler la jambe de Marek sans pour autant le blesser gravement. Il avait connu largement mieux, la douleur à peine ressentie ne suffit pas à le tirer de sa contemplation, il observait toujours l'intéressant avec un regard plein de folie mêlé à une légère désapprobation, ce n'était vraiment pas bien de tuer sans aucune finesse. Certes, le don du barbu donnait une nouvelle dimension à la manière de tuer, mais il n'avait toutefois pas fait preuve d'une grande originalité, même s'il fallait sûrement mettre ça sur l'empressement du plus âgé des deux hostiles, de s'en aller d'ici. La différence entre eux c'était justement ça, Marek prenait une ou deux personnes grand maximum, s'occupait d'eux avec toute l'attention nécessaire, faisant preuve d'originalité et d'une attention toute particulière pour eux, que son opération dure des heures ou simplement quelques minutes, il s'en fichait. Mais visiblement ce n'était pas du goût du barbu, et cela contrariait vraiment le fou qui voyait plus là un ratage totalement qu'un signe qu'ils dominaient très largement les attaquants (alors que c'était plutôt eux les attaquants en réalité).

     Les propriétaires des lieux visaient aussi l'évadé alors que ça ne semblait pas particulièrement l'inquiéter, heureusement pour sa vie, même s'il s'en fichait assez puisqu'il n'avait pas peur de la mort, fut épargnée par le don de l'intéressant qui le protégea aussi derrière une espèce d'armure, bien que Marek ne voyait rien et qu'il pouvait encore la traverser de son don pour sonder doucement les gens en face. Il le savait uniquement grâce aux balles qui s'écrasaient devant lui sans aucune raison. Finalement, une voix le tira de sa contemplation, en tourna la tête vers son acolyte, le balafré aperçut son sourire alors qu'il lui demandait s'il le lui laissait, et l'attention du trentenaire se reporta sur les personnes qui tiraient au bout du couloir alors qu'il répondait d'un ton lent, presque couvert les le bruit des tirs.

     « Oui, je m'en occupe moi-même. »

     Il ne voulait pas les tuer, il voulait les formater pour éventuellement pouvoir les retrouver plus tard et s'occuper d'eux. Son don se tendit soudain, il se mis à fouiller dans leurs esprits comme un pilleur de souvenirs, et les deux hommes lâchèrent un cri de surprise avant de porter une de leur main à leur tête. Soyez patient, la douleur viendra bien assez tôt, Marek commença par visionner doucement leurs souvenirs, puis il se rappela soudain la présence de l'hostile à ses cotés, son impatience énervante, puis décida de passer tout de suite à la fin, il pourrait toujours se rabattre sur quelqu'un d'autre. Quel dommage, supprimer des souvenirs sans pouvoir tous les consulter avant, l'hostile avait toutefois fait un tri, repérant les choses pouvant intéresser son acolyte, puis il supprima net tous les souvenirs, provoquant une grosse douleur dans leur esprit, mais aussi chez lui. Alors que les deux hommes lâchèrent un cri de douleur en même temps, ils retombèrent sur le sol comme vidés de leur énergie, les yeux grands ouverts, le teint blafard. Marek lâcha un léger soupire, à la fois de mécontentement, pour avoir agit aussi rapidement, et d'habitude, vu la douleur que cette suppression avait provoquée. Il ferma les yeux pendant un bref moment alors que la douleur résonnait dans sa tête comme pour l'avertir qu'il agissait trop pour une soirée, habituellement il se contentait de ce genre d'action une ou deux fois dans une semaine, trois en une soirée, son esprit risquait de se révolter. Après quoi, le balafré se retourna vers son collègue, ouvrant les yeux pour les planter dans ceux de son interlocuteur comme s'il se souvenait qu'il était là, puis il reprit la parole.

     « Ils ont dans leurs souvenirs, la présence d'un « chasseur » de votre opération, ça remonte à peu de temps, il est peut-être encore dans les locaux. »

     Ce n'était pas sa manière de parler, il détestait ça, après avoir absorbé trop de souvenirs comme maintenant, il avait tendance à prendre des fois certains habitudes de ces personnes. Cet homme, il voyait son visage mais s'en contrefichait, ça ne l'amusait pas finalement, il n'y avait pas de réel intérêt pour lui ici, et la contrepartie offerte par l'intéressant paraissait bien faible en échange; Le sang de sa blessure provoquée par la belle avait légèrement coulé sur le jean qu'il portait, dessinant une petite auréole d'un bleu sombre, mais cela ne semblait pas intéresser le balafré qui attendait la suite.


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Liam Winchester

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MessageSujet: Re: Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared Les orgueils blessés sont plus dangereux que les intérêts lésés ▬ Jared EmptyMer 23 Fév - 16:18

Pas de nouvelles de Jared depuis plusieurs semaines, histoire de ne pas être bloqué, je clos le sujet pour pouvoir prendre un autre. On règlera ça par MP pour conclure quitte à en refaire un autre lorsque tu seras plus disponible ^^

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